juillet 2006 - Guts Of Darkness

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juillet 2006 - Guts Of Darkness
Guts Of Darkness
Les archives du sombre et de l'expérimental
juillet 2006
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Les chroniques
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YOKOTA (Susumu) : Sakura
Chronique réalisée par dariev stands
Printemps au Japon. Voilà l’évocation surgissant au détour d’une écoute de ce « Sakura » (fleur de cerisier, en
japonais), œuvre fluide, liquide, parfois manquant de consistance. Une œuvre qui a le pouvoir d’interrompre le
cours du temps, de draper les environs dans une sorte de solennité fragile, incitant à une contemplation
pastorale et mélancolique. Ce n’est pas un hasard si cet album mutin et végétal sort sur le label « Leaf »… Tout
est à la fois figé et éphémère dans cette musique, comme pour une plante. Les connaisseurs de la mythique
musique de la série Silent Hill seront en proie à quelques frissons sur l’anxieux « Tobiume ». En effet, il évoque
l’ambient bruitiste et glauque créé par Akira Yamaoka. Yokota se serait-il inspiré du génial compositeur pour «
Sakura » ? On sait qu’une autre partie de son travail émane de la vision des films d’Hayao Miyazaki. On pense
aussi, à certains moments de l’album, aux travaux de Brian Eno, en particulier ceux avec David Byrne. « Uchu
Tanjyo », retour à la sensation de calme dominante du disque, utilise une voix parlée comme base. Une idée qui
illustre à merveille l’état d’esprit du discret Susume, désireux de restaurer la mélodie du monde grouillant
autour de nous, de redonner aux bruits organiques environnants leur touche de musicalité qui leur a été volée
par l’indélicate oreille humaine, trop habituée qu’elle est au marasme urbain. Aussi faut-il peut être se rendre
dans une forêt pour redécouvrir cet environnement sonore d’une oreille neuve, et ‘écouter’ à nouveau les bruits
dits ‘parasites’. Et c’est ce que nous propose Yokota : écouter plutôt que d’entendre. Ecouter pour mieux
ressentir. Réapprendre à apprivoiser les sons. N’a-t-il pas déclaré : « La manière d’écouter la musique est une
composante de la musique elle-même » ? Peu tenté par les orchestrations lourdes ou les effets, il prend le
risque de s’abandonner au dépouillement. Ce qui n’était pas musical le devient ici, et remplace donc ce qui
aurait pu être une boîte à rythme ou un sample… Les craquements (de vinyle ?) de « Gekkoh » ainsi que les
cymbales de « Ganshi » invoquent la pluie, tandis que des nappes – sur ce dernier morceau – rappellent un
Boards Of Canada naturaliste, qui aurait mangé des feuilles au lieu de champignons hallucinogènes. Un BOC
décharné, moins frappé, plus simple d’accès, aussi. « Hisen », à priori axé sur le rythme et la répétition, joue
avec les samples de violons d’usage, ici posés sur un beat trafiqué au son caoutchouteux. Le jeu continue avec
« Azukiiro No Koori », (visiblement influencé par le « Selected Ambient Works 2 » d’Aphex Twin), toujours
ludique avec ses samples de chorale d’enfants. La voix sur « Kodomotachi » fredonne des mots inintelligibles,
dans le but avoué de chercher la musicalité dans les sons et non pas les mots. Ainsi, la musique de Yokota
devient multiculturelle, indéchiffrable mais également compréhensible par le plus grand nombre. Ces sons
primitifs pourraient avoir été captés par un enfant dans le ventre de sa mère. Contemplatif, « Sakura » n’en est
pas moins tendu parfois, comme sur « Naminate » aux accents jazz qui pourtant aurait gagné à plus de
chatoiement. Car le principal reproche que l’on pourrait faire à tout cela, malgré une diversité surprenante, c’est
la linéarité au sein même des morceaux. Tous bâtis sur un schéma répétitif et souvent en mille-feuilles (la
feuille, décidément), ils restent confinés dans l’ambient malgré leur fraîcheur. Le danger de seulement ébaucher
les émotions insufflées dans le cerveau sans réellement les mener à terme n’est ici pas esquivé, et si ce disque,
tout en retenue asiatique, convainc en tant qu’indéniable réussite ambient, il n’est à conseiller qu’aux amateurs
du genre où, à la rigueur, aux fans de l’OST de Silent Hill qui cherchent desépérément quelque chose qui s’en
approcherait.
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Note : 4/6
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SCHULZE (Klaus) : Are You Sequenced?
Chronique réalisée par Phaedream
Il y a toute une polémique entourant la parution de Are You Sequenced? À l’origine, c’était un album studio.
Avant sa mise en marché, Klaus Schulze joue l’intégrale lors d’un mémorable concert en Angleterre, à Derby le
27 Avril 96. Il sent que cette prestation est plus puissante que l’œuvre en studio et décide d’en faire la version
finale. Parallèlement un nouveau remixe de l’œuvre originale est produite sans l’approbation, ni la participation
de Klaus Schulze. C’est ainsi qu’Are You Sequenced a connu 2 pressages. Le cd de la prestation live mixé par
Schulze et un autre mixé par un dj de la compagnie de production de l’époque. Mixage que je n’ai pas détesté,
en passant. À cette période, le cd était disponible autant en format simple, qu’en double format, semant encore
plus la confusion. Dix ans plus tard, Revisited Records fait un nouveau mixage et ajoute une pièce en boni, qui
n’a rien à voir avec l’œuvre mixé par l’anonyme dj, rendant encore la situation d’Are You Sequenced? encore
plus floue. Mais n’ayez crainte, Klaus Schulze fait le point dans le petit guide qui accompagne cette nouvelle ré
édition. Oui… mais la musique! La musique? Imaginez Plastikman sur sa table de dj, faisant la cour aux
élucubrations musicales de Master Schulze. Are You sequenced? N’est ni plus ni moins la réponse de Klaus
Schulze au mouvement techno. Sur des effluves à la In Blue, le maître de l’électronique Berlin School nous
présente une longue fête musicale avec de puissants solos de synthétiseurs à faire rougir de honte ceux qui
aspirent à la notoriété synthétique. Un pur festin où Schulze fait danser ses claviers avec frénésie sur des
rythmes endiablés aux essences d’une techno progressive. Tout au long d’une belle ligne séquentielle, Schulze
joue avec ses rythmes, autant avec puissance, qu’avec candeur. Et c’est ce qui fait la justesse d’Are You
Sequenced? Derrière cette grande ouverture de la Berlin School à la techno, (Schulze collabore avec Namlook
depuis 1994) Schulze conserve l’essence des amplitudes atmosphériques et en fait un unique mélange qui
conserve la noblesse des originalités d’antan. Un grand titre, une kermesse grandiose par un grand maestro. Et
Vat Was Dat? Justement, qu’est-ce que c’est? Une longue pièce dans la même veine qu’are You Sequenced?
mais avec plus d’intensité, plus de folie. Un long délire séquentiel qui se transforme en un hymne à la frénésie
des mouvements en saccade. Derrière une muraille d’un mouvement séquentiel techno, Schulze joue avec les
voix et s’amuse à imaginer des scénarios musicaux tordus auxquels on peut sentir les effluves de ses œuvres
antérieures. Un croisement entre In Blue, Totentag et Das Wagner Disaster. Un puissant mouvement séquentiel
qui conserve son rythme débridé, ainsi que ses vocalises, jusqu’à la dernière des notes. Une perpétuelle transe
démoniaque à s’en rompre les os, tellement la frénésie aspire le rythme. Le tout, fort bien entouré des
atmosphères symphoniques si chères à Klaus Schulze. Cette ré édition d’Are You Sequenced? par Revisited
Records est à ne pas manquer, surtout si vos oreilles ne se sont jamais frotté à cet œuvre intense de Klaus
Schulze. Évidement, le son s’en trouve amélioré, mais pas au point de renier l’œuvre originale. Par contre Vat
Was Dat? fait parti des bonnes pièces en prime offerte dans cette foulée des ré éditions des œuvres de
Schulze. Une autre grande œuvre de Schulze, lui qui, il me semble, n’arrête pas d’en produire.
Note : 5/6
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SCHULZE (Klaus) : In Blue
Chronique réalisée par Phaedream
In Blue…Ah, le doux retour du Temple d’Ashra. Je me souviens quand j’ai acheté In Blue en 1995. Il se passait
peu de choses en Amérique du Nord, en ce qui a trait à la MÉ style Berlin School. J’écoutais les derniers
souffles de Software sur Innovative Communication qui était distribué chez HMV, alors que Tangerine Dream
s’éloignait de plus en plus de son style avec Turn of the Tides et Tyranny of Beauty. Et, dès les premières
écoutes, je savais que Klaus allait m’en mettre plein les oreilles. Attaché vous bien après votre chaise, In Blue
est, en ce qui me concerne, un pur classique de la MÉBS (Musique Électronique Berlin School). C’est le
mariage parfait entre l’essence des séquences analogues des années 70 et la froideur digitale des technologies
de l’époque, Une grande œuvre que Revisited Records a astiqué pour nous offrir un merveilleux coffret de 3 cd,
dont 1 en prime, ainsi qu’un merveilleux livret où Schulze nous parle de In Blue. Into the Blue est une longue
pièce en 5 segments. La première partie est une ode à la musique atmosphérique. Une longue kermesse qui
transpire la sensibilité, la mélancolie. Des notes aux apparences de guitares et des chœurs symphoniques
traversent ce ciel bleuté et à la 15ième minute, Schulze se déchaîne avec ses percussions. Blowin’ the Blues
Away nous transporte dans l’univers Schulzien où les longues séquences sont tourmentées par des assauts de
percussions, d’instruments à vents (trompettes, hautbois), d’arrangements orchestraux. Tout cet amalgame
musical se démène avec intensité sur des rythmes soutenus par des couches de synthé qui s’harmonisent
avec les différentes orientations séquentielles. C’est un titre incroyablement riche qui joue avec les ambiances
et qui démontre l’incroyable ingéniosité de Schulze avec les claviers. Le segment de 30 minutes qu’est Wild
And Blue est totalement divin. Schulze fait la course entre son clavier, sa batterie et ses notes qui confondent
avec une guitare, tout simplement sublime. Les mots me manquent. Un chef d’œuvre, il n’y a rien d’autre à
ajouter. Return of the Temple, sur le 2ième cd est le point de réunion entre le génial Manuel Göttsching (Ashra
Temple) à la guitare et Klaus Schulze, eux qui avaient initié Ash Ra Temple en 1970. L’intro est vaporeuse à
souhait, la guitare de Göttsching meuble une atmosphère sereine aux essences espagnoles et, comme sur In
Blue, les percussions de Schulze annoncent une nouvelle tangente plus animée. Nerveuses, les lignes du
synthé croisent les notes de guitares sur une séquence basse et un superbe jeu de percussions, comme un
orchestre aguerrie, qui n’a rien perdu de sa souplesse musicale, encore moins de son sens des excentricités
harmonieuses. Un titre déviant aux 101 richesses sonores exploitées à fond par deux maîtres au sommet de
leur art. Serenade in Blue est effectivement en mode sérénade. Un titre un peu plus nostalgique que Return of
the Temple. La guitare de Göttsching est sublime et s’harmonise aux longues séquences et aux souffles
synthétiques d’un Schulze tout aussi à mélancolique. Une superbe harmonie qui se joue sur différents paliers
musicaux un peu plus tranquille, je dirais savoureusement hypnotique, que ce qui précède sur In Blue. Une
excellente fermeture pour ce grand double cd. Le cd en prime n’améliore pas la grandeur qu’est l’original, mais
ouf….! Musique Abstract est un délire séquentiel intense. Du Schulze en grande forme qui étale sa frénésie
abstraite à pleine grandeur. Rythme effréné, chœur fantomatique, percussions endiablées et synthé nerveux
donnent un titre explosif qui semble effectivement sortir des sessions de In Blue. Une grande surprise. Return
of the Temple 2 est effectivement joué avec Göttsching. Un titre aux atmosphères évolutives, il fut joué sur un
poste de radio Berlinois, Radio 1, en 1997. Out of the Blue 2 est un long titre qui respecte la philosophie
musicale de Schulze. Mais je n’y ai rien trouvé qui pourrait laisser croire qu’elle sortirait des sessions de In
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Blue. Le synthé sinueux de Schulze se dandine sur des percussions en mode hypnotique. Plus posée, l’onde
synthétique s’envole sur de bonnes couches sonores aux effluves de la tournée de 83. Un titre qui progresse
sur le même tempo, avec des cassures ici et là, mais qui revient inlassablement à ses lignes d’origine. Un titre
qui aurait dû faire parti du ré édition de Dziekuje Poland avec ses sonorités arabesques que l’on retrouve sur le
très digital Audentity. Même sans le cd en prime, In Blue devrait faire partie de votre discographie, donc
imaginer avec le cd en boni. Que vous aimiez le jazz, le classique, la musique contemporaine ou peu importe
les genres, In Blue à ceci de particulier; c’est un chef d’œuvre. Schulze joue avec les rythmes et les accords
avec une étonnante dextérité et nous présente son univers musical avec sagesse et maturité. Et Klaus Schulze
en a fait des œuvres pas ordinaires. Je pense à X, Body Love, Mirage et Black Dance…et bien d’autres. La
particularité de In Blue est sa profondeur. À chaque ion, on sent ce brin de nostalgie et une sérénité qui nous
transporte comme peu d’œuvres peuvent le faire. Une œuvre colossale qui vieillit super bien, comme le
meilleur des grands vins.
Note : 6/6
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LURKER OF CHALICE : Lurker Of Chalice
Chronique réalisée par Powaviolenza
Side-project de Wrest (aka Jeff Whitehead), la tête pensante des Leviathan ricains (que l'on a aussi retrouvé
dans le dernier Sunn0))), "Black One"), Lurker Of Chalice n'a de commun avec son groupe principal qu'un
certain côté ambient, développé l'an dernier dans l'excellent et introuvable "A Silhouette In Splinters" de
Leviathan, ainsi qu'une noirceur extrême. Mais là où celle de Leviathan est plus terrifiante / suicidaire, la
noirceur de Lurker Of Chalice est cotonneuse. Apaisante. Ce disque est parfait pour s'endormir : Lurker Of
Chalice, c'est se faire aspirer lentement mais sûrement dans un vortex d'une noirceur insondable, mais sans
douleur. Lurker Of Chalice, c'est flotter entre l'espace et l'océan. Lurker Of Chalice, c'est visiter la ville
sous-marine de R'lyeh dans le corps d'un Yith sans pour autant risquer de se faire défoncer les tentacules par
un Grand Ancien - l'ambiance de cette galette est par ailleurs très Lovecraftienne. On pense souvent à une
sorte de version black metal de My Bloody Valentine ("Granite", "Vortex Chalice"...). L.O.C. sait aussi se faire
très, très pesant, comme dans "Minions" qui ne peut qu'évoquer Neurosis, "Spectre As Valkerie Is" qui aurait
pu être composée par Broadrick, avec son début Godfleshien et son développement black-shoegaze
Jesu-esque sous LSD, ou encore "Fastened To The Five Points", final doomesque à souhaits. Et pour les
amateurs de l'aspect le plus BM des compos de Wrest, il y a "Piercing Where They Might", avec son riffing
lancinant Blut Aus Nordien et ses dissonnances à la Thorns. Si en plus je vous dis que tout en gardant un
certain côté crade propre aux groupes de toute cette scène américaine, la prod' est tout simplement mortelle
(très ample et nuageuse), et qu'instrumentalement parlant, c'est extrêmement bien foutu - vocalement comme
guitaristiquement, c'est fouillé et classieux et par ailleurs, le jeu de batterie de Wrest est vraiment chouette,
assez minimaliste et jazzy... Lorsque l'on arrive à rentrer dans ces neuf titres uniques et variés (mais
cohérents), on n'en sort réellement plus : ce disque s'écoute en boucle. Trois autres albums de L.O.C. sont
composés et (on l'espère) sortiront peut-être un jour. Si Sofia Coppola portait une nouvelle de Lovecraft au
cinéma, Lurker Of Chalice en serait sûrement la bande-son parfaite. Totalement excellent. 5,5/6
Note : 5/6
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VENETIAN SNARES : Rossz Csillag Allat Született
Chronique réalisée par dariev stands
Aphex Twin, Venetian Snares : même combat ? Détrompez-vous. Dans la famille des incorrigibles barges, le
sieur Aaron Funk est bien l’enfant terrible, le bâtard mutant. Et « Rossz Csillag Alatt Szueletett » (‘né sous une
mauvaise étoile’, un titre qui va comme un gant à ce disque), son œuvre la plus sombre et expérimentale, est un
chef d’œuvre absolu, une merveille comme il n’en atterrit que rarement sur nos platines. « Fini de rigoler »
semble crier ce terrible disque, qui déjà se détache singulièrement de la foisonnante discographie de l’infernal
canadien. « Rossz… » c’est un peu la rencontre de la nuit de la Saint-Barthelemy et d’une free party… A la fois
violent et dépressif, il est pourtant le fruit d’un concept aussi original que difficile à retranscrire. Profondément
inspiré par la Hongrie, le disque et les 11 morceaux sont donc titrés en Hongrois. L’atmosphère, également,
rappelle la tristesse glauque des villes des pays slaves, et serait la bande-son idéale d’une histoire de meurtres
à Prague ou à Budapest. Budapest, donc, source d’inspiration principale du disque puisque son créateur, au
cours d’un voyage, aurait eu l’idée du concept de cet album en regardant les très nombreux pigeons de la ville
au dessus du Palais Royal… Bien connus de ceux qui y ont été, ces pigeons sont le fil conducteur de l’album
puisque la musique est censée nous transporter dans la peau d’un pigeon survolant la ville ! Et ce n’est pas la
seule allusion à la Hongrie puisque « Öngyilkos Vasárnap » sample le « Gloomy Sunday » de Billie Holiday, ici
renommé « suicide sunday » et transformé en hip-hop ténébreux. Or il s’avère que cette chanson fut composée
par un Hongrois en 1933 et interdite à Budapest pour cause de nombreux suicides des personnes qui l’avaient
écoutés ! Je vous invite à vous renseigner sur l’histoire de cette chanson qui est par la suite devenue une
légende urbaine hongroise assez passionnante. Pour ce qui est de notre chef d’œuvre ; concrètement, toutes
ces inspirations et ambitions se traduisent par un breakcore en furie typique du monsieur mais cette fois-ci
accouplé à un orchestre de chambre, avec violons, piano, trompettes et glockenspiel ! Le tout parfois
accompagné de superbes chœurs sépulcraux baignés dans un écho abyssal (le fantastique« Szamar Madar »)
Encore une fois, point d’esbroufe ! Pour ceux qui penseraient qu’il s’agit d’une fantaisie de producteur
electronica désireux de se la jouer, il convient de préciser que les beats sont agencés de manière à mettre en
valeur l’orchestre, et non pas balancés n’importe comment par-dessus. Aaron Funk lui-même a écrit toutes les
partitions et a même appris à jouer du violon éléctrique et de la trompette pour certains titres ! Les coulées de
cordes à la Bartok (tiens, un Hongrois) installent un spleen glacial, qui se voit ensuite pilonné par les
breakbeats métalliques, de façon encore plus aléatoire que chez Squarepusher ou Aphex Twin. Impossible de
prévoir quand les drills vont surgir. Parfois ils attaquent d’entrée, parfois au bout d’une longue durée (« Hajnal
», et sa montée progressive vers la folie), parfois ils sont tout bonnement absents, nous laissant à la solitude
des cordes languissantes, comme sur « felbomlasztott mentõkocsi » (qui veut dire « ambulance désintégrée »).
L’effet de surprise et d’angoisse n’est que plus fort quand la morsure des pigeons (les beats, donc) vient
s’abattre sur l’architecture baroque de Budapest (les cordes). Hum, c’est pas croyable, j’ai l’impression de vous
raconter un film, de vous gâcher la surprise, tant cette musique est cinématographique au plus haut point !
Mention spéciale à « Szerencsétlen », à ce titre. Difficile de ne pas se faire son propre film (noir, évidemment) à
l’écoute d’un tel machin. On est ici bien loin du pantouflard Richard D. James qui désormais consent à délivrer
au bas peuple quelques vieux fonds de tiroirs pour entretenir la légende tous les 2 ans… Aaron Funk crée, lui.
Deux ou trois albums par an, en moyenne. L’équivalent musical de du réalisateur Takeshi Miike, pour rester
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dans le cinéma. C’est sûr, ce n’est pas l’irruption de bouts de narration (plutôt rares dans l’electro) qui nous
éloignera du septième art… Ainsi, une voix féminine confesse sa peur des pigeons au début de « Masodik
Galamb » avant le déchaînement quasiment dramatique du morceau (finalement, cela peut rappeler les
procédés de Fantomas). Les interludes magnifiques s’étiolent au gré du disque, fausses accalmies parmi une
débauche de drum & bass frappadingue et haletante… « Kétsarkú Mozgalom », la pièce la plus ambitieuse,
laisse complètement hébété, vidé, soufflé, sur le cul. Au beau milieu, la musique s’arrête, pour laisser place aux
interrogations existentielles d’une autre voix féminine, avant de reprendre dans un torrent de trompettes free
jazz et de sons électroniques qui rappellent un peu « 4 » de Aphex Twin par le côté « autiste » du truc, mais en
mille fois moins apathique. La musique de Venetian Snares est en colère. Elle fait peur, rend triste et donne
envie de sauter partout, aussi. Voire même de lire du Dostoïevsky ou du Patrick Suskind. Comme mettre 7/6
n’est pas possible, je me contenterait de vous dire que ce disque n’en est certainement qu’au début de sa
légende, et que le jour où un groupe de « pop » s’en inspirera comme Radiohead a pu s’inspirer des travaux de
Autechre pour Kid A, eh bien, ça risque de donner quelque chose ! Indispensable et unique au monde. A suivre
pour le reste de la tortueuse discographie de ce ouf malade (©Dean Martin). Vous reprendrez bien un peu de
paranoïa ?
Note : 6/6
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LJA : Til avsky for livet
Chronique réalisée par Nicko
Voilà du black metal comme je l'aime ! Ljå n'a pas inventé la poudre, simplement les norvégiens savent bien
utiliser les différents ingrédients du genre. Quand ça blaste, c'est l'artillerie lourde avec un son dépouillé (bref,
un son black metal UG quand même) et puissant. Le chant est écorché et convainquant. L'alaternance entre
blasts et mid-tempi est optimale, ce qu'il faut pour bien headbanger (!), avec des enchainements au poil, ce qui
procure une intensité jouissive, soutenue par des riffs de tueurs. Je rapprocherais sans soucis cette formation
des discrets suédois de Sigrblot, le côté folk en moins. On sent une véritable maitrise de leur sujet avec des
atmosphères parfois bien crade du fait d'un chant lorgnant parfois du côté de Killjoy de Necrophagia. De plus,
l'album est bien construit avec de bonnes variations de tempos et d'ambiance, des titres ayant même quelques
légères touches viking, discrètes mais efficaces. Bref, je trouve cet opus raffraichissant, bien ficelé, brutal sans
être bourrin et tout simplement excellent. Une réussite de bout en bout. La surprise de ce début d'année.
