Dans la bataille des idées, les symboles sont importants.

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Dans la bataille des idées, les symboles sont importants.
Ayaan Hirsi Ali : L'interdiction des minarets par les Suisses était un vote en
faveur de la tolérance et de l'intégration
Partout en Occident, la population refuse l'islamisation, avec ses valeurs en complet
décalage avec les nôtres : la communautarisation autour de religieux suprémacistes prêchant
le mépris des sales infidèles; le traitement des femmes; la ségrégation des sexes; l'obsession
de la charia sous toutes ses formes; l'attitude de victimisation; des accommodements sans
fin dans le sens des intérêts de la oumma... Partout, les gouvernants sont sourds à la
légitime revendication identitaire de la majorité, dépourvue d'instinct suicidaire. Le
multiculturalisme, ça ne marche pas. Nulle part... Il faut mettre fin à cette
expérimentation. Et rejeter l'islam politique. Sinon, il y a risque de guerres civiles. On le
perçoit déjà à l'état larvé en Europe.
« Dans la bataille des idées, les symboles sont importants. »
L’interdiction des minarets par les Suisses était un vote en faveur de la
tolérance et de l’intégration, par Ayaan Hirsi Ali
Le vote suisse met en lumière le débat sur l'islam en tant qu'ensemble d'idées politiques
et collectivistes et non pas le rejet des musulmans
Washington - Le récent référendum suisse interdisant la construction de minarets a déclenché
des controverses dans le monde entier. Il y a deux manières d'interpréter ce vote. D'abord,
comme un rejet de l'islam politique et non comme un rejet des musulmans. En ce sens, c'était
un vote pour la tolérance et l'intégration, dont l'islam ne veut pas. Ensuite, le vote a révélé le
fossé qui sépare la manière dont le peuple suisse et son élite jugent l'islam politique.
Dans la bataille des idées, les symboles sont importants.
Que se passerait-il si on demandait aux Suisses d'interdire par référendum la construction
d'une croix carrée avec branches pliées à angle droit, symbole de la croyance d'une petite
minorité ? Ou bien, imaginons un référendum sur la construction de tours surmontées d'une
faucille et d'un marteau, autre symbole cher au cœur d'une très petite minorité des Suisses.
Les idées politiques ont des symboles : la svastika, la faucille et le marteau, le minaret, le
croissant et l'étoile (en général en haut d'un minaret) sont autant de symboles d'une théorie
politique collectiviste affirmant la suprématie d'un groupe sur tous les autres.
Sur les sujets qui font débat, les Suisses écoutent, lisent des journaux, et d'une manière
générale ils s'informent pour prendre leur décision en vue du vote.
Ce dont s'aperçoivent les Européens quand ils s'informent sur l'islam c'est qu'il s'agit de bien
plus qu'une religion.
Ce dont s'aperçoivent les Européens quand ils s'informent sur l'islam c'est qu'il s'agit de bien
plus qu'une religion. L'islam ne se borne pas à proposer un cadre spirituel pour affronter des
questions humaines comme celles de la naissance, de la mort et de ce qui nous attend après ce
monde ; il ordonne un mode de vie.
L'islam est une idée sur la manière dont la société doit être organisée : il définit les relations
de l'individu avec l'état, les relations entre hommes et femmes, les règles d'interaction entre
croyants et non-croyants, la manière de mettre en œuvre ces règles, et dit pourquoi un
gouvernement régi par l'islam est meilleur qu'un gouvernement fondé sur d'autres idées. Ces
idées politiques de l'islam ont leurs symboles : le minaret, le croissant, le foulard, et l'épée.
Le minaret est un symbole de la suprématie de l'islam, une marque de domination qui en est
venue à symboliser la conquête islamique.
Le minaret est un symbole de la suprématie de l'islam, une marque de domination qui en est
venue à symboliser la conquête islamique.Il a fait son apparition plusieurs dizaines d'années
après la fondation de l'islam.
En Europe, comme en d'autres endroits du monde où des musulmans s'installent, les lieux de
culte sont d'abord simples. Tout ce dont un musulman a besoin pour remplir son obligation de
prière, c'est d'une boussole pour indiquer la direction de la Mecque, d'eau pour les ablutions,
d'un tapis de prière propre, et d'un moyen de savoir l'heure de manière à pouvoir faire sa
prière cinq fois par jour au moment prévu.
La construction de grandes mosquées munies de tours extrêmement hautes coûtant des
millions de dollars n'est envisagée que lorsque la démographie musulmane devient notable.
La mosquée passe alors du stade de lieu de prière à celui de centre politique.
Les imams peuvent alors prêcher un message d'union entre musulmans et de rejet sans
nuances des mœurs des non-musulmans.
Les hommes et les femmes sont séparés ; les homosexuels, les apostats et les juifs sont
ouvertement condamnés ; et les croyants s'organisent autour d'objectifs politiques qui
appellent à l'introduction de formes de charia (droit islamique), en commençant par le droit
familial.
C'est le mouvement que l'on a observé en Europe ainsi que dans d'autres pays où les
musulmans se sont fixés. Aucun des universitaires, diplomates et politiciens occidentaux qui
condamnent la votation suisse interdisant les minarets n'évoque ces faits, sans même parler de
les contester.
Dans leur réponse à la présence de l'islam parmi eux, les Européens ont élaboré, semble-t-il,
deux regards opposés.
Dans leur réponse à la présence de l'islam parmi eux, les Européens ont élaboré, semble-t-il,
deux regards opposés. Le premier met l'accent sur l'exactitude. Est-il exact de considérer que
des symboles politiques comme ceux des communistes et des nazis sont les équivalents d'un
symbole religieux comme le minaret et ses accessoires, le croissant et l'étoile, ou que les
uniformes du troisième Reich sont équivalents à la burqa et à la barbe des actuels islamistes ?
