Suivi de gîtes artificiels à chauves-souris sur le site Natura 2000 FR

Transcription

Association d’étude et de
conservation des chiroptères.
Suivi de gîtes artificiels à chauves-souris sur le site
Natura 2000 FR 8301030 « Monts du Forez »
Rédacteur :
Laurent GUILLAUD
Année :
2011
Commanditaire :
PNR du Livradois Forez
Maison du Parc
63 880 Saint Gervais sous Meymont
Projet co-financé par l’Union européenne
Fonds Européen Agricole de Développement Rural
Chauve-Souris Auvergne
Place Amouroux -63320 Montaigut le Blanc
Tel : 04 73 89 13 46 [email protected] - http://www.chauve-souris-auvergne.fr/
Table des matières
Résumé
Introduction et présentation de l’étude ...............................................................................1
I.
Méthodologie .................................................................................................................1
II.
Résultats ........................................................................................................................3
III. Discussion .....................................................................................................................8
Conclusion ............................................................................................................................9
Références bibliographiques ............................................................................................10
Liste des tableaux :
Tableau 6 : Espèces contactées sur le site Natura 2000 ........................................................3
Tableau 1 : Observations réalisées sur les secteurs Chapelle des Besses et chez Ferré .......5
Tableau 2 : Observations réalisées sur le secteur Reblats .....................................................6
Tableau 3 : Observations réalisées sur le secteur Fossat .......................................................7
Liste des figures :
Figure 1: Gîte artificiel de type Schweggler ............................................................................1
Figure 2: la vallée des Reblats fin novembre 2010 (gauche) et mi octobre 2011 (droite) ........2
Illustrations photographiques :
DAMBRUN, S, GIRARD, L., GUILLAUD, L, (Chauve-Souris Auvergne). Utilisation soumise à
autorisation.
Remerciements :
Caitline LAJOIE, Christine MERLE, Aurélia POURIAU, Noémie POURIAU, Violaine SIMOND,
Raphael CHEZE, Sébastien CORRE, Sébastien DAMBRUN, Laurent GUILLAUD, Camille
THOMAS, Pierre RIMBAUD, François TEZE, Sophie VERGNOL.
Ainsi que la Jasserie du Coq Noir.
Citation recommandée : GUILLAUD, L., 2011, Suivi de gîtes artificiels à chauves-souris sur
le site Natura 2000 FR 8301030 « Monts du Forez », Chauve-Souris Auvergne, 10 pages
Suivi de gîtes artificiels à chauves-souris sur le site Natura 2000 « Monts du Forez »
Chauve-Souris Auvergne – 2011.
Résumé
Dans le cadre de l’animation du site Natura 2000 FR 8301030 « Monts du Forez », le Parc
naturel régional Livradois-Forez a installé en 2003 plus de 50 nichoirs répartis sur l’ensemble
de la zone. Ces nichoirs n’ont pas fait l’objet de suivis réguliers jusqu’en 2008, où un premier
contrôle a permis de mettre en évidence les principales difficultés de prospections et de
proposer quelques adaptations pour faciliter le suivi.
Depuis 2010, un nouveau protocole a été mis en place : les nichoirs ont été concentrés sur 4
secteurs du site Natura 2000. Chaque secteur fait l’objet de trois contrôles annuels, en début
d’année, en été, et à l’automne. Ces suivis permettent de vérifier la présence de chiroptères,
et donc de mieux connaitre les espèces en présence et leur écologie sur le secteur d’altitude
que sont les hautes chaumes du Forez.
Le nombre de nichoirs occupés est passé de 3 lors du contrôle de printemps 2010 à 12 sur
l’ensemble de l’année 2010, puis à 18 sur l’année 2011. Toutes les grappes installées en
2010 ont été fréquentées au cours de ces deux années, sauf une (Reblats 3).
Les espèces présentes sont la Pipistrelle specie (Pipistrellus specie), le Murin de Natterer
(Myotis nattereri), et l’Oreillard specie (Plecotus specie). L’année 2011 a marqué la mention
d’une nouvelle espèce dans les nichoirs (Pipistrellus specie), et l’observation directe de
Plecotus specie sur le secteur du col du Béal (Chez Ferré).
