DOSSIER DE PRESSE - Musées en Franche
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DOSSIER DE PRESSE - Musées en Franche
DOSSIER DE PRESSE 1 SOMMAIRE Communiqué de presse 5 Le mot de Christine Bouquin, Présidente du Département et de Guy Cogeval, Président des musées d’Orsay et de l’Orangerie 6 Présentation de l’exposition 7 > 33 La forêt de Fontainebleau, atelier en plein air La Normandie, berceau de l’Impressionnisme L’auberge Saint Siméon « Paysages de mer » Paris et le groupe des Batignolles Guerre de 1870 - Commune de Paris Les Déjeuners sur l’herbe Œuvres croisées • Natures mortes • Scènes de genre • Portraits féminins Retours à Fontainebleau et séjours en bords de Seine Organisation 34 Catalogue 34 Autour de l’exposition 35 Visuels disponibles pour la presse 37 Informations pratiques 39 Pays de Courbet, Pays d’artiste 41 Le musée Courbet • Connaître Courbet grâce à la collection permanente • Des expositions temporaires pour comprendre l’influence de Courbet dans le monde artistique La ferme Courbet à Flagey • Un lieu de vie et d’échange culturel pour tous • Les chambres d’hôtes Le dernier atelier de Gustave Courbet à Ornans La source de la Loue : un site valorisé et sécurisé Les sentiers de Courbet Pays de Courbet, pays d’artiste, label Ethnopôle 3 Communiqué de presse Exposition Courbet et l’Impressionnisme du 9 juillet au 17 octobre 2016 au musée Courbet à Ornans Gustave Courbet est considéré comme l’un des précurseurs de l’Impressionnisme. Faire comprendre les liens personnels et artistiques qui unirent le maître du réalisme à cette jeune génération d’artistes, tel est l’enjeu de cette exposition organisée en partenariat avec le musée d’Orsay. Plus de quatre-vingts œuvres des principaux acteurs du mouvement impressionniste et de leurs initiateurs sont réunies à cette occasion. L’Impressionnisme est né de la rencontre d’artistes épris de peinture en plein air et en quête de renouveau esthétique. Gustave Courbet est au centre de ces échanges ainsi que les peintres paysagistes de Barbizon qui se retrouvent dans la forêt de Fontainebleau. Ils puisent leur inspiration dans l’observation directe de la nature, comme Camille Corot. En 1841, Gustave Courbet découvre la côte normande qui devient alors un lieu privilégié pour affirmer son art et rencontrer les futurs impressionnistes. La rupture engagée par les impressionnistes avec l’art académique, tient moins aux sujets qu’ils traitent, qu’à leur façon de les appréhender et les exécuter. La vigueur de la touche, d’ordinaire réservée à l’esquisse, étonne. L’ensemble prend le pas sur les détails et une place fondamentale est accordée au traitement de la lumière. Il en résulte une peinture beaucoup plus claire, où les couleurs pures sont posées en touches distinctes et où le dessin n’est plus essentiel. Forêt de Fontainebleau, Normandie, bords de Seine de Bougival, Argenteuil ou Louveciennes... l’exposition présente en tableaux tous ces lieux emblématiques. Sont aussi évoqués les parallèles existant entre les créations de Gustave Courbet et ses amis réalistes et celles des impressionnistes. Commissariat de l’exposition : Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef du musée Gustave Courbet Julie Delmas, Adjointe du conservateur Élise Boudon, chargée d’études Contacts presse : Département du Doubs Marie Payer [email protected] 03 81 25 80 27 Sandrine Crevoisier [email protected] 03 81 25 83 12 5 Agence aiRPur Pascal Margueron/Sophie Gilibert [email protected] 03 81 57 13 29 06 81 55 96 68 Le mot de Christine Bouquin et de Guy Cogeval Depuis la réouverture du musée Gustave Courbet en 2011, le musée d’Orsay se tient à ses côtés par un travail de collaboration scientifique et pour des prêts et des dépôts importants. Il s’agit d’une déclinaison majeure de sa politique territoriale pour donner à voir les chefs-d’œuvre des collections nationales dont il a la charge au plus grand nombre et surtout en différents lieux du territoire. Quoi de plus naturel que ce rapprochement, avec d’un côté le Conseil départemental du Doubs très investi dans la refonte et la rénovation du musée Courbet d’Ornans, selon les normes scientifiques et techniques les plus élevées, et de l’autre un établissement public culturel du Ministère de la Culture et de la Communication qui a fait de la générosité l’un des piliers de sa mission ? Plus que jamais le musée est le cœur battant de ce pays de Courbet, célèbre grâce à lui dans le monde entier ; le musée d’Orsay, qui conserve les chefs-d’œuvre du maître s’enorgueillit quant à lui d’avoir mené à bien une restauration fondamentale, durant presque deux ans, de l’Atelier du peintre. Officialisée par une convention de partenariat, cette collaboration est de nouveau à l’œuvre pour la grande exposition de l’été 2016 à Ornans « Courbet et l’Impressionnisme ». Comme l’accrochage à Orsay de la galerie des impressionnistes rénovée le démontre de manière inédite, la contribution de Courbet à la naissance du paysage impressionniste est tout à fait indéniable. Une étude à la fois précise et réjouissante de ces influences réciproques et parfois souterraines, entre figures majeures de l’art du XIXe siècle autour de Courbet avait toute sa place dans la programmation exigeante du musée qui se propose de faire avancer la compréhension de l’œuvre du peintre et de ses significations. Et nous sommes heureux de constater une nouvelle fois combien est fructueux ce partage de connaissances et de collections. Sa pertinence et son efficacité se montrent toujours plus évidentes, grâce au travail conjugué des équipes du musée d’Orsay et du musée Gustave Courbet. Nous nous en félicitons et souhaitons que de nouvelles et nombreuses rencontres, à la gloire du maître d’Ornans aient lieu à l’avenir. Avec « Courbet et l’Impressionnisme » c’est l’histoire d’une relation complexe mais fondamentale pour l’art moderne que nous vous invitons à découvrir. Cette exposition n’a été possible que grâce aux prêteurs, institutionnels ou privés, qui ont accepté d’y participer. Qu’ils soient assurés de notre reconnaissance pour leur générosité et leur confiance. Bel été à Ornans avec Courbet, Boudin, Manet, Monet, et tous les autres... Christine Bouquin, Présidente du Département du Doubs et Guy Cogeval, Président des musées d’Orsay et de l’Orangerie 6 PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION Courbet et l’Impressionnisme 7 La forêt de Fontainebleau, atelier en plein air dans l’observation minutieuse de la réalité. Les œuvres résultantes accordent une place majeure à l’élément naturel qui est souvent représenté dans un cadrage serré, cherchent à traduire les effets de lumière selon les différents moments de la journée, traduisent les émotions de l’artiste, et conservent parfois un aspect inachevé. Courbet se rallie à ce mouvement et, malgré la faible documentation, on peut supposer qu’il y séjourne en 1841, 1849, 1851, 1856 et 1865. L’engouement des artistes pour ce lieu jusqu’en 1870 environ permet le développement des villages qui bordent la forêt comme Barbizon, Chailly-en-Bière et Marlotte. Cet essor est rendu possible par la création de la ligne de chemin de fer reliant Paris à Melun en 1849, mais aussi par l’invention du tube de peinture en étain diffusé en France dès 1841, qui facilite les travaux en plein air. C’est vraisemblablement vers 1840 que Gustave Courbet se rend pour la première fois dans la forêt de Fontainebleau. Ce site attire depuis une décennie de plus en plus d’artistes en quête d’une nature intacte. Peintres, sculpteurs, écrivains et plus tard photographes de générations différentes – classiques, romantiques, réalistes puis impressionnistes - s’y croisent, peignent ensemble et discutent avec passion dans les auberges qui les accueillent, dont la célèbre auberge Ganne à Barbizon. L’appellation « École de Barbizon » est créée en 1890 par le critique d’art anglais David Croal Thomson et désigne en fait un ensemble d’artistes aux conceptions souvent fort