regard - Association Zaila

Transcription

regard - Association Zaila
La vie dans le désert : L’autre regard
Ali Sbai
Traces éphémères, liant le nomade à l’incontournable «vaisseau du désert » !
A l’heure du désert-business et de la multiplicité des clichés, y compris chez les photographes, j’ai
orienté, délicatement, mon “objectif” vers des détails sublimes symbolisant la beauté et la magie de
la vie dans le désert. Sachant qu’ils ne restitueront jamais ce sentiment de communion intemporel
qu’on éprouve en contemplant une plante d’Awarache, épanouie dans le sable, le sourire de la
terre craquelée, les traces de passants éphémères, les espaces sculptés par le vent et le sable et le
sifflement des feuilles de tamaris. Et que dire du scintillement des étoiles la nuit et le «bruit» du
silence !
Bois, sable, lumière et ombre… magique
Spectacle offert au passant qui observe… et qui s’arrête, un instant !
Le désert, poumon de la terre, berceau des trois religions monothéistes, a toujours exercé une
fascination quasi-mystique sur l’homme. L’absence de tout élément perturbateur (bruits,
constructions, objets non naturels, etc.) y est pour quelque chose. En quelque sorte, l’homme
se pollue ailleurs, pour venir se purifier dans le désert. Démarche légitime, sauf quand il vient
à son tour polluer ce milieu ! Le problème est là. Le désert est propre, disait l’infatigable
explorateur feu Théodore Monod qui l’a parcouru soixante-dix années durant, en quête d’une
«vérité» qu’il a, peut être, caressée entre deux scintillements d’étoiles, s’interrogeant sur
l’origine d’une météorite. Dans le silence du désert, il n’a récolté, en fin de compte,
qu’incertitudes et questionnements sur son passage éphémère ici-bas. Entre deux gorgées
d’un délicieux thé, préparé sur la braise, à l’ombre d’un tamaris, il a mesuré certainement le
côté dérisoire des vérités scientifiques mâchées et remâchées sur les dimensions et l’origine de
l’univers, alors que l’homme continue à détruire et s’autodétruire.
Plante «Talaboute », très rare ne poussant que dans le sable.
Elle est toujours verte en dépit de la sécheresse…
Elle respire, enfin, après l’annulation du Dakar 2008!
Omar Khayam, savant et poète érudit, bien avant Théodore Monod, s’est tourné vers la poésie
du sublime, sans doute après avoir buté sur le mur de l’ignorance de l’esprit humain. En
scrutant le ciel étoilé, il a eu ce beau quatrain :
«J’ai deux soucis de moins, le jour qui vient de passer et le jour qui va venir !»
C’est le plus bel hommage au présent, mieux à l’instant magique qu’offre la vie. C’était aussi
l’aveu de Khayam de fuir la bêtise humaine au lieu de l’affronter. A sa décharge, un recueil de
poèmes intemporels, «Roubayat Al Khayam: Les Quatrains de Khayam», concentré de sagesse
et détachement universels, légué à toute l’humanité et qui nous interpelle, de temps en temps,
sur nos éphémères «certitudes».
Notre futur commun ! Bois mort paisiblement enseveli…
Ce qui appartient à la terre, revient à la terre !
Vipère de sable:
plus élégante que dangereuse… !
Sourire du sol… après une pluie magique,
donnant naissance à une plante !
Feu mon père, Mohamed Cheick, méditant sur tant de dégâts causés par l’homme sur
cette terre, me disait, en citant un Hadith du prophète: Ô mon fils, «Sans les bébés
qui tètent, sans les animaux qui broutent et sans les vieux qui prient, il n’y aurait
personne sur cette terre»! Quel paradoxe, ce sont les créatures les plus faibles sur
cette terre qui nous protègent, in fine, d’une punition divine. Que cette citation nous
incite, tous, sans prosélytisme aucun et quelles que soient nos origines, à respecter
l’environnement pour mieux nous protéger! A l’heure où le désert est le théâtre de
conflits temporels (Darfour, Sahara, Tchad, etc.) et événements destructeurs (rallyes),
serions-nous à la hauteur pour préserver ce patrimoine naturel, alors que beaucoup se
transforment, sans scrupules, en prédateurs de l’environnement.
Ayat Al Koursi: le verset du Trône…
Le saint Coran: Sourate Al Bakara
Caravane Zaïla ou le respect du désert:
caresse du sol et passage éphémère!
