Luxemburger Wort - Pas de rose sans épines

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Luxemburger Wort - Pas de rose sans épines
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http://www.wort.lu/fr/culture/de-rousegaart-de-jean-paul-maes-au-chat...
«De Rousegaart» de Jean-Paul Maes au château de
Bettembourg
Pas de rose sans épines
Rousegaart jean-Paul Maes
roland Diederich
(#)
Publié le dimanche 21 décembre 2014 à 15:48
PAR FRANCK COLOTTE
Mercredi s’est déroulée au château de Bettembourg la première de «De Rousegaart» de Jean-Paul
Maes, interprétée par les comédiens du «Kaleidoskop Theater» dont la programmation 2014-2015
est centrée sur l’homme, considéré du point de vue du changement.
Une situation initiale ambiguë, des personnages comme sortis d’une pièce de Beckett. Le public
est jeté in medias res dans un duo, un trio puis un quatuor de personnages qu’entoure un jardin de
roses – cadre bucolique en apparence rassérénant, masquant en réalité les déchirures des illusions
perdues et des blessures passées. Alain, Jacques, Josiane et Sergueï sont les antihéros enfermés
dans le microcosme de leur existence.
«De Rousegaart» du dramaturge Jean-Paul Maes illustre cette thématique par une approche
tragicomique, comme le souligne le mur de roses rouges et jaunes qui constitue un lieu amène,
rassurant – sorte de métaphore florale d’un jardin intérieur que la vie a cependant flétri.
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Après avoir frappé à l’œil Jacques (Al Ginter) – ancien propriétaire d’un commerce de sacs à
main italiens, Alain (Marc Olinger) – professeur de conservatoire fraîchement retraité, le conduit
dans son havre de paix – l’occasion pour ces deux personnages déconcertants de mener une
discussion à bâtons rompus.
Faire revivre le bon temps du "Micro d'Or"
Jacques, perturbé, se sent comme «kidnappé» dans un univers intérieur qui permet à Alain de
faire revivre le passé, celui notamment du «Micro d’Or», concours de chant destiné à dénicher les
talents musicaux des années 70. Il l’entretient de son allergie à la poussière, de sa supposée
mauvaise haleine, de la façon qu’a son beau-père d’agencer les roses, lui explique pourquoi il ne
fréquente plus les gares: Alain est-il vraiment sain d’esprit? Jacques – que la vie a égratigné par
la survenue d’un accident de la route lui ayant valu deux ans de prison, n’est-il que ce «loser»
absurde et attendrissant?
Une certaine platitude des dialogues, une absence de souffle dramatique symboliseraient-elles
l’essoufflement de ces deux êtres qui se réduisent à leurs rêves défaits?
Le changement se produit avec l’arrivée de Josiane (Mady Durrer), la femme d’Alain – que
Jacques a autrefois bien connue. Encroûtée dans une vie monocorde, elle aurait pu percer dans le
domaine de la chanson. Comme Alain et Jacques, elle incarne son vécu, qu’elle porte
péniblement, au point de vouloir vendre leur propriété où elle n’habite plus depuis longtemps. Et
la flamme des amours passées n’est peut-être pas éteinte.
En ce sens, le dialogue révélateur entre Jacques et Josiane est un moment fort où l’hyperlucidité
le dispute au désespoir. L’intrusion de Sergueï (Raoul Albonetti), un Russe qui se trouvait de
l’autre côté du jardin de roses – miroir du macrocosme angoissant de la réalité, embarque le
spectateur dans un monologue où l’on sent un réel questionnement sourdre sous un humour un
peu potache. Deux moments-clés qui témoignent des intentions de l’auteur.
En définitive, Jean-Paul Maes signe une mise en scène épurée aux accents faussement
champêtres, aux dialogues lisses portés par des personnages pourtant chargés d’aspérités –
interprétés avec parcimonie, en résumé une pièce de contrastes qu’on appréciera à condition de
savoir la prendre au second degré, dans sa dimension sarcastique et didactique.
Représentations les 15, 16 et 17 janvier à 20 heures, le 18 janvier à 17.30 heures. Billet: 20
euros. Les réservations se font au tél. 47 08 95-1 et surwww.luxembourgticket.lu
(http://www.luxembourgticket.lu) .
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