différentes. Elle met toutefois en évidence la forêt de Fontainebleau comme lieu de création emblématique du milieu du XIXe siècle, à la fois par l’émulation qu’elle a su créer chez les artistes et par la modernité qu’elle a engendrée. Les artistes qui fréquentent le lieu à partir de 1830 – notamment Narcisse Diaz de la Pena, Charles Daubigny, Jean- François Millet, Théodore Rousseau, précédés de quelques années par le grand maître du paysage Camille Corot, - ouvrent la voie à une nouvelle vision de la nature. Ils décident de sortir de l’atelier, non seulement pour réaliser des esquisses, mais également pour peindre leur tableau, puisant leur inspiration 8 Œuvres présentées : Jules Coignet (1798 – 1860), Peintres dans la forêt de Fontainebleau, huile sur toile, 24,7 x 18,5 cm, Barbizon, musée départemental des peintres de Barbizon Camille Corot (1796-1875), Fontainebleau, aux gorges d’Apremont, 1834, huile sur papier marouflé sur toile, 33,5 x 41,5 cm, Pau, musée des Beaux-arts Camille Corot (1796-1875), Deux personnages sous les arbres au bord des marais, 1855-1860, Huile sur toile, 33 x 46,5 cm, Vevey, musée Jenisch, Fondation pour les Arts et les Lettres Camille Corot (1796-1875), Le Batelier, le soir, 1860-1870, huile sur toile, 20,5 x 36,5 cm, Ville de Versailles, musée Lambinet Charles Daubigny (1817-1878), Pièce d’eau sous-bois, 1850, huile sur bois, 19,5 x 32 cm, Le Havre, musée d’Art moderne André Malraux Narcisse Diaz de la Peña (1807-1876), Clairière, huile sur bois, 18.6 x 25.7 cm, Besançon, Musée des beaux-arts et d’archéologie Théodore Rousseau (1812-1867), Paysage, la sablière (Marlotte), 1864, huile sur papier marouflé sur toile, 24,7 x 52,5 cm, Arbois, musée Sarret de Grozon 9 La Normandie, berceau de l’Impressionnisme Dès le début du XIXe siècle, les bords de la Manche, et en particulier la Normandie, sont, comme la forêt de Fontainebleau, des lieux privilégiés pour les artistes attachés à travailler en pleine nature. À eux se joignent, par leur goût pour les atmosphères de plein air, les maîtres de l’École de Barbizon, Corot, Rousseau, Dupré, Díaz de la Peña, Daubigny et, quelques années plus tard, Jongkind, Boudin, Courbet. Chacun à leur manière, ils seront considérés comme les précurseurs de l’impressionnisme. La beauté des côtes et leur proximité de Paris, que l’invention du chemin de fer rendra plus proches encore, transforment rapidement quelques villages de pêcheurs normands en villégiatures balnéaires très prisées par l’aristocratie et la bourgeoisie du temps. Les peintres s’y installent aussi et Trouville, Deauville, Cabourg, Honfleur, Le Havre, Étretat deviennent leurs sites de prédilection. Courbet découvre la Normandie au printemps 1841, un peu plus d’un an après son installation à Paris. Il y voyage avec son ami Urbain Cuenot, descendant la Seine en bateau, de Paris au Havre, et explorant les paysages et les villes qui la bordent. Il écrit à son père : « Je suis enchanté de ce voyage qui m’a développé beaucoup les idées sur différentes choses dont j’avais besoin pour mon art. Nous avons enfin vu la mer, la mer sans horizon (que c’est drôle pour un habitant du vallon). Nous avons vu les beaux bâtiments qui la parcourent. C’est trop attrayant, on se sent entraîné, on voudrait partir voir le monde entier. Nous avons traversé la Normandie, pays charmant, tant pour la richesse de la végétation que pour ses sites pittoresques et ses monuments gothiques qui peuvent être comparés à tout ce qu’il y a de mieux en ce genre ». La mer, calme ou houleuse, les ciels purs ou tourmentés leur permettent d’exprimer une esthétique nouvelle où la luminosité et les contrastes colorés priment. Après ce premier séjour, Courbet retourne à de nombreuses reprises en Normandie : en 1859, il est au Havre, en 1865 et 1866 à Trouville et Deauville, en 1867 à Saint-Aubin-sur-Mer, en 1868 à nouveau au Havre et en 1869 à Étretat. Il y réalise beaucoup de ses plus belles œuvres, en particulier sa série de Vagues. Influencés par les grands paysagistes romantiques anglais, Turner, Bonington, Cotman, des peintres français, comme Isabey, Huet, Mozin, vont, dès les années 1820, peindre la côte et la vie des pêcheurs dans une lumière spécifique estompant les contours et les plans lointains, prémices de la vision impressionniste. 10 Œuvre présentée : Gustave Courbet (1819-1877), Marine ou Vue d’Honfleur, v. 1841, huile sur toile, 43,5 x 65 cm, Lille, Palais des Beaux-arts Eugène Boudin (1824-1898), La Plage - Trouville, huile sur galet, 7 x 10 cm, Collection particulière 11 L’auberge Saint-Siméon Schanne, à propos de Boudin, raconte : « il nous emmena à Honfleur, et nous installa dans une auberge rustique, à mi-côte de la falaise. (...) Courbet peignit là deux tableaux : un coucher de soleil sur la Manche, et une vue de l’embouchure de la Seine avec des pommiers au premier plan ». L’auberge évoquée est la Ferme Saint-Siméon. Elle est célèbre pour ses chambres peu chères, son ambiance chaleureuse et pittoresque et son site enfoui dans la verdure au panorama s’ouvrant sur l’estuaire de la Seine. Tous les artistes de passage y séjournent. Le deuxième séjour de Courbet en Normandie a lieu en juin 1859. Avec l’écrivain Alexandre Schanne, ils participent à un voyage de botanistes en étude au Havre. De son côté, Boudin note dans ses carnets : « Visite de Courbet. Il a été satisfait de tout ce qu’il a vu, j’espère. Si je l’en croyais, je me regarderais certainement comme un des talents de notre époque. Il lui a paru de ma peinture qu’elle est trop faible de ton : ce qui est peutêtre vrai, rigoureusement parlant ; mais il m’a assuré que peu de gens peignent aussi bien que moi ». Sur place, ils font la connaissance du peintre Eugène Boudin. Né à Honfleur en 1824 dans une modeste famille de marins, Boudin s’installe au Havre en 1844. Plus attiré par le dessin que par les métiers de la mer, il y ouvre, avec un associé, une papeterie qui servira aussi de lieu d’exposition. Sur la Ferme Saint-Siméon, Boudin rappelle encore : « Oh ! Saint-Siméon, il y aurait une belle légende à écrire sur cette hôtellerie. Que de gens y ont passé et des célèbres, à ma suite. (...) Le maître des maîtres : Harpignies (...) Monet, mon élève. J’ai fait là force aussi parties de quilles avec Díaz, un bon encore ». Puis en 1851, grâce à une bourse municipale de trois ans, il part étudier la peinture à Paris. Il s’inscrit comme élève copiste au Louvre et fréquente l’atelier de Troyon, membre de l’École de Barbizon. Boudin partage alors son temps entre Paris, Le Havre et Honfleur et, au hasard de ses rencontres, crée des liens entre plusieurs générations artistiques. Un mélange de visions esthétiques s’opère, passant d’un paysagisme classique au réalisme et à l’impressionnisme. 12 Œuvres présentées : Louis-Alexandre Dubourg (1821-1891), Le ramassage des pommes à Saint-Siméon, huile sur toile, 57 x 87,5 cm, Honfleur, musée Eugène Boudin Amédée Besnus (1831-1909), La ferme Saint-Siméon, huile sur toile, 47,5 x 65 cm, Honfleur, musée Eugène Boudin Claude Monet (1840-1926), Cour de ferme en Normandie, v. 1863, huile sur toile, 65 x 81,5 cm, Paris, musée d’Orsay, don de M. et Mme Raymond Koechlin, 1931 Acte de mariage de Claude Monet et Camille Doncieux, 28 juin 1870, reproduction, Archives de Paris, 13 « Paysages de mer » Lorsqu’il travaille à ses paysages de mer, comme il les nomme lui-même, Courbet se libère à nouveau des conventions académiques. Il dit à son ami Alfred Bruyas en janvier 1866 : « Je suis allé cet été à Trouville trois mois (...) J’ai fait dans cet endroit 38 tableaux dont 25 paysages de mer (...) vingt-cinq ciels d’automne, tous plus extraordinaires et libres l’un que l’autre ». Les séjours en Normandie sont pour les artistes des moments d’échanges importants et, en croisant leurs souvenirs personnels, on constate combien leurs rencontres poussent l’évolution de la peinture vers la modernité et donc vers l’impressionnisme. La fraîcheur des scènes côtières de