Dossier de presse - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre
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Dossier de presse - (france) - t2g theatre de gennevilliers centre
© Marc Domage Pascal Rambert Memento Mori du 16 au 20 décembre 2013 (reprise) Représentations : lundi, mercredi, vendredi 20h30, mardi, jeudi 19h30 Tarifs : 24€ / 15€ / 12€ / 9€ Réservation : sur place ou par téléphone au 01 41 32 26 26 / du mardi au samedi de 13h à 19h ou [email protected] et en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com Service de presse : Philippe Boulet — 01 41 32 26 10 — [email protected] Pascal Rambert Memento Mori du 16 au 20 décembre 2013 (reprise) conception, réalisation, Pascal Rambert collaboration artistique, dispositif scénique et lumière, Yves Godin création musicale, Alexandre Meyer assistant à la mise en scène, Thomas Bouvet performers, Elmer Bäck Anders Carlsson Lorenzo De Angelis Jakob Ohrman Rasmus Slatis durée : 1h Production Théâtre de Gennevilliers centre dramatique national de création contemporaine Coproduction CDC – Les Hivernales en Avignon Le spectacle a été créé le 24 février 2013 au CDC - Les Hivernales, ème dans le cadre de la 35 édition du festival, à la salle Benoît XII, Avignon en tournée : 1er octobre 2013 : Strasbourg / auditorium de la Cité de la Musique et de la Danse, dans le cadre du festival Musica. 25 et 26 novembre 2013 : Moscou / Meyerhold Theatre center, dans le cadre du festival NET. Le Théâtre de Gennevilliers est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Gennevilliers et le Conseil Général des Hauts-de-Seine. Memento Mori Dans un temps qui pourrait être celui de la nuit, cinq hommes jeunes sont quelque part sur scène. Apparaissant par intervalles dʼon ne sait où, la lumière se met progressivement à les faire exister. Lʼobscurité totale, et une sensation de lʼespace totalement modifiée. Pourtant, un instant avant, on voyait les fauteuils, la salle autour de nous, les spectateurs, les visages. Plongés dans un nouvel environnement, dans un lieu désormais étrangement inconnu, nous attendons. Ce qui était familier il y a encore quelques secondes nʼa plus de contours ni de formes, et il faut sʼhabituer lentement à cette capsule qui pourrait aussi bien être une caverne, à moins que ce ne soit un cratère, ou encore une simple représentation mentale. Quelque chose va sans doute émerger, apparaître, mais nous ne savons pas quoi. Il y a toutes les chances pour que les images révélées nous arrivent très progressivement, quasi à notre insu, que notre œil sʼhabitue sans avoir perçu le basculement et que des formes soient bien là, aux contours dʼabord imprécis. Il nʼy a plus de face à face entre la scène et les gradins : les distances et limites ont disparu depuis lʼextinction des lumières. Des corps phosphorescents commencent à émerger, immobiles et fugaces, puis sont engloutis à nouveau, mais bientôt lʼimpression se confirme à nos yeux et leur présence devient de plus en plus réelle. Valérie Mréjen Memento Mori nʼa pas de sujet sinon le mouvement lui-même. Ou encore si possible avant le mouvement lui-même. Je veux dire encore avant. Au tout début. Avant que ça bouge. Avant que ça apparaisse. On pourrait imaginer ça : avant le mouvement. Avant même qu'on voit quoi que ce soit. On écouterait. On entendrait bien que ça gronde que ça arrive de loin et ça arriverait : nus. On imaginerait tout ce qu'on a en soi : toutes ces images qu'on porte en soi, qui nous appartiennent, mais qui appartiennent en fait déjà au haut Aurignacien encore avant ? À un monde prélapsaire. Nu. Avant la chute. Avant la faute. Est-ce que ça danse les images sur les grottes ? Est-ce que ça danse les mains sur les grottes ? Oui. Avec la lumière ça danse. Un mouvement physique cʼest une matière qui passe dʼune forme à une autre, non ? La lumière en général permet ce passage donc. Là aussi : quand elle rentre dans la grotte. Dans la grotte obscure de la tête oui. Jusqu'à des formes primaires de joies. Dʼépanouissements. De purs éblouissements. Où sortent et sʼadjoignent aux corps : fruits ! Grappes ! Raisins ! Bananes ! Tomates ! Jardin ! Dionysos partout quoi. Avant pour suivre une forme