Esquisse de tableau de bord pour le Parc naturel marin de Mayotte

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Esquisse de tableau de bord pour le Parc naturel marin de Mayotte
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Le Parc naturel marin de Mayotte recèle des trésors de biodiversité exceptionnels à l’échelle mondiale. Le présent
et surtout l’avenir de Mayotte dépendent de notre capacité à les préserver et à les valoriser. Notre responsabilité
à cet égard est immense.
Le Parc a 6 ans. C’est un parc jeune mais qui a déjà des premiers résultats à son actif.
La mise en œuvre d’un tableau de bord pour le Parc permet d’avoir une vision claire et synthétique de ces résultats,
d’identifier les marges de progression et le chemin à parcourir pour atteindre les objectifs fixés en 2012 par notre plan de
gestion. Le Parc est attendu sur la protection du patrimoine naturel, la conquête d’une bonne qualité de l’eau du lagon,
la valorisation de la culture maritime ou la sensibilisation des Mahorais à la préservation de ces richesses naturelles
uniques au monde. Le Parc a également des objectifs sur le développement durable des usages traditionnels, de loisirs
et des activités économiques structurantes pour l’île : la pêche, l’aquaculture ou le tourisme. Ce développement,
auquel je suis si attachée, ne pourra se faire que si nous parvenons à préserver notre environnement exceptionnel.
Ce premier tableau de bord, une esquisse puisque c’est une démarche en cours de construction, nous donne des
premières informations sur l’état du milieu marin et des activités qui en dépendent. Néanmoins, de nombreux suivis
sont encore à mettre en œuvre pour établir et renseigner les indicateurs.
Ce tableau de bord est un outil important pour nous, les membres du conseil de gestion du Parc. Il nous aidera à
prendre les décisions nécessaires pour l’avenir de notre mer. C’est également un outil autour duquel doit se retrouver
l’ensemble des acteurs de la société mahoraise. En effet, le milieu marin subit de nombreux impacts dont les causes
sont extérieures au Parc. Il peut s’agir de phénomènes globaux comme le changement climatique, sur lequel les actions
menées localement n’ont pas d’influence directe sur notre lagon, mais aussi de problématiques locales, comme
la gestion des déchets, de l’assainissement ou de l’érosion.
À ce titre, les informations présentées dans ce document serviront de base, non seulement pour ajuster les plans
d’actions du Parc mais aussi pour alimenter les réflexions des acteurs locaux, porteurs des politiques de développement
de Mayotte, afin que celles-ci soient à la fois ambitieuses et cohérentes avec l’impératif de préservation de la mer,
indispensable à notre vie sur l’île.
Bichara Bouhari Payet,
Présidente du Parc naturel marin de Mayotte,
Conseillère départementale du canton de Dembéni.
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DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE >
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TA B L E A U
Le Parc naturel marin de Mayotte est gestionnaire d’un
espace marin exceptionnel de 68 000 km², comprenant
le lagon et l’ensemble de la zone économique exclusive.
Le conseil de gestion, composé d’acteurs locaux, d’experts et
des services de l’Etat, en assure la gouvernance. Le Parc a été
créé en 2010 pour protéger, mieux connaître cet espace marin
et soutenir le développement durable des activités maritimes.
Ces objectifs sont traduits en sept orientations de gestion,
déclinées dans un plan de gestion adopté en 2012, véritable
projet de territoire pour Mayotte pour les quinze ans à
venir. Ce plan de gestion s’accompagne d’une évaluation
de l’efficacité de l’action du Parc, afin de savoir s’il répond
bien aux objectifs fixés à sa création. Cette évaluation est
l’objet même du tableau de bord présenté dans ce document,
qui reste une esquisse puisque la démarche est en cours de
construction.
Une vision globale et synthétique
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tous ces domaines les cibles que le conseil souhaite atteindre à
long terme, cibles qui sont déclinées en finalités, sous-finalités
et objectifs de gestion. L’atteinte de ces résultats est évaluée au
moyen d’indicateurs, regroupés dans un tableau de bord qui offre
une vue synthétique de la situation et des tendances observées
dans le Parc.
Prioriser les indicateurs
Le rôle d’un indicateur est de simplifier un message plus complexe.
Un travail de priorisation doit être mené pour limiter le nombre
d’indicateurs afin de disposer d’un tableau de bord performant,
compréhensible par le conseil de gestion et les acteurs du territoire.
Il faut trouver le juste équilibre entre plusieurs critères de qualité, un
bon indicateur devant être reproductible, fiable, pertinent et réaliste
avec les moyens humains et financiers du Parc. On comprend
aisément que toutes ces qualités sont rarement réunies et que
tout choix d’indicateur est le fruit d’un compromis. Ces choix ne
relèvent pas uniquement de questions scientifiques mais également
de décisions de nature politique relevant du conseil de gestion.
en 8 chapitres définissant ses champs d’intervention, qui sont
également ceux de ce tableau de bord :
• pôle d’excellence,
• qualité de l’eau,
• pêche professionnelle,
• aquaculture,
• activités traditionnelles,
• tourisme et loisirs,
• patrimoine naturel,
• gouvernance du Parc.
La lecture des indicateurs du tableau de bord va permettre
de répondre à des questions clefs : Où en sommes-nous
aujourd’hui ? Où voulons-nous aller ? A-t-on bien fait
jusqu’ici ? Comment faire mieux si nécessaire ?
Ils forment un tout cohérent pour préserver de façon globale et
à long terme le patrimoine naturel marin et la qualité de l’eau,
en prenant en compte l’ensemble des activités maritimes (pêche
professionnelle et vivrière, aquaculture, tourisme et loisirs) et la
dimension culturelle de la mer. Le plan de gestion définit dans
Le tableau de bord présente de multiples intérêts stratégiques pour
le Parc. Il joue un rôle de pilotage et d’aide à la planification en
alertant les membres du conseil de gestion et en servant de support
pour alimenter les débats et les échanges sur la conduite à tenir, la
stratégie d’actions commune à mener quand un indicateur évolue
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DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
Le tableau de bord et le plan de gestion sont deux entités
qui ne peuvent être dissociées l’une de l’autre.
L’évaluation au cœur de la gestion
défavorablement ou stagne. Le tableau de bord est un outil de
rapportage local à destination des différents partenaires. Il permet
de juger l’efficacité des actions menées par le Parc et par l’ensemble
des acteurs, qui agissent et interviennent sur le périmètre du Parc
dans leurs champs de compétences respectifs. L’équipe du Parc
n’agit pas seule sur le milieu marin mahorais. Les décisions sont
prises par les membres du conseil, qui représentent toutes les parties
concernées par la mer et plus globalement les citoyens. Le tableau
de bord fournit des clefs pour ajuster l’action du Parc mais
également pour alerter l’ensemble des structures compétentes
en mer, les usagers et le grand public afin de prendre les mesures
nécessaires et de faire changer les comportements.
Le tableau de bord est donc conçu dans une perspective globale
et intégrée, où l’efficacité de l’ensemble des actions menées sur
le territoire est évaluée au regard du plan de gestion.
C’est également un outil de rapportage national s’inscrivant dans
le tableau de bord des aires marines protégées. Cette démarche
participe à l’évaluation des politiques publiques, une priorité
grandissante dans l’ensemble des domaines d’action de l’Etat,
bailleur de fonds du Parc via l’Agence des aires marines protégées,
établissement public. Selon le code de l’environnement, cette
évaluation a même un caractère obligatoire dans les parcs naturels
marins.
Une évolution dans le temps
Une exigence de transparence
La réflexion sur les indicateurs a débuté en 2011 avec l’élaboration
du plan de gestion. À l’époque, 95 indicateurs avaient été
succinctement proposés dans le plan de gestion, mais un manque
globalisé de connaissances et un défaut de ressources techniques
disponibles ne permettaient pas leur mise en place immédiate.
L’expérience a démontré qu’aucun plan de gestion de parc naturel
marin n’a pu démarrer avec un tableau de bord opérationnel,
c’est-à-dire avec 100% de ses indicateurs construits, renseignés
avec une grille de lecture et un protocole stabilisé. Une analyse plus
poussée des indicateurs proposés initialement a donc été conduite
afin de se réinterroger sur leur pertinence et leur consolidation.
La mise en place du tableau de bord du Parc et son appropriation
nécessitent donc un travail important, collectif, s’inscrivant dans
la durée après l’adoption du plan de gestion.
