COURS 22 Version du 25 novembre 2016. 4.3. Correspondance
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COURS 22 Version du 25 novembre 2016. 4.3. Correspondance
COURS 22 Version du 25 novembre 2016. 4.3. Correspondance entre idéaux radicaux et variétés. Theorème 4.3.1 (Nullstellensatz). Soit k un corps algébriquement clos, et soient f1 , . . . , fr des polynômes dans krx1 , . . . , xn s. Alors IpV pxf1 , . . . , fr yqq “ rpxf1 , . . . , fr yq. Démonstration. Si f m P xf1 , . . . , fr y, alors f m est zéro où f1 , . . . , fr le sont tous, et il s’ensuit que c’est également le cas pour f . Donc f P IpV pxf1 , . . . , fr yqq. Pour l’implication réciproque, supposons que f P IpV pxf1 , . . . , fr yqq. Mettons J pour l’idéal xf1 , . . . , fr . Définissons un idéal dans krx1 , . . . , xn , ys, J˜ “ xf1 , . . . , fr , 1 ´ yf y Est-ce que cet idéal est propre ou non ? Supposons que c’est propre. Par le Nullstellensatz faible, il y a donc un point pa1 , . . . , an , bq dans ˜ Or pa1 , . . . , an q doit être dans V pJq. Vu que f P IpV pJqq, f pa1 , . . . , an q “ V pJq. 0. Alors p1 ´ yf qpa1 , . . . , an , bq “ 1, ce qui va à l’encontre de la suppo˜ sition que pa1 , . . . , an , bq P V pJq. ˜ ˜ il y a des polynômes Donc, J n’est pas propre. Du fait que 1 P J, h1 , . . . , hr et g tels que ÿ 1“ hi fi ` p1 ´ yf qg i Soulignons qu’il s’agit ici d’une identité – la somme des polynômes dans le membre droit est égale (comme polynôme) au polynôme constant 1. Substituons y “ 1{f . Après la substitution, 1 ´ yf “ 0, donc p1 ´ yf qg disparaı̂t. Soit N la plus grande puissance de f qui apparaı̂t dans les dénominateurs du membre droit, et mettons h̃i px1 , . . . , xn q pour f N hi px1 , . . . , xn , 1{f q. Soulignons que les h̃i sont des polynômes dans krx1 , . . . , xn s. Nous avons donc ÿ fN “ h̃i fi . i Il s’ensuit que f P rpxf1 , . . . , fr yq. 1 2 COURS 22 Theorème 4.3.2 (Correspondence entre idéaux radicaux et variétés.). Soit k un corps algébriquement clos. Les applications I et V sont des bijections qui inversent les inclusions entre les variétés et les idéaux radicaux. Démonstration. Nous avons déjà remarqué que l’idéal qui correspond à une variété est radical. Le Nullstellensatz nous dit que, pour de tels idéaux IpV pJqq “ J. Si X est une variété, alors X “ V pJq pour un J radical. V pIpXqq “ V pIpV pJqqq “ V pJq “ X. Cela nous donne que I et V sont des bijections. L’inversion des inclusions est évidente. Exemple. Soit f P krxs, pour k algébriquement clos. Nous pouvons donc factoriser f comme f “ cpx ´ a1 qm1 . . . px ´ ar qmr , avec tous les ai distincts. V pf q “ ta1 , . . . , ar u, et IpV pf qq “ xpx ´ a1 q . . . px ´ ar qy. C’est évident que g est un multiple de px ´ a1 q . . . px ´ ar q ssi g est dans le radical de xf y. 4.4. Les idéaux premiers et maximaux, et la géométrie. Une variété X est irréductible si une expression X “ X1 Y X2 avec X1 et X2 des variétés, demande que X1 “ X ou X2 “ X. Par exemple, V pxyq (la réunion des deux axes) n’est pas irréductible, parce que V pxyq “ V pxqYV pyq. Par contre, V py ´x2 q est irréductible : il n’y a auncune manière de diviser cette parabole en deux variétés plus petites dont la réunion est la parabole. Theorème 4.4.1. Une variété V est irréductible ssi IpV q est premier. Pour continuer l’exemple : on vérifie facilement que xxyy n’est pas premier, vu que xy P xxyy, tandis que ni x ni y ne l’est. Démonstration. Supposons que X est irréductible. Supposons que f g P IpXq. Soit I1 “ xf y ` IpXq, I2 “ xgy ` IpXq. Soit Xi “ V pIi q. X “ X1 Y X2 , parce que, f g étant dans IpXq, pour chaque x P X, nous savons que f pxq “ 0 ou gpxq “ 0, et donc que x P X1 ou x P X2 . Par l’hypothèse d’irréductibilité, X1 ou X2 est égal à X. Supposons que X1 “ X. Mais f P IpX1 q, donc f P IpXq. Supposons que IpXq est premier, et que X “ X1 Y X2 . Supposons que X1 ‰ X. Soit f P IpX1 qzIpXq. Certainement IpX2 q Ě IpXq. Pour n’importe quel g P IpX2 q, f g P IpXq. Parce que IpXq est premier, il s’ensuit que g P IpXq. Alors IpX2 q Ď IpXq. Donc X2 “ X. Corollaire 4.4.1. Soit k un corps algébriquement clos. Alors V et I donnent des bijections entre les idéaux premiers et les variétés irréductibles. Proposition 4.4.1. Pour k un corps arbitraire, pa1 , . . . , an q P k n , xx1 ´ a1 , . . . , xn ´ an y est maximal dans krx1 , . . . , xn s. COURS 22 3 Démonstration. Supposons que nous avons un idéal plus grand, avec, disons, f là-dedans, tel que f R xx1 ´ a1 , . . . , xn ´ an y. Après diviser f par les autres générateurs, forcément, ce qui reste n’est pas zéro (ou f serait dans l’idéal original), donc le reste est constant, et l’idéal est impropre. Theorème 4.4.2. Si k est algébriquement clos, les idéaux de la proposition précédente sont tous les idéaux maximaux. Démonstration. Soit M un idéal maximal. V pM q est non vide par le Nullstellensatz faible, donc elle contient un point pa1 , . . . , an q. M et xx1 ´ a1 , . . . , xn ´ an y sont tous les deux des idéaux maximaux, donc radicaux, donc le dictionnaire nous dit que M est contenu dans l’idéal xx1 ´ a1 , . . . , xn ´ an y, donc ils doivent être égaux. Par contre, xx2 `1y est un idéal maximal dans Rrxs, même si ce n’est pas de la forme décrite dans la proposition, puisque x2 ` 1 ne peut pas être factorisé dans Rrxs.