MITT ROMNEY FAIT CAMPAGNE EN ISRAËL
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MITT ROMNEY FAIT CAMPAGNE EN ISRAËL
Semaine du 29 juillet au 3 août 2012 MITT ROMNEY FAIT CAMPAGNE EN ISRAËL Le candidat à la présidentielle américaine Mitt Romney s’est rendu en Israël du 28 au 30 juillet. Après ses déclarations malheureuses sur la mauvaise organisation des Jeux Olympiques de Londres, cette visite était cruciale pour le renforcement de sa stature internationale. Cette visite en Terre Sainte avait pour objectif de séduire l'électorat juif américain, mais également les chrétiens évangéliques. La date de sa visite coïncidait dimanche avec le jeûne de Tisha Be’av qui commémore la destruction du Premier et du Second Temple de Jérusalem. Romney, qui en vertu de règles informelles, s'était engagé à ne pas critiquer le président Obama à l'étranger, ne s'est cependant pas privé d'exprimer ses opinions sur la conduite de la politique étrangère américaine. Devant 150 invités, en majorité des religieux juif-américains, Romney a ainsi fait part de sa « profonde émotion » de se trouver à Jérusalem, « la capitale d’Israël ». Une remarque forte qui a été reprise par l’ensemble des médias israéliens et comparée à la gêne exprimée samedi dernier par le porte-parole de la Maison Blanche, Jey Carney, qui avait refusé de répondre à une journaliste qui l’interrogeait sur le nom de la capitale de l'Etat d'Israël. Sur le nucléaire Iranien, Romney a déclaré que « le soutien à Israël de l’armée et des Renseignements n’est pas tout » et « [qu’une] distance diplomatique renforce les adversaires d’Israël », plaidant pour un alignement des Etats-Unis sur les positions israéliennes concernant le nucléaire iranien. Il a fustigé la « naïveté » de ceux qui refusent de croire le régime des Ayatollah lorsqu’ils déclarent vouloir « supprimer Israël de la carte ». Des propos qu'il avait tenus plus tôt dans la journée lors de sa rencontre avec Benjamin Nétanyahou, un ami de longue date. Cette venue en Israël était également 1 l'occasion pour Romney de lever des fonds dont le montant s'élève à plus d'un million de dollars. La presse rappelle que le "camp Obama" fait également campagne en Israël. La ratification par Obama d’une loi renforçant la coopération militaire et sécuritaire entre les Etats-Unis et Israël un jour avant la visite de Romney montre la détermination d’Obama de ne pas « perdre » les Juifs américains. Outre cette loi qui accorde notamment $70 millions pour le système de défense anti-missiles « dôme de fer », la visite d’Hillary Clinton en Israël il y a deux semaines et la venue mercredi dernier du ministre de la Défense Leon Panetta sont également à replacer dans le contexte des élections américaines. A 100 jours des élections américaines, cette visite était d’une grande importance alors que l’électorat juif apporte à Obama un soutien plus timide que par le passé : tandis que 74% des Juifs avaient voté Obama en 2008, un sondage récent montre qu’ils ne sont plus que 68% à le préférer à Romney. En outre, les Juifs et les chrétiens Evangéliques sont nombreux dans des « Etats bascule » (swing states) déterminants pour l’élection, comme la Floride, la Pennsylvanie ou l’Ohio. UN CARNAVAL PREMATURE / AVRAHAM TIROSH – YEDIOT Hormis pratiquer le jeune de Tisha Béav et se lamenter sur la destruction du Premier et du Second temple juif, le candidat républicain aux élections présidentielles américaines, Mitt Romney, a presque tout fait pour séduire les Israéliens et les juifs américains. Jérusalem était en liesse. Que n’a-t-il pas dit ? Que Jérusalem était la capitale d’Israël, qu’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire était un devoir moral, qu’une opération militaire israélienne recevrait la bénédiction des Etats-Unis sous sa présidence, que la culture juive expliquait le différentiel de développement économique entre Israël et les Palestiniens. Bref, une véritable idylle. Je voudrais toutefois jouer les trouble-fêtes. Certes, Romney est, et a toujours été résolument pro-israélien. Comparé à Obama, on lui donnerait sans peine sa carte de membre de l’Organisation Sioniste Mondiale. Mais Romney est en campagne et ses déclarations n’ont rien de contraignantes. S’il était élu, son angle d’observation pourrait changer radicalement, notamment concernant l’Iran. Car tous les candidats à la présidence américaine de ces dix dernières années, qu’ils