Suite à ce travail effectué en 2014 et 2015, certains indicateurs ont
été réorientés pour gagner en pertinence et faisabilité, d’autres
ont été abandonnés pour diverses raisons (objectif non prioritaire,
objectif de moyens et non de résultat, coût, complexité excessive…).
Le document qui est présenté ici est une première esquisse du
tableau de bord du Parc naturel marin de Mayotte en 2015, dont
la première édition officielle est programmée début 2017 sur
les résultats de l’année 2016.
Aujourd’hui, 67 indicateurs sont envisagés dans ce premier tableau
de bord dont :
• 29 % sont finalisés, leur protocole de suivi et leur grille de
lecture étant validés.
• 60 % sont en cours de construction. Pour un tiers d’entre
eux, le protocole de suivi est validé mais il n’existe pas de
assez de données pour pouvoir interpréter le résultat au
regard de l’objectif ciblé.
• 11 % n’ont pas été engagés, car jugés non prioritaires ou
actuellement impossibles à mettre en place.
Le tableau de bord prendra une autre dimension au fil des années.
En effet, un indicateur prend tout son sens dans le temps, s’il évolue
favorablement ou au contraire si la situation stagne ou se dégrade.
Pour cette première édition, les indicateurs sont remplis avec
des codes couleur montrant leur état. Dans les années à venir,
l’évolution de l’indicateur sera également communiquée.
Ce tableau de bord est un outil de communication pour les
membres du conseil de gestion, pour les acteurs de la mer et plus
généralement pour l’ensemble des Mahorais qui sont intéressés
pour connaître l’état de santé du milieu marin et des activités
maritimes. Il rend lisible les objectifs du Parc et les résultats
obtenus, dans un esprit de transparence pour la protection d’un
bien commun, la mer.
L’enquête auprès de la population
Fin octobre 2015, le Parc a lancé une enquête auprès des
Mahorais et des touristes afin de tester une série d’indicateurs
de connaissance et de perception, répondant à des objectifs
de six chapitres du plan de gestion : pêche professionnelle,
aquaculture, activités traditionnelles, tourisme et loisirs,
patrimoine naturel et gouvernance. Suite à ce travail,
neuf indicateurs ont été validés et leurs premiers résultats
sont inscrits dans ce tableau de bord. Reconduite tous
les deux ans, cette enquête permettra de voir une évolution
régulière de chaque indicateur et ainsi pouvoir mieux
adapter et cibler la gestion, notamment pour les actions
de sensibilisation et de communication.
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C O N S T R U C T I O N
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L E C T U R E
Le tableau de bord rassemble divers indicateurs, dont la finalité
est de donner une image simplifiée et facilement compréhensible
d’une réalité plus complexe.
Un indicateur est une quantité mesurable directement ou calculable
indirectement à partir de données de terrain. La seule valeur
de l’indicateur ne suffit pas pour évaluer si l’objectif est atteint
ou non. Il est en effet nécessaire de replacer cette valeur dans
le contexte spécifique de Mayotte, de la situation initiale d’où
l’on part et des ambitions du Parc naturel marin. C’est pourquoi
un indicateur est, de manière schématique, la somme de deux
éléments indissociables :
• un protocole de suivi qui permet d’obtenir la valeur
absolue de l’indicateur,
• une grille de lecture qui permettra d’interpréter cette
valeur au regard de l’objectif ciblé par le Parc et de l’état
initial.
Cette grille de lecture, déclinée en cinq classes de niveau,
permettra d’évaluer où l’on se situe par rapport aux objectifs
fixés et constituera par conséquent un outil d’aide à la décision
pour orienter les actions de gestion mises en œuvre. Les cinq
états prévus sont les suivants : Très mauvais, Mauvais, Moyen,
Bon et Très bon.
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DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
D E S
I N D I C AT E U R S
À Mayotte, le manque de connaissances et de données historiques
peut rendre l’élaboration de ces grilles de lecture longue et
complexe. Cette difficulté tient du contexte local mais se retrouve
partout ailleurs pour le milieu marin, un milieu complexe, fluctuant
et très largement méconnu. L’absence de connaissance sur
l’état initial de tel milieu ou l’état de santé de telle espèce rend
ainsi difficile le calage précis des objectifs que l’on se donne.
Dans ces cas-là, seul le temps et un travail de recherche dédié
par les scientifiques et les gestionnaires permettra de construire
des grilles.
Par souci pédagogique, le tableau de bord est ici présenté de
manière simplifiée. Chaque indicateur est symbolisé par un
pictogramme dont l’état est traduit par une couleur. Les indicateurs
sont rassemblés à la fin de chaque chapitre.
Le tableau de bord présenté cette année est une première esquisse
pour le Parc naturel marin de Mayotte. À ce titre, tous les indicateurs
ne sont pas encore renseignés. Afin de mieux distinguer le niveau
d’avancement des indicateurs non renseignés ou sans résultat
cette année, il a été choisi de différencier :
• les indicateurs indéterminés, dont la construction des
protocoles n’est pas engagée ou est en cours. Ils sont
symbolisés par un pictogramme gris foncé,
• des indicateurs dont le protocole de suivi est validé, mais dont
la grille de lecture reste toujours indéterminée. Ces indicateurs
sont colorés en gris clair,
• enfin, des indicateurs dont les protocoles et grille de lecture
sont validés mais pour lesquels le suivi n’est pas annuel et
n’a pas été prévu en 2015. Ces indicateurs sont en blanc.
État de l’indicateur
indéterminé
grille
de lecture
indéterminée
non prévu
cette année
très
mauvais
mauvais
moyen
bon
très bon
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P Ô L E
D ’ E X C E L L E N C E
La création à Mayotte d’un pôle d’excellence marine est
une volonté forte affichée dans le plan de gestion du Parc.
Sa création, en lien avec la Réunion et les Terres australes
et antarctiques françaises, permettrait de faire de la France
un pôle international de référence en matière de recherche
marine dans l’océan Indien.
Cet objectif d’excellence marine se mesure à travers :
• la collaboration et la fédération des acteurs en faveur de
la connaissance des écosystèmes marins tropicaux,
• l’amélioration de la connaissance de la mer à Mayotte et
la montée en puissance de compétences localement,
• le suivi de la biodiversité et des habitats dans un but
de conservation et de valorisation.
Ces objectifs sont partagés avec d’autres chapitres du tableau de
bord : patrimoine naturel, pêche professionnelle… Des indicateurs
communs sont utilisés pour évaluer l’amélioration de la connaissance
des espèces et habitats méconnus, la capacité de charge des milieux
ou encore le développement de réseaux de sciences participatives.
Sept autres indicateurs ont été retenus pour évaluer spécifiquement
la création d’un pôle d’excellence marine. Trois sont d’ores et
déjà validés. Ils indiquent les moyens mis en œuvre pour y arriver,
comme le fait de collaborer avec les scientifiques, de soutenir
la recherche ou de mettre en place des partenariats régionaux.
Le Parc, un outil au service de la science
et du territoire
La collaboration avec les scientifiques, le développement de
partenariats entre les gestionnaires et les chercheurs, l’appui
à la recherche scientifique sont au cœur du pôle d’excellence
ambitionné. Depuis sa création, le Parc s’attache à faciliter le
déploiement de missions scientifiques sur son territoire, que ce soit
en finançant directement des programmes ou en leur apportant
un soutien logistique et humain. Cet objectif a été grandement
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DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
M A R I N E
facilité par la consolidation des équipes et des moyens nautiques
du Parc, ainsi que par l’équipement d’un laboratoire sur la qualité
de l’eau mutualisé avec l’université de Mayotte. C’est ainsi qu’en
2014 et 2015, le Parc a soutenu des programmes scientifiques de
pointe sur les pathologies coralliennes, les préférences d’habitats
des grands dauphins, l’évolution du trait de côte ou encore la
fonctionnalité des mangroves.
Parallèlement, le Parc a poursuivi ses initiatives pour construire
progressivement un réseau régional de partenaires scientifiques.
Un premier réseau d’experts sur les tortues marines a ainsi vu le
jour grâce au plan national d’actions en faveur des tortues marines
qu’anime le Parc à Mayotte. Les premiers travaux des experts ont
porté sur l’harmonisation des protocoles de suivi des tortues et
des herbiers dont elles se nourrissent.
Une formation supérieure sur la mer
à mettre en place
Depuis 2013, l’université de Mayotte consolide la construction
d’une formation supérieure en sciences de la vie. En 2015,
l’université offrait ainsi une licence dédiée, dont de nombreux
travaux pratiques étaient orientés sur le milieu marin.
