1 N `GOLA N°15 Sommaire Editorial

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1 N `GOLA N°15 Sommaire Editorial
N ‘GOLA N°15
Sommaire
Editorial
- La diaspora angolaise de l’Europe sous le signe de l’unisson (P. Kiangebeni)
Actualités :
- Diplomatie angolaise : la valse des Ambassadeurs (P. Kiangebeni)
- Exit le kwanza réajusté, vive le kwanza nouveau (P. Kingebeni)
- Forum’99 / Bruxelles
- Colloque sur la paix en Angola, à Praïa
Opinion :
- Angola : la guerre du pétrole et du diamant (M. E. Diais)
- La liberté de presse existe-t-elle en Angola? (E. Lubanzadio)
- Combien y a-t-il des provinces en Angola? (E. Lubanzadio)
Revue de presse :
- Angola : l’agonie d’un peuple
Foi religieuses des Africains :
- Simão TOKO (Alfonso Sadi)
- La communauté Chrétienne du Plein Evangile (P. Kiangebeni)
Dossier :
La diaspora Angolaise de l’Europe (suite et fin)
La parole aux jeunes nés ou grandis en exil (Suite et fin)
Billet du Président
Activités de l’Association
- Hommage au Comité Exécutif sortant (Exercice 1998-1999)
- Rapport de fin de mandat du Comité Exécutif sortant
Sports - Musiques - Conte - Poèmes
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EDITORIAL
La diaspora angolaise sous le signe de l’unisson
Le dossier réalisé dans N'GOLA n°14 et dont nous diffusons la suite et fin dans ce numéro 15
est né d'une double nécessité. Celui de donner un espace et une tribune d'expression à la
diaspora angolaise dans sa grande diversité. Jeunes et moins jeunes ont ainsi exprimé leurs
vœux, aspirations et surtout leur "angolanité" quant à l'avenir de leur pays, l'Angola. L'avenir
de l'Angola est fondamentalement lié au leur. C'est ce que laisse apparaître les propos et les
réflexions de tous nos interlocuteurs. Et celui de montrer à l'opinion la richesse de la diaspora.
Elle constitue une ressource technique pouvant contribuer à l'essor de l'Angola. La diaspora
angolaise dissimulée dans tous les coins d'Europe est une mosaïque de professions. Les
médecins, les professeurs, les informaticiens, les ingénieurs, les économistes, les ouvriers
qualifiés ainsi que les jeunes de la diaspora ont exprimés clairement leur volonté de remplir
leur devoir de citoyens. Le retour au pays est un objectif permanent. L'exil, l'exode force créent
sans aucun des souffrances. Mais la détermination et la volonté qui habite ce peuple héroïque
est source d'espoir. Le bouleversement politico-militaire qui se profile à l'horizon en Angola
nous laisse une raison de penser autrement. La reconstruction de l'Angola est une affaire de
tous. Il faudrait désormais que l'état crée des structures adéquates permettant l'implication
massive de la diaspora dans le processus de reconstruction.
La diaspora quant à elle, s'organise en guise de cette nouvelle donne. Le forum tenu à Bruxelles
en octobre dernier par une dizaine d'associations angolaises en Europe allait dans ce sens.
L'unité affichée par les participants est la meilleur manière d'appréhender les problèmes qui se
posent à notre pays. La naissance de la fédération des associations angolaises d'Europe est la
consécration d'une volonté manifeste pour que la diaspora devienne un interlocuteur privilégié
et reconnu des pouvoirs publics.
La dynamique de l'unité est amorcée. Elle nous permettra de mieux agir. Une diaspora
cohérente fera face aux nouveaux défis de la démocratie, de la reconstruction, de la
réconciliation et enfin, du développement de l'Angola. Si les discours officiels à Luanda le
confirment, par les faits l'an 2000 sera celui de la paix. Une paix que le peuple angolais
mérite. Sous le signe de l'unité, la fédération des associations angolaises d'Europe (FAAE)
doit mettre en évidence un certain nombre de critères de fonctionnement pour que son action
soit porteuse d'espoir : la transparence, la responsabilité, la participation et l'efficacité.
Cela est d'autant plus nécessaire et important que l'union puisse être fragilisée si elle ne
suscite pas l'adhésion collective surtout en période expérimentale.
L'enjeu devant est vital. C'est une cause existentielle de tout un peuple. C'est la portée de
notre réflexion.
Pedro Kiangebeni
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ACTUALITES
DIPLOMATIE ANGOLAISE : LA VALSE DES AMBASSADEURS
Au moment os se confirme les victoires militaires des forces gouvernementales sur les
rebelles de l’UNITA de Jonas SAVIMBI, le Gouvernement angolais lance un nouveau front,
celui de la diplomatie. Plusieurs missions diplomatiques angolaises changent des titulaires.
C’est une décision politique de grande importance. Jamais dans l’histoire du pays, on a connu
pareil chambardement. Cette valse a sans aucun doute un double objectif. Le renforcement de
l’action diplomatique angolaise. Une manière d’isoler d’avantage JONAS SAVIMBI sur
l’échiquier internationale.
Ce changement d’ambassadeurs peut aussi avoir une autre raison, la reconquête de l’opinion
internationale quant à la volonté du Gouvernement angolais de poursuivre le processus
démocratique et la réconciliation nationale. Quand on regarde de près les noms de nouveaux
ambassadeurs, on peut également penser que cela confirme le renforcement des pouvoirs
présidentiels. Plusieurs de ces nouveaux diplomates, sont très proches du Président José
Eduardo do Santos. C’est aussi une manière de remercier certains pays amis ayant contribué
aux récentes victoires militaires des FAA. C’est le sens de la nomination des généreux Pedro
Sebastiao et Roberto Leal Monteiro « Ngola » respectivement anciens Ministres et ViceMinistre de la Défense comme Ambassadeurs en Espagne et en Russie.
Autre fait marquant le remplacement de Afonso Van-Dunem «Mbinda » à New- York par
José Patricio comme Ambassadeur de l’Angola auprès de l’ONU. Jusqu’ici en poste à
Lisbonne ; lui même remplacé par un autre proche du président OSVALDO SERRA
VANDUNEM en provenance du Brésil. La volonté de réconciliation n’est pas resté en
marge. Mrs ZAU PUNA et Johny EDUARDO PINNOCK anciens transfuges de l’UNITA et
du F.N.L.A ont été nommés respectivement Ambassadeur au Canada et en Belgique. Quant à
Boaventiera Cardoso, il quitte Paris pour Rome. Cet ancien Ministre de la Culture quitte la
capitale mondiale de la culture (siège de l’UNESCO) pour Rome sans doute pour une
nouvelle orientation à sa diplomatie qui sera axée essentiellement sur les relations
économiques. Rome a toujours eu des relations privilégiées avec Luanda. N’était-il pas l’un
des premiers pays occidental à avoir établi des relations diplomatiques avec l’Angola
communiste en 1976!
Dans la foulée de la valse des Ambassadeurs le Président José Eduardo dos Santos a exonéré
plus de la moitié de tous les Vice-Gouverneurs de 18 Provinces du pays sans que l’on sache le
pourquoi ? A situation nouvelle, sans doute, stratégie nouvelle dirons- nous. Laquelle ?
L’avenir nous le dira.
Par ailleurs, abandonnant son poste d’Ambassadeur en Zambie Manuel Agusto est nommé
quant à lui Vice-Ministre de Communication Sociale.
Cette nomination d’un quadragénaire confirme la volonté du Président José Eduardo dos
Santos de rajeunir son entourage. C’est aussi le signe d’un début d’une campagne de
séduction vis à vis de la population de Luanda pour les futurs échéances électorales. Manuel
Agusto est un enfant de Zambizanga comme le Président lui même. C’est un véritable
communicateur qui a travaillé dans presque tous les organes d’information du M.P.L.A., la
radio, la télévision nationale ainsi qu’ au journal de l’Angola. Après un rapide apprentissage
de la diplomatie au Secretarca d’Etat à la coopération ( Département des pays Occidentaux), il
entama une brillante carrière diplomatique en Afrique du Sud, puis en Zambie avant de
revenir à son premier métier. Nous lui souhaitons bonne réussite.
Genève n’a pas été oublié. Mr Joao Filipe Martins sera le prochain Ambassadeur de l’Angola
aux près des Institutions spécialisées de l’ONU. La communauté angolaise de Suisse unie par
l’esprit national dans sa diversité lui souhaite d’ores et déjà la bienvenue.
Pedro KIANGEBENI.
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EXIT LE KWANZA REAJUSTE, VIVE LE NOUVEAU KWANZA.
La nouvelle unité monétaire annoncée par le gouverneur de la Banque Nationale d’Angola
BNA, a été approuvée par l’Assemblée Nationale angolaise le 9 novembre dernier. Une
décision logique qui était attendue par tous. La dépréciation inqualifiable de cette monnaie a
atteint des proportions dont aucune économie, aucune société moderne ne pouvait continuer
de supporter . Les instruments de calculs n’étaient même plus en mesure d’évaluer ou de
quantifier la masse monétaire.
Ce nouveau Kwanza dont le taux de change fixé à 5 Kz = 1 dollar est entré en circulation le
1er décembre 1999. Cette parité avec le dollar équivaut à peu près à celle qui existait lors de la
naissance du Kwanza (3 Kz = 1 dollar ). C’est donc un nouveau départ. Va-t-il permettre le
redémarrage de l’économie angolaise en ruine ? Peut-il garder longtemps le nouveau cours de
change institué ? Quels sont les garants d’une monnaie stable ? A toutes ces interrogations
nous pouvons que donner des esquisses de réponses. Le cours de change se modèle très
souvent sur les variations de l’offre et de la demande sur le marché.
L’économie de guerre est – elle en mesure de réguler le marché ? L’influence des échanges
des marchandises et des services, le trafic international des capitaux et tant d’autres facteurs
régissant l’économie dont notamment la politique des taux d’intérêts, la lutte contre l’inflation
ou encore des facteurs politico-psycologiques doivent être pris en compte. La B.N.A. doit
prouver sa capacité de réguler les mécanismes du marché. Elle doit réguler le marché de
l’argent en facilitant les opérations de paiements (surtout pour tous les opérateurs
économiques sans discrimination).
La politique de crédit ne doit pas être partisane mais au service des intérêts généraux du pays.
L’Etat en tant qu’acteur économique principal doit pratiquer une politique économique
adaptée à la relance d’une économie longtemps ruinée par la guerre.
Les décisions supplémentaires s’imposent pour garantir la stabilité monétaire. Tout
ajustement de cours de change qui intervient tardivement a souvent pour conséquences la
spéculation sur le marché concerné conduisant très souvent à une crise monétaire (la
dévaluation par exemple). Evitons les erreurs du passé.
Les recettes pétrolières croissantes doivent soutenir d’investissement pour vite retrouver la
croissance.
Que les ressources financières du pétrole soient utilisées à bon escient. Qu’elles servent
réellement à une politique favorisant la croissance économique. La monnaie est souveraine.
Elle a besoin d’un Etat souverain muni des institutions souveraines au service du peuple.
P. Kiangebeni
COLLOQUE SUR LA PAIX EN ANGOLA, A PRAÏA (CAP-VERT)
A l'initiative du gouvernement du Cap-Vert, du PNUD, de l'UNESCO, et de différentes
personnalités de la Société civile, tant angolaises que d'autres pays étrangers, un "Colloque
international sur la paix, la stabilité sociale et le développement humain durable dans les Pays
Africains de Langue Officielle Portugaise(PALOP)", a eu lieu à Praïa, dans la capitale des îles
du Cap-Vert, du 7 au 10 décembre 1999. Nous avons pu participer à ce Colloque.
Le conflit angolais perdure déjà depuis plusieurs années. Diverses initiatives ont pu être
lancées afin de trouver des voies et moyens et contribuer à la paix dans ce pays.
La dernière initiative cap-verdienne vient renforcer cette conviction que le problème angolais
interpelle tout le monde, africain ou non africain, et que ce pays ne peut se construire qu'avec
la culture de la paix.
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L'Angola et les îles du Cap-Vert sont des pays frères, tant les liens qui les unissent dépassent
le seul cadre historique. Des liens de sang et d'origines ont scellés les deux peuples.
Rappelons que c'est à partir de cet Archipel du Cap-Vert que l'esclavage pratiqué par les
Portugais a pris son essor: des milliers d'Angolais ont transité par ces dix îles du Cap-Vert
avant de prendre le chemin du Brésil, des Antilles ou des Amériques. Il existe encore des
traces de ce passé douloureux. L'île de Santiago, où se trouve Praïa, la capitale politique,
administrative et économique de ce pays, est plus que symbolique. On y trouve une vieille
"Maison des Esclaves", devenue un Musée. Et c'est à Tarrafal, de l'autre bout de l'ile que se
trouve la sinistre bagne où les colonialistes portugais emprisonnaient les hommes politiques
angolais.
Bien que le Colloque avait englobé tous les pays africains lusophones en guerre, (Angola,
Mozambique, Guinée-Bissau), c'est le cas de l'Angola qui a le plus retenu l'attention des
participants. Ce pays était de tous les débats dans les groupes de travail. C'est dire aussi le
poids, l'urgence et le degré du conflit dans ce grand pays du PALOP, qu'est l'Angola. Les
intervenants ont tous soulignés la gravité de la situation. Une intervenante a même poussée le
culot en avançant l'idée de créer une Cour martiale pour juger les auteurs de la guerre en
Angola! Solution extrême, peut-être, mais qui pouvait aussi ramener les esprits guerriers de
réfléchir avant de se lancer dans des tueries de la population civile pour garder ou conquérir le
pouvoir. On n'a pas hésité de relever que, dans "The Washington Post" du mois d'août 1999,
on peut lire ceci: "La plupart des pays africains se trouvent dans des conditions au moins si
peu encourageants qu'au début du siècle, sinon du millénaire. Dans cet aspect effrayant les
Africains sont peut-être uniques au monde".
Dans ce bilan, c'est sûr que les Angolais qui se font la guerre, sont uniques. Raison pour
laquelle, la solution de la paix en Angola ne peut venir que des seuls Angolais, tout en
reconnaissant aussi que c'est aux protagonistes qui se font la guerre de prendre le courage
d'accepter la paix des braves. Même si dans le passé, ils se sont montrés incapables de
dialoguer ensemble. Mais alors, pour réussir cette paix-là, il faudrait aussi que les Angolais le
veulent réellement. Sans les intérêts étrangers en Angola, la paix était possible depuis fort
longtemps. Les richesses minières de l'Angola attisent les convoitisent des pays occidentaux
et des autres.
Surtout son pétrole et ses minerais. Actuellement le pays abrite des prédateurs sans états
d'âme qui continuent encore à piller et à voler la richesse des Angolais. Avec quels
complices?