Baba Ahmed DARBALI: nomade Berabiche, espèce en voie de disparition
Le dernier nomade à avoir fait une caravane Tombouktou-M’hamid, en 1974
Le combat d’un fils du désert pour un environnement oublié !
www.zaila.ch
e-mail : [email protected], Mobile : +41 79 276 22 73
Par : RAM ETWAREEA, Le Temps, samedi 24 juillet 2004, Voir :
http://www.letemps.ch/dossiers/dossiersarticle.asp?ID=138941
«J'ai plus appris dans le désert que sur les bancs d'école.» Quel aveu de la part d'un docteur en physique, destiné à une
carrière dorée dans un grand laboratoire, mais qui se retrouve fonctionnaire onusien à Genève! «Le désert, où savoir est plus
important qu'avoir, m'a tout donné», confesse Ali Sbai. L'homme est né sous une tente dans le bled de M'Hamid, dans
l'extrême sud du Maroc, aux portes du Sahara. «Enfant, j'y ai marché des kilomètres pour aller à l'école, gardé fièrement les
chèvres, dormi sous les étoiles, joué pieds nus sur le sable chaud des dunes. Adulte, j'y retourne trois ou quatre fois par année
et je marche durant des jours. Parfois j'adore me balader seul dans le silence de la nuit», raconte-t-il à Lausanne, sa ville
d'adoption. Du romantisme? Ou la nostalgie d'un lieu avec lequel il est encore lié par le cordon ombilical? «Ni l'un ni l'autre,
assure le fils du désert. Ce retour aux sources me donne la force de porter un regard lucide et critique sur le monde. Il me
permet surtout de relativiser les heurs et malheurs de la vie quotidienne.». Pendant son dernier voyage dans la vallée du Drâa,
Ali a photographié des plantes qui poussent dans le sable. «Le désert nous apprend que là où il n'y a rien, il y a une vie»,
philosophe-t-il. Il ne porte pas un regard de botaniste sur cette végétation miraculeuse. Les plantes ne sont pas là par hasard;
elles correspondent à un besoin vital et précis pour les hommes et les animaux du désert. «Ce savoir de la vie végétale,
transmis de génération en génération, ne doit pas disparaître», plaide-t-il. C'est pourquoi désormais, lors de chaque périple, il
interpelle les encyclopédies vivantes que sont les nomades et constitue un répertoire de plantes du Sahara et de leur utilité. Ali
Sbai se fâche lorsqu'il évoque les menaces qui pèsent sur les espèces vivant du désert, végétales mais aussi humaines,
animales. Elles sont bien réelles. «Le plus grand danger vient du «désert-business» qui draine des milliers d'aventuriers dans
des rallyes automobiles, des marathons ou encore dans les bivouacs folkloriques», dénonce-t-il. «Il faut supprimer le ParisDakar, cette course où des centaines de 4x4 et autres véhicules lourds envahissent le paysage. Le Sahara est le seul endroit au
monde n'ayant aucune loi. On peut tout faire; aucune autorisation n'est nécessaire», fulmine le Marocain. A plusieurs reprises,
Ali a réussi à mobiliser des journalistes suisses pour faire des reportages sur les dégâts causés par le passage de ce rallye
automobile français dans la vallée du Drâa. «Le désert n'est pas un espace à conquérir, mais à protéger», affirme-t-il. A
protéger aussi de ces princes arabes des pays du Golfe qui se passionnent pour la chasse à l'outarde, cet oiseau au corps massif
et à pattes longues, et qui croient que sa chair aurait des vertus aphrodisiaques. Selon Ali, cette espèce, comme le fennec et le
varan, est réellement en danger de disparition. Il a alerté les organisations internationales de défense des animaux, dont le
WWF. Il s'exaspère qu'aucune action ne soit entreprise pour arrêter le massacre. Et n'hésite pas à accuser les autorités d'être
les complices de riches chasseurs. Puis, il y a les gens du désert, avec qui Ali a su tisser des liens privilégiés. Il a passé
beaucoup de temps dans les caravanes berbères ou autour d'un thé à la menthe partagé avec les nomades. «Ces derniers ont
des relations profondes avec la nature, sont tolérants et libres. Leurs paroles, leur poésie, leurs chants sont synonymes de
sagesse, sinon comment expliquer qu'ils acceptent les contraintes du désert et le climat éprouvant qui les obligent à
économiser jusqu'à chaque geste? se demande-t-il. Leur monde est petit à petit violé par les caravanes bruyantes des 4x4 de
touristes en mal de sensations fortes. Mais le désert se découvre par étape et par efforts.». En réponse à cette agression, Ali et
ses amis ont créé à Lausanne une association nommée «Zaïla», ce qui signifie passager éphémère en arabe. Pour le passionné
du désert, il veut aussi dire qu'on ne touche à rien, qu'on profite des paysages et qu'on partage un bout de chemin avec les
personnes que l'on rencontre sur place. Depuis quelques années et dans le strict respect du désert et des vies qui y habitent, Ali
partage sa passion avec ses amis en les accompagnant dans la vallée du Drâa.
