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Résumés / Abstracts RÉSUMÉS / ABSTRACTS Bernier Xavier - Les dynamiques réticulo-territoriales et la frontière en zone de montagne : approche typologique Cet article examine les dynamiques des réseaux de transport et des territoires liées à la frontière en zone de montagne. L’étude des réseaux infrastructurels et fonctionnels des modes routiers, ferroviaires mais aussi liés aux transports par câbles (remontées mécaniques des stations de ski notamment), leur évolution récente et les enjeux qu’ils suscitent, sont autant de clés pour appréhender les dynamiques spatiales et territoriales en zone de montagne. À travers des exemples empruntés à l’Himalaya du Népal, au Monts Liban et aux Alpes franco-italiennes, on s’interrogera sur les dialectiques d’ouverture/fermeture. Les interactions complexes qui caractérisent le système réticulo-territorial en zone de montagne seront représentées sous une forme matricielle faisant apparaître une typologie composée de quatre modèles. Transportation networks and regional systems in mountain border areas : toward a typology of dynamic processes This paper examines the set up and evolution of transports network systems in mountain border areas. Nepalese Himalaya, Mount Lebanon, French and Italian Alps will be used as examples.The dynamic interactions between networks and ter- ritories in mountain border areas are summarized in a matrix that distinguishes four main types of interactions. Including different scales of time (long term, time of seasons, journey time) and space (great mountain ranges, internal mountain masses, mountain places -touristic stations and sites, natural and national parks…-), the model allows to discuss the dialectic processes of opening/closing. Medina-Nicolas Lucile - La Route Interaméricaine au prisme de l’intégration régionale : vers un décloisonnement progressif des frontières de l’Amérique centrale. Le nom d’Interaméricaine désigne le segment centraméricain de la mythique route Panaméricaine dont l’asphalte traverse les deux Amériques, de l’Alaska à la Patagonie chilienne. Sur quelque 3 000 kilomètres (sans compter la section mexicaine), la route Interaméricaine est elle-même l’axe de communication principal de l’Amérique centrale. Elle se pose comme l’unique axe régional qui recoupe l’ensemble des frontières de l’Amérique centrale, une sorte de colonne vertébrale décloisonnant l’isthme autour de laquelle s’articulent ensuite les réseaux nationaux. Cet article se propose d’analyser les circonstances de sa conception comme les options qui se posent aujourd’hui. L’ensemble apparaît intimement lié aux évolutions du contexte 1 Flux n° 70 Octobre - Décembre 2007 géopolitique régional sur cette bordure de la « Méditerranée américaine ». La réalisation de ce corridor routier, impulsée par les Etats-Unis et confortée dans les années 1960 par la création du Marché Commun Centraméricain (MCCA) a pâti à partir des années 1970 des conflits politico-militaires faisant des frontières des fronts stratégiques. Aujourd’hui, quels sont les enjeux auxquels l’Interaméricaine se trouve confrontée ? Deux apparaissent cruciaux, à deux échelles de réflexion différentes. Le premier engage l’avenir de l’Interaméricaine en tant qu’axe privilégié des échanges régionaux centraméricains et support de l’intégration réactivée. Le second relève d’une dimension géopolitique plus large que la simple sphère régionale : il concerne l’ouverture du Tapón du Darién à la frontière du Panama et de la Colombie, où un tronçon de route manque pour assurer la continuité de l’axe panaméricain. Issues of regional integration: the Inter-American highway and the progressive decompartmentalization of Central America countries The name Interamerican refers to the central american segment of the mythical Panamerican road, the asphalt of which crosses the two Americas, from Alaska to the Chilian Patagonia. On about 3,000 kilometres (without including the Mexican section) the Interamerican road is itself the main means of communication in Central America. It is considered as the only local line of communication which gathers all the boundaries of Central America, a kind of vertebral spine connecting the isthmus with the inland systems. This article purposes to analyse the circumstances of its conception as well as the different choices on nowadays. The work of the whole seems closely tied with the changes of the local geopolitical context on that border of “American Mediterranean”. The carrying out of that road passage, impulsed by the USA and comforted with the creation of the Central American Common Market during the sixties, has suffered since the seventies from the political and military conflicts using boundaries as strategic lines. Nowadays, which stakes the Interamerican will be confronted with? Two of them seem crucial, on two different levels of thought. The first one commits the future of the Interamerican as a privileged way of local centralamerican exchanges and as a support of restored integration. The second one concerns a geopolitical sphere wider than the single local sphere : it concerns the opening of the Tapón of Darién on the border between Panama and Colombia, where a road section is missing to carry on the panamerican way. 2 Thorez Julien - La construction territoriale de l’indépendance : Réseaux et souveraineté en Asie centrale postsoviétique Au moment de leur indépendance en 1991, les États d’Asie centrale post-soviétique (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan) ont hérité d’espaces nationaux enclavés, émiettés, compartimentés