Dans le texte de la "Déclaration finale", plusieurs résolutions et recommandations. Il s'agit de
créer des mécanismes publiques de contrôles et des préventions, afin de résoudre les conflits
dans les PALOP. Pour y parvenir, il faudrait faire appel à des personnalités morales
africaines, des Sages, des autorités traditionnelles, séparation effective des pouvoirs (effectifs,
législatifs, et judiciaires), donner plus d'espace à la société civile, des structures fiables, des
suivis des colloques pour que les textes ne restent pas dans les tiroirs, etc. En tout, plus d'une
cinquantaine de points retenus.
Souhaitons que ce Colloque de Praïa servira à quelque chose dans la recherche de processus
de paix en Angola.
Alfonso Sadi (envoyé spécial aux îles du Cap-Vert)
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MINES ANTIPERSONNEL
Les mines antipersonnel sont des armes particulièrement lâches. Leur but consiste
principalement à mutiler plutôt qu’à tuer, elles ne font pas la différence entre le pas d’un civil
et celui d’un soldat et enfin elles ne respectent pas les traités de paix.
Mutiler plutôt que tuer.
Les armes de guerre sont en principe destinées à tuer l’ennemi. Si bien sûr les blessures
provoquées par les mines peuvent entraîner la mort, ces armes visent d’abord à blesser
cruellement et mutiler définitivement. Sorte d’outil barbare qui entraîne durant les combats la
nécessité d’apporter des soins importants aux blessés mobilisant ainsi de nombreuses forces et
capacités sanitaires, qui terrorise les populations civiles qui n’osent plus sortir de chez elles, et
enfin qui paralyse toute la vie sociale et économique d’une région.
Pas d’un enfant ou pas d’un soldat ?
Les mines sont enfouies dans le sol. Jamais elles ne pourront différencier l’être humain qui
s’approche, civil ou soldat, jamais elles ne pourront évaluer s’il s’agit d’un enfant ou d’un
adulte. C’est là leur seconde spécificité si abjecte. Et la pression qui la déclenchera n’excède
souvent pas quelques kilos. Même un petit enfant en sera la victime.
La guerre après la paix.
A la fin d’un conflit, lorsque les accords de paix sont signés et que les armes sont retirées, les
mines restent dans le sol là où elles ont été déposées. Elles vont donc continuer à créer un
climat de guerre, même la paix revenue. Et les conséquences en sont catastrophiques :
- - ù très souvent la
population souffre de la faim.
- le ramassage du bois dans la forêt devient un danger permanent.
- 1ère grande victoire.
Des centaines d’ONGs se sont mobilisées et une première victoire a été enregistrée: le Traité
d’Ottawa interdisant les mines, signé en décembre 1997. Jamais un traité n’avait été élaboré
aussi rapidement, jamais autant de pays n’avaient signé un tel accord si rapidement.
Et une semaine plus tard, cet élan d’ONGs recevait une des plus hautes distinctions
mondiales : le Prix Nobel de la Paix .
Mais ces succès ne doivent pas faire oublier que la vraie victoire est encore loin. Le temps de
lire cet article, une mine aura fait une nouvelle victime. C’est dire si le combat a mener est
encore urgent et important. Il faut déminer des milliers d’hectares de terre, il faut apporter de
l’aide aux victimes de mines et leur redonner une place dans la société. Enfin il faut encore
améliorer les textes des traités.
Et en Angola…
En 1997 l’Angola a signé, mais pas ratifié, la Convention d’Ottawa. Hélas, la situation
conflictuelle régnant dans ce pays a relancé l’usage des mines. Tant du côté de l’armée que
des forces de l’UNITA, il est à déplorer et dénoncer l’utilisation de mines. Et qu’importe qui
les pose ou qui doit être montré du doigt . Le résultat est le même : des civils souffrent, des
enfants sont injustement mutilés pour le restant de leur vie. Il est impératif de trouver des
accords pour que les parties au conflit s’engagent à ne plus utiliser cette arme barbare, dont
l’utilité militaire a été dénoncée par le CICR.
Elisabeth Reusse-Decrey, Députée au Grand Conseil, Coordinatrice de la Campagne Suisse
contre les mines antipersonnel.
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Activités de l’Association
HOMMAGE AU COMITE EXECUTIF SORTANT (Exercice 1998-1999)
Conçu et réalisé par P. Kiangebeni (Secrétaire à la culture et Information)
Une fois n'est pas coutume. N'GOLA rend hommage au Comité Exécutif sortant de
l'Association des Angolais en Suisse. Notre hommage est solennel. Après deux années passés
à la tête de l'AAS les 7 membres du Comité Exécutif vont pour la plupart quitter leurs
fonctions. Le mandat qui leur avait été confié arrive à son terme. C'est le moment de porter
un regard sur l'action menée par nos 7 sages. Dans son fonctionnement , l'équipe conduite
par Mr. Jean Jacques NKOSI était d'une homogénéité, d'une cohérence et d'une
complémentarité exemplaire. Deux ans est une période à la fois longue et courte. Elle est
apparue longue pour ces 7 pères de familles qui par moment ont dû sacrifier la vie de famille
pour honorer leurs engagements dans tous les coins de Suisse ou encore hors des frontières
suisses. Les bénévoles de la communauté angolaise en Suisse ont le mérite d'avoir su donner
une nouvelle dimension à notre Association. Une dynamique est née. Ces dirigeants dévoués
ont permis le passage de l'Association vers le nouveau millénaire sans aucun doute avec
beaucoup de succès. Les diverses actions menées en Suisse et ailleurs(France, Belgique,
Italie…) en sont les témoins de la réussite assurée. Faute de temps tous les objectifs n'ont pas
été réalisés, certains ont été initiés mais non terminés. Ainsi plusieurs chantiers sont restés
ouverts. La période de deux ans dans ces conditions peut paraître courte. Faisons confiance à
leurs
successeurs. Une page vient d'être tournée. Désormais l'AAS est devenue une
référence. Afin de mettre en évidence le travail accompli par nos illustres serviteurs, parole
leur a été donnée. Une bonne manière de conclure un mandat.
M. Jean Jacques NKOSI, Président de l’A.A.S – VALAIS
Quelle est la plus grande satisfaction que vous avez eue pendant les deux ans passés au
comité exécutif ?
A cette question, je parlerai d’abord de mon grand plaisir que satisfaction. Mon grand plaisir,
c’est d’avoir rendu service à la communauté angolaise en suisse au travers des services que
j’ai pus fournir à mes compatriotes. Je pense que mes frères angolais comprendront les efforts
que nous avons déployés au- delà de nous- mêmes malgré le manque de moyen financier. Et
à la grande satisfaction, c’est d’avoir conduit l’association à sa maintenance et son
dynamisme et surtout d’avoir donné l’espoir à nos membres que l’association est une
organisation qui unit les Angolais et cherche à défendre leurs intérêts en Suisse.
Pensez-vous que notre association a un rôle à jouer dans la vie de la communauté
angolaise en Suisse. Si oui pourquoi ?
Je pense que « Oui », parce que je viens de le dire que l’association tient toujours son rôle
d’unificateur et de médiateur d’une part entre les Angolais et d’autre part les Angolais et
d’autres communautés. Notre chère Patrie étant en guerre perpétuelle, les Angolais de la
diaspora ont toujours tendances à se partager des opinions divergentes, d’où notre association
se voit le rôle capitale d’unir ses compatriotes au sein d’un noyau pour sauvegarder notre
identité angolaise et surtout ne pas perdre l’espoir et avoir toujours l’amour patriotique.
Quels sont les trois conseils que vous donnerez à votre successeur si vous devez quitter le
comité exécutif ?
Les 3 principaux conseils que je peux prodiguer à nos successeurs, c’est d’abord de bien
appliquer les recommandations formulées dans le rapport de fin de mandat, ensuite de
travailler ensemble dans un esprit de groupe afin de pouvoir garder l’harmonie au sein de
l’équipe dirigeante et enfin de manifester leur sympathie vis- à- vis des membres dont ils sont
appelés à servir bénévolement.
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Quelle est le plus ambitieux projet que l'A.A.S. doit engager au prochain siècle ?
Dans un pays comme le nôtre où la guerre n’a jamais cessé, et que le peuple angolais n’a
jamais vécu son bien- être, il serait souhaitable que l’association des angolais en suisse puisse
s’investir sur un projet d’aide à nos compatriotes les plus démunis par les biais d’une
fédération des angolais en Europe qui verra le jour dans un proche délai.
Quels sont vos vœux pour le nouveau siècle à la communauté angolaise de Suisse et au
pays ?
Mes vœux les plus sincères sont tout d’abord souhaité à la communauté angolaise de suisse de
vivre uni et de servir leur association, car l’union fait la force, de savoir reconnaître les
autres sans discrimination aucune. Quant au Pays, je puis dire comme tout angolais, c’est la
paix. Seul la paix peut introduire la démocratie. Sans paix ni démocratie, on ne peut pas
s’attendre à un développement harmonieux en Angola.
M. KETO YAMA Décant, Secrétaire Général de l’A.A.S - FRIBOURG
Quelle est la plus grande satisfaction que vous avez eue pendant les deux ans passés au
comité exécutif ?
La plus grande satisfaction que j’ai eue pendant les deux ans passés au Comité exécutif de
l’Association, c’est d’avoir assumer pleinement mes responsabilités jusqu’au bout de mon
mandat. Toutes les reproches et critiques qui ont été adressées à mon égard m'ont permis
d’améliorer mon travail et de répondre objectivement aux attentes de tous les membres et
sympathisants de l’Association
Par ailleurs, je suis très satisfait de ce mandat parce que nous avons concrétisé l’un des projets
qui datait des années 1994 ; la réalisation du Forum regroupant les Associations Angolaises
en Europe. Outre ce projet, notre Comité exécutif est allé très loin, en dehors de la Suisse,
pour représenter et faire connaître le mieux possible ce qu’est l’Association des Angolais en
Suisse. Evidement, nous avons aussi été partout où nous étions sollicités en Suisse par
d’autres institutions, organisations ou communautés.
Ma grande satisfaction est que nous avons formé un comité solide et solidaire. Nos séances de
travail revêtaient un caractère très démocratique et libéral qui a permis à chacun de nous de
s’exprimer, sans contrainte, sur des sujets très délicats. Il est vrai qu’on n’était pas tous
d’accord sur certains principes ou certains points de vue au niveau du Comité mais, nous
avons fait preuve de sagesse et de maturité lorsqu’on se trouvait à l’assemblée générale où
nous étions souvent appelés à se justifier comme si on était à la barre devant un tribunal.
Ainsi, malgré nos divergences qui étaient beaucoup plus liées au travail qu’exigeait
l’association, il nous est arrivé de continuer nos séances dans une ambiance bonne enfant. Et,
encore, personne n’a démissionné.
Pensez-vous que notre association a un rôle à jouer dans la vie de la communauté
angolaise en Suisse. Si oui pourquoi ?
A mon avis, je pense que notre Association a un grand rôle à jouer dans notre communauté
angolaise en Suisse, et cela pour plusieurs et différentes raisons.
Je crois que dans ce contexte, il faudrait commencer à poser des questions notamment sur la
présence de la communauté angolaise dans ce territoire très éloigné de notre pays.
Si je me réfère aux statistiques publiées par l’Office fédéral des réfugiés, évolution de la
situation au 30 avril 1999, au moins 2500 angolais séjournent en Suisse, soit en situation de
requérant d’asile permis N), soit au bénéfice d’une admission provisoire (permis F). Il faut
ajouter à ce nombre, les 600 enfants (nés entre 1988 et 1999) issus des parents requérants ou
au bénéfice de l’admission provisoire.
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Si nous ajoutons à ce nombre les angolais qui ont une autorisation de séjour (permis B), une
autorisation d’établissement (permis C) et ceux qui ont double nationalité « suisseangolaise », nous pouvons déduire clairement qu’il existe une forte communauté angolaise en
Suisse. Plus de quatre mille.
Pour ainsi dire qu’il faut un organe, une personnalité morale, bien structurée, qui a pour rôle
la sensibilisation et l’encadrement de tous les angolais, sans distinction aucune, afin de faire
valoir l’identité angolaise.
Nous devons aussi savoir que notre pays est déchiré par la guerre depuis 1961, le début de la
révolution pour la libération et l’indépendance de l’Angola. La situation s’est empiré dès
1975, l’année à laquelle l’Angolais combat son propre frère Angolais. La guerre perdure en
Angola parce que l’Angolais lui-même ignore l’histoire de son pays ; il considère son propre
frère comme un ennemi virtuel.
En fait, voici près de 40 ans, l’Angola est à feu et à sang. Toute une génération qui n’a connu
que la guerre. Une génération sacrifiée ?
Il incombe à l’association de jouer son rôle, le rôle de la société civile car le changement de la
situation politique, sociale ou économique de notre pays n’est pas seulement l’affaire d’un
groupe politique, ni d’un groupe militaire, et encore moins, d’un groupe religieux. Ce
changement dépend aussi et surtout de l’apport de toute angolaise et tout angolais, fille et fils
de ce pays.
Eu égard à ce qui précède et, encore, en tenant compte de tous ces enfants angolais, près d’un
millier (tout permis confondu), nés en Suisse, dont les parents eux-mêmes, sont déjà
déracinés, l’association a un grand rôle à jouer dans la vie de la communauté angolaise en
Suisse.
Quels sont les trois conseils que vous donnerez à votre successeur si vous devez quitter le
comité exécutif ?
Pour cette question, je crois que j’ai travaillé durant 6 ans consécutifs dans le Comité exécutif
de l’Association. Effectivement, pendant une année et demie, j’ai travaillé dans l’ombre
comme l’expliquait mon collègue président, Monsieur Nicolau Makuntima, pendant
l’exercice de son mandat en 1996 et 1997. Mais, j’ai apporté ce qu’il fallait pour
l’Association. Ainsi, il est aussi temps pour moi de quitter cette instance supérieure de
l’appareil exécutif de l’association afin de faire valoir la démocratie.
En ce qui concerne les conseils que je pourrais prodiguer à mon successeur, je dirais tout
simplement que je suis son conseiller permanent. Chaque fois qu’il aura besoin de moi,
j’essaierai d’apporter ce que je pourrais en tenant compte de mes possibilités.
Par ailleurs, j’aimerais souligner que notre Association n’a pas un but lucratif. Le travail dans
l’association est bénévole. Donc, le bénévolat exige la volonté, l’esprit d’abnégation et le
sacrifice de soi. Nous n’avons pas tous des bonnes qualités, ce qui veut dire nous avons
également des défauts. Il arrivera des moments où l’on ne peut plus continuer à travailler pour
le compte de l’Association parce qu’on est acculé de part et d’autre. Dans ces circonstances, il
faut savoir créer l’équilibre. Le bon équilibre ne peut être établi lorsqu’on commence à
dissocier les affaires privées des affaires associatives.