Si la comparaison est valable, alors l'islam, en tant que mouvement politique, doit être rejeté
en raison de son propre sectarisme. Dans ce cas, les musulmans ne doivent pas être rejetés en
tant que résidents ou citoyens. Ce à quoi on s'oppose, ce sont les pratiques qui sont justifiées
au nom de l'islam, comme les crimes d'honneur, le djihad, la perspective « eux contre nous »,
le communautarisme. En bref, le suprémacisme islamiste.
L'autre regard refuse d'assimiler les symboles politiques de divers mouvements fascistes
blancs aux symboles d'une religion. Dans cette école de pensée, les écritures islamiques sont
comparées aux écritures chrétiennes et juives. Ceux qui raisonnent de cette manière prêchent
le pragmatisme. Selon eux, la clé de l'assimilation des musulmans est le dialogue. Ils sont
prêts à céder à certaines des exigences des minorités musulmanes dans l'espoir qu'un jour leur
attachement aux textes radicaux s'estompera comme celui des peuples chrétiens et juif.
Ces deux perspectives opposées correspondent en Europe à deux groupes très distincts. Les
premiers sont pour l'essentiel la classe ouvrière. Les seconds sont les classes que George
Orwell considérait comme « indéterminées ». D'allure cosmopolite, on y trouve les
diplomates, les hommes d'affaire, les politiciens classiques et les journalistes. Ils sont
familiers de la mondialisation et s'intéressent surtout à l'image internationale de leurs pays
respectifs. Lors de chaque conflit entre l'islam et l'Occident, ils voient surtout les réactions
possibles des pays musulmans et la manière dont elles affecteront l'image de leur pays.
...la classe ouvrière, qui votait à gauche depuis des générations se retrouve à voter pour des
partis de droite parce qu'elle a le sentiment que les partis sociaux-démocrates ont perdu
contact avec la réalité. A l'opposé, ceux qui rejettent les idées et pratiques de l'islam politique
sont au contact des musulmans au niveau local. On leur a demandé d'accepter les immigrés
musulmans comme voisins, condisciples, collègues de travail ; ce sont ce que les Américains
appelleraient « l'homme de la rue ». Et c'est là le grand paradoxe de l'Europe d'aujourd'hui : la
classe ouvrière, qui votait à gauche depuis des générations se retrouve à voter pour des partis
de droite parce qu'elle a le sentiment que les partis sociaux-démocrates ont perdu contact avec
la réalité.
Les pragmatiques, dont la plupart sont des gens de pouvoir, ont partiellement raison quand ils
disent que l'intégration des musulmans prendra très longtemps. Leurs appels au dialogue sont
raisonnables. Mais tant qu'ils ne poussent pas les musulmans à faire un choix entre les valeurs
des pays où ils sont arrivés et celles des pays qu'ils ont quittés, ils se trouveront confrontés à
de nouvelles surprises. Et c'est ce que le vote suisse nous montre. C'est une confrontation
entre les électeurs locaux, les travailleurs (et certaines féministes de la classe moyenne) et les
immigrés musulmans qui estiment avoir le droit non seulement de pratiquer leur religion mais
aussi de remplacer l'ordre politique local par le leur.
Examinons attentivement les réactions des élites de Suisse, de l'Union européenne et des
Nations-Unies. Le gouvernement suisse est gêné par le résultat de la votation. Les Suédois,
qui président actuellement les réunions de l'UE, ont condamné le vote suisse comme
intolérant et xénophobe. Il est remarquable que le ministre suédois des affaires étrangères,
Carl Bildt, ait pu déclarer en public que le vote suisse est une mauvaise action diplomatique.
Ce qu'il oublie, c'est qu'il s'agissait d'une discussion de l'islam en tant que problème interne.
Le vote n'a rien à voir avec la politique étrangère.
Le vote suisse met en lumière le débat sur l'islam en tant que problème intérieur en Europe.
Autrement dit, l'islam en tant qu'ensemble d'idées politiques et collectivistes.
Le vote suisse met en lumière le débat sur l'islam en tant que problème intérieur en Europe.
Autrement dit, l'islam en tant qu'ensemble d'idées politiques et collectivistes. Les Européens
de souche se sont vus demander encore et encore par leurs dirigeants d'être tolérants et
d'accepter les musulmans. Ils l'ont fait. Et cela se mesure a) aux sommes investies par le
contribuable dans les dépenses de santé, de logement, d'éducation et d'aide sociale des
musulmans, et b) aux centaines de milliers de musulmans qui frappent à la porte de l'Europe
pour pouvoir y entrer. Si ces gens qui pleurent que l'Europe est intolérante avaient raison, s'il
y avait effectivement de la xénophobie et un rejet des musulmans, on aurait observé le
contraire. Il y aurait eu un exode des musulmans hors d'Europe.
En fait, la confrontation internationale entre l'islam et l'Occident est plus large. Les guerres
d'Irak et d'Afghanistan en font partie, sans parler du conflit qui continue entre Israéliens et
Palestiniens et des ambitions nucléaires de l'Iran. Cette confrontation ne doit jamais être
confondue avec le problème local que pose l'absorption de ces musulmans à qui on a permis
de devenir résidents permanents et citoyens des sociétés européennes.
Ayaan Hirsi Ali, auteure de «Ma vie rebelle », est née en Somalie. Elle est ancienne
parlementaire hollandaise, et défenseur des droits des femmes. Son prochain livre s'intitule «
"omad ».