Ces observations montrent d’une part que l’utilisation des nichoirs est grandement
augmentée lorsque des conditions favorables de gîte sont proposées, et d’autre part que la
découverte et l’utilisation de nouveaux gîtes est relativement rapide, sur un secteur pourtant
riche en gîtes naturels potentiels.
Les nichoirs s’avèrent donc particulièrement informatifs sur ce secteur, où des informations
sur l’écologie des espèces en présence - en particulier en ce qui concerne leurs gîtes seraient difficiles à acquérir par d’autres moyens. La poursuite de ces suivis devra permettre
de pérenniser la fréquentation, et donc d’apporter à terme des informations importantes sur
les populations de chauves-souris et leurs comportements sur ces sites forestiers d’altitude.
Introduction et présentation de l’étude
A la suite d’un premier contrôle en 2008 des nichoirs installés sur les Monts du Forez en
2003, le Parc naturel régional Livradois-Forez (PNRLF) a demandé à Chauve-Souris
Auvergne de reprendre le programme de suivi de gîtes artificiels installés sur le site Natura
2000 « Monts du Forez ».
Ce suivi, établi sur le long terme, basé sur des contrôles réguliers (3 par an minimum),
permettra d’étudier le degré d’occupation des nichoirs, de réaliser leur entretien, et d’adapter
leur installation si nécessaire.
Chaque année, le suivi des nichoirs permettra d’améliorer la connaissance des espèces de
chauves-souris présentes sur les hautes chaumes des Monts du Forez, et d’apporter de
nouvelles informations sur leur répartition, leur statut et leur écologie.
Ce document présente le suivi réalisé en 2011 lors de 3 sessions menées les 30 avril et 1er
mai, 1er et 2 juillet, et 15 et 16 octobre. Il rappelle d’abord brièvement la méthodologie utilisée
pour réaliser cet inventaire chiroptérologique. La seconde partie constitue une synthèse de
l’ensemble des données collectées lors de ces sessions. Enfin, un commentaire général des
résultats de cette année et des années précédentes est proposé.
I.
Méthodologie
La méthodologie, ainsi que les matériels utilisés, la localisation précise des nichoirs et la liste
des moyens nécessaire à la réalisation de telle ou telle étape dans l’installation et le suivi de
nichoirs a fait l’objet d’une description précise en 2010 (Guillaud, 2010). Pour cette raison, et
afin de décrire précisément le travail réalisé cette année, ces éléments ne seront pas
rappelés dans le détail dans ce rapport.
Les nichoirs – ou gîtes artificiels – sont installés sur des secteurs où un suivi régulier serait
difficilement réalisable avec des méthodes traditionnelles (type détection d’ultrasons ou
capture). Ils sont regroupés en grappe de façon à offrir plusieurs opportunités aux
chiroptères, qui fonctionnent généralement avec un réseau de gîtes. Ces nichoirs sont
cylindriques de façon à mimer une cavité arboricole (Figure 1).
Figure 1: Gîte artificiel de type Schweggler
1
En 2010, 2 grappes ont été démontées afin de concentrer les nichoirs sur 4 sites, ceci afin
de faciliter les contrôles et de les rendre réalisables sur une période de 2 jours.
Au total, 52 nichoirs sont répartis sur 4 secteurs d’altitude :




Chappelle des Besses (Le Brugeron, 63) : 5 nichoirs sur 1 grappe
chez Ferré (Le Brugeron, 63) : 5 nichoirs sur 1 grappe
Vallée des Reblats, (Valcivières, 63) : 19 nichoirs répartis en 3 grappes dont 2
installées en 2010
Vallée du Fossat (Job, 63) : 23 nichoirs répartis en 4 grappes dont 1 installée en 2010
Calendrier des contrôles :
- Le 30 avril et 1er mai 2011 : 10 personnes sont intervenues pour déboucher les
nichoirs. Les nichoirs étaient tous vides lors du bouchage en 2010, donc tous avaient
été bouchés, mais pendant l’hiver certains chiffons avaient été enlevés par des
oiseaux, et des traces ont été notées. Quelques opérations de maintenance ont été
réalisées, comme le remplacement de portes de nichoirs cassées par des portes en
bois fabriquées par des bénévoles.
-
2 et 3 juillet 2011 : 4 personnes ont contrôlé et vidé les nichoirs. La présence
d’insectes, de traces, et de chiroptères a été notée.