Et encore, en tant que responsable de l’exécutif de l’Association, les Statuts doivent être
considérés comme un instrument de référence, un dénominateur commun, afin de résoudre
certains problèmes difficiles et cruciaux, et d’éviter des conflits interpersonnels.
Si le pasteur se réfère à des versets bibliques pour enseigner ses fidèles, je crois qu’il est aussi
du devoir d’un membre du Comité Exécutif de l’association de se référer à des Statuts ou
règlements d’ordre interne pour convaincre ses membres et sympathisants.
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Quelle est le plus ambitieux projet que l'A.A.S. doit engager au prochain siècle ?
Pour moi, le plus ambitieux projet que l’association doit engager au prochain siècle c’est de
réunir les Angolais afin qu’ils prennent conscience de leurs origines ; l’une des possibilités
majeures pour réaliser d’autres projets importants.
Quels sont vos vœux pour le nouveau siècle à la communauté angolaise de Suisse et au
pays ?
Pour le nouveau siècle qui commence, je demande à toutes les Angolaises et tous les Angolais
de méditer sur les 24 ans de guerre civile, des déchirements ; des atrocités dont les victimes
sont nos propres sœurs et nos propres frères. Sommes-nous alors des personnes ou des
animaux ?
Cette méditation doit nous servir à trouver les voies et moyens de retrouver la paix, alors une
paix durable.
M. Eduardo SEVELINO, Secrétaire aux Affaires Sociales de l’A.A.S. - Genève
Quelle est la plus grande satisfaction que vous avez eue pendant les deux ans passés au
comité exécutif ?
Ma plus grande satisfaction est d'avoir travaillé avec une équipe compact, "soudée", avec le
sentiment d'avoir accompli ma mission jusqu'à son terme.
Pensez-vous que notre association a un rôle à jouer dans la vie de la communauté
angolaise en Suisse. Si oui pourquoi ?
Il est vrai que notre association a un rôle très important à jouer dans la vie de la communauté
angolaise en Suisse. Vous pouviez noter par exemple les éléments essentiels suivant. Ceux-ci
peuvent être déterminant à savoir
a) Encadrement et social
b) Information et culture
Quels sont les trois conseils que vous donnerez à votre successeur si vous devez quitter le
comité exécutif ?
En ce qui concerne mon souhait si je viens à quitter le comité exécutif, est celui de voir mon
successeur appliquer la même philosophie dans ses actions, notamment :
Suivi des activités et projets programmés
Etre sans relâche à l'écoute de l'ensemble de la communauté pour essayer dans la mesure du
possible de répondre à leurs attentes.
Maintient de la cellule des femmes angolaises dite commission féminine.
Quelle est le plus ambitieux projet que l'A.A.S. doit engager au prochain siècle ?
Je ne suis pas en mesure pour le moment de prévoir les ambitieux projets, car tout dépendra
des événements du prochain siècle. C'est l'avenir qui déterminera dans quelle direction peuton envisager ces ambitieux projets.
Quels sont vos vœux pour le nouveau siècle à la communauté angolaise de Suisse et au
pays ?
Dans ce chapitre, mes vœux sont très simples ; d'abord je m'adresserais à la communauté
angolaise de Suisse, en disant ; solidarité et unité.
Pour les compatriotes au pays, mon soutien est inconditionnel dans leur démarche pour la paix
totale en Angola par la voie pacifique.
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M. Esteves Antonio NTIMUNSENDE, Trésorier de l’A.A.S. - Saint-Imier
Quelle est la plus grande satisfaction que tu as eue pendant les deux ans passés au comité
exécutif ?
Ma plus grande satisfaction ; la participation du comité exécutif au nom de l'A.A.S. à
AGIPAL 99, réalisée à Lugano et la création à Bruxelles, lors du Forum 99, de la fédération
des associations angolaises en Europe, par l'initiative du comité exécutif de l'A.A.S.
Pensez-vous que notre association a un rôle à jouer dans la vie de la communauté
angolaise en Suisse. Si oui pourquoi ?
Il est certain que l'A.A.S. a un rôle extrêmement important à jouer au sein de la communauté
angolaise en Suisse. Notamment, par l'encadrement de tous les Angolais, membres et nonmembres et la défense de ses intérêts. La promotion de la culture angolaise. Apprendre aux
plus jeunes, les sens plus large de la famille africaine unie, par des rencontres continues aux
autres activités similaires.
Quels sont les 3 conseils que vous donnerez à votre successeur si vous devez quitter le
comité exécutif ?
Simplement, je lui conseillerai d'être plus tolérant au radio-trottoir, très vigilant à l'ingérence
des personnes ne faisant pas partie du comité exécutif et enfin d'être toujours prudent à la
conservation de liens communautaires.
Quelle est le plus ambitieux projet que l'A.A.S. doit engager au prochain siècle ?
Je pense que depuis la réalisation de l'activité sociale de récolte de médicaments en 19931994 dans laquelle l'A.A.S. avait participé activement, notre association est devenue
moribonde. Etant membre actif de cette association, j'ai toujours souhaité que l'A.A.S. ait des
projets plus concret et culturel (l'enseignement des jeunes enfants en Angola par exemple) et
autres…
Quels sont tes vœux pour le nouveau siècle à la communauté angolaise de Suisse et au
pays?
Pour le prochain siècle, j'aimerai que la guerre termine et qu'une paix durable s'établisse en
Angola pour que notre peuple retrouve son souffle.
J'aimerai aussi que la bénédiction du seigneur tout-puissant retombe sur tous les jeunes
angolais en suisse, afin qu'ils s'accrochent à leurs respectives études pour que dans le futur ils
sachent contrer toutes les injustices que souffre notre pauvre peuple aujourd'hui. Alléluia.
M. Fernando MFULUTOMA, Secrétaire aux Loisirs et Sports de l’A.A.S. - Fribourg
Quelle est la plus grande satisfaction que tu as eue pendant les deux ans passés au comité
exécutif ?
Intégrer le comité était pour moi un terrain inconnu dans un sens métaphorique. Mais,
aujourd’hui, je peux m’estimer heureux pour les deux années passées au sein de ce groupe
car, j’ai pu m’apercevoir que j’étais ignorant dans beaucoup de choses. Cependant, l’esprit du
travail collectif m’a aidé à chasser cette ignorance. Je crois que l’ignorance est un grand
danger dans notre société actuelle.
Pensez-vous que notre association a un rôle à jouer dans la vie de la communauté
angolaise en Suisse. Si oui pourquoi ?
Notre association joue déjà son rôle dans ce pays qui n’est pas le nôtre. Elle défend les
intérêts de tout ressortissant angolais sans distinction de son statut de séjour en Suisse ou
autres appartenances politique, religieuse et philosophique. Je pense que c’est à chaque
angolais d’exprimer sa satisfaction ou son indignation par rapport au travail déjà accompli par
l’association jusqu’à ce jour. Et de là sortira que la chemin à prendre pour le futur.
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Quels sont les 3 conseils que vous donnerez à votre successeur si vous devez quitter le
comité exécutif ?
Parmi les conseils à donner à mon successeur, je lui prodigue ces derniers :
Chercher à concilier la vie de famille avec la vie de l’association. Dans mon cas, la femme
était un appui supplémentaire pour me relancer en cas de découragement.
Ne jamais penser à démissionner dans les moments difficiles car le travail dans l’association
est bénévole. Et, le bénévolat exige la volonté et demande beaucoup d’engagement. De ce
fait, il ne faut pas hésiter à demander conseil aux autres collègues du comité.
Je suis toujours à l’entière disposition de mon successeur pour les conseils s’il le faut.
Quelle est le plus ambitieux projet que l'A.A.S. doit engager au prochain siècle ?
Notre association doit contribuer activement à la concrétisation de la fédération des
associations angolaises en Europe. Car en travaillant au sein de la fédération, nous serons
encore plus forts.
Quels sont tes vœux pour le nouveau siècle à la communauté angolaise de Suisse et au
pays ?
Nous sommes ici en Suisse parce que notre pays ne connaît pas la paix. Le siècle qui vient de
s’achever était pour beaucoup d’angolais, « quitter le pays pour se réfugier dans un pays
étranger ». J’espère que le siècle qui va commencer sera pour nous les angolais, « rentrer au
pays pour y rester et reconstruire le pays ». Le peuple angolais souhaite que ce nouveau
millénaire soit pour notre pays :
un déclic pour la fin de la guerre civile,
un siècle de paix et vraiment une vraie paix.
LA FETE DES VŒUX DE FIN D'ANNEE
Le 18 décembre 1999 n’était pas seulement une journée consacrée à l’assemblée générale de
l’Association des Angolais en Suisse. C’était également une journée réservée aux enfants et
aux parents ; une journée organisée par l’Association des Angolais en Suisse sous l’égide du
Secrétariat aux Affaires sociales et de la Commission féminine. Outre les parents, les enfants
ont effectivement répondu massivement à l’invitation qui leur a été adressée par le biais de
leurs parents.
Annonçant les couleurs de la fête, deux messages ont été adressés tant aux enfants qu’aux
parents par Monsieur Eduardo Sevelino, Secrétaire aux Affaires sociales, et par Cristina
Kiangebeni, Coordinatrice de la Commission féminine, région romande. Les deux messages
ont interpellé, d’une part, les parents à prendre leurs responsabilités en vue de sensibiliser
leurs enfants de prendre conscience de nos origines, et d’autre part, les enfants, la relève de
demain, de prendre conscience sur la nécessité de s’associer, l’unique voie de consolider nos
liens entre tous les angolais de la communauté angolaise en Suisse.
Cependant, après les discours, les enfants eux-mêmes ont pris la charge d’animer la soirée par
des récitals des poèmes et des chansons. La petite Christie Kiangebeni (8 ans) et le petit
Ernesto Djovi Pedro (9 ans) ont récité des poèmes tandis que Rodrigue Keto (12 ans),
accompagné de Heidi Carvalho (12 ans) et de João Dielumbaka (11 ans), tous trois, ont égayé
les parents et enfants avec des chansons issues de leur propre répertoire.
Par ailleurs, Gladys Mazitu (11 ans) a également montré qu’elle était la vedette en herbe en
s’exhibant en play-back avec une jolie chanson.
Après cette animation offerte par les enfants, animation préparée et présentée exclusivement
par eux-mêmes, les femmes de la Commission féminine ont procédé à la distribution des
cadeaux aux enfants. Près d’une soixante d’enfants ont bénéficié des cadeaux de l’Association
des Angolais en Suisse.
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Les mamans, les membres et sympathisants de l’association ainsi que les membres du Comité
Exécutif sortant n’ont pas été oubliés à cette fête. Car, 9 mamans et 32 membres et
sympathisants (y compris les membres du Comité Exécutif sortant) ont été récompensés par
des diplômes pour l’effort fourni, le dévouement, l’engagement et tous les services qu’ils ont
rendus à l’association durant ce dernier quinquennat du 20ème siècle.
Il faut cependant signaler que la Section de Neuchâtel a également offert à chacun des sept
sages du Comité Exécutif sortant un cadeau d’une bouteille de vin. La soirée s’est poursuivie
par la musique et la danse et s’est terminée vers minuit.
Décant K.
DOSSIER
LA DIASPORA ANGOLAISE EN EUROPE : SUITE ET FIN
AU COEUR DE LA DIASPORA : LE ROLE DES FEMMES
Mme. Lusekumbaza M. Honorine, Belgique
Mariée et mère de quatre enfants. De nationalité d’origine angolaise.
Licenciée en psychologie générale de l’Université Marien Ngouabi du Congo Brazzaville.
J’ai travaillé deux ans au Ministère du travail – Service du personnel en Angola / Luanda.
Je vis en Belgique avec ma famille, depuis 1983.
Je suis présidente – dirigeante et chargée des projets de l’Association des Femmes Angolaises
de Belgique ’’Alegria’’ qui est un service d’éducation permanente et d’insertion sociale des
adultes et des jeunes. J’y travaille comme employée dans le service des permanences sociales
et de la gestion journalière.
Que dire de mon boulot ?
C’est intéressant mais c’est difficile.
Intéressant : Car il m’a permis d’être utile dans ma société d’accueil, pour la communauté
angolaise et surtout pour mon pays, l’Angola.
C’est grâce à ce travail que j’ai découvert beaucoup de choses, de réalités de notre société et
de notre pays.
Il m’a permis de valoriser la femme et surtout la femme angolaise auprès de ceux qui la
connaissait mal.
Difficile : Surtout parce que beaucoup de gens ne connaissent pas l’utilité ou la force d’une
association et qui ne la valorisent pas.
Et je vois plus les originaires d’Angola, qui n’aiment pas s’associer aux autres et préfèrent
des jobs à la place. Mais c’est quand ils sont dans des problèmes qu’ils sollicitent les actions
associatives.
Mes premiers souhaits pour les angolais de la diaspora, c’est d’être unis car l’union fait la
force et de profiter des expériences que nous vivons en Europe pour s’en servir en Angola ou
plus vaste encore en Afrique.
Mme. KIANGEBENI Cristina, Genève
Mme Kiangebeni Via-yaya Cristina, la quarantaine, mariée et mère de trois enfants qu'elle
adore.
Diplômée de l'institut supérieur de poste et télécommunication - inspectrice de P.T.T.
(Tunisie) et titulaire d'un CFC d'aide familiale de l'école d'aide familiale (Genève). Je travaille
13
comme aide familiale à la FSASD et j'aime bien mon métier et je suis souvent en contact
permanent avec les malades et les personnes du troisième âge.
Je m'intéresse beaucoup au social car depuis mon enfance, j'ai toujours partagé le bonheur
comme le chagrin des autres.
Interview
Que représente pour vous cette période de l'exil à l'étranger ?
Je suis née en exil car mes parents se sont réfugiés en RDC ex Zaïre et depuis, je suis toujours
le même chemin du désespoir jusqu'à me retrouver en Suisse où je continue mon combat.
En quoi celle-ci est-elle profitable ?
Cette période d'exil m'est profitable par le fait que je peux m'exprimer librement car je suis
dans un pays où la démocratie directe est une référence pourtant j'ai une autre vision de voir
les choses, ce qui me permet d'avoir une ouverture d'esprit de ce qui se passe dans ce monde.
Nos enfants reçoivent une bonne éducation scolaire, malheureusement les enfants angolais au
pays n'ont pas la même chance, ce qui est regrettable. C'est un drame pour notre pays.
Comparer à mon pays où j'étais considérée comme une étrangère(regrasada ou Zaïrens), au
moins ici en Suisse, j'ai ma place dans la société en tant qu'un être humain.