de terreur. Un moment de pur effroi d'être en vie. Ou de la perdre. Avant de se lécher. Lécher. Tous. Nettoyer tout. Et se lécher. Lécher. Lécher. Lécher. Nettoyer. Nettoyer la vie. Nettoyer nos images. Pascal Rambert, Paris, septembre 2011 Entretien avec Pascal Rambert Tu réalises des pièces de théâtre et des pièces chorégraphiques, un double statut plutôt rare, comment décides-tu de monter lʼune ou lʼautre ? Après avoir fait, pendant une dizaine dʼannées, des pièces mélangées où la place du texte était périphérique et où les corps des performeurs étaient plus importants que les sujets que je traitais, jʼai eu besoin très sérieusement de revenir à la langue française, dʼécrire à nouveau de la parole. Dʼoù Clôture de lʼamour et Avignon à vie. Jʼai envie aujourdʼhui de mettre de lʼénergie sur du théâtre parlé et de lʼénergie sur du corps. Je dissocie donc pour un temps mes projets et, avant ma prochaine pièce de théâtre en 2014, je fais une pièce de danse en 2013, Memento Mori. Le processus de création est-il différent selon que tu montes une pièce de théâtre ou une pièce de danse ? Ce sont des zones de travail tout à fait différentes pour moi. Quand je fais des pièces de théâtre, il y a une structure écrite au préalable. Pour les pièces de danse, le bonheur cʼest dʼarriver dans le studio et de ne pas savoir. Même si je connais à peu près mes modules, je prévois le minimum et je mets en pratique le plaisir immédiat dʼinventer directement sur les corps. Memento Mori est ta quatrième pièce chorégraphique, tu nʼas jamais suivi de formation de danseur, tu nʼes pas danseur, cela ne pose-t-il pas un problème de légitimité ? Je nʼai aucune légitimité mais cʼest parce que je nʼen ai aucune que ça me plaît. Cʼest une sorte de deuxième vie, comme avec mes films. Étant en général assez contre « les spécialistes », ça me va tout à fait dʼimaginer que je puisse me permettre de réfléchir à ça. Il nʼest écrit nulle part quʼil faut avoir été danseur avant, tout le monde peut faire ce quʼil veut, je fais partie de ce « tout le monde » et je saisi le droit de réfléchir à cette chose que je ne connais pas. presque impossible, on ne peut pas demander à un corps qui a déjà été formé dʼoublier entièrement son empreinte corporelle, lui dire « oublie tout et bouge comme si tu nʼavais jamais bougé », mais je rêvais toujours de cet endroit improbable que chaque chorégraphe, jʼen suis persuadé, cherche à un moment donné. Comme je suis lent et que jʼai du mal à voir dans les corps, jʼai besoin de les fixer calmement pour bien comprendre comment ils entrent en mouvement. Ayant compris maintenant, je peux passer à un début de mouvement, à un mouvement plus rapide. Je viens de relire Nietzsche et les pré-socratiques, jʼai vu le documentaire de Herzog La grotte des rêves perdus aussi, je me suis intéressé à tout ce qui est très vieux. Avec Lʼépopée de Gilgamesh, jʼétais 5000 ans av JC. Jʼai envie pour Memento Mori de remonter encore, jusquʼà lʼaurignacien, au paléolithique et de faire sortir des corps nus de la lumière, comme dans cette fresque de Masaccio que jʼaime beaucoup, Adam et Ève chassés du paradis. Cʼest une époque merveilleuse, jʼy rentre à peine mais je suis fasciné. Quand je travaillais avec Antoine Vitez, je me souviens dʼun exercice où il nous disait : « Voilà, il y a un roi méchant qui dit : Puisque tu es un acteur, joue-moi Hamlet ». On répondait quʼon ne connaissait pas le texte mais ce que prétendait Antoine, cʼest que lʼon possède cela en nous, que lʼon est tous capable de dire « Être ou ne pas être » et cʼest cette possession-là qui mʼintéresse. Avec Memento Mori, je vais chercher ce « nous » dʼil y a 30 ou 40.000 ans, ce que je crois que nos corps et nos inconscients ont dû conserver de ce temps-là. Jʼai entendu un jour que si on fait tourner de façon hyper rapide, comme un tourne disque, les anciens vases qui datent de lʼâge de bronze, on peut entendre les coups de marteau du potier. Ça a lʼair fou mais cʼest le même principe que le microsillon. À lʼintérieur de la matière, sont contenues des particules sonores, cʼest-à-dire que lʼon peut entendre le son qui existe depuis 10.000 ans. Si on peut entendre cela, je me dis que