L’indicateur « Formation supérieure locale sur le milieu marin » reste
néanmoins à un niveau très mauvais pour 2015, cette nouvelle
filière universitaire n’étant pas spécialisée sur les milieux marins
tropicaux, mais plutôt axée sur la formation de professeurs.
Il n’existe pas non plus de centre de formation professionnelle en
lien avec la connaissance et la gestion des écosystèmes marins
tropicaux. Les étudiants souhaitant poursuivre leurs études en
écologie marine doivent donc quitter le territoire pour se former…
au risque de ne pas revenir !
Étudier le réchauffement climatique
En 2015, le Parc a déployé un réseau de onze sondes dans
le lagon pour mesurer toutes les dix minutes la température,
la pression et la salinité.
L’objectif est de suivre les variations de température sur
les principaux récifs de l’île et de compléter les dispositifs
régionaux existants pour prédire le blanchissement des
coraux. Dans le cas où celui-ci est avéré, les données acquises
contribuent à mieux comprendre les phénomènes globaux
comme le réchauffement climatique et leur impact sur
la mortalité des récifs.
Vers un laboratoire climatique
grandeur nature
Le changement climatique est une problématique mondiale
majeure, qui doit être au centre des objectifs de monitoring
et de suivi des milieux naturels. Le périmètre du Parc, vaste de
68 381 km², doit constituer un laboratoire grandeur nature
permettant de suivre et d’évaluer les phénomènes globaux et
leurs impacts sur les milieux naturels.
Pour suivre l’atteinte de cet objectif, deux indicateurs relatifs à la
veille environnementale sont proposés, concernant d’une part le
suivi des changements globaux et, d’autre part, la mise en place
d’une veille sur l’apparition et la prolifération d’espèces invasives.
L’objectif est de permettre au gestionnaire de réagir à temps pour
mettre en place des actions de régulation des espèces invasives
avant que le phénomène ne soit hors de contrôle.
Ces deux indicateurs sont respectivement évalués comme bon
et moyen, avec la mise en place d’un réseau de sondes de
températures dans le lagon et le lancement du réseau Tsiôno
en 2015.
Collaboration avec
les scientifiques
Partenariats
régionaux
Soutien
à la recherche
Formation
supérieure locale
sur le milieu marin
Changements
globaux
Espèces
invasives
Niveau de connaissance
des habitats et groupes
taxonomiques méconnus
TsiÔno
C’est le nom du réseau de sciences participatives que le Parc
a lancé en juin 2015. Il signifie « j’ai vu » en shimahoré.
TsiÔno invite les usagers qui sillonnent quotidiennement
la mer à partager leurs observations sur les espèces
marines rencontrées. Le réseau propose de mutualiser
l’ensemble des initiatives existantes et de faciliter la mise
en commun des données. La veille environnementale est
un axe important de TsiÔno et les observateurs sont invités
à signaler les phénomènes indicateurs d’un déséquilibre
écologique, tels que la pullulation des étoiles de mer
Acanthaster planci, la multiplication d’algues Asparagopsis
taxiformis ou encore le blanchissement corallien.
Q U A L I T É
D E
L ’ E A U
L’un des principaux objectifs du Parc est d’obtenir une bonne
qualité de l’eau dans le lagon. Le Parc entend ainsi répondre
aux exigences européennes fixées par la Directive cadre
européenne sur l’eau (DCE) qui vise un bon état écologique
et chimique des masses d’eau terrestres et marines pour
2021 et 2027. Cet objectif, le Parc ne peut l’atteindre
seul, la qualité de l’eau concernant tous les usagers et les
pollutions venant principalement de la terre. Le Parc doit
participer à la mobilisation de l’ensemble des acteurs du
Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux
(SDAGE) de Mayotte.
Le chapitre « qualité de l’eau » dispose de huit indicateurs, dont
deux peuvent être calculés à ce jour et quatre sont en cours
d’élaboration :
• état écologique, chimique et eutrophisation des masses d’eau,
• qualité des eaux de baignade,
• qualité microbiologique,
• macrodéchets et réhabilitation des décharges,
• envasement du lagon.
L’évaluation des objectifs de la DCE
et du Parc en attente de... données !
Trois indicateurs sont directement repris de la Directive cadre
sur l’eau : ce sont ceux sur l’état écologique, l’état chimique et
l’eutrophisation des masses d’eau. Mayotte manque de données
historiques fiables pour répondre au dispositif d’évaluation
européen. En dépit des suivis annuels mis en œuvre depuis plus
de cinq ans sur les dix-sept masses d’eaux marines, les données
récoltées restent très ponctuelles et ne permettent pas d’établir
des seuils et des grilles d’analyse des indicateurs. Cela sera possible
avec le temps, notamment grâce aux actions du Parc depuis 2014
pour collecter des données sur la qualité de l’eau. Pour autant,
il semble évident que la qualité des eaux du lagon est aujourd’hui
directement dégradée par le manque de systèmes d’assainissement,
l’érosion ainsi que par les macro-déchets.
10 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
Une qualité des eaux de baignade
très hétérogène
La qualité bactériologique des eaux de baignade est un autre enjeu
du Parc. Elle est directement évaluée avec les critères de la directive
européenne « baignade » dans un objectif de santé publique.
En 2015, un peu plus de la moitié des sites (59 %) de baignade
suivis par l’ARS (Agence régionale de santé) était en excellente ou
bonne qualité. Globalement, la qualité des eaux de baignade est
moyenne et très hétérogène autour de l’île. Douze plages ont ainsi
été fermées définitivement et dix-huit l’ont été temporairement
suite à des dépassements de normes, généralement liés à la
mauvaise gestion des eaux usées. Cet indicateur s’améliorera
proportionnellement à la mise en œuvre effective du schéma
directeur de gestion des eaux usées.
Trop de déchets dans le milieu naturel
Bien qu’ils ne fassent pas partie de ses prérogatives, la collecte
et le traitement des macro-déchets sont des objectifs majeurs
pour le Parc, tout comme la fermeture des décharges illégales et
leur réhabilitation. Le Parc déploiera à partir de 2016 un suivi des
macro-déchets en milieu naturel, qui sera couplé aux statistiques de
collecte et de tri sélectif pour calculer l’indicateur. On peut d’ores
et déjà constater que la situation n’est pas du tout satisfaisante,
notamment avec la présence massive et généralisée de déchets
dans la nature. En ce qui concerne les décharges, la fermeture
officielle des cinq décharges illégales de Chirongui, Badamiers,
Hachiké, Dzoumogné, Hamaha et l’ouverture d’une installation de
stockage des déchets non dangereux à Dzoumogné en 2014 ont
constitué des avancées majeures. Leur réhabilitation, qui permettra
de limiter les pollutions rejetées par ces décharges, est aujourd’hui
à l’étude. L’indicateur « Réhabilitation des décharges » est donc
dans un état moyen pour 2015.
Des sondes pour la connaissance !
Pour faire face au manque de données historiques et
permettre d’évaluer objectivement l’état général des
eaux marines, le Parc s’est engagé depuis 2014 dans la
construction d’un ambitieux réseau de suivi complémentaire
au réseau réglementaire de la DCE. Ainsi, des sondes
multiparamètres haute fréquence émettant en temps réel
des données sur sept paramètres, un réseau de onze sondes
de température et de salinité déployées dans l’ensemble du
lagon ou encore des recueils ponctuels de données sur les
zones soumises à de fortes pressions concourent chaque
jour à mieux comprendre les phénomènes observés.
État écologique
des masses d’eaux
Eutrophisation
Qualité des eaux
de baignade
Qualité
microbiologique
Bon état chimique
des masses d’eaux
Réhabilitation
des décharges
Envasement
du lagon
Macro-déchets
L’envasement du lagon,
un phénomène majeur
Les apports de terre provenant de l’île impactent l’ensemble de
l’écosystème du lagon, par recouvrement direct des habitats ou
par effet indirect sur l’eau (baisse de la luminosité, modification
de l’oxygène dissous, des nutriments…).
Certaines pratiques agricoles, le manque d’infrastructures de
collecte des eaux de pluie et les difficultés à maîtriser l’urbanisation
sont autant de facteurs qui aggravent le phénomène naturel
d’érosion. Le Parc a engagé en 2015 des études visant à évaluer
le plus objectivement possible l’évolution de ce phénomène, en
complément de celles menées par le BRGM (Bureau de recherches
géologiques et minières).