Dans votre domaine, qu'est-ce que cela vous a apporté sur le plan intellectuel et matériel ?
a) Sur le plan intellectuel
Perte de temps : aussi longtemps que je n'ai pas pu exercer dans ma profession des
"télécommunication", du fait que je sois étrangère et sans permis de séjour. Mais cela ne m'a
pas empêché de m'épanouir et je suis fière d'avoir fait une formation de deux ans à l'école
d'aide familiale. Et avoir obtenu mon certificat fédéral.
b) Sur le plan matériel
Je n'ai pas l'esprit matérialiste, bien sûr qu'ici en Europe je ne manque de rien, j'arrive à aider
ma famille en Afrique, dans tout ça, il faut avoir le sens d'organisation.
Comment peut-on lutter contre ce phénomène de l'émigration des angolais vers des terres
plus accueillantes que la leur ?
Le problème de l'émigration des angolais ne date pas d'aujourd'hui. Depuis nos ancêtres, le
peuple angolais a toujours été souvent sujet des services et des souffrances surtout au nord de
l'Angola où il faut absolument créer toutes les conditions pour que le peuple puisse vivre en
paix. C'est un droit et une aspiration légitime. C'est mieux d'être réfugié ailleurs que dans son
propre pays.
Ce phénomène s'amplifiera tant que le peuple angolais n'arrivera pas à une vraie intégration
africaine, le vœux de progrès et de développement resteront vains.
Comment la diaspora peut-elle jouer un rôle pour la paix définitive en Angola ?
Je ne crois pas à cette paix définitive en Angola aussi longtemps que ceux qui nous
gouvernent et ceux qui veulent gouverner, n'arrivent pas à sacrifier leurs intérêts personnels
au bénéfice des intérêts supérieurs du peuple.
Quant à la diaspora ; unissons nos efforts manifestons nos intentions ouvertement sans gêne,
être dynamique et ferme à nos convictions
Pensez-vous qu’un pays ayant en son sein une forte émigration peut constituer un état
unitaire?
La force extérieur joue un grand rôle pour la cause angolaise. L'exemple typique est celui du
feu président Neto qui a commencé de lutter à l'extérieur pour devenir président en 1975.
Quelle réponse donnez-vous à ceux qui disent que l'identité angolaise se définit par la
langue portugaise ?
Cette façon de penser ne nous amène nulle part. Car la langue portugaise est une langue
étrangère que les portugais nous ont imposés.
L'acculturation, l'ethnocentrisme, ce sont des maux à bannir.
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L'Afrique n'a jamais été une civilisation éclatée, c’ est l'occident qui nous a imposé cette
notion d'éclatement et de différence. La tracée des frontières entre nos peuples en constitue
une preuve tangible parmi tant d'autres. Par les langues, la façon de s'habiller… montre que
nous avons perdu notre vraie identité.
Que pouvez-vous adresser comme message à la communauté angolaise de la diaspora ?
Le peuple angolais a besoin d'un changement qualitatif. Unissons nos forces pour que la paix
soit instaurée.
CES HOMMES QUI SERVENT D’EXEMPLES
M. Nicolau Jaime MAKUNTIMA, Orvin (Suisse)
Né le 9 avril 1955 à Kuimba, Province du Zaïre. Marié et père de deux enfants, Journaliste.
J'ai travaillé pendant 12 ans à la radio national d'Angola, Service international, programme en
français en tant que rédacteur en chef adjoint chargé de la production et coordinateur principal
de toutes les sections qui composaient le secteur à savoir : le portugais, l'espagnole, l'anglais
et le français.
J'étais aussi le représentant de la radio nationale à la commission chargée de la coordination
de la propagande à l'étranger, structure rattachée au département du parti chargé de
l'information et de la propagande, D. I. P.
En Suisse depuis 1990. Membre de l'association des angolais en Suisse depuis 1994. Pendant
la période de 1994 à 1995, j'ai dirigé la section de Berne avant d'être élu en 1996 comme
président de l'association pour un mandat de deux ans mais auparavant, de 1995 à 1996 j'étais
membre du comité exécutif de l'A.A.S. assumant la fonction de trésorier.
Interview
Que représente pour vous cette période de l'exil à l'étranger ?
Pour moi, la période d'exil est un moment de réflexion, d'apprentissage et de préparation de
l'avenir.
Réflexion
Parce qu'éloigné de la réalité objective du pays, il est impératif de suivre l'évolution de la
situation dans son ensemble et de faire le choix de ce qui est profitable pour le pays et ce qui
ne l'est pas tout en tenant compte des particularités propres à la société angolaise.
Apprentissage
Nous vivons dans un pays multiculturel et multiethnique qui a su reléguer au second plan les
différences de ses composants et s'est attaché le plus fermement possible à l'essentiel. C'est-àdire à l'unité et la cohésion du peuple helvétique par le biais d'un système fédératif basé sur
une démocratie directe. Dans une telle situation, on apprend beaucoup de choses, non
seulement sur le fonctionnement des institutions, mais et surtout sur les réactions et le
comportement des populations vis-à-vis des sujets soumis à la consultation ainsi que les
efforts déployés par les étrangers pour leur intégration.
Préparation
J'ai l'intime conviction que l'exil est une période de préparation par excellence et cela dans
tous les domaines. Car l'histoire nous apprend qu'aucune révolution n'a triomphé sans l'apport
extérieur. Donc l'exil au contact avec différents milieux permet un apprentissage politique,
technique, scientifique et culturel.
En quoi celle-ci est-elle profitable ?
L'exil est profitable dans la mesure où il permet de confronter nos connaissances, notre
savoir-faire, voir même nos insuffisances à de nouvelles réalités et d'en tirer le maximum de
profit possible selon les besoins immédiats ou à long terme.
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Dans votre domaine, qu'est-ce que cela vous a apporté sur le plan intellectuel et matériel ?
Au vu de la nouvelle politique d'asile en Suisse, la marge de manœuvre sur l'épanouissement
intellectuel est strictement limitée. Il est tout à fait impossible de poursuivre des études, ni
même exercer sa profession.
Seul consolation, le travail associatif basé sur le volontariat et le bénévolat au sein de
l'Association des Angolais en Suisse, A.A.S, qui constitue, à mon avis, un lien des débats
dans tous les domaines, d'échange et d'entraide.
Dans le cadre de cette Association, j'essaie d'apporter mes connaissances, mon savoir-faire et
surtout mon expérience, comme d'ailleurs tous les autres angolais restés membres fidèles et
actifs, au profit d'abord de la diaspora et ensuite du peuple angolais.
Sur le plan matériel, je ne crois pas que l'exil m'ait apporté grand chose. Pour moi le matériel
n'a jamais eu une place déterminante dans ma vie. Le matériel reste un moyen et non une fin
ou un but à atteindre.
Comment peut-on lutter contre ce phénomène de l'émigration des Angolais vers des terres
plus accueillantes que les leur ?
Il faut en rayer le mal par la racine. Donc, combattre à la base les faits et les causes de
l'émigration. Dans le cas précis de l'Angola, on ne m'en dira pas assez, qu'il est impératif de
retrouver la paix par la concentration et le dialogue honnête et sincère entre les belligérants.
Aucune solution militaire n'est possible dans le conflit angolais. Ensuite, la mise en place d'un
gouvernement représentatif et respectueux
des libertés et des droits individuels,
gouvernement dans lequel tous les angolais, indépendamment de leur race, leur ethnie et
leurs opinions politiques ou philosophiques y trouvent leur compte.
En fin, les acteurs politiques angolais doivent renoncer définitivement à l'usage de la violence
et mobiliser toutes les forces vives et toutes les ressources disponibles du pays pour la
bataille contre la misère, la pauvreté et le sous-développement.
Comment la diaspora peut-elle jouer un rôle pour la paix définitive en Angola ?
Pour jouer un rôle efficace et déterminant dans la recherche de la paix en Angola, la diaspora
doit s'unir et lancer des actions concertées dans les pays d'accueil, auprès des organisations
internationales, auprès de deux belligérants et auprès de tous les acteurs de la vie politique,
économique et sociale de l'Angola.
En tant que partie intégrante de la société civile, la diaspora unie est appelée à peser de tout
son poids dans la recherche d'une solution pacifique au drame angolais par la mobilisation et
la sensibilisation de l'opinion.
Aujourd'hui, ceux qui ont repris le rôle du colonialisme portugais ne font qu'ajourner
l'avènement d'un Angola Uni, prospère et libéré de tous les mauvais vestiges de la
colonisation.
Que pouvez-vous adresser comme message à la communauté angolaise de la diaspora ?
J'appelle toute la communauté angolaise de l'étranger à l'unité et à la cohésion. L'unité dans la
diversité doit être le principe de base de toutes actions. Car, ce qui nous unit est plus
important que ce qui peut éventuellement nous diviser.
M. Nobre DIAS, Lausanne
A tout seigneur tout honneur, nous allons clôturer notre tour d'horizon des Personnalités de
la DIASPORA par le doyen de la communauté angolaise en Suisse, Mr. Nobre Dias. Sa
participation dans ce dossier est pour notre revue une double satisfaction. Nobre Dias "O
mas velho" comme nous avons l'habitude de l'appeler est à la fois doyen des angolais de
Suisse et Coordinateur de l'Association des Angolais Résidents en Suisse(AARS), une
association sœur. Son patriotisme exemplaire, sa grande sagesse, sa forte connaissance de
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l'histoire de l'Angola ont permis dès son arrivée à la tête de l'AARS le renforcement des liens
d'amitié et de fraternité entre l'AARS et l'Association des Angolais en Suisse(AAS).
Liens basés aujourd'hui sur une totale confiance mutuelle. Par son passé historique
"Résistant de première heure" et par sa richesse culturelle, Mr. Nobre Dias est la mémoire
vivante des Angolais de Suisse, toute génération confondue. Il constitue le trait d'union entre
les anciens et les nouveaux angolais dans ce pays. Entre les jeunes et les moins jeunes. Entre
les Angolais d'expression portugaise et ceux d'expression française(aléas de l'histoire
angolaise), bref entre tous les angolais. C'est donc un nationaliste angolais. Il est tout
simplement "ANGOLAIS". Sa simplicité, sa générosité et son dévouement pour la mère patrie
lui valent l'estime de tous ceux qui l'ont une fois approché. Nous lui donnons la parole avec
beaucoup de reconnaissance. Sa participation dans ce dossier est un geste de patriotisme
hautement apprécié par toute la rédaction.
Interview
Que représente pour vous cette période de l'exil à l'étranger ?
Avant de répondre à votre aimable et important questionnaire que je salue de tout mon cœur,
j’aimerai d’abord vous rappeler, mes chers compatriotes, que le nom de notre pays est
<<NGOLA>> et non N’GOLA.
L’apostrophe vient du changement que les Portugais ont voulu apporter en osant appeler le
pays par NEGOLA dans le but d’éviter les noms des rois NGOLA-KILUANGE, NGOLAINENE, NGOLA-KIASAMBA, etc.
L’appellation NEGOLA ne leur étant pas favorable, ils ont éliminé le E en plaçant
l’apostrophe et préfixant un A au nom ANGOLA.
Pour moi, la période d’exil est longue, difficile et je dirai même incompréhensible. D’origine
d’un pays comme le nôtre – Angola, terre de ressources naturelles énormes et d’une beauté
irréprochable, je n’arrive pas à comprendre l’indifférence des nos dirigeants de ne pas pouvoir
arriver à une solution valable et durable pour le peuple angolais.
En quoi celle-ci est-elle profitable ?
Ma présence en exil, ce n’est pas ce que je considère comme un véritable profit.
Néanmoins, je reconnais avoir bénéficié de certains avantages dans ce pays qui m’a
généreusement accueilli. J’apprends beaucoup des choses que je pourrai mettre en pratique si
jamais un jour j’avais l’occasion de rentrer en Angola.
Dans votre domaine, qu'est-ce que cela vous a apporté sur le plan intellectuel et matériel
Dans le domaine intellectuel et matériel, je pense que les éléments suivants : la lecture,
l’assistance aux rencontres interculturelles, l’utilisation cartes géographiques, ont contribué à
une nouvelle étape de formation.
Comment peut-on lutter contre ce phénomène de l'émigration des Angolais vers des terres
plus accueillantes que les leur ?
Je pense que chaque Angolais doit rester dans le pays d’exil où il se sent accepté comme
exilé. Malgré cela, il y a des pays moins accueillants que les autres. En bref, je dirai que la vie
d’un exilé n’est pas facile dans tous les cas.
Comment la diaspora peut-elle jouer un rôle pour la paix définitive en Angola ?
Quel rôle, nous, angolais de la diaspora, devons jouer pour la paix définitive en Angola si les
deux partis en guerre ne veulent pas céder ? Le pouvoir est l’objectif de chacun d’eux.
Par contre, nous le savons bien tous qu’il y a beaucoup d’intérêts étrangers. La mauvaise
gestion de la richesse du pays induit le peuple dans la pauvreté.
Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas lutter pour la paix. Nous devons organiser
plusieurs manifestations : conférences, pétitions (avec beaucoup des signatures) à envoyer aux
deux belligérants.
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LA PAROLE AUX JEUNES NES OU GRANDIS EN EXIL
UNE INTERESSANTE PETITE ENQUETE (SUITE ET FIN)
Cristina PEDRO (Miller), 13 ans - Berne / SUISSE
- Où tu es née ?
R. Je suis née en Angola ( 1987 ).
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu ?
R. L'Afrique est très grand. C’est un continent avec beaucoup de richesse, d'animaux et de
champ pour cultiver la nourriture.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. L'Angola est mon Pays d'origine, c’est là où je devrais vivre normalement s'il n'y avait pas
la guerre.
- As-tu de l'ambition pour ta vie ? Laquelle ?
R. Réussir mes études, et devenir Actrice.
- Quel sport pratiques- tu ?
R. Je pratique du Basket.
- Aimes-tu la danse ?
R. Oui j'aime beaucoup la danse.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal ?
R . J'aimerais vivre au U.S.A parce que j'aime ce pays et j'aimerais aussi aller là bas.
- Quel genre de garçon aimes-tu ? Et les filles ?
R. J’aime les garçons et les filles qui sont sincères avec les gens et qui ne sont pas hypocrites.
- Tu es plutôt "branchée" "cool", ou "in" ?
R. Je suis plutôt cool.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Je l'aperçois grand et mauvais.
- Qu'est-ce pour toi, la famille ?
R. Pou r moi la famille c’est les gens que j'aime et avec qui je vis dans ma maison.
- Existe-t-il un conflit de générations ? Ou plutôt une incompréhension entre
les jeunes et les "vieux" ? T'as une explication pour ça ? Que faire ?
