La page des profs “Du longboard sur le Bund à 2h du matin”

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La page des profs “Du longboard sur le Bund à 2h du matin”
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La page des profs
“Du longboard sur le Bund à 2h du matin”
Il faisait des maths sans arrêt, même le jour de Noël. Il faisait des sauts énormes en VTT et, maintenant, il fait du skate sur le Bund en pleine nuit. Rencontre avec le « phénomène » Florent Telliez.
Vous avez travaillé aux Etats-Unis, pouvez-vous nous faire partager cette expérience ?
C’était en 2009-2010. J’habitais à Portland dans l’Oregon. Vous savez, là où il existe
encore des grunges et plein de clubs underground. J’étais prof de maths au collège,
dans une école américaine avec des élèves uniquement américains de catégorie
sociale très privilégiée. Malgré tout ce que je raconte sur l’Amérique, ça m’attire
beaucoup. Un jour j’ai eu cette chance donc j’y suis allé. J’ai rencontré des gens
sympas. Mais quand même, parfois, un petit manque d’ouverture. Je dirai qu’en
temps que Français, j’aime bien me moquer de mon pays, même de mes origines.
J’ai essayé de critiquer les Américains en rigolant et c’est mal passé, ils m’ont dit :
« si t’aimes pas, rentre chez toi ».
Comment avez-vous atterri à Shanghai?
Après les Etats-Unis, j’ai postulé au Vietnam, à Hong-Kong, Pékin, Shanghai, un
peu partout en Asie. Le Vietnam et Shanghai m’attiraient particulièrement. Mais
j’avais aussi travaillé à Wuhan il y a 4 ans en tant que prof de maths à l’université.
Une ambiance très sympa et une vie agréable en Chine. J’avais envie de revenir.
On se plait bien à Shanghai.
Pouvez- vous nous faire partager une expérience qui vous a marqué dans votre
profession ?
Un truc qui m’a vraiment marqué l’année dernière, c’est le repas avec les terminales
S. Cela a été un retour extraordinaire en temps que prof. De savoir que les élèves
avaient beaucoup apprécié l’année, ça m’a fait plaisir. Le but est de faire progresser
les élèves en temps qu’humain et dans la discipline. Mais sinon, je suis quelqu’un
de plutôt pessimiste.
Quelles études avez-vous fait ?
Des mathématiques, deux ans en prépas, mais je n’avais aucune envie de faire ingénieur et les grandes écoles, ça m’a repoussé. Je voulais
être prof depuis le début. Parce que ce qu’il y a de bien dans ce métier, c’est le relationnel avec beaucoup de gens : les adultes qui peuvent
enrichir et le relationnel élève qui est très important et intéressant surtout dans un lycée comme à Shanghai, où on peut interagir avec
les élèves. Le temps libre à côté, c’est utile pour se former et réfléchir sur la vie. Vous ne vous imaginez pas mais c’est aussi beaucoup de
travail.
Racontez nous vos années marseillaises ?
Jeune prof, 24ans. Marseille, ça a été une très bonne expérience. Un enseignement réduit au plus bas niveau mais les élèves étaient attachants, même si c’était difficile. Une expérience très originale. C’est délicat d’enseigner les maths, surtout quand les élèves lancent des
œufs sur le tableau. Il y en avait qui faisaient pipi ou caca dans les couloirs aussi.
Qu’est-ce qui vous plait dans les maths ?
Qu’est ce qui me plaisait plutôt ? (sourire) J’aimais les maths qui ne servaient à rien. Les maths à but pratique et appliqué ça ne me plaisait pas. J’aimais les maths abstraites sans aucun but. Un plaisir de bricoler des maths sans forcément d’applications pratiques. C’est partir
d’un concept A pour démontrer un concept B. Pendant un moment, je me levais le matin à 7h et jusqu’à 12h je ne faisais que ça. Que des
maths. C’est vrai, je me rappelle même le jour de Noel. J’adorais ça, c’était ma passion. Après, je me suis orienté vers la recherche, et je
projetais de faire une thèse. Je n’ai pas fini et j’avais d’autre envies.
Avez-vous d’autres passions ?
J’ai longtemps fait de la photo, mais j’ai un peu arrêté ces dernières années. J’ai fait comme Karl Lagerfeld, j’ai été sur des photos pour les
magazines. Mais de sport: je faisais des sports à risque: du VTT free ride avec des sauts en pente raide... Je me suis cassé les deux poignets. Et puis des randonnées snowboard, je montais des couloirs et je les descendais. Maintenant je suis un peu moins costaud (rires). A
Shanghai, ce que j’aime bien faire, c’est de la courbe en longboard sur le Bund à 2h du matin alors qu’il n’y a personne.
Propos recueillis par Agathe Mercier & Joannes Chapot
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