Sommaire - CESER Pays de la Loire

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Sommaire - CESER Pays de la Loire
Sommaire
Page
Composition du groupe de travail et remerciements
Synthèse
Préambule
Méthodologie
Introduction
4
5
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Première partie : éléments de diagnostic
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1.1 - Hôtellerie
1.2 - Hôtellerie de plein air
1.3 - Autres hébergements marchands
1.4 - Hébergements non marchands
1.5 - Fréquentation de la façade atlantique
1.6 - Fréquentation des sites de visite
1.7 - Fréquentation des centres de vacances et de loisirs
1.8 - Approche par lignes de produits
1.9 - Positionnement de l’offre des stations balnéaires de la façade
atlantique sur le marché européen
En résumé
18
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21
23
24
25
27
27
Deuxième partie : les bases d'un positionnement interrégional
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2.1 - Une réalité territoriale : l'espace Atlantique
2.2 - Destination Atlantique : obstacles et opportunités
2.3 - Des lignes ou composantes de produits à valoriser
2.3.1 - Plaisance, activités nautiques et sports de vague
2.3.2 - Pêche
2.3.3 - Thalassothérapie et remise en forme
2.3.4 - Golf
2.3.5 - Croisière
2.3.6 - Atouts des arrières-pays
2.4 - Stratégie de promotion et d'approche des marchés
34
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38
41
41
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47
49
53
2
29
31
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
57
3.1 - Effets attendus d’une démarche commune
3.3.1.- Une meilleure organisation de l’offre
3.3.2.- Une optimisation des performances des opérateurs
touristiques
3.3.3. - Une amélioration de la gestion des emplois et des
compétences
58
58
59
59
3.2 - Composantes d’une coopération en faveur d’un concept
« Atlantique »
3.2.1. - Un concept d’image fédérateur
3.2.2. - Une stratégie d’action promotionnelle commune
3.2.3. - Une mobilisation de moyens spécifiques
60
60
61
63
Conclusion
65
Sources d’information références
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Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
3
Composition du groupe de travail
Présidente :
Mme Geneviève ROGERS, CESR Aquitaine
Rapporteur :
M. Jean-Michel GAUTHERON, CESR Aquitaine
Membres :
M. Bernard AINCIART, CESR Aquitaine,
M. Patrick CHATELIN, CESR Poitou-Charentes,
Mme Michèle CORNUDET, CESR Pays-de-la-Loire,
Mme Anne-Marie CROLAIS, CESR Bretagne,
M. Olivier de BOUARD, CESR Pays-de-la-Loire,
M. Henry DEPOID, CESR Bretagne
M. France JOUBERT, CESR Poitou-Charentes,
M. Gérard POTENNEC, CESR Poitou-Charentes,
M. Christian SAUVAGE, CESR Aquitaine,
M. Joseph VERGNEAU, CESR Pays-de-la-Loire,
Mme Janick VIGO, CESR Bretagne.
Cabinets CESR :
Melle Marie-Laure GENEVOIS, chargée d'études CESR Pays-de-la-Loire,
M. Thierry CHARLEMAGNE, coordonnateur CESR Atlantique,
M. Jean-Claude GUICHENEY, chargé de mission CESR Aquitaine,
M. Christophe IRASSART, chargé de mission CESR Poitou-Charentes,
M. Marc-Pol LE DEUNFF, conseiller technique CESR Bretagne
Remerciements
Mme BESANÇON, VVF
Mme DUPUY, Fédération Nationale des Pays d’Accueil
Mme HUMMEL, Conseil Régional de Poitou-Charentes
Mme LABAT, Escal’Atlantic
Mme PATRON, CRT Pays de la Loire
M. BARBIER, CRT Aquitaine
M. BRENUCHOT, CCI de La Rochelle
M. BRETON, Golf Pass Côte Basque Sud Landes
M. CHARPENTIER, CCI de Bordeaux
M. CLUZE, Fédération Nationale Mer et Santé
DE BOUARD, Syndicat National des Agents de Voyage
M. DUTEL, Sud Inter
M. HERBIN, CRT Bretagne
M. MECHINAUD, CCI de Saint Nazaire
M. NETTER, Agence Française d’Ingénierie Touristique
M. NOEL, CRT Poitou-Charentes
M. PELLEGRINO, UCPA
M. TOMATIS, cabinet Détente
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Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
SYNTHESE
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
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Synthèse
Les CESR des régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes et
Aquitaine appellent à la mise en oeuvre d’une stratégie commune de la
Façade Atlantique française en matière touristique.
Cette stratégie s’impose compte-tenu de l’évolution constatée des marchés
touristiques nationaux et internationaux. Elle s’appuie également sur la
mise en évidence et sur l’analyse des atouts communs et spécifiques des
destinations « atlantiques ». Elle apporte un complément aux travaux de
prospective menés au niveau national
(Direction du Tourisme,
Commissariat Général du Plan et Conseil National du Tourisme) et sur
l’avenir des régions de la façade atlantique (Secrétariat Général à la Mer et
DATAR). Enfin, elle prolonge la mobilisation conjointe des régions
concernées et de l’Etat suite aux événements catastrophiques de décembre
1999 (naufrage de l’Erika, tempête).
Le tourisme, un secteur clé de la réalité Atlantique,
La Façade Atlantique, un espace clé pour la destination
« France »
Le tourisme est un secteur d’activités important pour les régions de la
Façade Atlantique. Près de 90 000 emplois salariés sont concernés, mais
environ 170 000 en pleine saison. Au total, ce sont quelques 500 000 actifs
qui dépendent de ce secteur. Le tourisme génère en outre un volume de 65
milliards de francs de recettes annuelles, soit un flux conséquent pour
l’économie de ces régions.
Avec 1,35 million de lits touristiques, la Façade Atlantique représente 29%
de l’offre en hébergements banalisés au plan national (hors meublés). En
hôtellerie de plein air (près des trois-quarts de l’offre), la part des régions de
la Façade Atlantique atteint 37%. Le développement du parc en résidences
secondaires (632 000 recensées en 1999, soit +14% par rapport à 1990) y a
été presque deux fois plus élevé qu’au plan national.
Les dimensions et les caractéristiques de cet espace Atlantique lui
confèrent des atouts non négligeable en termes d’attractivité : 126 000 km2
(soit l’équivalent d’un pays comme la Grèce ou un tiers plus vaste que le
Portugal), 2500 km de linéaire côtier, une large variété d’espaces naturels
littoraux et intérieurs encore préservés et vivants. Ces régions se
caractérisent également par la diversité et la qualité de leur patrimoine
naturel et culturel.
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Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Synthèse
Elles concentrent ainsi près du quart des sites de visites de plus de 20 000
visiteurs au plan national, en particulier ceux liés au patrimoine maritime
(aquariums, musées, sites naturels...) et accueillent des manifestations
parfois de grande notoriété (i.e. courses transatlantiques à la voile,
manifestations culturelles spécifiques).
Avec 228 millions de nuitées, la Façade Atlantique réalise plus du quart de
la fréquentation touristique de la destination « France », mais 42% sur le
seul espace littoral. Elle constitue donc un enjeu déterminant pour le
tourisme national. Son positionnement est moins favorable sur le marché
des clientèles internationales. C’est pourtant précisément à ce niveau que
se situe la vraie dimension de la coopération et de la stratégie
interrégionale proposée en matière touristique.
Objectifs
Il s’agit de renforcer le positionnement de la Façade Atlantique sur les
marchés internationaux du tourisme autour d’un concept commun
(« French Atlantic Coast ») et d’une stratégie promotionnelle commune.
Cette stratégie s’appuie sur une série d’arguments correspondant à
plusieurs segments de l’offre touristique sur lesquels la Façade Atlantique
se démarque des autres destinations littorales concurrentes.
Cet objectif général est indissociable des efforts à réaliser parallèlement en
matière d’adaptation et de qualification de l’offre des stations touristiques,
qui devraient amener à mobiliser des moyens accrus avec l’appui des fonds
publics (européens, nationaux et régionaux).
Plusieurs objectifs spécifiques accompagnent la stratégie proposée :
! une meilleure structuration et organisation de l’offre touristique, du fait
d’un développement attendu de la coopération entre opérateurs,
! une
optimisation des performances du secteur et une meilleure
rentabilisation des investissements, permise par un développement de la
fréquentation étrangère en intersaison,
! une amélioration de la gestion des emplois saisonniers du tourisme, en
participant aux initiatives européennes (i.e. Bourse Européenne des
Emplois et de la Formation aux métiers du Tourisme, BEEFT) et de
dimension interrégionale.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
7
Synthèse
Opportunités
Les régions de la Façade Atlantique sont déjà engagées dans des
démarches de coopération interrégionale multilatérales (exemple Grand
Ouest) ou bilatérales. La crise provoquée par le naufrage de l’Erika et les
tempêtes de décembre 1999 a permis d’amorcer une campagne de
promotion commune sur l’image de la destination Atlantique française. La
stratégie proposée consiste à s’appuyer sur cette double dynamique pour :
! dépasser la réponse conjoncturelle à une situation de crise,
! donner une nouvelle lisibilité et favoriser le positionnement de la
destination Atlantique sur un marché international dynamique mais de
plus en plus concurrentiel,
! valoriser les atouts spécifiques de la Façade Atlantique et conforter son
attractivité sur les marchés,
! participer à la mise en œuvre d’une politique cohérente de
développement touristique « durable » de la Façade Atlantique au plan
national et européen,
! s’adapter aux mouvements de concentration des opérateurs sur les
marchés touristiques.
Propositions
➲ développer un concept d’image fédérateur : « French Atlantic Coast »
Ce concept doit permettre de valoriser les points forts et les éléments
d’image pertinents de la façade Atlantique sur les marchés du tourisme :
des espaces naturels de qualité et diversifiés, un littoral « tonique »
associant des côtes découpées et de longues étendues de plage, un climat
vivifiant, de larges possibilités d’activités de plein air et de découverte.
➲ Mettre en oeuvre stratégie promotionnelle commune
Il s’agit de mettre en avant des thématiques ou segments particuliers de
l’offre touristique en tenant compte des critères suivants :
! des
thématiques intéressant au moins deux des quatre régions
concernées,
! qui traduisent une spécificité atlantique déjà tangible par rapport à
l’offre nationale ou internationale,
! une stratégie qui induise une plus-value en terme de fréquentation
touristique (gains de clientèles, meilleure exploitation des intersaisons...).
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Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Synthèse
Plusieurs thématiques correspondant à ces critères ont été identifiées :
! activités nautiques et sports de vagues, en s’appuyant sur des
!
!
!
!
démarches qualité et privilégiant certains segments de clientèles
(exemple : jeunes),
thalassothérapie et remise en forme,
les séjours et circuits centrés sur le produit golf,
la croisière (maritime et fluvio-maritime),
les circuits itinérants thématiques (vélo et randonnée, vins et
gastronomie, sites « nature »...).
Outre les actions de promotion classiques envisageables dans ce cadre
(salons, opérations professionnels du voyage, voyages de motivation,
brochures ...), cette stratégie devrait tirer partie de la mise en œuvre
d’actions spécifiques ou originales associant des opérations de jumelage, le
développement de services sur Internet et la création d'un « Pass
Atlantique ».
➲ Mobiliser des moyens spécifiques
Une telle stratégie implique une mobilisation de ressources spécifiques et
une coordination à travers les comités régionaux de tourisme. A terme, et
au vu des résultats, la création d’un Groupement d’intérêt Economique
pourrait être envisagée. L’enjeu que représente la Façade Atlantique au
plan national justifierait une intervention spécifique de l’Etat, par exemple
via Maison de la France.
L’évaluation des résultats suppose une coordination parallèle des outils
d’observation touristique régionaux et une mise en cohérence des systèmes
d’observation.
Arguments
Le choix des thématiques proposées repose sur des éléments objectifs
soulignant les spécificités de l’offre Atlantique.
Plaisance et sports nautiques
La moitié des installations portuaires et le tiers de la capacité d’accueil des
ports de plaisance au plan national, un réseau très dense d’écoles de voile
affiliées à la FFV qui réalisent 60% de cette activité dans des disciplines
variées, un réseau de stations voile-nautisme et tourisme avec un
développement en cours de démarches qualité, un positionnement
remarquable sur les nouveaux sports de glisse, des opérateurs reconnus
(i.e. UCPA, Glénans...).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
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Synthèse
Thalassothérapie
La moitié de l’offre située sur la façade Atlantique, qui bénéficie sur ce
créneau d’une image et d’un savoir-faire reconnus au plan international,
des centres qui tirent partie du développement international du tourisme
lié à la remise en forme.
Golf
Environ un cinquième des parcours implantés sur la Façade Atlantique
avec un positionnement tourisme assez marqué, notoriété de certaines
régions (Bretagne, Aquitaine).
Croisière
Développement du tourisme de croisière, marqué par l’accroissement du
nombre d’escales et de passagers débarqués dans les sept ports de la
Façade Atlantique, initiatives spécifiques (Viking Cruise Bordeaux) et
association French Atlantic Ports of Call.
Arrières-pays et tourisme itinérant
Atouts spécifiques de la Façade Atlantique sur le patrimoine, sur le produit
vélo (axe Atlantique des itinéraires Eurovélo), découverte des espaces
naturels et du patrimoine par voie fluviale, événements et festivals...
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Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
RAPPORT
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
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Rapport - Préambule
Préambule
Depuis plusieurs années, les Conseil Economiques et Sociaux Régionaux
(CESR) de la façade Atlantique1 se sont mobilisés conjointement sur des
travaux de coopération de portée interrégionale : transport maritime,
réforme de la Politique Agricole Commune, avis commun sur le Schéma de
Développement de l'Espace Communautaire ou, tout récemment,
contribution commune sur les catastrophes de décembre 1999.
L'objectif de ces coopérations consiste à développer des approches et des
démarches communes sur des enjeux de portée interrégionale, de faire
entendre le point de vue des assemblées socio-professionnelles vis-à-vis
des instances régionales, nationales et européennes.
Les CESR de la façade Atlantique ont aussi largement contribué aux
travaux de concertation sur la prospective maritime et littorale engagés à
l'initiative du Secrétariat Général à la Mer et de la DATAR. Ils participent
par ailleurs aux travaux de la Conférence des Régions Périphériques
Maritimes.
Leur mobilisation sur le thème du tourisme résulte d'une décision des
Présidents des CESR de la façade Atlantique réunis le 22 décembre 1999 à
La Rochelle. Celle-ci est intervenue parallèlement à la participation des
CESR au groupe "tourisme et loisirs", constitué dans le cadre des travaux
de prospective maritime et littorale du Secrétariat Général à la Mer évoqués
ci-dessus.
Les conclusions de ces travaux ont été présentées le 21 juin 2000 à
Bordeaux.
1
Aquitaine, Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes
12
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Rapport - Méthodologie
Méthodologie
La mise en oeuvre de cette étude a donné lieu à l'installation d'un groupe
de travail spécifique, constitué d'une quinzaine de personnes représentant
chaque CESR. Le CESR Aquitaine a été désigné pour assurer le pilotage de
ce travail.
L'approche retenue s'est voulue complémentaire à celle parallèlement
engagée par le Secrétariat Général à la Mer en matière de prospective sur le
tourisme et les loisirs littoraux des régions de la façade Atlantique. Celle-ci
porte essentiellement sur les aspects concernant l'aménagement et le
développement touristique, en s'appuyant sur la mise en œuvre d'une
stratégie de tourisme durable au sens des démarches préconisées au plan
international.