R. Personnellement je n'ai pas des conflits. Il est vrai que parfois on a certains goûts
différents, par exemple, la façon de s'habiller, mais j'accepte leurs façons de voir les choses, et
je les respecte. Parce que chacun à son âge ; moi aussi j’aurai aussi cet âge là.
Cyndi FILIPE, 12 ans, Genève - SUISSE
- Où tu es née ?
R. A Soleure en Suisse
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu?
R. Malgré la pauvreté et la misère des gens, c’est un continent riche.
-Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. C’est mon pays. Il y a la guerre la-bas.
- As-tu de l'ambition pour ta vie? Laquelle ?
- Quel sport pratiques-tu?
R. Le basket et la natation.
- Aimes-tu la danse ?
R. J’aime bien la danse à part la danse classique et le jazz.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal?
R. En Angola parce que c’est mon pays.
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- Quel genre de garçon aimes-tu? Et les filles?
R. J’aime les garçons et les filles intelligents.
- Tu es plutôt "branchée", "cool", ou "in" ?
R. Je suis plutôt cool.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Un monde où de fois il y a l’injustice.
- Qu'est-ce pour toi, la famille?
R. La famille est une chose très importante
- Existe-t-il un conflit de générations? Ou plutôt une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux" ?
T'as une explication pour ça ? Que faire?
R. Oui, il existe un conflit de générations parce que les vieux exagèrent un peu trop.
Patricia DIENGANI, 10 ans, Genève – SUISSE
- Où es-tu née ?
R. à Genève ( Suisse)
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu?
R. C’est un grand continent où il fait beau très souvent.
-Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. C’est un pays en guerre où beaucoup de gens meurent de faim.
- As-tu de l'ambition pour ta vie? Laquelle ?
R. Oui, j’aimerai devenir médecin.
- Quel sport pratiques-tu?
R. Je pratique la gymnastique acrobatique.
- Aimes-tu la danse ?
R. Oui, j’aime bien le rap et la danse classique.
- Quel genre de garçon aimes-tu? Et les filles?
R. J’aime les garçons et les filles intelligents.
- Tu es plutôt "branchée", "cool", ou "in" ?
R. Je suis ‘’in.’’
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Un peu normal et non à cause de l’injustice parce que je trouve qu’il y a pas mal des gens
qui ne sont pas honnêtes. Les riches ne veulent pas aider les pauvres.
- Qu'est-ce pour toi, la famille?
R. La famille est très importante pour moi parce qu’elle nous unie.
- Existe-t-il un conflit de générations? Ou plutôt une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux" ? T'as une explication pour ça ? Que faire?
R. Oui, parce que les vieux sont trop autoritaires. Il faut discuter pour essayer de trouver une
solution.
Elisabeth ESTEVES, 16 ans, Saint-Imier / Suisse
- Où tu es née ?
R. Je suis née à Luanda en Angola.
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu?
R. C’est un continent très riche et plein de culture.
-Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. L’Angola est le pays où se trouve toutes mes racines. C’est aussi un pays plein de richesses
et de vertus.
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- As-tu de l'ambition pour ta vie? Laquelle ?
R. Bien sûr que j’ai de l’ambition !
D’abord, j’aimerais faire des études universitaires pour devenir Pédiatre. Ensuite, je penserai
à me marier pour fonder une famille. Mon rêve, c’est aussi de construire un grand hôpital en
Angola afin de pouvoir aider les gens les plus démunis.
- Quel sport pratiques-tu?
R. Je pratique le football. Avant, je pratiquais la gymnastique artistique.
- Aimes-tu la danse ?
R. J’adore danser.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal?
R. Si j’avais le choix, je vivrais en Angola parce que c’est le pays où je me sentirais la moins
étrangère.
- Quel genre de garçon aimes-tu? Et les filles?
R. J’aime bien les garçons assez intelligents, drôles, pas timides, qui aiment faire la fête et
surtout qui ne se prennent pas trop la tête. J’aime les filles qui ont du caractère et le sens de
l’humour.
- Tu es plutôt "branchée", "cool", ou "in" ?
R. Branché mais cool aussi.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Malheureusement, je ne peux rien changer. Sinon, beaucoup de choses changeraient, tels
que : la guerre, la famine et autres.
- Qu'est-ce pour toi, la famille? le mariage? le flirt?
R. C’est l’union entre deux personnes qui s’aiment et qui veulent partager leur vie.
Le flirt pour moi, c’est simplement une petite histoire d’amour entre deux personnes.
- Existe-t-il un conflit de générations? Ou plutôt une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux" ? T'as une explication pour ça ? Que faire?
R. Oui, je pense qu’il y a une incompréhension entre les deux. Certaines personnes plus âgées
se croient encore dans leur jeunesse en pensant que rien ne peut plus changer. Et nous les
jeunes, nous croyons que les vieux ont tort sur tous les problèmes parce que nous n’acceptons
plus leurs conseils.
La seule chose à faire, c’est de discuter entre les deux afin de trouver un terrain d’entente.
Joëlle SALA, 10 ans, Genève - SUISSE
- Où es-tu née ?
R. A Genève en Suisse
- Si il faut définir l’Afrique que diras tu ?
R. L’Afrique est un beau continent.
- Qu’est-ce pour toi l’Angola ?
R. C’est un pays où il y a toujours la guerre.
- As- tu de l’ambition pour ta vie, laquelle ?
R. Oui, j’aimerais devenir Musicienne.
- Quelle sport pratiques ?
R. La natation.
- Où aimerais tu vivres si tu avais le choix entre l’Angola, USA, l’Angleterre et le Portugal ?
R. J’irais vivre en Italie.
- Quel genre de garçon aimes-tu ?
R. Beaux, gentils et chrétiens.
- Tu es plutôt branché, cool ou in ?
R. Branché et cool.
20
- Comment perçois- tu ce monde ?
R. Bizarre.
- Existe-t-il un conflit de générations? Ou plutôt une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux" ? T'as une explication pour ça ? Que faire?
R. Non, pas toujours. De fois les vieux commandent un peu trop et les jeunes ne sont pas
toujours d’accord.
Irène Senga DIAS, 13 ans, Genève – SUISSE
- Où tu es née ?
R . Je suis née en Angola.
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu?
R. Je dirai que l’Afrique est un continent magnifique.
-Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. Pour moi, l’Angola fait partie des pays riches malgré l’insécurité qui règne en ce moment.
- As-tu de l'ambition pour ta vie? Laquelle ?
R. Je n’ai pas d’ambition exacte pour le moment. Après le cycle, j’irai à l’école de commerce.
Peut-être avec un peu de chance, je me retrouverai un jour patronne à l’UBS ou au Crédit
Suisse.
- Quel sport pratiques-tu?
R. Je ne pratique pas de sport mais j’aime bien joué au basket.
- Aimes-tu la danse ?
R. Oui, j’aime bien la danse.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal?
R. Vue la situation actuelle de mon pays, je dirai aux U.S.A, dans les villes comme Miami,
Floride, San Diego, Los Angeles, Californie car je suis attirée par le coucher du soleil, la
plage, la mer, etc…
- Quel genre de garçon aimes-tu? Et les filles?
R. J’aime bien tout, tant qu’il n’est pas moche.
- Tu es plutôt "branchée", "cool", ou "in" ?
R. Je suis plutôt cool, style des filles qui aiment bien tout.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Je l’aperçois comme un monde des fous, tout va complètement de travers.
- Qu'est-ce pour toi, la famille? le mariage? le flirt?
R. Pour moi, la famille c’est les gens qui m’aiment, me soutiennent, et que j’ai le plaisir de
retrouver le soir. Le flirt c’est plutôt les gens qui sortent ensemble juste pour passer le temps.
- Existe-t-il un conflit de générations? Ou plutôt une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux" ? T'as une explication pour ça ? Que faire?
R. Pour moi, c’est une incompréhension mais de nos jours, je dirai qu’il existe un conflit. Les
vieux considèrent tous les jeunes comme des fous. Ils doivent aussi bien respecter les jeunes.
Mariane NKOSI, 14 ans, Collombey – SUISSE
-Où es-tu née ?
R. A Monthey, en Suisse
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu ?
R. C'est un continent comme les autres, où les habitants souffrent beaucoup.
- Qu'est-ce pour toi l'Angola ?
R. C'est un pays riche de pétrole et de diamant.
- As-tu de l'ambition dans ta vie ?
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Laquelle ?
R. Oui, je compte finir mes études et devenir médecin ou avocate.
- Quel sport pratiques-tu?
R. Je pratique de la danse moderne
- Aimes-tu la danse ?
R. Oui
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A, Angleterre, Portugal ?
R. Portugal, parce que c'est les portugais qui ont colonisé l'Angola et le portugais est une
langue importante en Angola.
- Quel genre de garçon aimes-tu ?
Et les filles ?
R. J'aime les garçons et les filles cool, gentils et qui ne frime pas trop.
- Tu es plutôt "branchée", "cool" ou "in" ?
R. Je suis plutôt cool.
- Qu'est-ce pour toi, la famille ? le mariage ? le flirt ?
R. La famille est quelque chose de sacré et que l'on ne peut pas trahir.
Le mariage est une union, une alliance. Le flirt ?
- Existe-t-il un conflit de générations ? Ou plutôt une incompréhension entre
les "jeunes" et les "vieux" ? T'as une explication pour ça ? Que faire ?
R. Non, il n'existe aucun conflits. Peut-être que quelques fois nous ne sommes pas d'accord
sur certaines choses, mais il faut comprendre que les fautes que nous faisons les "vieux" les
avaient sûrement faites.
Cédric NANIFUTAZO, 18 ans, Compaire / Jura – SUISSE
- Où es-tu né ?
R. Je suis né en Angola.
- S'il faut définir l'Afrique , que diras-tu
R. En gros je dirais que c'est un vaste Continent par sa superficie .
- Qu'est-ce pour toi l'Angola ?
R. Ancienne colonie portugaise, pays riche (pétrole, or, diamant, etc..)
- As-tu de l'ambition pour ta vie ? Laquelle ?
R. Oui: Mon ambition est de faire mes études jusqu'au bout, soit avoir un bon métier qui doit
me permettre gagner ma vie, travailler dans l'intérêt d'investir dans mon pays dès que le calme
et la démocratie seront venus.
- Quel sport pratiques-tu ?
R. La gymnastique artistique.
- Aimes-tu la danse ?
R. Oui.
- Où aimerais-tu vivre si tu aurais le choix: Angola, U.S.A. , Angleterre, Portugal ?
R. Je ne suis pas sûr de ma réponse, mais je pense qu'entre les quatre pays, j'aimerais bien
vivre en Angola s'il n' y avait pas autant de violences.
- Quel genre des filles aimes-tu ? Et des garçons ?
R. J'aimes des filles intelligentes, sages, sociables et belles. J'aimes des garçons intelligents,
sages, gentils, charmants, sociables et dociles.
- Tu es plutôt "branché", "cool" ou "in" ?
R. Cool et in.
- Comment perçois-tu le monde ?
R. C'est un univers particulier, difficile à définir ou à donner un sens propre. Se l'imaginer
comme plus difficile qu'il n'est en réalité.
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- Qu'est-ce pour toi , la famille ? , le mariage ? , le flirt ?
R. Selon moi la famille est un ensemble de personnes formé par le père, la mère, et les
enfants. Soit des enfants issus d'un mariage.
Le mariage quant à moi , est l'union légitime d'un homme et d'une femme tandis que le flirt
est le fait de séduction entre un homme et une femme c-à-d, un jeu amoureux.
- Existe-t-il un conflit de générations ou plutôt une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux " ? T'as une explication ? Que faire ?
R . A mon avis il existe les deux éléments , dans ce sens que les jeunes ne croient pas à
l'expérience vécue par les vieux, ils mettent en doute les conseils qui leur sont prodigués. Il
incombe aux parents de faire face à leurs devoirs et obligations vis à vis de leurs jeunes.
Résultat de l'enquête auprès des jeunes Angolais
Le vieillissement de la population dans les pays européens pose un problème démographique
important concernant le renouvellement de celle-ci. La main-d'oeuvre étrangère, autrement
dit les immigrés, représente une aubaine pour les pays industrialisés européens. Cette
population étrangère constitue aussi une manne de consommateurs potentiels. Elle fournit
aussi par sa procréation une source de renouvellement de la population en Europe, appelée
de plus en plus à se métisser. Les Africains sont de plus en plus décidés à rester vivre en
Europe au vu de la situation chaotique tant sur le plan économique que sociale sur le
continent africain. Sans parler de la politique. Cette présentation est-elle exagérée ? A peine.
Si l'on en croit les propos actuels des Africains : "Mon rêve, après avoir obtenu mon Permis
C, c'est maintenant de me naturaliser. Cela facilitera la vie de ma famille en Europe."
Attitude démissionnaire ou recherche d'une autre identité culturelle? Ce schéma classique
pour, améliorer sa vie, sortir de l'impasse, ou de la misère, est un phénomène bien connu des
spécialistes de l'évolution de la population mondiale et surtout des peuples du Sud.
Concernant l'Angola, un petit sondage nous a paru nécessaire. Il est révélateur du devenir
des Angolais en exil. Une esquisse méthode analytique et sociologique pour nous
comprendre, et mieux encore, comprendre notre communauté angolaise en Europe. Les
Angolais ont l'art de non-dit. De ne pas aborder le sujet tabou. Dans N'Gola, nous osons.
Notre petite enquête auprès de jeunes Angolais nés ou grandis en Suisse, nous interpelle.
Contrairement aux apparences, ne nous leurrons pas durant notre séjour en Suisse. Les
cellules familiales en exil restent très fragiles. Exposée devant le matérialisme, l'équilibre
individuel est loin de résister à certaines tentations démissionnaires. Plutôt consommateurs
qu'autres choses, les immigrés africains en Europe, en dehors de fournir leur force de travail,
sont aussi servis comme des futures populations étrangères à intégrer dans la société
européenne de demain. Les jeunes africains qui méconnaissent la culture du pays d'origine
sont les plus exposés dans l'intégration de cette Europe vieillissante. Ce n'est pas un mal en
soi, mais il faudrait savoir si nous souhaitons reconstruire l'Afrique de demain ou nous
contenter de notre bien-être actuel ! A vous de choisir votre champ... Voyons à présent le
résultat de notre enquête, avec statistique à l'appui. Sur les 20 jeunes Angolais que nous
avions interrogés 9 sont nés à Genève, 6 en Angola, 3 dans diverses villes suisses romandes, 2
dans les autres pays étrangers que l'Angola. 99% de jeunes sondés reconnaissent que l'Angola
est le pays de leurs pères ou de leurs parents. S'ils ne renient pas leurs origines génitrices, en
revanche l'image de l'Afrique, en générale, est négative pour 89% de jeunes. La majorité se
sentant pourtant touchée par le drame qui s'y déroule. Le plus inquiétant c'est que 94% de
jeunes ne souhaitant pas pour l'heure, de retourner vivre dans le pays de leurs parents. Les
raisons sont diverses : méconnaissance culturelle, insuffisance d'information positive sur
l'Angola ou l'Afrique. Ce continent, au vu des images à la télévision, est perturbé. Les jeunes
23
restent à 97% très pessimistes sur l'avenir de ce continent en désastre. Une note d'espoir pour
terminer : 99% de jeunes sondés sont ambitieux. Les études leur paraissant primordiales.