Note : 5/6
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RED MOURNING : Six four six
Chronique réalisée par Nicko
Voici les parisiens de Red Mourning qui sont de retour après une première démo 3-titres sortie il y a 2 ans. Le
style de base est le même, à savoir du gros metal sudiste influencé par les groupes de Louisiane. Sur cette
nouvelle démo, on retrouve 6 titres plutôt courts (2-3 minutes ; on était déjà habitué à cela par le passé) et dans
l'ensemble plus brutaux qu'avant. Leur metal est très teinté de hardcore avec des passages bien speed, allant
même ves le thrash par moments. Et c'est là où ça passe moins bien. Autant je trouve les parties de mid-tempo
convainquantes et pleines de feeling, autant les parties speed viennent selon moi gâcher ce feeling. C'est bête
parce que sinon, l'amélioration est probante sur les parties plus lentes à mi-chemin entre Down et Black Label
Society (on a connu pire comme référence...). Le chant hurlé ne m'a pas non plus convaincu, alors que celui
plus posé m'a rappelé Zakk Wylde et il est beaucoup plus fort et intéressant. Aussi, ce qu'il manque au groupe,
c'est une grosse guitare rythmique qui donnerait une pure pêche à l'ensemble. Ceci dit, Red Mourning a de
bons atouts, un super feeling, mais devrait revoir ses parties speed (pourquoi ne pas carément les supprimer
d'ailleurs ?) car elles cassent le rythme et l'atmosphère sudiste générale.
Note : 3/6
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BLACK LABEL SOCIETY : Stronger than death
Chronique réalisée par Nicko
Un an après "Sonic brew", Zakk Wylde sort ce deuxième album pour le compte de son dernier groupe
(quasiment un one-man band d'ailleurs), Black Label Society. Au programme, du metal sudiste dans la droite
lignée du premier album. Et c'est bien ça le problème, l'évolution est minime. "Sonic brew" représentait une
sorte de bouffée d'air frais dans la carrière du guitariste, tant l'album montrait de nouvelles perspectives
musicales pour Zakk. Je me souviens même qu'à la sortie de ce "Stronger than death", je l'avais vraiment
trouvé nul car il n'y avait pas ce sentiment de nouveauté, il était beaucoup trop proche de son prédécesseur.
Bon, avec le temps, on s'y fait, il y a de bonnes choses, mais c'est clair que c'est juste du metal sudiste sans
réelle surprise, les morceaux ne sont pas particulièrement recherchée, le format couplet-refrain est de mise
pour chaque titre. En gros, voilà un album simple et facile à assimiler, qui aurait pu être un peu plus chiadé
niveau inspiration. Ce qui me plait par contre, c'est le son de guitare "larséné" et distordu au possible. Mais
bon, là, ce qui sauve l'album, c'est que t'as Zakk à la 6-cordes, et qu'à partir de là, sur ce plan, il n'y a rien à
ajouter parce qu'il y a littéralement de purs moments de folie... N'empêche, je reste un peu sur ma faim avec
l'impression d'avoir un album "prétexte" pour repartir sur scène (où là, c'est la boucherie !). Je ne dirai pas
nons plus que le CD est bâclé, mais bon, il aurait pu faire mieux le père Wylde !
Note : 3/6
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BURST : Conquest Writhe
Chronique réalisée par Powaviolenza
Tout premier album de Burst, "Conquest Writhe", sorti chez Prank Records (label des grands His Hero Is Gone,
Damad / Kylesa, Artimus Pyle...), a un côté bien plus crust que les autres réalisations de ces géniaux suédois et
a tendance à être un peu "oublié" dans la discographie de Burst. Ces onze titres sont pourtant tout aussi
essentiels que les autres, et il s'y trouve parmi les meilleurs riffs jamais composés par Burst; en effet, le riffing
Burstien si particulier est déjà bien présent, plein de ces envolées guitaristiques magnifiques et de ces
harmonisations classieuses dont Burst ont le secret. "Conquest Writhe" est de loin l'album le plus violent de
Burst : ici, pas de planant, ni de doucereux - même si l'on commence à sentir les prémices des arrangements
qui feront la grande classe des prochains albums ("Juxtaposed"). Seulement de l'intense ("Conquest : Writhe",
"Nefarious", abrasifs à l'extrême), du crève-coeur, du dissonnant ("The World Denied"). Burst poussent même
le vice jusqu'à inclure un titre avec Merzbow violent et noisy à souhait ("Decomposed"), ainsi qu'une ENORME
reprise d'un des grands classiques d'Unsane, "Scrape". Fans de "Prey On Life" ou d'"Origo", ne passez
SURTOUT PAS à côté de "Conquest Writhe".
Note : 5/6
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BURST : Prey On Life
Chronique réalisée par Powaviolenza
"Prey On Life" aurait pu être mon deuxième album préféré de Burst avec une autre production.
Malheureusement, si Fredrik Reinedahl avait fait du super taf sur les deux albums précédents, ce deuxième vrai
album de Burst (et premier pour Relapse) est beaucoup trop propre, trop produit; le son des guitares est
imposant et clair, mais tout comme le mix général, manque ENORMEMENT de gras. J'insiste. Burst était un
groupe ultra-abrasif; "Prey On Life" laisse un arrière goût amer, comme si on avait voulu édulcolorer
volontairement le son de cet album pour le rendre plus vendable. Mais passons... S'il y a bien un seul avantage
à ce choix pour le moins étrange de production, c'est la place énorme laissée aux arrangements; comme nous
le laissait deviner leur précédent et ultime EP, "In Coveting Ways", Burst évolue vers quelque chose de
toujours plus subtil, délaissant l'intensité omniprésente de leurs débuts pour quelque chose de toujours plus
fouillé et progressif. Des arrangements, cet album en regorge donc, pour la plupart magnifiques et pertinents :
on trouve donc désormais des interludes réellement beaux ("Fourth Sun", "Epidemic"), du chant clair pas si
dégueu ("Crystal Asunder"), et surtout, des riffs toujours aussi Burstiens (c'est à dire harmoniquement
magnifiques et toujours originaux) mais gorgés d'une louche supplémentaire d'effets en tout genres. La grande
force de cet album réside donc dans sa finesse, mais en passant à quelque chose de plus beau et moins torturé
/ rageur, Burst perd vraiment un de ses plus gros atouts. Des titres comme "Sculpt The Lives", "Vortex" ou
"Monument" (au feeling proche du petit côté crust de "Conquest Writhe") auraient été violentissimes avec une
prod' adaptée, putain de merde ! Ce qui pourrait passer pour un détail pour certains me gâche totalement le
plaisir de l'écoute, et même si je finis parfois par m'y faire (l'absence d'intensité peut finalement donner à
l'album un aspect reposant), la sensation que cet album aurait pu être réellement mieux reprend toujours le
dessus et m'empêche de rentrer totalement dans ce néanmoins excellent album qu'est "Prey On Life", qui sera
peut-être (qui sait?) remixé / remasterisé un jour, Burst ayant, à en croire le son de leur album suivant (le génial
"Origo"), visiblement compris qu'un bon son doit laisser autant de place à la clarté qu'au gras.
Note : 4/6
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WITCHBURNER : Final detonation
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Ha ça, ils ont fière allure les petits gars de Witchburner dans le livret de ce Final detonation (4ème album quand
même). Vestes à patch en cuir avec les Tshirts à l'éffige de Possessed et autre joyeusetés issues des 80s,
cartouchières et bibines tendues vers le ciel (et des lunettes de soleil du meilleur effet...), on tient là le bon
vieux cliché du Metalleux allemand "à l'ancienne". Et du coté de la musique, c'est un peu pareil : on a affaire ici
à du Thrash germanique bien old school, lorgnant du coté des débuts de Kreator, Sodom ou encore
Destruction, headbangant à souhait, et qui accumule au passage les pires clichés du genre. Les rythmiques
galopantes et le chant gargouillesque sont bien évidement de sortie, et les paroles sont tellement bateaux
qu’on peut presque les reprendre en chœur sans les connaître (cf la tracklist). D’où le dilemme. D’un côté, on
peut facilement se laisser prendre au jeu d’un disque fun et sans prétentions, qui fait gentiment remuer la tête
et permet de se poser un peu entre un Blut aus nord et un Esoteric, par exemple. De l’autre, on regrette quand
même une (auto) production qu’on aurait souhaité plus tranchante et rentre-dedans, un manque de 2nd degré
évident qui rend le tout un peu indigeste voir même saoulant sur la durée. Un groupe qui ne fera sûrement pas
date mais qu’on pourrait trouver sympa en fin de matinée au Wacken, devant une centaine d’allemands déjà
complètement imbibés… ce qui n’est déjà pas si mal.
Note : 3/6
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BURST : Origo
Chronique réalisée par Powaviolenza
"Origo" reprend exactement là où "Prey On Life" nous avait laissés en 2003 : toujours la même formule chez les
Burst - riffing unique aux harmonies géniales et originales, cavalcades guitaristiques suédoises, chant
hargneux et varié, arrangements énormes, sens aigu de la compo qui tue, feeling épique / tristounet... Rien de
bien nouveau, finalement : Burst est toujours un groupe qui tue. Mais "Origo" ne se contente pas de bêtement
répéter les trois premiers Burst : tout est ici peaufiné à l'extrême, et les quelques erreurs du passé sont
corrigées. Le son de "Prey On Life", clair mais manquant vraiment d'intensité, a évolué vers un son
sensiblement pareil, mais bien plus puissant : les suédois ont vraiment trouvé la production idéale sur "Origo",
assez ample pour laisser la place aux arrangements (encore plus présents qu'avant, et encore plus classes
aussi), mais assez grasse pour garder un petit aspect abrasif, même si on est bien loin des deux premiers à ce
niveau : la balance violence / subtilité est totalement maîtrisée. On trouve ainsi des brûlots dignes du passé
énervé de Burst ("Slave Emotion", par exemple, rappelle énormément "Black But Shining", sans atteindre le
même niveau de perfection) cotoyant des titres extrêmement travaillés, tels que le très progressif et Opeth-ien
"It Comes Into View", ou bien le magnifiquement arrangé "Flight's End" (dont le passage avec le piano est
vraiment MORTEL). En revanche, quelques fautes de goûts peuvent frapper : "Where The Wave Broke"
(hommage à Mieszko de Nasum, groupe où officiait Jesper Liveröd, la basse de Burst) et quelques petits
passages disséminés ici et là sonnent un peu trop mous à mon goût, et les voix claires, désormais
omniprésentes, ne sont pas toujours pertinentes. Certains reprocheront à "Origo" ce petit côté "emo" (qui
n'était pas aussi développé dans les précédents Burst) mais ce disque est définitivement le plus lumineux de la
discographie des suédois. Sûrement aussi le plus accessible, le plus varié, et le plus mature. 5,5/6, car j'ai le
sentiment que Burst nous pondra la prochaine fois l'album mortel et parfait que tout le monde attend d'eux.
Note : 5/6
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VATICAN'S CHILDREN : Satan
Chronique réalisée par Twilight
Etrange projet gothique, les Vatican's children en deux albums aux pochettes soignées et un LP n'auront
jamais rien tenté pour obtenir autre chose qu'un statut de groupe culte. Peu intéressés par la notoriété, c'est de
manière confidentielle qu'ils ont écoulé ce premier album qui, comme son titre l'indique n'a rien de très joyeux.
Leur musique assez particulière s'inspire tant d'un rock gothique pesant que d'accents cold mais également de
touches rituelles glauques qui évoquent parfois des relents des premiers Norma Loy ('Ice Machine'). Optant
pour des structures résolument dépouillées, le groupe compose à partir d'une basse et d'une guitare éléctrique
(parfois bien torturée) pour une trame caverneuse et sombre, à laquelle s'ajoutent des percussions de temps à
autre ('Satan'), des samples (l'excellent 'Darkside' et ses boucles de violon obsédantes et malsaines). Si tout
évoque la noirceur ('We have nothing to do with...), le ton se fait de temps à autre mélancolique (encore que
désanchanté serait parfois plus juste, 'A fragment'). Le parti pris atmosphérique (Vatican's children n'est pas là
pour faire danser les foules, exception faite peut-être de 'Try it' qui rappelle The Invincible Spirit) pourra
surpendre au départ mais d'une certaine manière, il peut se rapprocher d'albums comme 'Burning from the
inside' de Bauhaus. Du coup, on comprend mieux la démarche de 'Satan' qui prend alors des formes
d'exorcisme personnel.
Note : 5/6
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CASH (Johnny) : American recordings
Chronique réalisée par Trimalcion
"Man in black", tel était son surnom. Sur cette pochette, en prêcheur diabolique attendant sa future victime sur
le bord d'une route désertée du Tennessee, l'image de Johnny Cash n'est pas sans rappeler celle du légendaire
bluesman Robert Johnson. Noirs ses habits, noire son âme. Malade (diabète, problèmes cardiaques,
Parkinson), donné pour fini depuis longtemps, avec l'image caricaturale et fausse du countryman bouseux, qui
émergea dans les années 1950, connut son pic de gloire en 1968 avec deux légendaires concerts "pénitentiers"
(At Folsom Prison/At San Quentin) et tomba dans un oubli progressif, il se rappela à une nouvelle génération
grâce au producteur Rick Rubin, en compagnie de qui il enregistra une série de quatre albums (le cinquième,
sorti tout récemment à titre posthume, est un florilège de chutes de studios et inédits) sous-titrés "American
recordings" (également le nom du label), mêlant chansons originales du maître, reprises de vieux standards
folk et reprises d'artistes contemporains. Rick Rubin, oui, le producteur de (attention) Slayer, les Beastie Boys,
Public Enemy, Cult, Red Hot Chili Peppers... Forcément, un gourou du thrash, du rock et du rap qui vient
chercher Johnny Cash, ça en a interpellé plus d'un. Ce premier volume est, plus encore que les suivants, un
véritable retour aux sources, une cure de jouvence où le "Solitary man" est plus seul que jamais : il chante et
s'accompagne lui-même à la guitare sur tous les titres. Aucun invité de prestige, rien. "All that matters is that
the guitar and I are one". Voilà qui est dit. Entre une majorité de chansons de Cash et quelques reprises de
standards country/folk présentées dans leur plus simple appareil, se glissent une chanson de Leonard Cohen,
une autre de Tom Waits... Une superbe épure musicale portée par une voix chaude, grave et sensible, qui
raconte ses histoires avec une tristesse douce-amère et un feeling monstrueux. Pour beaucoup découverte
d'un répertoire et d'un très grand interprète de ce patrimoine (de ce fragment de l'histoire populaire américaine),
ce disque très dépouillé ne sera pourtant que le début d'un parcours ménageant bien d'autres surprises.
Note : 3/6
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CASH (Johnny) : Unchained
Chronique réalisée par Trimalcion
Deux ans après l'étonnante collaboration Cash/Rubin pour "American recordings", les deux gaillards remettent
ça, en convoquant cette fois-ci l'artillerie lourde. En effet, si le premier volume de la série ne laissait entendre
que le seul Johnny Cash au chant et à la guitare sèche, il a été décidé pour le deuxième de faire appel à Tom
Petty et à son groupe les Heartbreakers. Cette formation country/rock intègre, qui n'a plus rien à prouver depuis
longtemps, vient apporter des arrangements riches et chatoyants à ce répertoire, un peu moins fourni en
compositions de Johnny Cash que le volume précédent. Les époques choisies pour les reprises sont diverses
(reprises de Beck et de Soundgarden au rendez-vous !), mais le son homogène, la voix bien timbrée de Cash, et
les thèmes éternels de la blessure sentimentale, de la nostalgie d'une époque révolue, de la liberté
inlassablement recherchée... en assurent l'intemporalité. Ce qui me gêne le plus à titre personnel, c'est
précisément le son, un peu trop "classiquement" country pour moi. Bien sûr, après le premier volume, il
s'agissait de montrer une autre facette de l'art de Johnny Cash, celle qui se rapproche le plus du glorieux temps
où le groupe de "l'homme en noir" faisait exploser un "Cocaine blues" devant un parterre de taulards
enthousiastes. Mais, malgré quelques blocs de pure beauté, l'émotion est moins présente, la tonalité
d'ensemble moins sombre et douloureuse. Le plus dispensable des "American recordings" de Johnny Cash.
Note : 2/6
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CASH (Johnny) : American III: Solitary man
Chronique réalisée par Trimalcion
Enregistré en 7 jours seulement, comme s'il s'agissait de son dernier album, ce troisième volume des
"American recordings" de Johnny Cash (avec Rick Rubin aux manettes) ne ressemble pas à ses prédécesseurs
: les arrangements cristallins s'imposent avec la force de l'évidence ; la voix de l'homme en noir est à présent
nettement altérée par la maladie, avec ces fêlures de timbre qui ne la rendent que plus émouvante. En gros, la
seconde partie de l'album est faite de compositions originales tandis que la première est faite de reprises, et
quelles... Parce que Cash s'est emparé de plusieurs titres célèbres a priori étrangers à son répertoire habituel
(notamment "One" de U2, ici), on a pu le taxer d'opportunisme. Cruelle erreur : tous ces titres, Johnny Cash les
fait siens. S'il n'a bien évidemment aucun mal pour les magnifiques "I won't back down" de Tom Petty et le
classique "Solitary man" de Neil Diamond (qui aurait tout aussi bien pu être composé pour lui), ouvrant ce
disque, il en va de même pour "One", qui perd en lyrisme ce qu'elle gagne en humanité et en profondeur. Et que
dire de "The mercy seat", cette sublime chanson de Nick Cave, litanie désespérée et lancinante d'un homme
attendant d'être exécuté dans le couloir de la mort. Interprétée par les Bad Seeds, cette charge ravageuse, au
son sali, prenait un tour quasiment épique et hypnotisant. Avec Cash, c'est la blessure de l'homme simple qui
est mise au jour ; la tragédie n'étant plus portée que par les brisures de cette voix fragile et bouleversante. Et si
l'on est à la première écoute désagréablement surpris par ce grand écart, on ne tarde pas à apprécier cette
reprise à sa juste valeur (d'ailleurs, Nick Cave dut l'apprécier aussi puisqu'il accepta de participer au volume
suivant des "American recordings" de Cash). "I see a darkness", une merveille de Will Oldham (qui chante avec
Cash sur le refrain), tirée de l'album du même nom, fait presque figure de passage de relais. Quant à la seconde
partie du disque, plus attendue de la part d'une légende de la musique country, elle apporte simplement la
preuve que les "vieilles" chansons de Cash, à peine rajeunies, passent encore fort bien la rampe.
Note : 4/6
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CASH (Johnny) : American IV: The man comes around
Chronique réalisée par Trimalcion
Au crépuscule de sa vie, tandis que la maladie le ronge inexorablement, Johnny Cash enregistre son tout
dernier disque, sans doute le plus terrible et le plus bouleversant. Des compositions impériales, une voix
brisée, un sentiment d'abandon. Jamais l'émotion n'aura été aussi palpable ; jamais l'humeur aussi sombre.
"The man comes around" est son véritable testament (le cinquième volume des "American", paru très
récemment et à titre posthume, n'est qu'une série de chutes de studio). Johnny Cash en est à ce point
conscient qu'il fait débuter son disque avec cette énorme chanson éponyme, qui cite en voix parlée des versets
de l'Apocalypse, et qui évoque le jugement de Dieu sur sa frêle créature. Après cette monstrueuse entrée en
matière, complet changement de registre : c'est l'émotion à vif, la blessure à fleur de peau, chantée comme
jamais, qui apparaît, et ce par le biais d'une reprise de... Nine Inch Nails : "Hurt" est tout simplement une
immense chanson. Enlevez-lui ses oripeaux indus, remplacez la voix de Trent Reznor par celle d'un Johnny
Cash au bord de la rupture : elle en prend une tout autre dimension, une tout autre force... Incroyable. Et
attention, toutes les reprises sont du même tonneau, avec des titres systématiquement transcendés par un
homme qui donne son chant du cygne : "Bridge over troubled water" de Simon & Garfunkel, "I hung my head"
de Sting. Ne brandissez pas les boucliers ! Johnny Cash se saisit de ces mélodies et en livre autant d'épures
bouleversantes. Même "In my life" des Beatles semble avoir, du tout au tout, changé de signification, passant
de l'enjouement de la version originale à un triste bilan de fin de vie (écoutez Cash chanter : "In my life, I love
you more" ! Ce n'est pas le même monde.) Les arrangements, qui s'enrichissent souvent d'un orgue
redoutablement efficace, sont au diapason. La plus grande surprise vient peut-être d'une reprise de Depeche
Mode, "Personal Jesus", qui pourtant s'intègre bien à l'humeur du moment. Et les reprises de standards folk ne
sont pas en reste : superbe la rengaine rageuse de "Sam Hall" ; superbe l'éloge funèbre de "Danny boy",
accompagnée de l'orgue seul ; superbe, ce "Desperado" désillusionné ; superbe la complainte de "Streets of
Laredo". Et puis il y a ce classique de Hank Williams, "I'm so lonesome I could cry", où Nick Cave vient prêter
son organe vocal. Parmi les compositions de Cash, outre l'énorme "The man comes around", "Give my love to
Rose" et "Tear stained letter" semblent porter un regard nostalgique et attendri sur un passé que l'on sait
révolu. Ultime pied-de-nez, c'est sur la reprise d'un classique de la variété américaine, gai et optimiste en
diable, très accrocheur et pour tout dire irrésistible lorsque les choeurs se joignent en fin de course, "We'll
meet again", que se conclut ce disque-épitaphe. Comme si Johnny Cash n'avait pas voulu rester pour toujours
seul et perclus dans les ténèbres, à l'image de cette terrible pochette. "We'll meet again, don't know where,
don't know when. But I know we'll meet again some sunny day..." À coup sûr, ce ne sera plus dans le monde
d'ici-bas...