Ces études devront être poursuivies afin d’éclairer l’ensemble des
acteurs sur les meilleures actions à mener pour réduire, à la source,
ces phénomènes d’érosion.
Vous avez dit
échantillonneurs passifs ?
Pour la 3ème année consécutive, le Parc a réalisé en 2015
les suivis réglementaires de qualité de l’eau au titre de la
DCE, qui concernent des paramètres physico-chimiques et
phytoplanctoniques.
Une campagne spécifique a également été menée pour
évaluer la contamination chimique des eaux, par le biais
d’une technique innovante : les échantillonneurs passifs.
Ils permettent de concentrer les substances polluantes,
même quand elles ne sont présentes qu’à l’état de traces
dans l’eau et permettent ainsi des économies majeures en
temps d’échantillonnage et coûts d’analyse.
P Ê C H E
P R O F E S S I O N N E L L E
Avec la départementalisation de Mayotte, son statut de
région ultrapériphérique (RUP) de l’Union européenne et la
croissance démographique rapide de la population, la pêche
professionnelle est en pleine mutation. Les objectifs du
Parc pour la pêche sont multiples : nourrir la population de
Mayotte, créer des emplois et développer une pêche durable,
en dehors du lagon, de façon à permettre le renouvellement
de la ressource.
Ces objectifs sont mesurés par treize indicateurs :
• neuf indicateurs scientifiques, autour des données de capture,
d’efforts de pêche et de rejets pour tous les types de pêche,
ainsi que sur l’abondance des ressources récifales,
• quatre indicateurs socio-économiques autour du
développement d’une filière de pêche structurée et de la
pérennité des métiers de la pêche.
Le système d’informations
halieutiques (SIH) à Mayotte
Le SIH est un programme scientifique national, dont la vocation
est de suivre l’activité et les captures des navires de pêche dans
les eaux françaises. C’est une source de données irremplaçable
pour évaluer la pêche.
À Mayotte, le SIH est directement opéré par le Parc, en collaboration
avec l’Ifremer et l’IRD (Institut de recherche et de développement).
Cette spécificité a permis au Parc d’intégrer ses propres besoins
lors de la collecte de données afin d’alimenter six indicateurs du
tableau de bord. Le traitement de ces données, collectées depuis
2012, permet déjà de définir la valeur de plusieurs indicateurs,
notamment ceux décrivant l’intensité d’effort de pêche, même si
les grilles de lecture de ces indicateurs n’ont pas encore été établies.
En ce qui concerne les données de capture, leur traitement n’a pas
encore pu être initié mais la plupart des indicateurs liés devraient
être disponibles courant 2016. Les indicateurs concernant les rejets
des flottilles modernes de Mayotte (senneurs et palangriers) seront,
pour leur part, obtenus grâce aux données collectées par l’IRD.
Difficile d’évaluer les pêches
artisanales et profondes
On considère souvent que les rejets de la pêche professionnelle
artisanale sont anecdotiques, mais aucun protocole standardisé
n’a été établi pour le confirmer.
En effet, les techniques d’observation embarquée habituellement
utilisées pour acquérir des informations sur les rejets de pêche ne
sont pas applicables sur les navires de pêche artisanale mahorais,
des barques motorisées où les embarquements sont impossibles
pour des raisons de sécurité. L’évaluation objective des rejets de
cette pêche est donc aujourd’hui très difficile à réaliser.
12 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
La pêche profonde, quant à elle, ne concerne qu’un très faible
nombre de navires mahorais, qui sont donc mal représentés dans
les échantillons de débarquements observés par le SIH. Le suivi
de l’état des ressources halieutiques profondes demandera donc
la mise en place d’un protocole de suivi dédié, en collaboration
directe avec les pêcheurs concernés.
Filmer les poissons
pour mieux évaluer la ressource
Le Parc doit disposer d’un état des lieux fiables afin de connaître
objectivement l’évolution des ressources dans le milieu marin, ce que
ne permet pas le seul suivi des poissons débarqués par les pêcheurs.
C’est dans cet objectif qu’a été lancé en 2014 un suivi expérimental
avec des caméras rotatives, technique développée par l’Ifremer qui
a déjà montré son efficacité dans l’évaluation des peuplements
de poissons dans le milieu naturel.
La pêche palangrière
en difficulté
Le volume de poissons débarqués par les palangriers
mahorais a diminué de 78 % en 2015 par rapport à 2014.
Ces mauvais rendements en début d’année ont poussé
plusieurs navires de pêche à s’arrêter dès le mois de mai.
Le Parc travaille avec les armements pour trouver un moyen
d’optimiser les captures de cette flottille de pêche et avec
les instituts de recherche pour comprendre cette situation,
en accord avec les objectifs du Parc en matière de pêche
durable.
L’analyse des vidéos immergées sur les récifs, qui sera finalisée en
2016, doit permettre de donner une estimation de l’abondance
des principales ressources halieutiques récifales. Ces résultats
serviront à définir l’indicateur dédié.
Pêcheur : un métier difficile
pour le grand public
L’un des objectifs du Parc est de favoriser l’attractivité des métiers
de la pêche. À l’heure actuelle, il est difficile à Mayotte de se baser
sur des données factuelles pour estimer cette attractivité (part
importante d’activités informelles, données de recensement non
stabilisées…). Une enquête auprès du grand public a donc permis
en 2015 de l’évaluer de manière qualitative, et le résultat, mauvais,
est sans appel. 72 % des Mahorais ont une image globalement
positive du métier de pêcheur mais l’exercer ou le conseiller à
ses enfants n’est pas à l’ordre du jour. Être pêcheur est jugé trop
difficile et ne rapportant qu’un faible revenu.
Ressources
récifales
Production
halieutique récifale
Pêche
destructive
Effort de pêche
pélagique
Captures
pélagiques
Rejet de la pêche
palangrière
Rejet de la pêche
thonière
Rejet de la pêche
traditionnelle
Pêche profonde
Conditions
de débarquement
Valorisation
des produits
de la pêche
Formation
des marins
pêcheurs
8
8, c’est le nombre d’agents dédiés au suivi de la pêche
professionnelle au Parc dans le cadre de la mise en œuvre du
SIH. L’équipe initiale a pu être renforcée suite à l’organisation
en 2015 d’une formation d’enquêteurs des pêches côtières,
financée par le Xème FED (Fonds européen de développement
régional).
Maîtrisant tous les langues locales, ces enquêteurs sont
directement connectés au quotidien des pêcheurs mahorais
et permettront grâce à leur travail de produire dès 2016
les premières estimations de captures.
Attractivité
du métier
de pêcheur
A Q U A C U LT U R E
À l’époque de la mise en place du plan de gestion du Parc
en 2012, Mayotte était le premier producteur français de
poissons d’élevage marin en outre-mer et le développement
de la filière était soutenu par les politiques publiques locales.
Les membres du conseil de gestion avaient alors souhaité
accorder tout un chapitre à cette thématique. Le but était de
développer des filières aquacoles structurées, respectueuses
de l’environnement, valorisant la biodiversité du lagon,
jusqu’à en faire un pôle de référence en aquaculture tropicale
française. Aujourd’hui, le contexte difficile de la filière sur
Mayotte remet en question ces objectifs.
Par la force des choses, les indicateurs relatifs à l’aquaculture ont
donc été revus à la baisse et seuls cinq sont conservés à ce jour.
Deux indicateurs sont envisagés pour évaluer le développement
d’une aquaculture responsable et respectueuse de l’environnement.
Ils viseront à connaître l’impact des rejets aquacoles sur
l’environnement et à voir si la biodiversité du lagon est valorisée
dans les élevages, plutôt que d’utiliser des espèces exotiques. Les trois
autres indicateurs vont permettre d’évaluer l’aquaculture sur ces
aspects socio-économiques, à travers l’appréciation de la pérennité
et de la viabilité économique de la filière.
Le déclin de l’aquaculture mahoraise
En 2015, la filière a été très marquée par la dissolution de l’association
Aquamay qui était l’unique unité de production d’alevins (les très
jeunes poissons) sur l’île et apportait son soutien administratif et
technique aux éleveurs artisanaux de la pépinière d’entreprises
aquacoles. Ce dépôt de bilan s’explique par de grandes difficultés
financières, notamment liées au retard pris dans la disponibilité
effective des financements européens et à l’impossibilité de trouver
des solutions de financement provisoires pour permettre à la
structure de se maintenir. Aucun alevinage n’ayant été effectué
depuis plusieurs mois, les aquaculteurs qui souhaiteront remettre en
fonction leur élevage et reprendre leur activité risquent de connaître
d’importantes difficultés.