C'est positif mais pour servir où et qui ? Où le savoir des jeunes va-t-il servir. Ce qui ressort
aussi des propos de nos jeunes, on peut aussi dire qu'il y a des efforts à faire ou restent à faire
du côté des parents pour les inciter à s'enraciner davantage sur l'amour de l'Angola.
A.Sadi
RAPPORT DE FIN DE MANDAT DU COMITE EXECUTIF - EXERCICE 1998/1999
1. INTRODUCTION
Le 13 décembre 1997, l’Assemblée Générale a élu, en séance ordinaire tenue à Fribourg, les
membres du Comité Exécutif pour un mandat de deux ans en conformité des Statuts de
l’association. Cependant, ce Comité Exécutif est entré en fonction le 31 janvier 1998. De ce
fait, au terme de cette fin de l’exercice, il est du devoir du Comité Exécutif sortant de
présenter les résultats de son mandat.
2. COMPOSITION
Président : Nkosi Zassala J.Jacques (VS)
Secrétaire Général : Keto Yama Décant (FR)
Secrétaire Culture et Information : Kiangebeni Pedro (GE)
Sec. Coordination des Sections : Mazitu João (FR)
Secrétaire Affaires Sociales : Sevelino Eduardo (GE)
Secrétaire Sports et Loisirs : Mfulutoma Ndombasi F. (FR)
Trésorier : Ntimunsende Esteves A. (BE)
3. ACTIVITES REALISEES
Activités internes
- 4 Assemblées générales ordinaires et 1 Assemblée générale extraordinaire
- 7 réunions du Comité Exécutif
- 4 réunions du Conseil Exécutif (organe regroupant les membres du Comité Exécutif, les
responsables des Sections et des Commissions permanentes)
- 6 Sections (FR, GE, JU, LU, VD et ZH) ont été visitées dans le cadre de la sensibilisation et
des nouvelles orientations mises en place par le Comité Exécutif. Il est à noter que 4 de ces
Sections, notamment ZH, GE, VD et FR, ont renouvelé leurs comités et la Section de Lucerne
s’est doté d’un Comité officiel élu par ses membres. Des Contacts ont eu également lieu avec
les Angolais de Tessin pour une ouverture éventuelle de la Section dans cette région.
- Formation des Commissions permanentes (Commission Féminine, Commission sur l’Asile,
Commission de Rédaction N’Gola, Commission Evénements de la vie et Commission Projets
et Actions humanitaires) et Constitution des Délégation auprès des institutions, organisations
et associations ayant leurs sièges à Genève.
- Réunion de la Commission féminine à Orvin
- Achat d’une couronne pour la mort d’une femme d’un compatriote.
- Présence de la délégation des femmes et du Comité Exécutif aux deuils qui ont frappés des
compatriotes angolais et plusieurs visites ont eu lieu dans les centres hospitaliers aux chevets
des malades.
- Organisation de la fête de l’anniversaire de l’association.
- Manifestations devant le Palais des Nations à Genève et le Palais fédéral à Berne.
- Séance d’information concernant la nouvelle Loi fédérale sur l’asile.
- Parution de la revue N’Gola N° 12, 13 et 14. La prochaine parution du n°15 est prévue
avant la fin d’année.
- Ouverture du site Internet pour l’Association.
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- Organisation de la fête des vœux de fin d’année pour les enfants angolais.
Activités externes
Des rencontres ont eu lieu à Lyon (France) avec l’Association des Angolais Résidant en
Région Rhône-Alpes (AARA) et à Genève avec l’Association des Femmes Angolaises de
Belgique « ALEGRIA » et Contacts par voie de correspondance avec l’Association des
Angolais Résidents en Italie (Bologne), N’Gola Mbandi (Association des Angolais à Como –
Italie), l’Akuangola (Association angolaise pour l’aide aux enfants) et le Centre des Orphelins
Angolais (COA – Paris) en vue de jeter les bases sur les préparatifs d’un Forum réunissant
toutes les Associations Angolaises en Europe.
- Participation aux activités culturelles et sportives organisées par différentes institutions et
organisations notamment, la Ville de Genève (Réunions et Fête de la musique, les deux
années), Cadres Sans Frontière Afrique (conférence), Coordination des Associations
Africaines de Suisse (assemblée générale), Village Alternatif et Fédération pour l’expression
associative (réunions), Association des Femmes Angolaises de Belgique (conférence à
Bruxelles), Lisanga ya Ngiri-Ngiri (tournoi de football), SOS-Asile Vaud (réunion), Institut
Panafricain de Lugano (6ème Assemblée générale de l’AGIPAL 99) et, Cercle Africain de
Tessin (Conférence-débat).
- Adhésion de l’Association à la Maison du Quartier des Pâquis à Genève.
- Plusieurs séances de travail ont eu lieu avec nos compatriotes de l’AARS en vue de réaliser
les fêtes de l’anniversaire de l’indépendance de l’Angola et d’élaborer des projets communs
notamment sur la création d’un centre culturel angolais et l’ouverture d’un consulat général de
l’Angola en Suisse. Une organisation conjointe avec l’AARS a également eu lieu concernant
la conférence tenue par le ministre angolais de la Santé, Monsieur Rubens Sikato et de la fête
de l’indépendance de l’Angola, avec le concours de la Mission permanente de l’Angola à
Genève.
- Réalisation du Forum’99 à Bruxelles regroupant au moins 10 associations Angolaises en
Europe auquel l’Association des Angolais en Suisse a participé en tant qu’initiatrice et coorganisatrice.
4. Recommandations
Compte tenu de la notoriété et de la dimension qu’a atteint notre Association, nous ne
pouvons pas quitter le Comité exécutif sans recommandations.
- Nos successeurs doivent suivre de très près la suite du Forum. L’organisation qui a été
créée est notre enfant. Et que cet enfant ne soit pas volé ; c’est un patrimoine de l’Association
des Angolais en Suisse. De ce fait, le Comité exécutif en exercice doit programmer des
rencontres bilatérales (2 à 3 fois par an) avec l’Association des Femmes Angolaises de
Belgique (ALEGRIA) ; autrement la Fédération des Associations Angolaises en Europe
(FAAE) sera un mort-né.
- Pour la revue N’Gola, ce joyau doit continuer à vivre. Il fait partie intégrante du patrimoine
de l’association. C’est ainsi qu’il faut persévérer pour que cet instrument (N’Gola) soit
toujours à la hauteur de la dimension donnée à l’Association des Angolais en Suisse.
- Sur le plan social, jusqu’ici nous reconnaissons que le social a été l’enfant pauvre de
l’association. Dans ce domaine, il faut créer un fond social. Il faut mettre en pratique d’abord
des projets sociaux (ex. parrainer un hôpital à Luanda). Il faut également multiplier des
rencontres entre Angolais pour consolider nos liens d’amitié et de fraternité. A cela, il faut
bien réorganiser la Commission féminine.
- L’association doit avoir une autonomie financière saine car, avec l’argent, on peut tout
faire. De ce fait, il faudra demander aux Sections de participer à toutes les fêtes cantonales qui
ont lieu dans leurs cantons respectifs où le Comité Exécutif doit pleinement s'impliquer. (ex.
fête de vendange à Neuchâtel, fête de la musique à Genève, etc.).
4. CONCLUSION
25
Comme vous pouvez le constater, toutes les activités programmées par le Comité Exécutif ont
été réalisées à l’exception du Week-end au Chalet et de la visite dans les Sections,
principalement les Sections de Berne, de Neuchâtel et du Valais. L’ouverture de la Section de
Tessin n’a pas eu lieu.
Le calendrier surchargé n’a pas permis au Comité Exécutif de réaliser ces activités voire
même certains projets. De ce fait, nous demandons au prochain Comité Exécutif de tenir
compte des projets non réalisés afin d’assumer la continuité et surtout des recommandations.
Enfin, pour clore ce rapport, nous adressons nos sincères remerciements à tous les
responsables des Sections, à tous les Responsables des Commissions et à tous les membres et
sympathisants de l’Association qui ont manifesté leur farouche volonté de travailler avec nous
pour atteindre les objectifs de l'association et concrétiser nos projets.
Nos remerciements s'adressent également aux autorités cantonales et fédérales ainsi qu'aux
entreprises et tierces personnes qui nous ont apporté leur soutien tant moral, matériel que
financier. Toute notre reconnaissance particulière envers nos femmes qui nous ont aidés à
accomplir cette lourde tâche et à remonter notre moral au moment où il fallait.
Le Comité Exécutif / Exercice 98/99.
OPINION
ANGOLA : LA GUERRE DU PETROLE ET DU DIAMANT
Dans l'histoire de toutes les guerres civiles en Afrique, celle de l'Angola bat tous les records
de longévité. Hier le colonialisme, ensuite la guerre froide; aujourd'hui, les guerres civiles ont
pour caractéristique le contrôle des richesses. Le constat est flagrant. Presque tous les pays
africains à potentialités immenses connaissent le même sort.
Le soutien que bénéficie le gouvernement angolais de la part des américains et certains pays
de la communauté européenne (France, Espagne, Grande Bretagne) a de quoi surprendre,
quand on connaît l'hostilité de ceux-ci envers le M.P.L.A. lors de la guerre froide. Les
immenses richesses de l'Angola (pétrole et diamant) ne sont pas étrangères à ce revirement
spectaculaire. Cette alliance entre le gouvernement de Luanda et les occidentaux au détriment
de leur protégé de toujours Savimbi et son UNITA est la preuve qu'en politique il n'y a pas
d'amis, il n'y a que des intérêts. C'est depuis maintenant 25 ans que le peuple angolais est
otage de la volonté malveillante des puissances dominatrices. Les enjeux du pétrole et du
diamant ont pris le dessus sur la souffrance de tout un peuple. Une génération entière sacrifiée
sur la table des pétrodollars. Pourtant avec tout le poids politique militaire et économique,
qu'ils détiennent les démocraties occidentales sont en mesure de réconcilier les frères
ennemis. Les populations veulent la paix. La question est de savoir comment l'obtenir.
L'univers de la guerre dans lequel est plongé l'Angola est bien connu des occidentaux. Les
souffrances et la misère du peuple angolais n'ont-elles pas la même signification que celles
qu'ils ont connu lors des conflits armés qui les ont opposés les uns aux autres ? Notre devoir,
nous angolais de bon sens est de mobiliser toutes les opinions nationales et internationales
pour ramener la paix en Angola. La plume que nous disposons est une munition redoutable.
Pacifiquement nous pouvons retrouver la paix par un dialogue franc et sincère.
Déposez vos armes pour faire place à l'esprit et à l'intelligence. L'homme est un animal
pensant, il est donc capable de résoudre ses problèmes par la voie du dialogue et du
compromis. E. Dias Mabanza
26
LA LIBERTE DE PRESSE EXISTE-T-ELLE EN ANGOLA ?
Le 27 septembre 1999, les journalistes angolais se sont retrouvés au tour de leur syndicat dans
un symposium pour parler de leur métier à haut risque en Angola. Il est vécu comme un
véritable calvaire. Les journalistes ne peuvent pas exercer leur profession librement. Toute
opinion exprimée par un journaliste allant à l'encontre des dirigeants politiques ou du régime
en place est réprimandée avec virulence allant jusqu'à la détention arbitraire, la torture ou
encore les menaces physiques. La presse n'est elle pas le garant d'une démocratie équilibrée?
Par leurs analyses, les journalistes contribuent au développement de la démocratie. En se
réunissant, ils ont voulu réagir et mettre le pouvoir devant ses responsabilités. Pour qu'une
démocratie soit réelle, il est indispensable qu'aux côtés des pouvoirs constitutionnels:
Exécutif, législatif et judiciaire se manifeste un pouvoir médiatique fort. L'impartialité est une
vertu judiciaire mais elle ne peut l'être réellement que si la presse en est le garant. 24 ans de
guerre civile ont sans aucun doute conditionné des comportements. Les multiples bavures ou
dérapage ne justifient en rien cette état de fait. Ces actes sont souvent bien orchestrés et bien
calculés.
L'apprentissage de la démocratie exige un changement des mentalités et des comportements.
La tolérance est une règle d'or dans la vie d'une démocratie. La liberté a un prix mais elle a
aussi un sens. Celle de la presse a une valeur universelle. La démocratie à laquelle nous
aspirons tous ne sera effective que si toutes les libertés sont respectées. Celle de la presse est
d'autant plus importantes qu'elle éclaire les citoyens de leurs droits et libertés parfois
confisqués par des pouvoirs sans scrupule.
E. Lubanzadio
COMBIEN Y A - T’ IL DE PROVINCES EN ANGOLA ?
Le 6 novembre 1999, j’ai assisté à une conférence-débat au Tessin. Organisé par le Cercle
Africains de Tessin et dont l’orateur principal était M. Leogivildo Da Silva, chargé d’affaires
à la Mission Permanente de l’Angola auprès des Nations Unies à Genève. Cette conférence
avait pour thème principal : les mines antipersonnelles en Angola. Sujet intéressant pour tout
angolais conscient du drame que représente ces engins pour toute la population angolaise. Le
monde rural est pratiquement pris en otage par l’inconscience et l’irresponsabilité des
stratèges militaires de tout bord.
Dans la salle, un certain nombre de documents sont mis à la disposition de l’assistance.
