L`arme ultime pour nous faire consommer

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L`arme ultime pour nous faire consommer
VENDREDI 11 mars 2016 / Edition Brabant wallon / Quotidien / No 60 / 1,50 € / 02 225 55 55
LES ENFOIRÉS AFFOLENT TOUJOURS LES COMPTEURS P. 31 & 36
NUCLÉAIRE
Ce qui a changé,
cinq ans après
Fukushima
Place
Royale
P. 2 À 5
0%
Multiplier
les flexijobs
pour combler
le trou
budgétaire
es principaux ministres du gouvernement se sont réunis
jeudi soir au Lambermont
pour une première analyse
politique en comité ministériel restreint des efforts à
réaliser afin de ramener
l’exercice 2016 dans les clous.
Selon le comité de monitoring, il manque de 2,2 à 3,2
milliards d’euros.
Parmi les différentes pistes
évoquées pour résoudre la
difficile équation budgétaire,
il est question de réformer le
marché du travail. La proposition, qui serait portée par le
VLD et le MR, prévoit
d’étendre le principe des
flexijobs. Ceux-ci existent déjà dans l’horeca. Pour rappel,
les flexijobs sont des emplois
à temps partiel. Le travailleur
qui preste au moins un horaire à 4/5e temps dans un
autre secteur peut ainsi obtenir un emploi complémentaire dans un café ou un restaurant en y percevant un salaire exonéré de cotisations
sociales.
Selon les promoteurs de la
mesure, l’extension des flexijobs à d’autres secteurs d’activité permettrait à la fois de
sabrer dans les dépenses de
sécurité sociale et de doper
l’emploi, et donc l’activité et
la croissance économique. ■
L
P. 6 NOTRE DOSSIER
EUROPA LEAGUE
Anderlecht
condamé
à l’exploit
P. 25
L’arme ultime pour
nous faire consommer
IMMOBILIER
Faut-il réduire
la taille
des logements
pour faciliter
l’achat ?
Le président de la BCE, Mario Draghi. © AFP
La BCE a porté son taux directeur à 0 %. Une mauvaise
nouvelle pour l’épargnant mais qui réjouira l’emprunteur.
n attendait de la Banque
centrale
européenne
(BCE) qu’elle jette ses
dernières (?) forces dans la bataille de la reprise économique,
et elle n’a pas déçu. Les annonces
sont fortes, même si beaucoup
d’analystes doutent de leur crédibilité, vu que l’arme monétaire, maintes fois dégainée, n’a
pas porté ses fruits en termes de
croissance jusqu’ici.
L’institution de Francfort a,
pour la première fois de son his-
O
toire, porté son principal taux directeur à 0 %. L’objectif est de
mettre suffisamment de liquidités à disposition des banques,
entreprises et ménages pour relancer la croissance. Pour l’épargnant, ce n’est évidemment pas
une bonne nouvelle, car les taux
vont rester durablement très bas,
probablement au-delà de 2017.
Du reste, quelques minutes
après l’annonce de la BCE, une
banque (Evi, pour ne pas la
nommer) annonçait une baisse
de ses taux d’épargne. Il est probable que d’autres banques
suivent prochainement, et que
l’on se dirige vers le plafond de
0,11 %. L’épargnant sera sans
doute tenté de prendre davantage de risques pour améliorer le
rendement de son patrimoine.
Pour l’emprunteur, c’est évidemment tout autre chose. Jamais les conditions d’emprunt
n’auront été aussi favorables. La
BCE, avec sa politique monétaire
ultra-souple, incite véritable-
P. 19
ment les ménages et entreprises
à investir (en capital physique,
en infrastructures…) et à
consommer. « Pour la BCE, il
n’est pas question de laisser la
zone euro plonger en déflation,
mais le risque de tout cela est
donc qu’il y ait trop d’endettement ou le développement de
bulles sur certains actifs », estime l’économiste Philippe
Ledent (ING). ■
OLYMPISME
Les athlètes
belges ont défilé
sur leur premier
podium
P. 26 & 27
P. 17 NOTRE DOSSIER
Le fichier des recrues de Daesh divise les experts
a chaîne de télévision britannique
SkyNews affirme disposer de documents révélant 22.000 noms de
candidats au djihad établis par l’administration de l’Etat islamique.
Ces documents, qui se présentent sous
la forme de formulaires, comportent chacun plus de 20 types de renseignements.
Certains relèvent de l’état civil – nom,
L
pseudonyme, âge –, d’autres concernent
l’éducation, le métier ou la connaissance
de la religion, les derniers concernent les
« affectations » demandées par les djihadistes.
