Infections ORL de l`enfant
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Infections ORL de l`enfant
Docteur Jean-Loup Dervaux Infections ORL de l’enfant Un ouvrage paru sous la direction de Jean-Luc Darrigol SN_orl.indd 1 18/03/14 08:24 Quel est son problème ? Cette première partie va vous remettre en mémoire toutes les données nécessaires à la compréhension de la survenue des infections respiratoires de l’enfant et, donc, de la validité des différentes prises en charge. 1. De quoi parlons-nous ? Connaissez-vous la différence entre une laryngite, une pharyngite et une rhinopharyngite ? Êtes-vous capable de différencier une otite séreuse d’une otite microbienne, une bronchite d’une bronchiolite ? Certes, il n’est pas facile de s’y repérer dans les dénominations des infections ORL de l’enfant. La manière la plus simple de les comprendre et de les retenir est de les relier à leur origine géographique, c’est-à-dire de faire une sorte d’atlas anatomique de ces infections ORL. À l’étage supérieur : nez, arrière-nez, sinus et son annexe, l’oreille moyenne. On retrouvera les rhinites microbiennes ou virales du nourrisson ou du nouveauné, les rhinopharyngites fréquentes chez le petit enfant, les rares sinusites du nourrisson ou du petit enfant, les sinusites maxillaires du grand enfant. SN_orl.indd 5 18/03/14 08:24 Au niveau de l’annexe : trompe d’Eustache et oreille. On retrouvera les otites séreuses, les otites microbiennes aiguës, les rares mastoïdites. À l’étage moyen : gorge et larynx. On retrouvera les différentes catégories d’angines, pharyngites, amygdalites, les laryngites striduleuses par spasmes laryngés ou laryngites suffocantes par rétrécissement en dessous des cordes vocales. À l’étage inférieur : arbre trachéo-bronchique. On retrouvera les bronchites souvent consécutives à une rhinopharyngite, les bronchites asthmatiformes de l’enfant allergique, les bronchiolites alvéolaires du nourrisson. Parmi les infections les plus courantes du jeune âge, on peut distinguer : Définition Localisation Rhinopharyngite Inflammation aiguë des végétations adénoïdes Arrière-nez/ partie haute de la gorge Écoulement nasal, toux grasse de gorge Infection aiguë de l’oreille moyenne Trompe d’Eustache plus caisse du tympan Douleur +++, gêne auditive Pharyngite Inflammation virale du pharynx Diffuse, toute la gorge est touchée Douleur, rougeur diffuse de la gorge Angine Infection microbienne du pharynx Toute la gorge, surtout les amygdales Douleur, amygdales rouges ou blanches Infections ORL de l’enfant Otite Solutions naturelles SN_orl.indd 6 Outre la fièvre… Dénomination 6 18/03/14 08:24 Laryngite Inflammation/ infection du larynx Cordes vocales, dessous les amygdales Toux sèche, rauque, aboyante Bronchite simple, asthmatiforme Inflammation/ infection/ spasme bronchique Grosses et moyennes bronches Toux grasse, gêne respiratoire, sifflements Bronchiolite alvéolaire Inflammation/ obstruction bronchique Petites bronches terminales Toux sèche quinteuse, sifflements, gêne respiratoire 2. Quelles différences selon le germe ? Il s’agit le plus souvent d’un virus : o l’infestation générale de l’organisme évolue volontiers par épidémie (grippe) ; o les écoulements du nez ou des oreilles sont non purulents ; o il existe une possibilité de surinfection bactérienne et de complications survenant sur terrain fragile. Quel est son problème ? 7 Solutions naturelles o l’évolution se fait d’un seul tenant avec une convalescence difficile et une période d’immunité temporaire ; SN_orl.indd 7 18/03/14 08:24 Il s’agit plus rarement d’une bactérie : o l’infection est individuelle plus qu’épidémique, elle est focalisée (nez, gorge, etc.) ; o l’écoulement est en général purulent ; o il existe une atteinte de l’état général et une possibilité de prolongement ou de récidive précoce ; o enfin, en cas d’infection répétée, l’individu peut devenir allergique aux microbes proprement dits, c’est l’allergie microbienne. La sensibilité aux traitements est bien différente : o les virus ne sont pas sensibles aux antibiotiques, qui ne pénètrent pas dans la cellule vivante ; o la bactérie, elle, y est sensible d’une manière générale, sauf en cas de résistance à tel antibiotique en particulier. 