Plantes et animaux du désert
Un autre regard que celui des botanistes !
Sourire solaire, avant son coucher !!!
Contrairement aux clichés répandus - et admis par la majorité des gens -, le désert est un espace
plein de vie animale, végétale et partiellement humaine. Il impose à toutes ces espèces, pour
survivre, une loi permanente et implacable: le moindre effort inutile. Autrement dit, une
économie draconienne et permanente de l'utilisation de la principale source de la vie : l'eau ou le
peu d'humidité dans l'air. Inspirons-nous des plantes et animaux du désert qui appliquent, à
merveille, cette règle de la vie et interpellent, sans cesse, l’homme à son respect !
En compagnie de mon ami le berger Hssaïn, nous passâmes, à Echentouf, quelque part entre Erg
Es Sedra et Iriqui, ce 30 décembre, une nuit "Khlâa", c'est-à-dire, sans rien, ni nourriture ni
couverture ! Le sable comme lit et le ciel étoilé comme toit. Quel privilège! Mais quel froid aussi.
J’ai rarement autant admiré la grappe Toraya (Les Pleillades), poursuivie par El Mechbouh
(Orient), jusqu’à l’aube. Il ne la rattrapera, parait-il, qu’à la fin du monde, selon un conte nomade!
Rassurant, vu l’écart, quasi constant, sur des milliers d’années, entre les deux constellations !
Durant cette longue nuit, la Voix lactée nous réchauffa les pupilles, en nous rappelant que notre
belle planète n’est qu’un grain de poussière dans l’univers et que sa brève histoire, n’est qu’un
instant dans l’absolu. La grande et la petite ourse jouant l’horloge autour de la polaire, fixe,
indiquant invariablement le nord, au milieu de constellations évoluant harmonieusement dans un
spectacle magique. Echentouf, un beau bouquet de dunes au milieu de la partie la plus vaste de la
Hamada du Draa, juste avant de déboucher sur le lac desséché d'Iriqui. Echentouf, veut dire
"Crinière", et désigne cet endroit du fait de la ressemblance, de loin, des branches de tamaris
coiffant les dunes, avec une belle «crinière de cheval». Au nord, on aperçoit un océan de sable,
aux belles vagues commençant aux dunes El Abeidlya et finissant à El Alem (la dune témoin !). El
Hadj Ahmed, la dernière dune isolée avant la plaine d'Iriqui, et le tamaris Atlat Abaïnouche, au
nom d’une héroïne nomade, paisiblement ensevelie au pied de cet arbre magique, ferment, à
l’ouest, cet espace d’erg. Un poème à la mémoire d’Abaïnouche, fait encore couler des larmes aux
rares nomades connaissant l’histoire et la géographie de cette région, s’intitulant : « ici a été
enterrée la tendresse avec Abaïnouche ». Tout simplement ! A méditer quand on voit le saccage
gratuit des rallyes dans cette région…
A gauche, le lit du Draa, encore tissé par une forêt clairsemée de tamaris et d'Afersig, forme la
frontière sud à cet espace aride où subsistent les plantes d'El Arad, l'inévitable El Aggaya, la
plante lavande El Ghassal, El Yessrif, et autres Remth...