Curieusement, dans une brochure imprimée par la Mission Permanente de l’Angola auprès de
l’ONU à Genève, page 4, la subdivision administrative nous montre 17 Provinces. Faut- il
croire que cela n’est qu’une erreur de frappe ? La 18ème a- t- elle été supprimée ? A notre
connaissance, l’Angola a belle et bien 18 Provinces. La maudite Province oubliée est celle de
Uige. Dans l’histoire de l’Angola, les deux provinces du Nord (Uige et Zaïre) ont souvent été
victimes d’une forme discrimination de la part des colonialistes portugais. La raison est
connue de tous. Le peuple Bakongo peuplant ces deux provinces est à la base de tous le
soulèvements ou contestations contre les colons. Ces deux Provinces furent ainsi
abandonnées à elles- mêmes. Sans infrastructures , Uige et Zaïre ne bénéficient d’aucune
attention particulière du régime actuel. Seuls les richesses de cette région intéressent le
Gouvernement pour financer la guerre. Les Angolais du Nord, ne les sont que quand ils
servent dans l’armée et autres compétences techniques aux besoins du régime. Ils ont tour à
tour été appelés de « co-angolais » et des « zaïrens » . Au regard de cette brochure au
caractère officiel nous sommes en droit de penser que dans l’esprit de certains responsables
angolais, la province de Uige est une « sous- province ou une province figurante. Si tel est le
cas pourquoi ne pas penser à donner l’indépendance à cette province ? La discrimination ou
27
l’humiliation amène des actes de révoltes et des violences. Les discriminations que les
ressortissants de ces deux provinces connaissent en Angola aussi bien qu’à l’étranger
(ambassades) sont d’une responsabilité politique qui permet de porter atteinte à l’unité du
pays. Eduardo L.
CULTE
FOI RELIGIEUSE DES AFRICAINS
L'AFRICANISATION DU CHRISTIANISME
Dans l'Ancien Testament de la Bible, on peut lire ces passages : <<Les fils de Noé, qui
sortirent de l'arche, étaient Sem, Cham et Japhet. Or, Cham est le père de Canaan. Ce sont là
les trois fils de Noé, et c'est par eux que fut peuplée toute la terre. Or, Noé, qui cultivait la
terre, se mit à planter la vigne. Puis, ayant bu du vin, il s'enivra, et il se découvrit au milieu de
sa tente. Cham, père de Canaan, ayant vu la nudité de son père, alla dehors le reporter à ses
deux frères. Mais Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent tous deux sur leurs épaules, et,
marchant à reculons, ils couvrirent la nudité de leur père. Noé, réveillé de son ivresse, apprit
ce qu son fils cadet lui avait fait. Alors il dit : Maudit soit Canaan ! Il sera le serviteur des
serviteurs de ses frères>>(Genèse, chapitre 9)
A partir de cette lecture biblique, certains ont interprété et expliqué "la malédiction de Cham".
Dieu est Unique. Le message de la Bible est la parole divine et universelle. Les Africains ont
adopté la foi chrétienne.
Le christianisme fut la plus grande percée en Afrique, au même moment que la colonisation
européenne.
Durant cette colonisation, ce sont donc les représentants des Eglises africains qui vont
commencé par contester la pratique et l'ordre colonial et dont, l'hypocrisie, le mépris de la
dignité de l'homme noir, se distinguaient. Aujourd'hui encore les Africains continuent à garder
cette foi religieuse chrétienne jusque parfois à l'ivresse....
Voici donc la suite de la série de portraits des prophètes noirs en Afrique.
(A.Sadi)
2. - SIMAO TOKO, PROPHETE ANGOLAIS
<Jésus dit : " Car il est écrit que tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne rendras de culte
qu'à lui seul" (Mathieu, chapitre 4, verset 10)>
Né au début du siècle, au nord de l'Angola, dans un tout petit village appelé Kisadi Kibango,
Simao Toko passa une enfance presque normale auprès de sa famille. Il fréquente l'école de
missionnaires baptistes à Kibokolo, avant d'aller poursuivre ses études en 1933 à Luanda, où
il s'inscrit au lycée Salvador Correia. Durant ses études, il constate que l'enseignement
colonial cachait la vérité et ne montrait pas la réalité de l'histoire angolaise aux Noirs. Il va se
rebeller contre cet enseignement colonial pour se tourner vers la religion qui représentait à ses
yeux, la parole de l'évangile, et donc, la vérité.
Retourné dans le nord de l'Angola, il enseigne dans des écoles de la Mission baptiste à
Kibokolo et à Bembe, dès 1938.
Au début des années quarante, il part travailler au Congo-Belge, prétextant réunir assez
d'argent pour payer la dot de son mariage. En fait, là-bas au Bas-Congo et à Léopoldville, il
va encore plus cultiver ses connaissances bibliques en adoptant les préceptes de Kitawala.
La Kitawala s'inspirait d'une secte noire afro-américaine, influencée elle-même par le "Watch
Tower"(Témoins de Jéhovah), violemment hostile à l'occupation coloniale européenne en
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Afrique. Les adeptes de Kitawala sont pourchassés par le pouvoir colonial belge. De même
qu'il a fait contre les Kimbanguiste.
Simao Toko sera arrêté et jeté en prison. Mais l'homme avait déjà eu le temps de fonder son
Eglise. Qui s'étend du Congo à l'Angola. Celle-ci établit de Congrégations religieuses depuis
Maquéla do Zombo jusqu'à Luanda. Son rayonnement va jusqu'au delà des villages et des
villes. Extradé à Bembé, au nord de l'Angola, Simao Toko est mis en résidence surveillée.
Son emprisonnement ne va pas empêcher la survie de son Eglise qui a déjà une structure
organisationnelle solide. L'Eglise tokoïste sera bien implantée au nord pour des raisons
d'ordre historique, culturel et économique. C'est cette église qui organisa les mouvements de
résistance pacifique aux travaux forcés dans les plantations de café dans la province Uige, au
nord de l'Angola. Ces mouvements qui, plus tard, redeviendra un sursaut lors de l'insurrection
généralisée, au début de l'année 1961.
A sa libération, Simao Toko reprend son bâton de pèlerin pour continuer son labour
messianique. Les missionnaires protestants et catholiques vont le dénoncer à nouveau aux
autorités coloniales, l'accusant de subversion, d'exercer du prosélytisme parmi les Noirs, et
qu'il faisait la propagande politique afin des les inciter à se rebeller.
Durant plusieurs années, le tokoïsme ne cessa de trouver des fidèles qui adhéraient à la parole
divine du prophète Simao Toko.
Ce dernier, au vu des tensions et d'intimidations, avait de plus en plus de mal à communiquer
avec ses adeptes. D'autant plus qu'il subissait des pressions psychologiques et administratives.
Pour les autres églises, il n'était pas possible qu'un Noir soit prophète. C'était écris dans la
Bible? Or la prêche de Simao Toko était plutôt spirituelle. Et pas du tout différente des autres.
Simao Toko était le prophète de l'amour envers Dieu, et de la réconciliation entre les hommes
et le Christ.
Après l'indépendance du pays, son Eglise continue d'exister. A sa disparition, l'église tokoïste
reprend la parole du prophète qui n'a pas hésité à dire tout haut, que la première liberté des
Noirs, c'est la libération du pays, de l'homme qui doit cesser d'être esclave des autres.
A. Sadi
LA FOI DANS LES COMMUNAUTES AFRICAINES DE GENEVE
LA COMMUNAUTE CHRETIENNE DU PLEIN EVANGILE" C. C. P. E. "
Issue du groupe de prière "Le Renouveau Charismatique", la Communauté Chrétienne du
Plein Evangile a démarré ses activités en tant qu'Eglise en 1996. La CCPE est affiliée à la
Fédération des Eglises et Communautés du Plein Evangile(FECPE). Elle est également
membre de la Conférence des Eglises Africaines en Suisse. Elle est dirigée par un Conseil
Pastoral de 7 membres ayant chacun une responsabilité spécifique au sein de la communauté.
La CCPE a pour DOCTRINE la foi chrétienne selon les principes déterminés par la
F.E.C.P.E réaffirmant l'entière vérité de la Bible(Ancien et Nouveau Testament),comme étant
"la parole inspirée de Dieu, constituant la seule et infaillible règle de foi, de vie et d'action
chrétienne". Les membres de cette communauté affirment leur foi en la trinité divine :Dieu
Vivant et Unique, Jésus-Christ fils unique et éternel, le Saint-Esprit, comme Esprit de Dieu
réponds à tous les croyants.
Ils affirment la nécessité de la repentance pour le salut, lequel a été rendu possible par le
sacrifice de Jésus à la croix où il est mort pour tous.
UN ROLE SOCIAL REMARQUABLE.
La dimension sociale au sein de la C.C.P.E. est une réalité. Les Africains de Genève sont
souvent les témoins de la participation très active de cette communauté lors de différents
événements de la vie au sein de la communauté africaine de cette ville. Bien que composé
dans sa majorité par les africains, La CCPE se veut multiraciale. Forte de 70 membres
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pratiquants, la CCPE est aujourd'hui une œuvre sociale qui s'affirme de jour en jour. Lors des
deuils, l'engagement de ses membres est souvent le soutien moral des éprouvés. Par leur
louange, prières et autre soutient matériel, ils mettent en pratique la parole du Seigneur dont la
générosité est l'un de fondements. Dans des cérémonies de mariages, leur animation au tour
des louanges pour glorifier le Seigneur est très appréciée à juste titre. Leur action sociale
s'étend à l'assistance de leurs membres à l'occasion des naissances, des maladies ou autres
circonstances nécessitant le concours de la communauté.
ACTIVITES ECCLESIASTIQUES
La C.C.P.E. célèbre un culte tous les dimanches après-midi dans leurs nouveaux locaux de la
route de St-Julien à Carouge. Cette activité est le couronnement d'une semaine chargée qui
commence dès le mardi par la rencontre des mamans. La réunion d'intercession(prière) tous
les mercredis soir. Vendredi et Samedi sont respectivement réservés à l'enseignement biblique
ponctué des prières et enfin à la répétition du groupe de louange. Des activités ponctuelles
telles les campagnes d'évangélisation et séminaires sont aussi organisées par cette
communauté.
Nous leur souhaitons plein succès dans leur entreprise divine. Dieu est unique, Il est donc
pour tous.
Prochainement : Portraits des deux messagers de Dieu dans notre communauté.
SPORTS
ECHOS DU FOOTBALL AFRICAIN
- Le 6 juillet 2000 à Zürich, le comité exécutif de la FIFA(Fédération internationale de
football association) doit donner son verdict sur le choix du pays qui organisera la prochaine
Coupe du monde de football en 2006. Quatre candidats sont en lice. De deux pays africains
candidats, nous appuyons la candidature de l'Afrique du Sud qui semble bien prête, sur le plan
d'infrastructures, pour organiser et accueillir cette Coupe du monde dans six ans. Le plus
grand footballeur du siècle Pélé, y souscrit.
-Le tirage au sort des qualifications de la Coupe du monde 2002(du 1er mars 2000 au 11
novembre 2001), aura lieu le 7 décembre prochain à Tokyo, au Japon.
Les 52 pays africains affiliés à la FIFA sont évidemment concernés.
-A partir du 22 janvier 2000, démarre la XXIIème Coupe d'Afrique des Nations. Au menu:
Ghana-Nigéria. Seize pays vont y participer. Le tirage au sort du groupe A : GhanaCameroun-Côte d'Ivoire-Togo. Pour le groupe B : Afrique du Sud-Gabon-AlgérieR.D.Congo. Le groupe C : Egypte-Zambie-Burkina Faso-Sénégal. Le groupe D : NigériaTunisie-Maroc-Congo.
-Le Raja de Casablanca a remporté la finale de la Coupe de la Ligue des Champions d'Afrique
contre l'Espérance Sportive de Tunis, sur un score de 1-0, par tir au but. Un match
malheureusement ponctué d'incidents. Un constat : l'Afrique du Nord domine encore le
football africains par rapport aux pays sub-sahariens.
-Le 17 octobre dernier, à Kinshasa, l'A.S. Dragon a remporté la Coupe nationale de la
République Démocratique du Congo, en battant dans les arrêts de jeu Paulino, par 3 buts à 2,
alors que les deux équipes étaient à égalité 2 à 2, à la fin du temps réglementaire. Mubiala
inscrit le but vainqueur après avoir ouvert la marque pour les Dragons.
-Diègo Maradona, l'ancien international argentin, a effectué une visite de quelques jours à
Tripoli, la capitale de la Libye, suite à une invitation du président de la Fédération, M. Saadi
Mouammar Kadhafi, fils du chef de l'Etat libyen. Serait-il pressenti pour entraîner l'équipe
nationale libyenne?
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Le pays a désormais une bonne image sur le plan international. Affaire à suivre.
-Le 21 octobre, le Comité de la CAF(Confédération Africaine de football), s'est réunie en vue
des prochaines élections de la confédération. Pour la présidence, seuls deux candidats sont en
lice: le sortant Issa Hayatou(Cameroun) et Armando Machado(Angola). Le vote aura lieu
quelques jours avant le début de la Coupe Africaines des Nations. Bien entendu nous
souhaitons que la candidature angolaise soit retenue.
-En disposant de la Zambie par 4 tirs au buts à 3, le Cameroun a remporté le 19 septembre
dernier, la 7ème édition des Jeux Africains disputée à Johanesbourg. Une belle récompense
pour la bande à Jean-Paul Akono, l'ancien joueur du Canon de Yaoundé.
-Dans le cadre de la préparation de la Coupe Africaine des nations/CAN), la République
Démocratique du congo avait composé un programme relativement chargé. Les "Simbas"
dont le groupe était composé, entre autres, de 33 locaux, devait rencontrer l'Egypte, le Congo,
l'Angola et la Zambie, entre le 1er et le 30 novembre. Avant de s'envoler pour la CAN, il était
envisagé également de jouer des matches amicaux face au Sénégal, au Togo, au Bénin et à la
Côte d'Ivoire.
-Tout sportif africain sera suspendu à son poste, pour suivre la CAN 2000, du 22 au 13
février. Equipes à suivre ? Il y en a plein ! Lions du Sénégal, Fennecs d'Algérie, Atlas du
Maroc, Super Eagles du Nigéria, Black Stars du Ghana,etc.
-Pour terminer, il faut noter que, pour le moment, le football de l'Afrique noire est dominé par
le football maghrébin et l'Egypte, donc, du football de l'Afrique du Nord. A quand le réveil du
football subsaharien dont les joueurs talentueux ne manquent pas? Est-ce dû à l'exode de nos
meilleurs éléments en Europe, et souvent naturalisés? C'est vrai. A quand la relève de Canon
de Yaoundé qui nous faisait vibrer, il n'y a pas si longtemps?