3. Pourquoi cette fréquence ? Deux raisons à cela : l’une est morphologique, l’autre est fonctionnelle. Infections ORL de l’enfant Le champ de bataille est réduit Solutions naturelles SN_orl.indd 8 Les voies aériennes de l’enfant n’ont pas la même morphologie que celles de l’adulte, ce d’autant plus que l’enfant est plus jeune. o À l’étage supérieur : -- les fosses nasales sont moins hautes, plus petites, ce qui laisse moins de place et facilite la stagnation du mucus et des germes ; 8 18/03/14 08:24 -- les sinus : seuls les sinus maxillaires et ethmoïdaux sont présents quasiment dès la naissance, les sinus frontaux n’existent que chez le grand enfant. La muqueuse recouvrant ces sinus est très fragile ; les infections sinusiennes toucheront facilement la paroi osseuse du sinus, se transformant en ostéite sinusienne ; -- l’arrière-nez est, lui aussi, de petit volume et souvent encombré par un paquet de végétations plus ou moins volumineux. o Au niveau de l’oreille : -- la trompe d’Eustache est courte et perméable, parfois entourée de végétations, facilitant ainsi l’intrusion des germes ; -- la caisse du tympan, volontiers cloisonnée, contient une chaîne des osselets plus volumineuse que chez l’adulte, facilitant la rétention du mucus et des germes. Le canal reliant la caisse du tympan à la cavité mastoïdienne est assez étroit, et la cavité osseuse mastoïdienne est, elle aussi, recouverte d’une muqueuse fragile aboutissant facilement à une mastoïdite. o Au niveau de l’étage moyen : -- à l’entresol, les amygdales linguales sont, elles aussi, développées, surplombant des cordes vocales irritables et une zone assez étroite située juste en dessous d’elles ; 9 SN_orl.indd 9 Quel est son problème ? -- le voile du palais et la langue sont relativement proches l’un de l’autre ; de plus, les amygdales buccales sont assez volumineuses ; Solutions naturelles 18/03/14 08:24 o Au niveau de l’étage inférieur : -- les cartilages des voies respiratoires sont relativement mous, se déformant assez facilement ; de plus, les bronchioles sont d’un petit diamètre, ce qui facilitera leur obstruction. Les petits réagissent différemment L’enfant, et surtout le petit enfant et le nourrisson, a des réactions particulières vis-à-vis de la maladie. Ceci est lié au fait que ses défenses immunitaires ne sont pas encore créées, mais aussi que d’autres fonctions de l’organisme sont encore immatures : o au point de vue digestif : la valve anti-reflux, située entre l’estomac et l’œsophage et qui empêche les aliments de remonter lors des contractions de l’estomac, est encore peu efficace, d’où la possibilité, surtout chez le tout-petit très souvent allongé, de reflux de liquide acide qui va remonter haut dans les voies respiratoires jusqu’à l’arrière-nez, pouvant occasionner bronchites, toux, rhinopharyngites, voire otites ; Infections ORL de l’enfant o au point de vue respiratoire : il existe une immaturité des centres respiratoires ; le nourrisson a facilement tendance à faire des arrêts respiratoires pendant son sommeil ou des spasmes respiratoires liés aux pleurs ou à la chute des sécrétions rhino-pharyngées. Par ailleurs, le petit enfant et le nourrisson n’ont pas le réflexe de respirer par la bouche en cas d’obstruction nasale. Pour ces deux raisons, une gêne respiratoire nasale aura des conséquences d’autant plus importantes que l’enfant est plus jeune ; Solutions naturelles SN_orl.indd 10 10 18/03/14 08:24 o les centres de la thermorégulation, qui assurent la stabilité de notre température interne aux alentours de 37 °C, ne sont pas encore bien « calés », ce qui fait que le nourrisson a tendance à faire assez facilement et brutalement des montées ou baisses de température ; o enfin, le système nerveux végétatif du jeune enfant est très réactif, tout particulièrement aux toxines microbiennes ; c’est ainsi qu’en cas d’infection, otite surtout, un jeune nourrisson fera des signes généraux digestifs, vomissements, diarrhées, qui auront facilement tendance à entraîner une déshydratation. D’une manière générale, cet état de choses aboutit à créer deux nouvelles, une bonne et une mauvaise : -- la mauvaise : l’enfant perd pied assez facilement devant la maladie, son état peut s’aggraver apparemment de manière dramatique ; -- la bonne : si on le remet dans des conditions satisfaisantes de guérison, il va reprendre pied très rapidement. Traitement : avant tout ne pas nuire ! Dans le même ordre d’idées, les huiles essentielles, remèdes très efficaces mais très puissants, doivent être écartées chez le nourrisson et utilisées avec prudence et après conseil avisé chez le petit enfant. 