Jongkind a une grande influence sur Boudin et Monet, lequel dira du peintre hollandais : « C’est à lui que je dois l’éducation définitive de mon œil ». Au contact de Boudin, Courbet éclaircit sa palette. Admirant la manière dont celui-ci traite les rendus atmosphériques, il l’interpelle : « Nom de dieu, Boudin, vous êtes un séraphin, il n’y a que vous qui connaissiez le ciel ». C’est à partir des années 1860 et de ses séjours en Normandie que Courbet retient la mer comme une thématique artistique forte et récurrente. Mais sa vision diffère beaucoup de la tradition iconographique classique des marines. C’est à partir des années 1860 et de ses séjours en Normandie que Courbet retient la mer comme une thématique artistique forte et récurrente. Mais sa vision diffère beaucoup de la tradition iconographique classique des marines. Plus que les scènes anecdotiques des bords de mer, c’est la confrontation de l’homme à la nature qui intéresse Courbet. Fasciné par les reliefs des falaises du Jura, il l’est aussi par la puissance des éléments marins. Mieux qu’un rendu réaliste de ceux-ci, Courbet cherche l’émotion qu’ils procurent, mélange d’attirance et d’effroi. Ainsi en novembre 1864, il écrit à Victor Hugo exilé sur l’île de Guernesey : « J’irai devant votre retraite sympathique contempler le spectacle de votre mer. Les sites de nos montagnes nous offrent aussi le spectacle sans borne de l’immensité, le vide qu’on ne peut remplir donne du calme. Je l’avoue, Poète, j’aime le plancher des vaches et l’orchestre des troupeaux sans nombre qui habitent nos montagnes. La mer ! la mer ! Avec ses charmes m’attriste ! Elle me fait dans sa joie l’effet du tigre qui rit ; dans sa tristesse elle me rappelle les larmes du crocodile, et dans sa fureur qui gronde, le monstre en cage qui ne peut m’avaler ». De son côté, Boudin précise : « Courbet m’a déjà un peu affranchi de la timidité, j’essaierai de larges peintures, des choses grandes et plus cherchées comme ton ». Pour Whistler, Courbet célèbre surtout la liberté visuelle de l’espace marin. Monet dès ses premières toiles de mer, vers 1865, copie ses audaces de palette et son jeu sur le vide. Quant à Manet, dans ses marines comme dans l’ensemble de son œuvre, il retient les provocations et la vérité brute de la peinture de Courbet. À son exemple et avec lui, tous établissent les bases d’une vision nouvelle. 14 Œuvres présentées : Eugène Boudin (1824-1898), La plage de Deauville, vers 1860-1870, pastel sur papier, 19,7 x 30,3 cm, Musée de La Roche-sur-Yon Eugène Boudin (1824-1898), Plage avec une femme à l’ombrelle, vers 1860-1870, pastel sur papier, 19 x 28 cm, Musée de La Roche-sur-Yon Johan Barthold Jongkind (1819-1891), Plage de Normandie, 1864, aquarelle, 17 x 28,5 cm, Collection particulière, courtesy Brame et Lorenceau, Paris Louis Moullin (1817-1876), Gustave Courbet à Trouville, 1865, dessin à la plume rehaussé d’aquarelle, 18 x 25 cm, Ornans, Institut Gustave Courbet Gustave Courbet (1819-1877), Marée montante, 1865, huile sur toile, 50 x 60 cm, Musée de Boulogne-sur-Mer Eugène Boudin (1824-1898), Etretat, la falaise Amont, 1896, huile sur toile, 46 x 65,5 cm, Paris, musée d’Orsay, legs de Mme Jeantet-Violet, 1997 Eugène Boudin (1824-1898), La plage de Trouville, 1865, huile sur carton, 26,5 x 40,3 cm, Paris, musée d’Orsay, legs d’Eugène Béjot, 1932 Eugène Boudin (1824-1898), Baigneurs à Trouville, 1869, huile sur bois, 24 x 41 cm, Paris, musée d’Orsay, œuvre récupérée après la Seconde guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, dépôt au musée national du Château de Compiègne Eugène Boudin (1824-1898), Sur la plage de Trouville, vers 1880-1885, huile sur bois, 13,3 x 26,5 cm, Musée d’Art et d’Archéologie, Senlis Charles Daubigny (1817-1878), Les Graves à Villerville (Calvados), 1859, huile sur toile, 90 x 191 cm, Marseille, Musée des Beaux-arts Johan Barthold Jongkind (1819-1891), La sortie du port de Honfleur, 1865, huile sur toile, 57,5 x 85 cm Collection particulière Johan Barthold Jongkind (1819-1891) Marine, 1855, huile sur toile, 24,2 x 30 cm, Mulhouse, musée des Beaux-arts Gustave Courbet (1819-1877), Le calme, marine, 1865-1867, huile sur toile, 45 x 54,5 cm, Musée des Beaux-arts de Lons-le-Saunier 15 16 Claude Monet (1840-1926), Bord de mer, pastel sur papier, 17,5 x 28 cm, Hélène Bailly Gallery Gustave Courbet (1819-1877), La vague, 1870, huile sur toile, 54 x 73 cm, Musée des beaux-arts d’Orléans Johan Barthold Jongkind (1819-1891), Marine par gros temps, 1871, pierre noire et aquarelle sur papier, 11 x 14,7 cm, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris James Whistler (1834-1903), La vague bleue, après 1862, photogravure, Ornans, Musée Gustave Courbet Gustave Courbet (1819-1877), La vague, v. 1869, huile sur toile, 53,2 x 93 cm, Collection Frédérique Laloy-Benito Édouard Manet (1832-1883), Clair de lune sur le port de Boulogne, 1869, huile sur toile, 82 x 101 cm, Paris, musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911 Eugène Boudin (1824-1898), Maison de pêcheur à Saint-Vaast-la-Hougue, 1892, huile sur toile, 49 x 60 cm, Collection particulière, France Eugène Boudin (1824-1898), Rivière en Bretagne, 1870, huile sur toile, 50 x 73 cm, Bailly Gallery 17 Paris et le groupe des Batignolles Certains lieux du quartier des Batignolles deviennent des sites emblématiques du mouvement impressionniste. Les artistes se réunissent d’abord dans deux cafés voisins du marchand de couleurs Hennequin, sur l’avenue de Clichy : le café du Père Lathuille et le café Guerbois. Puis, dans les années 1870, c’est place Pigalle, au café de la Nouvelle Athènes que le groupe s’installe : « là nous avions l’habitude de nous asseoir et de faire de l’esthétique jusque deux heures du matin » explique le poète irlandais George Moore. Paris est aussi au cœur des échanges entre les différentes générations d’artistes. Les ateliers privés, qui permettent de dessiner et peindre d’après le modèle vivant pour une somme modique, sont des lieux privilégiés de rencontre. L’Académie Suisse et l’atelier Gleyre du peintre Charles Gleyre voient naître de belles amitiés comme celle entre Renoir, Bazille, Sisley et Monet. Ils n’y restent pas longtemps, « Filons d’ici ! » aurait lancé Monet à ses camarades d’atelier, car cette génération est plus tentée de suivre les pas des maîtres de Barbizon en se confrontant, comme eux, directement au « motif » dans les bois et sur les bords de Seine. Ces artistes, rejetés par les jurys des Salons, ne parviennent pas à exposer dans les manifestations officielles. Ils envisagent alors dès 1867 de présenter une exposition collective et indépendante mais ce projet ne verra le jour qu’en 1874, dans l’atelier du photographe Nadar, boulevard des Capucines. Boudin, Bracquemond, Cézanne, Degas, Monet, Berthe Morisot, Pissarro, Renoir ou encore Sisley y participent. C’est alors qu’en tournant en dérision le titre de l’œuvre de Claude Monet Impression, soleil levant le critique Louis Leroy qualifie ces peintres « d’impressionnistes ». Suivent ensuite sept expositions du groupe entre 1876 et 1886, dont trois sont organisées dans les salons ou la galerie du marchand d’art Paul Durand-Ruel. À partir des années 1860, les artistes se retrouvent en particulier dans le quartier des Batignolles, situé au Nord-Ouest de Paris. Attiré par les loyers modestes, le premier à s’y installer est sans doute Manet, suivi de Zola, Monet, Renoir, Bazille, Duranty, Champfleury, Desboutin, Pissarro... Se forme alors le « Groupe des Batignolles », appellation qui apparaît en 1870 suite à la présentation au Salon d’un portrait de groupe de Fantin-Latour intitulé Un atelier aux Batignolles. Cette œuvre présente Manet peignant, entouré d’artistes et d’écrivains qui, d’après Théodore Duret, « avaient subi son influence ou étaient devenus ses défenseurs. On voyait figurer Zola, Claude Monet, Renoir, Bazille, Zacharie Astruc, Maître et Scholderer ». 