14 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
Des jeunes peu désireux
de prendre la relève
Sur les cinq indicateurs, celui sur l’image du métier d’aquaculteur
est déjà validé. L’enquête grand public menée en 2015 permet déjà
de savoir que 56 % des Mahorais interrogés connaissent le métier
d’aquaculteur et qu’ils en ont une image positive. Pour autant,
les jeunes adultes n’envisagent généralement pas de devenir
aquaculteurs, expliquant leur choix par le manque d’opportunité
d’emploi dans la filière et les conditions de travail jugées difficiles.
Le travail sur les deux autres indicateurs socio-économiques, qui
n’ont pas encore été clairement définis, dépendra de l’évolution
de la filière dans les mois à venir.
De manière générale, et bien que la plupart des indicateurs en
matière d’aquaculture soient encore inachevés, le contexte actuel
de la filière laisse présager peu d’espoir de pouvoir développer
rapidement une aquaculture durable.
Un équilibre à trouver entre
productivité et environnement
Malgré ce contexte difficile, le Parc a travaillé en 2015 avec
l’Ifremer pour développer un modèle de prédiction des impacts
de l’aquaculture sur son milieu environnant, l’idée étant de trouver
un équilibre entre la capacité de production d’une ferme aquacole
et les impacts qu’un site naturel peut supporter.
L’indicateur « capacité de charge » permettra donc de déterminer
si la production envisagée est compatible avec les caractéristiques
du site d’accueil de l’exploitation. Cet outil devrait aider les
investisseurs potentiels à dimensionner leur projet au regard
des enjeux de protection de l’environnement. Ces travaux se
poursuivent en 2016 dans le cadre d’une thèse visant à évaluer les
bénéfices d’une aquaculture polyvalente par rapport au modèle
classique d’élevage d’une seule espèce.
Capacité de charge État de la filière
des sites aquacoles
aquaculture
Niveau d’emploi
en aquaculture
Diversification
de la production
aquacole
Image du métier
d’aquaculteur
Le Parc s’investit
pour l’avenir de l’aquaculture
Le conseil départemental de Mayotte s’est doté en 2015
d’un schéma régional de développement et d’un plan
stratégique de développement durable de l’aquaculture.
Les agents du Parc se sont fortement impliqués dans la
rédaction de ces documents ainsi que la plupart des acteurs
de la filière aquacole mahoraise. Le conseil départemental et
le Parc ont d’ailleurs pu présenter à l’ensemble des acteurs
les résultats des travaux menés avec l’Ifremer sur l’évaluation
de la capacité de charge aquacole du lagon, au cours d’un
séminaire dédié en novembre 2015. Ce sont autant d’outils
au service d’une reprise de l’activité aquacole à Mayotte.
T O U R I S M E
E T
L O I S I R S
Des plages de sable fin, une eau turquoise à 29°, un lagon
de 1 300 km², des tortues, des baleines… La liste des atouts
touristiques de Mayotte est longue. Le Parc a pour objectif
de soutenir un tourisme bleu, durable, respectueux de
l’environnement et source de retombées économiques
pour l’île. Pour autant, les touristes ne doivent pas être les
seuls à bénéficier du cadre exceptionnel du lagon. Le Parc
soutient l’accès aux loisirs nautiques pour l’ensemble des
Mahorais, une première étape pour mieux faire connaître
et aimer la mer. Ces loisirs doivent être variés et pratiqués
dans le respect du milieu marin.
Six indicateurs sont programmés, dont trois sont déjà renseignés.
Ils visent à évaluer :
• l’adaptation des pratiques de pêche de loisirs et de chasse
sous-marine aux ressources disponibles,
• l’augmentation du nombre de pratiquants d’activités liées
à la mer,
• la connaissance par la population et les touristes du Parc,
de ses enjeux et de son plan de gestion,
• le niveau d’éco-responsabilité des professionnels du tourisme,
• la diversification des offres de loisirs,
• la promotion de la découverte des métiers de la mer.
Des loisirs nautiques peu pratiqués
et populaires
L’enquête menée auprès de la population montre que le niveau
des pratiques nautiques est mauvais pour 2015. Si on observe une
légère amélioration de la situation avec les jeunes générations,
c’est encore plus de la moitié de la population qui ne sait pas
ou mal nager, ce qui limite par nature l’attirance pour les loisirs
nautiques. On s’aperçoit qu’une grande majorité des usagers de
loisirs sont des métropolitains et que, culturellement, la population
mahoraise est peu tournée vers ces activités. À peine un Mahorais
sur deux est allé à la mer en 2015, et plus de la moitié du temps,
uniquement pour faire un voulé (barbecue en bord de plage).
16 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
L’effort déployé par le Parc pour faire découvrir aux jeunes Mahorais
les loisirs en mer via des initiations à la natation, à la randonnée
aquatique en palme-masque-tuba (PMT), au paddle ou encore à
la plongée sous-marine doit donc être accentué. La découverte
« en vrai » des richesses du lagon ést bien évidemment le meilleur
facteur de promotion pour sa protection.
Pas encore d’effet « parc marin »
sur le tourisme
Le plan de gestion fixe comme objectif que le Parc naturel marin de
Mayotte puisse être un outil de promotion pour le développement
d‘un tourisme durable. La première étape pour cela est la connaissance
par la population et les touristes de l’existence du Parc et de ses
enjeux. Malheureusement, l’enquête réalisée fin 2015 auprès de la
population témoigne d’une très mauvaise notoriété du Parc et d’une
méconnaissance notable de ses enjeux et de ses missions.
Premières bulles au pays du corail
Pour la quatrième année consécutive, le Parc a organisé
une journée de découverte des loisirs en mer avec les
communes et les associations. Cet événement, à la fois
ludique et studieux, a permis à près de 85 jeunes Mahorais
de 8 à 18 ans de découvrir les richesses de leur lagon et de
s’exercer à divers loisirs maritimes.
C’est donc dans l’optique d’apprendre à mieux connaître
le milieu marin et à y évoluer avec respect que ces jeunes
ont pu s’initier au paddle, à la natation, au PMT ou encore
à la plongée subaquatique. Une première réussie pour ces
futurs usagers de loisir du lagon !
Moins d’un Mahorais sur six connaît ainsi le périmètre du Parc,
même si ce dernier bénéficie d’une image plutôt positive. Il y a
donc lieu d’accentuer très fortement les actions de sensibilisation et
de communication visant à donner au Parc une meilleure visibilité.
Une offre de loisirs qui commence
à se diversifier
Les indicateurs relatifs à l’éco-responsabilité des professionnels du
tourisme et à la diversification des offres de loisirs sont actuellement
en cours de construction. On constate néanmoins depuis quelques
mois que les professionnels du tourisme cherchent de nouvelles
niches commerciales et diversifient leurs offres, en proposant des
circuits ou des thématiques de sortie alternatives. Des associations
offrent également de nouvelles activités balnéaires comme le
paddle. Concernant l’éco-responsabilité des professionnels, ce sont
aujourd’hui 7 opérateurs nautiques sur 8 qui se sont engagés dans
la charte pour l’approche respectueuse des mammifères marins
mise en place par le Parc. Les clubs de plongée appliquent, pour
une partie d’entre eux, des chartes de bonne conduite élaborées au
niveau national. Il est à noter que les mouillages mis à disposition
par le Parc sont régulièrement utilisés, tant par les plaisanciers que
par les opérateurs nautiques.
Mieux faire connaître les métiers de la mer
Quel meilleur moyen pour valoriser et faire découvrir les métiers
de la mer que de partager leur passion avec les professionnels ?
Embarquer avec des pêcheurs (le pescatourisme), visiter des fermes
aquacoles sont autant d’activités qui peuvent intéresser les touristes.
Le développement de ce tourisme durable, permettant de découvrir à
la fois un métier et le milieu marin, est un objectif du Parc. Pour 2015,
l’indicateur dédié est considéré comme mauvais car si cinq pêcheurs
ont eu l’autorisation d’embarquer des passagers en 2015, cette offre
reste très confidentielle avec une publicité limitée au seul bouche
à oreille. De même aucune offre touristique n’est proposée pour
l’aquaculture dont l’avenir est incertain aujourd’hui.