La mobilisation particulière des CESR a pour objet d'apporter une
contribution plus précise sur certains aspects du tourisme Atlantique,
privilégiant une approche interrégionale de type marketing : promotion,
image, déclinaison de lignes de produits des régions de la façade
Atlantique, en tenant compte des atouts du littoral et de l'intérieur. Il s'agit
de répondre à un enjeu : celui du positionnement des régions de la façade
Atlantique sur les marchés touristiques, national et internationaux, leur
capacité à exister et à s'affirmer collectivement dans un environnement de
plus en plus concurrentiel entre destinations.
Plusieurs réunions d'auditions ont été organisées afin de recueillir les
analyses, les témoignages et les préconisations de certains opérateurs :
-
le 24 février 2000 à Bordeaux,
le 28 mars 2000 à La Rochelle,
le 25 avril 2000 à Vannes,
le 30 mai 2000 à Saint Nazaire,
les 28 et 29 juin 2000 à Biarritz.
Ces auditions ont permis d'aborder la politique de promotion et les
coopérations développées par les comités régionaux de tourisme, les
relations entre tourisme littoral et tourisme intérieur, l'approche des
organisateurs de voyages, les démarches de structuration de lignes de
produits (tels que thalassothérapie, sports de glisse, croisière, golf ...).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
13
INTRODUCTION
14
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Rapport - Introduction
Le tourisme est un secteur d'activités important pour les régions de la
façade Atlantique, tant par son poids économique que par le nombre
d'emplois concernés (environ 90 000 salariés en moyenne annuelle et près
de 170 000 en haute saison). Ces régions occupent d'ailleurs une place de
choix, avec le quart de la fréquentation touristique sur le marché français
et plus de 40% de ce marché sur le segment du tourisme littoral. Le
tourisme génère sur la façade Atlantique un volume de 65 milliards de
francs de recettes annuelles (sources : C.R.T.).
Cette façade bénéficie d'une offre très riche et diversifiée, liée à la qualité de
ses patrimoines naturels et à la diversité de ses patrimoines culturels,
urbains ou historiques.
Cette approche interrégionale ne doit pas ignorer le contexte dans lequel
évolue l'activité touristique des régions intéressées. Celui-ci est marqué
notamment par un développement accru de l'offre tant au plan national
qu'international, qui exacerbe les phénomènes de concurrence entre
régions et entre destinations. Si le marché international fait preuve d'un
certain dynamisme, le marché national paraît quant à lui stabilisé.
En effet, au cours de ces dernières années, le taux de départ et le volume
de nuitées de la clientèle française se sont, au mieux, maintenus. Sur le
marché international, la part des régions atlantiques reste relativement
modeste (12% à 13% des nuitées d'étrangers seulement) par rapport aux
autres régions françaises.
Avec plus de 660 millions d'arrivées (chiffre de l'OMT), le tourisme
international s'est accru à un rythme de + 4% par an depuis 1995. Sur la
même période, la France a enregistré une progression annuelle de + 5%,
mais les régions de la façade Atlantique ne semblent pas avoir bénéficié
pleinement du dynamisme du marché international. C'est du moins ce que
laisse apparaître l'analyse des enquêtes aux frontières conduites par le
Ministère du Tourisme sur la période 1994/1997. D'autres destinations du
Sud de l'Europe et du pourtour méditerranéen notamment se sont plus
nettement affirmées (Espagne, Portugal, Maroc et Tunisie).
Vraisemblablement, l'un des enjeux majeurs pour ces régions porte sur
leur capacité à mieux affirmer l'offre atlantique sur les marchés
touristiques internationaux. C'est d'ailleurs dans cet esprit que certaines
initiatives de coopération ont déjà été développées ("Cap à l'Ouest").
Plus conjoncturellement, le contexte est aussi celui des effets liés à la
marée noire de l'Erika et à la tempête du mois de décembre 1999, qui ont
frappé au premier rang les régions concernées. Il faut souligner le caractère
désastreux de ces sinistres et leur impact direct sur les économies
touristiques régionales, qui se fera ressentir au-delà de la seule saison
estivale 2000.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
15
Rapport - Introduction
L'action conjointe de l'Etat et des Régions visant à la restauration de
l'image de la côte Atlantique française mériterait d'être poursuivie, tout en
offrant l'opportunité à plus long terme d'une véritable stratégie concertée
de la Façade Atlantique, en particulier en direction des marchés
internationaux.
16
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie
ELEMENTS DE
DIAGNOSTIC
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
17
Première partie : éléments de diagnostic
L'analyse de l'offre touristique des régions de la façade Atlantique fait
apparaître quelques spécificités, en premier lieu dans la structure de l'offre
d'hébergements.
1.1. Hôtellerie
La capacité hôtelière totale des quatre régions concernées atteint près de
92 000 chambres, soit 16% de la capacité d'accueil en hôtellerie de la
France métropolitaine. Cela concerne près de 3500 établissements, soit
18,5% du nombre total d'hôtels sur le territoire métropolitain.
Comparaison de la qualité du parc hôtelier
Façade Atlantique - France entière
(en % du nombre de lits)
France
9,4
7,7
49,1
26,3
7,5
4*-4*L
3*
2*
1*
Atlantique
9,6 9,3
0%
20%
56,2
40%
21,7
60%
80%
3,1
0*
100%
Source : O.N.T.
L'offre hôtelière des régions atlantiques est positionnée sur la moyenne
gamme, avec une majorité du parc en catégorie deux étoiles. Cette
approche qui repose sur un classement administratif ne permet pas de
rendre compte de la qualité réellement commerciale de l'offre en hôtellerie
des régions concernées, mais c'est à ce jour l'information la plus facilement
accessible. La part des catégories haut de gamme (3 et 4 étoiles) représente
un peu moins du quart de la capacité hôtelière, à comparer à plus d'un
tiers au plan national. Cette caractéristique apparaît comme l'un des
handicaps structurels de l'offre Atlantique dans une perspective
d'accroissement de ses parts de marché à l'international.
18
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
Un peu plus de 60% de l'offre dépend de l'hôtellerie indépendante dans la
plupart des régions de la façade, à l'exception des Pays de la Loire, où le
parc se partage à quasi parité entre les chaînes hôtelières et les
indépendants.
Le parc hôtelier des régions de la façade Atlantique est relativement récent,
puisqu'environ 55% des chambres ont moins de 10 ans et plus de 80%
moins de 20 ans. C'est en Poitou-Charentes que l'ancienneté du parc est la
plus forte, avec 18% de l'offre de plus de 20 ans. Le taux d'ouverture à
l'année des établissements est dans toutes les régions concernées
supérieur à 85% (année 1998), avec un taux maximum en Pays de la Loire
(91%).
La fréquentation du parc hôtelier dans les régions de la façade Atlantique
représente 14,2 millions d'arrivées et 25 millions de nuitées. La part des
régions atlantiques atteint près d'un cinquième de la fréquentation sur le
marché national mais à peine plus de 6,5% sur le marché des clientèles
étrangères. Cette part reste faible malgré la progression constatée sur
l’année 1999 (+ 1 point de part de marché).
Le parc hôtelier des régions de la façade Atlantique et sa fréquentation
HOTELLERIE
Offre
chbres
Aquitaine
Bretagne
Pays de la Loire
Poitou-Charentes
ATLANTIQUE
France
% Atlantique
30 664
24 522
19 686
16 373
France
Arrivées
Nuitées
Arrivées
Total
Nuitées
Arrivées
Nuitées
1 785 637
1 572 820
743 981
615 523
4 320 688
3 606 839
3 302 309
2 991 587
8 121 014
6 702 317
5 317 263
4 933 295
6 335 377
5 129 497
4 573 282
4 317 772
941 410
761 503
383 864
363 506
11 771 140 20 355 928
2 450 283
4 717 961 14 221 423 25 073 889
583 578
62 128 195 108 774 202 34 267 347
71 767 947 96 395 542 180 542 149
15,64%
18,95%
91 245
3 379 278
2 845 336
2 918 445
2 628 081
Etranger
18,71%
7,15%
6,57%
14,75%
13,89%
Source : DT/INSEE/CRT 1999
La part de marché des régions de la façade Atlantique est plus ou moins
importante selon les pays d'origine des clientèles hôtelières :
- de 7% à 9% sur les marchés ibérique (Espagne-Portugal : 9,2%), belge
(Belgique-Luxembourg : 9,1%), britannique (7,3%), allemand (7,2%) et
suisse (6,9%),
- de 2,5% à 4% sur les marchés hollandais (4%), italien et grec (3,9%),
américain (3,1%) et japonais (2,5%).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
19
Première partie : éléments de diagnostic
1.2. Hôtellerie de plein air
La capacité d'accueil en hôtellerie de plein air de la façade atlantique
atteint près de 330 000 emplacements répartis entre 2 576 campings. La
façade Atlantique concentre ainsi 37% de l'offre au plan national (près de
40% pour les emplacements de passage) et 32% des terrains de campings.
L'offre Atlantique en hôtellerie de plein air est plutôt structurée vers le
moyen-haut de gamme, avec plus de la moitié des emplacements classés en
catégories 3 et 4 étoiles. Pour cette dernière catégorie, l'offre de la façade
atlantique représente près de 43% de la capacité d'accueil en territoire
métropolitain. Ce parc d'hébergement a fait l'objet d'une rénovation et
d'une modernisation importantes durant la dernière décennie, avec un
accroissement rapide de l'offre en habitat léger de loisirs.
Comparaison de la qualité du parc en hôtellerie de plein air
Façade Atlantique - France entière
(en % du nombre de lits)
France
7,6
40,7
33,9
17,7
4*
3*
2*
1*
Atlantique 5,7
0%
43,1
20%
30,7
40%
60%
20,5
80%
100%
Source : O.N.T.
Autant dire que l'offre en hôtellerie de plein air représente un segment
stratégique de l'offre en hébergements marchands pour les régions de la
façade Atlantique.
Une large majorité des campings est sous structure d'exploitation privée,
notamment dans les régions Pays de la Loire et Poitou-Charentes (75%).
20
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
Le parc en hôtellerie de plein air des régions de la façade Atlantique
et sa fréquentation
HOTELLERIE
Offre
DE PLEIN AIR
Aquitaine
Bretagne
Pays de la Loire
Poitou-Charentes
ATLANTIQUE
emplac.
France
% Atlantique
France
Arrivées
Nuitées
103 222
87 059
84 387
56 163
1 160 119
1 044 073
970 458
827 522
330 831
4 002 172 27 811 049
899 989
36,76%
Etranger
Arrivées
8 105 869
6 837 761
6 910 581
5 956 838
658 914
561 170
415 766
233 428
Nuitées
4 749 659
3 146 761
2 780 590
1 296 002
Total
Arrivées
1 819 033
1 605 243
1 386 224
1 060 950
Nuitées
12 855 528
9 984 522
9 691 171
7 252 840
1 869 278 11 973 012
5 871 450 39 784 061
10 060 645 62 511 891
7 654 499 37 070 521
17 715 144 99 582 412
39,78%
24,42%
33,14%
44,49%
32,30%
39,95%
Source : Direction du Tourisme/INSEE/Régions, 1999
Avec près de 40 millions de nuitées, les régions de la façade Atlantique
concentrent 41% de la fréquentation en hôtellerie de plein air au plan
national. Leur part de marché est plus accentuée sur les clientèles
françaises (44%) qu'étrangères (32%). Les britanniques, les allemands et les
néerlandais sont les clientèles étrangères les plus représentées en
hôtellerie de plein air sur la façade Atlantique.
La part de marché de ces régions est ainsi de près de 60% pour la clientèle
britannique, de 40% pour la clientèle allemande et d'un peu moins du
quart pour les clientèles du Bénélux.
Ces quelques indicateurs ne font que souligner la place particulière de la
côte Atlantique sur ce segment de l'offre aux niveaux national et européen.
1.3. Autres hébergements marchands
Il s'agit pour ces autres catégories d'hébergement d'indicateurs sur les
capacités d'accueil. Les informations relatives à la fréquentation n'ont pu
être homogénéisées.
Résidences de tourisme
La façade Atlantique offre une capacité de 54 000 lits en résidences de
tourisme et de type hôtelier, répartis entre 164 établissements. Cela
représente environ 17% de l'offre nationale pour ce type d'hébergement, en
développement constant depuis plusieurs années.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
21
Première partie : éléments de diagnostic
Comparaison de la qualité du parc en résidences de tourisme
Façade Atlantique - France entière
(en % du nombre de lits)
0,9
26,5
France
12,9
54
5,8
4*-4*L
3*
2*
1*
0*
2,7
Atlantique
18,2
0%
21,7
20%
48,9
40%
60%
8,4
80%
100%
Source : S.N.R.T.
La structure de l'offre Atlantique en résidences de tourisme paraît
davantage positionnée sur le moyen-haut de gamme, en comparaison de
l'ensemble de l'offre nationale sur ce type de produit. Au plan national, les
résidences de tourisme accueillent chaque année plus de 4 millions de
clients, dont un tiers d'étrangers.
Villages de vacances et structures assimilées
Avec un total de près de 80 000 lits répartis sur 255 sites, l'offre atlantique
en villages de vacances représente 30% de l'offre nationale. Là encore, le
poids de ces régions leur confère une position de premier rang au plan
national. Environ 70% des villages de vacances implantés sur la façade
atlantique sont des établissements agréés.
Gîtes ruraux et hébergements à la ferme
Les régions de la façade Atlantique disposent d'un parc de plus de 9000
gîtes ruraux et communaux, ce qui représente environ le cinquième de
l'offre nationale.
Leur part est sensiblement identique pour l'offre en chambres d'hôtes avec
ou sans table et pour les campings à la ferme.
Hors meublés touristiques, l'offre de la façade atlantique en hébergements
marchands totalise 1,35 million de lits, soit environ 29% de l'offre en
hébergements banalisés au plan national.
22
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
Il convient d’insister par ailleurs sur l’importance du parc d’hébergement
en meublés pour les régions de la façade atlantique. Cette catégorie
d’hébergement souffre d’une qualification insuffisante, ce qui contribue à
l’inadaptation et à la paupérisation de certaines stations littorales.
Comparaison de l'offre en hébergements banalisés
Façade Atlantique - France entière
(en % du nombre de lits)
25
France
58
6
6 5
Gîtes
Villages de vacances
Résidences de tourisme
Hôtellerie de plein air
Hôtellerie
Atlantique
74
14
0%
20%
40%
3 6 3
60%
80%
100%
Sur la façade atlantique, la part de l'hôtellerie de plein air correspond à
près des trois quarts de la capacité théorique en hébergements marchands,
soit 16 points au-dessus de la moyenne nationale.
1.4. Hébergements non marchands
Cette catégorie recouvre pour l'essentiel l'hébergement chez les parents et
amis ainsi que les résidences secondaires.
Pour la façade Atlantique, le dernier Recensement Général de la Population
dénombre près de 632 000 résidences secondaires (au sens strict, hors
logements occasionnels) en 1999, ce qui équivaut à une capacité théorique
de 3,15 millions de lits. La façade Atlantique concentre 24% du nombre
total de résidences secondaires sur le territoire métropolitain. Entre 1990
et 1999, l'accroissement de ce parc a été presque deux fois plus rapide sur
la façade Atlantique (+13,9%) que celui observé au plan national (+7,7%).
