1 RÔLE DE L`ASSOCIATION DES FEMMES CATHOLIQUES DU GABON DANS L

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1 RÔLE DE L`ASSOCIATION DES FEMMES CATHOLIQUES DU GABON DANS L
RÔLE DE L’ASSOCIATION DES FEMMES CATHOLIQUES DU GABON DANS
L’AUTONOMISATION DE LA FEMME :
L’Association des Femmes Catholiques du Gabon, membre de plein droit de l’Union
Mondiale des Organisations Féminines Catholiques (UMOFC, WUCWO en anglais).
L’AFCG a pour but de contribuer à la promotion du rôle de la femme dans l’Eglise et dans la
société. Parmi les objectifs poursuivis, figure en bonne place la lutte contre l’état de précarité
des femmes par la mise en place des activités génératrices de revenus.
Le Gabon est classé arbitrairement au rang de pays à revenu intermédiaire de tranche
supérieure, malgré une économie de rente dont la caractéristique principale est la disparité
entre le monde rural et le monde urbain. Cela se traduit par un fort exode rural qui pousse en
particulier les jeunes à fuir le village, peu porteur d’espérance, pour la ville qui n’a pas mieux
à leur offrir.
Au niveau démographique, le Gabon est un pays sous peuplé, avec une population de moins
de deux millions d’habitants. Les femmes représentent près de 52% de cette population
fortement urbanisée.
Au niveau socio-économique, de nombreuses enquêtes ont révélé que plus d’une personne
sur quatre vit dans un ménage dirigé par une femme d’une part ; d’autre part, dans plus de
huit cas sur dix, ces femmes chefs de ménage sont célibataires, veuves ou divorcées. La
pauvreté est donc plus importante dans les ménages dont le chef de famille est une femme.
Divers facteurs expliquent la persistance de la pauvreté chez les femmes. Ils sont surtout
d’ordre culturel, politique et économique.
Au niveau économique, la femme est encore trop souvent dépendante d’un homme : père,
oncle, frère, fiancé, mari, amant…Or les Gabonais étant pauvres à 80%, il n’est pas rare de
constater que les grossesses précoces et autres abandons scolaires sont souvent dûs au fait
que la jeune fille soit très tôt contrainte de se prostituer, c’est-à-dire d’avoir des relations
sexuelles avec un homme actif professionnellement afin que celui-ci puisse assurer sa survie
et la satisfaction de ses besoins primaires élémentaires…
Une ONG dénommée La Colombe a mené, dans 3 quartiers de Libreville, une étude sur le
niveau de scolarisation de 226 filles-mères. Elles totalisent 426 enfants, seulement 22 parmi
elles, soit moins de 10%, sont alphabétisées. 13 jeunes filles (2%) louent une maison, le
reste, la grande majorité est hébergée avec leur progéniture chez les parents, pour ne pas
dire chez la mère, elle-même souvent fille-mère.
Ainsi persiste une solidarité familiale qui constitue en elle-même une source
d’appauvrissement passive par le fait de l’accueil continuel de nouveaux membres sans que
les revenus ne varient. Il est inutile de relever ici qu’on ne peut plus parler de budgets.
Mieux, l’exposition à la pauvreté est bien grande lorsque la taille du ménage augmente
continuellement sans une contrepartie en termes de revenus supplémentaires.
Dans de nombreuses situations, les jeunes filles (femmes) pour faire face aux charges, et ne
pouvant compter sur l’aide des parents (eux-mêmes pauvres) et des auteurs des
grossesses, sont tenues d’entretenir des rapports extrafamiliaux.
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Comment épargner dans un tel contexte. ? Il faut alors recourir aux stratégies de survie. La
plus prisée est en vigueur dans beaucoup de pays d’Afrique Centrale. Il s’agit de la Tontine
qui peut prendre plusieurs formes :
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Tontine d’argent autour des sommes plus ou moins fixes ;
Tontine de matériels, par exemple achat de meubles, de vaisselles…
Panier de la ménagère constitué de produits de consommation (huile, riz, savon…).
Le principe de la tontine est le même : chacun reçoit, à tour de rôle, l’équivalent de sa mise.
Afin de contribuer à la lutte contre la pauvreté des femmes, l’Association des Femmes
Catholiques du Gabon a mis en place un établissement de Microfinance dénommé :
Coopérative d’Epargne et de Crédit des Femmes Catholiques du Gabon
Il a pour devise : Solidarité – Action – Prospérité.
Ses objectifs sont :
•
initier et promouvoir l’esprit associatif parmi les membres ;
•
combattre la thésaurisation et la pratique de l’usure sous toutes ses formes ;
•
occuper rationnellement le paysage financier local, par un rapprochement avec les
populations à faible revenu ;
•
initier, inciter et développer l’esprit de l’épargne et de crédit ;
•
contribuer à l’accroissement du pouvoir d’achat des membres en leur offrant des
services de formation en gestion et assistance - conseil complémentaires au crédit.
L’EMF compte à ce jour 250 membres. Une première levée des fonds a permis de constituer
un capital de 7000 euros. C’est peu et c’est beaucoup dans un contexte où les femmes
n’ont pas de culture économique.
Leçons tirées des expériences passées
L’objectif initial était d’accorder des prêts aux épargnantes pour qu’elles puissent investir
dans de petits commerces. Mais de nombreuses expériences au Gabon et dans d’autres
pays montrent une faible capacité des femmes à rembourser les prêts.
D’où une nouvelle orientation qui consiste à démarrer les activités de l’EMF en investissant
dans des projets intégrateurs et plus porteurs d’espoir.
L’un de ces projets porte sur la fabrication artisanale du savon liquide et en morceaux.
Grâce à l’appui matériel et financier de l’Ambassade des USA et de la FAO, ce projet vient
de démarrer, permettra à l’AFCG d’encadrer également une vingtaine de filles-mères pour la
commercialisation des produits fabriqués.
Par ailleurs, la fabrication artisanale du savon en morceaux ouvre des perspectives avec les
femmes du monde rural dont celles vivant dans les parcs nationaux. Les objectifs du
développement durable pourront ainsi être poursuivis par les femmes.
L’appui de l’EMF à ce projet est grandement attendu. En effet, la préparation du savon en
morceaux nécessite un effort physique au-dessus des forces féminines. Afin d’améliorer la
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production et d’éviter les ruptures par rapport à notre petit marché, il est urgent de penser
déjà à la mécanisation.
Des bénéfices issus des activités seront répartis entre les détenteurs des fonds sans oublier
l’appui social.
Telle est Mesdames et Messieurs, la modeste expérience que grâce à l’UMOFC, nous
sommes venues exposer à ce Forum. En tant que « Semeuses d’espérance », nous
sommes convaincues que l’EMF des femmes catholiques du Gabon est un outil qui donnera
un coup de pouce à l’autonomisation financière de la femme catholique du Gabon.
Aussi, nous serons très heureuses de trouver au sein de cette illustre assemblée des
partenaires et des bailleurs de fonds prêts à nous apporter des appuis financier et
techniques.
Fait à Paris, le 30/06/2015
Jacqueline OBONE-MBA
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