-
15 et 16 octobre 2011 : 10 personnes ont contrôlé et vidé les nichoirs, et les ont
bouché pour l’hiver à l’aide de chiffons (le bouchage en hiver a pour objectif
d’empêcher l’installation de passereaux au printemps).
NB : En 2010, un contrôle partiel avait été réalisé en octobre par des bénévoles, mais le
bouchage avait été réalisé fin novembre. Aucune chauve-souris n’avait été observée. La
date de bouchage a donc été avancée en 2011, afin d’augmenter les chances de découvrir
des animaux dans les nichoirs (figure 2).
Figure 2: la vallée des Reblats fin novembre 2010 (gauche) et mi octobre 2011 (droite)
2
II.
Résultats
II. 1.
Espèces présentes
8 espèces ont été contactées sur la zone lors de précédentes études. 3 ont été observées
dans les nichoirs. La description de ces espèces ainsi que le niveau de connaissance les
concernant est détaillée dans le rapport de 2010 (Guillaud, 2010).
Le Tableau 1 présente la liste des espèces contactées sur le site Natura 2000 :
Liste
rouge
Nationale
Liste
rouge
Régionale
Nom latin.
Nom vernaculaire.
Natura
2000
Myotis daubentonii
Murin de Daubenton
A IV
LC
Myotis nattereri
Murin de Natterer
A IV
LC
RA
Nyctalus noctula
Noctule commune
A IV
NT
RA
Eptesicus serotinus
Sérotine commune
A IV
LC
Pipistrellus pipistrellus
Pipistrelle commune
A IV
LC
Pipistrellus kuhlii
Pipistrelle de Kühl
A IV
LC
Plecotus specie
Oreillard specie
A IV
LC
IN
Barbastella barbastellus
Barbastelle
A II
LC
VU
Tableau 1 : Espèces contactées sur le site Natura 2000
Natura 2000 : A II = Annexe II A IV : Annexe IV
Liste rouge nationale : NT : Quasi-menacée, LC : Préoccupation mineure,
Liste rouge régionale : VU : Vulnérable, RA : Rare, IN : données insuffisantes
Eptesicus serotinus
Sérotine commune
A IV
LC
Lignes blanches : Espèces mentionnées dans la bibliographie
Plecotus austriacus
Oreillard gris
A4
LC
IN
Lignes vertes : Espèces contactées lors de l’étude Nichoirs
3
II. 2.
Bilans des suivis de nichoirs
Résultats généraux :
Les Tableaux 1, 2 et 3, pages suivantes, présentent les observations réalisées dans chacun
des nichoirs. Au total, 52 nichoirs ont été contrôlés.
Des chiroptères ont été découverts dans 6 d’entre eux :
- 4 Oreillards indéterminés (Plecotus specie) dans la vallée du Fossat (2), vallée des
Reblats (1), et chez Ferré (1)
- 1 Murin de Natterer (Myotis nattereri) dans la vallée du Fossat
- 1 Pipistrelle indéterminée (Pipistrellus specie) dans la vallée du Fossat
Pour rappel, en 2010, 4 chauves-souris avaient été observées (3 Oreillards et 1 Murin de
Natterer). En 2011, du guano de chauve-souris a été découvert dans 18 nichoirs. Au
total, 19 nichoirs ont été occupés, sur 52 nichoirs (36,5 %), soit deux fois plus qu’en
2010. Une seule des grappes installées en 2010 n’a pas encore été fréquentée (Reblats 3).
-
7 nichoirs ont été occupés par des insectes (abeilles ou guêpes) contre 17 en 2010
18 par des oiseaux, contre 27 en 2010
3 par des rongeurs, contre 8 en 2010.
Bilan par date de contrôle :
- Printemps : Malgré les chiffons, 10 nichoirs ont été fréquenté par des animaux (8
oiseaux, 1 chiroptère, 1 rongeur)
- Eté : 3 Oreillards specie et 1 Murin de Natterer ont été observés, ainsi que des traces
de guano dans 3 nichoirs, soit un total de 7 nichoirs ayant été occupés par les
chiroptères entre avril et juillet.
- Automne : 1 Pipistrelle specie et 1 Oreillard specie ont été observés, ainsi que des
traces de guano dans 15 d’entre eux, soit un total de 17 nichoirs ayant été occupés
entre juillet et octobre.