Pratique loisir
de la pêche
et de la chasse
Pratique
des activités
liées à la mer
Découverte
des métiers
de la mer
Écoresponsabilité
des professionnels
du tourisme
Diversité
de l’offre
Connaissance du
Parc naturel marin
et de son plan de
gestion
Les mouillages du Parc
Le Parc met à disposition des usagers du lagon une
cinquantaine de mouillages répartis sur l’ensemble de
la façade est du lagon. Ces dispositifs permettent aux
plaisanciers et aux professionnels de pouvoir s’amarrer
aisément, sans avoir à jeter l’ancre, une pratique
potentiellement très destructrice pour les fonds marins.
Plaisanciers, plongeurs, nageurs en PMT peuvent ainsi
profiter des richesses du lagon sans contrainte et sans
effet négatif sur les récifs et les herbiers. Les agents du
Parc entretiennent régulièrement ces mouillages et des
techniques alternatives sont en cours d’expérimentation,
notamment pour équiper la partie ouest du lagon.
A C T I V I T É S
E T
P R AT I Q U E S
La culture mahoraise, à la croisée des influences arabe,
africaine et du sud-est de l’Asie, a su se construire sa
propre identité. Les savoirs traditionnels et les pratiques
vivrières liées à la mer sont encore très présents dans la vie
quotidienne des Mahorais. Le Parc a pour objectifs de
valoriser et de pérenniser ces savoir-faire et pratiques tout
en respectant les ressources naturelles du lagon.
Sur les neuf indicateurs présentés, trois sont d’ores et déjà validés
et deux devraient pouvoir être renseignés d’ici peu. Les quatre
autres nécessitent d’élaborer un protocole de suivi spécifique ou
de travailler sur les données déjà acquises pour pouvoir établir
un indicateur fiable.
Pour des pêches vivrières
respectueuses du lagon
Les pêches traditionnelles doivent être pratiquées de façon à
permettre un renouvellement des ressources non inépuisables du
lagon. Cinq indicateurs vont permettre de vérifier le comportement
respectueux des usagers, de connaître l’état des ressources (cet
indicateur est d’ailleurs commun avec le chapitre Pêche) et d’évaluer
le niveau des captures pour chaque type de pêche. En fonction
des résultats, le Parc pourra proposer des actions pour adapter la
pêche à la ressource disponible.
Mieux connaître les pratiques
de pêches traditionnelles
Depuis 2012, le Parc fait des enquêtes de terrain pour suivre la
pêche à pied sur cinq sites témoins. Un indicateur portant sur la
pêche à pied est en cours d’élaboration grâce à la collecte de ces
données. En 2015, le Parc a plus particulièrement ciblé la pêche
au poulpe, une espèce très prisée, afin de mesurer les quantités
capturées sur deux sites volontaires pour tester la mise en place
de fermetures temporaires pour cette pêche.
18 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
T R A D I T I O N N E L L E S
Pour la pêche embarquée, un suivi des captures et de l’effort de
pêche est en cours depuis 2012 via le Système d’informations
halieutiques (SIH) décrit dans le chapitre Pêche professionnelle.
Si le protocole de suivi est effectif et validé, il faudra patienter
encore pour que les résultats obtenus puissent être interprétés.
Concernant la pêche au djarifa, le protocole initialement envisagé
en 2009 s’avère trop complexe et chronophage. Des réflexions
sont donc menées pour mettre en place un indicateur plus simple
à renseigner.
Valoriser la culture maritime
Le Parc soutient également la pérennisation et la valorisation des
pratiques culturelles liées à la mer. Cet objectif se mesure avec
quatre indicateurs portant sur le développement d’offres de
découverte touristique, le niveau de pratique des jeunes et le niveau
de connaissance de la culture de la mer des Mahorais. Le quatrième
indicateur porte sur la reconnaissance réglementaire de certaines
activités traditionnelles, comme la pêche au djarifa ou en pirogue.
Le djarifa n’est en effet pas défini dans les engins de pêche autorisés
par la réglementation nationale et est donc implicitement interdit.
La pirogue traditionnelle, quant à elle, est assimilée à un engin de plage
et ne devrait donc en théorie pas s’éloigner à plus de 300 m des côtes.
La pérennité de ces activités traditionnelles n’est possible à long terme
que s’il existe un cadre légal permettant leur existence et prenant en
compte leurs spécificités. Ainsi, l’absence de réglementations entraîne
un indicateur en très mauvais état pour 2015.
Le défi du fundi
Depuis deux ans, le Parc
organise avec d’autres
partenaires une course
de pirogues, « le défi de
fundi ». Elle remet ainsi à
l’honneur une course qui
s’exerçait autrefois sur l’île.
Elle rassemble, le temps d’une
journée, toutes les générations
autour de cette embarcation
emblématique du patrimoine
culturel mahorais.
Pratiques
respectueuses
du lagon
Ressources
récifales
Production halieutique
de la pêche embarquée
traditionnelle
Pêche
au djarifa
Des pratiques et savoirs traditionnels
encore confidentiels
La pratique des activités traditionnelles et la connaissance du
patrimoine immatériel maritime par les Mahorais, notamment
les jeunes, sont mesurées par deux indicateurs obtenus avec une
enquête menée auprès de la population. Les premiers résultats
indiquent que si les Mahorais sont familiers avec la plupart des
activités traditionnelles (fabrication de pirogues, techniques de
pêche…), elles restent toujours limitées à un nombre restreint
de personnes et sont pratiquées de manière très occasionnelle.
De même, la connaissance du patrimoine immatériel maritime par
les Mahorais et les touristes est très mauvaise. Moins d’un quart des
Mahorais indique connaître des contes et légendes portant sur la
mer (principalement la création légendaire de l’îlot de sable blanc)
ou des rites traditionnels, comme les bains purificateurs dans la
mer. Le Parc doit donc poursuivre ses actions, comme la course de
pirogues, afin de mieux valoriser le patrimoine culturel maritime.
Pratique
des activités
traditionnelles
Statut réglementaire
des activités vivrières
Offre découverte
des activités
traditionnelles
Patrimoine
immatériel
maritime
Djarifa
La pêche au djarifa est pratiquée par les femmes mahoraises.
C’est la première pratique traditionnelle sur laquelle le Parc
a commencé à travailler dans l’optique d’une valorisation
touristique, un enjeu à la fois économique et culturel.
Une première étape a été franchie en 2014 avec la création
de deux associations de pêcheuses, sur les communes de
Bouéni et de Mtsahara. La capacité à développer une offre
de découverte de la pêche au djarifa nécessite désormais la
définition d’un statut adapté qui permettrait aux pêcheuses
en association de pouvoir bénéficier d’un complément de
revenu généré par l’activité touristique.
PAT R I M O I N E
N AT U R E L
La protection des espèces, des habitats marins et littoraux
remarquables est un enjeu majeur du Parc, de même que la
formation et la sensibilisation des Mahorais à la préservation
des richesses naturelles de leur île.
L’atteinte de ces objectifs est évaluée au travers de
dix-sept indicateurs dont les protocoles sont validés pour
cinq d’entre eux. Les autres sont en cours d’élaboration et
devraient voir le jour d’ici plusieurs mois, voire plusieurs
années. Leur construction est en effet complexe ; certains
indicateurs s’intègrent dans des démarches d’évaluation
régionales voire nationales, comme le plan national
d’actions sur les tortues marines. De plus, même s’il existe
généralement des données brutes, le recul historique
nécessaire pour pouvoir élaborer un calcul et interpréter
les résultats n’est souvent pas encore suffisant.
Les récifs coralliens au cœur
d’un vaste dispositif de suivi
Les récifs coralliens de Mayotte font l’objet de suivis depuis de
nombreuses années avec l’Observatoire des récifs coralliens et le
Reef Check. L’évaluation de l’état de santé des récifs coralliens est
au cœur des préoccupations du Parc, autant pour la protection
des récifs eux-mêmes que pour les informations qu’ils donnent sur
l’état général du milieu marin et la qualité de l’eau en particulier.
L’indicateur « corail » a été établi en 2014 et sera mis en œuvre
pour la première fois en 2016 sur les récifs frangeants. Le second
indicateur relatif au récif barrière sera déployé en 2018.
Dans les deux cas, le blanchissement massif des coraux observé
début 2016 dégradera malheureusement une situation qui avait
bien repris suite aux épisodes de blanchissement précédents de
1998 et 2010.
Pour une protection régionale
des tortues marines
Mayotte est un site majeur de ponte des tortues marines. Le suivi
des populations venant pondre s’appuie sur le taux de fréquentation
des plages par les tortues.