18 Œuvres présentées : Edgar Degas (1834-1917), Portrait du graveur Desboutin et du graveur Lepic, 1876-1877, huile sur toile, 71 x 81 cm, Paris, musée d’Orsay Félix Bracquemond (1833-1914), Portrait d’Édouard Manet, 1867, eau-forte, 15 x 11 cm, Ornans, musée Gustave Courbet Félix Bracquemond (1833-1914), Portrait d’Alphonse Legros, 1861, eau-forte, 31 x 17,5 cm, Ornans, musée Gustave Courbet Édouard Manet (1832-1883), Homme sur un banc, lavis d’encre de chine, 9,5 x 14 cm, Bailly Gallery Édouard Manet (1832-1883), Portrait de Gustave Courbet, vers 1884, Gillotgraphie, 31 x 26 cm, Ornans, musée Gustave Courbet Édouard Manet (1832-1883), Portrait de Baudelaire, 1862, eau-forte, 29,5 x 22 cm, Compiègne, musée national du palais de Compiègne Marcellin Desboutin (1823-1902), Édouard Manet, 1876, pointe sèche, Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins Marcellin Desboutin (1823-1902), L’Homme à la pipe, 1879, pointe sèche, Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins Marcellin Desboutin (1823-1902), Comte Lepic, 1876, pointe sèche, Musée départemental Anne- de-Beaujeu, Moulins Marcellin Desboutin (1823-1902), Gustave Courbet, 1878, pointe sèche, Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins Marcellin Desboutin (1823-1902), Pierre-Auguste Renoir, 1877, pointe sèche, Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins Marcellin Desboutin (1823-1902), Edgar Degas, 1876, pointe sèche, Musée départemental Anne- de-Beaujeu, Moulins Marcellin Desboutin (1823-1902), Berthe Morisot, v. 1876, pointe sèche, Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins Marcellin Desboutin (1823-1902), Zola à la signature, 1879, pointe sèche, 30 x 23 cm, Collection particulière L. T. Marcellin Desboutin (1823-1902), Edmond Duranty, v. 1876, pointe sèche, Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins 19 Guerre de 1870 - Commune de Paris En 1870, à l’annonce de la guerre opposant la France à la Prusse, de nombreux artistes quittent Paris en cherchant un refuge alors que d’autres comme Manet, Degas, Renoir ou Bazille s’engagent ou sont mobilisés. Cézanne retourne dans sa Provence natale, à L’Estaque, où Zola le rejoint. Boudin et Díaz partent à Bruxelles. Monet va au Havre avant de gagner Londres où il retrouve Daubigny, Bonvin, Pissarro et le marchand d’art Durand-Ruel. Le galeriste les aide en leur achetant des œuvres à Londres puis à leur retour à Paris. Il restera toute sa vie durant un fidèle soutien aux artistes impressionnistes et un véritable promoteur de leur art. Lors de l’insurrection de la Commune de Paris en mars 1871, Courbet et Manet, républicains convaincus, sont très préoccupés par les évènements politiques et l’avenir de la France. Courbet s’engage dans la lutte et préside le Comité de la fédération des artistes de Paris, Manet en est élu membre mais à son insu et en son absence puisqu’il séjourne alors avec sa famille en province. Il ne rentre à Paris qu’après la Semaine sanglante (21-28 mai) et en fixe la mémoire par deux lithographies. 20 Œuvres présentées : Marcellin Desboutin (1823-1902), Portrait de Paul Durand-Ruel, 1882, Pointe sèche, 20 x 15 cm, Collection particulière James Whistler (1834-1903), Nocturne, 1876-1913, lithographie en couleurs, 20,5 x 15,2 cm, Collection des Musées d’art et d’histoire de la Ville de Genève, Cabinet d’arts graphiques Amand Gautier, Courbet dans sa cellule, Mazas, 16 août 1871, dessin aquarellé, 29,5 x 23 cm, Collection particulière Marcellin Desboutin (1823-1902), Henri Rochefort, 1880, Pointe sèche, dims, Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins Édouard Manet (1832-1883), La Barricade, 1871, lithographie, 47,7 x 33,9 cm, Saint-Denis, musée d’art et d’histoire Édouard Manet (1832-1883), Guerre civile, 1871, lithographie, 43,3 x 53,3 cm, Saint-Denis, musée d’art et d’histoire 21 Les Déjeuners sur l’herbe Édouard Manet reprend ce thème en présentant au Salon des Refusés de 1863 Le Bain, connu plus tard sous le titre de Déjeuner sur l’herbe, qui est selon Émile Zola sa plus grande toile, « celle où il a réalisé le rêve que font tous les peintres : mettre des figures de grandeur naturelle dans un paysage ». Ce tableau provoque à son tour le scandale. Cette scène de genre de dimensions importantes à la sensualité affirmée, montrant une femme nue au milieu d’hommes habillés, soulève des questions morales auprès du public. Le grand défi pictural que se lancent les peintres impressionnistes est de parvenir à mêler figures humaines et paysage dans le contexte de la vie moderne en traitant les deux thèmes avec le même soin, sans hiérarchie, le paysage n’étant pas seulement un décor à la scène de genre. Ce thème du déjeuner à la campagne est ensuite repris par d’autres artistes qui souhaitent également répondre au défi. Moins provocante, la version de Claude Monet n’en est pas moins monumentale puisqu’elle mesure dans ses dimensions originales plus de quatre mètres sur six. Elle est ensuite découpée en fragments dont la partie centrale est la plus célèbre et présente un portrait de Courbet. Ce dernier rend visite à Monet dans l’atelier qu’il partage avec Bazille dans l’hiver 1865-1866. Bazille rapporte : « Maître Courbet (...) est venu nous faire une visite pour voir le tableau de Monet, dont il a été enchanté ». Ainsi, Frédéric Bazille, Auguste Renoir ou même Paul Cézanne vont également se décider à peindre des compositions centrées autour de personnages en plein air. Courbet s’y essaie plusieurs fois et leur ouvre la voie avec Les Demoiselles de village (18511852), Le Repas de chasse (1858) ou encore Les Demoiselles des bords de la Seine. Ce dernier tableau crée le scandale en 1857 car il montre une scène familière dans des dimensions importantes, réservées jusque-là aux grand sujets historiques ou religieux. Ici, il s’agit de deux femmes déshabillées et alanguies, accompagnées d’un homme dont la présence est signifiée par un chapeau posé sur la barque en arrière-plan. 22 Œuvre présentée : Eugène Boudin (1824-1898), Le déjeuner sur l’herbe, 1866, Huile sur bois, 17,5 x 25 cm, Paris, musée d’Orsay, don de la succession de Gisèle Rueff-Beghin, 1988 23 Œuvres croisées / Natures mortes La nature morte, genre qui se trouve au plus bas dans la hiérarchie des genres, est dépréciée au début du XIXe siècle. Quelques artistes s’y intéressent néanmoins, dans la tradition des maîtres hollandais du xviie siècle poursuivie par Chardin au siècle suivant. Courbet, au moment de son séjour à Saintes notamment, représente de nombreuses compositions florales. Mais c’est surtout lorsqu’il est emprisonné à Sainte-Pélagie pour sa participation à la Commune de Paris, qu’il peint des fruits mais aussi des bouquets de fleurs apportés par sa sœur Zoé. Son ami François Bonvin consacre une grande partie de sa production à ce genre pictural qu’il affectionne. Pour Eugène Boudin, il s’agit d’une source financière car ces tableaux correspondent au goût des intérieurs bourgeois mais aussi à la possibilité d’explorer la tradition de Chardin qu’il admire. La rupture avec l’art académique incarnée par les impressionnistes tient moins aux sujets qu’ils traitent, classiques en soi, paysages bien sûr mais aussi scènes de genre, natures mortes, portraits et nus... qu’à la manière dont ils les traitent. Ils gardent la façon directe, presque brute des peintres réalistes, de Courbet en particulier, qui déjà tranche avec la référence absolue au tracé classique. Ils y ajoutent la liberté de la touche picturale, réservée traditionnellement aux esquisses, pour en faire une technique propre aux œuvres achevées. L’impression d’ensemble l’emporte désormais sur les détails et une place primordiale est accordée au rendu de la lumière. La peinture devient plus claire et les couleurs pures posées en touches distinctes modèlent les formes au détriment de la ligne dessinée. Toute une révolution en somme ! Dans le système formalisé par l’Académie royale de peinture au xviie siècle, les sujets de la peinture – que l’on appelle « genres » sont hiérarchisés. La peinture d’histoire, religieuse ou mythologique, considérée noble, peut être représentée sur de grands formats, tandis que le paysage, la scène de genre et la nature morte, jugés mineurs, doivent utiliser de petits formats. Ce système, qui perdure jusqu’au XIXe siècle, est renversé par l’arrivée de Courbet sur la scène artistique. Manet, Renoir et Fantin-Latour investissent également la nature morte dans la filiation des maîtres précédents mais ils éclaircissent leur palette, et les fonds autrefois sombres se parent de couleurs plus claires. Manet intègre à ses compositions des natures mortes, comme dans Olympia par exemple. Renoir peint des bouquets de fleurs tout au long de sa carrière. Il apprécie particulièrement cette pratique qui lui permet de poser des tons librement. C’est à partir du genre de la nature morte que Cézanne, suivant tous ces artistes, ouvrira la voie du cubisme. En effet, avec des œuvres telles qu’Un enterrement à Ornans ou Les Casseurs de pierre, il donne à des scènes de la vie quotidienne des dimensions monumentales. 