Compte rendu d`audience de l`affaire du Salon Li Ling 30/11

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Compte rendu d`audience de l`affaire du Salon Li Ling 30/11
Compte rendu d'audience de l'affaire du Salon Li Ling
30/11/11
Les Equipes d’Action Contre le Proxénétisme est intervenue dans une affaire de proxénétisme
aggravé au sein d’un salon de massage asiatique qui a été renvoyée devant la 16 ème chambre
correctionnelle de Paris courant juin 2011 en qualité de partie civile.
Dans ce dossier, l’instruction relevait que dans un premier temps, la Brigade de Répression du
Proxénétisme (BRP) avait découvert l’existence d’une activité suspecte au sein d’un salon de
massage asiatique parisien. Des surveillances effectuées par la police avaient en effet laissées
apparaître « une fréquentation exclusivement masculine du salon et une activité importante de
celui-ci ». Le salon était ouvert tous les jours de 11 heures à 22 heures et aucune poubelle
n’était sortie ni déposée sur la voie publique.
Afin d’éclaircir la nature exacte de l’activité du salon, les policiers de la BRP interpellaient
successivement deux clients sortant de l’établissement. Les deux hommes reconnaissaient
avoir visité plusieurs fois le salon pour y bénéficier, à chaque reprise, d’un massage
thaïlandais payé à la caisse et suivi d’une prestation sexuelle réglée en liquide à la masseuse
elle-même.
Dans la même journée, les policiers pénétraient dans le salon de massage, interpellant la
gérante et constatant la présence de deux clients. Dans une cabine, l’un d’eux se trouvait
entièrement nu, allongé sur un matelas en compagnie d’une masseuse et reconnaissait avoir
reçu une prestation sexuelle et l’avoir réglée en espèces. Le second client était également nu
dans une autre cabine en compagnie d’une masseuse mais expliquait que le massage était sur
le point de commencer et qu’aucune prestation sexuelle ne lui avait été proposée. La
perquisition permettait d’établir la présence de poubelles contenant du papier essuie-tout
souillé de sperme. Divers documents étaient saisis dont une feuille des recettes du mois ainsi
qu’un « registre du personnel » faisant état de 17 esthéticiennes masseuses entre janvier 2007
et avril 2008. Dans la caisse, la somme de 150 euros était également saisie.
Au cours des auditions, les cinq masseuses présentes dans le salon au moment de
l’interpellation niaient pratiquer des finitions sexuelles aux clients, malgré les déclarations
concordantes de trois d’entre eux. Une autre masseuse et une ancienne masseuse du salon
témoignaient avoir pratiqué des finitions manuelles à caractère sexuel dans le salon et
affirmaient que toutes les masseuses en faisaient autant. La gérante et son époux niaient quant
à eux avoir connaissance des prestations sexuelles prodiguées par les masseuses du salon bien
que l’homme reconnaissait emporter dans son coffre de voiture les poubelles du salon sans
donner d’explication. La gérante expliquait au contraire interdire formellement ce type de
prestation et effectuer des contrôles réguliers de l’activité de ses masseuses.
Pour corroborer les faits, l’étude financière de l’activité semble avoir été essentielle. En effet,
en une année d’activité, le compte bancaire de la société faisait apparaître un crédit de 90 385
euros dont 16 000 euros déposés en espèce. L’enquête révélait en outre que le couple de
propriétaire louait un coffre qui s’avérait bloqué et s’était porté acquéreur depuis quelques
mois d’un appartement neuf de standing grâce à un crédit immobilier et un apport d’un
montant total de 30 000 euros. L’addition de ces sommes semblait correspondre à la
simulation réalisée sur la base des déclarations des différents protagonistes et des documents
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30/11/11
saisis qui permettaient de calculer un chiffre d’affaire compris entre 120 000 et 150 000 euros
depuis janvier 2007 à raison de 10 clients par jours.
Représentée par Maître Faure du Barreau de Paris, l’association a déposé des conclusions aux
fins d’obtenir la condamnation de la propriétaire du salon au paiement de 10 000 euros de
dommages intérêts permettant de financer la réinsertion et la défense des personnes victimes
de traites à des fins commerciales. Entré en voie de condamnation à l’encontre de la gérante,
le tribunal a prononcé une peine de 6 mois d’emprisonnement avec sursis et 5 000 euros
d’amende. Sur l’action civile, le tribunal a accordé à l’association une réparation à hauteur de
4 000 euros de dommages intérêts et 600 euros pour les frais exposés.