Les données collectées historiquement à Mayotte par diverses
structures sont en cours d’intégration dans la base de données
régionale TORSOOI. Cette intégration facilitera le renseignement
des indicateurs et le partage d’informations au niveau des territoires
français de l’océan Indien (Mayotte, les TAAF et la Réunion).
Ce partage permettra la mise en œuvre des stratégies de
conservation locales et régionales. À défaut d’un indicateur déjà
construit, le recensement des causes de mortalité de tortues mené
par le REMMAT (Réseau d’échouage mahorais des mammifères
marins et des tortues) révèle un braconnage important à Mayotte.
20 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
Le suivi des herbiers marins,
un enjeu national
Des herbiers de phanérogames sont répartis sur l’ensemble du
littoral et jouent un rôle essentiel notamment dans l’alimentation
des tortues vertes et des dugongs. Le Parc a mené en 2014 et
2015 une étude de leur distribution, préalable indispensable à la
définition d’un programme local de suivi s’inscrivant aussi dans
les objectifs nationaux de l’Ifrecor. À Mayotte, la mise en place
des suivis et des indicateurs relatifs aux herbiers sous-marins sera
validée par un groupe de travail national en 2016-2017 de manière
harmonisée avec les autres territoires d’outre-mer.
Mort d’une sirène
L’année 2015 a
malheureusement
été marquée par
le braconnage
au filet d’un des
derniers dugongs
de Mayotte.
Si le braconnier a été condamné à huit mois de prison dont
trois mois fermes ainsi qu’à la saisie de son filet, ce jugement
exemplaire ne compense pas le coup dramatique porté aux
objectifs de conservation de cette espèce.
Les baleines à bosses,
des grandes migratrices imprévisibles
Le lagon est un site de reproduction important pour les baleines
à bosse en saison sèche. Chaque année, on y constate une forte
proportion de mères avec leur baleineau (en 2015, 43 % des
observations de TsiÔno comportaient des groupes avec au moins
un baleineau). Le Parc a comme objectif de pérenniser la présence
de ces baleines en période de reproduction. Le nombre de baleines
observées varie
fortement entre
les années sans
que l’on connaisse
l’origine de ces
variations. Comme
pour toutes les
espèces migratrices,
l’impact des actions du Parc est difficile à évaluer car la présence
de ces animaux ne dépend pas uniquement des conditions locales.
L’indicateur, en cours de construction, se base sur la proportion
des groupes les plus sensibles, les couples mère-baleineau, dont
la présence reflète de bonnes conditions d’accueil.
Mangrove
Herbier
Récif frangeant
Tortue marine
Dugong
Baleine à bosse
Grand dauphin
de l’Indo-Pacifique
Paille en queue
Crabier blanc
Laro-limicole
Espèces méconnues
Implication
de la population
Implication des
scolaires
Connaissance
du milieu marin
par la population
Mieux sensibiliser les Mahorais
à la protection de la mer
L’enquête menée auprès du grand public en 2015 montre un
niveau de connaissance moyen sur le milieu marin. Si la population
mahoraise sait globalement que certaines espèces ou habitats sont
vulnérables, comme les tortues ou les mammifères marins, elle
méconnaît la nature des menaces pesant sur eux. Cette enquête
montre également que le degré d’implication de la population dans
des actions collectives liées à l’environnement est mauvais (15 %
de la population), et souvent limité à des actions de nettoyage.
Les suivis participatifs mis en place par le Parc tels que le réseau
d’observateurs TsiÔno ou le REMMAT sont très peu connus.
Connaissance
du milieu marin
par les scolaires
Niveau de connaissance
des habitats et groupes
taxonomiques méconnus
B O N N E
G O U V E R N A N C E
La gouvernance du Parc est exercée par quarante et
une personnes, réunies en un conseil de gestion. Elles
représentent les différents usagers et acteurs de la mer à
Mayotte : pêcheurs et autres usagers, élus, services de l’État,
associations de protection de la nature, experts… Le conseil
de gestion est l’instance de décision et de concertation du
Parc. C’est un mode de gouvernance participatif. Rendre
compte de la vitalité de sa propre gouvernance montre
l’exigence de transparence du Parc marin, portée par ce
tableau de bord.
Huit objectifs sont définis dans le plan de gestion pour le chapitre
sur la bonne gouvernance. Ils traduisent la volonté d’assurer un bon
fonctionnement du conseil de gestion. Pour ce faire, on cherche
à favoriser l’implication maximale de l’ensemble des membres
du conseil et des intérêts qu’ils représentent dans la gestion du
milieu marin. La prise en compte effective des avis rendus et des
propositions de réglementation émises par le Parc est également
étudiée. Le Parc se fixe également pour objectif à long terme de
favoriser l’appropriation du plan de gestion et de ses enjeux par
la population locale, de prévenir les conflits d’usage et de veiller
au respect de la réglementation.
En filigrane de tout cela, se lit la volonté que le Parc soit un
vrai projet de territoire et que l’ensemble de la population et
des institutions s’approprie ses objectifs et se sente acteur de la
protection de la mer.
L’ensemble de ces objectifs est évalué au travers de cinq indicateurs,
dont quatre sont aujourd’hui renseignés pour l’année 2015 :
• fonctionnement du conseil de gestion,
• prise en compte des avis du conseil de gestion,
• connaissance de la réglementation,
• connaissance du Parc naturel marin et du plan de gestion,
• suivi des infractions.
22 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
La bonne mise en œuvre du plan de gestion, qui est évidemment
l’objectif ultime en matière de bonne gouvernance, s’évalue pour
sa part au travers de l’ensemble des indicateurs du tableau de bord.
Un fonctionnement du conseil
de gestion à conforter
Pour 2015, le fonctionnement du conseil de gestion peut être
qualifié de moyen. Si le quorum, soit 50 % des 41 membres,
a pu être systématiquement atteint lors des trois réunions de
conseil de gestion et des trois réunions de bureau, l’ensemble
des collèges n’est pas représenté de manière équivalente. Les
commissaires du gouvernement sont systématiquement représentés
en conseil de gestion.
Le renouvellement en 2015 de l’ensemble du conseil, à l’issue
du premier mandat de cinq ans, est l’occasion de créer et de
conforter les relations avec et entre les membres ainsi que d’asseoir
le portage politique du Parc.
Toujours plus d’avis, pris en compte…
ou pas
Le suivi des décisions du conseil de gestion est un témoin clef
du fonctionnement des instances du Parc. Pour 2015, ce ne sont
pas moins de 22 avis qui ont été rendus par le Parc dont un avis
conforme (sur une demande de prospection pétrolière), deux
propositions de réglementations (visant à protéger les sites d’intérêt
majeurs pour la conservation des tortues d’une part, et à établir
des listes d’espèces protégées marines d’autre part), six avis simples
et cinq avis techniques. Ce nombre est en croissance permanente
depuis la création du Parc et témoigne de son ancrage progressif
dans le paysage technique et institutionnel. La prise en compte des
avis est évaluée sur l’année en cours mais également sur les avis
rendus les années précédentes qui restent d’actualité. En 2015,
la prise en compte des avis par les autorités peut être considérée
comme moyenne, avec un suivi des avis globalement bon à très
bon s’agissant d’avis simples ou conformes mais quasiment nul
s’agissant des propositions de réglementation faites par le Parc.
Une notoriété à conforter
pour un Parc méconnu
La gouvernance du Parc passe également par la bonne application
et le respect des réglementations qui doivent être connues et
appropriées de tous. La connaissance de la réglementation et
plus globalement la notoriété et l’identification du Parc marin
sont deux indicateurs évalués par une enquête réalisée auprès de
la population mahoraise. On savait le niveau de notoriété du Parc
médiocre. Cette enquête réalisée fin 2015 témoigne d’un Parc
encore très peu connu de la population résidente (56 % déclarent
n’en avoir jamais entendu parler), tant en termes de périmètre
que d’enjeux et de missions. L’indicateur est par conséquent très
mauvais. La réglementation pour sa part est connue de manière
très inégale et conduit à une évaluation pour 2015 mauvaise,
avec des nuances à apporter entre la population résidente, dont le
niveau de connaissance est moyen, et les touristes, plutôt mauvais.
Ces résultats témoignent de la priorité à donner en matière de
communication et de sensibilisation du grand public, des usagers
et des scolaires.
Un suivi des infractions
encore difficile à mettre en place
Le respect et l’application des réglementations impliquent une
surveillance active des services de contrôle en plus des actions de
communication et de sensibilisation. Pour l’heure, cet indicateur
n’est pas évalué et présente quelques difficultés d’élaboration,
qui devraient être résolues pour le tableau de bord 2016.