24 Œuvres présentées : Édouard Manet (1832 - 1883), Œillets et clématite, 1882, huile sur toile, 56 x 35,5 cm, Paris, musée d’Orsay, retrouvée en Allemagne après la Seconde guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, 1949 Gustave Courbet (1819 – 1877), Le bouquet de fleurs, 1871, huile sur bois, 22 x 29 cm, Musée des Beaux-arts et de la Dentelle, Alençon Auguste Renoir (1841-1919), Bouquet de narcisses et de roses, 1914, huile sur toile, 22 x 19 cm, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris Gustave Courbet (1819 – 1877), Nature morte aux fruits : pommes et grenades, 1871, huile sur toile, 22 x 27 cm, Paris, musée d’Orsay Eugène Boudin (1824-1898), Nature morte au homard, v. 1853-1856, huile sur bois, 40,5 x 59 cm, Collection particulière Eugène Boudin (1824-1898), Nature morte aux huitres, v. 1853-1856, huile sur bois, 41 x 59 cm, Collection particulière Henri Fantin-Latour (1836 – 1904), Nature morte, citron et orange, 1868, huile sur toile, 12 x 20 cm, Galerie Berès, Paris Henri Fantin-Latour (1836 – 1904), Cerises et amandes vertes dans une assiette, v. 1870, huile sur toile, 15,4 x 25 cm, Galerie Berès, Paris 25 Œuvres croisées / Scènes de genre Chaque époque doit avoir ses artistes qui l’expriment et la reproduisent pour l’avenir. Une époque qui n’a pas su s’exprimer par ses propres artistes, n’a pas droit à être exprimée par des artistes ultérieurs. Ce serait la falsification de l’histoire (....) Je tiens aussi que la peinture est un art essentiellement concret et ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes ». Si Courbet s’attache à dépeindre la réalité du monde rural, les impressionnistes représentent quant à eux, selon la vision personnelle de chacun, la vie trépidante de la société contemporaine ou des motifs aussi simples qu’un chemin ou un champ. Courbet puise son inspiration dans la peinture hollandaise et française du XVIIe siècle qu’il admire pour représenter des scènes de la vie quotidienne telle que Le Rétameur, œuvre de jeunesse aux ambitions modestes présentée ici. Quelques années plus tard, il sort des limites établies par l’Académie des Beaux-arts et donne à la scène de genre une importance inédite en lui conférant des dimensions démesurées, ce qui lui permet de représenter des personnages en grandeur réelle (Un enterrement à Ornans). François Bonvin, Amand Gautier ou Félix Cals, amis de Courbet qui forment le cénacle réaliste, utilisent aussi la peinture de genre car elle répond à leur volonté de retranscrire la société de leur époque d’une manière objective, telle que l’a définie Courbet : « L’art historique est essentiellement contemporain. 26 Œuvres présentées : Adolphe-Félix Cals (1810 - 1880), Paysanne assise près d’une fenêtre, v. 1852, huile sur toile, 35 x 27 cm, Ornans, musée Gustave Courbet Gustave Courbet (1819 – 1877), Le rétameur, 1842, huile sur toile, 50 x 61 cm, Ornans, Institut Gustave Courbet François Bonvin (1817 – 1887), Femme tricotant, 1855, huile sur panneau, 32,5 x 24 cm, Institut Gustave Courbet Camille Pissarro (1830 - 1903), Paysanne et enfant faisant du feu, aquarelle et fusain, 46,8 x 46 cm, Bailly Gallery 27 Œuvres croisées / Portraits féminins Pour ses œuvres, il a recours à différentes techniques mais le pastel lui permet des recherches de tons plus poussées dans le rendu des corps. Les impressionnistes explorent aussi le genre du portrait qui les intéresse autant pour la répresentation du modèle que pour l’atmosphère lumineuse qui l’entoure. Même s’ils répondent bien souvent à des commandes, ces artistes livrent des portraits libres et sincères, suivant là aussi le chemin tracé par Courbet et ses amis réalistes, en ne cédant pas à l’idéalisation du modèle. La référence de la peinture de nu impressionniste est évidemment le Déjeuner sur l’herbe de Manet. À l’instar de Courbet, les impressionnistes refusent les figures de nymphes et de déesses pour se consacrer plus simplement à la femme, modèle d’atelier. Dans la filiation de l’école réaliste les impressionnistes poursuivent les recherches sur l’intégration de la figure dans des paysages et des scènes de genre, contribuant à effacer les frontières entre les genres picturaux. Les jeunes filles du quartier des Batignolles, à la « superbe allure, faite de majesté antique et de grâce parisienne » sont pour les peintres de magnifiques sources d’inspiration. Les nus de Manet suscitent des critiques semblables à celles provoquées par Courbet : immoralité, vulgarité, décadence... Dans la lignée du maître d’Ornans, qui d’après Zola « appartenait à la famille des faiseurs de chair », les impressionnistes se concentrent sur l’étude des carnations, oubliant les tons rosés des nus classiques. Ils font dire à certains critiques que leurs figures « crasseuses » ont des « teintes de noyée ». Pour Degas, l’exploration de la thématique du nu passe par des sujets intimes de femmes à la toilette : femmes au tub, s’essuyant ou se coiffant. 28 Œuvres présentées : Benjamin-Louis Auguste Damman (1835-1921) d’après Gustave Courbet, Le repos, eau forte, 26 x 31 cm, Ornans, Institut Gustave Courbet Edouard Manet (1832 - 1883), Odalisque, La convalescente, tirage de 1884, eau-forte, 24 x 16 cm, Collection particulière L.T. Henri Fantin-Latour (1836 – 1904), Après le bain, 1895, huile sur panneau, 42,5 x 33,5 cm, Collection particulière, France Edgar Degas (1834 – 1917), Après le bain, femme s’essuyant la jambe, v. 1893, Pastel sur papier, 55,7 x 60 cm, Collection particulière, Londres Gustave Courbet, Portrait de Zélie Courbet, 1853, Crayon noir, 27,5 x 20 cm, Ornans, Institut Gustave Courbet Auguste Renoir (1841-1919), Jeune fille en buste, vue de profil, 1905, Huile sur toile, 23 x 17 cm, Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse Auguste Renoir (1841-1919), Femme au chapeau de paille, 1915, Huile sur toile, 35 x 27 cm, Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse 29 Retours à Fontainebleau et séjours en bords de Seine Sisley quant à lui, se sent plus proche de Corot, mais ce dernier conserve une certaine distance avec la jeune génération d’artistes, contrairement à Courbet qui s’intéresse à leurs recherches. D’ailleurs il n’hésitera pas à les soutenir. Daubigny joue également un rôle important auprès des peintres novateurs. En tant que membre du jury du Salon en 1868, il réussit à faire admettre de nombreux représentants de la nouvelle peinture, habituellement refusés par l’institution. C’est surtout après l’épisode de la guerre de 1870 suivi de la Commune que les jeunes peintres s’affirment dans la voie de ce qui est appelé « impressionnisme » à partir de leur première exposition collective en 1874. À partir de 1860, Monet, Renoir, Bazille et Sisley, très proches depuis leur rencontre dans l’atelier du peintre Charles Gleyre, se rendent en forêt de Fontainebleau puis fréquentent les lieux de villégiature qui se développent le long de la Seine grâce au réseau ferroviaire. Ces sites vont devenir emblématiques de la peinture impressionniste. Entre 1860 et 1866, les quatre amis multiplient les séjours en forêt de Fontainebleau où ils peignent sur le motif et font la connaissance des maîtres de Barbizon qu’ils admirent. Les rencontres qu’ils y font sont décisives pour leur art. Renoir fait la connaissance de Narcisse Díaz de la Peña, qui l’incite à éclaircir sa palette, mais aussi de Courbet qu’il admire. Monet reçoit la visite du maître d’Ornans alors qu’il est en train de peindre son Déjeuner sur l’herbe. Bien qu’ils possèdent chacun leur propre conception de la peinture, on peut néanmoins définir une démarche commune à ces peintres appelés aussi « les intransigeants ». Ils cherchent à s’approcher le plus possible de la nature et à rendre les sensations produites par la lumière. 