S’ils s’avèrent authentiques, ces documents pourraient constituer une source
inestimable de renseignements sur les
combattants et kamikazes de Daesh. Le
ministre allemand de l’Intérieur, Thomas
de Maizières, estimait ainsi que ces fiches
aideront « à identifier les structures de
l’organisation terroriste ».
Mais plusieurs experts soulignent des
incohérences dans ces documents, notamment dans le langage ou les logos utilisés.
Le chercheur français Romain Caillet, autorité en la matière, estime ainsi que « les
informations que donnent ces fiches sont
crédibles. Mais il y a des bizarreries. Prises
une par une, ces bizarreries ne discréditent
pas les documents, mais additionnées,
elles engendrent le doute ». ■
P. 12 CE QUE CONTIENNENT LES FICHES
DE L’ÉTAT ISLAMIQUE
GAMES
OF THRONES
P. 13 DES DJIHADISTES BELGES CITÉS
La saison 6
affole déjà
le web
L’ÉDITO
Béatrice Delvaux
EDITORIALISTE EN CHEF
LE DOUTE
NUCLÉAIRE,
PLUS QUE JAMAIS
’était il y a cinq ans au Japon.
Une secousse provoquait un
C
tsunami et détruisait la centrale
nucléaire de Fukushima. A
l’époque, nous suivions les événements avec angoisse, certes,
mais en nous rassurant : un
10
5 413635 007507
séisme d’une telle ampleur ne
pouvait se produire chez nous. Et
pourtant.
En Belgique, aujourd’hui, la peur
ou en tout cas les doutes sur le
nucléaire sont plus grands qu’ils
ne l’étaient à l’époque. Car la
confiance dans cette énergie et
ceux qui la « gèrent » est fortement ébranlée.
Primo, parce que le manque de
transparence est devenu la règle
dans ce secteur. « Tout est sous
contrôle » : on a beaucoup entendu cette phrase au cours des
derniers mois dans la bouche de
ministres, de plus en plus souvent d’ailleurs, au Parlement. Le
problème est que les faits – des
incidents à répétition, des fissures, etc. –, des rapports successifs – comme le tout dernier
PETITES ANNONCES
MARCHÉS
RÉGION
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23
sur l’adéquation de la sécurité de
nos centrales au risque sismique –, les déclarations des
experts ou les procédures entamées par des Etats voisins qui
doutent, nous font penser tout le
contraire. Cette industrie nucléaire, née en affichant la certi-
La confiance dans
le nucléaire et ceux
qui le gèrent est ébranlée
tude de la sûreté, a trébuché
plusieurs fois, et pas que dans
des Etats communistes déliquescents.
Secundo, parce que les décisions
prises par le politique en cette
matière délicate, semblent l’être
moins sur base de convictions
scientifiques et stratégiques,
SCIENCES&SANTÉ
NÉCROLOGIE
MÉTÉO
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29
qu’en lien très – trop – étroit avec
les opérateurs économiques d’un
secteur qui sait comment faire
pression.
Tertio, parce que la gestion de la
politique nucléaire, qui devrait
être minutieuse, préméditée et
intégrée dans une stratégie énergétique globale, se fait, comme le
dit la chanson, avec « trois pas en
avant, trois pas en arrière, trois
pas sur le côté, trois pas de
l’autre côté ». En Belgique, on
sort – ou on (re)rentre – dans le
nucléaire, comme on change de
chemise. Rien que cela, en soi,
suffirait à nourrir l’angoisse.
D’où les interrogations multiples : qui a le risque nucléaire
sous contrôle ? Qui, au bout du
compte, assume la responsabilité ? Qui va nous dire comment la
MOTS CROISÉS
SUDOKU
BANDE DESSINÉE
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Belgique va sortir du nucléaire en
2025 et nous redonner foi dans
la mise en place d’une véritable
transition énergétique ? Et au
fond, qu’est-ce qui compte le plus
entre l’argent et la sécurité de la
population ?
Entre les gouvernements qui se
succèdent, les ministres qui se
contredisent, les opérateurs
avides de profits, le nucléaire
belge est devenu un « soap » plus
inquiétant que drôle. Alors,
quand, dans ce contexte, les
autorités se mettent à distribuer
des pastilles d’iode à une population qui a le nucléaire non au
bord d’un océan, mais au fond de
son jardin, difficile d’en vouloir à
ceux qui se disent que Fukushima, cela pourrait ne pas n’être
que pour les autres.
BON À DÉCOUPER
TÉLÉVISIONS
PETITE GAZETTE
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30-31
36
P. 32
lesoir.be
La BCE sort la grosse
artillerie mais fera-t-elle
mouche ? On en parle
avec Dominque Berns
François Cluzet est
l’invité de la rédaction
ce jeudi.
Dossier spécial :
le nucléaire, cinq ans
après Fukusima.
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