je peux, en tant quʼapprenti chorégraphe, essayer dʼaller rechercher aussi ce moment. Ouvrir une fente du temps. Memento Mori, « Nʼoublie pas que tu vas mourir », pourquoi ce titre ? Tu dis que « Memento Mori nʼa pas de sujet sinon le mouvement lui-même ». Il y a toujours quelque chose qui amorce, qui impose lʼenvie de faire une pièce, quʼest ce qui cette fois tʼa décidé ? Il y a deux choses. Dʼabord, jʼai besoin depuis quelque temps de me déplacer dʼun « endroit de lenteur » à un « endroit de rapidité ». Libido Sciendi était assez lent, jʼai essayé dʼaccélérer avec Tamara Bacci dans Knockinʼ on heavenʼs door mais ça ne coïncidait pas avec les états de tension extrêmement précis que je lui demandais. Envie donc de me forcer à être plus rapide mais aussi de passer de « avant le mouvement » à « un début de mouvement ». Je suis un chorégraphe jeune, je suis encore dans des problématiques du début, cʼest à dire là avant même que ça ne bouge. Cʼest une question que jʼai toujours posée dans mes pièces, « avant le mouvement ». Cʼest pourtant Comme chacun, jʼai mon territoire. Avant je ne mʼen rendais pas compte, maintenant je commence à le voir. Il a des zones remplies, des zones encore blanches, pour lʼinstant je ne comprends pas tout car je suis dans la création de ce paysage mais je me suis aperçu récemment, par exemple, que mes titres étaient souvent des impacts temporels : After/Before, Le début de lʼA, Quand nous étions punk, Premier anniversaire… 50 minutes aussi, la performance que je vais faire pour Kate Moran aux Hivernales et à la Ménagerie de Verre en 2012. Tous sont reliés par des moments importants ou traitent euxmêmes de moments importants. Pour Memento Mori, je veux traiter, entre autres, du sentiment de panique, du sol qui se dérobe sous nos pieds. Il sʼest passé dernièrement pour moi quatre choses à des endroits divers, dont Fukushima au Japon, et jʼai senti une sorte dʼaile de la mort. Ça aurait pu tomber sur moi, cʼest cette idée effectivement, que jʼai dʼailleurs toujours eue : « Nʼoublie pas que tu vas mourir » et ça sera lʼune des excroissances de la pièce. A propos de Memento Mori, tu dis : « avant la faute », « prélapsaire », ça sonne genèse et pêché originel. Tu parles aussi de Dionysos, dieu de lʼivresse et des excès. La pièce va-t-elle balancer entre le sacré et le païen ? Quand jʼai découvert le mot prélapsaire, qui vient de lapsus et qui signifie avant la chute, je me suis dit : cʼest sublime, cʼest le mot parfait. Mais je ne vais pas traiter du sacré pour autant. « Avant la chute » agit ici comme marqueur temporel. Memento Mori est une pièce païenne, dionysiaque. Je me suis rappelé de La naissance de la tragédie de Nietzche que jʼavais lu à 20 ans, quand je commençais à faire du théâtre, cʼest un livre que jʼai tellement aimé. Nietzche y montre comment sʼopposent lʼapollinien et le dionysiaque, dʼun côté le beau corps, de lʼautre le grotesque, le sperme, les queues énormes, les fruits, le vin. Contrairement aux pièces hyper clean et réduites à lʼessence que je fais depuis un moment, jʼai envie de faire une pièce sur le débordement où chaque chose va naître dans la vérité en fonction de la précédente. De la nudité, de la lenteur va sortir un moment de plaisir, de ce moment de plaisir va sortir un moment dʼinquiétude et de ce moment dʼinquiétude reviendra le calme. Les interprètes seront nus durant toute la pièce. Pourquoi ce choix ? Le goût pour la peau humaine dans la lumière, il nʼy a pas autre chose que ça. Franchement, je trouve que cʼest toujours ce quʼil y a de plus beau. Chaque fois que je dénude les corps et que je les mets sous la lumière, cʼest magnifique et avec la lumière du jour, cʼest encore plus beau. Dans Libido Sciendi, les corps sʼenfonçaient dans la nuit qui tombait, dans Memento Mori ça sera le contraire. La distribution compte 5 interprètes : comment les astu choisis ? Ton choix sʼoriente-t-il pour cette pièce sur des personnalités, des techniques ou des corps spécifiques ? Je nʼai pas encore commencé la distribution mais jʼai besoin dʼinterprètes qui aient le goût de lʼimmobilité, de la nudité, le goût fantasque dʼavoir envie de créer du mouvement dans une forme de joie