30 Alors que les réalistes s’attachaient à peindre une réalité de manière objective notamment à travers le rendu de textures, les impressionnistes délaissent l’apparence objective des choses pour s’intéresser aux sensations de lumière et de couleurs perçues par leurs yeux. Les impressionnistes utilisent des techniques inédites résultant de leurs expériences menées en plein air. Ils se rendent compte en effet que les coups de pinceaux posés de manière libre, par petites touches, ou en forme de virgules, font vibrer l’œil du spectateur, reconstituant l’atmosphère perçue par le peintre : « La nature cessait d’être un objet susceptible d’interprétation comme pour les peintres de Barbizon ; elle devenait la source directe de sensations pures, et rien ne pouvait mieux reproduire ces sensations que cette nouvelle technique qui, au lieu d’insister sur les détails, retenait l’impression générale dans toute sa richesse de couleur et de vie ». Aussi adoptent-ils pour motifs privilégiés ceux de l’eau ou de la neige, riches par les reflets et les réverbérations qui permettent d’expérimenter la transcription des impressions. Courbet avait déjà modernisé le paysage par ses empâtements de matière et l’usage de couleurs inédites telles que le bleu dans la neige. Mais contrairement à leurs prédécesseurs qui montraient une nature sauvage, exempte de toute présence humaine, les impressionnistes rendent compte des mutations de la société qui s’industrialise et voit se développer des activités fluviales et de loisirs le long de la Seine. 31 32 Œuvres présentées : Charles Daubigny (1817-1878), Paysage, v. 1860, huile sur toile, 50 x 78.5 cm, Musée des Beaux- arts de Dijon Alfred Sisley (1839-1899), Allée de châtaigniers près de La Celle-Saint-Cloud, 1867, huile sur toile, 95 x 122.2 cm, Southampton City Art Gallery Claude Monet (1840-1926), Vue de plaine à Argenteuil, coteaux de Sannois, 1872, huile sur toile, 53 x 72 cm Paris, musée d’Orsay, retrouvée en Allemagne après la Seconde guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, 1949 Auguste Renoir (1841-1919), Pont sur une rivière, huile sur toile, 23 x 32 cm, Paris, musée d’Orsay, dépôt au musée des Beaux-arts de Bordeaux, legs d’Albert Marquet, 1948 Marie Bracquemond (1840-1916), Paysage avec maison, v. 1880, huile sur toile, 26 x 39 cm, Réunion des musées métropolitains, Rouen Normandie, musée des Beaux-arts Alfred Sisley (1839-1899), La Seine à Bougival, 1873, huile sur toile, 46 x 65.5 cm, Paris, Musée d’Orsay, œuvre récupéré après la seconde guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, MNR 208 Triptyque : Claude Monet (1840 - 1926), Bateaux de plaisance, 1872-1873, huile sur toile, 49 x 65 cm - Camille Pissarro (1830 - 1903), Entrée du village de Voisins, 1872, huile sur toile, 46 x 55,5 cm - Alfred Sisley (1839-1899), L’Ile SaintDenis, 1872, huile sur toile, 50.5 x 65 cm, Paris, musée d’Orsay, donation d’Ernest May, 1923 Charles Daubigny (1817-1878), La neige, 1873, huile sur toile, 100,5 x 201,5 cm, Paris, musée d’Orsay Alfred Sisley (1839-1899), Temps de neige à Veneux-Nadon, vers 1880, huile sur toile, 55 x 74 cm, Paris, Musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911 Claude Monet (1840-1926), Neige au soleil couchant, 1869, huile sur toile, 43,4 x 65,3 cm, Paris, musée d’Orsay, œuvre récupérée après la seconde guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, MNR 1002, dépôt au musée des Beaux-arts de Rouen Gustave Courbet (1819 - 1877), Paysage de neige, v. 1876, huile sur toile, 50,6 x 61,4 cm, Ornans, musée Gustave Courbet 33 Organisation Commissariat Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef du musée Gustave Courbet Julie Delmas, Adjointe du conservateur du musée Gustave Courbet Elise Boudon, Chargée d’études au musée Gustave Courbet Exposition organisée par le musée Gustave Courbet en partenariat avec le musée d’Orsay Scénographie Jean-Pierre Breuillot, architecte départemental Graphisme de l’exposition Fabienne Coste, Département du Doubs Catalogue Textes de : Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef, musée Gustave Courbet Julie Delmas, Adjointe au conservateur, musée Gustave Courbet Anne-Marie Bergeret, conservatrice en chef du musée Eugène Boudin, directrice des musées de Honfleur Laurent Manœuvre, chef du Bureau de la diffusion numérique des collections et de l’unité documentaire, Direction générale des patrimoines Isolde Pludermacher, conservateur, musée d’Orsay Élise Boudon, chargée d’études, musée Gustave Courbet Stefan Borchardt, conservateur, Kunstmuseum Hohenkarpfen Chantal Duverget, historienne de l’art, Université de Besançon Flavie Durand-Ruel, Directrice d’Archives, Durand-Ruel & Cie Floriane Dauberville, Bernheim-Jeune, Galerie & Éditeur d’Art 34 Autour de l’exposition Contes et lectures « à petites touches de mots » Samedi 16 juillet et samedi 20 août à 15h et 16h Par la Compagnie de la Loue, Bernadette Boucher, comédienne et conteuse. Les mots sont des coups de pinceaux sur la toile de la vie. Avec Bernadette Boucher, comédienne et conteuse, écouter les mots des contes et des poèmes c’est faire de l’Impressionnisme avec les oreilles. Etonnement, sensation, émotion, effet... autant de synonymes communs à l’impression et aux histoires. Avec les mots, la conteuse jettera les couleurs de paysages, de nature, de personnages... Vision fugace et éphémère. Empreinte dans l’imaginaire. Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite. Lecture théâtralisée « Courbet et les impressionnistes » Mercredi 20 juillet et samedi 6 août à 11h et 15h Par la compagnie Mala Noche Autour de l’exposition « Courbet et l’Impressionnisme » nous proposerons des lectures à deux voix qui éclaireront les liens forts qui pouvaient exister entre Gustave Courbet et la nouvelle génération d’artistes. Ces liens pouvaient être personnels et artistiques. C’est à l’écoute de ces mots échangés que nous vous invitons. Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite. Concert « les plus belles mélodies impressionnistes » Samedi 27 août à 11h et 15h Par Jean Louis Georgel, baryton, et Arthur Schoonderwoerd, pianiste Mélodies d’Emmanuel Chabrier, Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré et André Caplet Les grands poètes ont inspiré de nombreux compositeurs pour créer des mélodies au piano. Dans ses « Chansons Grises » Reynaldo Hahn, ami intime de Proust, fait éloge à Verlaine. Dans l’ « Horizon Chimérique » de Jean de la Ville de Mirmont, Fauré fait balancer le bateau de la vie... Dans le « Vieux Coffret », les poésies de Rémy de Gourmont ont inspiré Caplet pour en faire des mélodies d’une sensibilité extrême. Nous vous invitons à venir écouter ces poèmes, mis en beauté par les sonorités du piano. Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite dans la limite des places disponibles. 