Selon des travaux récents de la Direction du Tourisme, l'hébergement non
marchand représente près des deux tiers des nuitées sur le marché
français, dont 44% dans la famille ou chez les amis et 20% en résidences
secondaires (soit au total 522 millions de nuitées).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
23
Première partie : éléments de diagnostic
Dans le cas des régions de la façade Atlantique, cela représente 62% des
nuitées totales réalisées par les français dans ces régions et 27% de
l'ensemble des nuitées réalisées en hébergements non marchands au plan
national. C'est en Pays de la Loire que la part de l'hébergement non
marchand est la plus forte (69%) et en Aquitaine qu'elle est la plus faible
(56%).
Comparaison du poids des hébergements non-marchands
sur le marché français
Façade Atlantique - France entière
(en % du nombre de nuitées)
France
36
64
Atlantique
38
62
Poitou-Charentes
40
60
Non marchand
Marchand
Pays de la Loire
69
31
Bretagne
61
39
Aquitaine
56
44
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Source : Direction du Tourisme
Les touristes étrangers ont,
hébergements marchands.
pour
les
trois
quarts,
recours
aux
1.5. Fréquentation de la façade Atlantique
Avec un peu plus de 228 millions de nuitées, la part de marché de la
façade Atlantique sur le marché national est de 28% (1998). Au cours de
ces dernières années, cette position a eu tendance à se conforter
légèrement. En effet, dans un contexte de tassement du marché, le recul
des nuitées constaté a été moindre sur la façade Atlantique que celui
observé sur l'ensemble du territoire. Sur la période 1994-1998, la
diminution du nombre des nuitées a été de l'ordre de -5% au plan national
et inférieur à -2% sur la façade Atlantique. Ces régions ont donc moins
souffert de la diminution du nombre de départ des français.
Le nombre de nuitées réalisées par les étrangers sur la façade Atlantique a
dépassé 64 millions en 1997, en progression de 18% par rapport à 1996.
24
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
Cette progression a été légèrement supérieure au plan national, la part des
régions atlantiques se maintenant à près de 13% du total.
1.6. Fréquentation des sites de visite
D'après les informations fournies par l'Observatoire National du Tourisme,
153 millions de visites cumulées ont été enregistrées en 1998 dans les 1
200 sites comptant au moins 20 000 visiteurs au plan national. Avec 22
millions de visites répartis sur 290 sites, la façade Atlantique concentre
près du quart du nombre de sites et 14% de la fréquentation cumulée. Si
l'on prend en compte les sites dont la fréquentation a fait l'objet
d'estimations (et pas uniquement de comptage), le nombre de visites
cumulées dépasse les 47 millions.
Part de marché des régions de la façade Atlantique dans la fréquentation totale
des sites de visite
(source : O.N.T., 1999)
Cat.16
Cat.15
Cat.14
Cat.13
Cat.12
Cat.11
Cat.10
Cat.9
Cat.8
Cat.7
Cat.6
Cat.5
Cat.4
Cat.3
Cat.2
Cat.1
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Catégorie 1 : sites et musée archéologiques ; Catégorie 2 : châteaux et architectures civiles remarquables ; Catégorie 3 :
écomusées et musées de société ; Catégorie 4 : citadelles, forteresses et architectures militaires ; Cat 5 : lieux et musées
historiques ; Catégorie 6 : musées des beaux arts ; Catégorie 7 : museums et musées d'histoire naturelle ; Catégorie 8 :
édifices religieux ; Catégorie 9 : musées thématiques ; Catégorie 10 : grottes, gouffres et grottes préhistoriques ;
Catégorie 11 : festivals et manifestations diverses ; Catégorie 12 : parcs et jardins ; Catégorie 13 : parcs récréatifs ;
Catégorie 14 : sites naturels, villages pittoresques, trains ; Catégorie 15 : sites techniques, tourisme industriel ;
Catégorie 16 : parcs animaliers.
Les parcs animaliers et les parcs récréatifs sont les catégories de sites les
plus fréquentées sur la façade Atlantique. Celle-ci reçoit environ le tiers de
la fréquentation des parcs animaliers au plan national, avec notamment les
parcs animaliers de la Palmyre (plus de 700 000 visites par an), les
aquariums de La Rochelle, de Saint Malo et Océanopolis à Brest.
Le niveau de fréquentation des parcs récréatifs sur la façade Atlantique est
très largement influencé par la présence du Futuroscope (2,65 millions de
visites en 1998), auquel s'ajoutent les visites enregistrées dans des sites de
moindre importance répartis dans les différentes régions concernées (parc
Walibi d'Agen, Aqualand sur le bassin d'Arcachon...).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
25
Première partie : éléments de diagnostic
La présence de nombreux châteaux (une cinquantaine de sites de plus de
20 000 visites, notamment dans le Périgord) génèrent un flux de 2,7
millions de visites chaque année, soit 12% de la fréquentation totale des
sites de visite de la façade Atlantique, mais sa part dans le total national
reste modeste (9%).
Les différentes catégories de musées ont reçu plus de 5,5 millions de
visites en 1998 dans les régions de la façade Atlantique. Celle-ci est
particulièrement bien représentée au plan national pour la fréquentation
enregistrée dans les écomusées ou musées de société (près du quart du
total national) ou encore dans les musées thématiques (18% de la
fréquentation nationale (tels que le musée de la Corderie Royale à
Rochefort, celui de la Mer à Biarritz...). Il faut également noter la présence
de sites particulièrement attractifs : le grand parcours du Puy du Fou (670
000 visites, le Festival de Cinéscénie accueillant quant à lui 350 000 visites
par an), ou encore le musée des beaux arts de Nantes (près de 250 000
visites).
Les sites naturels et villages pittoresques accueillent selon les comptages
plus de 1 million de visites sur la façade Atlantique, soit environ 18% de la
fréquentation comptabilisée au plan national. Mais les estimations de
fréquentation réalisées sur de nombreux sites, dont certains de notoriété,
font exploser les comptages stricts. On atteignait ainsi en 1998 plus de 20
millions de visites cumulées, dont 3 millions sur le site de La Rochelle, plus
de 2 millions sur l'île d'Oléron et sur l'île de Ré, 1,4 million sur la dune du
Pyla à Arcachon ...
Le même type de constat peut être établi pour d'autres catégories de sites,
tels que les sites et musées archéologiques ou les édifices religieux. Dans le
premier cas, les estimations cumulées donnent plus de un million de
visites sur la façade (dont la fréquentation du site de Carnac estimée à 800
000 visites), alors que les comptages affichent un peu moins de 650 000
visites (dont Lascaux II). Dans le second cas, les estimations cumulées
donnent 2,4 millions de visites (dont 800 000 pour la basilique de Sainte
Anne d'Auray) par rapport à un comptage de moins de 600 000 visites.
On peut également noter le bon positionnement des régions atlantiques sur
les grottes, gouffres et grottes préhistoriques (21% de la fréquentation
nationale), mais avec une localisation presque exclusive dans le Périgord,
sur les citadelles ou forteresses (19% du total national, sans prendre en
compte les estimations de fréquentation du site de Brouage soit environ
200 000 visites), sur les sites techniques ou de tourisme industriel (24% du
total national). Il s'agit dans ce dernier cas essentiellement de visites de
caves ou de chais (région de Cognac notamment).
26
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
Toutefois cette dernière catégorie souffre de lacunes car beaucoup de sites
ne sont pas pris en considération (exemple : absence d'évaluation de la
fréquentation des sites vinicoles du Bordelais).
Il en va de même en ce qui concerne les festivals, le peu de sites pris en
référence au plan national déformant exagérément l'analyse au profit de la
façade Atlantique. On peut cependant souligner l'attraction exercée par
certains événements tel que Brest 2000 (1,2 million de visiteurs), le Festival
Interceltique de Lorient (500 000 visiteurs), les 24H du Mans (280 000
visiteurs) ou encore le festival de la bande dessinée d'Angoulême (175 000
visiteurs).
Au-delà de ces limites, cette approche révèle la diversité des patrimoines
offerts par les régions concernées, lesquels constituent autant de facteurs
d'attractivité vis-à-vis des clientèles touristiques. L'offre en sites de visites
de la façade Atlantique est donc marquée par la richesse de son patrimoine,
avec une fréquentation répartie entre un grand nombre de sites. Très peu
d'entre eux constituent cependant un motif de séjour à part entière.
1.7. Fréquentation des centres de vacances et de
loisirs
La façade Atlantique est également une destination privilégiée du tourisme
de jeunesse, dont témoigne la fréquentation des centres de vacances et de
loisirs.
Selon les données fournies par le Ministère de la Jeunesse et des Sports,
les régions de la façade Atlantique réalisent le quart des séjours effectués
dans les centres de vacances (avec hébergement) par des jeunes, soit 9000
durant l'année (90% durant l'été) et près de 300 000 jeunes accueillis. La
fréquentation se concentre beaucoup plus ici en période estivale, par
rapport au constat établi au plan national (75% des séjours durant l'été).
Au demeurant, la part de marché de la façade Atlantique durant la saison
estivale atteint 30% du nombre de séjours nationaux.
1.8. Approche par lignes de produits
Il existe peu de bases de références précises se rapportant à la place des
régions de la façade Atlantique par lignes de produits touristiques. On
dispose cependant de quelques indications intéressantes pour certains
d'entre eux.
Plaisance
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
27
Première partie : éléments de diagnostic
On dénombre 237 ports et installations de plaisance sur la façade
Atlantique française, totalisant 59 000 anneaux, dont la moitié en
Bretagne.
28
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
Cela représente la moitié des installations et un peu plus du tiers de la
capacité au plan national. Sur cet ensemble, une centaine de ports de la
façade atlantique (60000 anneaux) sont affiliés à la Fédération Française
des Ports de Plaisance. On constate une saturation des ports (taux
d’occupation globale de 95 %) et un déficit d’anneaux disponibles dans la
plupart des régions2.
[Cf. sur ce thème contribution aux travaux du Secrétariat Général à la Mer]
Thalassothérapie
Au 1er janvier 1997, on comptait 45 centres de thalassothérapie en France ,
dont plus de la moitié (26) implantés sur la façade Atlantique.
Ces derniers ont accueilli plus de 200 000 curistes, soit les deux tiers de la
fréquentation totale enregistrée dans les établissements français. Autant
dire la place particulière des régions concernées sur ce segment de l'offre
touristique.
Golf
Il s'agit d'un segment très restreint de l'offre touristique, mais compte-tenu
des développements réalisés au cours de ces dernières années, l'approche
du contexte Atlantique présente un certain intérêt. Il existe près de 550
golfs en France dont plus 110 implantés dans les régions de la façade
Atlantique.
Selon des travaux menés par l'AFIT, l'Aquitaine et la Bretagne figurent
parmi les régions les plus prisées par les clientèles golfiques françaises et
étrangères, tant du fait de la qualité de leurs parcours que de la beauté des
sites.
Tourisme d’affaires
Plusieurs stations et villes des régions de la façade atlantique ont
développé une offre de tourisme d'affaires. C’est notamment le cas de
stations telles que Biarritz, Arcachon, La Baule, Vannes et des villes de
Nantes, Bordeaux, Pau, Poitiers, Angers, Le Mans, Brest ou Saint-Malo. La
plupart de ces villes sont dotées d’infrastructures destinées à recevoir des
foires et salons professionnels ou grand public. Le nombre d’entrées
cumulées dans les foires sur la façade Atlantique atteint près de 1,5 million
(1999), soit 22% du nombre total d’entrées enregistrées au plan national.
Certaines manifestations bénéficient d’une notoriété internationale (par
exemple sur le thème du vin et de l’agro-alimentaire : vinexpo, vinitech,
mondiaviti, sival, sifel, V&S Pack, itech’mer ou encore sur les activités
nautiques : Grand Pavois de La Rochelle...).
2
Concertation nationale sur la prospective maritime et littorale.
Rapport du Groupe « Tourisme et loisirs » présidé par Monsieur François DELUGA - Juin 2000
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
29
Première partie : éléments de diagnostic
Par ailleurs, de nombreux équipements et établissements hôteliers offrent
des prestations sur mesure pour l’accueil de congrès, séminaires ou
« incentives » (séminaires de motivation ou de stimulation).
1.9. Positionnement de l'offre des stations balnéaires de
la façade Atlantique sur le marché européen
Cet aspect est un point non négligeable du diagnostic du fait de
l'importance du tourisme littoral dans l'économie touristique des régions de
la façade Atlantique et du fait du poids des clientèles européennes sur
l'espace littoral. D'après les informations fournies par la Direction du
Tourisme, les régions de la façade Atlantique représentent 42% des séjours
réalisés sur le littoral métropolitain par les touristes français (dont 16%
pour la seule région Bretagne).
Même si le poids des régions atlantiques est moindre sur le marché
international, la Bretagne et l'Aquitaine contribuent à 20% des séjours et
des nuitées réalisés par les étrangers sur l'espace littoral français. Une
autre indication est fournie dans le cadre d'une étude conduite par l'AFIT
(1996) relative au produit balnéaire des stations françaises vis-à-vis des
principaux marchés européens, à partir d'une analyse de l'offre
commercialisée sur catalogue ou brochures (78 brochures, près de 900
stations françaises, espagnoles, italiennes, grecques, portugaises et
turques).
Celle-ci permet de mesurer la notoriété et l’attractivité de l’offre des
différentes stations du littoral français, comparativement à celle d'autres
littoraux européens concurrents.
30
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
Le positionnement des stations du littoral atlantique en terme de notoriété
Aquitaine
Lacanau
Moliets
Arcachon
Aquitaine
Biarritz
Port d'Albret
Aquitaine
Hourtin Port
Saint Jean de Luz
Aquitaine
Carcans plage
Capbreton
Hendaye
Hossegor
Mimizan plage
Anglet
Biscarrosse
Soulac sur Mer
Plus de 20 citations
Bretagne
Pays de la Loire
Saint Malo
La Baule
15 à 20 citations
Bretagne
Pays de la Loire
Saint Jean de Monts
Perros-Guirrec
Benodet
Carnac
Quiberon
Port du Crouesty
10 à 15 citations
Bretagne
Pays de la Loire
Dinard
Les Sables d'Olonne
Pornic
Moins de 10 citations
Bretagne
Pays de la Loire
Le Pouliguen
Concarneau
Pornichet
Fouesnant
St Hilaire de Riez
Guidel plage
La Tranche sur Mer
Douarnenez
La Turballe
Pleumeur-Bodou
Le Croisic
Trégastel plage
Damgan
Roscoff
Ile Tudy
Moëlan sur Mer
Plogoff
Plouhinec
Quimper
Poitou-Charentes
Poitou-Charentes
Poitou-Charentes
La Rochelle
La Palmyre
Saint Palais
Ile d'Oléron
Poitou-Charentes
Royan
St Georges de
Didonne
Ile de Ré
Châtelaillon plage
Source : AFIT
Cette étude met en évidence quelques constats de base, qui apportent un
éclairage intéressant sur le positionnement de l'offre "atlantique" vis-à-vis
des autres grandes destinations balnéaires au niveau européen. L'offre
Atlantique apparaît globalement plus compétitive que l'offre des stations de
la côte méditerranéenne française, notamment sur les marchés allemands
et du Bénélux. En haute saison, on constate selon cette étude des prix
comparables, voire légèrement supérieurs de l'offre en hébergements des
stations atlantiques sur le marché britannique.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
31
Première partie : éléments de diagnostic
Au-delà de cette comparaison nationale, l'offre balnéaire française est, quel
que soit le marché émetteur, plus chère que celle des autres pays
concurrents (Espagne, Italie). En outre, le coût du transport et la distance
par rapport aux principaux marchés émetteurs a plutôt tendance à limiter
encore davantage la compétitivité de l'offre des stations balnéaires de la
côte Atlantique. Enfin, celles-ci se distinguent par certaines particularités
liées à la gamme des activités proposées ou aux caractéristiques de leur
patrimoine culturel.