soient démocrates ou républicains, ont tous fait des déclarations pro-israéliennes pendant leur campagne. Presque tous ont tenté de courtiser les voix juives américaines mais une fois élus, les présidents américains sont plus réservés, y compris ceux qui étaient censés être « bons pour les Juifs » comme George Bush Jr. Il est donc plus sage d’attendre et de voir et de ne pas se laisser emporter par un excès d’enthousiasme. En outre, le zèle affiché par Nétanyahou pourrait être contre-productif pour Israël car si Obama était réélu, il ne pardonnerait pas à l’Etat hébreu d’avoir fait autant de « salamalecs » à son rival républicain et durcirait un peu plus ses positions vis-à vis d’un Nétanyahou avec qui le courant ne passe pas toujours. LETTRE OUVERTE A MITT ROMNEY / DONNIEL HARTMAN – TIMES OF ISRAEL 2 Cher M. Romney, Tout d'abord, je tenais à vous exprimer ma gratitude pour votre visite en Israël. Je sais qu’elle était l’expression de votre amitié pour Israël et permettez-moi donc de vous faire part de ce que j’entends par « amitié ». Un ami est tout d’abord celui avec lequel on partage les bons et les mauvais moments, celui sur qui on peut compter, qui se réjouit de nos succès et qui se préoccupe de nos difficultés. Un ami, c’est aussi celui qui peut agir en notre nom, qui a notre soutien, qui prouve sa générosité et qui œuvre dans notre intérêt. La véritable amitié est jugée par les actes. Mais pour qu’une amitié soit saine, il faut qu’elle soit réciproque. Israël et les Etats-Unis sont de vrais amis depuis de nombreuses décennies. En tant qu’Israélien, laissez-moi vous dire que l'un des critères qui devrait influer sur la politique israélienne est de savoir comment nos actions peuvent avoir un impact sur notre ami américain qui est une force du bien dans le monde et un pays qui a très souvent été là pour Israël. Une autre dimension de l'amitié, c’est la franchise. Dans la tradition juive, l'amour, la loyauté et la franchise obligent à dire à son ami qu’il commet une erreur. Soutenir un ami, ce n’est pas seulement le mettre en garde contre les dangers extérieurs mais aussi contre les propres dommages qu’il pourrait s’infliger. Quelle que soit la source du danger, un véritable ami ne peut pas rester les bras croisés. Toutefois, nombreux sont les Israéliens et les Américains qui ont peur qu'une telle définition de l'amitié n’ouvre la porte à la coercition, à l’utilisation de notre dépendance à votre égard pour nous forcer à mener des politiques que nous n'avons pas choisies. Compte tenu de l’importance de notre relation et de nos capacités respectives, cette crainte n'est pas infondée. En tant qu’Etat souverain, nous avons un droit inaliénable à la liberté d'expression et à la liberté de mener des politiques qui sont essentiels pour notre bien-être et qui reflètent la volonté de la majorité telle qu'elle est exprimée par notre processus démocratique. Cette crainte a cependant créé une faiblesse dans notre amitié. Elle fait de la franchise une valeur secondaire. En effet, en tant qu’ami, je ne suis à la recherche ni d’une chambre d'écho, ni d’acclamations inconditionnelles. Je mesure la liberté que j’ai de mener une politique que les autres peuvent juger erronée. Mais de mes amis, j’attends qu’ils soient francs. Qu’ils ne me disent pas ce que je souhaite entendre mais ce que j’ai besoin d'entendre. Nous serons, dans les années qui viennent, confrontés à des décisions cruciales qui auront un impact sur l’orientation future de notre pays et peut être même sur son existence. La voie à suivre est souvent ambigüe, incertaine et truffée de dangers. Nous avons besoin d'un ami qui nous parle avec franchise. Nous avons besoin d'un ami qui puisse nous donner la force de prendre des risques. Nous avons besoin d'un ami qui fasse émerger le meilleur de ce que nous voulons être au milieu d'une réalité qui tire souvent dans la direction inverse. J'aspire à avoir un tel ami à la Maison Blanche. Sincèrement vôtre. 