35 Visites théâtralisées « Courbet vu par Jo ou quand le Modèle peint l’artiste » Samedi 17 septembre à 14h30, 15h30 et 16h30 Par la compagnie Keichad Jo, la belle irlandaise, amie et modèle de courbet, vous raconte son époque, les œuvres qu’elle a vu naître, les grands hommes qu’elle a côtoyés. Découvrez les œuvres de Gustave courbet et de ses contemporains impressionnistes à travers le regard amusé d’une femme du XIXe siècle. Gratuit - dans la limite des places disponibles et sur réservation par mail à [email protected] ou au 03 81 86 22 88. Concert « le violoncelle impressionniste » Samedi 24 sept à 11h et 15h Par François Michel, violoncelliste, et Arthur Schoonderwoerd, pianiste. Gustave Courbet a participé au salon de 1848 à Paris en présentant un autoportrait intitulé Le violoncelliste. Ce portrait illustre sa passion pour la musique, née à Ornans dans son cercle d’amis et en famille. Camille Saint Saëns, son élève Gabriel Fauré et Claude Debussy ont écrit des merveilles pour cet instrument plein de couleurs... Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite - dans la limite des places disponibles. Rencontre « Courbet, précurseur des impressionnistes ? » Dimanche 9 octobre à 15h Par Chantal Duverget, docteur en histoire de l’art. Dans Le Chêne de Flagey, Courbet annonce la conception picturale des impressionnistes. Au lieu d’exécuter son tableau à l’atelier, il a planté son chevalet dans les prés de son village d’enfance. Il a posé sur le feuillage des couleurs claires, sans les mélanger. Il a cherché à rendre sa perception immédiate. C’est ainsi que travailleront quelques années plus tard Monet, Renoir ou Pissarro. Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite - dans la limite des places disponibles et sur réservation par mail à [email protected] ou au 03 81 86 22 88. Voir toutes les animations autour de l’exposition sur le site www.musee-courbet.fr 36 Visuels disponibles pour la presse Jules Coignet Peintres dans la forêt de Fontainebleau huile sur toile, 24,7 x 18,5 cm Musée départemental des peintres de Barbizon © Musée départemental des peintres de Barbizon Claude Monet Bord de mer Pastel sur papier, 17,5 x 28 cm Hélène Bailly Gallery ©Droits réservés Eugène Boudin La plage de Trouville, 1865 Huile sur carton, 26,5 x 40,3 cm Paris, musée d’Orsay, legs d’Eugène Béjot, 1932 © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski Gustave Courbet La vague, 1870 Huile sur toile, 54 x 73 cm Orléans, musée des Beaux-arts ©Orléans, Musée des beaux-arts /cliché François Lauginie 37 Eugène Boudin Le déjeuner sur l’herbe, 1866 Huile sur bois, 17,5 x 25 cm Paris, musée d’Orsay, don de la succession de Gisèle Rueff-Beghin, 1988 ©RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski Edouard Manet Portrait de Gustave Courbet, vers 1884 Gillotgraphie, 31 x 26 cm Ornans, musée Gustave Courbet ©Musée Gustave Courbet / photo : Pierre Guenat Alfred Sisley Allée de châtaigniers près de La Celle Saint-Cloud,1867 Huile sur toile, 95 x 122 cm Southampton City Art Gallery ©Bridgeman Images Auguste Renoir Bouquet de narcisses et de roses, 1914 Huile sur toile, 19 x 22 cm Musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, Petit Palais ©Petit Palais / Roger-Viollet 38 INFORMATIONS PRATIQUES Exposition Courbet et l’Impressionnisme du 9 juillet au 17 octobre 2016 au musée Courbet à Ornans Musée Courbet, Place Robert Fernier à Ornans Ouverture tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h Tél. 03 81 86 22 88 - Site internet : www.musee-courbet.fr Tarifs du musée pendant l’exposition Individuels : entrée au musée 8 € (exposition permanente et temporaire), Groupes : entrée au musée 4 €/pers, entrée et visite guidée 8 € Gratuité pour les enfants de - de 13 ans, les demandeurs d’emploi, les personnes handicapées, les bénéficiaires du RSA, les étudiants en histoire de l’art Gratuit le 1er dimanche de chaque mois Visites guidées de l’exposition temporaire Tous les jours à 10h30 et 14h à partir du 9 juillet (sauf les premiers dimanches du mois et pendant les journées du patrimoine) Tarifs : entrée + 4€ la visite commentée Visites guidées sur réservation pour les groupes à partir de 10 personnes au 03 81 86 59 55 - [email protected] Visite guidée de l’exposition temporaire traduite en langue des signes Dimanche 11 septembre à 14h Réservation par mail sur [email protected] Tarifs : entrée (gratuite sur présentation de la carte d’invalidité et pour un accompagnateur) + 4€ la visite commentée Visites sensitives de l’exposition temporaire Mercredi 13 et 27 juillet, 10 et 24 août et 7, 14 et 28 septembre à 15h et sur réservation. Enrichissante et amusante, la visite sensitive fait découvrir la collection permanente autrement. Le visiteur est sollicité de manière ludique à toucher des tableaux tactiles ou des objets cachés, à reconnaître des sons et des odeurs en lien avec les œuvres, et à déguster quelques saveurs... Une invitation à ressentir les tableaux avec ses cinq sens. Le musée Courbet détient le label S3A accordé par l’ADAPEI, gage de qualité de l’accueil des personnes handicapées intellectuelles. 39 PRÉSENTATION DU PROJET Pays de courbet, Pays d’artiste 41 Le Doubs est une destination où Courbet se découvre dans un dialogue entre ses œuvres et nos paysages. L’ambition du Département du Doubs est de valoriser ce patrimoine et de le faire partager par le plus grand nombre, grâce au projet Pays de Courbet, pays d’artiste. Il s’agit d’un projet scientifique et culturel qui allie nature et culture autour du peintre et met en résonance les lieux symboliques de sa vie dans la vallée de la Loue et qui ont fortement inspiré son œuvre : le musée Courbet à Ornans, pôle phare du projet, le dernier atelier de l’artiste à Ornans, la ferme familiale de ses parents à Flagey, le site de la source de la Loue et les sentiers de Courbet, permettant à chacun d’admirer les paysages courbétiens. Cette identité territoriale est évidente, tant la présence et l’œil de Gustave Courbet sont encore manifestes en ces lieux. Son œuvre ne se comprend pas sans référence à ses racines et les paysages qui l’ont inspiré. Ce sont ces paysages et les gens de son « pays » qui l’ont façonné. À tout moment, à Paris, au fait de sa notoriété, il revendiquait son appartenance à Ornans. Le sens du projet « Pays de Courbet, pays d’artiste » est de faire rayonner l’artiste au-delà de son territoire, à partir de son pays. Le musée courbet Le musée Courbet, propriété du Département du Doubs, est labellisé Musée de France et Maison des illustres. Entièrement rénové et agrandi sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Christine Eideikins et de l’agence d’architecture Atelier 2/3/4, il s’ouvre aujourd’hui sur les paysages environnants et offre plus de 1 000 m2 d’expositions permanente et temporaire. Empreinte d’une grande modernité, sa conception n’en respecte pas moins le caractère historique et intime des lieux. Depuis le 2 juillet 2011, date de réouverture du musée, plus de 300 000 visiteurs sont venus le découvrir. Sa configuration permet de réaliser des expositions temporaires en simultané avec l’exposition permanente. Le parcours muséographique entraîne le visiteur de l’une à l’autre, tout en lui offrant des vues inédites sur la Loue et Ornans. Le musée s’ouvre en effet en transparence sur les paysages environnants grâce à une galerie vitrée, une vigie, un sol vitré au rez-de- chaussée qui invite à marcher sur la Loue... Gustave Courbet, le Chêne de Flagey, 1864, Musée départemental Courbet 42 Connaître Courbet grâce à la collection permanente La collection permanente entièrement restaurée, est composée de 76 œuvres (peintures, dessins, sculptures, lettres, archives) dont 42 peintures et quatre sculptures de Courbet. Dans la forme, il s’agit d’un parcours à la fois chronologique et biographique. Cette présentation permet une réelle et vivante compréhension du milieu auquel appartenait Courbet et de l’influence que l’artiste lui-même eut sur l’art de son temps. Trois étapes importantes structurent ce parcours croisé vie/ œuvre : - 1819-1848 : Courbet, d’Ornans à Paris : sa famille, sa formation, la tentation romantique, - 1849-1851 : Rupture et affirmation d’une esthétique nouvelle autour de L’après-dinée à Ornans