La lettre de l`Outre-Mer #1
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La lettre de l`Outre-Mer #1
LA LETTRE DE NOVEMBRE 2015 #1 L’OUTRE-MER PLONGÉE AU CŒUR DES DISPOSITIFS FISCAUX & DES SUBVENTIONS ULTRAMARINES 2 _ LA LETTRE DE L’OUTRE-MER Ω NOVEMBRE 2015 #1 SOMMAIRE LES COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER : un ensemble diversifié de territoires aux statuts fiscaux différents _ 4 DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER : des spécificités fiscales à foison _ 5 ZOOM SUR L’OCTROI DE MER : une recette fiscale locale en constante progression _6 COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER : des aides à l’investissement pour favoriser leur développement économique et social _8 ZOOM SUR LES AIDES EUROPÉENNES : 1,7 Md€ d’aides pour les régions ultramarines _10 LODEOM : une réponse légale en faveur du développement de l’insularité _ 11 ZOOM SUR LES EXONÉRATIONS DE CHARGES SOCIALES : un recentrage sur les bas salaires _ 12 ACTUALITÉS _ 13 _ 3 ÉDITO Plongée au coeur des dispositifs fiscaux & des subventions ultramarines Pascal Martinet Directeur des activités fiscales [email protected] L’outre-mer français justifie amplement un numéro spécial. Parce qu’éparpillées sur plus de 10 millions de km2 sur trois océans (Atlantique, Indien et Pacifique), les terres d’outre-mer sont à la fois importantes et fragiles. Importantes par leur dimension et leur positionnement géographique, leur histoire imbriquée à celle de la France depuis les conquêtes d’expansion du 16e siècle, leur culture francophone,… mais également fragiles par leur éloignement, leur insularité, le principe historique de « l’Exclusif » des échanges avec la métropole, une économie centrée sur un nombre réduit de secteurs,… Pour autant, une grande diversité les caractérise. Certaines terres (TOM) ont fait le choix de l’autonomie dans la République, quand d’autres départements (DOM) poursuivent une logique d’assimilation ; et leurs statuts sont très différents. L’abréviation même de Dom-Tom, qui remontait à la Constitution de 1958 a évolué au profit des notions de départements, régions et collectivités (DROM-COM) ; les collectivités pouvant élaborer des règlements sur certaines questions du domaine de la loi. Il n’en reste pas moins que plus de la moitié des échanges sont réalisés avec la métropole et que les économies ultramarines font l’objet de nombreux outils d’intervention afin de compenser cette contrainte structurelle, à commencer par de nombreuses mesures d’ordre fiscal et social, ainsi que des financements nationaux et communautaires en faveur des équipements et de la formation. Enfin, les départements d’outre-mer bénéficient d’une taxe indirecte spécifique : l’octroi de mer, qui remonte au « droit de poids » de 1670 et constitue aujourd’hui une recette essentielle de ces départements, en frappant de façon différenciée les produits importés et les productions locales, à hauteur de plus de 1,1 Md €/an. C’est à un tour d’horizon de ces différents dispositifs et actualités qu’est consacré ce numéro spécial, afin d’améliorer leur lisibilité, première étape sur le chemin d’une optimisation des moyens mis à disposition par la loi. 4 _ LA LETTRE DE L’OUTRE-MER Ω NOVEMBRE 2015 #1 LES COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER : UN ENSEMBLE DIVERSIFIÉ DE TERRITOIRES AUX STATUTS FISCAUX DIFFÉRENTS Elles se répartissent en plusieurs catégories aux statuts différents LES DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER GUADELOUPE MARTINIQUE MAYOTTE RÉUNION GUYANE ASSIMILÉS AUX DÉPARTEMENTS MÉTROPOLITAINS NOUVELLE-CALÉDONIE COLLECTIVITÉ TERRITORIALE D’OUTRE-MER À STATUT SPÉCIFIQUE la législation métropolitaine s’y applique, sauf dérogation expresse POLYNÉSIE FRANÇAISE ÎLES WALLIS-ET-FUTUNA TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUE SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON SAINT-MARTIN SAINT-BARTHÉLÉMY COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER BÉNÉFICIANT CHACUNE D’UN STATUT SPÉCIFIQUE TERRITOIRES INDÉPENDANTS la législation métropolitaine n’y est applicable que sur mention expresse NB : l’expression « France d’outre-mer » désigne dorénavant les territoires de la République française situés en dehors du continent européen, anciennement appelés DOM-TOM et aujourd’hui DROM-COM : départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer. Bien que soumis au régime de droit commun métropolitain, les départements d’outre-mer connaissent de nombreuses particularités. De plus, les départements et collectivités d’outre-mer bénéficient de dispositifs spécifiques d’aides à l’investissement, tant à destination des entreprises que des particuliers. Par ailleurs, forte de 76 articles publiés le 28 mai 2009, la LODEOM (loi n° 2009-594 pour le développement économique de l’outre-mer) a eu comme volet phare la création de « zones franches globales d’activité » dans les DOM, permettant aux PME de bénéficier sous conditions d’avantages en matière d’impôt sur les sociétés (IS) et d’impôts locaux (IL), tout en aménageant différents régimes de défiscalisation. _ 5 DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER : DES SPÉCIFICITÉS FISCALES À FOISON Impôts sur le revenu (IR) : des réfactions plafonnées s’appliquent sur l’impôt brut* • 40 % plafonnés à 6700 € pour la Guyane et Mayotte. • 30 % plafonnés à 5100 € pour la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. * Après le plafonnement du quotient familial et avant la décote, sans impact sur le plafonnement global des avantages fiscaux. NB : la réduction est également applicable aux taux proportionnels prévus pour les plus-values à long terme (PVLT), lesquels s’établissent respectivement à 9 et 11 % selon le découpage géographique ci-contre. Par ailleurs, les taux de retenue à la source sur traitements et salaires versés à des personnes domiciliées hors de France sont réduits respectivement à 8 et 14,4 %. EXONÉRATION DE 10 ANS DES REVENUS AGRICOLES DE CERTAINES CULTURES AGRÉÉES Impôts locaux (IL) : des exonérations, abattements et plafonnements particuliers sont prévus Impôt sur les sociétés (IS) : des exonérations, abattements et crédits d’impôt majorés sont possibles • Exonérations en taxe d’habitation (TH) et taxe foncière • Exonération de 10 ans sur agrément pour les (TF) pour les habitations principales et les parcelles non bâties de faible valeur locative (n’excédant pas 30 à 50 % des valeurs locatives moyennes sur la commune). • Abattements et plafonnements de TH, TF et contribution économique territoriale (CET) s’appliquent avec des montants spécifiques. sociétés ou activités nouvelles constituées avant le 31 décembre 2006. • Abattement dégressif sur le bénéfice imposable des PME (- 250 salariés, - 50 M€ CA) situées en zones franches d’activité sur certains secteurs d’activité. • Cet abattement, plafonné, est accordé de façon temporaire (sur 4 ans) et sous condition de réalisation de certaines dépenses de formation professionnelle. En découlent également des abattements temporaires dégressifs en matière d’impôts locaux. • Taux majorés pour le CIR (50 % pour les dépenses de recherche et 40 % pour les dépenses d’innovation des PME) et pour le CICE (7,5 % pour les rémunérations versées en 2015 et 9 % à compter du 1er janvier 2016). 