A. Sadi.
ANGOLA/CAF :
M. ARMANDO MACHADO, BRIGUE LA PRESIDENCE DE LA C.A.F.
Le Gouvernement angolais a lancé une vaste campagne diplomatique auprès des Etats
africains pour soutenir la candidature de Mr. A.Machado à la présidence de la Confédération
Africaine de Football dont nous nous faisons écho. En effet, les missions diplomatiques
angolaises dans les capitales africaines ont reçu mandat de solliciter le soutien de tous les pays
amis pour la candidature de l'ancien président de la Fédération angolaise de football au poste
tant convoité de président de la C.A.F. pour succéder le camerounais Issa Hayatou qui brigue
un nouveau mandat. Le candidat officiel du gouvernement angolais ne manque pas d'atouts. Il
a une forte expérience en matière de football. Il est en effet à la tête de la fédération angolaise
de football depuis fort longtemps. A ce titre, il a siégé dans toutes les instances supérieures du
football africain, que ça soit sur le plan régional ou continental. Autre atout, le candidat
angolais bénéficie de l'appui total de tous les pays de l'Afrique Australe parmi lesquels
l'Afrique du Sud, un pays dont on connaît le poids politique dans le continent. Plus encore,
aucun pays lusophone ou de l'Afrique australe n'a présidé cette institution. Il est temps que
cette injustice soit corrigée. La tâche ne sera pas de tout repos pour Mr. Machado car s'il
venait d’être élu, il doit défendre la candidature d'un certain nombre de pays africains pour
l'organisation de la coupe du monde de l'an 2006.Les pays comme le Maroc, le Nigeria ou
encore l'Afrique du Sud(le plus sérieux prétendant) ont besoin d'être rassuré par le futur
président. Ces pays vont sans doute peser de leur poids et de leur influence dans la décision
finale. Cependant, l'Angola est un pays qui aime des grands défis. Il est fort à parier que Mr.
Issa Haytou à la tête de la Confédération africaine de football depuis 16 ans aura le 20 Janvier
prochain un adversaire redoutable. Que le meilleur gagne…surtout que le football africain
GAGNE.
P. KIANGEBENI
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VERNIER TAM-TAM :
L'attaque mitraillette à l'assaut de tous les terrains de Genève
Depuis le début du championnat de la cinquième ligue l'apparition sur le terrain de football de
ces gens venus d'ailleurs, donne des sueurs froides à tous les gardiens adverses. Le tam-tam
qui jusqu'ici résonnait au tour du stade se fait entendre sous les crampons des jeunes africains.
En effet, 81 buts marqués en 11 rencontres soit une moyenne de 7,36 buts par match. Notre
équipe favorite a fait preuve d'une efficacité extraordinaire. Même si aujourd'hui elle occupe
la seconde place au classement , nous avons bon espoir de faire mieux au second tour pour
viser plus haut. La folie qui s'est emparée des nos jeunes joueurs laisse présager un futur
meilleur pour autant qu'on se relâche pas trop vite comme c'est fut le cas du dernier match du
premier tour, perdu certes contre le premier du groupe mais dans des conditions inacceptables
pour les fans et l'encadrement technique. Espérons que cela n'était qu'un petit accident de
parcours. Allez les jeunes ! dirons-nous. L'attaque mitraillette doit encore résonner plus fort
pour que l'adéquation entre le tam-tam et la salve des buts soit la confirmation de notre
football campagne tant apprécié par tous les admirateurs du beau football.
Pedro KIANGEBENI
MUSIQUES
JOSE MULEKE, UN ARTISTE AU SERVICE DE L’EGLISE
Ancien musicien de Wenge Musica, groupe musical Congolais, José Muleke est un chanteur
Congolais résidant à Genève. Avant sa reconversion, notre ami José M. a connu un succès
énorme dans le milieu de la musique congolaise moderne.
Heureusement pour lui, deux ans après avoir reçu l’appel du Seigneur, il continue sa carrière
musicale en évoluant dans un groupe musical religieux de Genève.
Avec sa simplicité et surtout sa bonté, il a accordé en exclusivité sa première interview à la
revue N’gola, le journal de l’Association des Angolais en Suisse, en présence de son ami
Philippe LIDJO.
Il nous parle de sa reconversion.
Interview
N’gola : Parles-nous un peu de ta carrière ?
José M. J’ai commencé ma carrière très jeune, plus précisément à l’ âge de 11 ans dans une
chorale de l’Eglise Catholique de St-Antoine à Kinshasa. Après avoir connu la gloire dans les
petits groupes du quartier, j’ai intégré le Wenge Musica avant d’être sollicité par Emeneya de
Victoria Eleyson, un groupe que j’ai abandonné à cause de mon voyage pour l’Europe.
A mon arrivée en Europe(Suisse), j’ai continué d’évoluer dans la musique(mondaine) au sein
du groupe Sagafi Elikya pendant deux ans jusqu’au jour où j’ai reçu l’appel pour servir
l’Eternel Dieu Tout-Puissant.
N’gola : Comment peux-tu nous expliquer ce brutale revirement en plein succès ?
J.M. C’est normal parce que j’ai reçu l’appel du Seigneur. Etant serviteur de Dieu, je continu
ma carrière dans le milieu religieux.
N’gola : N’as – tu pas des regrets pour ce changement ?
J.M. : Non, en aucun moment je ne le regretterai parce que je suis très fier de ce que je fais.
J’ai un agenda assez chargé pour répondre aux nombreuses invitations des frères et sœurs qui
me sollicitent pour des soirées de louange ou de concerts chrétiens.
De Genève à Paris et à travers toute la Suisse, je me mets à la disposition de bien-aimés qui
me contactent dans le cadre des activités chrétiens et pour la gloire de notre Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ.
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N’gola : Vos relations avec vos anciens collègues ?
J.M. : Elles sont bonnes et je prie pour qu’ils me rejoignent un jour.
As-tu des projets ?
J.M. : Si tout va bien, j’attends la sortie de mon album prévu au début de l’an 2000. Intitulé,
‘’mystère caché’’, j’espère que cet album aura sa place dans tous les milieux musicaux qui
existent dans le cercle des chants chrétiens.
- N’gola : Es-tu marié?
J.M. : Oui, je suis marié et père de famille.
- N’gola : As-tu un message à adresser au peuple Congolais?
J.M. : Je les invite de lire dans la Bible, Jean 6 : 47-48. (Propos recueillis par J. Nkidiaka)
LOUIS M’BOMIO, Chanteur et producteur
Il vit en Espagne et produit des artistes africains. C'est lui qui a produit l'artiste angolais Di do
Santos, ce chanteur qui réside à Lisbonne, au Portugal, et qui fait un tabac dans les
discothèques de la capitale portugaise. Louis M'Bomio est lui-même un grand et excellent
artiste-musicien complet, dans son pays, tout comme en Espagne. Né il y a une vingtaine
d'années, à Bata(Guinée-Equatoriale), Louis M'Bomio débarque très jeune à Barcelone, en
Espagne, pour y faire ses études primaires, secondaires et universitaires,(il est toujours
étudiant en gestion d'entreprises). Tout en poursuivant sa passion musicale. A seize ans, avec
le groupe The Expensive boys, il a sorti un album très disco qui sera 3ème au Hit-Parade à
Barcelone.
Interview.
En tant qu'artiste, qu'as-tu déjà réalisé ?
La question est un peu vaste pour te répondre complètement. Je me limiterai à dire par
exemple, que je peux te parler de mon dernier voyage en Guinée-Equatoriale, après plusieurs
années d'absence, et de mon concert, à Malabo, à la CEMAC(Communauté économique de
l'Afrique Centrale), devant plus de quinze chefs d'Etats de la région.
Comme producteur, quelles sont tes réalisations?
D'abord, en tant que chanteur, mon métier initial, c'est SONODIC qui me produit.
Je dois d'ailleurs me rendre à Paris pour une série de concerts, avec mes 5 musiciens et 2
danseurs. J'ai un manager qui s'occupe de ma promo sur place, comme à Barcelone. Je prépare
un nouvel album. "Chérie Nkine Mebog" est encore un bébé en gestation. Mon précédent
disque "Makemayi"(Je marche en pleurant), sur le thème de l'émigration africaine en
générale, a connu un succès foudroyant dans le monde hispanophone et ailleurs. L'album était
bien accueillis. Producteur, j'ai crée mon propre studio d'enregistrement et m'occupe des
jeunes musiciens de ma génération. L'Angolais Di do Santos, par exemple, est l'une des mes
découvertes. Je fais des promos de mes activités en Espagne, au Portugal et en France.
Bientôt, je dois effectué une tournée africaine qui m'amènera au Gabon, en GuinéeEquatoriale et au Cameroun.
(Propos recueillis par Alfonso Sadi)
CONTE
Le coq et le crocodile en conflit
Très souvent, le coq quittait son village et allait se promener au bord de la rivière. Là, il
rencontrait souvent le crocodile avec sa gueule grande ouverte en train d'attraper les mouches.
Le voyant, le coq tout content se disait à haute voix:<Ah ! Je ne suis pas solitaire !>
Avec joie, il se mit à chanter une belle chanson d'amitié et de fraternité en ces termes: Le
crocodile est mon frère ! Le crocodile est mon frère !...
33
La première fois, le crocodile ne dit rien. La deuxième fois, il supporta cette mauvaise blague
tout en étant mécontent. La troisième fois, ne pouvant plus supporter, le crocodile furieux
craqua et, avec orgueil, lança: Toi, le coq, comment puis-je être ton frère ? Est-ce seulement
possible? Moi, je vis dans l'eau où je suis le roi et fais la loi. Toi, créature sale et pourrie, tu
vis au village avec les êtres humains. Quel rapport peut-il exister entre toi et moi? Tais-toi et
il ne faut même plus recommencer cette fausse déclaration qui constitue une provocation, me
prétextant être ton hypothétique frère !
Pendant cette discussion, beaucoup d'animaux passaient par là et entendaient cet échange de
paroles. Ce fut le cas, par exemple, de l'éléphant, du lion, du léopard, du cobra, et tant
d'autres. A entendre la discussion, chacun de ces animaux donnait raison au crocodile, allant
même jusqu'à traiter le coq de stupide et de dépourvu d'intelligence.
Comme le coq persistait à chanter à chaque fois qu'il rencontrait le crocodile, le problème
gagna de l'ampleur et, finalement, concerna tous les animaux existant sur la terre. Une
rencontre générale fut convoquée. Pendant cette rencontre, le coq répéta sa chanson: Le
crocodile est mon frère ! Le crocodile est mon frère !
Le crocodile furieux voulait attraper le coq qui, heureusement, s'esquiva. A leur tour, presque
tous les animaux étaient unanimes pour condamner le coq à la suite de cette provocation
insensée et du fait de ne pas comprendre comment le coq qui vit avec les êtres humains peut
être le frère du crocodile qui règne dans les eaux.
Mais vers la fin de ce débat, la gazelle demanda la parole pour donner son opinion après avoir
entendu les arguments des uns et des autres animaux.
La gazelle demanda à l'assistance de lui répondre en chantant. Elle entonna la chanson
suivante : Est-ce que le python ou le boa sort de l’œuf? Et la réponse de l'assistance fut,
Sûrement de l’œuf! Est-ce que le cobra sort de l’œuf? Sûrement de l’œuf! Et le canard sort-il
aussi de l’œuf? Sûrement de l’œuf! Et l'oiseau qui vole sort-il de l’œuf? Affirmatif, de l’œuf!
Et le lézard qui rampe comme le cobra ? Sûrement de l’œuf! Affirmatif, de l’œuf! D'où sort
le crocodile qui règne dans les eaux? En effet de l’œuf! Est-ce possible qu'une poule soit
sortie de l’œuf ? Sûr et certain de l’œuf! Est-ce possible que le coq soit sorti de l’œuf? Sûr et
certain de l’œuf!
Enfin, la gazelle termina par : Je vous remercie chers frères et sœurs.
Tous les animaux présents restèrent étonnés et stupéfaits après la chanson et, plus
spécialement le crocodile.
En effet, ils comprirent, en particulier le crocodile, que le coq, petit soit-il, avait vraiment
raison. Secoué et réfléchi, le crocodile se réconcilia avec le coq et, cela avec l'humilité et la
fraternité, ayant sans doute compris qu'il était son frère de par la descendance. Choix du texte
Alfonso Sadi
(Conte inspiré et tiré du patrimoine culturel bazombo, en Angola)
POEMES
QUI SUIS-JE ?
Je suis Somalienne, je porte les pagnes
Et je suis fière d'être appelée Leyla.
Je parle mon dialecte.
Je suis Malienne, je porte les pagnes
Et je suis fière d'être appelée Mehmed.
Je parle mon dialecte.
Je suis Sénégalaise, je porte les pagnes
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Et je suis fière d'être appelée Abdou.
Je parle mon dialecte.
Je suis Ivoirienne, je porte les pagnes
Et je suis fière d'être appelée Kouakou.
Je parle mon dialecte.
Je suis Camerounaise, je porte les pagnes
Et je suis fière d'être appelée Eboa.
Je parle mon dialecte.
Je suis Congolaise, je porte les pagnes
Et je suis fière d'être appelée Yombi.
Je parle mon dialecte.
Je suis Zambienne, je porte les pagnes
Et je suis fière d'être appelée Ndola.
Je parle mon dialecte.
Je suis Zaïroise, je porte les pagnes
Et je suis fière d'être appelée Moseka.
Je parle mon dialecte.
Je suis Angolaise, je ne porte pas les pagnes
C'est pour les non-assimilées me disent-ils.
J'ai honte d'être appelée Kimbiyavanga
C'est un nom des chiens me disent-ils
Ils m'ont baptisé Maria d'Oliveira Perreira Da Conceição
Le nom de mon arrière grand-parent paraît-il.
Je ne parle pas mon dialecte
Car, c'est une langue des sauvages
Une langue des « matumbos » me disent-ils.
Masukidi Pedro, Genève.
ANGOLA, SOUVIENS-TOI
Angola te souviens-tu ?
Nous avions cru à Alvor et nous étions déçus !
Nous avions cru à Bicesse et nous étions déçus !
Nous avions cru à Lusaka et nous étions déçus !
Devrions-nous toujours croire ?
Y-a-t-il une espérance quelque part ?
Angola te souviens-tu ?
Ils sont morts parce qu'ils étaient du MPLA !
Ils sont morts parce qu'ils ont aimé le FNLA !
Ils sont morts parce qu'ils ont applaudi l'UNITA !
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Angola te souviens-tu ?
De Quifangondo, de Huambo
De Cuitocuanavale, de Cassinga
De Cabinda, de Luanda
De Menongue et d'ailleurs.
Angola te souviens-tu ?
Ils sont morts parce qu'ils parlaient mal le portugais,
Ils sont morts parce qu'ils étaient nés à l'étranger,
Ils sont morts parce qu'ils étaient blancs,
Ils sont morts parce qu'ils étaient métis,
Ils sont morts parce qu'ils étaient noirs.
Angola te souviens-tu ?
Du 29 et 30 septembre 1992,
Ils ont cru au changement,
Ils ont cru au renouveau,
Ils ont cru à la paix,
Ils ont cru à la liberté d'expression,
Et, ils se sont exprimés, ils ont voté.
Angola te souviens-tu ?
Ils ont trouvé la mort,
parce qu'ils étaient tous angolais !
Angola te souviendras-tu encore de ceux-là ?
Menga Waku, Genève
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