Note : 5/6
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ARCANE : Alterstill
Chronique réalisée par Phaedream
Arcane est un projet musical indépendant à la carrière du compositeur de musique pour documentaires à la
BBC, et autres acabits, Paul Lawler. Réalisé en 2001, Alterstill profitait de la vague de succès que connaissaient
les 2 premières œuvres d’Arcane. Titre distribué de façon indépendante par Lawler Music, sa distribution fut à
courte échelle, de sorte que le titre fut vite écoulé. Synth Music Direct en a obtenu les droits et Alterstill est
maintenant disponible sur le catalogue New Harmony. Un opus qui semble être un gros titre concept, Alterstill
est plutôt un mélange de titres joués en concert au Jodrell Bank, pour les parties II et III, au Mount Festival pour
la partie V et des sessions d’enregistrements pour les parties I et IV. Et qu’est-ce que ce mélange donne? Tout
d’abord c’est de la Musique Électronique, style Berlin School aux harmonies très Tangerine Dreamienne,
notamment avec la présence de synthé aux allures symphoniques.
Alterstill est un cd très enjoué qui laisse peu de place aux longues quêtes ambiantes. C’est un opus solide qui
prend de la Berlin School que les longues nappes séquentielles soutenues par de solides percussions et des
synthés fort riches, tant en couleur qu’en pesanteur. Les parties I et III sont dynamiquement mélodieuses. Et la
mélodie n’est pas sacrifiée pour une absence de rythme. Non! C’est fondant, progressif et très animé,
notamment la partie III qui pourrait faire les frais de n’importe quelle compilation. Un gros refrain synthétique
qui danse sur des lignes nerveuses et un bon jeu de percussions. Imaginer une chanson dont les paroles sont
remplacées par des notes de synthé. Ici c’est identique. Paul Lawler réussi à harmoniser, sans paroles, une
chanson fort mélodieuse avec couplets et refrain. Le tout assaisonné de somptueux écarts de conduite du
synthé. Un peu comme une guitare qui insiste trop, sans tomber des les pièges du solo. Un excellent titre qui
fait taper du pied et hocher de la tête. Un bon moment dans la MÉ, tout genres confondus. La partie IV est un
autre titre au rythme puissamment langoureux qui opte pour une cadence à fond de train. Les parties II et V
sont des titres plus exploratoires avec une utilisation sulfureuse des synthés qui arborent des habits de flûtes
mellotronnées. De longs titres, qui permettent à Lawler d’explorer ses idées à fond, et qui progressent sur des
légers battements polyrythmiques, où mélodies croisent de superbes solos de synthé, soutenus par des
percussions qui, par moments, prennent des tangentes insoupçonnées. Alterstill est un bon cd de Musique
Électronique, genre Berlin School. À elle seule, la partie III risque de donner la piqûre, et ce sans amoindrir
l’impact créatif des autres parties. Un excellent cd pour initier les curieux, tant c'est rythmé et puissant. Disons
que je le classerais facilement dans le guide du débutant. Si l’expérience vous tente, il est disponible en ligne
sur le site de Synth Music Direct.
Note : 5/6
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NEW MODEL ARMY : The love of hopeless causes
Chronique réalisée par Twilight
Curieusement, j'avais longtemps négligé cet album, hypnotisé que j'étais par les excellents 'Thunder and
consolation' ou 'Ghost of Cain' et c'était une belle erreur car voilà un disque riche et très bien construit au
niveau mélodique. C'est vraiment du bon New Model Army, à la fois puissant et éléctrique mais également avec
une touche de sensibilité, exprimée notamment dans la mélancolie des claviers. Le chant passionné de Justin
se mêle à merveille aux textures où l'on décèle influences post punk goth, rock sombre et cette tentation
parfois folk au niveau de l'écriture si typique du groupe. New Model Army fait son truc et il fait de manière
inspirée, il suffit pour s'en convaincre de prêter une oreille à 'Here comes the war', 'Living in the rose' ou 'My
people'.
Note : 5/6
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SEELENKRANK : Engelsschrei
Chronique réalisée par Twilight
Au commencement de BlutEngel était Seelenkrank...C'est suite à quelques problèmes contractuels lors d'un
changement de label que Christian 'Chris' Pohl se verra contraint d'abandonner le nom. Artistiquement parlant,
on note du coup assez peu de changements par rapport à la musique des débuts de BlutEngel, une électro
froide et sèche, inspirée de l'EBM et de la techno, avec la touche de noirceur dark wave de rigueur. Si l'on fait
abstraction de l'artwork du livret (et son fatras de vampirisme/fétichisme à deux balles pour ados prépubères),
la musique tient bien la route. N'ayant pour l'heure pas cédé aux sirènes du fric, Chris sait encore composer
des morceaux dansants qui savent allier la froideur martiale du rythme avec de petites touches mélodiques
(notamment les excellents 'The perfect lie', 'Private joy', 'Meister der verbotennen Träume' ou 'Fehlfunktion'), la
voix déformée par les effets à un aspect glacé, même sur les chansons plus calmes ('Mistress of the dark') qui
accentue ce côté sombre et froid, un brin agressif parfois. Certes, on a bien quelques instrumentaux de
remplissage parfaitement inutiles ('Fetisch', 'Psycho control') et quelques ratages comme 'Leaving' (son
inspiration médiévalo-symphonique Bontempi) et 'In meinen Träume' (qui se veut le titre super émouvant de la
galette) mais qui ne nuisent gobalement pas à l'écoute d'un cd un peu long mais fleurant bon une dark wave
froide tels que les Allemands savaient nous en servir il y a quelques années.
Note : 3/6
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THE SMITHS : Meat is murder
Chronique réalisée par Twilight
'Meat is murder' est un album culte des Smiths, ça n'est pourtant pas leur meilleur, loin de là. Est-ce à cause du
slogan végétarien et de cette pochette, parfaite illustration à t-shirt ? Possible. Toujours est-il que si ce n'est
nullement le chef-d'oeuvre de la bande à Morrissey, il reste un bon disque, ne serait-ce que par l'excellent
morceau éponyme, surprenant et glauque avec son introduction de meuglements et de nappes basses avant de
poursuivre sur une sorte de valse funèbre purement mélancolique, une merveille. On peut aussi citer le très
bon 'Barbarism begins at home' avec ses suites d'accords un brin vicieuses et 'How soon is now'. Pour le reste
du disque, le feeling est là, le rythme aussi, l'alchimie entre rock sombre et new wave également. Le point faible
de 'Meat is murder' est son absence de titres réellement acrocheurs (en dehors de ceux cités) de la trempe de
'This charming man', 'There's a night that never goes out' ou 'Panic'. Si le chant de Morrissey fonctionne à
merveille, il manque tout de même cette flamme désenchantée et vénéneuse (encore que sur les deux dernières
chansons...) qu'on trouve sur d'autres disques. Ne me faîtes pas non plus dire ce que je n'ai pas dit, les Smiths
n'ont jamais enregistré de mauvais album, celui-ci n'échappe pas à la règle. C'est juste que de la part d'un
groupe aussi magique, on peine à se satisfaire de ce qui est juste bon.
Note : 4/6
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THROBBING GRISTLE : CD1
Chronique réalisée par Trimalcion
La musique de Throbbing Gristle, si l'on met de côté la dénonciation du caractère violent et inhumain de la
société qu'elle porte en elle, cherche à mettre en oeuvre des outils sonores nouveaux pour l'époque, avec cette
volonté d'expérimenter en concert, durant des performances plus ou moins improvisées, qui les fait se
rapprocher de l'univers de Can ; cette utillisation des premières machines, cette place laissée au hasard qui
fera fructifier la mise en sons de l'atmosphère du lieu et du moment, les raproche aussi des happenings de
John Cage (le fameux 4'33, où un acteur sort son instrument et ses partitions, puis les remballe et décide de ne
pas jouer) ; les moyens techniques, même s'ils sont encore à la traîne sur ce que pouvaient déployer, du fond
de leur laboratoire, les compositeurs contemporains "sérieux" familiers du medium électronique comme
Stockhausen, sont toutefois suffisants pour atteindre l'objectif que les premiers musiciens "industriels" se sont
fixés : le défi, l'instrumentalisation du medium musical pour aller vers autre chose, de plus sourd et de plus
profond : extirper péniblement l'inhumaine vérité du système, des ravages qu'il fait subir à la conscience
humaine. Art contemporain, courant punk nihiliste. Les performances publiques ont toujours constitué la
moëlle de l'art de Throbbing Gristle, dans la mesure où ce sont elles qui permettent de tester de la manière la
plus radicale et souvent la plus intenable les limites du spectateur (sonorités insupportables, images chocs...)
Sur disque, les témoignages sont nécessairement frustrants... même s'ils sont devenus nombreux, statut
"culte" du groupe aidant (il existe une box contenant 24 heures de musique de Throbbing Gristle en concert !
24 heures !) Sur le fond, que nous apporte ce disque sorti plusieurs années après la disparition du groupe ?
Pas grand-chose de nouveau, puisqu'il s'agit de la même expérience que celle de "Heathen earth" : une
prestation dans les conditions d'un live, mais enregistrée en studio pour bénéficier d'une meilleure qualité
technique. Sauf que celle-ci a été captée un an avant. A posteriori, après la sortie en 1979 de "20 jazz funk
greats", TG a-t-il préféré retenter l'expérience et laisser ce matériel-ci dans les cartons au profit d'un "Heathen
earth" qu'il jugeait plus abouti ? Je n'en sais rien. Si c'est le cas, cela montrerait une fois de plus que des
artistes peuvent être mauvais juges de leur propre création car ce "CD1" n'a rien à envier à "Heathen earth", ou
même à la plupart des titres de DOA (on est même un poil au-dessus) : mêmes ambiances crispantes et
névrotiques, mêmes montées insupportables d'adrénaline, un son particulier qui n'appartient qu'à eux...Une
bonne carte d'embarquement vers les contrées les plus sombres et effarantes de l'electro-indus des pionniers.
Dans le livret, chaque membre du groupe fait le point sur ce que cette musique a pu apporter de nouveau et de
régénerateur, et c'est fort intéressant. Haut-voltage...
Note : 4/6
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NEW MODEL ARMY : All of this - the 'live' rarities
Chronique réalisée par Twilight
Bien que non approuvée par le groupe, cette compilation live est pourtant un disque tout à fait digne d'intérêt.
Dans l'idée de base, tout d'abord, soit celle de présenter des morceaux moins courants sur les autres live ou
des chansons moins reconnues comme les hits marquants et pourtant de grande qualité, dans le packaging
ensuite imitant une boîte pour bande audio, et enfin, il donne à tous l'opportunité de posséder ces titres tous
extraits de faces B, de bonus vinyl, etc, bref des objets limités que le fan ne possède pas forcément. La qualité
sonore ? Rien à dire, elle est impeccable et très spontanée, j'entends par là qu'elle restitue New Model Army
dans sa sincérité avec Justin s'adressant au public notamment. Quel bonheur de vibrer sur la mélancolie
bluesy de 'A liberal education', la fougue roulante de 'The Hunt' (un morceau que j'apprécie énormément pour
ma part et trop peu présent sur les best of), la passion de 'Ambition' ou de l'excellent 'Betcha'. Ce n'est plus à
prouver, New Model Army est une formation taillée pour la scène, chaque enregistrement de qualité est donc un
achat qui se jusitife pleinement.
Note : 5/6
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THE PSYCHEDELIC FURS : All of this and nothing
Chronique réalisée par Twilight
En créant les Psychedelic Furs, les frères Butler avaient l'ambition d'expérimenter avec la liberté du
psychédélisme et la rage des débuts du punk rock. Mené par le plus charismatique d'entre eux, Richard (qui,
impressionné par une brève rencontre avec Andy Wharol, n'était pas loin de souhaiter développer quelque
chose de similaire au Velvet Underground), le groupe subira bien des déboires à ses débuts finissant par
trouver sa voie dans une new wave mâtinée de cold wave qui lui permettra d'écrire des chansons fabuleuses et
tordues avant de terminer sur des sonorités plus commerciales et de finir assez lamentablement leur carrière.
Qui se rappelle encore des Psychedelic Furs aujourd'hui ? Peu de gens, et souvent en se souvenant de 'Pretty
in pink', morceau figurant sur la B.O du film du même nom, et de loin pas leur meilleur. Heureusement, cette
compilation propose un large panel d'une carrière de plus de 12 ans. On y découvre un groupe intéressant,
oscillant entre les Cure, Echo and the Bunymen et Minimal Compact, proposant une musique en demi-teinte,
plus perverse qu'elle ne le semble à première écoute. Soyons juste, les mélodies sont bonnes mais tout leur
charme vénéneux vient en grande partie du talent de Richard Butler et de son chant rocailleux. De la passion,
une forme de désenchantement lumineux et écorché typique des meilleurs groupes new wave des 80's ('Love
my way' et ses claviers magiques, l'excellent 'No easy street'), avec des touches plus sombres ('Sister Europe'
et sa rythmique lancinante, 'Imitation of Christ' ou encore 'President Gas'), voilà le son de la bonne période des
Psychedelic furs qui dévoilent un son nettement moins coloré que ne le laissait présager leur nom. Hélas, si le
charme opère très clairement sur la première partie de leur carrière, la seconde moitié des 80's se révèle moins
féconde en bonnes choses. Les rythmiques subissent clairement la production de ces années, le saxo qui au
début fleurait bon les relents punkoides se met à sonner de plus en plus variétoche et si 'Pretty in pink' fait
encore illusion avec son refrain martelant, 'The ghost in you' et ses horribles claviers 80's, 'Heaven' ou
'Heartbreak beat' peinturluré d'insupprotables cuivres ne parviennent pas à dissimuler un net déclin au niveau
de l'inspiration; les mélodies ont perdu leur noirceur introvertie. Même le timbre fatigué de Richard sonne sans
conviction. N'en demeure pas moins que cette compilation propose une excellente rétrospective de
quelques-uns des joyaux d'une formation qui n'eût-elle cédé au dernier moment aux sirènes de la popularité
aurait pu devenir 100% culte.4,5/6
Note : 4/6
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ARCANE : Gather Darkness
Chronique réalisée par Phaedream
Selon la légende, Arcane aurait vu le jour lors d’une froide soirée hivernale de 1970 à Dusseldorf. Le réalisateur
de film expérimental Gerhard Shreck et l’auteur d’œuvres de science fiction Max Richter composent de la
musique de film dans un sous-sol froid et humide. Ils travaillent avec de l’équipement analogue et la majorité de
cet équipement est construite par Shreck. Un 3ième membre se greffe au duo en 1973, Hans-Ulrich Buchloh
disciple de la philosophie Stockhausen. Ensemble ils ont assez de matériel pour réaliser un 1ier album,
Alterstill, qui sera ré édité une 1ière fois en 2001 et une 2ième, en 2006. Ce premier opus d'improvisations
électroniques reçoit les éloges de la presse, mais est ignoré du grand public. Le trio gagne en popularité avec
la parution de leur 2ième album, Teach Yourself to Crash Cars en 1976. Une tournée Européenne s’ensuit.
Arcane se produit dans des petits clubs. Les amateurs sont enthousiasmes devant ce nouveau trio qui joue de
la musique hautement atmosphérique aux effluves rythmiques de Tangerine Dream, mais avec une sonorité
plus sombre, plus ténébreuse. Le nom circule. Arcane est sur toutes les lèvres. La réputation du trio dépasse
les frontières Européennes. Alors que le groupe trône au sommet en 1977, et qu’il est reconnu
internationalement, une tragédie secoue le monde bien obscur d’Arcane. Max Richter est retrouvé mort dans
une chambre d’hôtel de Budapest. Le verdict du coroner est stupéfiant, Richter s’est donné la mort par
immolation. Sous le choc, les nombreux fans, ainsi que plusieurs médias doutent de cette possibilité. Après
tout Richter était un étrange, qui avait ses idées bien arrêtées et qui fricotait avec du drôle de monde. D’autres
versions circulent, alimentant encore plus la légende. Richter aurait été assassiné à cause de ses orientations
et allégeances politiques, ou autres obscures raisons. Incapable de poursuivre plus loin, Shreck et Buchloh
abandonnent leurs carrières musicales. Quelques 20 ans plus tard et afin d’honorer la mémoire de Max Richter,
Arcane reprend vie. Produit avec un sens profond de respect pour leur compatriote disparu, Gather Darkness
reprend les mêmes lignes séquentielles sombres et intrigantes qui ont fait les délices des premiers adeptes de
ce groupe culte. Des lignes qui roulent sur elles mêmes, en harmonies avec de longues tirades répétitives et
hypnotiques. Gather Darkness est un rassemblement obscur où Shreck et Buchloh emprunte les mêmes
souffles analogues des années 70. Un croisement entre les rythmes soutenus par des percussions et des
basses séquentielles. Des sphères musicales rondes qui épousent des cadences aux ambiances torturées par
des mellotrons aux saveurs de flûtes et aux effluves de trompettes. Fortement influencé par Tangerine Dream,
les amateurs de Musique Électronique, genre Berlin School, aux grosses séquences synthétiques vaporeuses,
aux modes pulsatifs minimalistes seront au 7ième ciel. Et, quand vos oreilles auront croisés l’excroissance
musicale d’Encore sur Time Will Run Back, vous aurez compris qu’Arcane est entré, et avec raison, dans la
légende par la grande porte. Évidemment, nous sommes en 2006 et le mythe d’Arcane a été maintes fois revu,
remâché et corrigé. Selon des preuves amassées ici et là, Arcane ne serait qu’un seul individu; Paul Lawler.
Une histoire à suivre.
Note : 4/6
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ARCANE : Future Wreck
Chronique réalisée par Phaedream
Ce 2ième opus d’Arcane cultive encore plus le mythe derrière l’histoire. Sur l’endos de la pochette, on y
aperçoit 3 visages, enfonçant encore plus l’histoire…ou la légende. Est-ce qu’Arcane est vraiment un trio?
Quelle est la vraie histoire derrière Arcane? Mythe ou réalité? Est-ce qu’Arcane serait l’incarnation du Rêve
Mandarin qui a connu une première mortalité suite au départ de Baumann en 1977? Une chose est certaine, en
fait plutôt deux choses sont certaines. Primo; Paul Lawler a capté l’imaginaire de bien des gens lors de cet
immense canular suite au lancement du premier opus d’Arcane (Gather Darkness) et, secundo; la musique
d’Arcane, tout comme l’histoire de Tangerine Dream d’ailleurs, est plus mythique que conforme à la genèse
musicale du Rêve Mandarin. Prenons Future Wreck. L’intro y est très sulfureux, avec des chœurs spectraux aux
airs graves et sombres. Une atmosphère plus lugubre que dégageait le très obscur Phaedra. Une bonne ligne
de basse circule parmi ses abstrus effets sonores, dont des flûtes mellotronnées aux différentes couleurs de
ténèbres ambiants. Au travers cette étrange course atmosphérique l’épave se promène comme un lycanthrope
peut errer dans une forêt dense. Déjà surchargés, les ambiances se multiplient avec l’arrivée d’une autre
couche synthétique ornée de légères et très discrètes percussions. La bête s’arrête, reprend son souffle et
regarde. Par petits pas elle s’amène, lorgnant ses airs avec malice. Une flûte à la main, elle appelle au renfort.
Les premières notes arrivent et c’est l’explosion. Sur un rythme pesant, Future Wreck s’anime avec ses cris de
cors et ses strates synthétiques aux lourdeurs conjoncturelles sur une bonne batterie qui frappe avec
insistance. La ressemblance avec le Rêve Mandarin est étonnante, surtout avec l’aspect symphonique des
synthétiseurs.
Les Mangeurs de Plastiques offrent un début atmosphérique assez sombre. Une fine ligne de basse circule
parmi des effets sonores épars, dont une ligne métallique qui émane un étrange son froid sur des notes qui
klaxonnent leur impatience. Une douce ligne synthétique s’anime avec quelques riffs et des notes à la Tangram
mettent la table à une ligne plus animée. The Plastic Eaters exploite des rythmes variés aux essences très
mélodieuses. On se ferme les yeux et on croirait entendre une extension de Tangram.
The Visible Empty Man utilise les mêmes sentiers musicaux. Intro ambiante avec des notes, oubliées en
Pologne en 1983, qui progresse lentement et amasse des strates atmosphériques plus animées avec
l’utilisation des mellotron en mode trompettes. Une autre ligne séquentielle s’ajoute avec des percussions
électroniques plus animées et le rythme s’installe avec finesse et aux différents virages musicaux qui
croiseront des temps plus débridés, comme plus reposés. Planet of the Blind est la pièce la plus courte. Donc,
elle ne perd pas de temps. Après un doux intro mellotronné suavement, une ligne pulsative se promène,
accotée par des notes pesantes et circulaires. Le rythme s’anime grassement et entame une mélodie aux
progressions étonnantes qui vrillent autour d’imposants clins d’œil musicaux aux différentes séquences et
harmonies que l’on retrouve sur Tangram de Tangerine Dream. Future Wreck d’Arcane est une imposante
oeuvre. Plus de 60 minutes de Musique Électronique aux essences de la Berlin School. Un croisement parfait
entre les rythmes et les ambiances sur une approche plus sombre, plus ténébreuse qui plaira aux amateurs de
musique exploratoire et obscure. Et Arcane n’est l’histoire d’un seul homme. Un homme à l’imagination aussi
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débordante que ses talents de compositeur et d’arrangeur, Paul Lawler. Et que tombe le rideau…
Note : 4/6
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CLANDESTINE BLAZE : Fire burns in our hearts
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Premier album de Clandestine Blaze, ce "Fire burns in our hearts" présente un black metal total à la production
extrêmement crue et volontairement dégueulasse. Le groupe finnois est très violent musicalement sur ce
premier titre qui sonne très brutal black metal et blast beats à fond la caisse. "Anti-Christian warfare" présente
la facette du groupe que j'affectionne le plus de Clandestine Blaze, à savoir un black metal mid-tempo vicieux,
qui fonctionne sur l'atmosphère, un ou deux riffs lancinants répétés au sein d'un même titre et les vocaux
rapeux de Mikko Aspa. "Fire burns in our hearts" est construit sur une alternance entre titres violents avec
batterie rapide ("Clandestine Blaze", "Native resistance") et morceaux plus mid-tempo, généralement plus
longs et que je trouve plus efficaces ("Anti-Christian warfare", "Children of God"). Les deux derniers titres
répondent moins à cette règle, nous présentant un Clandestine Blaze direct mais moins bourrin avec un "Killing
the waste flesh" pouvant rappeler Darkthrone et un dantesque "Icons of torture" au riff excellent pour finir. La
production en rebutera probablement certains, le rendu sonore est assez sourd et sans relief, les guitares très
saturées et le chant est un cri de torture sans fin. Un bon premier album de Clandestine Blaze, pas mon favori
du groupe, mais un fier assaut de black metal dur sur l'homme.