6 _ LA LETTRE DE L’OUTRE-MER Ω NOVEMBRE 2015 #1 TVA : des règles particulières s’appliquent en matière de territorialité, d’exonérations et de taux Les DOM sont considérés comme des territoires d’exportation par rapport à la France métropolitaine et par rapport aux autres Etats membres de l’Union européenne ou aux pays tiers. Les départements d’outre-mer constituent également des territoires d’exportation les uns par rapport aux autres, sauf en ce qui concerne les relations entre la Guadeloupe et la Martinique (ces deux derniers départements constituant un marché unique). Par ailleurs s’appliquent des exonérations spéciales (transports maritimes dans les limites des DOM, importations de certaines matières premières, …) et des taux spécifiques (8,5 et 2,1 % pour les taux normal et réduit). La TVA n’est provisoirement pas applicable dans les départements de la Guyane et de Mayotte. Autres taxes : certains allègements sont prévus Les taux majorés de taxe sur les salaires ne s’appliquent pas dans les DOM. Les droits d’enregistrements et la taxe de publicité foncière sont réduits de moitié en Guyane. ZOOM SUR L’OCTROI DE MER : UNE RECETTE FISCALE LOCALE EN CONSTANTE PROGRESSION Instauré dès 1670 en Martinique, l’octroi de mer est un impôt indirect local spécifique aux départements d’outre-mer, qui frappe deux types d’opérations : • les importations de marchandises (octroi de mer externe) • la production locale de marchandises (octroi de mer interne). Sont considérées comme des activités de production les opérations de fabrication, de transformation ou de rénovation d’un bien meuble corporel, ainsi que les opérations agricoles et extractives. Est considérée comme une transformation toute modification de l’état d’un bien, qu’il y ait ou non un changement de position tarifaire, à l’exception des opérations de conditionnement ou de manutention. La livraison d’un bien s’entend du transfert du pouvoir de disposer d’un bien meuble corporel comme un propriétaire. Les prestations de service n’entrent pas dans le champ d’application de cette taxe. Les conseils régionaux (ou le conseil général à Mayotte) peuvent également instituer un octroi de mer régional dont l’assiette est identique à celle de l’octroi de mer. _ 7 La douane en est l’administration de perception, de contrôle et de recouvrement. Le régime d’octroi de mer mis en place en 2004 et modifié en 2015 autorise, pour un nombre limité de produits listés dans la décision du Conseil n° 940/2014/ UE, l’instauration d’un différentiel de taux entre les biens produits localement (octroi de mer interne) et les biens identiques importés (octroi de mer externe) afin de permettre aux économies ultramarines de compenser les handicaps structurels auxquelles elles doivent faire face. Suite à la décision du Conseil européen du 17 décembre 2014, le régime spécifique de l’octroi de mer a été reconduit jusqu’au 31 décembre 2020. LES PRINCIPALES NOUVELLES MESURES SONT : • La modification des seuils d’assujettissement, avec l’exemption des entreprises qui réalisent moins de 300 000 € de chiffre d’affaires et l’abaissement du seuil d’assujettissement de 550 000 € à 300 000 € pour les entreprises de production. Les taux d’octroi de mer interne et externe sont fixés par délibération des conseils régionaux (ou de conseil général à Mayotte). • L’extension du champ des exonérations aux L’octroi de mer est la première recette fiscale des communes (environ 45 %) et impacte également le budget des régions. Son montant, qui s’élève à environ 1Md€ par an est en constante progression, notamment du fait des changements de taux annuels décidés par les collectivités (en Martinique augmentation de 6,11 % entre 2012 et 2013, soit environ 4 M€). • La possibilité de déductibilité rétroactive de établissements de santé ou exerçant une activité scientifique, de recherche ou d’enseignement, aux marchandises livrées à l’avitaillement des aéronefs et des navires, aux combustibles utilisés comme carburant dans le cadre d’activités agricoles, sylvicoles ou de pêche maritime. l’octroi de mer pour les entreprises nouvellement assujetties pour leurs biens d’investissement acquis l’année de première taxation et jusqu’aux deux années précédentes. • Le plafond des taux est fixé à 50 %, sauf pour les produits alcoolisés et les tabacs manufacturés (80 %).. 