la derisoire philosophie de la mini-jupe face au

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la derisoire philosophie de la mini-jupe face au
Liberte Politique
LA DERISOIRE PHILOSOPHIE DE LA MINI-JUPE FACE AU
VOILE ISLAMIQUE
Article rédigé par Catherine Rouvier-Mexis*, le 25 octobre 2001
PARIS [DECRYPTAGE/humeur] - Dans le quotidien Libération hors-série du mercredi 17 octobre 2001
intitulé "Objectif Ben Laden" figure un article de Salman Rushdie qui se demande ce que l'on doit défendre
face aux taliban.
Suivent deux listes hétéroclites : " La liberté d'expression, le multipartisme politique, le suffrage universel,
la responsabilité gouvernementale, les juifs, les homosexuels, les droits des femmes, le pluralisme, le
laïcisme, les jupes courtes, la danse, les imberbes, la théorie de l'évolution, le sexe... " d'une part et " les
baisers en public, les sandwiches au bacon, les désaccords, la mode, l'avant-garde, la littérature, la
générosité, l'eau (?), une distribution plus équitable des richesses dans le monde, les films, la musique, la
liberté de pensée, la beauté, l'amour " d'autre part.
Rushdie a oublié le rire, le rire qui vient aux lèvres en lisant ses énumérations, le rire interdit dans les rues
de Kaboul par les 4X4 vertes de l'ordre moral. Le rire en public puni du fouet en public. Ce qu'on appelle
sans doute rire aux larmes. Ou même mourir de rire.
Reste que ce ne sont pas avec ces "valeurs" mièvres de sybarites occidentaux qu'on pourra impressionner ces
sérieux défenseurs de l'islam, des enfants irakiens et du peuple palestinien.
Aux chrétiens de définir leurs valeurs et de demander que les taliban les respectent comme nous respectons
les leurs lorsqu'elles ne constituent pas une injustice - vis-à-vis des femmes - ou un désordre - le terrorisme.
Aux chrétiens de tenter de persuader leurs frères musulmans qu'ils doivent renoncer - au nom même de Dieu
- au meurtre de ceux qui n'ont pas la même religion qu'eux ni même la même interprétation de leur propre
religion.
Aux chrétiens cultivés, parlant à des fils de famille instruits, de rappeler que les chrétiens ont, pour leur part,
renoncé à imposer par la force leur religion qu'ils estiment pourtant la seule vraie.
Aux chrétiens de dire qu'un homme n'est pas plus responsable de la religion de ses pères que de son lieu de
naissance ou la couleur de ses cheveux.
À eux encore de dire combien le sort injuste fait aux Palestiniens ou aux enfants Irakiens, au mépris du droit
international, les choque, et de rappeler les efforts de leurs gouvernements et de leurs chefs de partis pour
influer sur Israël.
À eux encore de rappeler que l'Occident a aidé les musulmans bosniaques pourchassés par Milosevic ou les
moudjahidins afghans décimés par l'armée soviétique.
À eux enfin de dire que la mort d'innocents de plaît pas à un Dieu de bonté et de justice, pas plus que le
suicide des jeunes hommes qui l'ont provoquée.
Et d'affirmer bien haut que la religion ne doit pas être instrumentalisée par des visées politiques, même si
elles sont légitimes.
À eux enfin de prier pour eux, et de le leur dire.
*Catherine Rouvier-Mexis est professeur de science politique à l'université de Paris-Sud. Dernier ouvrage
paru : Sociologie politique, Litec, 1995.
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