Les activités liées aux sports nautiques et de glisse, le golf, la typicité ou
l'authenticité des patrimoines régionaux, la notoriété de certains
événements sportifs ou culturels, les possibilités de découverte ou encore
la présence d'équipements de loisirs sont autant de facteurs d'attractivité,
dont certains constituent des éléments originaux de l'offre Atlantique.
Même s'il paraît difficile de tirer des enseignements généraux d'une étude
qui reste partielle et déjà ancienne, les données qui s'en dégagent
apportent des indications complémentaires significatives quant au
positionnement des régions de la façade Atlantique sur certains marchés
extérieurs.
En résumé
Avec plus du quart de la fréquentation touristique sur le marché national,
mais 40% sur la seule destination littoral, l'ensemble formé par les régions
de la façade Atlantique est un espace privilégié du tourisme national.
Sa part sur le marché international reste modeste et a eu même tendance à
régresser au cours des dernières années. La fréquentation par les clientèles
non résidentes a certes eu tendance à croître mais à un niveau moindre
que la progression constatée dans d'autres régions de France. Cette
évolution est relativement préoccupante, dans la mesure où ce sont les
marchés internationaux qui sont aujourd'hui les plus dynamiques et que,
parallèlement, la concurrence d'autres pays ou régions se développe.
Cette réalité s'explique pour partie par la structure de l'offre Atlantique,
essentiellement dominée par l'hôtellerie de plein air en matière
d'hébergements. Celle-ci représente les trois quarts de l'offre marchande.
Sur ce segment, les régions de la façade Atlantique pèsent plus de 40% du
marché. Malgré le niveau de qualité de l'offre, la part des clientèles
étrangères reste en deça (28% de la fréquentation des campings contre un
tiers au niveau national). Toutefois, ces régions occupent une position de
leader sur les marchés allemands et britanniques.
32
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Première partie : éléments de diagnostic
La structure du parc hôtelier, bien que relativement jeune et
essentiellement basée sur une offre en moyenne gamme, ne semble pas
suffisamment adaptée au marché international, qui ne représente que 17%
de la clientèle hôtelière dans ces régions (plus de 40% au plan national) et
seulement 5% des nuitées réalisées par des étrangers dans l'hôtellerie
française.
L'importance du parc en villages de vacances est une autre caractéristique
de l'offre Atlantique. L’évolution et la qualification du parc en meublés est
un autre volet important de la stratégie de l’offre en hébergements pour ces
régions.
Les régions de la façade Atlantique offrent en outre une gamme très
diversifiée de sites de visite, naturels et culturels, dont certains bénéficient
d'une large notoriété, avec quelques spécificités (îles, sites naturels, villages
et sites portuaires pittoresques, sites historiques et préhistoriques,
aquariums et parcs animaliers...).
Elles proposent par ailleurs des infrastructures et équipements qui
renforcent leur attractivité et leur positionnement, notamment par rapport
aux clientèles du littoral : ports de plaisance, centres de thalassothérapie,
parcours de golfs touristiques.
Plusieurs stations de la façade Atlantique bénéficient déjà d'une bonne
notoriété sur les marchés nationaux et internationaux. Celle-ci tire profit
des possibilités variées d'activités de plein air et de découverte du
patrimoine, dont certaines font l'originalité de l'offre atlantique (exemple :
produit surf et sports de glisse).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
33
Deuxième partie
LES BASES D’UN
POSITIONNEMENT
INTERREGIONAL
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
33
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Il s'agit de dégager à partir de ces éléments de diagnostic les points
d'ancrage d'un positionnement "Atlantique" et d'une démarche
interrégionale, en particulier en direction des marchés internationaux.
2.1. Une réalité territoriale : l'espace Atlantique
Cet espace Atlantique a d'abord une réalité commune, une identité littorale
qui s'étend sur 2500 km de linéaire côtier, soit 45% du linéaire côtier
métropolitain. Des Côtes d'Armor aux Pyrénées-Atlantiques, la diversité de
ce patrimoine côtier est à l'image des multiples dénominations : Côte
d'Emeraude, Côte de Penthièvre, Côte de Granit Rose, Côte des Légendes,
Côte de la Plaisance, Côte Sauvage, Côte d'Amour, Côte de Jade, Côte de
Lumière, Côte de Beauté, Côte d'Argent, Côte Basque.
L’espace atlantique se distingue également par la spécificité de ses
patrimoines naturels :
− des baies rocheuses (Saint Brieuc, Lannion, Morlaix et Carantec sur la
Manche, Rade de Brest, Douarnenez, Audierne, Concarneau, Quiberon),
− des baies et estuaires moyens ou plats (Golf du Morbihan, baie de
Bourgneuf, baie de l’Aiguillon, baie d’Arcachon et Banc d’Arguin,
estuaires de la Vilaine, de la Charente et Anse du Fourras, estuaire de
l’Adour),
− des grands estuaires (Loire et Gironde),
− des Perthuis charentais (Breton, d'Antioche, de Maumusson),
− des marais et lagunes côtiers (marais d’Audierne, marais poitevin,
marais breton, marais de Redon, marais de Rochefort et Yves, marais de
Brouage, marais d’Orx...),
− des marais saumâtres aménagés (marais d’Olonne, de Talmont, marais
breton et de l’Ile de Noimoutier, marais de Guérande et Mesquer, marais
de Seudre et Oléron),
− des lacs et étangs côtiers (les lacs landais et médocains).
Cet espace se distingue aussi par de nombreuses îles disséminées le long
du littoral breton et atlantique : Sept-îles, Ouessant, Sein, Glénan, Groix,
Belle-Île, Houat, Yeu, Ré, Oléron... Les régions de la façade atlantique
abritent en outre le tiers des zones humides réparties sur le territoire
national (plus de 380 000 hectares dont 160 000 hectares en zones de
protection spéciale).
C'est donc un patrimoine naturel côtier très riche, à facettes multiples, qui
offre derrière cette spécificité Atlantique des réalités très diverses et
remarquables de paysages, de sites, de témoignages culturels et
gastronomiques autour du monde maritime.
34
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Le patrimoine culturel lié à l’histoire et aux traditions maritimes de ces
régions est également très présent : musée de la compagnie des Indes à
Port Louis, Musée de la pêche de Concarneau, Musée des marais salants de
Batz-sur-Mer et la Maison des Paludiers à Guérande, Escal’Atlantique à
Saint Nazaire, Corderie Royale de Rochefort, Musée des Deux Mondes de La
Rochelle, les phares (dont le plus ancien, celui de Cordouan allumé en
1611), les sites fortifiés (exemple de Fort Boyard) ... Ce patrimoine
entretient un flux de fréquentation non négligeable sur les sites concernés.
Bien que littoral, cet espace Atlantique offre par ailleurs une mosaïque
d'arrière-pays, soit un ensemble couvrant plus de 126 000 km2, équivalent
à peu de chose près à la superficie de la Grèce ou un tiers plus vaste que le
Portugal. Il s’agit le plus souvent d’arrière-pays vivants, animés, typés, où
l’authenticité culturelle a été préservée, dont l’attractivité génère le
développement de formes de tourisme adaptées (agri-tourisme par exemple)
tout en tirant partie d’un patrimoine historique, architectural ou religieux
de qualité.
Cette réalité spatiale ne fait que renforcer les éléments de diagnostic sur le
poids touristique des régions de la façade Atlantique. A l'échelle
internationale, cet enjeu s'exprime en terme d'espace de destination.
Autrement dit, la question posée est d'abord celle de la pertinence ou non
de cette échelle interrégionale en terme de destination touristique. Elle
consiste ensuite à identifier les points d'appui d'une démarche
interrégionale Atlantique en terme d'offre par rapport à la réalité des
marchés.
2.2. Destination Atlantique : obstacles et opportunités
La mise en place d'une coopération interrégionale en matière de tourisme
sur la façade Atlantique se heurte à plusieurs écueils qui tiennent pour
l'essentiel aux comportements et aux stratégies existantes des acteurs en
présence.
Des obstacles...
❐ Du point de vue des politiques régionales, on se heurte à ce jour à
l'absence de coopération interrégionale en matière touristique entre les
régions concernées. Les seules coopérations notables identifiées à ce jour
portent sur la mise en œuvre d'actions de promotion entre les régions du
Grand Ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Normandie,
Centre), à travers "Cap à l'Ouest".
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
35
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
L'Aquitaine, située à l'extrême sud de la façade Atlantique, ne participe pas
à cet ensemble et développe plutôt des coopérations en matière de
développement et de promotion avec Midi-Pyrénées autour d'un concept
"Sud-Ouest" ou "l'autre Sud", ainsi qu’avec Poitou-Charentes (programme
de valorisation de l’estuaire de la Gironde). D'autres coopérations
bilatérales existent également (entre Bretagne et Pays de la Loire, Pays de
la Loire et Centre par exemple). L'absence de coopération à l'échelle
considérée de la façade Atlantique constitue donc un premier frein. Les
coopérations existantes témoignent cependant des possibilités en la
matière, sans remettre en question les stratégies d'alliance déjà engagées.
❐ Un autre frein à ce niveau est de nature institutionnelle. Les outils
régionaux intervenant dans le domaine du tourisme, comités régionaux du
tourisme essentiellement et les observatoires, ont une vocation et une
compétence fondamentalement régionale, sur lesquelles interfèrent bien
souvent des exigences d'image et de communication institutionnelles
rattachées à chaque espace régional. Même si la situation a tendance à
évoluer, toute action interrégionale dans ce domaine se trouve encore
confrontée à cette logique régionaliste, d'autant plus lourde que l'image de
chaque région concernée est forte.
Cette réalité régionale influe sur la structuration économique en termes
d'activité et de fréquentation touristique, avec la mise en évidence de
comparaisons, d'approches et de stratégies concurrentielles entre espaces
régionaux, notamment si l'on raisonne au niveau national.
❐ Un autre obstacle tient aux comportements et aux stratégies des
opérateurs touristiques. Leur implication dans des actions collectives est
souvent difficile, surtout lorsqu'elle exige participation financière sans
forcément retour sur investissement à court terme. La mise en œuvre de
démarches collectives se heurte aussi assez souvent aux obstacles
formulés en termes de concurrence, exacerbée en période de difficulté.
Malgré ces obstacles, plusieurs arguments militent favorablement pour une
coopération à l'échelle des régions de la façade Atlantique.
Des opportunités...
❐ Tout d'abord, le fait que les régions concernées aient déjà expérimenté
une telle coopération, notamment en matière de promotion. En outre, les
actions publiques développées en réaction aux événements de fin 1999
(marée noire de l'Erika et tempête) ont donné l'occasion à ces régions
d'amorcer un travail en commun sur l'image Atlantique. L'opportunité de
prolonger cette coopération repose donc sur un argument structurel (une
expérience de coopération) et sur un argument d'ordre conjoncturel
(campagne d'image suite à la marée noire et à la tempête).
36
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Les difficultés soulevées relevant des logiques institutionnelles régionales
et des phénomènes de concurrence peuvent être contournées en prenant
appui sur les éléments de diagnostic développés plus haut. Ils mettent en
évidence une unité sinon une identité commune liée à leur "atlanticité" et à
l'importance cumulée de cet ensemble dans l'économie touristique
nationale, en particulier sur le marché littoral. Ils dégagent aussi un
certain nombre d'atouts spécifiques et communs liés aux caractéristiques
physiques et culturelles de ces régions.
❐ Enfin, l'obstacle en terme d'image mérite d'être reconsidéré : pour la
plupart des régions concernées, la référence à une image "Atlantique" n'estelle pas plus pertinente sur les marchés du tourisme que celle accolée à
leur définition administrative ?
❐ La donne concurrentielle entre régions est certes une réalité. Toutefois, il
convient de bien mesurer parallèlement les avantages offerts par une
démarche Atlantique orientée vers un objectif commun, notamment en
direction de marchés lointains ou spécifiques sur lesquels il s'avère parfois
difficile de mobiliser des moyens d'action adaptés. En effet, la question
posée n'est pas de savoir si telle ou telle région figure au 4ème ou au 10éme
rang du palmarès touristique national par rapport à ses voisines ou à ses
présumées concurrentes. La question posée est accessoirement celle des
performances du tourisme français sur les marchés touristiques
internationaux et par rapport aux stratégies développées par les principaux
pays concurrents, "traditionnels" et émergents. Elle est surtout celle de la
place qu'occuperont les régions de la façade Atlantique face à cette
concurrence internationale, en particulier sur le marché du tourisme
balnéaire par rapport aux destinations concurrentes. C'est à cette échelle
qu'il faut raisonner et agir. C'est dans un tel contexte qu'une dynamique
interrégionale Atlantique prend toute sa dimension et tout son intérêt.
Une telle démarche peut prendre appui sur les arguments communs et
spécifiques aux régions de la façade Atlantique française (the "French
Atlantic Coast" ?). L'approche thématique qui suit a pour objet d'identifier
certains éléments distinctifs, en s'appuyant sur les éléments de diagnostic
précédemment évoqués.
2.3. Des lignes ou composantes de produits à valoriser
Bien que non exhaustif, le choix des différentes thématiques traitées repose
sur plusieurs critères :
! d'abord le fait qu'elles concernent au moins deux des régions de la
façade et s'inscrivent comme un potentiel envisageable pour les autres,
! ensuite qu'elles traduisent une spécificité déjà tangible par rapport à
l'offre nationale ou internationale,
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
37
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
! qu'elles induisent une plus-value pour la fréquentation touristique de
l'espace Atlantique permettant une extension de l'activité en avant ou en
arrière saison et/ou un gain de clientèles en particulier sur les marchés
étrangers.
Dans cette optique, l'orientation privilégiée en direction du marché
international trouve deux autres arguments qui reposent sur les
observations des comportements touristiques des clientèles non résidentes
: la possibilité de travailler ces marchés en dehors de la pleine saison, la
possibilité d'intéresser ces clientèles, plus mobiles ou volatiles, aux
richesses du patrimoine des arrières pays littoraux ou au tourisme urbain,
par exemple sous forme de circuits découverte.
2.3.1 La plaisance, les activités nautiques et les sports de vague
Comme la plupart des destinations littorales, la façade Atlantique offre une
gamme assez large d'activités et d'équipements liés à l'eau : nautisme et
ports de plaisance, sports de glisse, pêche ...
Le littoral Atlantique offre cependant quelques particularités susceptibles
de donner aux régions concernées un avantage comparatif par rapport à
d'autres destinations et qui méritent donc d'être valorisées auprès de
certaines clientèles internationales.
Plaisance et nautisme
Les éléments de diagnostic précédemment évoqués mettent en
évidence le poids des régions de la façade Atlantique dans l’offre de
plaisance, avec 237 ports et installations répertoriés et 59 000
anneaux proposés, soit la moitié des installations et un peu plus du
tiers des capacités au plan national. On dénombre en outre 120 écoles
de voiles accueillant 75 000 licences saisonnières, réparties sur la
façade Atlantique et affiliées à la Fédération Française de Voile (FFV).