dionysiaque avec les aliments, le goût de lʼextrême performance physique dans la vitesse, le saut, lʼendurance, la vraie fatigue et le goût de la peau de lʼautre pour ne pas être dégoûté dʼêtre dans un rapport où personne ne va, cʼest-à-dire lécher lʼautre. Cʼest ta première collaboration avec Yves Godin, tu nʼas pas pour habitude de travailler avec des concepteurs lumière. La fiche technique ne précise pas de scénographe. La lumière officiera-t-elle à sa place ? Une pièce en trois mouvements donc ? Oui, elle devrait faire à peu près trois fois 20 minutes. Dʼabord lʼarrivée, où des bouts de corps nus, puis des corps entiers, puis des agrégats, au début immobiles vont commencer à bouger. Les interprètes une fois sortis du noir, des fruits en grand nombre vont abonder pour une sorte de fête païenne où les bananes comme des défenses de phacochères vont entrer en correspondance dans les orifices des corps, où les grappes de raisins seront écrasées violemment avec les fesses. Et de cet état rêvé du corps libéré de culture et de contrainte va naître un moment de panique qui est la vraie essence de Memento Mori. Après le moment de grâce merveilleuse, comme souvent dans la vie, il y aura une sorte de panique et jʼai envie de montrer cette peur. En fait, ce que je veux essayer encore, comme dans chacune de mes pièces, cʼest parler de la condition humaine. Et après cette panique, ça se calmera. Cʼest la dernière partie, ce que jʼappelle le nettoiement, le soin. Les interprètes finiront dans le repos, à tout ranger, à nettoyer le plateau et à se lécher les uns les autres comme un chien nettoie un os. Cette dernière image sera comme une fermeture à lʼiris. 60 minutes comme ça : arrivée, ouverture à lʼiris, grâce, panique, rangement, fermeture à lʼiris. La pièce est là. Avec Lʼépopée de Gilgamesh, tu as eu une démarche quasi archéologique sur lʼorigine de lʼécriture. Memento Mori est antérieure, comme inscrite dans un temps où le mouvement précéderait les mots. Pas de parole donc ? Cʼest une question que je me pose, je ne sais pas encore. Jʼaimerais bien que tous les interprètes chantent, jʼai lʼimpression quʼil y a un statut de la parole mais sous quelle forme ? Exactement. Jʼai dit à Yves comme à Alexandre : « Voici un espace de 10 mètres par 10 mètres et à lʼintérieur de ça, vas-y, construis. Tu sais quʼil faut que ça sorte du noir, tu crées ton dispositif et moi je me mets dedans. » Ce principe de partir dʼun noir absolu et de travailler sur la perception rétinienne, je lʼai déjà expérimenté avec De mes propres mains. Mais jʼai besoin, cette fois, dʼun artiste pour mʼaider parce que les corps sont vraiment tributaires de la lumière, cʼest la peau humaine sortant du noir dans une forme de mouvement et dʼimmobilité, tout nʼexiste quʼen fonction de la lumière. Tu collabores à nouveau avec le musiciencompositeur Alexandre Meyer. As-tu déjà une idée précise de lʼambiance sonore de la pièce ? Cʼest la première fois, je crois, que lʼon va faire avec Alexandre de la musique pendant tout le temps de la pièce. Je lui ai dit : « Voilà 60 minutes, il faut séparer ça en trois fois 20 minutes, faire naître une chose de la précédente, maintenant fais ce que tu veux ». Memento Mori sera créée aux Hivernales en février 2013, le thème sera la Méditerranée. Tu as grandi à Nice, quels liens entretiens-tu encore avec ces paysages ? Et quels liens avec cette pièce ? Le lien, cʼest la solarité. Memento Mori est une pièce solaire. Il y a ce tableau au musée Picasso dʼAntibes, La joie de vivre. Voilà, cʼest ça, cʼest le Sud, cʼest lʼarrivée de ces corps de la nuit dans la lumière, un corps très libre puisque détaché de la faute originelle. Cʼest ce que je cherche pour cette pièce, un corps méditerranéen, un corps sous le soleil, un corps de nudiste, à lʼétat de nature. Memento Mori est comme une forme de retrouvailles avec ce moment idyllique de nous-même. Les peintures du XIXème représentent ainsi les corps grecs, dans The Aesthetic movement, par exemple avec des peintres tels Whistler : ils peignent des corps grecs en toge, avec des couronnes de lauriers, sous le soleil, dans une sorte dʼAthènes rêvée. Et quand ces peintres redécouvrent la Grèce