3 Caricature de Shlomo Cohen – Israel Hayom EN BAISSE DANS LES SONDAGES, NETANYAHOU DEFEND SON PLAN D’AUSTERITE Le Premier ministre Binyamin Nétanyahou a accordé cette semaine des interviews aux trois chaines de télévision israéliennes. Ces entretiens ont été diffusés à une heure de grande écoute pendant les JT de 20 heures. Sur les ondes de la radio militaire, les journalistes qui ont interviewé le chef du gouvernement ont indiqué que ces interviews avaient été « commandées » par les services du Premier ministre « pour visiblement défendre les mesures d’austérité entérinées cette semaine par 20 voix contre 9 par le gouvernement Nétanyahou ». S’adressant aux Israéliens, le chef du gouvernement a déclaré qu’il s’efforçait « de stabiliser Israël et son économie ». « Les décisions bien réfléchies sont parfois douloureuses mais en leur fond intérieur, les Israéliens savent que nous réalisons les choses les plus vraies sans contrepartie politique. Je continuerai d'agir dans ce sens et j'ai confiance en la force de l'Etat d'Israël », a-t-il ajouté. Toujours est-il que la côte de popularité du Premier ministre n’a jamais été aussi basse à en croire un sondage publié par le journal Haaretz, alors qu’en toile de fond, la protestation sociale reprendra dès samedi soir dans les rues de Tel Aviv. Le quotidien de gauche révèle que 60 % des Israéliens se disent « mécontents des prestations du Premier ministre ». Seuls 31% des personnes interrogées se déclarent « satisfaites ». Le même journal a publié ce vendredi une étude sur les intentions de vote en cas d’élections anticipées à la Knesset (voir plus bas). Cette enquête fait apparaitre une nette progression 4 du Parti travailliste sous la houlette de la social-démocrate Shelly Yachimovitch. Avec un tel climat, notent les médias, Nétanyahou n’a pas intérêt à avancer les élections et aspirera même à les repousser le plus possible afin de changer le thème à l’ordre du jour et imposer des thèmes diplomatico-sécuritaires, sur lesquels il est plus en confiance. Si les interviews ont essentiellement porté sur les questions intérieures, ce sont les interventions du Premier ministre sur le dossier iranien qui ont retenu l’attention des grands quotidiens. « Nétanyahou n’a pas encore pris de décision », titrait ainsi le journal à grand tirage, Yédiot Aharonoth. Durant les interviews, Nétanyahou a déclaré que seul l’échelon politique était habilité à prendre des décisions sur le dossier iranien. Il visait ainsi à dissiper les informations relayées par les médias israéliens selon lesquelles les responsables militaires et notamment le chef d’état major, le général Benny Gantz, seraient hostiles à une opération contre les installations nucléaires iraniennes. « Dans la démocratie israélienne, comme dans toutes les démocraties, c'est l’échelon politique qui décide et l’échelon professionnel qui exécute », a déclaré Nétanyahou sur la deuxième chaine. Il a par ailleurs rappelé aux journalistes que l’ancien PM Ménahem Begin avait ordonné le bombardement de la centrale nucléaire irakienne d’Osirak en dépit des réserves de plusieurs responsables de la Défense. SONDAGE D’INTENTIONS DE VOTE / HAARETZ Likoud Parti travailliste Kadima Yesh Atid (Y. Lapid) Israel Beitenou Shas Foyer juif/Union nationale Meretz Hadash Raam/Tal Balad Atsmaout Sondage actuel 25 21 7 12 15 11 7 Sondage du 9 juillet 29 14 9 16 15 11 6 Elections 2009 27 13 28 4 4 4 2 2 4 5 2 3 3 4 4 3 15 11 7 Qui choisiriez-vous au poste de Premier ministre ? Netanyahu 29 % Shelly Yachimovitch 16 % Avigdor Liberman 14 % Yair Lapid 7% Shaoul Mofaz 5% Pas de réponse 28 % 5 FORT EN IRAN, FAIBLE EN ISRAEL / BEN CAPSIT – NRG (…) Le seul objectif de Nétanyahou était de transformer l’ordre du jour médiatique. Que l’on parle d’Iran plutôt que de TVA. Y avait-il quelque chose de nouveau dans les propos de Nétanyahou ? Pas vraiment ! Tout le monde sait en effet que c’est l’échelon politique et non militaire qui décide. Toute le monde sait que si Nétanyahou décide d’attaquer l’Iran, il recueillera la majorité au sein de son cabinet. Mais encore faut-il qu’il le décide, et dire que Nétanyahou n’est pas une machine à décider est un euphémisme. On a également du mal à imaginer comment, à une époque où chaque mesure sécuritaire faisant plus de trois morts engendre la nomination d’une commission d’enquête, le Premier ministre lancerait une opération contre l’Iran (que tout le monde qualifie d’historique et de lourde de conséquences régionales et mondiales), sans avoir obtenu la bénédiction du chef d’état major. Qu’on le veuille ou non, c’est le chef d’état major qui décidera. Quand les militaires donnent leur feu vert, les politiques peuvent toujours se cacher derrière eux pour se défendre devant une commission d’enquête ou un tribunal. Dans le cas contraire, c’est le scandale assuré. 6