BURKINA FASO : ANGOLA : LE COMITÉ D`AIDE MÉDICALE AU

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BURKINA FASO : ANGOLA : LE COMITÉ D`AIDE MÉDICALE AU
Après la fin de la guerre civile, de
nombreuses organisations humanitaires
sont intervenues pour venir en aide aux
populations de zones jusqu’alors inaccessibles. Après plusieurs mois d’intervention, la situation humanitaire s’est
effectivement considérablement améliorée dans la plupart des zones du pays.
Mais il existe encore des zones oubliées
bénéficiant de très peu d’aide humanitaire, comme celle du Lunda Norte où
intervient le Comité d’Aide Médicale.
L’association a été alertée par l’Office de
Coordination des Affaires Humanitaires
des Nations Unies (OCHA) sur la situation particulièrement dramatique des
populations de la région du Lunda Norte
(les estimations du nombre d’habitants
varient entre 103.000 et plus de
800.000 habitants). Très excentrée,
cette région bordant la République
Démocratique du Congo (RDC)
n’accueillait jusqu’à notre intervention,
aucune ONG internationale. Pourtant,
nos évaluations ont montré l’extrême
gravité de la situation : arrivée de
réfugiés en provenance de RDC, retour
d’Angolais réfugiés en RDC, venue
de chercheurs de diamants vivant dans
des conditions misérables – cette
région a un sous-sol exceptionnellement
riche en or et en diamant –, absence
complète de centres de santé sur
un territoire de plusieurs centaines de
km2.
DOSSIER
SITUATIONS DE CRISES
ANGOLA :
BURKINA
:
LE COMITÉ
D’AIDEFASO
MÉDICALE
AU
U
SECOURS DE POPULATIONS
OUBLIÉES
Grâce à un premier financement de
OCHA, du Conseil Général de l’Essonne et à un soutien d’autres agences des
Nations Unies, le Comité d’Aide Médicale pouvait démarrer un programme
sanitaire dans ce contexte très difficile.
Trois semaines après notre arrivée,
notre coordinateur médical, médecin
épidémiologiste,
constatait
de
nombreux cas de méningites dans les
camps de chercheurs de diamants. Ses
études montraient incontestablement
que nous devions faire face à une épidémie. S’engageait alors un dialogue de
sourds avec les différentes autorités
régionales et nationales, qui refusaient
de déclarer l’état d’épidémie qui
permettrait d’avoir des moyens supplémentaires. Finalement, après 15 jours
de discussions et une visite d’experts du
Ministère de la Santé de la capitale, l’état
d’épidémie était déclaré. En collaboration avec 2 sections de Médecin Sans
Frontières, une campagne de vaccination auprès de 60.000 personnes était
organisée. L’épidémie terminée, le
Comité d’Aide Médicale pouvait consacrer ses forces à permettre l’accès aux
soins primaires et diminuer la mortalité
infantile.
Quelques données pour illustrer la
situation :
- Taux de mortalité infantile (0-3 ans) :
37 % ;
- Taux de malnutrition globale : 12,8 % ;
- L’hôpital de référence pour la majeure
partie de la province, situé à Cafunfo,
est dans un état déplorable. La grande
majorité du personnel est démotivée et
très mal formée ;
- Absence complète de couveture sanitaire sur une surface de plusieurs
centaines de km2 ;
AVENTURE N°98 - AUTOMNE 2003 - LA GUILDE EUROPÉENNE DU RAID
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Les actions mises en œuvre par l’association ont été :
- la mise en place d’une clinique mobile
couvrant environ 10.000 personnes
dans 22 villages ;
- un apport d’équipement pour l’hôpital
de Cafunfo ;
- des actions de formation à destination
du personnel médical de l’hôpital, des
agents de santé communautaire et des
sages-femmes traditionnelles.
Un engagement à long terme du Comité d’Aide médicale est nécessaire pour
aider à la reconstruction du système de
santé de la province. Pour le dernier
trimestre 2003 et le premier trimestre
2004, nous prévoyons de poursuivre les
cliniques mobiles, la formation du
personnel médical et de construire 3
centres de santé desservant 22 villages.
Le personnel de ces centres d’Etat sera
fourni, en accord avec le Ministère de la
Santé, par Caritas qui forme des infirmiers pour la Province.
Cette première étape devrait se poursuivre par d’autres programmes sanitaires, notamment dans le secteur de
l’eau et l’assainissement pour réduire les
risques épidémiologiques.
DOSSIER
SITUATIONS DE CRISES
- Risque épidémique très élevé : en
moyenne une latrine pour 60
personnes, accès à l’eau problématique,
mauvaise qualité de l’eau ;
- Des réfugiés et des déplacés en grand
nombre.
D’autre part, l’association devrait, en
2004, aider au retour de 15.000 réfugiés
angolais depuis la RDC, en mettant en
place des structures de santé dans les
camps de transit.
Mais tenir ce challenge ne sera pas
chose facile : plusieurs bailleurs de fonds
internationaux se désengagent du pays.
Il n’est pas certain que nous obtenions
les fonds nécessaires pour poursuivre
notre action. Toutefois, le Comité d’Aide Médicale porte la voix de ces habitants et nous voulons croire qu’ils ne
seront pas de nouveau oubliés. ■
Anne Catherine RÉA
Responsable géographique
Courriel : [email protected]
Site : www.cam-fr.org
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AVENTURE N°98 - AUTOMNE 2003 - LA GUILDE EUROPÉENNE DU RAID