Les tamaris, avec les acacias, constituent les principaux points de repos pour les nomades, depuis
la nuit des temps, et leur offrent d'utiles repères dans les grandes étendues du désert. La famille
de cet arbre, très résistant à la sécheresse, grâce à de longues racines, est constituée de trois
sortes que les nomades ne confondent jamais : Letl, l'arbre le plus volumineux aux troncs épais,
une sorte de baobab, créant à lui tout seul un micro climat. Akawar, aux troncs moins épais et aux
feuilles vert-sombre, au goût salé, très apprécié par les chameaux. Enfin, Afersig aux branches
fines et régulières, dressées verticalement, pousse surtout aux abords des oueds. On trouve dans
cette Hamada une bonne centaine de types d'arbres ou "Sdar", tels le tamaris, l'acacia, l'argousier
et autres Awarache. "Sdar", désigne pour les nomades tout arbre pouvant survivre plusieurs
années à la sécheresse. A contrario,"Rbia", c'est-à-dire l'herbe ou printemps, désigne les plantes
"éphémères", qui poussent à la suite de rares pluies ou simplement par le phénomène de
condensation du peu d'humidité collecté la nuit. Les plantes "Rbia" survivent rarement au
printemps et se dessèchent vite durant l’implacable été du désert.
Lexique nomade des plantes et animaux du désert
Cette fois-ci j'étais gâté à plus d'un titre. Dix jours de marche, pardon, de bonheur !, à travers le
plus beau désert du Maroc. C'est que tout le long de ce parcours, j'étais interpellé, sans cesse, par
le sourire des plantes, après plusieurs années de sécheresse. Mais comment leurs graines
survivent-elles après une si longue période d'incubation ? Mystère et magie de la vie.
En compagnie d’Addou, l'encyclopédie vivante du désert, j'ai plus appris - et rafraîchis ma
mémoire -, en quelques jours, que ce que j’ai peiné à comprendre dans plusieurs références
botaniques sur le désert. Etonnant ! Le désert est une bibliothèque ouverte, avec la contemplation
et l’humilité comme principaux codes de lecture. Nul besoin de connaître l’origine latine ou
grecque des noms de ces plantes pour en percer les mystères, et encore moins les vertus ! Au fil
de la caravane, Addou me déclina, avec sa voix douce et son geste parcimonieux, l’identité de
plusieurs plantes du désert, suivant trois critères : le nom, généralement assez descriptif, le goût,
et surtout le lieu et l’utilité pour le bétail, camelin en particulier. Il faut rappeler que le chameau
représente le principal vecteur de connaissance de la flore du désert. De sa réaction par rapport à
telle ou telle plante, le nomade en déduit l’utilité, et parfois le remède médicinal. L’alchimie de ces
plantes se retrouve d’ailleurs dans le lait de chamelle, magique nectar, dont seuls les nomades
connaissent et exploitent les bienfaits. Je n’ai pas hésité à noter sur un petit calepin les précieuses
informations, égrenées par Addou, sur cette flore que beaucoup ignorent mais, plus grave, que
certains - de plus en plus - saccagent et détruisent impunément. Est venu maintenant le moment
de partager cet autre regard - celui du nomade - sur la flore de la Hamada du Drâa, à travers
quelques plantes qui nous ont émerveillés durant cette inoubliable caravane :
Premier enseignement rappelé par Addou, base de connaissance de tout berger du désert, c’est
l’influence du terrain sur les plantes. D’où leur classement par milieu, ce qui détermine également
leur capacité à résister à la sécheresse. Ainsi celles qui poussent dans les oueds, proches d’une
nappe phréatique sont grasses et paradoxalement moins résistantes à la sécheresse, car
habituées à l’eau. Par contre, celles qui poussent dans le sable (Sdar Erramla : plantes du sable,
telles Sbet, Legseiba, et autres Anchal) n’ont pas besoin de nappe phréatique, s’irriguant par
l’humidité fixée par le sable la nuit. D’autres survivent, ou s’épanouissent même, dans la hamada
caillouteuse ou collines rocailleuses (El Koudya), telles EL Homeidh. Les plantes championnes,
mais rares, peuvent se trouver dans les trois milieux. Un autre milieu inhospitalier aux plantes est
le reg, le terrain argileux et dur, sorte de lac desséché, au sol imperméable à l’humidité nécessaire
aux plantes.
Passons en revue, ces plantes caressées du regard, au fil de plusieurs caravanes :
1. Al Harcha, "la rugueuse", résistante à la sécheresse. Taynaset, "la douce", appréciée des
chameaux. 3. M'ghaïzel, à cause de sa ressemblance au "M’ghaïzel : le bâton pour filer le poil". 4.
Nassoufa, "légèrement amère", plante miracle aux vertus médicinales étendues,. 5. Al Jamra,
"Morceau de braise", piquante, utile au bétail durant les nuits froides. 6. El Guarça, "la pinceuse",
très acide et vitaminée. 7. Sbet, plante multi-utile, ne poussant que dans le sable, nourrit et
désaltère les chameaux, permet de fabriquer des cordes et entraves, et constitue un refuge pour
beaucoup de lézards, reptiles, scarabées, etc. 8. Nsaïl, proche de Sbet, très résistante à la
sécheresse. 9. Lehma, "Plante chauffante", source de chaleur pour les chameaux en hiver. 10.