antique, ils la rêvent évidement, ils sont dans un moment de re-création, ils la reconstruisent. Je suis en train de faire la même chose, jʼessaye de reconstruire ce que je crois qui peut exister au fin fond de ce qui nous constitue en tant quʼêtre humain et je me dis : je suis sûr, quʼen toi, en moi, il y a des restes de ces mouvements-là, quʼils sont encore en nous. De la nudité, de la lumière, de la danse, des restes de 30.000 ans en nous. Cʼest ça Memento Mori. Propos recueillis par Mélanie Alves de Sousa octobre 2011 © Marc Domage Memento Mori dernier jour de répétition Mesurer le chemin parcouru depuis les premiers échanges avec Pascal il y a un an. Passer par le tamis du travail et de l'expérience en scène, que reste-t-il des premières intentions, des premières directives posées ? De quoi aujourd'hui Memento Mori est-il le nom ? Probablement sans détour celui, instable, d'un passage. Un passage incertain entre la matière et l'immatériel, corps se dématérialisant, halos faméliques et mouvants, lumière en absence devenue comme solide, compacte, préhensible. Passage en forme de tremplin entre le visible et l'invisible, entre le rétinien et l'imaginé, entre le noir et blanc et la couleur. Avec les cinq performeurs, dans cette forme en écriture instantanée, nous fabriquons des visions plus que des images. Les règles entre nous sont minimes et complexes, passent très peu par le langage. Nous produisons un dispositif vivant de révélation, une rampe à bascule entre le sacré et le photographique, apparition exposition - impression - révélation. Fabrique de visions, la perception comme médium, notre œil en porte de saloon entre l'intime et l'universel, nous carburons à l'histoire de l'humanité, à celle de l'art, à celle propre à chacun de nous, personnelle, entre vie et mort, jour et nuit, peur et béatitude. Nous ne cherchons à en objectiver aucune, tout est là probablement en permanence, les cartes se redistribuent sans règles préétablies, ces visions n'appartiennent qu'à nous-même, performeur autant que spectateur, ce dernier se muant en performeur de sa propre vision, l'autre en spectateur de ces propres actes. Abolition de l'espace, du temps et des rôles, Memento Mori se construit sur des dramaturgies personnalisées. Passage encore, qui me permet aujourd'hui de revisiter ce qui fut un des actes fondateurs de mon travail : Mua crée en 1995 avec Emmanuelle Huynh et Kasper Toeplitz, au centre duquel la question des origines est posée en obscurité, immobilité et silence. Radicaliser encore plus la forme. En dialogue plus qu'en fusion et sans la valeur de manifeste qui caractérisait nos premiers travaux, mais plutôt en expérimentant avec Pascal Rambert, Alexandre Meyer et les interprètes, un mode d'échanges ténus et calmes où s'exprime ce qui nous relie plus que ce qui nous sépare. Nous sommes d'accord, il n'y a plus qu'à faire : passage à l'acte donc. Yves Godin Paris 25 janvier 2013 © Marc Domage Pascal Rambert, conception et réalisation Pascal Rambert est né en 1962. Il commence à écrire et mettre ses textes en scène en 1982. En 1984, il crée sa compagnie Side One Posthume Théâtre. De 2004 à 2006, il est artiste associé à Bonlieu-scène nationale dʼAnnecy. En 2006, il est nommé directeur du Théâtre de Gennevilliers où il succède, en janvier 2007, à son fondateur, Bernard Sobel. Ses textes – publiés chez Actes Sud-Papiers et aux Solitaires Intempestifs – mis en scène par lui-même et par dʼautres artistes sont créés en France, en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. 1984 Désir et Les lits / Centre dramatique national de Nice 1985 Météorologie / ce texte reçoit le Prix spécial USA 1986 Allez Hop / Festival dʼEté de Seine Maritime de Rouen 1987 Le réveil / Centre national des écritures du spectacle, La Chartreuse Villeneuve-Lès-Avignon 1989 Les Parisiens / 43ème Festival dʼAvignon 1990-1991 séjours aux Etats-Unis et au Moyen-Orient 1992 John & Mary / Théâtre des Amandiers-Nanterre 1993 De mes propres mains / Théâtre des Amandiers-Nanterre 1997 Long Island / La Criée-Théâtre national de Marseille 1997 Race / Festival Octobre en Normandie, Théâtre Gérard Philippe-Saint-Denis, Los Angeles avec LAPD Theater Group 2000 LʼÉpopée de Gilgamesh / Experimental Theater Wing New York University – 54ème Festival dʼAvignon 2001 Asservissement Sexuel Volontaire / Théâtre National de la Colline, Théâtre des Salins-scène nationale de Martigues, Bonlieu-scène nationale dʼAnnecy 2002-2003 ateliers et performances FSO (formes sans ornement) qui deviendront les Ateliers dʼécriture physique, orale et plastique en temps réel / Ménagerie de verre, Parc de la Villette, Comédie de Caen, Les Subsistances-Lyon, Bonlieu-scène nationale dʼAnnecy, mc2-Maison de la culture de Grenoble, Ballet Atlantique Régine Chopinot-CCN La Rochelle. 