Note : 4/6
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CLANDESTINE BLAZE : Night of the unholy flames
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Successeur d'un "Fire burns in our hearts" en guise de bon premier essai, ce "Night of the unholy flames"
emmène l'ensemble beaucoup plus loin. Tout d'abord, il est la preuve qu'on peut sonner plus sale en ayant une
meilleure production. Ce second album bénéficie d'une meilleur production que "Fire burns in our hearts",
pourtant, il sonne plus crade et plus vicieux encore. Les vocaux ont un traitement bien supérieur à ceux que
l'on pouvait entendre sur le premier album, ils sortent des tripes du braillard et sonnent globalement plus
graves et envoutants. "Chambers", le premier morceau du disque, devrait vous convaincre d'emblée des
progrès réalisés par le groupe, aussi bien au niveau de la production qui est parfaite pour ce type de musique,
que de la composition globalement plus efficace. "Cross of the black steel" présente un riff qui pourrait bien
être tiré d'un album de funeral doom (voir Stabat Mater, dont Mikko Aspa est le seul maître à bord), un morceau
lent dans lequel l'auditeur s'embourbe sans échappatoire possible. Le titre éponyme est tout simplement
dantesque, à l'image de "Chambers", deux titres qui font bloc et imposent un Clandestine Blaze qui se complait
dans la fange, la haine de l'humanité et la pulsion de mort. Le batteur ne fait pas preuve de beaucoup de variété
dans son jeu, c'est probablement voulu afin de conférer une impression de monotonie et de stagnation à
l'ensemble. Paradoxalement, "There's nothing..." présente un Clandestine Blaze plus vivant et varié au niveau
des tempos quoique toujours aussi basique dans les riffs. "Future lies in hands of the strong" clôt l'album sur
une note toujours aussi obscure avec quelques cris de mourant. Clandestine Blaze accouche dans la douleur
d'une ode à la négativité, la noirceur, la colère, la frustration et la haine. Une excellente pièce belliqueuse,
extrême et jusqu'au-boutiste.
Note : 5/6
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CLANDESTINE BLAZE/ DEATHSPELL OMEGA : split album
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Une collaboration qui s'annonce intéressante sur le papier et qui se confirme une fois la galette assimilée. Pas
d'évolution au niveau du style pratiqué par Clandestine Blaze, mais une création qui globalement se bonifie
avec le temps et l'expérience. D'un "Will to kill" fangeux qui aurait eu sa place sur "Night of the unholy flames",
en passant par un "Blasphemous Lust" punk et simpliste dans l'esprit, un "Raping the innocent " doté d'un riff
d'introduction énorme , pour finir sur le néant total avec "Genocide operation", Clandestine Blaze enfonce le
clou après des réalisations précédentes réussies. Un projet qui est bel et bien une valeur sûre du black metal
contemporain. Les trois titres qui suivent sont la dernière apparition du Deathspell Omega avec Shaxul, période
du groupe que je préfère. On notera au passage que les paroles de DSO dans le livret du cd ont été rayés pour
les rendre illisibles, comme si on en avait honte ou qu'on voulait faire table rase d'un certain passé.
Musicalement, cette partie Deathspell Omega est énorme en tout point. Un black metal avec des riffs acérés qui
font mouche à chaque occasion, une inspiration musicale indéniable et un certain talent dans l'interprétation.
Trois titres bien longs qui présentent un Deathspell Omega musicalement annonciateur du chef d'oeuvre
"Inquisitors of Satan", inimitable voire unique. Ce disque est probablement un des meilleurs splits qu'il m'ait
été donné d'écouter jusqu'ici, voire le meilleur, tant les deux groupes excellent dans un art qui leur est propre et
qui finalement se complètent à merveille, on passe d'un Clandestine Blaze extrême et froid à un Deathspell
Omega talentueux et efficace. Une réussite énorme. Indispensable!
Note : 6/6
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ATARAXIA : Sueños
Chronique réalisée par Twilight
Je l'aime un peu, beaucoup...oui, c'est ça, ce disque, je l'aime beaucoup...un peu moins en fait, mais...Pour faire
court, 'Suenos' se découpe en trois parties distinctes de quatre morceaux chacune. La première d'entre elle,
'Eco promitto Domino', est plutôt rythmée et riche en inspirations médivalo-folk ('Saderaladon', 'Belle Jolande'
ou 'Il bagatto')) avec des touches orientales de fort bon aloi. La seconde, 'L'âme d'eau' débute curieusement sur
une atmosphère de cabaret/taverne pour guitare sèche et accordéon ('Mon âme sorcière') pour enchaîner sur
des plages plus calmes telles qu'en raffole Ataraxia, toutes en nappes de synthé et guitares classiques; c'est
beau, mélancolique, profond ('Mnemosine'). C'est sur la troisième, 'Sandy dunes', que je suis plus mitigé. On
oscille entre le très bon (le très martial et grandiloquent 'Funeral in Dacta') et l'ennuyeux ('The corals of Aqaba')
et le moyen ('Nemrut Dagi' qui renoue avec les ambiances des débuts du groupe). Bon, le problème est que le
style Ataraxia, on commence à le connaître et les structures offrent de moins en moins de surprises malgré une
qualité d'écriture certaine. D'un autre côté, les mélodies sont efficaces et après un 'Lost Atlantis' mou et
ennuyeux, les rythmes et les touches symphoniques de ce 'Suenos' sont plutôt bienvenues.
Note : 4/6
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ORBITAL : In sides
Chronique réalisée par dariev stands
Considérés comme des vétérans de la scène Acid House à la sortie de ce disque, les frères Hartnoll avaient
pourtant déjà à l’époque un parcours plutôt enviable derrière eux… Après le carton de singles comme « Chime
» dans une Angleterre en ébullition découvrant la House, le groupe s’est progressivement dégagé de bien des
carcans musicaux dans lesquels on aurait pu les enfermer. Conservant l’euphorie des années rave tout en se
détachant du phénomène de mode, Orbital a glissé, lentement, au fil des albums, vers une musique de plus en
plus sophistiquée et de moins en moins dancefloor, sans pour autant signer sur Warp, traçant une route aussi
dangereuse que singulière. « In Sides » constitue l’aboutissement de leur évolution. Il est l’œuvre la plus
réussie du duo, après laquelle ils s’enliseront dans une suite de disques nettement moins intéressants qui
récolteront force moqueries et critiques du public. Bien peu de groupes les ont suivis sur ce terrain glissant…
Du coup, on tient là un chef d’œuvre isolé de la techno, le plus souvent mésestimé, et parfois même accusé de
lorgner vers une house « progressive » !! La longueur des morceaux et le fait que certains soient organisés en
diptyque n’y est pas pour rien, sans doute… Mais cette appellation fallacieuse est encore trop restreinte pour
décrire « In Sides ». En effet, plutot que de House, il convient ici de parler de « musique électronique », point
barre. Orbital fabrique une techno libre, ambitieuse, lunaire et dénuée de samples. Sur « In Sides », le pari a
visiblement été fait de réaliser l’album quasiment en autarcie, sans paroles, et avec une conscience politique
s’il vous plaît. En effet, en bons militants écolos qu’ils étaient, Orbital rappelle que « The Girl With The Sun In
Her Head », la magnifique entrée en matière au son imitant celui d’un orgue Hammond, a été symboliquement
enregistrée grace à l’énergie solaire. On imagine les frères Hartnoll, enfermés dans leur bunker-studio orné de
panneaux solaires, coupés du monde, bricolant cette perle de house bizarre et colorée, indescriptible (on a
même parlé de « neo techno ») de dix minutes… La pochette au goût surréaliste de John Greenwood illustre
parfaitement cette musique fantasque et non-linéaire, et surtout mille fois plus inventive qu’une bonne partie de
la scène electronica… Combien de disques peuvent se targuer de nous embarquer si loin, si aisément ? « In
sides » (décrit par le groupe comme « Six unrelated sound scenarios ») se laisse apprivoiser dès les premières
écoutes, pour ne plus nous lâcher, à l’image de ce « The Box » (inspiré par John Barry), rubix-cube musical qui
happe l’auditeur dans un tourbillon de sons sans fin, une infernale ritournelle à ne pas écouter dans toutes les
conditions, si vous voulez mon avis. En bien des points, Orbital était à la techno ce que Tool est au metal…
Univers torturé, morceaux épiques et complexes, et cette petite touche cérébrale et parfois effrayante… Tout y
est. « Dŵr Budr » - « Dirty water » en gallois - prend également les chemins de traverse puisque le
morceau commence dans une tranquille digression aquatique pour muer en percus tribales. Le tout sur un beat
emprunté au « Planet Rock » d’Afrika Bambaataa. « P.E.T.R.O.L. » (encore une référence à la pollution et aux
marées noires ?) renoue avec la dance mais pas avec l’académisme. Les ruades psychédéliques des beats
jonglent entre les deux baffles, et la cadence effrénée (pourtant les BPM restent soft) emprunte à la Drum &
Bass. Chose amusante, ce titre a été écrit à l’origine pour le jeu « WipeOut » (dont la B.O. est tout à fait
recommandable) ! « Out There Somewhere », séparé en deux parties de plus de 10 minutes chacune, s’étire
dans des contorsions fantasmagoriques, accompagnées de sons de cris de baleine et de bips futuristes, le tout
posé sur un beat pratiquement mid-tempo, sans basses. Vous l’aurez compris, « In Sides » est un joyau, un
disque quasiment parfait, agencé comme un album du Floyd, sans compromis ; ce qui obligera d’ailleurs leur
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maison de disques a inventer un nouveau format de vinyle hybride pour contenir tout l’album sur 3 disques (si
si !).
Note : 6/6
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REMY : Sense
Chronique réalisée par Phaedream
Il n’y a pas grand monde qui ait encore parlé de ce nouvel album de Remy, peut-être parce qu'il est différent et
que l'on ne sait pas comment l'aborder.Pourtant Remy est un nom qui circule facilement dans les sphères de la
Musique Électronique, genre Berlin School. En fait, Remy est sans doute l’artiste qui se rapproche le plus du
style de Klaus Schulze. Il aime explorer et peaufiner ses longues compositions. Jouant sur les rythmes, les
atmosphères et les multiples couches synthétiques. On disait de Sense qu’il aurait un style différent. C’est
donc avec un certain empressement que j’avais hâte de l’entendre. J’étais surtout impatient d’entendre ce qui
s’annonçait comme étant différent.
Being démarre bien. L’ambiance est intime. Un doux piano et un violoncelle se font la cour sur une trame
mélodramatique. Un peu comme un générique de film, les notes coulent avec beauté et se fondent en une belle
mélodie sombre. C’est avec Destination que l’on peut saisir le sens de différent. Après un début atmosphérique
assez étrange, où on a l’impression que des billes flottent en apesanteur sur d’épaisse couche synthétique, les
sons se distordent et font place au violoncelle qui se brouille sur des voix fantomatiques. Ses voix chantent
sans vraiment chanter. Le violoncelle frotte sans vraiment frotter. On a l’impression de flotter dans un monde
irréel. Tranquillement, des notes se joignent et forment un genre de beat ‘’funky bass’’ bien étouffé. Ce
mouvement est drapé d’une onde synthétique qui donne une épaisse couche sonore à un tourbillon musical qui
prend graduellement forme. Une cadence zombiesque, inondée de strates synthétiques assez intenses, inonde
les hauts parleurs, faisant oublier cette intro assez déroutante. Dès cet instant, Destination crache un rythme
soutenu inondé par des synthétiseurs enveloppants, dont fusent d’admirables et percutants solos. Un moment
de culture qui demande une grande ouverture, mais qui en vaut totalement la peine. Mais, avisez vos voisins,
car certains pourraient en être inquiétés.
Après un titre aussi déroutant, Behaviour fait figure d’enfant pauvre. Un beau mellotron couvre les atmosphères
d’une belle strate de chœurs synthétiques sur les crachats de fumée à la Blade Runner. Une plage sombre qui
est inondée d’effets sonores qui faisaient les délices de Schulze dans les années 70. Maze me rappelle les
étranges collaborations entre Klaus Schulze et Arthur Brown. Ici c’est entre Remy et Mattie, un artiste alors
inconnu pour moi, que ça se passe. Sur de beaux arrangements aux effluves d’un violoncelle, Mattie explique la
pression et les pièges du labyrinthe. La musique est superbe et reflète à la perfection les angoisses d’être piègé
dans des couloirs sans fins. On y est, on sent ces couloirs, tant la musique est réaliste. Une superbe trame
angoissante, digne d’un film à hautes émotions. Cet atmosphère hypnotique nous fige jusqu’à que le
violoncelle se mette à trébucher et à cet instant la batterie embarque, propulsant Maze dans une direction
musicale plus cadencé. Le violoncelle se métamorphose en violon et c’est la course effrénée entre les
percussions, qui cognent avec précision et férocité, et le violon qui chauffe les cordes avec force et agilité. Ce
beau concept se dessine sur une basse superbement efficace et de gros solos de synthé. Un titre hautement
travaillé. Un grand moment qui semblait pourtant assez banal. Mortality est la pièce sur Sense. Continuant sur
les arrangements de violoncelle qui terminait Maze, Mortality avance dans un couloir étroit où la froideur se
réchauffe sur une fine ligne synthétique qui se berce aux grées des illusions perdues. Un titre intense qui abrite
des chœurs discrets et qui dérive sur une ligne plus animée. Et on ne peut faire autrement que de dresser un
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parallèle avec la sinueuse et sensuelle ligne qui faisait les charmes de Body Love, de Schulze, avec batterie
méthodique en plus. Un autre bon titre sur Sense. Ce dernier opus de Remy se termine dans les vocalises de
Mattie. Deja Vu est un titre sans rythme qui vrille sur d’immenses strates synthétiques et les voix mi-humaines
et mi-droïdes de Mattie. La musique est somptueusement dense, et la présence de Mattie ajoute un élément
intriguant. Il joue avec sa voix, comme un instrumentiste, passant d’un timbre suave à la Bowie, aux intonations
ténébreuses à la Zombie. Différent Sense? Oui si on considère l’évolution ou les déviations de son propre style
comme étant différente. Pour moi c’est du Remy. Un artiste qui marche sur les traces de son inspiration à
merveille. Comme Schulze, il sort des sentiers de la musique programmée pour offrir une oeuvre plus
personnelle et plus intense. Des titres comme Destination et Maze débordent d’intelligence et d’audace. Sense
de Remy s’adresse à un public plus averti. Un public qui n’a pas peur de se frotter les oreilles à une musique
plus avant-gardiste. De la Musique Électronique, style Berlin School, mais extrêmement plus progressive. Moi,
j'en suis accord accro, mais il m'a fallu quelques écoutes. N'est-ce pas la caractéristique d'un trait de génie?
D'une oeuvre remarquable?
Note : 5/6
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BASTIEN (Pierre) : Pop
Chronique réalisée par Trimalcion
Pop ! Dire que je m'imaginais déjà Pierre Bastien et son mecanium reprendre quelques tubes des Beatles... J'en
fus pour mes frais. Peu importe, "Pop" est du pur Pierre Bastien, et c'est déjà énorme. L'homme est seul autour
de son arsenal d'instruments mécanisés, refabriqués entièrement par ses soins. Il faut voir ça : un rouleau
cranté qui tourne sur lui-même (actionné par un moteur) pour toucher régulièrement les touches d'un clavier,
un luth dont les cordes sont pincées par une sorte de grue en mécano, des instruments à percussion actionnés
par un invraisemblable fatras de poulis et de cables. Mettez le machin en branle, et vous obtiendrez une trame
rythmique aussi exotique qu'improbable, aussi répétitive qu'absorbante. Peu de compositeurs parviennent à
être à ce point originaux, à se créer ainsi une telle poétique sonore. Sur le continuum machinal (rehaussé
d'échantillons qui s'y fondent miraculeusement), Pierre Bastien joue ses petits motifs à la trompe, à la
trompette, à l'orgue... Parfois, il se contente d'enclencher ou d'arrêter ses instruments, de manière plus ou
moins aléatoire, tel un Ligeti faisant joujou avec ses métronomes. Comparé à l'historique "Musiques
machinales", "Pop" s'avère nettement moins typé jazz ou world music. Ça n'a rien de pop non plus, bien
évidemment (quoique...) Fascinant toujours, mais intransigeant, plus sec, plus minimaliste dans son approche
du son et dans ses structures, l'album fait naviguer l'auditeur dans un monde qui se rapproche davantage de
l'abstraction musicale. Peut-être pas le vecteur idéal pour découvrir l'univers du compositeur, donc (bien que
des morceaux comme "Tut", par exemple, ou le sensuel "Eke", fassent vraiment tout basculer). Mais c'est un
disque de Pierre Bastien...
Note : 4/6
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ZORN (John) : The circle maker
Chronique réalisée par Progmonster
Pour en finir avec John Zorn, et si ce n'a déjà été fait, mettons les points sur les i : malgré la quantité
faramineuse de disques qu'il a produit, enregistré et/ou distribué, pour la postérité, on ne retiendra de lui que
trois choses : la création de son label Tzadik, l'expérience Naked City et, enfin, sans doute le plus beau de tous,
Masada, au coeur même de son oeuvre. Oui, j'écarte volontairement Painkiller ; pour vos remarques d'insultes,
l'espace "Vos commentaires" vous attend ci-dessous. Car, je persiste et signe, s'il ne fallait en retenir qu'un,
Masada s'imposerait sans contestations possibles car il n'existe aucun autre projet à mon humble avis qui soit
parvenu, comme celui-ci, à synthétiser de manière aussi remarquable et nuancée l'aspect multiple de l'artiste.
Masada s'est depuis décliné (dispersé ?) en des tas d'autres versions, notamment une électrique qui a fait
s'user beaucoup de touches de clavier encore tout récemment sur nos pages, apportant chacunes un éclairage
nouveau sur un répertoire tout simplement exceptionnel. Dans l'exercice de l'écrit, avec Masada, John Zorn a
su rester simple. C'est une qualité rare que le saxophoniste est heureusement parvenu à conserver ici malgré
une carrière en tous points portée sur l'excès. En guise de relecture, souvenez-vous, il y eut déjà le très bon
"Bar Kokhba" en 1996. "The Circle Maker", autre double album qui le suit de peu, affine le concept en
consacrant chacun des deux disques à une formation bien précise ; sur le premier volume intitulé "Issachar",
évolue le Masada String Trio constitué de Greg Cohen, Mark Feldman et Erik Friedlander. On y retrouve
fatalement les aspirations contemporaines du compositeur servi par une interprétation fantastique de retenue
et d'intuitivité. "Zevulum", le second volume, introduit le Bar Kokhba Sextet, doublant le nombre de participants
du Masada String Trio en leur adjoignant les services de Cyro Baptista, Joey Baron et Marc Ribot. Comme vous
pouvez le voir, peu à peu, l'Electric Masada prend forme mais attention, il n'est nul question ici de folie furieuse.
Aussi mesuré que le Masada String Trio, le Bar Kokhba Sextet apporte une touche plus exotique à l'ensemble,
rappelant étonnamment par endroits les musiques de film de Lalo Schiffrin. Le bruit n'est pas une fin en soi non
plus. Grâce aux perspectives complémentaires qu'il propose, "The Circle Maker" s'avère être une oeuvre d'un
raffinement prodigieux et, en ce qui me concerne, une des pièces maîtresses du catalogue Tzadik.
Note : 6/6
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RABBINICAL SCHOOL DROPOUTS : Cosmic tree
Chronique réalisée par Progmonster
Après Natfule's Dream, peu avant Koby Israelite, voici que nous arrive sur un plateau d'argent les Rabbinical
School Dropouts. C'est presque devenu une tradition depuis les Klezmatics que d'aborder la musique klezmer
sous un angle post-moderne, plus audacieux, en accord avec son temps sans pour autant rejeter son essence
même. Le trio des frères Friedmann a bien compris cela et nous propose sa vision des choses, éclatée mais
toujours généreuse. Par rapport aux artistes que je citais en tout début de chronique, il me semble que ce large
ensemble de dix musiciens a plus d'atouts en mains pour séduire sans efforts. C'est dans la bonne humeur
qu'ils viennent décrisper les tensions véhiculées généralement par ce genre de musique, son sens aigu de la
dramaturgie aussi, dans une débauche d'énergie et d'idées parfois saugrenues qui souvent s'avèrent payantes.
Rien de vraiment extrême à signaler, les Rabbinical School Dropouts ne sont pas du genre à opérer des
changements radicaux à 180° ; leur musique toujours entraînante trouvera à coup sûr oreilles réceptives auprès
de ceux qui continuent d'apprécier à leur juste valeur le Kocani Orkestar, Taraf des Haïdouks ou encore la
musique de Goran Bregovic, autrement dit celle de fanfares bigarrées qui célèbrent la vie dans un feu d'artifice
exaltant qui semble ne jamais vouloir finir. Imaginez la teuf d'enfer aux Bar Mitzvahs ! Alcool, cotillons et
confettis toute la soirée... Et pour l'aspect sombre et expérimental me direz-vous ? Eh bien, ma foi, c'est vrai
que le relatif optimisme qui se dégage de "Cosmic Tree", brûlant comme le soleil de juillet, pourra difficilement
faire croire à qui que ce soit qu'il reste encore un quelconque résidu de ces deux fameux adjectifs. Cela reste
de la très bonne musique, et puisqu'on la trouve sur un label qui intéresse beaucoup de monde, il me semblait
évident d'en parler. Après, à chacun de trouver son bonheur. Et pour moi, le choix est fait.
Note : 3/6
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PEROWSKY (Ben) : Camp songs
Chronique réalisée par Progmonster
Une fois n'est pas coutume, cette publication de la série "Radical Jewish Culture" s'écarte de sa ligne de
conduite qui frise parfois le pléonasme. "Camp Songs", je vous le dit tout de suite, c'est du jazz moderne, ni
plus ni moins. Merci. Au revoir... Le prétexte ici - et qui par ailleurs explique le titre donné à l'album - était
d'adapter une petite dizaine de mélodies apprises en leur temps par Perowsky en colonnie de vacances.
Évoluant en trio (dans un esprit pas loin de celui de Keith Jarrett dans pareille circonstance) en compagnie de
Drew Gress et l'excellent Uri Caine au piano, c'est en discutant avec ce dernier lors de différentes tournées
qu'ils prirent tous deux conscience qu'ils avaient ce socle là aussi en commun. Rien d'enfantin vraiment dans
ces titres complètement transfigurés. C'est bien simple ; si rien de tel n'avait été mentionné, on aurait bien été
incapable de le deviner ! Dans le lot, Ben Perowsky place tout de même deux compositions de son cru, "Mess
Hall" et surtout "Ashen", exercice sur sable mouvant, cousin éloigné des abstractions délicieuses du "Life
Time" de Tony Williams, pas le groupe, l'album Blue Note de 1964. L'autre surprise est la participation active
sur le lunaire "Birkat Hamazon" de Oren Bloedow et Jennifer Charles, l'âme jumelle de Elysian Fields, dont
Perowsky a pendant longtemps été le batteur, ceci expliquant très certainement cela. Lunaire parce que le
chant du duo semble provenir d'une autre planète pendant que le trio joue sur un pattern rythmique qui n'est
pas sans rappeler les touches impressionistes des tous premiers Weather Report. "Camp Songs" n'est pas de
ces albums qu'il faut absolument avoir écouté mais sa touchante ingénuité laissera d'agréables souvenirs à
ceux qui feront tout de même l'effort de lui consacrer quarante-cinq petites minutes de leur si précieuse vie.
