Alex Fournival - Nico La Clusaz
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Alex Fournival - Nico La Clusaz
Alex Fournival C’est grâce à Alex que l’athlétisme est devenu pour nous plus qu’une passion ! En le côtoyant depuis nos débuts dans les catégories jeunes, nous avons pu voir à quel point il est un modèle de dévouement au service de ses athlètes et de l’athlétisme en général. Rares sont les week-ends qu’il ne passe pas en compétition ou à entraîner, pour le plus grand bonheur de ses athlètes ! Que ce soit pour les plus jeunes ou les vétérans, Alex nous a toujours étonné par sa véritable science des allures car il arrive à donner l’allure des séances de fractionnés à la seconde près. Ce serait une immense joie que d’améliorer un jour son record au 1500m. Ses 3’41’’76 qui nous semblaient inaccessibles à nos débuts et qui, après plus de 10 ans d’entraînements passés ensemble, sont en passe de devenir réalité... Guillaume et Romain Alex...Tu peux te présenter? Né le 23 Avril 1961 à St Aubin sous Erquery, village de 300 habitants dans l’Oise en Picardie, Je suis marié et j'ai 3 enfants. Président et coach du Club athlétique Ambilly, Élu à la ligue Rhône Alpes Athlétisme – Technicien à la commission Jeunes. Président de commission départementale des jeunes. Membre de l'équipe technique régionale de demi-fond. Dès l'école primaire au collège, notre instituteur et nos professeurs EPS organisaient des activités courses (ballades en forêt, courses par équipes et cross) et football. A cette période, les cross étaient très médiatisés (les quotidiens, la TV). J'étais déjà un fan de Noël Tijou, Jean Wadoux que je voyais tous les ans au cross du Figaro. A cette époque, l'athlétisme était centré qu'autour du cross. Nous en courions une douzaine durant la saison hivernale. Je réalise 1'52'5 en junior (Médaille de bronze aux championnats de France), 1'51'39 et 3'47''2 en espoir. C'est à ce moment que je change de coach, et je suis pris en charge par Jean Pierre Dufresne (½ finaliste aux jeux de Mexico en 68 sur 800m : records 1'46'8 et 3'38''8). Je lui dois beaucoup (dur à l’entraînement, et surtout très pédagogue). Avec Jean Pierre, tout est réfléchi Alex...comment as-tu découvert l'athlétisme? J’ai commencé l’athlétisme (après détection aux cross en ASSU) en club à l’âge de 14 ans à l’Entente Athlétique de Creil. Dès la première année, je remporte les titres de champions de Picardie de cross et du 1200m dans la catégorie minime. En cadet je suis attiré par toutes les épreuves de l'athlétisme, je remporte les titres régionaux à la hauteur (1m87) au javelot (54m76) et le 800m (1'58''00). En suivi Inter-régional ½ fond dans le Nord, je me dirige alors vers le 800m durant les catégories juniors et espoirs. Mes records : 400m 49''6 – 400m haies 55''90 800m 1'50''20 – 1000m 2'22''86 – 1500m 3'41''76 – 3000m 8'06 – 5000m 14''10 – 10km route 30''56 – Semi 1h07'59 – Marathon 2h35'18. Un souvenir d'enfant : Souvent aux regroupements, Jean Wadoux nous rendait visite, courait à nos coté. Il était à l'époque toujours le recordman de France du 1500m en 3'34. Quels ont été les moments forts de ta carrière sur piste? Difficile de choisir, j'ai tellement de moments forts : En salle : 1'52''10 et 8'17''60 Du point de vue athlète : à l'époque, c'était de gagner des courses, des meetings, pas de lièvre, les courses se passaient devant et les chronos tombaient comme ça… D’avoir couru en meetings internationaux (Golden League) sur 1500m, mile et 2000m aux côtés des champions olympiques, Seb Coe, Steve Ovett et Said Aouita. … Alex Fournival En 1988, j'ai rejoint l'AS Aix les Bains, une 2éme carrière commençait, les championnats interclubs, les France de Relais, les conseils de Robert Bogey, et s’entraîner avec Paul Arpin (4 titres de Champions de France de cross et double finaliste aux Jeux de Séoul en 1988) à Aix les Bains. – 2 titres de champions de France de relais 4x 1500m – Vice champion sur le 4x800m - 10 places de finalistes aux Championnats de France sur piste dans toutes les Catégories Tu es devenu entraîneur par la suite, qu'est ce qui t'a donné envie d’entraîner ? Ce sont tes coachs qui t'ont transmis cette passion de l’entraînement ? C'est sûr, j'ai toujours eu des coachs disponibles, à mon écoute, avec beaucoup de communication, d'émotion. Victoires ou défaites, ils trouvaient toujours les raisons et des solutions. Ils m'ont vraiment donné la passion pour la formation. J’ai acquis pendant ma carrière des ressentis, un savoir faire et j'échange beaucoup avec d'autres coachs lors de colloques, de stages Ligue (Robert Bogey, Alain Ponal, ...).En plus par le biais de mon métier de professeur et une passion de quarante années, ça aide. Ma conviction d'avoir trouvé au moins une forme de réponse, devient plus précise à la lecture des résultats de Guillaume et Romain Qu'est ce que tu ressens quand la méthode fonctionne (comme avec Guillaume et Romain) ? J’entraîne depuis 1986 des athlètes de tout niveau, je ne peux pas dire que j'ai une méthode particulière. Quel est l’athlète ou l’entraîneur, qui ne s'est pas posé un jour cette question : mais comment être en forme le jour