Cela représente environ 60% de l’activité au plan national.
Les activités concernées recouvrent aussi bien la voile dite « légère »
(dériveur, planche à voile, catamaran) que la voile « lourde » (pratiques
en habitable, croisière).
En l’occurrence, plusieurs opérateurs dont la FFV, l’association
France Station Voile - Nautisme et Tourisme et la Fédération des Ports
de Plaisance sont engagés dans une démarche d’élaboration ou de
révision de leurs systèmes de labellisation.
38
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
L’objectif recherché consiste à élargir et à promouvoir des sites où les
principaux opérateurs (ports, clubs et associations, professionnels du
nautisme) s’engageraient dans l’amélioration de l’offre plaisance
notamment sur le plan de l’animation et des services. Ainsi, la FFV a
mis en place des labels tels que « Clubs Voile Loisirs », concernant
près de 200 clubs au plan national. Ce label s’adresse plus
particulièrement aux pratiquants de loisirs (hors enseignement et
compétition) et engage les clubs un ensemble de prestations d’accueil,
de découverte, d’animations et de services.
Un autre label intitulé « Points Passion Plages » porte sur les services
de location et diverses prestations. Cette fédération travaille
actuellement à la définition d’un label unique et élargi « LoisirsPlaisance », qui regrouperait l’ensemble des labels existants de la FFV
en matière de plaisance et prendrait en compte les besoins de
certaines clientèles spécifiques (exemple : seniors). Un grand nombre
des clubs affiliés à la FFV développent en outre des activités en
direction des publics scolaires : classes de mer, voile à l’école...
La Fédération Station Voile - Nautisme et Tourisme a entrepris quant
à elle la définition de normes et de systèmes de référencement,
permettant une reconnaissance de la qualité de l’ensemble des
services proposés sur la base d’une logique de produit. La démarche
développée par cette fédération vise à permettre au niveau local une
appréhension globale de l’ensemble des activités nautiques et
d’associer les collectivités publiques concernées à l’élaboration d’un
projet local d’animation et de développement des activités nautiques.
Ce projet doit donner lieu à la mise en place d’une organisation
adaptée de la station.
Quatorze stations sont concernées sur la façade atlantique (Saint
Malo, Saint Cast-le-Guildo, Pléneuf-Val-André, Perros-Guirec, Rade de
Brest, Crozon-Morgat, Pays de Lorient, Presqu’ïle Guérandaise, Ile de
Noirmoutier, Saint Gilles-Saint Hilaire, Les Sables d’Olonne, Pays
Royannais, Arcachon et Hendaye).
Les ports et structures implantés sur la façade Atlantique pourraient
opportunément accompagner ce mouvement et se positionner, pour
certains d’entre eux, comme espaces tests des démarches engagées.
L’objectif est d’associer l’offre plaisance et nautisme de la façade
Atlantique à une image qualité perceptible par les clientèles
intéressées.
Ce positionnement des régions de la façade Atlantique sur la
plaisance et la nautisme peut tirer parallèlement partie de
l’engouement pour certaines grandes épreuves (Vendée Globe
Challenge, Course du Rhum, Solitaire du Figaro, diverses régates...).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
39
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Activités de glisse et sports de vague
Les activités de glisse et sports de vague font partie des atouts de la
façade Atlantique. La pratique du surf est apparue à la fin des années
cinquante sur la côte Basque et l'Aquitaine est devenue dans ce
domaine une région de référence. Depuis, la pratique s'est développée
de façon importante, notamment à partir des années soixante-dix et
avec l'organisation de compétitions internationales qui drainent non
seulement de nombreux compétiteurs mais aussi des dizaine de
milliers d'amateurs et de curieux.
L'Union nationale des Centres sportifs de Plein Air est l'un des
principaux opérateurs dans ce domaine. L'UCPA est une association
créée en 1965 afin de faciliter l'accessibilité des sports de plein air à
un public élargi.
Aujourd'hui, elle accueille 250 000 personnes (ou stagiaires), gère 140
sites dont une centaine en France et propose des prestations
associant hébergement, restauration et pratique sportive à un prix
moyen de 2200 FF la semaine. Son volume d'activités représente un
chiffre d'affaires annuel de 800 millions de francs. Elle emploie 2600
salariés en pleine saison et 700 tout au long de l'année. Le littoral
Atlantique réalise 20% de son activité, répartie sur 11 sites : Aber
Wrac'h, Bénodet, Brest, Saint Pierre de Quiberon, Vannes (Bretagne),
La Rochelle (Poitou-Charentes), Anglet, Bombannes, Hourtin, Lacanau
et Socoa (Aquitaine).
Les activités de glisse et de vague (surf, flysurf, bodyboard, funboard,
wakeboard, waveski...) ont concerné 7000 stagiaires en 1999, à
comparer aux 400 enregistrés à la fin des années 80. Ces activités se
pratiquent essentiellement en Bretagne et en Aquitaine. Face à la
demande et à la saturation des sites existants, de nouveaux sites sont
en projet (Vendée). L'UCPA a la volonté de développer la clientèle
internationale, européenne notamment, sous réserve d'une adaptation
des prestations, (dont transport), tout en restant compétitives en
terme de prix, s'agissant essentiellement d'une clientèle jeune. En
effet, 60% de la clientèle des activités de glisse ou sports de vague est
composée de jeunes ou adolescents (15-17 ans), avec une tendance
observée à un rajeunissement. L'opportunité offerte par ce type
d'activité est également exploitée par d'autres opérateurs touristiques
implantés sur le littoral Atlantique, par exemple par les structures
intervenant sur le marché du tourisme familial telles que VVF.
L'intérêt d'une approche Atlantique orientée vers les marchés
étrangers est donc double : l'occasion pour les régions concernées de
mettre en avant et d'exploiter un atout spécifique, l'occasion pour
certains opérateurs de diversifier leur clientèle et de prendre pied sur
de nouveaux marchés. Il s'agit certes d'un segment restreint de l'offre
touristique existante ou potentielle de la façade Atlantique, mais c'est
40
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
bien sur de tels atouts que le concept et l'image Atlantique prennent
toute leur signification et leur valeur.
L’Union des Centres Plein Air est également très présente sur
l’ensemble des sports de voile légère et lourde sur la façade
Atlantique : planche à voile (Aber Wrac’h, Bénodet, Bombannes,
Hourtin, Socoa), catamaran (Aber Wrac’h, Bénodet, Saint Pierre de
Quiberon, Bombannes, Hourtin, Socoa), dériveur (Bénodet,Socoa),
kayak de mer (Aber Wrac’h, Bénodet), hydroptère (Bombannes),
habitable (Bénodet, Bombannes), croisière (Brest, Vannes, La
Rochelle). La réputation internationale de l’Ecole des Glénans est un
autre atout pour la façade Atlantique. Elle dispose de plusieurs bases
réparties en Bretagne (archipel de Glénan, Paimpol, île d’Arz) et
intervient sur plusieurs filières (croisière, catamaran, planche à voile,
dériveur).
2.3.2. Pêche
Les régions de la façade Atlantique disposent de sites privilégiés pour la
pratique de la pêche en mer (pêche en bord de mer ou surf-casting, pêche
embarquée « au tout gros », pêche au thon, pêche au squale, pêche au
lancer...). La façade atlantique concentre une vingtaine d’écoles de pêche
en mer et 3200 licenciés répartis entre 65 clubs. Cela représente plus du
quart de l’activité des structures affiliées à la Fédération Française de
Pêche en Mer.
2.3.3. Thalassothérapie et remise en forme
Le thermalisme marin à but thérapeutique s’est développé en Bretagne,
initialement pour le traitement de rhumatisants. Le premier centre de
thalassothérapie moderne, combinant les techniques de l’hydrothérapie et
de la médecine physique (kinésithérapie et rééducation fonctionnelle), a été
créé en 1964 à Quiberon par Louison BOBET.
Quelques gros opérateurs dominent le marché au côté de prestataires
indépendants : Havas, Thalasso en France, le groupe Barrière ou ACCOR
(via sa filiale Thalassa International). La France demeure le premier pays au
monde sur ce type de produit, avec 75% de part de marché. Elle bénéficie
au plan international d'un savoir-faire reconnu et d'une notoriété
incontestable sur ce type de produit. La thalassothérapie représente un
chiffre d’affaires annuel de plus de 2 milliards de francs au plan national.
On compte actuellement une cinquantaine de centres de thalassothérapie
en France. Plus de la moitié sont implantés sur la côte atlantique. De
nouveaux centres sont en cours de création ou en projet, par exemple en
Aquitaine (Arcachon, en cours de réalisation, Biscarrosse en projet).
On assiste cependant à un développement important et rapide de la
thalassothérapie à l’international, qui devrait ramener la part de marché
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
41
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
relative de la France à seulement 20% au début du prochain millénaire et
le nombre de destinations de 70 actuellement à 200 (bassin méditerranéen
dont Turquie, Espagne, Crète, mais aussi Indonésie, Amérique latine...).
Les opérateurs français participent à ce développement (conseil, vente de
savoir-faire, investissement).
Les centres de thalassothérapie accueillent 500 000 personnes par an, dont
60% en cures de 4 à 6 jours et 40% en formules « week-end ». La
thalassothérapie s’adresse à trois catégories de clientèles : les handicapés
(avec les centres de rééducation fonctionnelle en milieu marin), les
personnes valides sous traitement kinésithérapique et la clientèle de
« remise en forme ». Le marché s’est rapidement développé depuis, jusqu’à
atteindre ce que certains ont considéré comme un pallier au début des
années 90. Afin de se démarquer sur le marché et face au développement
de la concurrence, quelques centres se sont spécialisés sur certains types
de prestations. Les produits actuels se développent vers la détente, la
remise en forme et le traitement des « maladies du siècle » (stress,
pollution...). La politique tarifaire a également été adaptée afin de conquérir
de nouvelles clientèles par des formules de prix plus accessibles.
La clientèle de la thalassothérapie a également évolué. Son profil est moins
celui du curiste en traitement que celui des «urbains stressés » en séjour
de remise en forme. Il s’agit d’une clientèle majoritairement féminine, parmi
laquelle on retrouve une forte proportion de « seniors ». On enregistre un
accroissement du nombre de "curistes" de +5% à +6% par an, avec une
tendance au rajeunissement. L’évolution du secteur, après une période
difficile vers le milieu des années 90, a été facilitée par l’ouverture vers de
nouvelles formules de séjours et vers de nouvelles clientèles.
Le marché français fournit encore 80% des clientèles, sachant que l’Ile de
France est la première région émettrice, essentiellement vers les sites
bretons. La clientèle des régions du Sud-Est et du bassin rhodanien
fréquente plutôt les sites aquitains et charentais.
Il semble que la quasi-totalité des sites potentiels soit exploitée selon le
témoignage des opérateurs. L'amélioration de l'accessibilité des sites
existants, la commercialisation et la formation de personnels spécialisés
sont des thèmes qui mobilisent les professionnels de la façade Atlantique.
Le marché se développe aussi à l’export, bénéficiant d’une demande accrue
sur certains marchés européens (allemands, suisses, néerlandais), et vers
des formules forfait combinant plusieurs types d’activités (golf, nautisme,
excursion). La clientèle des sites français consomme avant tout de la
thalassothérapie.
Dans les autres pays, elle considère cette activité comme une simple option
au même titre qu'une excursion ou comme avantage commercial. Il
42
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
appartient donc aux sites français, dont ceux de l'Atlantique, de fidéliser
leur clientèle par des prestations personnalisées de soins ou de cure mais
aussi d'hôtellerie, pour se démarquer de l'offre d'autres destinations plus
standardisées. Cette thématique produit est un bon révélateur de
l'évolution actuelle des marchés touristiques et de la nécessité de mieux
affirmer l'offre atlantique face à une concurrence internationale accrue.
L'antériorité de la façade Atlantique sur ce segment de l'offre ne suffit plus
pour assurer un maintien sinon un développement des performances des
régions concernées.
Les critères de choix des clientèles doivent également être pris en compte :
notoriété de la station et/ou de la région, accessibilité notamment par voie
aérienne, climat. D'autre part, il convient de bien prendre en compte le fait
que l'activité de thalassothérapie s'inscrit désormais dans une perspective
plus large du marché de la remise en forme qui englobe les activités
thermales et les formules diverses de tourisme de santé liées à l'eau. On
assiste en effet à une montée en puissance du marché de la « remise en
forme » au sens large, recouvrant l’ensemble des préoccupations liées au
bien-être et au soin corporel, à l’approche préventive de ces « maladies du
siècle » évoquées par les opérateurs du secteur. Les distinctions opérées
entre thermalisme et thalassothérapie, entre santé et tourisme, restent
encore d’actualité. Mais elles appellent à être reconsidérées dès lors que
l’on se place dans une perspective d’adaptation de l’offre et de
développement prévisible du marché de la remise en forme et de la
prévention.
De ce point de vue, c’est bien à la structuration d’un marché élargi du
tourisme lié à la remise en forme (dont activités de plein air et de
randonnée), au sens où les motivations dominantes seront moins d’ordre
sanitaire ou curatif que du ressort du plaisir de se sentir bien, en forme, de
« s’entretenir », bref une motivation s’inscrivant dans une démarche plus
volontaire que prescrite et plus hédoniste que contrainte. Les initiatives
récentes de quelques grands opérateurs sont à ce sujet assez révélatrices
de cette évolution.
Selon les propres aveux des représentants professionnels interrogés, une
démarche promotionnelle commune des sites atlantiques sur le marché
national paraît peu pertinente, étant donné la concurrence que se livrent
les centres de thalassothérapie à ce niveau. A l'inverse, une approche
interrégionale en direction de marchés plus lointains présente dans ce
contexte un réel intérêt, afin de renforcer les efforts déjà entrepris par
Maison de la France, via le Club Thalassothérapie vers certains pays
(Allemagne, Suisse, Italie, Belgique).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
43
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
2.3.4. Golf
Le golf est une autre activité de plein air sur laquelle les régions de la
façade Atlantique se positionnent avec quelques atouts. Ainsi, Pau a
accueilli la création du premier parcours de golf européen (Parcours du
Phare, inauguré en 1888).
L’objectif poursuivi est d’utiliser le produit golf comme un moyen
d’allongement de la fréquentation touristique, en s’appuyant sur les
expériences conduites dans certains pays (l’Algarve au Portugal, la Costa
del Sol en Espagne, la Floride aux Etats-Unis...).
Le nombre de terrains de golf en France a quintuplé entre 1970 et
aujourd’hui. Sur environ 600 golfs existants en France, environ 20% sont
implantés dans les régions de la façade Atlantique. L’une des raisons
essentielles de ce développement tient d’une part à la démocratisation de la
pratique du golf. En 1999, on comptait 277 000 licenciés au plan national,
soit deux fois plus qu’il y a dix ans. En France, le nombre moyen de
joueurs par parcours est de 500. Il est deux fois plus important en Grande
Bretagne, ... quinze fois plus dans un pays tel que le Japon.
Une étude de l’AFIT publiée en 1995 apporte à cet égard un éclairage utile3.
Elle met en évidence les évolutions récentes du marché marquées par un
élargissement de l’offre golfique tant en France qu’à l’étranger, dans un
contexte de croissance, certes, mais ralentie, du nombre de pratiquants.
Par conséquent, sur ce segment des marchés touristiques comme sur bien
d’autres, on assiste à une mise en concurrence accrue entre destinations et
types de prestations.