2004 Paradis (un temps à déplier) / Théâtre National de la Colline, Comédie de Caen, Bonlieu-scène nationale dʼAnnecy, festival de Sarrebruck, Dance Theater Workshop New York 2004 mise en scène de Philomela opéra de James Dillon / Teatro Rivoli Porto, Odéon-Théâtre de lʼEurope 2005 Le début de lʼA. / Comédie-Française / Théâtre de Gennevilliers/ Poitiers 2005 Pan, Opéra de Marc Monnet dʼaprès des textes de Christophe Tarkos / production Opéra national du Rhin de Strasbourg en coproduction avec lʼIrcam 2005 AFTER/BEFORE / 59ème Festival dʼAvignon, Bonlieu-scène nationale dʼAnnecy, Théâtre de Gennevilliers 2006 Un garçon debout / chorégraphie de Rachid Ouramdane, interprétée par Pascal Rambert / Bonlieu-scène nationale dʼAnnecy, La Ménagerie de verre à Paris, CDC Toulouse, Festival dʼUtrecht. 2006 Mon Fantôme / spectacle jeune public / Bonlieu Scène nationale dʼAnnecy / Théâtre de Privas / CDC de Toulouse / écoles des Hauts de Seine / Théâtre de Gennevilliers 2007 De mes propres mains / solo (nouvelle création) / Bonlieu-scène Nationale dʼAnnecy / Théâtre des Salins-scène nationale de Martigues, Ménagerie de Verre à Paris / Théâtre de Gennevilliers / PS122 New York / Théâtre du Grütli Genève / Agora Theater Tokyo 2007 Le début de l'A. (nouvelle création) en japonais / Agora Theater Tokyo / Théâtre de Gennevilliers 2007 Toute la vie et L'art du théâtre / Théâtre de Gennevilliers / Festival de Monaco / Agora Theater Tokyo / Bonlieu Scène nationale dʼAnnecy 2008 Libido Sciendi / Festival Montpellier Danse / La Ménagerie de Verre / CDC de Toulouse / CDC Aquitaine / Théâtre de Gennevilliers / Théâtre du Grütli / Festival Ex Ponto à Ljubljana (Slovénie) / MOT Festival à Skopje (Macédoine) 2008 Inferno d'après Dante / Théâtre du Grütli Genève 2009 Portrait/Portrait de Pascal Rambert et Rachid Ouramdane / Théâtre de Gennevilliers 2009 Qu'est-ce que tu vois ? de Marie José Mondzain / Théâtre de Gennevilliers / La Force de l'Art 02 Grand-Palais Paris 2009 Armide opéra de Lully direction musicale Antoine Plante / Mercury Baroque / Wortham Theater Opera Houston / Théâtre de Gennevilliers 2010 Une (micro) histoire économique du monde, dansée / Théâtre de Gennevilliers / Fujimi Cultural Hall Kirari à Fujimi (Japon)/ à Shizuoka au SPAC-Shizuoka Performing Arts Center (Japon) / Miyasaki au théâtre Miyazaki Prefectural Art Center (Japon) / Le Phénix – Scène nationale de Valenciennes / Théâtre des Salins / Scène nationale de Cavaillon / CDN Orléans 2010 Knockin' on Heaven's Door Festival Extra / ADC Genève / Théâtre de Gennevilliers / Nishi Azabu Superdeluxe à Tokyo 2011 « 16 ans » / Théâtre de Gennevilliers/ Agora cité de la danse de Montpellier dans le cadre du festival Hybrides / CDN dʼOrléans / Préau, CDR de Vire dans le cadre du festival ADO 2011 Clôture de lʼamour / Prix du Syndicat de la critique 2012 « Meilleure création dʼune pièce en langue française » et Grand Prix de Littérature dramatique 2012 Festival dʼAvignon / Théâtre de Gennevilliers / Grütli Genève / Teatro delle Passioni dans le cadre du festival Vie Scena Contemporanea / ZKM à Zagreb dans le cadre du world theatre festival / Daehangro Arts Theater dans le cadre du Seoul Performing Arts Festival / Comédie Scène nationale de Clermont Ferrand / Centre Pompidou (Paris ) / BOZAR theatre et danse de Bruxelles / Théâtre de Châteauvallon / TAP à Poitiers / TU à Nantes / Grand R à La Roche-sur-Yon / Nouveau Théâtre dʼAngers - CDN Pays de la Loire / Théâtre du Nord à Lille / Scène Nationale de Martigues / Théâtre de la Manufacture, CDN de Nancy / Théâtre des Célestinsà Lyon / Lʼespace