et imbriqués, c’est-à-dire d’une assise territoriale mal appropriée à leur statut inédit d’état souverain. Dans le contexte de la transition géopolitique postsoviétique, le manque de cohésion, l’interdépendance fonctionnelle et l’enclavement des espaces nationaux ont menacé la viabilité et la souveraineté des pays centre-asiatiques. Devant les contraintes politiques, économiques et sociales induites par cette configuration spatiale, la politique de consolidation étatique menée par les autorités post-soviétiques comprend un important volet territorial. La politique d’aménagement du territoire repose non seulement sur la fonctionnalisation des frontières et la valorisation des lieux du pouvoir mais également sur le remodelage des réseaux de transports (routier, ferroviaire, aérien), action dont les autorités attendent des effets spatiaux, politiques et symboliques. A l’échelle républicaine, il s’agit d’adapter les réseaux aux frontières, en élevant leur connexité et leur connectivité, dans la perspective d’unifier les espaces nationaux et de limiter l’interdépendance produite par la politique d’aménagement soviétique. Dans le même temps, à l’échelle internationale, la construction d’axes de désenclavement alternatifs et la réorientation du réseau aérien permettent l’insertion des républiques d’Asie centrale dans l’espace eurasiatique et modifient les mécanismes de domination au sein du champ géopolitique régional. En contribuant à la résolution de l’enclavement, ces modalités d’ajustement du treillage au maillage réduisent les contraintes qui affectent la viabilité des États centre-asiatiques. Par-delà la transformation de l’organisation de l’espace, la construction des réseaux participe également du dispositif sémiotique développé pour affirmer la légitimité, la souveraineté et la centralité des Etats d’Asie centrale post-soviétique. The territorial building of independence. Networks and sovereignty in post-Soviet central Asia After the collapse of the USSR, territories inherited by central Asian countries were land-locked, fragmented and interwoven. This territorial organisation was not appropriate to the Kazakhstan’s, Kyrgyzstan’s, Uzbekistan’, Tajikistan’s and Turk- Résumés / Abstracts menistan’s new sovereign status. In the context of post-Soviet geopolitical transition, lack of spatial cohesion, functional interdependence and land-lockedness are a problem for the state’s viability and sovereignty. Because of the political, economical and social constraints produced by this spatial configuration, the post-Soviet politics of nation building include a territorial approach. The territorial politics consists to functionalise borders, develop the capitals and, to reorganize the transport infrastructures. On a national scale, the central Asian states want to optimise their networks for their own need, to unify national spaces and to reduce the interdependence produced by the Soviet policy. On an international scale, they support the constructions of alternative routes and the reorientation of air space to incorporate Central Asia within Eurasia and to modify regional mechanisms of geopolitical domination. Contributing to rising accessibility, the adjustment of the national infrastructures reduces the territorial obstacles to the sovereignty of central Asian states. Beyond the transformation of the territorial organisation, the development of transport networks also functions as semiotic device developed to affirm the legitimacy, sovereignty and centrality of post-Soviet central Asian states. Debrie Jean - Géohistoire d’un tracé technique : frontières et réseaux en Afrique de l’ouest continentale « francophone » La géohistoire d’un tracé technique revient à identifier sur une temporalité donnée le lien entre réseaux et échelles spatiales. Cet article aborde la production des tracés routiers et ferroviaires en Afrique occidentale « francophone » pendant le temps colonial et le temps national. Le tracé est ici entendu comme formatage par un pouvoir d’un projet sur un espace délimité. A l’intérieur des frontières coloniales puis nationales se sont donc formatées des routes et des voies ferrées qui peuvent être relues comme le résultat d’un compromis entre un projet et la capacité de le réaliser. Cet essai de géohistoire permet ainsi d’identifier autour du lien frontières-réseaux les différentes logiques géographiques successives (binôme et branches d’exploitation, axe national, axe économique, connexion externe) qui se sont déployées sur ces espaces délimités. Cet exercice se concentre plus particulièrement sur la partie continentale de l’espace ouest-africain. Geohistory of a technical network: borders and transportation networks in Western Africa Geohistory of a technical network is an identification of the link between networks and spatial scales during one period. This article is about the production of the roads and railroad tracks in western Africa during the colonial time and the national time. The tracing is here sensible like a formatting by a power of a project on a area delimited. Inside of the colonial borders and then inside the national borders, the roads and the railroad tracks have been formatted. These ways can be reread as the result of a compromise between a project and the capacity to achieve this project. This test of geohistory permits to identify the different successive geographical logics (axis of exploitation, national axis, economic axis, external connection) that are developed on these spaces. This exercise is led more especially on the continental part of the West-African area. 3