8 _ LA LETTRE DE L’OUTRE-MER Ω NOVEMBRE 2015 #1 COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER : DES AIDES À L’INVESTISSEMENT POUR FAVORISER LEUR DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL En contrepartie de certains investissements réalisés sur ces territoires ultrapériphériques jusqu’au 31 décembre 2017 sont accordées des réductions d’impôt au profit des personnes physiques ou des déductions des résultats pour les entreprises soumises à l’IS. Par ailleurs, un dispositif d’aide fiscale à l’investissement dans le secteur du logement locatif social est ouvert aux investisseurs particuliers ou entreprises. Investissements productifs et immobiliers Les contribuables personnes physiques peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt (plafonnée à 40 000 €) lorsqu’ils réalisent outre-mer des investissements productifs neufs (biens corporels amortissables en tant qu’investissements initiaux conservés pendant au moins 5 ans) dans le cadre d’une entreprise relevant de l’IR. Par ailleurs, outre les investissements « Dufflot-Pinel » ou « Scellier » (applicables avec des particularités de montants et de taux), ouvrent droit à réduction d’impôt les travaux de construction ou de réhabilitation réalisés par les personnes physiques dans un logement destiné à l’habitation principale (réduction de 18 à 26 %, sur 5 ou 10 ans, plafonnée). Un agrément préalable est nécessaire dans certains secteurs sensibles (transports, pêche, construction navale, industrie automobile, rénovation d’hôtels, …). Les investissements productifs neufs évoqués surpra sont également déductibles des résultats (sous déduction de la fraction du prix financée par des aides), lorsqu’ils sont réalisés par des sociétés passibles de l’IS. La réduction d’impôt est calculée au taux de 38,25 %, porté à 45,9 % pour la Guyane, Mayotte et les territoires d’outre-mer, ces taux étant majorés jusqu’à 53,55 % pour les investissements réalisés dans le secteur de la production d’énergie renouvelable. Pour les travaux de rénovation et de réhabilitation d’hôtels, de résidences de tourisme et de villages de vacances, ce taux est de 45,9 %, porté à 53,55 % dans les DOM. Depuis le 1er janvier 2015, les entreprises exerçant leur activité dans les DOM sont exclues de ce dispositif si elles ont réalisé un CA d’au moins 20 M€ au titre du dernier exercice clos. Ces dernières peuvent toutefois bénéficier d’une réduction sous la forme d’un crédit d’impôt pour investissements productifs, au taux de 38,25 % des dépenses (45,9 % en Guyane et à Mayotte) pour les entreprises soumises à l’IR et 35 % pour les entreprises soumises à l’IS. _ 9 Logement locatif social Les personnes physiques et les entreprises relevant de l’IR peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt destinée à encourager les investissements dans le secteur du logement locatif social, lesquels peuvent être réalisés par l’intermédiaire d’une SCPI, d’une société de personnes établie en France, ou d’une société soumises à l’IS ayant pour objet exclusif l’acquisition, la construction et la location de logements éligibles, à condition notamment que 95 % du montant de la souscription soit affecté à la réalisation de l’investissement dans les dix-huit mois suivant sa clôture (sous réserve d’un agrément préalable pour les programmes immobiliers excédant 1 M€ ou réalisés via une société soumise à l’IS). La réduction d’impôt est égale à 50 % du prix de revient des logements (base plafonnée pour 2015 à 2448 €/m2 habitable), sous condition d’engagement de location pendant au moins 5 ans. Certains organismes de logement social peuvent également bénéficier sur option d’un crédit d’impôt (fixé à 40 %) à raison de l’acquisition, la construction ou la prise en crédit-bail de logements neufs dans les DOM, ainsi que de travaux de réhabilitation de logements achevés depuis plus de 25 ans. 10 _ LA LETTRE DE L’OUTRE-MER Ω NOVEMBRE 2015 #1 ZOOM SUR LES AIDES EUROPÉENNES : 1,7 MD€ D’AIDES POUR LES RÉGIONS ULTRAMARINES Ont été approuvés quatre programmes opérationnels pour les régions ultramaritimes françaises : Guadeloupe, Martinique, Guyane et Mayotte, qui définissent la manière dont le Fonds européen de Développement Régional (FEDER) et le Fonds Social Européen (FSE) seront investis entre 2014 et 2020, avec pour objectifs principaux le développement économique (recherche et innovation, compétitivité, utilisation des TIC, transition énergétique …) et la création d’emplois (notamment pour l’inclusion des jeunes en chômage de longue durée). Fonds Guadeloupe Martinique Guyane Mayotte FEDER 522 445 338 149 FSE 87 73 54 66 IEJ* 2 3 Total (M€) 611 521 392 215 *Initiative pour l’emploi des jeunes _ 11 LODEOM : UNE RÉPONSE LÉGALE EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DE L’INSULARITE La loi n° 2009-594 du 27 mai 2009, pour le développement économique de l’outre-mer (« LODEOM ») publiée au JO du 28 mai 2009 comprenait 76 articles et 5 titres respectivement intitulés « Soutien au pouvoir d’achat », « Mesures de soutien à l’économie et aux entreprises », « Relance de la politique du logement », « La continuité territoriale » et « Disposition diverses ». Intervenant dans un contexte difficile, la LODEOM a eu pour principal objectif le développement des constructions de logements sociaux et des activités porteuses d’emploi. Outre la création de « zones franches globales d’activités » dans les DOM, la loi a aménagé les différents régimes de défiscalisation d’outre-mer applicables tant aux investisseurs particuliers qu’aux investisseurs entreprises (cf. Aides à l’investissement page 8). La LODEOM a également prévu de nombreuses autres dispositions : • Aide au fret : subvention visant à compenser, pour les entreprises ultramarines, les surcoûts de transport liés à leur situation géographique. • TVA non perçue récupérable : les livraisons ou importations en Guadeloupe, Martinique ou Réunion de biens d’investissements neufs, exonérés de TVA donnent lieu à une déduction de TVA par l’entreprise destinataire située dans l’un des 3 départements précités, si elle y exerce des activités ouvrant droit à déduction. • Rénovation de la petite et moyenne hôtellerie : subvention accordée aux établissements hôteliers pour la rénovation des 60 premières chambres. L’aide peut atteindre 7500 € par chambre rénovée. A noter qu’en 2012, 11 établissements avaient bénéficié de ce dispositif pour un total de 1,8 M€ en autorisation d’engagement et 2,8 M€ en crédits de paiement. • Réduction d’IS sur les câbles sous-marins de communication desservant, pour la première fois, les collectivités ultramarines, à hauteur de 25 à 50 % du coût de revient des installations pour les sociétés soumises à l’IS. Certaines conditions doivent être remplies (agrément ministériel) : choix du fournisseur des investissements à l’issue d’une procédure publique de mise en concurrence, conditions d’accès aux capacités ouvertes par le câble. • Exonérations de charges sociales patronales (cf Zoom page 12). 12 _ LA LETTRE DE L’OUTRE-MER Ω NOVEMBRE 2015 #1 ZOOM SUR LES EXONERATIONS DE CHARGES SOCIALES : UN RECENTRAGE SUR LES BAS SALAIRES La LODEOM a initié la réforme du dispositif d’exonération de charges sociales applicable en outre-mer, avec la mise en œuvre d’une dégressivité recentrant les exonérations sur les bas salaires ( jusqu’à 2,6 ou 2,8 x le Smic) au sein d’un régime de droit commun – distinguant entre les effectifs inférieurs à 11 salariés et ceux de 11 salariés ou plus appartenant à des secteurs limitativement définis (BTP, TIC, restauration, hôtellerie, transport aérien, …) – et d’un régime bonifié ( jusqu’à 3 x le Smic destiné aux PME (-250 salariés, 50 M€ CA) de certains secteurs d’activités (conseil, ingénierie, R&D, TIC, …). Il est à noter que depuis la loi de finances pour 2014, ont