puis de la trilogie du salon de 1850, Les casseurs de pierres, Les paysans de Flagey et Un enterrement à Ornans, - 1852-1877 : Courbet, chef de file de la modernité, du Réalisme à l’Impressionnisme. Gustave Courbet, autoportrait à Sainte-Pélagie, Musée départemental Courbet, dépôt de la ville d’Ornans La diversité des collections permet d’aborder toutes les périodes de la vie du peintre et de sa carrière artistique, depuis ses œuvres de jeunesse réalisées à Ornans auprès de son premier professeur ClaudeAntoine Beau jusqu’au magistral autoportrait à Sainte Pélagie, peinture majeure du musée. Pour chacune de ces séquences, les œuvres de Courbet sont accompagnées d’archives et de photographies retraçant le contexte politique et artistique dans lequel elles ont été réalisées. Une dizaine d’œuvres de Gustave Courbet ont été prêtées au musée Courbet par le musée des beauxarts de Besançon, actuellement fermé pour travaux (jusqu’en 2017), dont les paysans de Flagey revenant de la foire, la somnambule... La collection est également enrichie ponctuellement d’œuvres de Courbet prêtées par des particuliers. Des expositions temporaires pour comprendre l’influence de Courbet dans le monde artistique Deux fois par an, le musée organise des expositions temporaires. Les expositions réalisées : - Courbet-Clésinger - Les graveurs de Courbet, - À l’épreuve du réel, Les peintres et la photographie au XIXe siècle - Les chasses de Monsieur Courbet - Ronan Barrot - Courbet/Cézanne, la vérité en peinture - Hanoteau, un paysagiste ami de Courbet - Cet obscur objet de désirs. Autour de l’Origine du monde - Auguste Baud-Bovy, poète de la montagne - Sensations de nature, de Courbet à Hartung - Le Retour de la conférence, un tableau disparu 43 La ferme Courbet à Flagey La ferme de Flagey fut la propriété familiale de la famille paternelle de Gustave Courbet jusqu’en 1910. Elle est aujourd’hui propriété du Département du Doubs. Elle offre, au cœur du monde rural, un espace culturel de qualité. Un lieu de vie et d’échange culturel pour tous Le Département a souhaité que la Ferme Courbet devienne un lieu de vie et d’échanges culturels pour un large public. Du potager au « Café de Juliette » où l’on peut consommer des produits locaux, en passant par l’espace librairie / bibliothèque et les animations, la culture sous toutes ses formes donne vie à la maison familiale des Courbet. La grange est aménagée pour accueillir des expositions et diverses manifestations culturelles gratuites (concerts, conférences, théâtre, expositions...). Les chambres d’hôtes L’ouverture de chambres d’hôtes en juin 2010, dont l’une était la chambre de Gustave Courbet, contribue également à faire vivre l’artiste et à marcher dans ses pas. La Ferme de Flagey dispose de trois chambres labellisées quatre épis par les Gîtes de France. L’une d’elles permet d’accueillir les personnes à mobilité réduite. À cela s’ajoute la chambre de Courbet, qui n’étant pas équipée en sanitaire doit être louée avec une autre chambre. Le dernier atelier de Gustave Courbet à Ornans C’est le dernier atelier où Gustave Courbet vécut et travailla de 1860 à son exil en 1873. Il est aujourd’hui propriété du Département du Doubs. L’intérêt de cet atelier, au-delà de l’aspect historique, réside dans le fait qu’il contient encore des fresques réalisées par Gustave Courbet : la Seine à Bougival et l’Escault se jetant dans la mer, paysages chers au peintre. Inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, il fait l’objet d’une réflexion conjointe des services de la DRAC et du Département sur les conditions de restauration et d’aménagement définitif. Dans l’attente de sa restauration, le site est actuellement fermé au public. 44 La source de la Loue : un site valorisé et sécurisé Ce site était tellement cher à Courbet qu’il l’a peint treize fois. Classé Natura 2000, il a été réaménagé par le Département du Doubs, pour le rendre plus accessible, et en raconter l’histoire. Un film décrivant le site, son passé industriel et la perception qu’en avait Gustave Courbet est projeté dans la maison de la Source spécialement aménagée. Les sentiers de Courbet Afin de mieux connaître Courbet, le Département du Doubs propose d’explorer les paysages qui ont tant inspiré l’artiste, grâce à des parcours reliant différents sites qu’il a peints. Huit sentiers ont été aménagés et permettent aux promeneurs de s’imprégner des ambiances qui ont marqué l’artiste et façonné son regard. Ils ont été choisis pour leur intérêt culturel, historique et environnemental, mais aussi pour leur facilité d’accès. Ils forment des boucles ponctuées de clins d’œil et de points de vue privilégiés : - le Parcours de vie (4,5 km) propose pas moins de 14 étapes dans Ornans, depuis le musée jusqu’au cimetière – où se trouve la tombe de Gustave Courbet, en passant par son ancien atelier et la maison de ses grands-parents Oudot, - le Parcours de la Cuderie (6,5 km) suit le chemin que les habitants de Flagey empruntaient pour se rendre à la messe à Chantrans, village voisin. Il entraîne aussi le promeneur vers le moulin de la Bonneille qui appartenait au père de Gustave, - le Parcours des roches (6,5 km) passe par quelques-uns des paysages immortalisés par le peintre, - le Parcours de la source de la Loue (13,5 km), où le randonneur se retrouve au cœur de l’œuvre et des sites emblématiques : les gorges de Nouailles, la grotte des faux monnayeurs, le belvédère de Renédale... - le Parcours de la source du Lison, rend hommage à Charles Beauquier, autre personnage illustre du département. Député du Doubs, contemporain de Courbet qui, à la suite du procès sur la source du Lison, celui-ci fit voter le 21 avril 1906 la première loi de protection de l’environnement, dite loi Beauquier. - le Parcours Eau-Chasse-Bataille d’Alésia de 65 km en vélo (5 heures) passe par le Creux- Billard, la grotte Sarrazine, le Mont Mahoux, la forêt de Levier et le pont du diable Migette. - le Parcours du ravin du puits noir (2, 5 km) nous fait découvrir la tuilerie des combes de Punay, le puits noir, le ruisseau de la Brême, la gouille à la chèvre... - le Parcours du ravin du puits noir, Plaisirfontaine, Saules (28 km, cycliste et grande randonnée) pour découvrir le puits de la Brême, la gouille à la chèvre, la grotte de Plaisirfontaine et Saules. 45 Au total, une dizaine de parcours constitueront une offre touristique nouvelle consacrée à Courbet. Ce projet est conçu en partenariat avec les maires des communes concernées, l’office de tourisme d’Ornans, l’Union de la randonnée verte. L’Europe (FEDER), l’État (Commissariat de massif) et la Région Franche-Comté apportent leur soutien financier. Pays de Courbet, pays d’artiste, label Ethnopôle Le projet a reçu le label Ethnopôle en 2010, reconnaissance scientifique de la valeur du projet « Pays de Courbet, pays d’artiste ». Il est attribué par le ministère de la Culture à une structure ou un projet : - qui met en œuvre à la fois une politique d’action culturelle et de recherche en sciences sociales sur son territoire, - qui travaille sur une thématique de territoire dont l’intérêt porte au-delà de ce territoire et a pour vocation de devenir un pôle de référence sur le thème travaillé. Le projet « Pays de Courbet, pays d’artiste » a obtenu cette reconnaissance car il constitue à la fois une politique d’action culturelle et de recherche sur les rapports entre arts et territoires, plus précisément sur le rapport du peintre avec la Franche-Comté. Dans l’œuvre de Courbet la question des rapports entre une production artistique et un lieu, l’interrogation sur l’attachement de l’homme à un « territoire » sont omniprésentes. C’est autour de cet axe que seront construits les programmes de recherche et d’animation scientifique et culturelle de l’Ethnopôle, en regroupant autour du projet chercheurs en science humaines et conservateurs, en partenariat avec le ministère de la Culture. Seuls quatre projets nationaux sont détenteurs de ce label. 46 48