Note : 4/6
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ISRAELITE (Koby) : Dance of the idiots
Chronique réalisée par Progmonster
Malgré leurs prix de plus en plus exorbitants - j'insiste - il faut reconnaître que les gars de chez Tzadik savent
très bien comment emballer leur came. Au sujet de Koby Israelite, voici ce que l'on peut lire à peu de choses
près : "Aussi complexe et talentueux que Naked City, Frank Zappa ou Mr.Bungle, cet album est une exploration
passionante de l'expérience juive." Rien que ça. La suite de l'histoire, on l'a déjà tous expérimenté ; on a le
disque convoité entre nos mains, on le retourne dans tous les sens, on relit par deux fois les notes de pochette,
on se dit que merde, celui-là, il nous le faut. Pris de sueurs, on passe tout de même à la caisse avec un noeud
aux tripes, on allonge les quelques 25 euros qu'il faut pouvoir débourser pour acquérir l'objet et on repart avec
un sentiment partagé entre satisfaction et culpabilité. L'arnaque du prix se fera-t-elle détrôner par l'arnaque du
produit en lui-même ? Par chance, non. Mais en usant à tort et à travers de références aussi intouchables dans
le firmament des artistes qui comptent, la déception ne pouvait que surgir tôt ou tard. Le travail du
multi-instrumentiste reste impressionant quoi qu'on en dise, et sa faculté à aborder des tas de styles différents,
du hard au klezmer, de la musette au lounge, du tango au surf, du jazz à la world music, prouve en effet qu'on
ne nous a pas menti sur la marchandise. Cependant, à l'instar d'un groupe comme Estradasphere, "Dance of
The Idiots" enchaîne douze plages aux univers distincts si bien que l'interpénétration fictive de ces différentes
approches ne pourra jamais se produire, chacune veillant à ne jamais se retrouver hors cadre. Réflexion faite, il
n'est pas outrageant de penser que cette vue panoramique déployée aujourd'hui par un tas d'autres artistes
n'est pas nécessairement due à l'influence des références précitées, mais plutôt la manifestation concrète de
l'émergence de toute une génération de personnes riches de cultures musicales diverses. Un disque dans l'air
du temps en quelque sorte, sauf que ce n'est toujours pas la norme. Et quelque part, tant mieux.
Note : 4/6
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ZOHARA : Scorched lips
Chronique réalisée par Progmonster
Énigmatique et passionné, "Scorched Lips" compte parmi les réalisations Tzadik que l'on peut écouter pour le
plaisir qu'il procure et non pas par pur snobisme comme c'est hélas trop souvent le cas. Derrière cette
formation internationale réunie sous la bannière Zohara, on retrouve le couple Michael Grébil et la chanteuse
Zahava Seewald dont vous vous souvenez peut-être si jamais d'aventure vous aviez laissé traîner vos oreilles
du côté de Psamim, autre groupe mis en valeur par John Zorn dans sa série "Radical Jewish Culture".
Beaucoup de points communs entre les deux même si leurs approches respectives sont à nuancer, faisant
ainsi la différence sur le long terme. Ici, un peu plus de place est accordée à Seewald dont le chant haut perché
contraste avec les références du genre. Compte tenu du contexte et de l'habillage, les échos de Meira Asher ou
Ghalia Benali se profilent à l'horizon ; si elle n'a pas les penchants extrêmistes de la première, elle a toutefois
en commun avec elle la mise en exergue de ses racines. Plus proche de la seconde finalement, ne serait-ce
parce que toutes deux ont débuté sur le sol belge, la quête de sens qui les anime a engendré chez elles un goût
prononcé pour la curiosité, ce qui finit par se traduire par des confrontations culturelles et esthétiques de toute
beauté. Comparé à Psamim, Zohara se permet de grandes escapades musicales dans des sphères autrement
plus instables que l'instrumentation purement acoustique qu'on leur connaît. Il y a de discrètes touches
électroniques et électriques par endroits qui permettent à l'ensemble de s'évader dans des décors qui charrient
tout le poids de l'histoire, non sans s'abandonner à une furie formellement plus rattachée au jazz ("See The
Sun", "In The Darkness") tout en maintenant ce voile de mystère permanent face à l'auditeur. Psamim revisitait
à sa manière certains traditionnels juifs. Zohara va plus loin, et en ce sens rejoint les travaux solos de Zahava
Seewald - mais je songe aussi alors à Sussan Deyhim - où c'est l'impact poétique qui prévaut sur des
considérations platement religieuses.
Note : 5/6
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BASTIEN (Pierre) : Téléconcerts
Chronique réalisée par Trimalcion
À l'occasion de ces concerts enregistrés à la Maison de la Radio, Pierre Bastien s'entoure de quelques
nouveaux comparses pour enrichir ses textures sonores. Même si cela nuit parfois à ce côté un peu nocturne et
envoûtant, véritablement unique, que l'on entendait sur "Musiques machinales", force est de constater que
l'ennui n'est jamais au rendez-vous. Les parties gérées par le mecanium semblent moins complexes, mais
riches en grincements, craquements, cliquetis, scies, mouvements pendulaires et autres tic-tac... À ce fouillis
sonore plus ou moins répétitif (mais menacé de rouille), s'ajoutent (et c'est nouveau pour Pierre Bastien) les
éclats électroniques concoctés par Mitsuaki Matsumoto. Le jeu pourrait être, comme le suggère le compositeur,
de deviner quel son appartient à qui. Défi d'autant plus ardu qu'il y a Alexei Aigui et son violon jazzy lyrique à la
Grappelli, avec quelques embardés bruitistes, comme pour donner la réplique à l'arsenal mécanique de Pierre
Bastien, ainsi que des détours vers un certain pointillisme sériel, d'où jaillit parfois une terrible tension ;
également là, la vibration tubulaire des sanzas peut apporter elle aussi une touche plus humaine, ainsi que les
exquises mélodies qui affleurent parfois sur les lèvres de Pierre Bastien (la fin du dernier téléconcert, assez
spectaculaire). Chaque téléconcert crée son monde propre, se développe, et se dirige vers un but - les
transitions entre les mouvements sont soigneusement ménagées. Le résultat de tout cela est, vous vous en
doutez, indescriptible, entre rythmiques à la Moondog, mécanisme dément digne d'un Conlon Nancarrow,
mélodies naïves, mouvements de transe, et poésie sonore annonciatrice d'un retour à l'enfance...
Note : 4/6
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McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
C'est sur le label Neon, filiale de RCA, que sera publié le mythique Centipede, groupe ponctuel réunissant parmi
les plus grands noms de la scène jazz progressive britannique du début des années soixante-dix. Quel
dommage que l'on continue encore à vanter l'intérêt pourtant tout relatif de cet imposant double album alors
que quelque temps auparavant, la même firme de disque publiait un disque bien plus mâture et plus
extravagant encore, j'ai nommé le premier Brotherhood of Breath, sous la tutelle du pianiste sud-africain Chris
McGregor. Parcourir ne serait-ce que d'une oreille distraite ces quelques quarante précieuses minutes de
musique ferait comprendre à un sourd tout le fossé qui sépare cette oeuvre de l'entreprise de Keith Tippett, très
certainement influencé par le travail effectué ici par treize personnes seulement. Prolongement naturel des Blue
Notes avec lesquels il ne fit que quelques rares dates en 1968, le Brotherhood of Breath se veut un ensemble
protéiforme, adaptable à l'envi, selon les disponibilités de chacun, et qui accueille en son sein parmi quelques
uns des noms les plus prestigieux de la scène jazz anglo-saxonne. Pour ce premier enregistrement, sont
enrôlés Mike Osborne, Alan Skidmore, Marc Charig, Nick Evans et John Surman, excusez du peu. Mais la
formation de base n'est pas en reste avec des musiciens tels que Dudu Pukwana, Mongezi Feza, Louis Moholo
ou encore Gary Windo, qui apparaîtra plus tard. Tout ce beau monde a gravité peu ou prou autour de la
nébuleuse canterburienne, autant dire qu'ils n'ont rien à envier au fameux "Septober Energy". En un mot
comme en cent, le premier disque du Brotherhood of Breath vient des tripes, parle au tripes là où le double
blanc mythique n'est qu'onanisme intellectuel. Chris McGregor signe là un formidable point d'intersection où se
croisent les ensembles légendaires de Duke Ellington, Charles Mingus, Sun Ra et l'Art Ensemble of Chicago,
tout en apportant la petite touche exotique de rigueur qui ne fait aucun mystère sur leurs origines. Trombones
et trompettes éructent, les saxophones se plient, les percussions s'affolent, c'est une orgie de son dont les
vibrations persistent encore bien après avoir arrêté l'écoute de l'album. Mais qui, après une telle claque, aurait
envie de s'arrêter ?
Note : 5/6
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McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Live at Willisau
Chronique réalisée par Progmonster
Il y a toutes sortes de pochettes de disque. La plupart du temps, elles sont redondantes ; illustrant, image à
l'appui, ce qu'un titre que l'on a voulu particulièrement éloquent était déjà sensé évoquer. Il y en d'autres qui,
au-delà de l'éventuelle laideur que l'un ou l'autre leur accordera, parviennent à capturer l'essence même de la
musique qu'elle contient. À mes yeux, tel est le cas de cet obscur "Live at Willisau", sans doute le meilleur
témoignage en concert jamais publié de Chris McGregor et son Brotherhood of Breath, et ce en dépit des
efforts remarquables et répétés du label américain Cuneiform de remplir le vide depuis laissé par sa disparition
des catalogues. Véritable force de la nature, quoi de mieux qu'un baobab pour représenter la consistance et la
puissance dégagées par ce large ensemble qui prend ses racines dans la terre de ses ancêtres ? Quoi de mieux
aussi qu'une douzaine de bras tendus vers le ciel en guise de branches pour symboliser cette unité, cette
fraternité qui soude chacun des membres du groupe ? Le line-up est sensiblement différent que celui des
enregistrements studio ou du témoignage posthume à Brême paru sous l'intitulé "Travelling Somewhere" en
2001 et qu'il suit chronologiquement d'une semaine à peine. Radu Malfatti et Gary Windo montrent le bout de
leur nez, John Surman laisse, lui, définitivement sa place à Evan Parker. Le son est rugueux, rond, comme un
vrai live, et le Brotherhood of Breath part à l'assaut de ces onze morceaux sans trop attendre. C'est de la sève
qui coule dans les veines de ces hommes ; ça part du sol et ça vous traverse de bas en haut, c'est de la pure
énergie ! En fait, McGregor et les siens font le chemin exactement inverse de celui effectué par Joseph Jarman,
Malachi Favors et Lester Bowie. Ce n'est plus le jazz qui se souvient de l'Afrique mais l'Afrique qui redonne une
leçon de jazz. J'en vois déjà quelques uns m'attendre au coin du bois pour me demander si c'est aussi brutal
que du Globe Unity ? La réponse est non. Mais la liste des musiciens devrait déjà vous donner un sérieux
élément de réponse quant à leur manière d'aborder les choses. Vraiment, le Brotherhood of Breath est un
ensemble jazz exceptionnel à la candeur communicative que je vous encourage à découvrir toutes affaires
cessantes.
Note : 5/6
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McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Travelling somewhere
Chronique réalisée par Progmonster
Quelle excellente surprise ! On le sait, Cuneiform a entrepris depuis un certain nombre d'années maintenant de
remettre au goût du jour la scène jazz britannique de la fin des années soixante en nous prodiguant maints
témoignages en concert de formations emblématiques tels que National Health, Gilgamesh, Nucleus et bien sûr
Soft Machine dont le nombre de publication posthumes en concert doit à présent dépasser le nombre de
disques officiels. Je craignais qu'on oublie les expatriés de Brotherhood of Breath qui, s'ils ne sont pas anglais
de souche, ont pourtant toutes les raisons de figurer en bonne place dans ce processus de réhabilitation. Le
label américain Cuneiform nous le prouve ! À force, il paraît évident aujourd'hui que ce diable de Steve
Feige223aum se soit débrouillé pour avoir l'exclusivité des droits de l'ancienne radio publique de Brême car,
vous l'aurez deviné, c'est encore à partir de cette source décidément intarissable que s'est forgé ce généreux
"Travelling Somewhere". Le son est vivifiant, clair. Peut-être trop diront certains. Le rythme, soutenu. Le
lyrisme : intact. Les paysages parcourus, nombreux : on passe de la presque marche funèbre "Ismite is Might"
à l’enjoué et tribal "Kongi’s Theme". Chaque titre ne semble tenir qu'à un fil et on sent qu'à tout moment le
groupe peut s'abandonner au chaos. Pas de manière excessive, c'est ce qui lui donne tout son sel. C’est un
disque plein. Plein à plus d’un titre puisqu’il atteint à quelques secondes près les 80 minutes, ce qui a nécessité
un fondu sur le titre "Do It" qui clôt l’album, à croire qu’ils avaient encore assez de matière pour alimenter un
second disque ! Je ne suis pas loin de la vérité, mais je l'ignore encore... Parce que le Brotherhood of Breath
est une formation jazz de toute beauté criminellement sous-représentée, "Travelling Somewhere" s'imposait au
moment de sa sortie comme un passage obligé pour qui désirait se laisser charmer à son tour par cette
musique qui eut en son temps - et bien plus qu'on ne voudrait le croire - une influence considérable sur les
musiciens britanniques de l'époque à qui l'on n'a jamais cessé de rendre hommage. Rendons à l'infortuné Chris
McGregor ce qui lui appartient !
Note : 4/6
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McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Bremen to Bridgewater
Chronique réalisée par Progmonster
Comme je le laissais suggérer, Cuneiform ne tarda pas à remettre les couverts trois ans plus tard avec "Bremen
to Bridgewater", nouveau témoignage posthume en concert qui réédite tout bonnement l'exploit de "Travelling
Somewhere" mais en deux fois plus long encore puisqu'il s'agit d'un double cd, ni plus ni moins ! Autant dire
que si vous n'aimiez pas le premier, y a peu de chances pour que vous accrochiez à celui-ci. C'est dire aussi et
surtout si le matériel existe, même s'il aura fallu attendre autant d'années pour pouvoir enfin en voir la couleur...
Tout ce qu'il faut, en somme, c'est juste la dose nécessaire de volonté. Cette fois, la sélection s'attarde sur trois
performances ; la première d'entre elle à nouveau capturée par Radio Bremen en 1971, soit peu après la sortie
de leur premier disque. La seconde (deux titres seulement) et la troisième étant issues de deux concerts
donnés en 1975 au Bridgewater Arts Centre, à sept mois d'intervalle. Les sources audio varient en qualité - rien
de dramatique toutefois - mais les performances rachètent aisément ces quelques menus défauts. De plus, le
Brotherhood of Breath se présente ici avec des line-ups différents à chaque fois, une grande majorité des
membres comme Harry Beckett, Marc Charig, Nick Evans, Mongezi Feza, Harry Miller, Mike Osborne, Dudu
Pukwana et, bien sûr, Chris McGregor, en constituant le socle de base. Autour d'eux gravitent les habitués Gary
Windo, Alan Skidmore, Evan Parker, Louis Moholo ou Radu Malfatti, mais on notera surtout la présence
exceptionnelle de Elton Dean (Soft Machine) pour les dates anglaises. Évoluant à douze ou treize personnes, le
Brotherhood of Breath sonne plus que jamais comme une procession aux couleurs châtoyantes de fous furieux
et d'illuminés en tout genres, une invitation à la communion et à l'abandon, sans tenir compte le moins du
monde des différences qui poussèrent McGregor et les siens à entrer en dissidence. À l'aube d'une finale de
Coupe du Monde navrante, je saisis la balle au bond pour écrire ici et maintenant que le football n'a pas pour
vertu de rassembler les peuples. Au contraire, elle hatise les haines et divise les gens. Seule la musique
rassemble. Une musique universelle et vibrante comme celle de la Confrérie du Souffle.
Note : 4/6
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McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Country cooking
Chronique réalisée par Progmonster
À ma connaissance, "Country Cooking" est l’ultime enregistrement du pianiste sud-africain, peu avant son
décès en 1990. Une vraie hécatombe à vrai dire puisque le groupe n'a laissé qu'un orphelin en la personne de
Louis Moholo. Publié à l’origine chez Venture en 1988, le nouveau sous-label de Musea, Great Winds, s’en
empare pour témoigner des derniers soubresauts d’un artiste attachant. C’est à l’occasion du festival de Nos et
Mannheim auquel il fût convié que Chris McGregor remit en selle une troisième et ultime version du
Brotherhood of Breath. Pour ce faire, il s’entoure d’une douzaine de musiciens, parmi lesquels on retrouve
Annie Whitehead au trombone, Jeff Gordon au saxophone ténor et Harry Beckett à la trompette. Comme
d'autres artistes avant lui, et un peu à l'instar de Graham Collier, réactiver un groupe en lui prêtant son nom ne
garantit pas nécessairement qu'on en retrouve instantanément l'esprit. Pour autant, le résultat n’est en aucun
cas catastrophique ! Plus soigné, plus polissé, plus aux normes des productions actuelles en quelque sorte,
"Country Cooking" se révèle être un excellent album de jazz qui nous reconcilie avec ces formations en big
bands que l’on a tendance à voir d’un mauvais oeil ("Sweet As Honey"). Mais l’énergie, la furie, ce
déchaînement des passions que provoquaient l’écoute de leur tous premiers albums sont effectivement bel et
bien absents. Ici, c’est l’esthétisme qui est privilégié au détriment de l’intensité et de l’urgence. Plus proche
d’un Count Basie ou d’un Duke Ellington, plus loin que jamais d'un Mingus ou d'un Sun Ra dont le Brotherhood
of Breath incarnait pourtant autrefois une alternative crédible. Par chance, l'hybridation des styles et des
couleurs restent d'application, même si cela se fait à présent de manière bien plus propre sur soi, avec des
soupçons de musiques des îles et des rythmiques Afro-Latines. Intacte aussi est la luxuriance des
arrangements de McGregor où l’interaction entre les différents ensembles de cuivres brille, encore et toujours,
de mille feux. Cette réincarnation tardive du Brotherhood of Breath n'est plus habitée par la révolte mais par un
soucis de bien faire. "Country Cooking", c'est aussi, comme je le disais plus haut, l’ultime témoignage d’un
homme qui, toute sa vie, s’est battu pour valoriser la musique de son pays tout en combattant les idéaux
fascisants qui l’en avaient chassé.
Note : 3/6
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ARCANE : 33 1/3 rpm
Chronique réalisée par Phaedream
Plus de 4 ans depuis la parution, ‘’underground’’ avons-nous compris, d’Alterstill. Arcane reprend du service
avec un cd tout aussi suave et ténébreux que les trois premiers opus. Le mythique groupe reprend là où Future
Wreck avait terminé. Un étrange titre aux significations tout aussi inconnues. La légende voudrait que cet
album serait un inédit, la partie 2 de l’introuvable Teach Yourself To Crash Cars, paru en 1973. C’est coiffé de
cette extension de légende que les premiers souffles de RPM se font entendre. Les 2 premiers titres en sont les
pièces charnières. Deux longues parties aux essences très ténébreuses où les rythmes secouent des
atmosphères d’orgue d’église, de flûtes surnaturelles et de chœurs spectraux. La 1ière partie débute avec un
souffle atmosphérique qui laisse tomber des effets sonores très étranges, aux sons des bêlements de mouton.
On a l’impression d’assister à une marche cérémoniale digne d’une une messe noire. Une brume synthétique
s’ancre et des fluides aux essences de flûtes issues des ténèbres se font entendre. Une fine ligne très basse en
émerge et se dandine sur un rythme lent et hypnotique. Les flûtes côtoient des accords d’une six-cordes
mythique, tant on est pas certains d’en avoir entendu les riffs. Ce doux mélange s’anime sur une ligne aux
réverbérations sonores animées par une pulsation de batteries et des solos de synthé lancinant. Une ode qui
traîne son hymne avec lourdeur et passion. La partie 2 marche sur les même aspects que sa première moitié.
Le ton est par contre moins ténébreux et les sonorités sont étrangement comparables à celles de Tangerine
Dream. De quoi relancer le débat. Dr Wutzke's Psychedelic Wonder Machine est un titre plus animé. Un
méchant contraste après les longues tirades atmosphériques de la pièce éponyme. Les séquences bougent
avec insistance sur des lignes aux saveurs de Thief. Les synthés sont aérés en mode pop et traversent
allègrement des sonorités aigues et fluides. Moins animé, et plus menaçant, Silent Thief on a Desert Train
progresse sur une ligne hypnotique. Les percussions roulent sur un rythme pulsatif hachuré, décoré des
strates synthétiques à la fois orageuses et mélodieuses. Parlant mélodie, The Taxidermist nous en propose une
belle. Sur une belle séquence hypnotique, drapée d’une percussion qui épouse à perfection les nappes
synthétiques, The Taxidermist est une superbe mélodie qui clôturerait n’importe quel film à saveur romantique.
Une autre superbe pièce d’Arcane, qui les collectionne.33 1/3 RPM est un bon cd. Un opus que l’on doit diviser
en 2; une première partie aux ambiances atmosphériques très riches avec des soubresauts d’animation et une
deuxième partie en rythme, aux harmonies somptueuses et mélodieuses. Selon moi, il s’agirait du meilleur
opus d’Arcane. Si vous avez aimé les précédents, celui-ci comblera vos plus grandes attentes. Vu la complexité
et les hautes manœuvres séquentielles et synthétiques de la pièce titre, 33 1/3 RPM est un cd qui s’adresse à
ceux qui aiment une musique plus élaborée, plus progressive.
Note : 5/6
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VAN RICHTER (Max) : Resurrection
Chronique réalisée par Phaedream
Max Van Richter est le membre mythique du légendaire trio Arcane. Décédé en 1977, alors qu’il s’était
enflammé, le phénix synthétique ressuscite de ses flammes et nous livre un opus des plus percutant. Un
mélange entre les grosses envolées des synthétiseurs et les lourds battements d’un rock pesant et mélodieux.