Bilan par secteur :
- Vallée du Fossat : 9 nichoirs occupés sur 22 en 2011 (40%). Trois nichoirs
nouvellement installés ont été utilisés (1 Pipistrelle sp + guano type Oreillard). 2 sur
les 5 occupés en 2010 n’ont pas été occupés de nouveau cette année.
- Vallée des Reblats : 6 nichoirs occupés sur 19 en 2011 (32%). Pas de nouvelle
utilisation de grappe. Un nichoir sur les 3 occupés en 2010 n’a pas été occupé de
nouveau cette année.
- Chapelle des Besses : 2 nichoirs ont été occupés sur 5 (40%). 1 nichoirs a disparu
(arbre coupé). 1 nichoirs sur les 2 occupés en 2010 n’a pas été occupé de nouveau
cette année
- Chez Ferré : 3 nichoirs ont été occupés sur 5 (60 %). 1ere observation de chiroptère (1
Oreillard specie). Les 2 nichoirs occupés en 2010 ont été fréquentés de nouveau
cette année
4
Tableau 2 : Observations réalisées sur les secteurs Chapelle des Besses et chez Ferré
Secteur
Chez Ferré
Nichoir
30/04 - 1/05 2011
2-3/07-11
15-16/10/11
NIFR 2
NIFR 3
RAS : chiffon enlevé
Chiffon présent mais crottes d'oiseaux
1 Oreillard spe
Nid de guêpes
fientes + plumes
nid de guêpes + fientes
NIFR 4
NIFR 5
NIFR 6
Ras : chiffon enlevé. Porte remplacée
Chiffon tiré (non tombé). crottes d'oiseaux
Vide
Guano type Pipistrelle
Nid : 6 oisillons + 3 oeufs
guano type pleco
nid de guêpes + nid d'oiseau
Nid d’oiseau
Crottes d'oiseaux
Non bouché. Crottes d'oiseaux
Porte ouverte sur le Haut. Guano sur chiffon
Arbre disparu
Vide
Nid de guêpes
Vide
Vide
Vide
Arbre disparu
Guano type Plecotus
Crottes d'oiseaux
Vide
Guano type Plecotus
Mousse (rongeur)
NIBES 1
NIBES 2
Chapelle des NIBES 4
Besses
NIBES 4 bis
NIBES 6
NIBES 7
Légende :
En gras : Nichoirs ayant été occupés en 2010
En blanc : Nichoir installé en 2010
En vert : Nichoir installé depuis 2003.
En bleu : Traces de chiroptères
En rouge : chiroptère observé
5
Tableau 3 : Observations réalisées sur le secteur Reblats
Secteur
Reblats 1
Reblats 2
Reblats 3
Nichoir
NIREB 7
(isolé)
NIREB 1
NIREB 2
NIREB 3
NIREB 4
NIREB 5
30/04 - 1/05 2011
2-3/07-11
mal fermé. crottes oiseau (?) + mousse
I Oreillard spe
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
Guano type Plecotus
guano (beaucoup)
Vide
crottes d'oiseau
Vide
Guano. Nichoir Cassé
NIREB 6
Nichoir 1
Nichoir 2
Nichoir 3
Nichoir 4
Nichoir 5
Nichoir 6
Nichoir 2
Nichoir 3
Nichoir 4
Nichoir 5
Nichoir 6
Nichoir 7
mal fermé. crottes rongeur + plume
crottes d'oiseaux
Vide
Vide
Vide
4 guêpes mortes
Vide
Vide
crottes d'oiseaux
Vide
Reste de nid d'insectes
Vide
Vide
Vide
crottes d'insectes
Guano taille moyenne
Guano type Plecotus
Vide
Vide
guano type Pipi
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
Reste de nid de guêpes
15-16/10/11
6
Tableau 4 : Observations réalisées sur le secteur Fossat
Secteur
Nichoir
Nichoir 1
Nichoir 2
Nichoir 3
Nichoir 4
Fossat 2
Nichoir 5
(Nord)
Nichoir 6
Nichoir 7
Nichoir 8
(isolé)
Nichoir 1
Nichoir 2
Nichoir 3
Fossat 3 (Est) Nichoir 4
Nichoir 5
Nichoir 5 bis
Nichoir 6
Nichoir 1
Nichoir 2
Nichoir 3
Nichoir 4
Fossat 4 (Sud)
Nichoir 5
Nichoir 6
Nichoir 7
Nichoir 8
30/04 - 1/05 2011
2-3/07-11
15-16/10/11
chiffon tombé, crottes d'oiseaux
Vide
Nid d'oiseau
Vide
Vide
1 Oreillard sp
Vide
Vide
1 Pipistrellus spe
guano type Plecotus
guano type Plecotus
Vide
guano type Plecotus + restes d'insecte
Vide
Nid de Rongeur
chiffon tombé, crottes d'oiseaux
Nichoir nettoyé + Porte remise
Vide
Vide
nid, œufs
Vide
Vide
1 Murin de Natterer
Non contrôlé
Guano chiro
Vide
Guano chiro
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
Vide
nid de mésange
Crottes sp
vide
guano type Plecotus + crottes d'oiseau
Vide
1 Plecotus spe
Vide
Vide
Crottes fines oiseau et chiro
crottes oiseaux + plumes
nid guêpes
crottes d'oiseaux + début de nid
crottes d'oiseaux
guano type Plecotus
7
III.