11 SN_orl.indd 11 Quel est son problème ? Ce qui vaut pour la maladie vaut aussi pour le traitement. La grande réactivité du nourrisson et du petit enfant fait qu’il faut proscrire les pulvérisations nasales ou de gorge chez le nourrisson avant l’âge de deux ans et demi à trois ans, sous peine d’entraîner un spasme respiratoire. Solutions naturelles 18/03/14 08:24 Table des matières Introduction – Il est toujours malade ! . . . . . . . . . . . . . . . 3 Quel est son problème ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 1. De quoi parlons-nous ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2. Quelles différences selon le germe ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 3. Pourquoi cette fréquence ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 4. Pourquoi cette diversité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 5. Y a-t-il un terrain favorisant ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Choisissez les bonnes solutions ! . . . . . . . . . . . 15 6. Appliquez la règle d’or ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Pour les soigner « au naturel »… et éviter antibiotiques et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . 17 La prise en charge médicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 7. Adoptez les médecines douces curatives . . . . . . . . . . . . . . 17 8. N’abusez pas des antibiotiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24 9. Cortisone : uniquement en cas d’urgence . . . . . . . . . . . . . . 25 10. Sirop contre la toux : choisissez le bon . . . . . . . . . . . . . . . 26 11. Apprenez à soulager sa douleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 12. Fièvre, chute de poids du tout-petit : gare ! . . . . . . . . . . . . 29 13. Gêne respiratoire, ganglions, pus : réagissez vite ! . . . . . 30 14. Sachez quand appeler le médecin . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 15. Acte chirurgical à chaud : acceptez-le s’il le faut . . . . . . . . 37 16. Épisode aigu : adoptez la bonne attitude . . . . . . . . . . . . . 38 La solution chirurgicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 17. Ne faites pas opérer votre enfant trop rapidement . . . . . . 40 18. Sachez quand et pourquoi enlever les amygdales . . . . . . 41 19. Végétations : vous pouvez le faire à tout âge . . . . . . . . . . 42 20. Yoyos : plusieurs fois s’il le faut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 21. Sachez tout sur le drainage des sinus . . . . . . . . . . . . . . . 45 SN_orl.indd 78 18/03/14 08:24 Pour lui éviter ces ennuis… (survenue ou récidive) . . . 46 Stimulez ses défenses naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 22. Adoptez les médecines douces préventives . . . . . . . . . . . 46 23. Pensez aussi aux traitements de soutien . . . . . . . . . . . . . 50 24. Immunostimulant ou vaccin : choisissez l’arme appropriée . . . 51 25. Osez le thermalisme infantile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 Prenez en charge les facteurs favorisants . . . . . . . . . . . . 55 26. Il est pâlot : surveillez le fer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 27. Eczéma-asthme : soupçonnez l’allergie . . . . . . . . . . . . . . 56 28. Rhinopharyngites répétées : gare au reflux gastrique . . . .57 29. Méfiez-vous des poussées dentaires . . . . . . . . . . . . . . . . 58 30. Maladie virale ou infantile : redoublez de prudence . . . . . 59 Construisez-lui un bon terrain organique . . . . . . . . . . . . . 61 31. Assurez-lui une bonne hygiène de vie . . . . . . . . . . . . . . . .61 32. Choisissez le mode de garde approprié. . . . . . . . . . . . . . . . 63 33. Laissez couler le nez de votre enfant ! . . . . . . . . . . . . . . . 64 34. Ne fumez pas à proximité d’un petit . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 35. Un bon mouchage : le premier des médicaments . . . . . . . 66 36. Lavage de nez : pratiquez-le au quotidien . . . . . . . . . . . . 67 37. Éloignez les allergènes respiratoires . . . . . . . . . . . . . . . . .69 38. Choisissez le meilleur climat de vacances . . . . . . . . . . . . 70 39. Sucreries, laitages… : surveillez l’alimentation . . . . . . . . . 71 40. Déterminez clairement votre rôle de parent . . . . . . . . . . . 73 Conclusion – Collaborez avec les défenses naturelles de votre enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 SN_orl.indd 79 18/03/14 08:24