Tant qu’il faut s’interroger à savoir si effectivement Ressurrection est un cd de Musique Électronique ou un cd
de rock psychédélico-progressif. Des tintements de percussions métalliques se promènent entre les
haut-parleurs. Des notes graves tombent. Elles meurent et ressuscitent de leurs échos. Une superbe ligne
séquentielle s’amène, préparant la table à une explosion de rythmes où claviers, batteries, guitares et basses
crachent un rythme pesant, sinueux et entraînant. Intro, complets, refrains et finale. Ressurection ouvre ce
premier (et dernier?) opus de Max Von Richter avec force, mélodie et rythme. The Gouse Of Visual Syndrome
poursuit sur la même structure musicale que Resurrection. D’ailleurs tout l’opus est bâti comme un cd de rock,
voire de ‘’heavy rock’’, sans les principes du ‘’headbanger’’. Donc The Gouse of Visual Syndrome débute
comme une lente procession hypnotique sur une cadence pulsative. La guitare gémit dans une atmosphère
lugubre aux arômes des œuvres ténébreusement lentes d’Alice Cooper. Un bon titre genre rock psychédélique,
tout comme The City of Walking Hallucinations qui possède une excellente structure de percussions. Un autre
titre délicieux. Un petit peu plus longue, The Abduction Syndrome navigue en ondes synthétiques aux guitares
atmosphériques. Un titre plus électronique aux saveurs de la Berlin School qui progresse sur une belle ligne
séquentielle basse en loupe imparfaite. Le clavier fait partir une superbe mélodie qui me fait penser à Sacco e
Vanzetti, tant par sa structure que son impact sur la boîte à pensées. Une superbe mélodie synthétique qui
s’étire jusqu’aux premiers souffles intrigants de Prophecy. Un titre sombre qui progresse sur des notes basses
et menaçantes. Explosif, Prophecy déboule sur des percussions roulantes et de juteux solos de guitares. Un
autre titre enflammé aux essences très rock. Psychokinetic Hymn ramène Richter à ses origines plus
électroniques. Une très belle ode synthétique qui nous coupe les jambes avec son merveilleux jeu de clavier
séquentiel, en mode spirale. D’autres strates synthétiques recouvrent cette mélodie, lui donnant une
profondeur encore plus dense et plus texturale. Une superbe ballade qui se termine sur un non moins superbe
jeu de batteries. Un autre bon titre sur Resurrection. The Las Exit ferme cet œuvre mythique de Richter avec un
titre sobre, aux lignes séquentielles nerveuses. Discrètes, les premiers souffles de flûtes se mêlent à une
guitare qui cherche confort auprès d’une robe jazzé. Hypnotique le beat avance jusqu’à qu’il croise des
percussions qui martèlent avec la force d’un géant aux attentions plus tendres que sauvages, plongeant The
Last Exit dans les premiers méandres atmosphériques de Ressurrection. Paul Lawler semble être le caméléon
de la Musique Électronique, style Berlin School. Derrière sa mythologique invention d’Arcane et de son sombre
personnage, il crée une musique aux frontières infranchissables. J’ai adoré Ressurrection, un cd limitrophe à
mes premières amours de rock percutant et de mes actuels penchants pour une Musique Électronique rythmé,
sans verser dans le techno. Ressurrection est un opus puissant. Un ‘’must’ ’pour les amateurs de musique
sombre et expérimental (tiens tiens…) et un excellent item pour le guide du débutant en matière de Musique
Électronique.
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Note : 5/6
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CERTAMEN (Adam Bownik) : I awoke in a dream
Chronique réalisée par Phaedream
Certamen est l’un des rares compositeurs qui est capable d’écrire de longs titres sans tomber dans les pièges
des incontournables passages ambiants, parfois soporifiques et trop étirés. Avec I Awoke in a Dream, il
poursuit là où il nous avait séduit avec Earth. La seule différence est l’utilisation d’un ‘’vocoder’’. Une machine
à voix implique nécessairement l’utilisation de ..voix. Un élément qui fait peur aux amateurs du genre. Sur ce
dernier opus, dont les compositions ont été écrites en 2005, Certamen chuchote, voire chante, des poèmes aux
dimensions ésotérisme. De courts textes sur les mystères et les énormes pouvoirs des rêves. Habituellement
qui dit ‘’vocoder’’ dit aussi rythme à la techno, style Kraftwerk ou Johan Timman sur Trip Into the Body. C’est
mal connaître Adam Certamen Bownik. Le synthésiste Polonais privilégie toujours les rythmes et les
élaborations musicales néo progressives du style Berlin School. Comme sur Earth, I Awoke in a Dream est
divisé en trois titres. Des rythmes variés sur des séquences progressives, pesantes et nerveuses en constante
ébullition et évolution. De longues séquences aux multiples paliers, qui croisent parfois des corridors plus
sereins, mais qui sont toujours soufflés par des synthétiseurs aux effluves harmonieux. Des mélodies
agrémentées par des lignes qui se croisent, se décroisent et multiplient les tourbillons musicaux sur des
percussions métalliques et des effets sonores virevoltants. Par moment on a l’impression d’être assailli par des
nuées de chauve souris électroniques qui se dirigent vers la sonorité de pointe. Avec ses synthétiseurs,
Certamen habille ses compositions par lignes juxtaposées, laissant tomber des notes éparses qui se replieront
en d’autres strates synthétiques encore plus enveloppantes. Les solos sont juteux et fort nombreux. Les
séquenceurs jouent sur des lignes basses et nerveuses aux rythmes déviants et progressifs, soutenus par ses
percussions électroniques coiffées de nombreux effets sonores. Tout au long de l’opus, les enceintes
acoustiques en sont assaillies et tremblent sur leurs impacts. Les sons sont multidirectionnelles et
enveloppent la pièce, d’où l’on écoute la musique. De puissants et soyeux solos de synthés sur des lignes qui
saccadent en retenu et enveloppent les atmosphères déjà fort riche du synthésiste Polonais. L’utilisation du
‘’vocoder’’ n’est pas si entravant que l’on peut l’imaginer. Les récitations sont courtes et inondées de solos
synthétique aux mille torsades. Donc, la musique prédomine plus que les textes parlés un peu partout sur
chaque titre. Si la pièce titre et Paranormal World Of Imagination baignent dans de structures musicales
parallèles, Neurostimulation est quelque peu différente. Plus lente et plus atmosphérique, elle coule sur un
rythme sensuel et fort intriguant. Tantôt grave, voire menaçante, la mélodie se tortille sur différents paliers et
finie par épouser des rythmes vrillant et intensément sombre. Le meilleur titre sur cet opus de Certamen. I
awoke in a dream est un cd résolument intense. Mélodieux d’un bout à l’autre, c’est un opus bien structurés.
Chaque titre progresse avec de puissants rythmes sur des percussions ingénieuses et fort élaborées. Un
croisement entre les strates synthétiques symphoniques de Klaus Schulze et Tangerine Dream sur les lignes
séquentielles uniques à Certamen, que les amateurs de Earth connaissent fort bien. Si vous aimez les longs
titres en progression qui ne cessent d’étonner, I Awoke in a Dream est pour vous.
Note : 5/6
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PESTILENCE : Consuming impulse
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Après un premier coup d'éclat dans le monde du death/thrash avec "Malleus maleficarum", Pestilence se
radicalise et balance son disque le plus brutal avec "Consuming impulse". Par pitié ne faites pas attention à
cette pochette qui m'a valu nombre de moqueries dans les soirées mondaines organisées dans mon superbe
appart'. En tout cas, brutal, Pestilence l'est, presque débile en fait. Affublé d'une prod' ultra sèche et tranchante,
sa meilleure à ce jour (en tout cas la mieux adaptée) pas si éloignée d'un vieux Sinister, le groupe bourrine à
tout va. Attention, on ets très loin du brutal death hein, disons qu'on aurait là une espece de "Leprosy" de
Death qui ne s'arrêterait jamais, recouvert d'une hargne vraiment implacable. Dès "Dehydtared" le ton est
donné : à fond, et sur du riff béton. Argh, bon dieu ce que c'est carré. voilà bien la force de ce dique, c'est carré,
impeccable, et les gratteux en font un atout. chaque riff sonne super brutal, taillé dans le roc, simple mais
executés avec une telle conviction qu'on ne peut que déguster cela façon "parpaing dans les dents". Et tout le
long du disque ce sera le même scénario : à fond façon "death old school" avec cette super sensation de
vitesse, puis gros ralentissement sombre (argh "Chronic infection") avec des petites mélodies dark voire des
claviers en renforts. Il n'y a aps à dire l'inspiration ets là du début à la fin, Pestilence sort là ses meilleurs riffs
dans un style death/thrash implacable que seul lui saura pratiquer ainsi. La voix de Martin Van Drunen se fait
plus écorchée et revendicatrice, entre un Schuldiner et un john Tardy, et permet au disque de gagner en
efficacité. Bien evidemment, histoire de montrer que la paire de riffeurs nesont pas que des brutes, nous
aurons droit à une très belle instrumentale "Proliferous souls", presque annonciatrice de l'album "spheres" par
son ambiance spatiale et désolée. Très binaire, quelque part entre un vieux Obituary, un vieux Sepultura et
Coroner, "Consuming impulse" se montre comme un vrai défouloir, cachant une violence parfois
insoupçonnée, une violence qui ne se traduit pas forcément pas un excès de vitesse ou de riffs, mais juste par
une détermination dans l'execution et une volonté d'en découdre que seul le death/thrash et plus
particulièrement Pestilence saura nous apporter.
Note : 5/6
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PESTILENCE : Spheres
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Dernier album pour Pestilence, "spheres" marque enfin une réelle évolution, et cette fois ci non des moindres.
en effet, adieu le death metal binaire et rentre dedans, bonjour les experimentations. Pestilence se met à la
guitare synth et dans la lignée d'un Cynic se met à composer des morceaux plus alambiqués dont l'atmosphère
très spatiale saura peut-être convaincre les fans les moins brutales de Nocturnus. La plus grosse difficulté pour
cet album est d'oublier le passé death du groupe. Le tempo s'est ralenti, les patterns rythmiques se font plus
recherchés, les riffs parfois cassés demeurent pour autant simple (bien que manquant d'accroches), la basse
n'hésite bien evidemment pas à faire sa vie de son côté, bref nous sommes en 93 et Pestilence avait déjà bien
compris qu'il fallait changer. Le problème ici, c'est que mis de côté cette ambiance "spatiale" fort réussie, les
années ont sacrément entamé ce "Spheres". Cette prod, froide et clinique, qui masque le manque d'efficacité
des riffs, mais qui ne parvient pas à faire oublier les sons absolument immondes de la guitar synth (pour les
neophytes, une guitare dont les effets simulent un clavier). Ces derniers sonnent affreusement kitsch, type
vieux bontempi, et si utilisés seuls (le sinstrumentales) leur aspect vintage charme quelque peu, leur utilisation
au sein d'une compo "metal" gâche tout. Alors attention, ce dernier point risque d'être très discutable selon les
personnes, ce disque est si particulier que soit l'on aime soit on deteste. L'adjonction de ces breaks et
structures jazzy, et ces passages complètement barrés risquent de sévèrement refoirdir le metalleux de base,
déjà calmé par la relative mollesse des riffs présentés. En revanche l'amateur d'explorations diverses (ici une
espece de mélange death/jazzy avant-gardiste), des riffs en 6/8 et des solos de guitar synth complètement
barrés pourrait bien trouver son bonheur ici. Pour ma part, un peu au milieu de ces deux clichés, j'aurai
tendance à dire qu'il manque quelque chose à ce disque. Cette prod' trop kitsch, ces claviers qui peuvent
transcender comme gacher une mesure et l'impression que le mélange donne plus lieu à du mauvais goût
qu'autre chose. En même temps je n'étais pas déjà fan de Cynic hein... Plus accessible que ce dernier
cependant, "Spheres" aura je pense tout de même sa chance vers les death metalleux les plus frileux en
matière d'experimentations.
Note : 4/6
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PESTILENCE : Malleus maleficarum
Chronique réalisée par pokemonslaughter
En 88 Roadrunner ne s'était pas vraiment encore illustré en matière de death metal, préférant encore signer les
groupes "in the move" de l'époque à savoir tout la pléthore de groupes thrashy de l'époque. Pourtant, les gars
ont eu du flair (ce fut souvent le cas, malgré tout ce qu'on peut leur reprocher). Avec Pestilence, le label fait un
grand pas en avant niveau brutalité. En effet ces hollandais pratiquent un death/thrash super propre et carré,
incisif comme un mach3, dont l'efficacité ici comme sur son successeur laisseront de straces encore en 2006.
Dès son intro sous forme d'accord d'obédience black metal, on sent que le groupe n'est pas là pour rigoler. Une
ambiance sombre planera ainsi tout le long de l'album, implicite par cette prod' très 8à's et etouffée, et explicite
par ces harmonies à 2 guitares très noires qui apparaissent de temps à autres. Pour le reste, les 30 premières
secondes de "¨Parricide" vont vite fixer les choses. Un riff tout con, très haché et plaf ! C'est parti. la grosse
rythmique death/thrash est là, super en place, et les riffs "made in Pestilence" sont déjà présents. Que dire ici ?
Chaque morceau est impeccable avec son lot de surprises, bien construits, bien pensés dans une dynamique
d'album. On retrouve même une petite instrumentale migonne avec "Osculum infame". Dans l'ensemble, on
navigue en plein bonheur death/thrash, alternant mid tempo et grosses accélérations death old school. On
notera même une grosse explosion avec "Extreme unction", gros brûlots mega speed de 2min, façon "skin her
alive" de Dismember. On regrettera simplement ce son ayant un peu vieilli (la grosse caisse est assez inaudible
sur monlp, rendant certaine sparties un peu floues), et Martin Van Drunen qui se cherche encore, eructant un
peu dans tous les senscomme un certain Max Cavalera sur "Morbid Visions". Mais la comparaison s'arrête là,
Pestilende manie à merveille son death/thrash, le façonnant à la fois varié, vindicatif, mélodique, sombre et
foncièrement agressif... De mon côté, déjà une réussite.
Note : 5/6
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PESTILENCE : Testimony of the ancients
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Voilà une chro qui ne risque pas de faire vraiment plaisir à marco, si je me souviens bien de son amour pour cet
album. Marrant, beaucoup de gens aps vraiment fans de death considèrent ce disque comme un classique du
genre, et pourtant de mon côté je n'y vois qu'un disque standard du style. Il faut dire, succéder au super brutal
"consuming impulse" n'était pas chose aisée, surtout avec le départ de Martin Van Drunen. Pestilence a alors
choisi d'aérer un peu son jeu. Entre les morceaux tout d'abord par le biais de ces instrumentales qui
entrecoupent chaque morceau et tentent manifestement de s'intégrer au sein d'un concept qui m'échappe un
peu encore. Au sein même des morceaux également, avec des morceaux moins direct, n'hésitant pas à faire
des breaks, à se faire plus cassant, à oublier un peu la rythmique traditionnelle death metal et se poser pour
des patterns un peu plus bossés (prémices lointains de l'album suivant). Les coupures/aérations proposées sur
ce "Testimony of the ancients" laissent cependant à désirer, les enchaînements se montrent franchement
hasardeux, genre elles sont plus là pour faire jaser les journaleux qu'autre chose, parce qu'en matière d'apport
au disque, il n'y a pas grand chose à retirer. La véritable avancée ici réside dans la ^progression du
songwriting, moins borné vers la brutalité, plus porté sur l'efficacité, tel un Coroner période "Grin" (en mieux
hin hin), avec quelques solos d'anthologies. Les riffs se montrent plus alambiqués avec quelques mélodies
bien trouvés ("Stigmatized" par exemple, "Testimony") et des nappes de claviers en renforts de certains
accords pour les refrains. A noter d'ailleurs la voix de Patrick Mameli qui se rapproche vraiment d'un Death
période "Spiritual Healing" (la prod' n'en est d'ailleurs pas bien loin). La chose vraiment dommage en réalité
dans cet album (d'où sa note) c'est clairement sa production. Aucune puissance, aucune intensité ne s'en
dégage. Trop propre, trop lisse, la batterie sonne sans aucune puissance, quel dommage quand Marco Foddis
martèle ses fûts à sa façon très metronimique, me rappelant par moment le Sepultura de "Arise" ! Idem pour les
guitares, heureusement sauvées par la qualité de leurs riffs (la paire Uterwijk/Mameli reste une référence), je
n'ose même pas imaginer le résultat si le groupe avait bénéficié d'un son adapté à leur death metal. Alors ouais
je chipote un peu, mais très franchement, on m'avait tellement parlé de cet album, que je n'ai pu qu'en être
déçu. Pour moi, un album qui se voulait ambitieux, travaillé, qui y parvient sans jamais complètement atteindre
son but. Reste cependant un disque de death metal dont la maturité en séduira plus d'un, et qui au vu de sa
réédition saura vous mettre l'eau à la bouche pour vous procurer les autres galettes du groupe.
Note : 4/6
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KATATONIA : Deliberation
Chronique réalisée par pokemonslaughter
bon là c'est de trop, déjà que "My twin" frisait la totale inutilité, ce "Deliberation" enfon ce un peu plus la
crédibilité du groupe après leur médiocre "The great cold distance". Je comprend que peaceville ait envie de
sufer sur le succès du groupe, mais de là nous prendre pour des abrutis là faut pas déconner. Alors bien sûr,
cet Ep est destiné aux fans, aux collectionneurs, et par conséquent on peut leur filer la pire merde qui soit, ils
achèteront quand même juste pour avoir "la collec'". Mais là franchement ne dépensez pas plus de 3€ pour ça.
En gros, on retrouve "Deliberation" en version album. C'est vrai que ce morceau est sympa, un des meilleurs de
l'album, très désabusé, mais à la limite on l'avait déjà en original. S'enchaîne un "remix" de "In the white" :
urban dub qu'ils l'appellent ahah. Bon en gros, rajoutez un beat basique, des grattes acoustiques et quelques
claviers, garder le chant et c'est bon... Complètement inutile en fait. Mais bon il s'agit d'un remix hein. nan le
vrai ponpon revient à "Code against the code", titre inédit complètement naze dans lequel il ne se passe en fait
carrément rien... Pas la peine d'aller plus loin, on dirait que le groupe veu faire une ballade, mais je crois que
depuis "Lats fair deal.." ils n'y parviennent plus vraiment... Un mot sur le clip, tout à fait classique, avec des
images travaillées façon moderne décadent mais sans grande inspiration, ça se regarde bêtement quoi... Bref,
un bon vieux 2 car je ne vois vraiment aucun interêt à ce truc si ce n'est rajouter du rouge dans ma
discothèque, car dans tout ce noir ça manquait un peu.
Note : 2/6
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URKRAFT : Eternal cosmic slaughter
Chronique réalisée par Yog Sothoth
Mais c'est suuuuuuupeerrrrr... imaginez un peu, un groupe nordique (du Danemark, ça change un peu) qui se
positionne dans un créneau pas du tout usé jusqu'à la corde... le clone d'In flames / Soilwork ! Si on quand
même vu quelques bons groupes emerger de cette scène (Darkane !!), je commence à avoir du mal à me taper
ces rythmiques technico-mélodico-chiantes repompées sur le voisin et le chant braillé typique de là haut... Ils
ont même poussé le vice jusqu'à coller des parties guitares / clavier qui rivalisent de platitude avec le son bien
stéréotypé juste comme il faut et les textes futuristes-clichesques-sert-à-rien. Et le pire dans tout ça, c'est que
c'est même pas mauvais, juste bateau (et au final, c'est peut-être bien la pire des choses qui puissent arriver à
un disque...)
Note : 3/6
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CODE INDIGO : Chill
Chronique réalisée par Phaedream
Code Indigo est le point de rencontre entre quatre virtuoses de la Musique Électronique contemporaine. Des
musiciens chevronnés qui maîtrisent leurs instruments et les technologies qui les entourent à la perfection ne
peuvent faire autrement que de produire de grandes œuvres. Chill est leur 4ième cd studio, et c’est un
merveilleux opus. Plus que de la Berlin School, je situerais leur musique comme une fusion entre deux formes
musicales; la musique électronique aux essences symphoniques et mélodieuses et une musique plus
progressive, limitrophe aux œuvres de Pink Floyd et de Mike Oldfield. Autumn Fades débute sur un tempo très
flottant. Les notes de synthé tombent avec douceur sur une guitare qui fuse des accords et des courts solos
déchirants. Le rythme progresse sur une fine ligne basse qui pulse avec discrétion et un synthétiseur plus
enveloppant, nourrissant l’atmosphère avec de douces lignes aux effluves d’un soyeux violon. Sobres, les
percussions soutiennent ce tempo qui s’anime subtilement sur des riffs agressifs d’une guitare prisonnière qui
hurle de ses émouvants solos. Autumn Fades se fond sur Chill avec douceur. De jolies notes de piano
émergent d’une brume synthétique qui nous amène à l’atmosphérique Vapour Tales, une introduction à Ten
Degrees per Second. Le départ est lent et ponctué de voix et de percussions qui cognent comme un tonnerre.
Le rythme s’anime avec une belle strate synthétique aux essences de chœurs. La guitare charge, telle une
rebelle qui veut se faire ouïr. Et, sortie de nulle part, une belle mélodie se fait entendre. Le genre de mélodie qui
colle aux oreilles. Que l’on chantonne sur de longues périodes. Cette ligne synthétique se promène avec grâce
et est prise d’assaut par les gémissements de la guitare de Lobban qui torture cette ligne mélodieuse avec de
gros riffs pesants et de beaux solos stridents. Entrecoupée des passages atmosphériques, qui ajustent les
essences synthétiques, cette sérénade survit et progresse sur des lignes plus mordantes et enveloppantes,
toujours agressée par une superbe guitare.
Vapour Trails nous amène vers Back with Weather. Deux titres animés par des rythmes variés, aux essences et
aux chœurs tribaux, un peu comme sur Songs of Distant Earth de Mike Oldfield. Les harmonies sont
entrecoupées par des passages ambiants ou atmosphériques, mais sont en constante progression sur des
rythmes lents, voire pesants. Le synthétiseur est enveloppant, à l’image des arrangements orchestrales et
rivalise avec une incroyable guitare qui n’en finit plus de charmer, tant par la vitesse de ses accords que la
justesse de ses solos. Un autre excellent moment sur Chill. Vapour est un titre aux atmosphères de Pink Floyd.