III. 1.
Discussion
Des résultats encourageants
Alors que 3 nichoirs seulement présentaient des traces de chauves-souris lors du tout
premier contrôle au printemps 2010, 12 ont été fréquentés par les chiroptères durant l’année
2010, et 19 en 2011. La fréquentation est donc en augmentation régulière. Parallèlement,
l’occupation par les insectes, oiseaux et rongeurs est en diminution. Il semble donc que le
protocole utilisé soit favorable aux chiroptères, et donc efficace pour la réalisation de
l’étude…
A ce jour, une seule grappe n’a pas été occupée par des chiroptères (Reblats 3). Pour
l’instant, aucun élément ne permet d’expliquer pourquoi, mais il est possible que cette
grappe soit située sur une zone peu attractive, et donc faiblement fréquentée par les
chiroptères. Toutes les autres grappes ont été fréquentées, y compris les nichoirs installés
en 2010. Ces éléments montrent bien les capacités d’adaptation et l’opportunisme des
chiroptères, et en particulier de la Pipistrelle et de l’Oreillard, considérés comme des
espèces pionnières. Rappelons que l’observation de Pipistrelle - première mention de
l’espèce - a eu lieu dans un nichoir installé en 2010, et qu’un oreillard a été observé en 2010
dans la grappe Fossat 4, au sommet de la vallée du Fossat. Il n’a pas été revu cette année
mais des traces étaient visibles.
Enfin, les premières observations directes de chiroptères ont eu lieu sur le secteur du col du
Béal (Chez Ferré). Ceci n’est pas surprenant car des traces sont notées sur ce secteur
depuis le début des suivis, avec un très bon taux d’occupation (4 nichoirs occupés sur 10 en
2010, et 5 en 2011). Il est d’ailleurs surprenant de ne pas avoir observé d’individus
auparavant. Il se peut que la période de fréquentation de ces nichoirs soit différente. Le suivi
à long terme permettra de préciser cette tendance.
III. 2.
Des matériels et méthodes à entretenir et adapter
Certains nichoirs sont endommagés. Il sera donc nécessaire de réaliser quelques
opérations de réparation/maintenance durant l’année à venir (au printemps). Par ailleurs,
un nichoir a disparu (arbre abattu) sur le secteur de la Chapelle des Besses. Ceci
confirme la nécessité de placer les nichoirs dans des endroits peu accessibles, mais
surtout où la maitrise de la gestion forestière est maximale, car dans le cas où ceux-ci
sont occupés, les conséquences de dégradations peuvent être désastreuses.
De même, il conviendra de veiller au maximum à limiter le dérangement : la plupart des
animaux sont endormis ou en léthargie lors du contrôle des nichoirs, mais même inactifs,
les animaux peuvent être sensibles à l’ouverture du nichoir, lorsqu’une photo est prise,
ou que l’animal est exposé pendant longtemps à la lumière. A titre d’exemple, la
Pipistrelle observée cette année a été détectée car elle a poussé quelques cris avant
même l’ouverture du nichoir. Après quelques secondes, elle s’est calmée et le contrôle a
pu être effectué sans qu’elle ne s’envole, mais il est important de « secouer » le moins
possible les nichoirs lors du contrôle.