Jerjir, plante aux feuilles vertes et juteuses aux magnifiques fleurs roses- trèfles, reine de beauté
des plantes du désert. 11. Segaat Lernab, “la mèche du lièvre", magnifique plante étoile,
ressemblant à la mèche sur le front des lièvres de cette région. 12. Baslet Leghzal, "l'ognon de la
gazelle" ; la gazelle, attirée par son odeur, peut avoir une autonomie d'eau durant tout un été, en
rongeant parcimonieusement cet ognon enfoui dans le sable. 13. Al Homeidh, plante aux feuilles
acides, pousse à El Koudya, à travers les fentes des rochers. Désaltérante et très vitaminée, elle
est appréciée par les lézards fouette queue et les bergers en cas de disette ou de soif. Peut être
fatale pour les moutons, mais sans risque pour les chèvres. 14. Legtaff, «les feuilles pistache»,
couleur et gout de pistache, très appréciée des bergers. 15. Al Harra, «la roucoula du désert»,
très épicée, divine salade pour les bergers. 16. Es-sâadane, douce et rare, appréciée des
chameaux et des chèvres. 17. Bou Sraïsra, « guirlandes », avec une jolie percussion au contact
des chèvres, fait partie de la famille amère des plantes ; 18. Al Yaamim, piquante et rare. 19.
Lemkharsa, plante tressée, légèrement piquante. 20. Tafsa, aux fleurs jaunes et fluorescentes,
légèrement piquante. 21. Tleïha, petit acacia. 22. Semna, grasse et douce, fleurs violettes. 23.
Gueid Naam, «Les entraves de l'autruche», du fait que les autruches s’y encoublent! 24.
Tabezwaguet, douce et désaltérante. 25. Lehbalia, «plante pelote», très rare. 26. El Aggaya, une
plante abondante, très nocive pour les chameaux, aux grains verts juteux, en dépit de la
sécheresse ; énigmatique quant à ses bienfaits pour le bétail. 27. El Ghassal, la plante lavande,
au gout salé, efficace pour laver les mains et les habits. 28. Anesrif, plante de la famille El
Ghassal, mais plus verte. 29. El Araad, très résistante à la sécheresse, abondante dans la plaine
entre Sidi Naji et Zmaila. 30. Dhemran, plante avec les feuilles aux granulés verts. 31. El
Guerzim, l'argousier aux fruits très vitaminés, comme des petites cerises rouges, appréciés par
les loups du désert. 32. Legseiba, très toxique et fatale pour les chèvres, appréciée et sans
danger pour les chameaux, pousse dans le sable à coté de Sbet. 33. Tourza, très toxique. 34.
Lebteima, plante hallucinogène et dangereuse ; toujours verte et juteuse, fréquente au lit du Drâa.
35. Oum Elbaina, la plante au lait, très toxique. 36. Al Ammaya, «l’aveuglante», au lait très
toxique peut entraîner la cécité au contact des yeux. 37. Oum Rokba, donnant Smar, de fines
roseaux, pour fabriquer des nattes. 38. Awarache, plante belle et magique, au bois fin, résistante
à la chaleur et à la sécheresse, donne des fleurs roses le printemps, même en l’absence de pluie;
ses feuilles appréciées des chameaux peuvent servir également à tanner les outres !
On peut allonger la liste à d’autres plantes qui font le bonheur des chameaux, des chèvres et
d’autres animaux, après la pluie, telles Ramram, Remth, Rtem, Adrach, Negd, Talaboute, El
Had, Tazia, et autres El Gahwane et Echgâa, Addamia, la sanguine, Al Gorte, sorte de luzerne ;
Al Horf, la lettre (symble d’une lettre d’alphabet arabe)… Al Foula, Fougère du désert…
Al Khafour (comme Addamya), Essâd (Plante bonheur ! Région de Zbar et El barga)…
Aïcha Glia, ressemble aux cheveux de Aïcha bédouine anonyme…
Al Yalma, la plante grise, AL Hanzab, sorte de navets sauvages…
Laghbeira, petite poussière, plante poussiéreuse ne poussant qu’aux pieds des tamaris
Arramram, plante salée, toujours mouillée et humide, bon à manger
Al Karkaz, cette plante engraisse les chameaux. Al Karkaz, dit la légende nomade, a juré de
monter jusqu’à la bosse du chameaux et d’y rester. Ccontrairement au cliché admis par beaucoup
que la bosse est une réserve d’eau, alors qu’elle est engraissée par ce que l’animal mange.