Les voix nasillardes de la radio sur des bruits parasites, d’autres isolées, des échanges verbaux qui se
mélangent à des notes de piano éparses dans une ambiance qui devient de plus en plus sombre. Suivant ce
principe de voix égarées, Cultures démarre sur des percussions aux ambiances tribales et un beau synthé aux
dimensions flûtées. Tantôt mélodieux, tantôt atmosphérique Cultures se casse sur des arrêts et départs qui le
relance avec plus d’harmonies. Sur des percussions plus insistantes il s’anime avec des grosses riffs de
guitares, ainsi que de fumant solos, toujours enveloppés d’un synthétiseur harmonieux, qui maintient la
mélodie en vie. Cette belle ambiance animée se poursuit avec Culture Shift et ses rythmes des îles. De légères
percussions, style marimba, animent un tempo relaxant sur les lamentations très suggestives de la six-cordes à
Lobban. La guitare traîne avec langueur jusqu’à l’atmosphérique Vapour Tails. Un titre statique avec des voix
dévoyées et une fine ligne pulsative qui est survolée par des effets synthétiques qui poussent un tempo en
spirale. Un doux titre qui se termine sur un doux murmure des notes de piano. Lost Radio est un long titre en
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quatre subdivisions. Ça débute avec des effets vocaux de radio. Un léger tempo, sur une fine ligne de basse,
s’étend avec un piano harmonieux. Les percussions sont bien dosées et épousent à merveille les harmonies
des voix qui circulent et flottent dans cet univers aux teintes de romance et de douloureuses nostalgies La
mélodie progresse avec un piano plus dynamique et de superbes strates synthétiques qui veillent à sa
progression. Le synthétiseur est tout simplement divin. Il laisse partir des lignes enveloppantes et sa sonorité
se mêle à la guitare qui épouse un tempo lent et sensuel. Nous sommes à un point de rencontre où tous les
instruments convergent sur un ensemble plus qu’harmonieux. Disciplinés, ils nous enveloppent dans une
texture harmonieuse que l’on voudrait pour une éternité. Le Tuning Out ferme les notes avec une ambiance
jazzé à saveur planante. Chill est certainement l’un des bons cd que j’ai entendu cette année. Aux limites d’un
Musique Électronique progressive, c’est un opus à saveur mélodieuse, avec des arrangements forts
harmonieux, qui couvrent plusieurs styles musicaux. Une grande œuvre que les amateurs de Pink Floyd et de
Mike Oldfield n’auront aucune difficulté à apprécier. Toujours entre deux rythmes, entre deux strates, entre
deux lignes, Chill est un cd riche et envoûtant,avec des solos de guitares à fendre l'âme, totalement à l’opposé
de son titre.
Note : 5/6
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CLANDESTINE BLAZE : Fist of the Northern destroyer
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Difficile de succéder aux deux réalisations excellentes qu'étaient "Night of the unholy flames" et le split avec
Deathspell Omega. Clandestine Blaze, c'est un peu comme la nicotine: on sait pertinemment que c'est nocif,
que ça nous tue à petit feu et pourtant on ne peut pas s'en empêcher quand on a commencé. Clandestine Blaze,
c'est pareil: c'est nocif pour notre santé mentale, c'est laid et dégueulasse et pourtant on y revient souvent.
"Fist of the Northern destroyer" emmène l'ensemble encore un peu plus loin que "Night of the unholy flames",
tout en lui étant bien proche. Ce troisième opus est mieux produit et globalement plus efficace. Le titre
éponyme est excellent et l'on retrouve cette alternance assez habituelle chez le groupe finnois entre morceaux
au tempo rapide et titres plus posés, longs et lancinants; par exemple, cette différence entre les deux premiers
titres est notable. La bestialité et la monotonie de "Doll of darkness" nous renvoit directement aux titres les
plus sombres de l'opus précédent, Clandestine Blaze n'évolue pas mais se montre plus constant avec un
disque sans faille et toujours aussi dur sur l'homme. Le côté simpliste et primitif de "Ribs of virgin" n'est
également pas nouveau pour le groupe, mais à l'image d'un excellent "There comes the day", l'ensemble se
bonifie avec le temps et l'expérience. Bref, Clandestine Blaze continue à enchaîner les très bonnes réalisations
avec une aisance déconcertante, on guette l'erreur, personnellement, je ne la trouve toujours pas. Ce "Fist of
the Northern destroyer" est au-dessus de "Night of the unholy flames" et s'impose comme le meilleur album du
groupe à mes yeux, preuve que Clandestine Blaze progresse sans cesse, spécialement au niveau des
ambiances et de la structure des compositions. A se procurer d'urgence.
Note : 5/6
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COMPILATION DIVERS : Overflow
Chronique réalisée par Marco
10ème sortie pour le label allemand Polymorph, foyer des cultes Polygon ou des excellents Arbre Noir,
'Overlow' a pour but avoué de réunir des fonds afin de venir en aide aux victimes des inondations de 2002 en
Allemagne. Packaging soignés, sorties choisies avec soin, le label a véritablement contribué discrètement à
l'explosion de l'hybridation electronica, ambient et industriel, au même titre qu'un Ad Noiseam. Bien que moins
'médiatisé', Polymorph est tout autant un foyer de révélations de qualité, malgré une activité modeste.
'Overflow' regroupe ainsi les protégés du label, des confirmés Polygon (ex-Mortal Constraint), Disharmony ou
Arbre Noir aux inconnus comme Samhain ou Audiokular. Le ton très atmosphérique et mélodieux de cette
compilation s'exprime au travers de chaque compo, Samhain ouvrant déjà les hostilités avec son séduisant
mélange d'electronica légère et onirique. Les deux morceaux d'Arbre Noir sont un voyage exotique des plus
enivrants, percus, didgeridoo et nappes éthérées à l'appui. Polygon est également présent sous deux
incarnations, une collaboration très dark space-ambient de 17 minutes avec Halbschlaf (l'autre binome de
Mortal Constraint) ainsi que Polyspace, projet qui n'est pas sans rappeler Displacer de chez M-Tronic, avec For
A Space. Ce dernier offre par ailleurs un titre plutôt coloré et moins froid, mélodies et beats très 'lounge'. Les
slovaques de Disharmony poursuivent leur trip electro-ambient à l'esprit très 90s (Abscess en tête) sans les
atours plus dark-ambient auxquels ils nous ont habitués sur album, laissant ce rôle au side-project Oxyd, un
des derniers poulain de Polymorph. Une très bonne compilation, a la fois variée et cohérente, qui a en plus el
double mérite de présenter le catalogue du label tout en servant modestement une cause humanitaire.
Note : 5/6
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POLYGON : Omnon
Chronique réalisée par Marco
C'est en réécoutant cet album que je me suis rendu compte d'une chose étonnante pour ne pas dire troublante.
Si l'univers sonore de Polygon et ses concepts évoluent dans des sphères plus introspectives que celles de
Biosphere, on ne peut finalement que constater quelque affinité dans ce besoin d'exploration et d'observation
de l'infiniment grand. De l'aveu de Ingo lui-même, 'Omnon' est un hommage aux grands personnages qui ont
exploré l'espace dans leurs oeuvres quelles soient littéraires (Stanislav Lem, auteur de 'Solaris'),
cinématographiques (Kubrick pour '2001 : l'odyssée de l'espace') et bien entendu musicales (Lustmord, Chris
Carter et même Robert Rich). Pour en revenir au parallèle avec Biosphere (promis je vous lâche après),
l'évidence s'impose dès lors que l'on s'immerge dans ce trip spatial extrêmement méticuleux, sensible dans ses
atmosphères, soucieux d'une progression riche en rebondissements. L'histoire assez bateau dirons-nous est
celle de la découverte d'un univers inconnu jusqu'ici et de la rencontre avec des entités extra-terrestres. Les
textes accompagnant les visuels du livret en donne une lecture assez captivante à l'image d'un scénario de
cinéma. Ainsi 'Omnon' s'apparente à une oeuvre cinématographique à part entière mais aussi à un concerto
ambient ou à une peinture aux couleurs et aux textures froides derrières lesquelles on finira par trouver la vie.
Fermez les yeux, vous verrez ces images figées sur celluloïde, bouchez-vous les oreilles et vous entendrez
disctinctement la curiosité, l'inquiétude, la peur et l'émerveillement des protagonistes, tendez la main et vous
sentirez les couleurs du tableau. Sur les deux longs disques qui composent 'Omnon' Polygon joue
malicieusement d'une ambient spatiale certes sombre mais laissant une place à toute intervention inattendue
(voix, mélodies, séquences electro discrètes), dépassant le stade de l'illustration sonore d'un film puisque
l'oeuvre s'écrit avec le concours de l'auditeur. Cette impression rare à l'écoute d'un disque est certainement la
plus grande prouesse de 'Omnon', alliée à un sens renversant des arrangements, à la fois retenus et affables.
L'oeuvre d'art se prolonge avec un packaging tout simplement fabuleux, peintures, textures du papier,
textes...Cet incroyable objet n'a malheureusement connu qu'un tirage de 500 exemplaires, ce qui au regard de
son apport musical devient manifestement ridicule. Essentiel et grandiose !
Note : 6/6
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POLYGON : Beyond nothing
Chronique réalisée par Marco
3 ans après 'Refuge', Mortal Constraint n'est plus et Ingo Lindmeir peut se consacrer exclusivement à son
projet personnel. Ce 'Beyond nothing' bien que court en raison de son format explore les aspect déjà abordés
sur 'Refuge' tout en levant le voile sur l'orientation future. 'Approximation' se situe dans la droite lignée de cette
electro froide aux mélodies fines et aux rytmmiques ici apparentées à des percussions accompagnées d'un
chant entre scansion et chuchotements. 'Beyond nothing' quant à lui est entièrement instrumental, oeuvrant
dans une ambient glaciale, ponctuée de boucles et de nappes profondes comme on en trouvera sur le
chef-d'oeuvre à venir, 'Omnon'. Un objet sympathique mais un peu trop court, surtout après trois ans de silence
pour Polygon.3,5/6
Note : 3/6
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CLANDESTINE BLAZE : Deliverers of faith
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Après un superbe "Fist of the Northern destroyer", Clandestine Blaze remet le couvert pour ce quatrième album
intitulé "Deliverers of faith". Ouch, première chose qui frappe, la production: on est assez loin du son de "Fist
of the Northern destroyer", le rendu sonore est ici beaucoup plus crade et fleure bon le Darkthrone notamment
au niveau de la batterie ou de ce premier morceau intitulé "Beyond the reason" qui y ressemble à s'y
méprendre, tout comme le suivant "Psychopatia sexualis", à croire que l'album a été enregistré pendant une
overdose d'écoute de Darkthrone old-school. Puis le morceau indispensable de cet album arrive et on reconnait
le Clandestine Blaze laid, froid et lancinant des albums précédents. "Winter of white death" est superbe en tout
point, probablement un des meilleurs morceaux de la discographie du groupe, 12 minutes au plus profond de la
haine, du ressentiment et du mépris, ce titre est un tourbillon malveillant de noirceur. Un "Falling" tout en
rapidité lui succède, qui me rappelle un peu les débuts de Clandestine Blaze sur "Fire burns in our hearts".
"Tormented" comprend quelques nappes de claviers, chose qu'on n'a pas l'habitude d'entendre avec ce
groupe, pas un clavier élaboré je vous rassure, une nappe discrète mais qui fait toute la différence dans un titre
qui sonne très funeral doom. "Grave of gratification" est le deuxième très bon titre de l'album, qui finalement
s'avère pour moi moins bon que les deux précédents, "Night of the unholy flames" et "Fist of the Northern
destroyer". Il comporte certes deux très bons morceaux dont un "Winter of white death" d'anthologie, mais sur
la longueur, certains titres me semblent plus faibles, voire dispensables. Clandestine Blaze n'arrête pas pour
autant de se vautrer dans le fiel, l'ichor, la fange et l'inhumanité (renforcée par les coupures de presse relatant
des tortures et autres meurtres à l'intérieur du livret). "Deliverers of faoth" n'est pas le meilleur Clandestine
Blaze à mes yeux mais se pose néanmoins comme un bon album de black metal brut, froid et haineux.
Note : 4/6
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TEMNOZOR : Sorcery of fragments
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
"Sorcery of fragments" est la réédition en cd de la première demotape du groupe russe Temnozor intitulée
"Sorcery is strengthening the black glory of Rus" agrémentée de cinq titres bonus. Depuis, Temnozor s'est fait
connaitre notamment avec l'album "Horizons". Temnozor pratique sur cette demo un black metal folklorique
avec flûte bien réussi avec une alternance au niveau des vocaux entre voix criardes typiquement black metal et
voix grave emphatique qui donne tout son charme slave à la musique du groupe. "Sorcery is strengthening the
black glory of Rus" est une bonne demo, certes pas aussi efficace que l'album qui suivra, mais un bon
témoignage du potentiel du groupe à l'époque de l''enregistrement, le point faible étant la production
notamment au niveau des guitares qui sonnent beaucoup trop distantes, légères et aigues. Cependant, elle
contient de très bons titres comme le titre éponyme, "Dip dup snop", le naïf mais jubilatoire "Maslenitza" ou
"Glorification of the fallen ones". La musique de Temnozor est parfois assez cheap et naïve dans les sonorités,
comme les débuts de Nokturnal Mortum par exemple, à l"exemple de "Maslenitza" et sa ligne de flûte festive ou
sur "In the crowns of ancient oaks, the wind is crying so silent" et son synthé aux sonorités particulières. Les
cinq titres bonus se rapprochent déjà plus de ce que l'on pourra écouter sur le magnifique "Horizons",
notamment "Pagan sunrises- the faith of fire" et la voix sur "Shine, fire in the night", même s'ils sont beaucoup
moins efficaces et ne bénéficient pas du traitement sonore de l'album suivant. "Sorcery of fragments" est donc
une belle initiative afin de mettre à disposition ce matériel uniquement disponible sur cassette et en y ajoutant
quelques bonus intéressants et qui annoncent la tuerie qui succédera avec "Horizons". Les débuts d'un groupe
intéressant à la démarche musicale peu commune.
Note : 4/6
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STARGAZER : The scream that tore the sky
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Quel sentiment inégalable que de recevoir un album de cette trempe après avoir simplement écouté les deux
extraits présents sur le site du groupe. On se dit à ce moment qu'on a eu le nez fin. Carrément même. Stargazer
est un groupe australient relativement anonyme jusqu'ici, pourtant ce "The scream that tore the sky" est un
chef d'oeuvre absolu. Stargazer n'officie pas dans ce style australien de black/death metal ravageur prisé par
des groupes comme Destroyer 666, Abominator, Denouncement Pyre, Gospel of the Horns, voire Urgrund. Non,
Stargazer est unique et impossible à confiner dans une catégorie musicale bien précise tant il sait mélanger les
influences sans partir dans toutes les directions, et c'est là le tour de force de cet album. Pour être honnête,
Stargazer joue un mélange de death metal avec un soupçon black metal très technique et des structures parfois
progressives: une sorte de death metal avant garde qui reste musical contrairement à certains groupes certes
doués avec leurs instruments mais qui ont du mal à proposer des compositions structurés et écoutables. Le
duo se qualifie lui-même de "Extreme technical bizarre metal", ça colle plutôt bien mais je vous invite à écouter
les extraits, ce sera beacoup plus parlant. Personnellement, Stargazer m'a mis d'accord d'entrée avec
l'introduction instrumentale inspirée, mélodique et technique dotée de superbes mélodies. Puis le titre
éponyme arrive et oui, on comprend définitivement que l'on tient là une perle. Le duo australien n'a aucun point
faible et je suis ravi d'entendre des musiciens aussi talentueuxdans le cadre d'une musique extrême avec une
mention spéciale au batteur et au bassiste (qui se sert d'une basse fretless également) qui nous offrent une
performance fabuleuse. Le jeu est inspiré, l'exécution instrumentale est sans faille, les compositions sont
recherchées, bref, n'en jetez plus. Si, encore un peu. La production est très bonne également avec un côté old
school volontaire qui sied à merveille à la musique de Stargazer. "The scream that tore the sky" est composé
de onze pistes: sept morceaux et quatre interludes instrumentaux dont l'intro "...Of the sun", un "Harbringer"
étrange, un "Tongues" uniquement à la basse (superbe) et l'outro "All that is...", mélodique et calme. L'unique
point noir est que cet album est paru sur le label polonais Agonia Records qui a la fâcheuse réputation, avérée
cependant, d'arnaquer aussi bien une partie de sa clientèle mais également certains groupes qu'il produit. Au
passage, Stargazer est en train de se libérer du label car ce dernier n'a pas respecté ce qu'il avait promis
concernant une éventuelle version vinyl notamment. L'imagerie du groupe est également assez particulière,
très influencée par la pensée orientale et à milles lieues des thèmes habituellement traités par les groupes
extrêmes. Oui, Stargazer est unique je vous dis. "The scream that tore the sky" est un des tous meilleurs
albums en ma possession et c'est un sacrilège que ce groupe ne soit pas plus reconnu (ça ne saurait tarder),
surtout quand on voit la médiocrité de certaines formations plus prisées. Un chef d'oeuvre d'intelligence, de
maîtrise, de variété et de talent. Qu'on se le dise.
Note : 6/6
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THE GOD MACHINE : Scenes from the second storey
Chronique réalisée par Progmonster
Le monde manque d'alternatives. Le rock manque d'alternatives. S'il arrive au second d'être souvent le reflet du
premier, les nouvelles perspectives que la musique peut bien offrir au hasard d'une réussite inespérée ne
bénéficient hélas jamais du même élan de réciprocité dont nous aurions peut-être tous grandement besoin.
Dans cette grande marmite où se bousculent parfois des tas de groupes aux saveurs aussi contraire que sel et
sucre, émerge une fois toutes les lunes une formation qui se suffit à elle-même, une formation qui porte en elle
un tel brassage d'influences qu'elle permettrait presque qu'on puisse se passer de toutes les autres. Tel est
sans doute le cas du groupe américain The God Machine dont le nom prédestiné ne pouvait rester plus
longtemps encore en dehors de nos colonnes. Notre trio ne manque pas d'ambition. En réalité, c'est cette
ambition même qui a tracé le chemin de leur destinée, un aller sans retour dont la verticalité de la pente est si
importante qu'elle ne pouvait qu'engendrer leur inéluctable chute. The God Machine est un groupe à guitares ;
c'est avec elles qu'ils dessinnent la plupart de leurs fougueuses esquisses. Bien qu'apparu au bon moment,
The God Machine, parce qu'il ne pouvait se réduire à un simple groupe grunge de plus, n'a jamais reçu
l'attention qu'il méritait. Avec "Scenes From The Second Storey", imposant double album qui force le respect,
c'est comme si Proper-Shepard et les siens s'étaient donnés pour objectif de faire perdurer le souvenir tenace
de "Ritual de lo Habitual", son souffre, son poison, ses rêves ou ses hallucinations. Pour autant, si leur
musique connaît les coups de sang, nous n'y trouverons rien de vraiment tumultueux. The God Machine a
l'audace de faire des chansons aux périmètres flous, compositions tortueuses sous leurs apparences pourtant
communes qui nécessitent du temps avant de pleinement s'ouvrir à vous, un rock alternatif atmosphérique qui
brode des ambiances souvent bien lourdes - pas par le poids des guitares mais par l'approche souvent tribale
des percussions - d'où s'extraient des sentiments contrastés, douloureux, entre peine et rage contenue. Le final
est d'anthologie ; "Seven" et ses seize minutes qui partent en vrille dans un imaginaire enfumé, "Purity" et sa
longue introduction pour quatuor à cordes et enfin "The Piano Song" à l'énoncé transparent nous feraient
presque croire que les premières heures du post rock ont vu le jour quelque part par ici. Seule l'excessive
longueur du voyage que représente "Scenes From The Second Storey" pourrait en décourager plus d'un, mais
le jeu en vaut la chandelle. Qui plus est, il n'est dit nulle part qu'il était interdit de faire des pauses.
Note : 4/6
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GORGUTS : Obscura
Chronique réalisée par Progmonster
Entre "The Erosion of Sanity" et le présent "Obscura", cinq longues années se sont écoulées. Cinq longues
années au cours desquelles les canadiens de Gorguts étaient littéralement donnés pour morts. D'ailleurs, c'est
peut-être un signe, Roadrunner n'a pas perdu de temps en les remerciant juste un an après l'échec relativement
cuisant de leur dernier disque... La cause semblait donc être entendue. Seulement, quand en 1998 Gorguts
revient à la surprise générale avec un tout nouveau contrat et un tout nouveau disque, plus personne ne les
attend. Gravissime erreur ! C'est que, à l'image du grand nettoyage qui s'est opéré au sein du groupe exception faite du chanteur et guitariste leader Luc Lemay - Gorguts ne nous donne plus à écouter aujourd'hui
du death métal basique comme c'était autrefois le cas. Le groupe est méconnaissable, transfiguré, et dans le
bon sens du terme ! Sans doute inspiré par les Cynic et autre Meshuggah qui, grâce à certains de leurs
manifestes, ont placé la barre un peu plus haut, et dans le strict alignement des Converge et autres Dillinger
Escape Plan qui n'ont pas encore livré le meilleur d'eux-mêmes, "Obscura" est expulsé des entrailles de la
Terre pour nous proposer sa vision complètement possédée d'un métal extrême ultra technique, mais alors
ultra ultra technique. Outre l'ambiance lourdissime, Gorguts nous délivre un festival de blasts épileptiques sur
riffs dissonnants au possible, un truc monstrueux, un truc assez indescriptible en fait. Violent, mais surtout
très déroutant. En se reposant sur les bases acquises depuis l'énorme "Necroticism" de Carcass en 1991, le
groupe canadien ajoute une sacré dose d'adrénaline mais aussi vitesse d'attaque et précision chirurgicale à
une musique qui, à la base, n'en est pas dépourvu. De cette énorme pièce brutale et sans concessions qu'est
"Obscura", c'est moins la rage diffuse que la confusion qu'elle génère qui retiendra toute notre attention. Et
comme souvent dans pareil cas de figure, deux camps s'opposent ; soit on déteste, soit on adore.
Note : 6/6
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BOARDS OF CANADA : A few old tunes
Chronique réalisée par dariev stands
Il y a quelques années, Mike Sandison et Marcus Eoin, le duo derrière l’entité Boards Of Canada, ont fait un
aveu quelque peu surprenant à un webzine américain : ils ont reconnu être frères. Si ce lien de sang a été
dissimulé pendant tant d’années, c’était pour leur éviter la comparaison avec les frères Hartnoll de Orbital (qui
depuis a splitté) ! Cette révélation pour le moins cocasse serait anodine si les premiers travaux de ceux que
l’on peut désormais appeler les frères Sandison n’étaient pas nimbés d’un mystère encore tenace, maintenu
par le doute quand à la provenance de ces enregistrements (BoC ou fake astucieusement répandus sur internet
par des nerds fanatiques ?). A la lumière de leur parenté enfin dévoilée, on peut désormais comprendre la
quantité astronomique de musique produite par le duo bien avant « Twoism », qui reste la limite entre le BoC «
connu » et le BoC « d’avant », primitif, celui que le groupe ne tient pas forcément à montrer… En effet, il
existerait des centaines d’heures de musique inédite quelque part dans des tiroirs, le groupe ayant traversé une
phase « shoegazing » durant les années 80. Tout cela tenait de la rumeur, avant que tombe cette fameuse info,
qui explique donc pourquoi les deux écossais ont toujours déclaré avoir composé leurs premiers travaux à 7-8
ans, sur des vieux magnétophones, à la maison… Comme le feraient deux jeunes garçons qui s’amusent. Les
thèmes de la famille et de la nostalgie enfantine, véritables mamelles de leur musique, trouvent ici leur
justification. Et par la même occasion, l’amoncellement de sorties pirates estampillées BoC se voit authentifié.