Le protocole utilisé à ce jour semble néanmoins satisfaisant puisqu’on constate une
augmentation de la fréquentation, et une diminution de la présence d’autres groupes
(oiseaux, rongeurs, insectes). Cette diminution peut aussi être due à des conditions
8
météorologiques particulières, mais quoi qu’il en soit le nettoyage et le bouchage
systématique des nichoirs semblent efficaces.
Enfin, quelques éléments en marge peuvent être adaptés pour tenter d’apporter d’autres
éclairages :
- La date de bouchage peut être étalée entre septembre et décembre selon les
années. La modification de la période de bouchage permet en effet d’avoir une idée
de la variation de fréquentation au cours de l’année.
- L’un des intérêts des nichoirs est de permettre si nécessaire de capturer des
individus. Ceci pourrait être utile dans le cadre d’autres programmes d’étude
(télémétrie), ou pour des opérations nécessitant la capture d’un individu. Par
exemple, la présence de l’Oreillard « montagnard » (Plecotus macrobullaris) restant à
établir en Auvergne, il pourrait être envisagé de capturer et éventuellement de
patcher un individu, la capture temporaire ou la génétique étant à ce jour les seuls
moyens d’identifier l’espèce.
Conclusion
Les résultats obtenus sont intéressants et encourageants. Rappelons que l’objectif de
l’installation de nichoirs n’est pas de réaliser un inventaire spécifique, mais bien
d’appréhender les comportements et l’écologie des chiroptères sur le milieu : périodes de
présence, statut de reproduction, capacités d’adaptation aux milieux d’altitude.
Ces informations ne peuvent pas être acquises par d’autres moyens, excepté par des
techniques beaucoup plus lourdes (capture, télémétrie).
Dans ce contexte, le bilan de cette étude durant les années 2010 et 2011 est très
satisfaisant : 3 espèces ont été découvertes cette année, et 1/3 des nichoirs ont été occupés
par des chauves-souris. Ces résultats donnent une idée de la vitesse à laquelle de nouveaux
habitats peuvent être colonisés, y compris sur des milieux relativement inhospitaliers, et des
espèces qui semblent gîter le plus communément sur le secteur.
A l’avenir, cet outil pourra aussi être utile pour déceler la présence de nouvelles espèces,
préciser leur statut de reproduction, ou capturer des individus dans le cadre de recherches
plus approfondies.
Enfin, cette méthode d’étude est utilisée sur d’autres secteurs forestiers de plaine ou
d’altitude en Auvergne (forêt de Tronçais, Massif du Sancy, forêt alluviale de Chadieu). La
comparaison de l’ensemble de ces résultats contribuera à une meilleure connaissance de
l’écologie des chiroptères en milieu forestier sur la région.
9
Références bibliographiques
ARTHUR, L. et LEMAIRE, M., 2005. Les chauves-souris, maîtresses de la nuit.
Description, biologie, mœurs, observation, protection, Delachaux-et-Niestlé,
Lausanne. 265 pages.
ARTHUR L. et LEMAIRE M., 2009. Les Chauves-souris de France, Belgique,
Luxembourg et Suisse. Biotope, Mèze (Collection Parthénope), Muséum national
d’Histoire naturelle, Paris, 544 pages.
BARATAUD M., GRANDEMANGE, F, DURANELA., A LUGON, A, 2009. Etude d’une colonie
de mise bas de Myotis bechsteinii Kuhl, 1817 – Sélection des gîtes et des habitats de
chasse, régime alimentaire et implications dans la gestion de l’habitat forestier. Le
Rhinolophe (2009) 18 : 83-112
CHAUVE-SOURIS-AUVERGNE, 2001. Complément d’inventaire chiroptérologique à l’aide
de détecteurs d’ultrasons sur la zone Natura 2000 Monts du Forez
FORGET, F., Des nichoirs pour les chauves-souris. PLECOTUS, Groupe de travail
« chauves-souris »de Natagora. 6 pages
GRIGNON, R., 2010. Bilan de 13 années de suivi de gîtes artificiels pour chiroptères
en forêt domaniale de Tronçais – 1997-2009, Chauve-Souris Auvergne, 18pages +
annexes.
Autres données consultées
Base de données Chauve-Souris Auvergne
Muséum d’histoire naturelle de Bourges, http://www.museum-bourges.net
10

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