précis que l'on s'est fixé. Cette interrogation fut la mienne pendant plus de 15 années. Ma conviction d'avoir trouvé au moins une forme de réponse, devient plus précise à la lecture des résultats de Guillaume et Romain. Je suis rarement surpris de leurs résultats. Je voudrais signaler un point très important, Guillaume et Romain ont une grande force mentale. Mon rôle est primordial, beaucoup de complicité, de confiance, et ma psychologie permet souvent d'obtenir des résultats qui paraissent inaccessibles. ... Guillaume: "Alex avec Romain et moi juste après le 1000m du meeting de Saint-Genis en août 2005. Alex nous avait emmené les 800 premiers mètres et nous avions couru Romain et moi en 2'42 (Romain avait fini devant) pour notre dernière course en minime et Alex avait terminé en 2'45 !" Alex Fournival Tu t'occupes de combien d’athlètes ? Depuis 2001, je m'occupe d'une quarantaine d’athlètes des benjamins aux Vétérans. Biensûr du ½ fond, Sauts, Sprints haies et un groupe hors stade. On parle du faible niveau du demi-fond français dans les compétitions internationales ? Je ne suis pas d'accord, le niveau français sur le demi fond court (800m à 3000 steeple) se reconstruit, l’Élite française est vieillissante mais derrière de nombreux jeunes pointent. Depuis les contrôles, le niveau mondial est revenu à la portée de beaucoup de coureurs propres. Je suis moins optimiste pour le ½ fond féminin et le 5000m, 10000m. Ces 2 épreuves sont délaissées au profit de la route plus rémunératrice. La preuve, pour le cross, aucune équipe de France Senior Masculine aux championnats du Monde 2013. Au niveau de la détection, crois-tu qu'il faille commencer la détection très jeune dans les écoles et ne pas forcement orienter tout le monde vers le foot, le hand? En tant que club formateur, nous fonctionnons avec une quarantaine de jeunes de 7 à 10 ans. Ils découvrent l'athlétisme par des activités d’Éveil sur 1 à 2 séances de 1h15 par semaine au choix. Chaque année nous avons une fuite vers d'autres sports collectifs d'environ à 60%. Plus inquiétant, ce sont les 12 à 14 ans, qui se forment sur 2 à 3 années (coordination, vitesse, motricité …) et qui partent dans les clubs de handball, rugby et football. Pourquoi partent-ils ? La compétition individuelle est difficile et moins ludique qu'un sport collectif avec ses copains. Les résultats sont visibles et surtout les jeunes manquent d’intérêt à l'effort. Le foot pour les très jeunes (avec les plateaux) est très formateur pour l'aérobie qui manque maintenant pour les jeunes en athlétisme (plus d'organisation de course en nature). ... Alex Fournival Un enfant peut commencer la VMA à quel âge ? Faut il attendre la catégorie cadet avant de se spécialiser dans une discipline. Un jeune peut commencer le travail de VMA courte en nature sur des parcours bien étalonnés, ou des circuits en salle à partir de 10 ans. Mais attention ce travail peut vite dériver. L’éducateur doit bien maîtriser cet exercice. Il est préférable de se spécialiser à partir de cadet bien sûr, après cela dépend du niveau recherché et surtout le potentiel du jeune. L'athlétisme reste un sport formateur généraliste (endurance, vitesse, force et détente). Ensuite il faut remplir les conditions adéquates, la maturité, niveau d'aptitude, et l'environnement. Peut-on travailler sa Vma assez tard en espérant une progression si on ne l'a pas travaillé jeune ? La Vma reste primordiale à la progression .Il faut la travailler à tout âge et toute l'année en vue d'un objectif. Je vous conseille de faire ce travail sur des parcours natures et variés sur lesquels vous pourrez développer différentes qualités physiologiques du coureur de demi fond. En nature, ce travail est moins agressif. Sa progression restera limitée mais sûre. Penses tu que le pistard doit suivre un allongement des distances dans le temps, Commencer par le 800m puis le 1500m , le 5000m Je ne pense pas que le pistard durant sa carrière puisse passer du 800m au 5000m. N'ayant pas les mêmes aptitudes physiques, qualité et quantité d’entraînement. Les entraînements restent très spécifiques, maintenant au vue des chronos réalisés. Les carrières sont de plus en plus courtes, sauf exception comme LAGAT ou EL GUERROUJ. C'est le coach qui connaît le mieux son athlète et qui peut le faire monter sur la distance supérieure. Pour un coureur junior de 800m, une grosse quantité de qualité peut avoir des effets bénéfiques sur le 1500m. Tu as fait les mondiaux vétérans en 2005, 2008 et Europe en 2011.Tu en gardes quels souvenirs ? Mes Mondiaux en 2005 ne se sont pas très bien passés, j'y suis allé avec une tendinite. Je n'ai pu accéder aux finales du 1500m (éliminé en 4'15) et du 5000m (éliminé en 16'04). Mes Mondiaux en 2008 en Salle, je m'étais bien préparé en vue de cet objectif (3 courses en 3 jours). Finale en 3000m en 9'25 et 7éme en finale du 1500m en 4'24. Même 20 ans après, l'envie de gagner, l'esprit de réaliser une performance étaient toujours là. Mes championnats d'Europe de semi marathon en 2011, sur un magnifique parcours, je termine à la 14éme place en 1'20''45 et la 3éme place par équipe avec la France. Merci Alex