Un autre visage - Festival Migrant`Scène

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Un autre visage - Festival Migrant`Scène
Migrant’scène ou le festival maubeugeois du respect de la dignité de tous les
hommes
Publié le 17/11/2013
Par CATHY GERIG avec PATRICK JAMES (Photo d’archives)
Entre la théorie, qui dit que les hommes naissent égaux en droits, et la pratique il y a souvent un (grand) écart.
Depuis quatre ans, un collectif de six associations rompt le silence, synonyme d’acceptation, via, notamment, le
festival Migrant’scène. Cette année, il donne la parole aux femmes.
« Nous ne sommes pas des extraterrestres. Nous voulons juste faire reconnaître que les personnes étrangères
sont des hommes et des femmes dont la dignité doit être respectée, comme celle des plus pauvres », estime JeanMarie Rausenberger, du groupe local Cimade Maubeuge, un service œcuménique d’entraide. Pour la quatrième fois
à Maubeuge, aidé par les représentants de cinq autres associations, il a organisé Migrant’scène, un festival
proposé dans toute la France par la Cimade.
Le thème « Les Femmes et les migrations » n’a pas été choisi au hasard. « D e plus en plus de femmes seules,
avec ou sans enfants, avec ou sans papiers, viennent à la permanence », explique-t-il. Le but de la manifestation
est de les faire parler et débattre avec le public.
« Un autre visage »
Si certaines ont des parcours très difficiles, d’autres ont su se tracer un avenir fait de réussite. « Il y a un autre
visage que celui de la femme migrante souffrante », rassure Bernadette Lemoine, de Vivre ensemble - La
Pastorale des migrants. Quel que soit leur parcours « elles enrichissent la société », commente Angélina Zajdel, de
CCFD Terre solidaire. « Les migrantes ne restent plus dans leur cuisine, elles contribuent à la société. Leur
témoignage permettra de modifier un climat entretenu par l’oubli des actions positives », confirme Mélanie
Guillermo, du Secours catholique.
Le film Correspondances, projeté le mardi 19 novembre à Ociné, se repose sur des échanges écrits et parlés entre
des femmes d’ici, aux parcours variés, et leurs familles restées là-bas. Quant au débat, entre des migrantes et le
public, il ne servira « pas à dire qui elles sont, mais à parler ensemble », précise Lucien Jadas, le président de la
Ligue des droits de l’homme Maubeuge - Avesnois. Une pause conviviale dans le hall du cinéma, fournira une autre
occasion d’échanger.
Les organisateurs du rendez-vous espèrent que le dialogue et une meilleure connaissance des migrants feront «
en sorte qu’on les traite en humain, implore Lucien Jadas. Nous nous intéressons au destin des gens qui sont
devant nous, pas au pourquoi de leur présence. On ne peut pas les traiter comme des bêtes. Et même pour les
animaux il y a la SPA ».
– Le mardi 19 novembre, de 19 h à 21 h 30, à Ociné, à Maubeuge. Gratuit. Projection suivie d’un débat
et d’une pause conviviale.
Un collectif Roms
L’union fait la force. Souvent complémentaires et pourvues de peu de moyens, les associations de Maubeuge et
environs ont pris l’habitude de se rapprocher. À dix, elles ont constitué le Collectif Roms. « Nous avons écrit au
sous-préfet d’Avesnes pour lui dire que le collectif existe et que dans l’éventualité de l’arrivée de familles, nous
seront présents », explique André Dhelin, de Vivre ensemble - La Pastorale des migrants, même si, comme les
autres parties, il ne comprend pas qu’il faille ethniciser l’aide.
D’ailleurs, aucun des organisateurs de Migrants’scène ne comprend tout le ramdam autour de l’arrivée potentielle
de quatre ou cinq familles du côté d’Hautmont. Leur interrogation est d’autant plus grande qu’entre 1998 et 2000,
une cinquantaine de Kosovars sont arrivés à Maubeuge. « À l’époque, l’accueil avait été positif de la part de la
population. Dix ans après, voilà ce qu’il est devenu. » Les Kosovars étaient alors logés au foyer Sangha et tous
leurs frais étaient pris en charge par les Maubeugeois…
De nouveaux flux
La Cimade a ouvert une permanence à Maubeuge il y a huit ans. De plus en plus fréquentée, elle fait aussi office
d’observatoire. Entre 2005-2006 et aujourd’hui, les migrants ne viennent plus des mêmes régions du globe.
Il y a huit ans, ils venaient majoritairement du Maroc et d’Algérie. Puis, les migrants d’Afrique subsaharienne ont
été les plus nombreux, et tout particulièrement ceux de République démocratique du Congo. Depuis 2010 - 2011,
l’antenne voit arriver des migrants en provenance des pays de l’Est, notamment de ceux de l’ex-URSS où ils se
sentent menacés en raison de leurs opinions politiques. Quant aux Algériens désormais devant les Marocains, des
jeunes continuent de venir, poussés par des motivations économiques.
Un premier mineur isolé
Les représentants de la Cimade sont également confrontés à des Maghrébins, installés en Sambre depuis parfois
près de dix ans et qui s’aperçoivent, en toute bonne foi, que pour vivre en France il est nécessaire d’avoir des
papiers. Et pour la première fois, il y a un mois, un mineur isolé (un phénomène plus fréquent à Lille) s’est
présenté. Il venait d’Érythrée.
Quelle que soit leur origine, la Cimade les aide dans leurs démarches juridiques et, de plus en plus souvent pour
des questions d’ordre social : comment se vêtir, se nourrir ou se loger. Dans ce cas, le service œcuménique les
renvoie vers les associations caritatives ou le 115, pour les hébergements d’urgence.