été renforcées les mesures de recentrage sur les bas salaires pour les entités éligibles au CICE, les limites d’exonération restant inchangées pour les entreprises non éligibles ( jusqu’à 3,8 ou 4,5 x le Smic). Selon le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2016), le dispositif d’exonération serait encore davantage recentré sur les bas salaires. Ainsi, le niveau de rémunération à partir duquel il cesse de s’appliquer pour les entreprises ne faisant pas partie des secteurs et des zones prioritaires serait diminué, sans altérer l’équilibre général entre les différents barèmes (entreprises de moins de 11 salariés, de 11 salariés ou plus, entreprises du secteur dit « renforcé »). Par ailleurs, le « régime renforcé », bénéficiant aux secteurs d’activité à fort potentiel de développement, serait rendu plus avantageux. Rappelons que les secteurs concernés sont les secteurs de la recherche et du développement, des technologies de l’information et de la communication, du tourisme, de l’environnement, de l’agro-nutrition et des énergies renouvelables. _ 13 ACTUALITES Loi et doctrine administrative Jurisprudence Pour les dépenses payées depuis le 1er septembre 2014, l’ancien crédit d’impôt développement durable, devenu crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) s’applique aux taux de 30 %, sans condition de réalisation d’un « bouquet de travaux ». Pour certaines activités, les investissements productifs réalisés outre-mer par les entreprises doivent faire l’objet d’un agrément pour déduction des résultats imposables, lequel comporte des informations nominatives d’ordre financier. Par une mise à jour du 22 avril 2015, l’Administration intègre et commente ces nouvelles dispositions (BOI-IR-RICI-280-2015422). Selon un arrêt du Conseil d’État du 27 juillet 2015 (n° 366604, SAS Mediaserv) toute la procédure d’agrément est couverte par le secret professionnel de l’Administration, en application de l’article L103 du LPF. En outre, la révélation de l’existence ou de l’absence d’une demande d’agrément ou d’une décision d’octroi ou de refus d’agrément est, par elle-même, de nature à divulguer des choix révélateurs des actions et des projets de l’entreprise concernée et à se heurter ainsi aux dispositions du II de l’article 6 de la loi du 17 juillet 1978 qui font obstacle à la communication de documents administratifs protégés par le secret en matière commerciale et industrielle, sauf aux personnes intéressées. Pour les seuls DOM, sont éligibles au CITE, des équipements de raccordement à un réseau de froid alimenté majoritairement par du froid d’origine renouvelable ou de récupération, des équipements ou matériaux de protection des parois vitrées ou opaques contre les rayonnements solaires (sur-toiture ventilée, bardage ventilé, pare-soleil, lames orientables opaques, films réfléchissants sur lames transparentes), de même que des ventilateurs fixés à perpétuelle demeure au plafond des pièces principales d’une habitation. Décrets 2015-1292 et 2015-1315 Les taux majorés dans les DOM pour le CIR (50% pour les dépenses de recherche, 40% pour les dépenses d’innovation) et pour le CICE (7,5% sur les rémunérations versées en 2015, 9% sur les rémunérations versées en 2016) constituant une aide d’Etat, leur date d’entrée en vigueur était subordonnée à une autorisation de la Commission européenne. Cette autorisation ayant été donnée, deux décrets viennent de fixer cette date aux 18 octobre 2015 pour le CIR et 23 octobre 2015 pour le CICE. 12/16 rue Sarah Bernhardt 92600 Asnières-sur-Seine Tél. : 01 41 49 41 00 Fax : 01 41 49 41 01 UNE PUBLICATION D’ALMA CONSULTING GROUP SAS au capital de 70 584 912,72 euros RCS Nanterre B 414 119 735 Directeur de la publication : Hervé Amar Directeur de la rédaction : Pascal Martinet Relations presse : Sophie Cormary @almacg_fr Alma Innovation et Taxes [email protected] almacg.fr