Bouzghaiba, aux feuilles poilues, ressemble à AL Karkaz
Plante ElHomeidh, surgissant à travers les fentes de roches dans la région El Btana.
Foula, Fougère du désert
Lehma, plante chauffantes aux fleurs roses
Sbet, dans le sable : nourriture et boissons pour les chameaux.
Refuge pour une faune rare !
Akawar, de la famille des tamaris, fleurie, aux feuilles salées
Ciel étoilé sur terre… Segaat Lerneb, mèche de lièvre, aux fleurs violettes
Magique Awarache, qui a échappé au Rallye dévastateur des Gazelles, mars 2009
Plante poussant miraculeusement, à travers l’argile desséchée
Al Harra, la roucoula du désert, salade et soupe divines pour les bergers
Jerjir, miss plantes du désert !
Ne cherchez pas Legseiba, en dehors du sable…
En cas de disette, apéritif salé aux feuilles de Legtaf (Pistache !)
Anchal et El Had, plantes rares et en voie de disparition, aux feuilles appréciées par les chameaux
La faune de la Hamada du Draa n’est plus chez elle… Les Quads chassent petit à petit les chameaux
Défoulement gratuit des rallyes et Quads dans ce beau désert. A peine le Dakar annulé, que d’autres
événements tels le Rallye des Gazelles (photo mars 2008) et autres marathons ont pris la relève,
sous la couverture honteuse de venir en aide aux populations locales, pour saccager et détruire !
Quant à la faune, j’en ai profité pour mettre à jour quelques informations sur ce qu’il en reste. Cette
faune a été quasiment décimée par la chasse impitoyable des princes du Golfe, prédateurs des
temps modernes avec un équipement dévastateur et sophistiqué (fusils à lunettes, 4x4 puissantes,
etc.). Les Espagnols et leurs 4x4, les nomades «Made in Taiwan» et leur Quads, sont en train de
compléter ce sombre tableau : saccager la flore et faire fuir la faune de son dernier réduit ! Et
ce, pour un plaisir «éphémère» et une incommensurable bêtise. Ci-après, les champions de
la survie de cette faune, témoins innocents de «la sécheresse du cœur» de l’homme :
1. Le fennec, le renard habile du désert, pratiquement disparu de la rive droite du Drâa.
2. El Warn, le warrant du désert, le précieux ami et dauphin pour le nomade, qui le protège du
danger venimeux des vipères, pratiquement disparu.
3. Al Afâa, la vipère des sables, qui fait joujou la nuit avec les gerboises et souris mais n’attaque
jamais l’homme.
4. Le loup du Drâa, une espèce bien organisée mais de plus en plus rare.
5. Le lièvre du désert, espèce assez abondante autour des tamaris.
6. La gerboise, couleur sable, sautillant sur ses longues pattes-ressort.
7. Zellem : petit lézard, très rapide, appelé l'éclair, assez abondant, couleur sable, se nourrit
d'insectes et se cache dans des trous autour des buissons (5-10 cm).
8. Cherchmall, Sinc ou poisson des sables (lézard, 8-15 cm), forme de poisson - plus les pates -,
s'enfonce rapidement dans le sable en cas de danger ; peau à écailles lisses, peut se déplacer
plusieurs mètres sous le sable et semer ses poursuivants ; couleur sable, avec des taches, en
hublots, sur les cotés.
9. Boubreis, une sorte de petit Iguane, vivant dans le milieu caillouteux ; très rapide et difficile à
attraper ; couleur rose tachetée. (10-15 cm).
10. Arrem, ce lézard est le roi du camouflage ; joue le mort et reste figé et parfaitement immobile ;
sa tête ressemble à un caillou ; peut mordre mais n'est pas venimeux.
Enfin ne cherchez plus dans ce tableau les gazelles, les outardes, les perdrix et une multitude
d’oiseaux, décimés depuis plusieurs années.
Houbara, l’outarde du désert décimée depuis longtemps ; Naguet Nbi, dissimulée entre les cailloux
Arrem, un lézard rare jouant le mort et priant qu’on ne l’écrase pas !