entraînement 2 - college maurice de broglie

Transcription

entraînement 2 - college maurice de broglie
Entraînement au brevet
Le narrateur se souvient de ses années de pensionnat dans un collège privé.
1
La sonnerie électrique qui rythmait la vie au collège -début et fin des cours,
récréation, repas, coucher -ne donnait le signal de la délivrance que le samedi à
cinq heures. Et pas question de se relâcher avant sous le prétexte qu'on
commençait à entrevoir le bout du tunnel. Certains enseignants prenaient même
5 un vif plaisir après la sonnerie à jouer les prolongations. Et gare à celui qui par
un soupir prononcé, une toux ou la simple consultation de sa montre s'avisait de
signaler un dépassement d'horaire. La sanction tombait, immédiate: devoir pour
l'inconvenant et dix minutes de rallonge pour tout le monde -ce qui voulait dire
le risque pour certains de rater le car et pour d'autres le bac 1 qui faisait la
10 navette entre les rives de l'estuaire2 (ceux-là surveillaient en plus avec
inquiétude l'état de la mer, les jours de tempête, dont dépendait la traversée ).
Gyf, qui était le plus insolent, et donc le plus courageux, devant ce retard
répété, finit un jour par boucler son cartable et, bravant les foudres
professorales, se leva et sortit en claquant la porte. Bien sûr, il se savait déjà
15 renvoyé pour la fin de l'année scolaire ( il ne fit que la sixième à SaintCosmes3), mais c'était époustouflant de panache4. Et de drôlerie aussi. Car
avant de claquer la porte, il lançait à travers la classe un avion de papier sur
lequel était écrit quelque chose comme merde à celui qui le lira- ce que ne
manqua pas de faire l'autorité principale après avoir confisqué ledit avion. Face
20 à lui trente têtes terrorisées à l'idée de ne pouvoir se retenir d'éclater de rire.
Que voulez-vous qu'il fit ? Nous en reprîmes pour dix minutes.
Raison pour laquelle on se méfiait des coups d'éclats de Gyf. Avant
d'applaudir, on attendait qu'on nous ait présenté l'addition collective. Ce n'était
pas faire preuve d'une grande solidarité à son égard, mais on était tellement
25 saoulés de brimades en tout genre qu'on évitait d'en rajouter. Et puis on se
disait qu'il avait trouvé là son rôle, qu'il en jouait, en tirait du prestige, un beau
rôle en dépit des risques, flatteur et redouté.
Jean Rouaud. Le Monde à peu près, éd. de Minuit, 1993.
1
le bac : embarcation à fond plat pouvant transporter des véhicules et des passagers, utilisée pour traverser un
fleuve.
2
l’estuaire : embouchure d’un fleuve assez large, où se font sentir les marées : le contexte permet de deviner
qu’il s’agit de celui de la Loire.
3
Saint-Cosmes : l’histoire se déroule dans des lieux imaginaires mais situés au bord de l’Océan Atlantique.
4
le panache : fière allure.
QUESTIONS ( / 15)
I.
Un incident révélateur
1) À quel temps est conjugué le premier paragraphe? Quelle est la valeur
dominante de ce temps? Pourquoi est-il employé? ( / 1.5)
2) Quel nouveau temps est employé dans les lignes 12 à 14? Explique cet
emploi. ( /1)
3) a. Relève dans le texte quatre expressions indiquant que, pour le narrateur, ce
collège se définit surtout comme un lieu répressif (lieu de punition). ( / 1)
b. Quels rapports existe-t-il entre les élèves et les professeurs dans cet
établissement? ( / 0.5)
c. "Certains enseignants prenaient un vif plaisir après la sonnerie à jouer les
prolongations"(l. 4-5): Quel trait de caractère est ici suggéré? ( / 0.5)
II.
Un résistant héroïque et isolé
1) a. Qui est le seul personnage du récit qui soit explicitement nommé?
Pourquoi? ( / 0.5)
b. Par quel pronom les autres sont-ils désignés dans le dernier paragraphe?
Par rapport à la question II)1)a , pourquoi y a-t-il cette différence de
traitement? ( / 1)
c. Justifie la terminaison de "saoulés" à la ligne 25. ( / 0.5)
2) "Gyf, qui était le plus insolent, et donc le plus courageux"… (l. 12):
a. Recopie la proposition subordonnée et donnes-en la nature. ( / 1)
b. Remplace-la par une proposition subordonnée qui mettra en évidence la
cause. ( / 1)
3) "On était tellement saoulés de brimade" (l. 24-25):
a. Explique le sens de "saoulés" dans le texte. ( / 0.5)
b. Emploie ensuite ce mot dans une phrase de ton invention où il aura un
autre sens. ( / 1)
4) Pour quelles raisons les autres élèves se gardent-ils "d'applaudir" trop vite aux
actes de Gyf? Cite le texte à l'appui de ta réponse. ( / 1)
III.
L'humour
1) a. Relève les mots de reprise désignant les professeurs dans le deuxième
paragraphe. Quel est le niveau de langue employé ici? ( / 1)
b. Quel est l'autre niveau de langue utilisé dans ce paragraphe? Justifie ta
réponse. ( / 1)
c. Quel effet produit la confrontation de ces deux niveaux de langue? ( /0.5)
2) "Et de drôlerie aussi" (l. 16): Pourquoi l'acte de Gyf est-il drôle? ( / 0.5)
3) "Ledit avion" (l. 19): A quel niveau de langue cet adjectif appartient-il?
Remplace l'adjectif "ledit" par une expression synonyme. ( / 1)
REECRITURE ( / 3)
Réécris le passage "Gyf, qui était le plus insolent […] époustouflant de panache" (l.
12 à 16) en remplaçant "Gyf" par "Gyf et Samuel".
__________________________REDACTION_________________________
(15 POINTS)
Dans une lettre adressée au Principal du collège , les parents de Gyf
essaient de convaincre ce dernier de ne pas renvoyer leur enfant.
Développe l’argumentation des parents.
1. Présentation de la lettre respectée
2. Situation d’énonciation respectée (pronoms, niveau de langue)
3. Thèse clairement énoncée
4. Trois arguments minimum développés
5. Emploi de connecteurs logiques pertinents
6. Qualité de l’expression
barème
1.5
1
1
4.5
1
6
15
points