La clientèle golfique est très majoritairement masculine (aux deux-tiers,
aussi bien chez les français que chez les étrangers) et relativement aisée et
à hauts revenus, avec cependant une tendance à la démocratisation de la
pratique. Les motivations essentielles dans le choix des clubs et des green
fees font apparaître nettement la beauté du site et la proximité du domicile.
3
« Etude sur la clientèle des golfs en France » - AFIT, 1995
44
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Critères de choix du lieu de séjour chez les golfeurs étrangers
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Climat,
beauté de la
région
Réputation
des golfs
Prix
Gastronomie
Source : AFIT, 1995
La clientèle des golfeurs étrangers séjournant en France est
essentiellement britannique, pour plus du tiers, suivie des nord-européens
(belges, suédois, néerlandais, allemands et suisses).
C’est une clientèle assez haut de gamme en général. Un peu plus de la
moitié des pratiquants étrangers font au moins un séjour golfique par an.
L’été reste la saison privilégiée pour plus de 60% de ces clientèles, ainsi
que les saisons intermédiaires (printemps et automne) en particulier chez
les seniors. La plupart des séjours golfiques réalisés par les étrangers se
font entre amis (46%), notamment pour les joueurs les plus expérimentés,
sinon en couple ou en famille. D’un niveau de jeu en général supérieur aux
français, les golfeurs étrangers sont plus exigeants quant aux aspects plus
spécifiques à l’activité et à son environnement immédiat.
C’est pourquoi la hiérarchie des critères de choix de la destination est
légèrement différente à celle constatée parmi la clientèle française. Ainsi,
c’est avant tout la réputation des golfs qui constitue la première motivation
des golfeurs étrangers séjournant en France. Les critères liés au cadre de
vie (climat, beauté de la région, gastronomie) viennent ensuite ainsi que le
prix, en particulier pour le choix des longs séjours (selon la définition OMT,
autrement dit supérieurs à 3 nuits).
L’Aquitaine et la Bretagne figurent parmi les régions les plus appréciées en
terme de destination golfique française pour les étrangers. Il s’agit d’une
clientèle relativement expérimentée qui choisit ces destinations avant tout
pour leur réputation golfique et la qualité de leurs parcours. Les autres
destinations en concurrence sont situées à l’étranger (Floride, Espagne,
Portugal...).
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
45
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
En termes de choix du parcours, le premier critère évoqué est la proximité
du lieu d’hébergement (si possible sur le golf lui-même). Les clientèles
britanniques sont très attentives au prix, alors que les belges (et plus
largement la clientèle féminine) par exemple accordent plus d’importance à
la beauté du site. Les clientèles étrangères privilégient en outre la tournée
de plusieurs golfs (dans plus de la moitié des cas). Pour près du tiers, la
pratique du golf n’est pas le motif principal de leur séjour en France.
Les types de pratiques font apparaître la diversité des clientèles golfiques,
entre les touristes qui viennent essentiellement avec un motif de pratique
de cette activité d’une part, et ceux pour lesquels la pratique du golf ne
constitue pas le motif essentiel ou du moins unique du séjour.
Types de pratiques des clientèles étrangères
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Plusieurs
golfs
Stage
intensif
Golf pas
motif
principal
Multiactivités
Séjour à
thème
Source : AFIT, 1995
La préférence pour l’hôtellerie, surtout en hôtel de charme haut de gamme
(3 ou 4 étoiles quasi-exclusivement), arrive très nettement en tête des
modes d’hébergement puisqu’il concerne près des trois-quarts de la
clientèle golfique étrangère. La formule en locatif et l’hébergement chez des
amis arrivent assez loin derrière. En général, le mode de transport le plus
utilisé jusqu’au lieu de séjour reste la voiture particulière. Mais le recours
au transport aérien est tout de même important (25% à 30%). D’où
l’importance de la desserte aérienne pour cette catégorie de clientèle.
Plusieurs golfs touristique ont mis en place des formules de type "golfpass", offrant aux pratiquants la possibilité d'accéder à des conditions
préférentielles à plusieurs parcours d'une zone ou d'une région donnée.
46
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
C'est par exemple le cas en Côte Basque-Sud Landes, ou en nordAquitaine.Etant donné la qualité des équipements et des sites disponibles,
la mise en avant des golfs de la façade Atlantique sur les marchés
extérieurs, par rapport à d'autres destinations concurrentes (Floride,
Algarve, Costa del Sol en Espagne ...), n'est pas sans intérêt, sous réserve
d'une démarche commune des opérateurs. Certains d'entre eux
interviennent déjà de façon privilégiée dans les régions concernées. C'est
par exemple le cas de la société Bluegreen qui dispose en France de 28
golfs dont un tiers sur la façade Atlantique. D'autres prestataires, tels que
Génération Golf, proposent des forfaits séjour golfique incluant l'accès aux
parcours et hébergement.
2.3.5. Croisière
Essentiellement nord-américain jusqu’à ces dernières années (5 millions),
le marché potentiel européen du tourisme de croisière, estimé à environ 2
millions de passagers, est en phase de décollage. En 1997, 1,2 million
d’européens ont choisi la croisière comme mode de vacances, pour une
offre de près de 12 millions de journées-croisières (dont 8 millions en
Méditerranée). La croissance annuelle observée est de +10% par an
environ. C’est une activité d’appoint qui peut s’avérer intéressante pour
certains ports de commerce.
La part de marché actuelle des ports de la façade atlantique française est
de 20% par rapport au trafic passagers national (dont Antilles), concentré
en métropole sur la côte méditerranéenne. A horizon 2000, on prévoit 600
000 croisiéristes dont 100 000 sur les ports de Manche-Atlantique. Cette
activité représente actuellement un chiffre d’affaires de 35 milliards de
francs et 10 milliards d’investissements annuels4.
Ports
Nombre d'escales
Nombre de Pax
31
6 193
Saint Malo
16
15
042
Brest
6
6 530
Lorient
5
675
Nantes
29
10 847
La Rochelle
32
10 264
Bordeaux
6
1 158
Bayonne / Saint Jean de Luz
125
50 099
Total façade Atlantique
Source : association « French Atlantic Ports of Call » et Port autonome de Nantes
Saint Nazaire (année 2000)
La tendance observée au cours de ces dernières années confirme le
dynamisme de l'activité de croisière qui s'alimente pour l'essentiel sur les
marchés internationaux (Amérique du nord, Europe du Nord).
4
« La croisière dans les ports français ; intérêt économique » - AFIT, 1998
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
47
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Cette activité de croisières (bateaux passagers) constitue déjà pour certains
ports de la façade Atlantique un appoint non négligeable en termes
économiques. La dépense moyenne à terre varie entre 600 FF et 1000 FF
par passager.
Saint Malo bénéficie sur ce créneau d'un attrait notable, même si l'activité
de ce port a connu un certain tassement à la fin des années 90. D'autres
sites ont développé des politiques volontaristes dont témoignent le
développement du nombre d'escales et de passagers accueillis. C'est par
exemple le cas de ports d'estuaire, malgré leurs contraintes nautiques, tels
que celui de Bordeaux.
L'activité est plus anecdotique dans les autres ports de la façade
Atlantique, même si elle tend à se développer (Brest, Nantes, La Rochelle
ou Bayonne par exemple).
L'attractivité de certains sites devrait s'améliorer. C'est notamment le cas
de Nantes avec la reprise des friches portuaires du port de Saint Nazaire et
la réalisation d'un vaste espace muséographique (Escal'Atlantic), qui
devrait être suivies dans les années à venir de l'adaptation des conditions
d'accueil de bateaux de croisière sur le site de Nantes. C'est aussi le cas de
villes comme Brest ou Bordeaux, avec l'amélioration urbanistique des sites
portuaires urbains.
Une autre initiative à souligner est, depuis 1999, celle d'une agence de
voyage travaillant sur l'accueil en réceptif, implantée sur Bordeaux et
spécialisée sur la découverte du vin, Sud-Inter. Celle-ci a mis en place un
produit de croisière intéressant plusieurs ports de la façade Atlantique. Il
s'agit d'un navire de la société Viking Cruise, le MS Viking Bordeaux, d'une
capacité de 180 passagers, qui assure une liaison fluvio-maritime entre
Bordeaux et Nantes, via Pauillac (Médoc) et La Rochelle durant 3 mois. Le
reste de l'année, le navire effectue des liaisons de croisière en Argentine et
au sud de l'Espagne (Séville-Malaga).
Le produit proposé a le vin et la découverte du vignoble pour thème
essentiel. Il intègre la visite de sites littoraux et l'arrière pays (bassin
d'Arcachon, Saint Emilion, citadelle de Blaye, Médoc, La Rochelle et visite
du vieux port, marais Poitevin, Nantes et pays nantais). Le premier test de
cette formule réalisé en 1999 a donné un taux d'occupation de 83%. Les
clés du succès reposent sur la connaissance par l'opérateur du marché
fluvio-maritime et sur une thématique forte qui appelle une prestation
appropriée (dont qualité de l'information sur les sites visités et sur le thème
traité), pour un prix de vente de 8 000 francs sur une semaine.
48
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Pour les croisiéristes et pour les acteurs économiques locaux, l'activité
générée par les escales présente un intérêt réel à travers la découverte des
villes et régions concernées et les dépenses à terre des passagers et
membres d'équipage. Les retombées de cette activité sont d'autant plus à
souligner que l'on constate une tendance d'une part à l'accroissement de la
taille des navires (vers des tailles moyennes de 800 à 1000 Pax environ) et
d'autre part un allongement de la durée des escales (sur Bordeaux par
exemple, la durée a progressé de 12 H à 2 voire 3 journées).
Cette évolution s'explique pour partie par les objectifs de développement du
marché et de rentabilisation (baisse des prix des produits, accroissement
de la taille des navires). Pour les unités de petite ou moyenne, cet objectif
de rentabilisation passe par une diversification des prestations sous forme
de produits d'excursions et de découverte des régions d'escale.
De fait, le dynamisme du marché et l'évolution observée des prestations et
des clientèles (souvent à haut pouvoir d'achat) confère à cette activité de
croisière un intérêt certain pour les ports concernés de la façade
Atlantique.
Déjà, ces ports sont regroupés au sein d'une structure commune de
promotion (French Atlantic Ports of Call) : il s'agit des ports de Saint Malo,
Brest, Lorient, Nantes, La Rochelle, Bordeaux et Bayonne-Saint-Jean-deLuz. Par conséquent, la démarche engagée depuis ces dernières années et
les coopérations développées dans ce domaine demandent à être
soutenues. Ce concept de croisière peut également être conforté si l'on
prend en compte les retombées sur l'activité de certains chantiers navals de
la façade Atlantique reconnus pour leur savoir-faire.
2.3.6. les atouts des arrières-pays
Bien que l'essentiel de l'activité touristique de la façade Atlantique soit
alimenté par le tourisme littoral ou balnéaire, les régions qui la composent
disposent d'atouts indéniables liés à la qualité des patrimoines de leurs
espaces ruraux et urbains intérieurs.
Toutefois, ces espaces ne bénéficient encore que trop peu de la
fréquentation de la zone littorale durant la haute saison. C'est du moins ce
que révèlent les travaux d'enquête menés par l'AFIT. L'articulation entre
tourisme littoral et tourisme intérieur s'avère difficile du fait des
comportements des clientèles touristiques littorales, marqués par une
relative sédentarité durant la haute saison, notamment sur les côtes
vendéennes et aquitaines.
Ce phénomène est moins marqué dans des régions telles que la Bretagne
ou encore le Pays Basque, mais la difficulté n'est pas moindre si l'on se
réfère aux tentatives conduites par certains pays d'accueil en Bretagne.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
49
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Ceci tient au fait que la demande touristique, et donc la clientèle, en espace
littoral n'est pas de même nature que celle fréquentant les espaces ruraux.
Ce constat mérite d'être nuancé dans la mesure où les comportements ne
sont pas immuables d'une année sur l'autre, voire au cours d'une même
année. Un touriste peut pratiquer plusieurs types de tourisme, et donc
plusieurs espaces touristiques ou destinations, sur une période donnée.
Une autre raison est de nature structurelle et tient pour une part à la
répartition territoriales des possibilités d'accueil et d'hébergement.
En dépit de ces constats, des solutions existent qui reposent en premier
lieu sur l'attractivité sinon la notoriété des patrimoines des régions de la
façade Atlantique, dont on a souligné la diversité, sur les capacités
d'organisation de l'offre à l'échelle territoriale et sur le développement du
tourisme itinérant.
Eléments d’analyse sur l’attractivité du patrimoine
Ainsi, les éléments de diagnostic évoqués précédemment mettent en
évidence quelques éléments de patrimoine susceptibles de renforcer
l'attractivité des régions de la façade Atlantique et sur lesquelles elles
paraissent assez bien positionnées : écomusées et musées de société
liés aux divers savoir-faire traditionnels, citadelles et forteresses,
vignobles et terroirs ... D'autres atouts plus ponctuels ou localisés
ajoutent à cette attractivité (exemple : Futuroscope, grottes, gouffres
et sites préhistoriques, parcs animaliers ...). A ce sujet, une étude
conduite en 1998 pour le compte du Ministère de la culture sur les
lieux de tourisme culturel commercialisés par les voyagistes
étrangers5 fournit d'autres éléments de référence.
Sur la quarantaine de lieux considérés comme "incontournables",
véritables pôles d'attraction susceptibles de générer un déplacement,
4 (soit 10%) sont situés sur la façade Atlantique, essentiellement en
Bretagne (port de Saint Malo, site de Carnac, Cap Fréhel). Près de 70
sites sont considérés comme "complémentaires" et bénéficiant d'une
certaine notoriété, programmées par les Tours Operators dans le cadre
de circuits de découverte ou à dominante culturelle. Une vingtaine de
ces sites (environ 30%) sont implantés sur la façade Atlantique.
Dans cet ensemble, on trouve de nombreux quartiers ou lieux
pittoresques (port de Concarneau, vallée de la Rance, quartiers
historiques de Dinan, de Vannes, de Pont Aven, de La Rochelle, de
Sarlat, de Bordeaux, village de Locronan, vallée de la Rance), des
monuments historiques et édifices religieux (Abbaye de Fontevraud,
cathédrale Saint Corentin de Quimper, enclos paroissial de Guimilau
à Saint Pol de Léon), des espaces naturels (côtes de granit rose, côte
5
Etude conduite auprès de 300 TO étrangers sur 450 sites français.
50
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
sauvage, la pointe du Raz, le PNR d'Armorique, la dune du Pyla) et
sites culturels (musée de la Préhistoire des Eyzies et Lascaux II).
Enfin, plus de 300 sites sont qualifiés de lieux "facultatifs", à savoir
programmés par les Tour Operators étrangers proposant des séjours
prolongés sur des lieux de villégiature. Près de 80 lieux sont localisés
sur la façade Atlantique, soit le quart de cet ensemble.
Par ailleurs, il convient de prendre en compte l'évolution des
comportements et des attentes de certaines clientèles, dont
témoignent les éléments développés à propos des thématiques déjà
traitées ci-dessus, et qui traduisent une curiosité de découverte des
patrimoines authentiquement régionaux.