Malraux Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie / Théâtre de SaintQuentin-en-Yvelines Scène nationale …/… Recréation de Clôture de lʼAmour en russe au Théâtre d'Art Anton Tchekhov de Moscou, entrée au répertoire le 28 novembre 2012 / en croate au ZKM - Zagrebačko Kazalište Mladih, Création et entrée au répertoire le 26 septembre 2012 / en anglais au Abrons Arts Center dans le cadre de Crossing the Line - festival du French Institute Alliance Française (FIAF), Création le 10 octobre 2012 / en italien au Teatro delle Passioni , Création le 30 octobre 2012 / en japonais au SPAC de Shizuoka création le 28 septembre 2013 puis à Osaka / Tokyo 2012 Libido Sciendi (nouvelle production) / Grand Palais (Paris) dans le cadre de Monumenta 2012 : Daniel Buren au Grand Palais - EXCENTRIQUE(S), travail in situ 2012 50mn / performance créée dans le cadre de la 34ème édition du festival les Hivernales – CDC Avignon 2013 Memento Mori / CDC - Les Hivernales en Avignon, 35ème édition du festival / Manège de Mons dans le cadre de Focus théâtre/fr / Théâtre de Gennevilliers / Théâtre Daniel Sorano à Toulouse 2013 Avignon à vie / Festival dʼAvignon / Théâtre de Gennevilliers Il réalise également plusieurs courts-métrages 2004 – Quand nous étions punk 16min – 35mm Avec Kate Moran et Nicolas Granger Image : Caroline Champetier Production : Les Films du Bélier Avec la participation de France 2 Sélection Festival du Film de Locarno 2004 – Paris Tout Court 2004 – Travelling Rennes 2005 – Larissa 2005, Nice 2005 – Caen 2005 – Paris Onze bouge 2005 – Cork 2005 – Festival Aye Aye Nancy – Festival de Rome 2005 – Car Wash 10min – HD Avec Kate Moran et Olivier Torres Image : Caroline Champetier Production : Les Films du Bélier Avec la participation de France 2 et du Conseil Régional des Pays de la Loire et le soutien de la Délégation aux Arts Plastiques Sélection Festival du Film de Locarno 2005 – Festival du film de Rome 2006 2006 – Début 25min – 35mm Image : Yorick Leseaux Production : Les Films du Bélier Avec la participation de France 2, du CNC COSIP et le soutien de la Région Rhône-Alpes et du département de la HauteSavoie Prix de qualité du CNC. Sélection Festival de Vendôme – Festival de Locarno – Festival de Rome – Rencontres du cinéma Européen de Vannes (Prix de la ville de Vannes) – Festival du court de Nice – Festival Paris Cinéma – Festival Côté court de Pantin (Prix GNCR) 2007 – Avant que tu reviennes 30min – 35mm Image : Sébastien Buchman Production : Les Films du Bélier. Avec la participation de lʼaide au programme du CNC et de la PROCIREP 2009 – Premier anniversaire 25 mn – 35 mm Avec Kate Moran, Lou Rambert-Preiss, Josette et René Graner chef opérateur Caroline Champetier Production Les Films du Belier Avec la participation de France 2, l'aide aux programmes du CNC Avec le soutien du Conseil Régional de Lorraine, de la PROCIREP, de lANGOA-AGICOA. Festival de Locarno 2009 Selection Festival international du film de Locarno – International Short Film Festival Leuven 2009 …/… Bibliographie Editions Les Solitaires Intempestifs : De mes propres mains, 1997 Race, 1997 Long Island, 1998 Asservissement Sexuel Volontaire, 2000 Récit de la préparation de Gilgamesh jusquʼà la première répétition en Avignon, 2000 Le début de lʼA., 2001 Paradis (Un temps à déplier) 2004, Mon Fantôme (Cantate) 2004 GENNEVILLIERSroman 0708, 2007 Toute la vie suivi de LʼArt du théâtre, 2007 Clôture de lʼamour, 2011 Avignon à vie, 2011 Editions Actes Sud-Papiers : Le Réveil, 1988 Les Parisiens ou lʼEté de la mémoire des abeilles, 1989 John & Mary suivi de Les Dialogues, 1992 LʼArche Editeur : ASV p.r ; auto-interview trafiquée en plein air 6204+3, in « LEXI/textes » n°5, 2001 Où le plus grand événement est lʼenvol dʼun coq de bruyère, Nouvelle auto-interview enregistrée à Kyoto et Tokyo en avril 2003, (exemplaire 002), in « LEXI/textes » n°7, 2003 Sur Pascal Rambert Rambert en temps réel, Laurent Goumarre, 2005, Editions Les Solitaires Intempestifs Yves Godin, collaboration artistique, dispositif scénique et lumière Créateur lumière, Yves Godin collabore au début les années 1990 aux projets de nombreux chorégraphes (Hervé Robbe, Georges Appaix, Fattoumi & Lamoureux), abordant ainsi un vaste champ d'expérimentations esthétiques. Il travaille ensuite avec plusieurs musiciens, artistes visuels et chorégraphes (notamment Alain Michard, Kasper Toeplitz, Rachid Ouramdane, Julie Nioche, Emmanuelle Huynh, Boris Charmatz, Claude Wampler, Christian Sébille, Maria Donata d'Urso, Jennifer Lacey & Nadia Lauro, Alain Buffard, Vincent Dupont, Olivia Grandville, Pierre Droulers et Michel Schweitzer). Sa démarche porte sur l'idée d'une lumière non dépendante de la danse, de la musique ou du texte, mais qui puisse entrer en résonance avec les autres composantes de l'acte scénique, en travaillant autour de deux axes principaux : la perception de l'espace et du temps, et le tissage de liens en réseaux, plus ou moins anachroniques avec les autres natures en présence (corps, sons, pensée, temps). Aujourd'hui, il collabore principalement avec Vincent Dupont, Olivia Grandville et Boris Charmatz. Parallèlement, Yves Godin créé les installations lumière de l'exposition Legend au Domaine de Chamarande (2008), de l'ouverture du LiFE (Saint Nazaire, 2008) avec Life light, ainsi que du happening Etrangler le temps (préfiguration du Musée de la danse, avril 2009, Le GarageRennes) avec l'installation lumière Fiat Lux pour un garage Volkswagen. Il participe également à l'expo zéro du Musée de la danse au LiFE (St Nazaire, 2009). Depuis 2008 avec Point d'orgue, dispositif pour 1000 bougies, il invite des performeurs à investir son installation, principe de rencontre qu'il développe autour d'autres dispositifs comme Opéra Ampérique et Jardin des Leds. Alexandre Meyer, création musicale Né en 1962, il est membre de divers groupes depuis 1982 : Loupideloupe, les Trois 8, Sentimental Trois 8. Il travaille avec Marc Citti, Fred Costa, Frédéric Minière, Xavier Garcia, Heiner Goebbels, les metteurs en scène Clémentine Baert, Maurice Bénichou, , Robert Cantarella, Véronique Caye, Jean-Paul Delore, Michel Deutsch, Nasser Djemaï, Daniel Jeanneteau, Philippe Minyana, Pascal Rambert, Jacques Vincey, Marie-Christine Soma ; les chorégraphes Odile Duboc, Fabrice Lambert, Mathilde Monnier, Julie Nioche, Rachid Ouramdane ; le sculpteur Daniel Buren ; la conteuse Muriel Bloch ; lʼarchitecte Patrick Bouchain et, pour France Culture, avec Blandine Masson et Jacques Taroni. Infos pratiques Théâtre de Gennevilliers Fondateur Bernard Sobel Direction Pascal Rambert 41 avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers Standard + 33 [0]1 41 32 26 10 www.theatre2gennevilliers.com Réservation sur place ou par téléphone au +33 [0]1 41 32 26 26 du mardi au samedi de 13h à 19h télépaiement par carte bancaire Vente en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com Revendeurs habituels : Fnac — Carrefour 0 892 683 622 (0,34 euros/min), fnac.com, Theatreonline.com, 0 820 811 111 (prix dʼune communication locale), Starter Plus, Billetreduc, Kiosque jeune, Crous et billetteries des Universités Paris III, VII, VIII, X, Maison du Tourisme de Gennevilliers, Maison du Tourisme dʼAsnières-sur-Seine Accessibilité Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite. Navettes retour vers Paris Certains soirs, après la représentation, une navette gratuite vous raccompagne vers Paris. Arrêts desservis : Place de Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République. Accès Métro Ligne [13 ] direction Asnières-Gennevilliers, Station Gabriel Péri [à 15 mn de Place de Clichy] Sortie [1] puis suivre les flèches rayées rouges et blanches de Daniel Buren Accès Bus Ligne [54] direction Gabriel Péri ; arrêt Place Voltaire Accès voiture - Depuis Paris - Porte de Clichy : Direction Clichy-centre. Tourner immédiatement à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre, puis la première à droite, direction Place Voltaire puis encore la première à droite, avenue des Grésillons. - Depuis lʼA 86, sortie n° 5 direction Asnières / Gennevilliers-centre / Gennevilliers le Luth. Parking payant gardé à proximité. Le FoodʼArt Restaurant au sein du T2G, ouvert avant et après le spectacle Tel. + 33 [0]1 47 93 77 18 Valérie Mréjen Les textes signés par Valérie Mréjen lui ont été commandés par le T2G pour le programme 2013-2014.