Allemagne : Quel plan de sauvetage pour Merckle
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Allemagne : Quel plan de sauvetage pour Merckle
Industrie Distribution Allemagne Le programme d’assainissement de l’empire allemand prévoirait non seulement la vente du génériqueur Ratiopharm, mais aussi celle du grossiste Phoenix Pharma. Les restructurations ne seront pas sans impact sur l’évolution des rapports de force dans la filière. L e décès d’Adolf Merckle, son propriétaire, donne le couperet final à l’empire allemand qui est dans la famille depuis 125 ans. Présent dans des secteurs très divers, le groupe Merckle, aux mains de la holding VEM, regroupe aussi bien le cimentier HeidelbergCement, numéro deux mondial, que le génériqueur Ratiopharm et le grossiste-répartiteur Phoenix Pharma. Son chiffre d’affaires mondial est de plus de 30 milliards d’euros, avec quelque 100 000 salariés. De mauvais placements boursiers seraient à l’origine du démantèlement précipité du groupe. En spéculant sur le titre Volkswagen, Adolf Merckle aurait perdu près d’un milliard d’euros, selon l’hebdomadaire Der Spiegel. Pour renflouer ses caisses, celui-ci a signé un accord de restructuration in extremis avec les banques en décembre dernier, moyennant des cessions d’envergure. La négociation s’est arrêtée le 6 janvier avec le suicide du milliardaire. Vers un démantèlement Première cible visée : le génériqueur Ratiopharm, basé à Ulm, dont la valorisation atteindrait cinq milliards d’euros. Positionné au cinquième rang mondial, le laboratoire affiche un CA de 1,8 milliard d’euros avec 5 400 salariés en 2007. Le groupe Merckle aurait repoussé sa vente à 2010, pour Que va devenir Phoenix Pharma ? En janvier, les spéculations outre-Rhin vont bon train sur l’avenir de Phoenix Pharma. De l’entrée d’un nouvel investisseur à la vente du groupe, tous les scénarios sont envisagés. Ce changement de cap arrive au moment même où Phoenix Pharma bride la première place de grossiste-répartiteur en Europe devant Celesio. Servant 50.000 clients, le grossiste regroupe aujourd’hui 160 centres de distribution dans 23 pays et 1200 pharmacies en propre. En Allemagne, Italie et Danemark, il affiche une position de leader tandis qu’il continue sa croissance en Suède, Finlande, Pays-Bas, Norvège, Suisse, Hongrie, République Tchèque, Autriche, Pologne, Croatie, Bulgarie et Russie. Depuis le rachat en France de l’activité répartition de la CERP Lorraine en mai 2008, son activité a doublé dans l’Hexagone pour atteindre 8% de parts de marché, derrière Alliance Healthcare France (28%) et l’OCP (Celesio – 37,9%). DR Quel plan de sauvetage pour Merckle ? EN DISPARAISSANT BRUTALEMENT, L’ENTREPRENEUR ALLEMAND LAISSE ENTIÈRE LA QUESTION DE L’AVENIR DE SON EMPIRE INDUSTRIEL ET COMMERCIAL. ne pas être pénalisé par la conjoncture économique. En attendant, c’est à un trust composé de partenaires financiers du groupe et du management de Ratiopharm, qu’a été confié l’étude des candidats au rachat. Le débat sur les possibles repreneurs est ainsi ouvert. Dans le passé, plusieurs sociétés s’étaient penchées sur le dossier : Teva Pharmaceuticals, Sanofi-Aventis, GlaxoSmithKline, Daiichi Sankyo, ou encore des fonds d’investissement. Le cabinet KPMG a été appelé à la rescousse pour élaborer un « plan de sauvetage » à long-terme du groupe Merckle. Les banques prenant le contrôle du navire, le programme de restructurations annoncées devrait se faire sans la famille Merckle. C’est à la demande des partenaires financiers que l’un des fils du fondateur, Ludwig Merckle, très impliqué dans les négociations, devrait quitter ses fonctions à la direction de la holding familiale VEM. La relève pourrait venir d’anciens associés d’Adolf Merckle, en particulier l’ancien patron de Phoenix Bernd Scheifele, à la tête aujourd’hui du cimentier Heidelberg Cement, ou encore de Susanne Friess, directrice financière de Ratiopharm. ■ Marion Baschet-Vernet 78 PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2009