En termes d'organisation territoriale, et complémentairement aux
orientations présentées dans le cadre des travaux de prospective par
le Secrétariat Général à la Mer, il faut souligner l'intérêt de certaines
initiatives de jumelage entre stations littorales et sites intérieur
(exemple : Concarneau avec le Pays des Cornouailles, Le Fouesnant
avec le pays du centre Finistère, Saint Jean de Luz avec le pays
Basque intérieur...), en impliquant les acteurs locaux (agriculteurs,
artisans).
Quelques formules de découverte originales
Le développement de circuits à thème est l’une des voies à explorer,
dont certains exemples récents tendent à démontrer l'intérêt.
A ce propos, la découverte des régions à vélo constitue une autre
piste d'intérêt. Certaines expériences prouvent le relatif engouement
de cette formule, notamment parmi les clientèles étrangères (exemple
: découverte du vignoble à vélo ; un produit vélo existe déjà entre
Bordeaux et Cognac et rencontre un certain succès auprès de la
clientèle scandinave). La clientèle étrangère s’affirme sur les
thématiques randonnée, VTT non sportif ou de vacances ou encore
l’itinérance à vélo non organisée. Dans les pays anglo-saxons
(Angleterre et Irlande notamment), on a assisté au cours de ces
dernières années à une multiplication de prestataires spécialisés.
L’accroissement de ce marché se confirme aussi en Allemagne et aux
Pays-Bas. D’après certaines enquêtes, la progression du nombre de
pratiquants réguliers (cyclotouristes) est très significative en
Allemagne (environ le quart des touristes allemands partent avec une
bicyclette).
Les motivations à la randonnée chez les cyclotouristes allemands et
anglais reposent sur la découverte du patrimoine naturel, culturel et
sur la gastronomie. En tout état de cause, les régions à forte variété
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
51
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
paysagère et patrimoniale sont privilégiées. Environ la moitié des
touristes anglais passant par un tour-opérateur choisissent la France.
L’attractivité de la destination France pour ces clientèles doit être
tempérée par les réserves exprimées relatives aux condition d’accueil
(hébergement, services, balisage, infrastructures). Le profil type des
clientèles allemandes et anglaises en cyclotourisme s’apparente à
celui des clientèles françaises (plutôt aisées, « seniors », pratique de
détente et de découverte d’une région et de la nature), même si un
distinguo doit être opéré entre les moins de 35 ans (individuels ou
couple, motivation sportive ou raids VTT avec forfaits à moindre coût)
et les plus de 35 ans (randonnée facile et grand confort).
D’autres marchés étrangers offrent des opportunités pour ce type
d’activité : outre les Pays-Bas déjà cités, le Danemark et l’Amérique du
nord (via certains tour-opérateurs implantés en Europe).
Plusieurs régions de la façade Atlantique ont entrepris des actions
spécifiques, notamment par la restauration ou le développement de
pistes cyclables. La définition d'un schéma national "véloroutes" et le
concept européen d'Eurovélo, défini par l'European Cyclists
Federation, n'intègrent-ils pas un axe Arc Atlantique (de Cadix, à
l'Ecosse et jusqu'au Cap Nord) ? Les régions de la façade Atlantique
ont probablement leur carte à jouer pour donner consistance à ce
concept, dans un environnement qui leur paraît favorable.
La richesse et la diversité des sites naturels littoraux offrent
également un bon support de découverte des régions de la façade
atlantique dans le cadre d’un tourisme de nature (ou écotourisme), tel
qu’il se pratique déjà sur certains sites (le Fier d’Ars, la Parc
ornithologique du Teich, réserves naturelles ...). Plusieurs grands sites
nationaux, dont la valorisation est achevée ou en cours, sont
implantés sur la façade atlantique : dune du Pyla, Pointe du Raz,
Brouage, Gavres Quiberon et Guérande.
La découverte des arrières-pays et de l’intérieur des régions de la
façade atlantique bénéficie également des investissements importants
réalisés ces dernières années en matière de tourisme fluvial.
Plusieurs initiatives peuvent être mentionnées à ce sujet, telle que
celle du Comité des canaux Bretons et Voies Navigables de l’Ouest
(canal de Nantes à Brest notamment), ou encore celles du canal des
Deux Mers reliant l’Aquitaine aux autres régions du Sud et de la
basse vallée de l’Adour (entre Bayonne et Dax). Le programme
d’aménagement concerté interrégional de l’estuaire de la Gironde,
entre Aquitaine et Poitou-Charentes, offre une autre opportunité de
valorisation touristique à partir du patrimoine fluvio-maritime.
52
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Enfin, l'organisation de certains événements ou festivals culturels
complète la panoplie des composantes de l'offre touristique dont
peuvent tirer profit les régions de la façade Atlantique.
Une autre piste de travail existe pour ces régions sur le marché du
tourisme d'affaires (congrès et incentives, séjours ou séminaires de
motivation). Malgré les atouts objectifs de la façade Atlantique, peu de
stations ou villes sont en mesure d'afficher une politique et des
infrastructures d'accueil à la mesure de ce marché. Qui plus est, on
se situe sur un marché où la concurrence est particulièrement vive et
vis-à-vis duquel une démarche interrégionale s'avère difficile à mettre
en oeuvre.
2.4. - Stratégie de promotion et d'approche des marchés
Toutes les régions de la façade Atlantique interviennent en matière de
promotion touristique, à travers les moyens mis à disposition des comités
régionaux du tourisme (CRT).
Le budget global ainsi mobilisé équivaut à 75 millions de francs, dont 30 à
35 millions de francs affectés à la promotion au sens strict (hors budgets
des comités départementaux de tourisme et offices de tourisme).
Comme cela a déjà été évoqué, l'ensemble des CRT est engagé dans des
coopérations interrégionales, mais aucune de ces coopérations ne concerne
l'espace Atlantique des quatre régions concernées. La Bretagne, les Pays de
la Loire et Poitou-Charentes ont des actions de promotion communes à
travers notamment Cap à l'Ouest, qui implique également les régions de
Normandie et du Centre. L'Aquitaine développe des actions conjointes avec
les régions du Sud. Des coopérations bilatérales se sont aussi développées
entre la Bretagne et Pays de la Loire ("D'une rive à l'autre" pour la
promotion des voies d'eau) ou entre Pays de la Loire et le Centre (pistes
vélo) ou l'Aquitaine et Midi-Pyrénées (sur le tourisme fluvial ou dans le
cadre de l'opération Destination Sud-Ouest).
Enfin, des coopérations internationales se développent avec d'autres
régions européennes de l'arc Atlantique (ainsi la Bretagne participe à 2
projets Interreg IIC sur le tourisme de santé avec l'Espagne et le Portugal
ou sur la pêche récréative avec le Portugal).
Pourtant, les arguments qui précèdent démontrent les opportunités d'un
positionnement plus affirmé de la façade Atlantique française sur les
marchés touristiques internationaux, en s'appuyant sur les atouts
communs et spécifiques à ces régions.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
53
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Les événements catastrophiques de fin 1999 ont en quelque sorte obligé les
régions de la façade atlantique à négocier, sinon à coopérer, afin de
mobiliser au mieux les moyens mis à leur disposition par l'Etat afin de
compenser les effets de la marée noire de l'Erika et de la tempête.
Ces sinistres n'ont fait que souligner la fragilité et la sensibilité des atouts
sur lesquels repose pour une large part l'image des régions de la façade
Atlantique.
Il paraîtrait judicieux de dépasser le caractère conjoncturel et contraint de
cette coopération pour entreprendre un véritable travail de fond en terme
de promotion sur des actions concrètes et ciblées. Les quelques thèmes
abordés ci-dessus offrent quelques bases possibles de coopération. Elles ne
sont pas exhaustives et toutes ne sont peut-être pas envisageables dans les
mêmes termes. Mais elles reposent sur des arguments objectifs, sinon déjà
sur des réalités.
Plusieurs représentants des CRT entendus soulignent l'intérêt à travailler
autour d'un concept Atlantique. La coopération ne doit toutefois pas être
considérée comme un objectif en soi. On ne peut couvrir toute la gamme
des produits ou envisager une simple promotion générique.
Il s'avérerait en effet plus pertinent de mettre en place des actions
communes ciblées sur certains créneaux et marchés, en veillant à ce que
les résultats communs soient supérieurs à ceux obtenus de façon isolée.
Les quelques exemples présentés donnent des pistes possibles pour une
telle coopération. Un ultime argument repose sur l'analyse des guides
touristiques et brochures professionnelles diverses.
Hormis la Bretagne, qui bénéficie d'une image spécifique et bien repérée, ce
sont bien des concepts tels que "côte Atlantique" ou "France Atlantique"
ou certaines destinations locales qui ressortent. Il existe donc bien sur les
marchés une identification commerciale à l'offre Atlantique qui ne demande
qu'à être travaillée. Cette analyse est confirmée par plusieurs études, dont
celle établie en 1995 sur l'analyse de la demande touristique des régions de
l'Arc Atlantique6. A cet égard, l'approche des professionnels du voyage
(voyagistes, agents de voyages) constitue naturellement une cible
prioritaire, d'autant que l'on retient le principe d'une coopération commune
en direction des marchés étrangers.
Selon les marchés concernés, le recours à un professionnel du voyage est
très variable7. Plus la destination est lointaine, plus l'on peut supposer que
ce recours est systématique ou nécessaire.
6
Etude réalisée à la demande du Conseil Régional Poitou-Charentes dans le cadre du programme Atlantis I par le
cabinet Détente et publiée en 1995. Une étude de l'offre a également été réalisée dans le même cadre à la
demande du Conseil Régional de Bretagne par Coach Omnium.
7
85% pour la clientèle britannique, 59% pour la clientèle néerlandaise, 43% chez les allemands, 31% chez les
italiens et 15% chez les espagnols par exemple.
54
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Deuxième partie : les bases d’un positionnement interrégional
Or, le mouvement de concentration amorcé depuis ces dernières années
dans le monde des voyagistes induit deux tendances à prendre en compte :
la présence d'opérateurs de plus en plus puissants et incontournables sur
le marché d'une part, d'autre part une tendance accentuée à une influence
accrue de l'offre.
Face à ce mouvement, le regroupement d'entités territoriales cohérentes,
les démarches de coopération du type de celle préconisée à l'échelle de la
façade Atlantique (« French Atlantic Coast ») deviennent plus que le
résultat d'une bonne volonté mais presque une nécessité pour exister sur
les marchés touristiques de demain.
L'analyse de l'enquête aux frontières réalisée au cours des dix dernières
années atteste du développement du tourisme international, dont bénéficie
également la France.
La progression est aussi sensible dans les régions de la façade Atlantique
sur la fin de la période, mais moindre et de façon plus irrégulière selon les
régions et selon les pays émetteurs.
Pour ces régions, la part des clientèles européennes reste proche de 90%,
avec un renforcement des pays d'Europe de l'Ouest (Pays-Bas et dans une
moindre mesure Allemagne) et un affaiblissement de l'Europe du nord (îles
britanniques). Malgré le "rattrapage" constaté à la fin des années 90, la
progression est restée limitée et en tout les cas inférieure à celle observée
au plan national. Ce qui revient à dire que les régions de la façade
Atlantique ne tirent pas totalement partie de l'accroissement enregistré du
tourisme international.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
55
Troisième partie
PROPOSITIONS POUR UNE
STRATEGIE COMMUNE
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
57
Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
L'ensemble des éléments qui précèdent souligne l'intérêt de la mise en
place d'une stratégie concertée des régions de la façade Atlantique.
Encore une fois, il ne s'agit pas de faire de la coopération pour le seul
intérêt de coopérer. Il s'agit de développer un concept et un argumentaire
de la façade Atlantique qui aient un effet mesurable sur les marchés du
tourisme, et plus particulièrement sur les marchés internationaux. Les
objectifs d'une telle stratégie doivent être précis et s'appuyer sur les
éléments forts ou originaux de l'offre Atlantique par rapport aux autres
destinations touristiques.
Le succès d’une telle stratégie dépend par ailleurs des efforts d’adaptation
et de requalification de l’offre au regard de l’évolution des comportements et
des aspirations des clientèles. Ainsi, la remise à niveau et la structuration
du parc d’hébergement des régions concernées, ou plus largement
l’amélioration qualitative de l’offre des stations, supposeront des
investissements conséquents (par exemple en ce qui concerne le parc de
meublés touristiques). Les travaux de prospective de la façade atlantique
réalisés sous l’égide du Secrétariat d’Etat à la Mer et de la DATAR donnent
des orientations en la matière8. Il apparaît donc avec évidence que la
stratégie interrégionale ne peut se limiter aux seules questions d’image et
de promotion mais doit tout autant porter sur l’offre et conduire à une
mobilisation particulière des investissements européens, nationaux et
régionaux.
3.1. Effets attendus d'une démarche commune
L'option suggérée de mise en œuvre d'une coopération interrégionale
Atlantique en direction des marchés étrangers répond à plusieurs objectifs
potentiels.
3.1.1. Une meilleure organisation de l’offre
Les thèmes identifiés à l’échelle des régions de la façade atlantique donnent
enfin l’occasion d’un développement accru de la coopération entre
opérateurs et d’une meilleure structuration de l’offre par ligne de
produits. Cette structuration suppose parallèlement une requalification du
réceptif des stations (hébergements, équipements et services).
8
Concertation nationale sur la prospective maritime et littorale ; Rapport du Groupe Tourisme et loisirs présidé par
M. François DELUGA, juin 2000
58
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
En effet, l’identification de thèmes privilégiés de coopération à partir des
éléments constitutifs les plus originaux de l’offre touristique atlantique
invite les différents opérateurs, privés et publics, à un effort de coopération
à la dimension des marchés visés.
3.1.2. Une optimisation des performances des opérateurs touristiques
Les études de fréquentation démontrent une meilleure répartition des
séjours des clientèles étrangères en avant et en arrière-saison (mai-juin et
septembre notamment). Ce constat amène à considérer l'opportunité d'une
meilleure rentabilisation des investissements sur l'année par les effets
d’un allongement de la saison. Il est clair que la démarche proposée
s'inscrit dans le souci d'améliorer les performances des entreprises
touristiques existantes. Cette orientation pourrait également induire de
nouveaux investissements destinés à améliorer ou à conforter le parc
d'hébergement (par exemple en hôtellerie haut de gamme) et plus
généralement l'offre touristique aux attentes des clientèles internationales.
3.1.3. Une amélioration de la gestion des emplois et des compétences
La stabilisation des emplois salariés saisonniers permise par une meilleure
fréquentation durant les saisons intermédiaires est une conséquence
souhaitable de la démarche suggérée. Le tourisme occupe près de 90 000
salariés dans les régions de la façade Atlantique selon les données fournies
par l'UNEDIC, essentiellement dans le secteur des hôtels-cafés-restaurants.
Sur cette base, la progression enregistrée depuis dix ans est de +45%
(+40% au plan national). En pleine saison, le nombre d’emplois occupés
concerne 170 000 salariés, sur la base des travaux ou estimations
disponibles au niveau régional. On peut estimer à environ 500 000 le
nombre total d’emplois générés par ce secteur pour l’ensemble des régions
concernées.
Enfin, les régions de la Façade Atlantique contribuent pour environ 20%
aux emplois « nouveaux services » dans le secteur du tourisme (sur un total
de près de 5300 embauches à la fin 1999).
Par conséquent, cet objectif correspond à un enjeu particulier pour les
régions concernées et répond aussi aux préoccupations du Ministère du
Tourisme. Il prend une importance particulière à la lueur des difficultés
auxquelles se trouvent confrontés les professionnels du tourisme en
matière de recrutement de certaines catégories de personnel.