En tout état de cause, on peut estimer de manière empirique
que le respect de la réglementation sur le périmètre du Parc doit
être mauvais voire très mauvais, des situations de non-respect de
la réglementation pouvant y être observées au quotidien (pêche
au filet, braconnage de tortues marines, chasse sous-marine, nonrespect des zones de réserve…) malgré les actions de surveillance
menées par l’ensemble des services compétents.
Fonctionnement
du conseil
de gestion
Prise en compte
des avis du conseil
de gestion
Connaissance
du Parc naturel marin et
de son plan de gestion
Connaissance de la
réglementation
Suivi
infractions
Les élus se mettent à l’eau !
Le portage politique du Parc implique au préalable une
connaissance et une compréhension des enjeux du milieu
marin. Quel meilleur vecteur pour convaincre les élus que
d’aller voir directement sur l’eau et sous l’eau ce qui s’y
passe ? C’est à cette fin que le Parc a convié fin 2014 et
début 2016 les élus de Mayotte à une journée en mer, au
cours de laquelle ils ont eu l’occasion de rendre tangibles
les enjeux discutés lors des réunions de conseil. Lors de
cette journée, les élus ont croisé les dauphins du lagon,
admiré les récifs coralliens de la passe en S et la biodiversité
qu’ils abritent ou encore ramassé les déchets sur les plages
de Saziley.
É TAT
D E S
I N D I C AT E U R S
Ce document constitue la toute première édition du tableau de
bord pour le Parc naturel marin de Mayotte. Il s’agit encore d’une
esquisse, dont la construction se poursuivra activement dans les
mois à venir pour proposer, début 2017, un tableau de bord
2016 plus abouti.
Les indicateurs qui seront alors présentés seront largement
complétés par rapport à la présente version, avec un remplissage
prévisionnel d’environ 70 % des indicateurs (contre 29 %
aujourd’hui). Un tableau de bord renseigné à 100 % ne devra ,
pour sa part, être attendu que d’ici plusieurs années compte tenu
du long travail encore nécessaire pour aboutir à l’élaboration de
tous les indicateurs et de leur grille de lecture.
Pôle d’excellence marine
Collaboration
avec les scientifiques
Partenariats régionaux
En plus de montrer l’état des indicateurs renseignés dans l’année,
la prochaine édition illustrera également leur évolution, et ce de
deux manières différentes :
• Sur une double page finale, sur le même modèle que celle-ci,
pour rappeler l’état de chaque indicateur année par année
de suivi.
• dans chaque chapitre, au moyen de flèches sur les
pictogrammes pour marquer la tendance à l’amélioration,
à la stabilité ou à la dégradation de chaque indicateur par
rapport à l’année précédente.
amélioration
Qualité de l’eau
État écologique
des masses d’eaux
stabilité
dégradation
Pêche professionnelle
Pêche professionnelle
Ressources récifales
Conditions de débarquement
Production halieutique récifale
Valorisation des produits
de la pêche
Eutrophisation
Pêche destructive
Soutien à la recherche
Qualité des eaux de baignade
Formation marins pêcheurs
Effort de pêche pélagique
Formation supérieure locale
sur le milieu marin
Qualité microbiologique
Captures pélagiques
Changements globaux
Bon état chimique
des masses d’eaux
Rejet de la pêche palangrière
Espèces invasives
Réhabilitation des décharges
Rejet de la pêche thonière
Niveau de connaissance
des habitats et groupes
taxonomiques méconnus
Envasement du lagon
Rejet de la pêche traditionnelle
Macro-déchets
Pêche profonde
24 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
Attractivité du métier
de pêcheur
Aquaculture
Capacité de charge
des sites aquacoles
Activités traditionnelles
Pratiques respectueuses
du lagon
Patrimoine naturel
Patrimoine naturel
Mangrove
Connaissance du milieu
marin par la population
Herbier
Diversification
de la production aquacole
Récif frangeant
Production halieutique
de la pêche embarquée
traditionnelle
Récif barrière
Niveau d’emploi
en aquaculture
Pêche au djarifa
Niveau de connaissance
des habitats et groupes
taxonomiques méconnus
Image du métier d’aquaculteur
Pêche à pied
Etat de la filière aquaculture
Connaissance du milieu
marin par les scolaires
Ressources récifales
Bonne gouvernance
Fonctionnement
du conseil de gestion
Prise en compte des avis
du conseil des gestion
Tortue marine
Tourisme et loisirs
Statut réglementaire
des activités vivrières
Pratique loisir de la pêche
et de la chasse
Pratique des activités
traditionnelles
Pratique des activités
liées à la mer
Offre découverte
des activités traditionnelles
Dugong
Connaissance
du Parc naturel marin
et de son plan de gestion
Baleine à bosse
Grand dauphin
de l’Indo-Pacifique
Connaissance
de la réglementation
Paille-en-queue
Connaissance
du Parc naturel marin
et de son plan de gestion
Patrimoine immatériel
maritime
Suivi infractions
Crabier blanc
Laro-limicole
Ecoresponsabilité
des professionnels du tourisme
Espèces méconnues
Diversité de l’offre
Implication de la population
Découverte des métiers
de la mer
Implication des scolaires
E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE >
25
Pour aller un peu plus loin…
Le tableau de bord 2015 s’inscrit dans le plan de gestion du Parc naturel
marin de Mayotte.
Ce plan a été adopté par le conseil de gestion du Parc en décembre 2012
et par le conseil d’administration de l’Agence des aires marines protégées
en juillet 2013.
Elaboré en concertation avec les usagers, le plan de gestion définit
les objectifs et les principes d’actions sur le territoire du Parc.
Il vaut pour 15 ans, un pas de temps significatif à la fois pour les évolutions
environnementales (évolutions des écosystèmes, des espèces, du climat…)
mais aussi de société (nouveaux comportements, nouveaux outils…).
Plan de gestion
du Parc naturel marin de Mayotte
Le plan de gestion du Parc est disponible sur www.parc-marin-mayotte.fr
26 > E SQUISSE
DE TABLEAU DE BORD 2015 - PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
Maquett e : Dy n a mo + - A d a p ta ti o n : Ya n n So u c h e / Ag e n c e d e s a i r es mari nes protégées – Photos : Marc Al l ari a – www.photo-s ous ma ri ne.c
e c om (p 4,
4 6,
6 9 dr oite,
oite 11 dr oite,
oite
oi
14,
14 15, 20 dugong) ; Yannick Stephan / M ayotte découver te
( p10, p 18 g a u c h e , p 2 1 b a le i n e ) ; J u l i e n W i c k e l ( p 2 1 d r o i te ) ; J u l i e Mol i ni er (p 8, 20 c orai l ) ; Al ex andra Gi gou (c ouv erture, p 5, p 11 v ue aéri enne, p 17, p 18 le défi du ffundi ), Cam ille Lecat (p 3, p 16 ), Julie M olinier (p 7, 19
djar i f a ) , B ru n o G a re l (p 9 p o s e s o n d e ) , Pa u l G i a n n a s i ( p 1 2 ) , C é c i l e Perron (p 13), Karani Andaz a (p 19 droi te), Mari ne Dedek en (p 20 herbi ers ), Fanny C autain ( p 22, p 23) / Agence des air es m ar ines pr otégées.
C art e p2 : s y s t è me g é o d é s iq ue : W G S 8 4 , e l l i p s o ïd e a s s o c i é : IAG GRS 1980, proj ec ti on c artographi que : UT M Sud fus eau 38, s ourc es : AAMP, BR GM , SH OM
M , U N EP, GEBC O, r éa
éalisation : Agence des air es m ar ines pr otégées
Le t ableau d e b o rd d u P a rc na tu r e l m a r i n d e M a y o tte a p u ê tr e r é a l i s é av ec l e s outi en de l ’ Uni on Européenne, dans l e c adre d’ u n partenari at fi nancier entr e l’Agencee des air es m ar ines pr
p otégées, l’Agence fr ançaise pour le
d éveloppe me n t , le Co n s e il d ép a r te m e n ta l d e M a y o tte e t l e s Te r r e s aus tral es et antarc ti ques f ranç ai s es .
Parc naturel marin de Mayotte
14, lot. Dar
Darine Montjoly
97 660
0 Iloni
Ilon
02 69 60
6 73 65
www.parc-marin-mayotte.fr