Il convient donc d'inscrire cet objectif dans une approche peut-être plus
large de la problématique de l'emploi et des métiers du tourisme, qui n'est
pas spécifique aux régions de la façade Atlantique. Cet aspect devrait faire
l'objet d'une réflexion appropriée qui dépasse le cadre de ce rapport.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
59
Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
Une autre incidence concerne l'adaptation des compétences des
professionnels et salariés du tourisme, afin d’ajuster la qualité du service
proposé à l'accueil de clientèles internationales. La formation aux langues
étrangères des personnels d'accueil apparaît ainsi comme une priorité.
Par ailleurs, outre la consolidation des emplois existants, un meilleur
positionnement des régions de la façade Atlantique sur les marchés
internationaux du tourisme peut générer le développement d'emplois
directs et indirects liés à la création de nouvelles activités.
En matière d'emploi, ces régions pourraient constituer un terrain privilégié
d'application des mesures décidées au plan national par le Ministère du
Tourisme, suite au rapport remis en 1999 sur les travailleurs saisonniers
du tourisme. Plus largement, la réponse à l’objectif de professionnalisation
de la main d’œuvre saisonnière pourrait s’inscrire dans la démarche initiée
par les partenaires sociaux au niveau européen d’une bourse emploiformation du tourisme (BEEFT).
Un projet avait d’ailleurs été présenté dès 1995 en ce sens d’une bourse
emploi formation du tourisme à l’échelle des régions de la façade Atlantique
(cf. annexe).
Un autre type d’initiative interrégionale pourrait s’appuyer sur une formule
de groupement d’employeurs et d’échange de main d’œuvre entre régions
touristiques avec d’autres régions françaises ou européennes, susceptible
de bénéficier de soutiens communautaires, à partir des initiatives déjà
engagées en région Bretagne.
3.2. Composantes d'une coopération en faveur d'un
concept "Atlantique"
A ce niveau, la démarche de coopération proposée s'articule autour de
plusieurs volets portant sur la consolidation de l'image Atlantique, sur la
mise en œuvre d'une politique de promotion ciblée ou thématique et sur la
mobilisation de moyens.
3.2.1. Un concept d'image fédérateur
La définition de ce concept doit tenir compte des éléments d'analyse déjà
disponibles sur l'image de la façade Atlantique auprès des marchés (via
Maison de la France et par enquête auprès des principaux prestataires).
L'étude conduite dans le cadre du projet Atlantis I sur l'ensemble des
régions de l'Arc Atlantique en 1995, bien que recouvrant un périmètre
beaucoup plus large que celui analysé ici, fait ressortir des éléments
d'image forts.
60
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
Pour les professionnels du voyage et pour les marchés internationaux,
l'image Atlantique offre une bonne référence. Celle-ci repose d'abord sur sa
réalité littorale et maritime.
L'Atlantique est perçue comme une mer vivante, avec de longues plages et
des côtes découpées, offrant des paysages et donc des espaces naturels de
qualité et inhabituels, avec un climat sain, vivifiant et tonique. L'Atlantique
se démarque en cela de la Méditerranée. Les régions atlantiques sont aussi
appréciées pour la qualité de leur environnement préservé et les
possibilités offertes d'activités de découverte et de plein air. Elles sont
également perçues comme des régions authentiques et pour la richesse de
leurs patrimoines culturels. Les caractéristiques, la qualité et la
diversité des espaces naturels littoraux constituent donc des points
déterminants de l’image et de l’attractivité pour la Façade Atlantique.
Les préconisations formulées dans le cadre des travaux de prospective sur
la Façade Atlantique déjà mentionnés découlent pleinement de ce constat.
Par ailleurs, ces indications tendent à confirmer la pertinence d'une image
Atlantique sur les marchés touristiques (« French Atlantic Coast » ou
« France Atlantique »), qui doit cependant tenir compte des éléments forts
de notoriété de certaines entités territoriales ou destinations : Bretagne,
Biarritz-Pays Basque, Bordeaux par exemple. Le concept d’image proposé
vise à une démarche commune mais pas uniforme.
C'est pourquoi il semblerait opportun d'entreprendre un travail d'image
plus approfondi et sur le long terme en direction des marchés étrangers,
dans le prolongement des actions conduites par le Ministère du Tourisme
suite au naufrage de l'Erika et à la tempête de décembre. Ce travail d'image
devrait accompagner la mise en œuvre d'actions de promotion ciblées sur
certains marchés ou sur certaines lignes de produit.
3.2.2. Une stratégie d'action promotionnelle commune
Cette action promotionnelle passe par l'identification de cibles de marchés
et de thématiques précises répondant aux atouts de l'offre Atlantique.
Les axes thématiques développés dans la deuxième partie de ce rapport
constituent des terrains spécifiques et concrets de coopération en matière
de promotion. Ces axes de coopération étaient d'ailleurs déjà mentionnés
dans l'étude précitée du Cabinet Détente en 1995.
Sur le segment de la thalassothérapie, les perspectives de développement
du marché à l'international faisaient alors apparaître quelques
opportunités à terme en direction de la clientèle asiatique, le produit
"thalassothérapie" venant en offre complémentaire à un séjour sur Paris ou
de circuits plus classiques.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
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Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
Les activités nautiques et sports de vagues étaient alors traitées
essentiellement sous l'angle d'une démarche commune de valorisation,
voire de labellisation des ports ou des stations voile.
La démarche préconisée ici s’inscrit dans cette perspective et s’alimente
d’une approche spécifique intéressant les sports de vague ou de glisse en
direction d'une clientèle jeune.
L'étude de la demande effectuée en 1995 met en évidence les opportunités
et l'intérêt d'une approche spécifique de ces clientèles : sensibilité à la
qualité de l'environnement et à la protection de la nature, recherche de
vacances actives (donc produits spécialisés) ... Autant d'arguments que les
régions de la façade Atlantique peuvent travailler et mettre en avant. Le
produit "surf et sports de vagues" en offre une illustration parfaite.
L’amélioration de l’offre de services et d’animations sur les activités de
plaisance et de nautisme doit également y contribuer.
Les préconisation formulées autour du produit "golf" rejoignent celles
exprimées à l'échelle de l'Arc Atlantique en 1995. L'intérêt d'un ciblage vers
les clientèles anglo-saxonnes (britanniques, scandinaves, américains du
nord) et asiatiques est à souligner. La création d'un réseau des golfs de la
façade Atlantique répondant à une charte de qualité et à la mise en place
d'un golf pass Atlantique sont de ce point de vue des pistes envisageables
pour les régions de la façade, face aux autres grandes destinations
golfiques (Algarve, Floride, Costa del Sol...).
Le développement du tourisme de croisière était déjà identifié en 1995
comme un segment particulièrement intéressant à l'échelle de l'arc
Atlantique, compte-tenu de l'accroissement constaté du marché. L'essor de
cette forme de tourisme s'est confirmé depuis et les initiatives récentes des
ports d'escale de la façade Atlantique attestent des opportunités d'actions
communes sur les marchés.
Enfin, la valorisation des arrières-pays dont la diversité a été soulignée,
constitue un facteur complémentaire d’attractivité par rapport à l’offre
balnéaire et répond à la perception d'image des régions Atlantiques sur les
marchés, derrière un concept générique « French Atlantic Coast ». Les axes
de travail identifiés tendent à privilégier la promotion de circuits
itinérants et thématiques, en s'appuyant sur les éléments de patrimoine
les plus remarquables ou spécifiques aux régions de la façade Atlantique et
sur des formes de découverte originales (par exemple : circuits vélo avec
services d'accompagnement).
Les travaux conduits à l'échelle de l'Arc Atlantique mettent en évidence
plusieurs thèmes de découverte possible : vins et vignobles, tourisme de
nature, les îles, tourisme religieux ou sites à forte symbolique ...
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Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
L'établissement d'une stratégie de promotion commune supposerait une
programmation pluriannuelle des objectifs, et induirait une coordination de
moyens, intégrant :
− la participation commune à des salons professionnels, spécialisés ou
grands publics,
− le démarchage des organisateurs de voyages intervenant sur les marchés
visés,
− l'organisation d'incentives à destination des TO et de la presse
spécialisée,
− le développement d'un système d'information conjoint sur le réseau
Internet.
− le développement d'opérations de jumelage et de circuits interrégionaux
de découverte sur des thématiques communes.
− la création d’un « Pass Atlantique », offrant des avantages promotionnels
sur certains produits (par exemple : croisière, golf, musées et lieux de
visites sur la thématique ou sur le patrimoine naturel et culturel
maritime, produits d’écotourisme).
3.2.3. Une mobilisation de moyens spécifiques
Cette mobilisation va de pair avec une mutualisation d'une partie des
efforts promotionnels des régions, qui pourraient être amplifiés par un
concours spécifique de la part de l'Etat, étant donné l'enjeu de portée
nationale que recouvre le tourisme des régions de la façade Atlantique, en
prolongement des mesures prises suite aux événements de la fin de l'année
1999. Ce concours paraît d'autant plus justifié que les conséquences de la
marée noire de l'Erika et de la tempête n'ont pas fini de se répercuter sur
l'image des régions concernées.
Les régions disposent d'outils appropriés avec les comités régionaux de
tourisme. Du point de vue opérationnel, on pourrait suggérer de confier la
coordination des actions selon les thématiques traitées à un CRT pilote,
adossée à un système de rencontres périodiques (une à deux fois l'an), afin
d'arrêter les objectifs et programmes de coopération annuels et
pluriannuels. A plus long terme; et sous réserve des résultats obtenus, la
mise en place d'un GIE pourrait même être envisagée.
La mise en œuvre d'une telle stratégie interrégionale exige des objectifs
clairs. La démarche proposée dégage des axes de travail susceptibles
d’apporter une réelle pertinence à la coopération des régions concernées en
matière touristique. La définition de thèmes spécifiques et de cibles de
marché devrait faciliter l'exercice et permettre de mieux mesurer les
résultats des actions communes. A cet égard, un dispositif d'évaluation
semble nécessaire, par une mobilisation des observatoires régionaux de
tourisme.
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
63
Troisième partie : propositions pour une stratégie commune
De ce point de vue, une harmonisation des dispositifs d'observation
touristique est une nécessité. La mise en œuvre des actions proposées cidessus doit faire parallèlement l'objet d'un programme de suivi des
marchés et des clientèles visés (enquêtes de fréquentation) cohérent sur
l'ensemble des régions de la façade Atlantique.
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Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
CONCLUSION
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux de l’Atlantique
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Conclusion
L'analyse de l'offre touristique des régions de la façade Atlantique atteste de
l'importance de cette activité dans les régions concernées et de leur poids
dans le tourisme national. Ces régions disposent d'éléments d'attractivité
spécifiques, susceptibles d'être mieux valorisés sur les marchés du
tourisme, en particulier sur les marchés internationaux. Pour autant, le
positionnement de ces régions à ce niveau reste relativement modeste au
regard de l'évolution des marchés et de leurs potentialités.
La mise en œuvre d'une démarche Atlantique apparaît à l’évidence comme
un levier intéressant et pertinent, susceptible d'améliorer ce
positionnement international à partir d'éléments distinctifs de l'offre
atlantique vis-à-vis des autres grandes destinations balnéaires. En outre,
face à la concentration observée de l'offre touristique et au développement
de la concurrence internationale, la définition d'une stratégie et d'une
action collectives à l'échelle de la façade Atlantique constitue une réponse
incontournable.
Derrière cet objectif général, l'enjeu est non seulement celui d'une
amélioration de la part de marché des régions de la façade Atlantique mais
aussi celui d'une rentabilisation des investissements et des activités liées,
d'une amélioration qualitative de l'offre, d'une stabilisation des emplois et
d'une amélioration des compétences des professionnels du tourisme dans
les régions concernées.
Le concept Atlantique (« French Atlantic Coast » ou « France Atlantique ») est
porteur d'une plus-value incontestable sur certains marchés et pour
certaines clientèles. Il ne s'agit pas de coopérer par principe ou par mode,
mais pour obtenir des retombées positives, concrètes et mesurables au
bénéfice des régions concernées et des opérateurs impliqués dans leur
valorisation touristique.
Enfin, le tourisme constitue un vecteur d'image plus large pour les régions,
susceptible de générer des échanges économiques et culturels, des
investissements et des flux démographiques permanents qui dépassent le
seul secteur touristique. Ce travail d'image et la stratégie de promotion qui
en découle conféreront à chacune des régions et pour l’ensemble de la
façade Atlantique une attractivité renforcée.
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Sources d'information, références
Organisation Mondiale du Tourisme
Site : www.world-tourism.org
• Tourisme highlights 2000, second edition, August 2000
Direction du Tourisme
Site : www.tourisme.gouv.fr
• Mémentos du tourisme.
• « Réinventer les vacances : la nouvelle galaxie du tourisme » - rapport du Groupe de
prospective - Direction du Tourisme, Commissariat Général du Plan, 1998
Observatoire National du Tourisme
Site : www.tourisme.gouv.fr ou www.ont.asso.fr
• La demande touristique en espace littoral - Série données économiques du tourisme
n°34 - ONT, 1999
• Le tourisme international en France - Série les Essentiels du tourisme n°9 - ONT, 1998
• Le produit balnéaire sur les principaux marchés européens : les stations
françaises face à leurs concurrentes - Série Analyses et perspectives du tourisme n°46 ONT, 1996
• L'hôtellerie classée et les campings classés en France ; l'offre et la fréquentation
en 1998 - Série Analyses et perspectives du tourisme n°57 - ONT, 1999
• La fréquentation des lieux culturels et non culturels en France métropolitaine en
1991 et en 1996 - Série Analyses et perspectives du tourisme n°51 - ONT, 1998
• Etude sur la clientèle des golfs en France - Série Analyses et perspectives du tourisme n°38
- ONT, 1995
AFIT
Site : www.afit-tourisme.fr
• La croisière dans les ports français ; intérêt économique - Les cahiers de l'AFIT Série Dossiers et documents - AFIT, 1998
• La valorisation touristique du patrimoine maritime - Les cahiers de l’AFIT - Série
Panorama de l’offre - AFIT/DATAR et Act-Ouest, 1997
• AFIT Infos - Lettre de l'AFIT
Conseil national du tourisme
•
Le tourisme des années 2010 ; la mise en futur de l'offre - CNT, Documentation
Française, 2000
Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement
•
La plaisance en quelques chiffres - Direction du transport maritime, des ports et du
littoral - Bureau de la plaisance et des activités nautiques, 1998
Ministère de la culture et de la communication
•
Les lieux de tourisme culturel commercialisés par les voyagistes (tours operators)
étrangers - Département des études et de la prospective, 1998
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Autres
•
•
•
•
Le tourisme dans les régions de l'Arc Atlantique ; Analyse de l'offre et de la
demande touristiques ; Propositions d'orientations - Synthèse des études Coach
Omnium et Détente, 1995
Analyse de la demande touristique des régions de l'Arc Atlantique - Détente, 1995.
Prospective maritime et littorale Atlantique 2020 - Rapport des groupes paritaires
Etat-Régions - dossier de synthèse, 2000
« Quel avenir pour la façade Atlantique ? Réflexions à partager pour mieux agir
ensemble » - rapport de M. Joseph Erwan Courtel - Secrétariat Général à la Mer et DATAR,
1997
Fédération Française de Golf : www.ffg.org
Ports d'escale de la façade Atlantique : www.port-of-call.com
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