Quoi de plus naturel pour deux frères vivant ensemble de composer et enregistrer sans relâche, même sans but
de commercialiser toute leur musique ? Voilà pourquoi leurs chansons sont souvent si insulaires, si repliées
sur elles-mêmes. Cette compilation sortie en K7 de manière confidentielle sur leur label, et destinée à leurs
amis (ni une démo ni un bootleg en fait), avait refait surface il y a peu de temps sur internet… Même si la patte
des écossais est ici reconnaissable, il est intéressant de constater l’évolution depuis ces 30 morceaux jusqu’à
leurs albums actuels. Beaucoup plus lo-fi et hip-hop que leurs successeurs, ils sont aussi plus bordéliques, et
curieusement assemblés. On discerne ça et là des pistes qui se retrouveront sur leurs sorties futures, comme
ce « Happy Cycling » qui fermera « Music Has The Right… » quelques années plus tard. Assez inégale, cette
compil assemblée à l’emporte pièce regroupe des travaux ambient assez glauques (« house of abid’adab ») tout
comme des remix (« Trapped », ou dance machine revu par BoC)… Ce qui n’empêche pas certaines de leur
meilleures pistes d’être dans le lot (« Spectrum »). « The Way You Show » dénote pas mal, puisqu’il s’agit d’une
déconstruction en règle du « Celebration » de Kool & The Gang, similaire à ce que fera subir Autechre plus tard
à de pauvres chansons de hip-hop… Bref, une compilation disparate, mais à la force évocatrice presque aussi
pregnante que les autres disques du groupe, c'est bien là l’essentiel. Idéal pour les ambiances d’après-midi
pluvieux…
Note : 4/6
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BARRETT (Syd) : The madcap laughs
Chronique réalisée par Progmonster
Voilà presque une semaine déjà que Syd Barrett a quitté ce monde ; un monde qui n'était pas le sien, un monde
dans lequel il ne se retrouvait pas de toute manière, un monde enfin qui s'est depuis toujours attaché à
distinguer ce qui était bien de ce qui ne l'est pas. Avec tout le recul nécessaire, il reste malgré tout toujours
aussi difficile de cerner avec exactitude quelle est la source à l'origine du statut culte dont a pu bénéficié
l'artiste et dont il jouira encore longtemps, vous pouvez compter là-dessus. Serait-ce du au prestige généré par
un groupe de légende qui, pour son propre bien-être, a préféré se décapiter sans plus attendre ? Ou serait-ce
plutôt en raison de la fascination morbide qu'exerce sur nous des personnages hauts en couleurs tels que
celui-là ? Schizophrène notoire, le cocktail notoriété/LSD n'a pas réussi à Barrett, agravant de manière radicale
ses problèmes mentaux et relationnels. Elle est bien curieuse la nature humaine qui parvient tout de même quand ça l'arrange - à transformer ce dont elle a généralement peur en objet de culte inconditionnel. "The
Madcap Laughs", premier des deux albums officiels que Barrett publiera de toute sa vie au cours d'une seule et
même année, est à l'image de son auteur ; hésitant, multiple, gauche, fantasque. C'est sans doute ce que l'on
attend de lui, et c'est aussi ce qui me gêne. Faut-il grossir à ce point le trait d'un personnage que l'on sait déjà
lunatique, dans le but un peu maigre de nous le rendre un peu plus sympathique, quitte à ce que cela se fasse
au détriment de l'homogénéité de l'album ? Dispersé dans des titres produits par ses différents amis (les Pink
Floyd, bien sûr, mais aussi trois quart du Soft Machine), Barrett reste le liant d'un disque fragmenté, traversant
comptines folk, jams doucement hallucinées, instants magiques ("Golden Hair") et prises alternatives diverses,
faux départs inclus ("Free") pour donner ce cachet vérité qui me semble forcé. C'est finalement encore dans les
instants les plus simples où Barrett reste le plus touchant et le plus authentique qu'il faut aller chercher l'âme
qui habite "The Madcap Laughs".
Note : 4/6
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BARRETT (Syd) : Barrett
Chronique réalisée par Progmonster
Quand démarre le second Barrett, "Baby Lemonade" montre d'emblée le fossé qui le sépare de son
prédécesseur. David Gilmour, son ami d'enfance, et avec lui Rick Wright, prennent leur mal en patience et vont
aider Barrett - parfois à son insu raconte la légende - à faire de son nouveau disque quelque chose de plus
construit, de plus réfléchi que "The Madcap Laughs". Trouver l'équilibre idéal est toujours une gageure, et ce
ne sera pas non plus pour cette fois... Même les arrangements de "Love Song", pourtant sans la batterie
soutenue de Jerry Shirley (Humble Pie) qui officie sur tout l'album, ou encore "Dominoes" et sa guitare acide
jouée à rebours, font prendre toute la mesure de ce changement d'optique. Sur des plages telles que celle-là,
curieusement, c'est comme si on avait dépouillé Syd Barrett de sa propre oeuvre pour n'en garder que la voix,
quoi d'autre ? On a même droit à un blues vaseux, "Maisie", semblant confirmer ainsi qu'on aurait donc essayé
de reproduire le feeling d'un groupe rock. Les seuls airs de Pink Floyd première époque, on les perçoit dans le
sens inné de la ritournelle pop que possède l'auteur, pas particulièrement dans les traitements que ses
chansons subissent ici. En de rares endroits, on trouve encore quelques zones d'ombres où le côté acoustique
folk parvient encore à s'exprimer, le rattachant comme il peut et seulement par des pointillés à son premier
essai. Dans tous les cas, on est loin de Nick Drake et sa poésie introvertie, de John Martyn et ses égarements
jazzistiques. Peut-être que le Bowie de "Space Oddity" est le seul à pouvoir approcher de manière fugace la
folie douce qui se trimballe sur cette collection de titres ultimes. On retiendra surtout que, électrifié ou pas, Syd
Barrett se plaît toujours à se balancer sur son rocking chair, pas toujours dans le rythme d'ailleurs ("Rats" et
"Wolfpack"), le visage figé dans une pause morbide à mi-chemin entre sourire et grimace.
Note : 3/6
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CORTISOL : Meat
Chronique réalisée par Progmonster
"Meat" ou une certaine idée de l'agonie. Sans doute parmi les dernières publications officielles du désormais
défunt label Great White North, cet album de Cortisol passe sur vous comme le souffle chaud et puissant d'une
onde de choc que personne ne voyait venir. Mais au ralenti. Voilà sans doute la donne essentielle pour mieux
comprendre tout le potentiel dévastateur déployé par le groupe canadien : la lenteur, une infinie lenteur qui
aime à se complaire dans l'horreur. Tout semble se dérouler en slow motion, chaques centimètres de votre
épiderme étant soigneusement ôtée de votre enveloppe charnelle par un scalpel à la précision diabolique et
dont la douleur vous transperce au-delà de tout ce que vous aviez pu jusque là imaginer. Bien entendu, dans le
genre vision d'apocalypse, Cortisol ne sont pas les premiers, et qui dit Apocalypse dit bien sûr Neurosis. On
retrouve les hurlements gutturaux de Steve Von Till sur un titre comme "Boots", alors que sur "Protocol of The
Lost Bodies", Mike, le chanteur, prend cette fois son rôle très au sérieux. Toutefois, c'est un profond sentiment
de désolation qui s'élève des cendres encore brûlantes de ce "Meat", de celles que l'on a déjà foulé de nos
pieds du côté de chez Khanate. Quand arrive "Hog Tied", on se rend compte que notre trio prend soin de ne
pas tomber dans les clichés véhiculés par le genre, ouvrant et refermant cette courte pause (sept minutes tout
de même) par des blasts de batterie speed. Mais ailleurs, et en particulier sur la tétanisante plage titre qui met
fin à ce périple, c'est toujours le même mal, le même venin qui coule et qui alimente ces images d'épouvante de
corps calcinés, déchiquetés. Quand il n'y a plus d'espoir au dehors comme en dedans, on est bien obligé de
regarder les choses telles qu'elles sont, et le disque de Cortisol ne fait rien d'autre en nous renvoyant tout
simplement à notre condition humaine ; de la viande, avec ou sans cervelle, nous ne sommes qu'un putain de
tas de viande.
Note : 5/6
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FREE SYSTEM PROJEKT : Impulse
Chronique réalisée par Phaedream
Je sais, pour l’avoir expérimenté, que d’honorer un titre de chef d’œuvre peut faire dresser les oreilles, froncer
les sourcils. Et pourtant, en voilà un autre. Comme Tubular Bells de Mike Oldfield ou encore Charriots of Fire de
Vangelis, Impulse de Free System Projekt est une pure merveille musicale. Vrai que c’est de la Musique
Électronique, style Berlin School. Mais contrairement à la croyance que ce genre de musique peut être d’un
minimaliste redondant, Impulse explose en rythmes sombres aux évolutions progressives, en mélodies, en
séquences alternatives et déviantes toujours à la recherche d’une symbiose musicale pour concrétiser
l’harmonie des sphères. Bref un cd truffé d’arrangements mielleux au doux parfum d'une sombre nostalgie.
Impulse est le tout premier album de FSP, qui à l’époque était le groupe d’un seul homme; Marcel Engels.
Épuisé depuis un bon moment, la compagnie Strange Charm a décidé de le ré édité en ajoutant un long titre en
prime, And then there were 2, pour le plus grand plaisir des amateurs d'Engels. Cette première œuvre est un
pur bijou. Un titre rarement égalé dans la catégorie de musique électronique. Est-ce du pur Berlin School?
Selon la définition, je dirais que non! Ici les pièces sont relativement courtes et sont toujours rehaussées de
séquences entraînantes ou mélodieuses. Le genre serait plutôt du New Berlin School. Originalement produit en
1996, l’opus n’a pas vieilli d’une ride et sonne toujours aussi bien qu’aux premières écoutes, si l’on veut
prendre pour acquis que ce genre de musique suit l’évolution de ses œuvres et non de la technologie qui
l’entoure. Un peu comme le classique ou le jazz. Elle peut être contemporaine et quelquefois novatrice, mais
jamais archéenne De la première à la dernière note, Engels nous présente un cd sans bavures, fort mélodieux
aux rythmes moulants. Dans sa première enveloppe, soit avec ses six titres, Impulse nous entraîne sur des
rythmes soutenus où les atmosphères et les moments ambiants sont de courtes durées et sont propice à des
scénarios musicaux d’une tendresse et d’une émotivité à fleur de peau. Laissons tomber les préjugés à savoir
si la MÉ est anti-musique et laissons-nous bercer dans les méandres intimistes et mélodieux qu’est la structure
musical d’Impulse. Après tout, même si la musique est mécanique, sa conception est hautement humaine. Avec
Impulse, Marcel Engels va plus loin que de la simple musique assisté ou créée par ordinateur ou par des
machines sans âmes. Six pièces de moins de dix minutes chaque. Hautement mélodieux, les synthé fusent des
solos et des accords d’une sensibilité que j’ai rarement entendu sur un cd de MÉ. Les rythmes s’accordent aux
harmonies avec de somptueux détours et des revirements qui étonnent. Des percussions quand il en faut, des
nappes brumeuses là où s’est requis. De courtes envolées séquentielles qui ne sont que des prétextes à
immiscer des tempos aux parcours déroutants. Une histoire contée à l’envers où les émotions survolent des
séquences tordues où les atmosphères frôlent la démence et l’ingéniosité. Ingénieux, car chaque chapitre est
solidement ancré dans des rythmes qui se moulent aux émotions rescapées par de sublimes passages
musicaux où les instruments à saveur nostalgique, romantique comme le piano, les flûtes, clavecin et
violon/violoncelle sont les prisonniers d’ambiances sombres et poignantes. Un étonnant opus où Engels se
met à nu et nous conte les souffrances d’une quelconque histoire sombre et déroutante. La pièce en boni?
C’est pas vraiment essentiel. Elle est le reflet des capacités de Marcel Engels à jouer avec les rythmes et les
atmosphères. Impulse est une grande œuvre à découvrir. De la musique électronique mélodieuse. Un opus qui
va meubler n’importe quel moment d’une vie, car dans chaque recoin, on y trouve une ligne qui secoue une
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corde sensible. Une œuvre intense, une œuvre à posséder.
Note : 6/6
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SADIST : Above the light
Chronique réalisée par pokemonslaughter
A l'instar de certains routiniers en musique, il nous arrive nous aussi de sombrer dans un quotidien assommant
et néfaste pour nos écrits. Quoi de mieux alors qu'une petite bombe dans un style qui justement commençait à
tourner en rond ? Alors voilà Sadist ce n'est pas vraiment du death, encore moins du black ni vraiment un
groupe orienté "progressif" ou "technique", non c'est un peu tout ça à la fois. Phrase convenue ? Sûrement,
pourtant il faut bien avouer qu'à l'écoute de ce "Above the light" il reste difficile de décrire la musique de
Sadist, et à fortiori de la catégoriser. Prenez une base solidement metal : riffs de guitares naviguant entre death
et thrash, batterie bien énervée avec un son de double pédale bien d'époque (par le batteur de Necrodeath
d'ailleurs). Rajoutez y des structures plutôt progressives, des claviers en nappes, clavecins, ou autres pianos et
flûtes, des solos de guitares super techniques, des ambiances sombres, des.. des... Argh il y a tellement de
choses dans ce disque. Et pourtant son écoute demeure d'une facilité déconcertante. Sadist a trouvé l'alchimie
parfaite entre death, black et experimentations diverses, le plus souvent des breaks où la basse prend les
reines, des cassures où le clavier pose ses ambiances (il y a même de la flûte), et tout celà je vous le rappelle
en 93. Comment est-il possible que ce disque ait été oublié si vite ??? La faute manifestement à un mauvais
travail du label car "Above the light" vient d'être réédité récemment. Alors comment vous donner envie de vous
procurer ce cd ? Imaginez un disque dans lequel les morceaux se complètent les uns les autres, mêlant une
basse sauvage avec des claviers qui n'ont pas pris une ride, le tout avec la puissance et la grâce d'un guitariste
absolument génial (tous ses solos sont démentiels, et que dire de cette instrumentale sobrement nommée
"Sadist" dont l'ambiance renvoie Nocturnus sur pluton ?). Sadist a posé là un disque absolument énorme, un
pavé que je m'aventurerai à quailifier de "dark metal", des mélodies super bien trouvées ("Breathin' cancer",
"Enslaver of lies" et son break central super sombre et prenant) dont les ambiances rappelleront parfois Dark
Tranquillity période "The gallery", des riffs agressifs et inspirés... Et en plus de cela, Sadist se fait aérien quand
il le souhaite, lourd à son envie... Un disque qui joue avec les habitudes, un groupe qui n'hésite pas à jouer sur
les oppositions metal/non metal, à mélanger efficacité et technique (quel bonheur de voir ces riffs thrashy
super entraînants s'enchaîner après une partie calme avec guitare acoustique et petite nappe de synthé)... On
pourra reprocher par moment des structures un peu bancales, on se demande où veut en venir le morceau,
mais en général, les parties qui le composent sont si inspirées qu'on pardonne vite cette imperfection. Gros 5/6
donc, et vous savez quoi, il parait que le suivant est encore meilleur...
Note : 5/6
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BOLT THROWER : Realm of chaos
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Histoire de ne pas mourrir idiot, parlons un peu de cette seconde galette de Bolt Thrower. Ce "Realm of chaos"
marque non seulement l'entrée sur Earache, mais aussi son dernier album dans une veine plutôt brutale. Et
franchement... Tant mieux. Alors, certes il y a de l'amélioration nette par rapport au très primaire et "jeune" "In
battle there is no law" mais soyons clair d'entrée, "Realm of chaos" accuse gravement son âge. En fait, autant
commencer directement par ce qui fâche, ce sont ces blasts tout faibles utilisés à profusions qui vont plomber
un peu le disque. Car au delà de cette faute de goût à la limite du pardonnable (le groupe lui-même regrette ces
blasts), le groupe a nettement progressé. Le riffing se fait plus complexe, moins punky et surtout beaucoup
plus death metal. On retiendra d'ailleurs quelques petites perles sur "All that remains" ou "through thy eyes of
terror", avec ces riffs qui font mouche et cette impresison que le groupe veut réellement en découdre. Ceci
étant dit, l'ensemble reste relativement classique, pas de grosses surprises à l'horizon. Cependant on notera
déjà une forte propension à ralentir le rythme (en gros soit ca blaste, soit c'ets mid tempo) et à se montrer très à
l'aise dans cet exercice, préfigurant l'évolution à venir. Mais pour ce "Realm of chaos", il sera difficile d'en
conserver des traces mémorables. Je ais que certains sont totalement fans de ce disque, et j'avoue que
j'aimerai bien en connaître les raisons car si la créativité et la progression au niveau du riffing sont nets, la
production assez plate et le jeu de batterie trop limité demeurent des éléments nefastes à mon sens. Attention
ceci dit, "Realm of chaos" reste un disque qui s'avère plaisant à l'écoute, avec son lot de breaks bien death
croustillant, et de ralentissements bien sentis, tout en fleurant bon cette époque révolue. D'où mon 4/6 car il
faut bien l'avouer, l'ensemble reste bien sympa, mais en connaissant le reste de la carrière du groupe, il est
dommage de voir que tous les éléments qui feront le succès du groupe (chant, riffs, patterns rythmiques,
accroche) ne sont ici qu'embryonnaires...
Note : 4/6
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SACRAMENTUM : Far away from the sun
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Après le split de Dissection (évitons de parler du come back hein), le sieur Nodveidt a laissé le petit monde du
metal dans l'attente de dignes successeurs de "the somberlain" et "Storm of the light's bane"... Il faut dire ces
deux immenses disques ont carrément donné naissance à toute une scène dont faisait bien evidemment partie
Sacramentum. Au milieu d'un Lord Belial super énervé, d'un Mork Gryning polymorphe ou d'un Necrophobic
encore bien death, Sacramentum joue la carte du super mélodique. Alors certes les blasts sont super présents,
mais aucune réelle brutalité ne s'en dégage. La faute à un son de batterie très particulier (j'aime pas du tout) et
à un jeu assez bizarre (pas toujours carré le sieur). Toujours est il que malgré cetta apparente brutalié, le style
Sacramentum se dégage surtout par ces superbes harmonies de guitares, composées à 2 voire souvent 3
lignes dont l'inspiration ne fait jamais défaut. Formant une sorte de nappe mélodique d'une épaisseur à couper
au couteau, ces leads amènent des atmosphères parfois quasi rêveuses (le superbe "Cries from a restless
souls") ou bien tout simplement belles, dans ce style suèdois désormais fort galvaudé. Sacramentum, et
surtout son compositeur Anders Brolycke maîtrise parfaitement cet art de la lead noire et accrocheuse, tantôt
maléfique ("The visions and the voice", très illustrative du changement d'ambiance subtil) tantôt lumineuse
("Beyond all horizons" qui me fait penser au seigneur des anneaux allez savoir pourquoi), voire désespérée
("Darkness fall for me" superbe outro). Bref, "Far away from the sun" confirme ce qu'on esperait sur le maxi
précédent et y ajoute une dimension de "voyage" musicale très intéressante. Le disque dégage manifestement
quelque chose d'attirant malgré ses textes super niais et cette batterie au son assez space (c'est mieux que
celui d'avant cependant)... Bref, "Far away from the sun" se pose ici comme une pièce maîtresse du genre
black/death suèdois, communément appelé dark metal (aah les étiquettes), digne vassal du géant Dissection, et
excellent comparse "plus calme" de Lord Belial... Dire que c'était sorti sur Adipocere, les temps changent...
Note : 5/6
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WRIGHT (David) : Reflections
Chronique réalisée par Phaedream
David Wright, c’est l’homme derrière AD Music, Code Indigo et Callisto. Tous des noms synonymes de musique
électronique de haute qualité, où la mélodie prédomine sur des harmonies synthétiques aux arrangements
orchestraux digne des grandes œuvres de Vangelis. Ce n'est pas de la MÉ, style Berlin School. C'est différent.
Un mélange de progressif avec des arrangements orchestraux et une touche d'effets atmosphériques. Un
mouvement que certains appellent la England School ou la New Berlin School. Pourtant, c’est à Klaus D.
Mueller, longtemps gérant de Klaus Schulze et de Manuel Gottsching, que nous devons la découverte et
l’éclosion de David Wright. En 1989 ce dernier produisait sa première cassette, Reflections. Impressionné,
Mueller la distribuera, ainsi que ses œuvres suivantes sous l’étiquette POEM, jusqu’en 1994. En 2001, AD Music
redonne un second souffle à Reflections avec une nouvelle ré édition remasterisé digitalement. Don’t look Back
ouvre Reflections avec force. Une bonne ligne de basse épouse un rythme saccadé avec une forte batterie qui
marque un tempo puissant. L’atmosphère est survoltée et survolée par un synthé qui siffle une ligne
mélodieuse des plus intenses. Un titre dynamique qui a sûrement influencé Christian Richet sur Overture.
Romance est un long titre atmosphérique avec des arrangements de synthétiseur aux essences de quartet à
cordes. La première séquence est acoustiquement douce avec un beau nuage synthétique enveloppant.
Romance prend toute sa profondeur avec l’éclosion de sa mélodie avec des chœurs poignants et des souffles
d’un harmonica perdue dans les brumes désertiques. Un splendide titre envoûtant et romanesque qui ne peut
qu’inspirer les rêves. January’89 est aussi animé que Don’t look Back. Les notes du synthétiseur déboulent à
vitesse accélérée, poussée par des percussions sauvages et entourée d’une épaisse nappe synthétique. Un
étrange mélange. C’est comme entendre Phil Collins déchaîné sur I don’t care Anymore dans une bulle
atmosphérique. Song for 'Tricia est une jolie ballade à la synth pop avec de puissantes percussions. Le synthé
est en mode flûte de pan et se promène avec harmonie sur de belles nappes synthétiques aux essences
d’orchestres à cordes. Une superbe et entraînante mélodie. Abintra (A love Song) est à l’image de son titre, soit
une jolie ballade d’amour avec une guitare aux limites de la galanterie Mexicaine. Le tout sous de suaves
synthétiseurs aux essences enveloppants. Seashores est un autre long fleuve atmosphérique avec des notes
de guitares aux essences d’une harpe qui flottent dans un univers ambiant aux sonorités de vague et d’écume
de la mer. Le synthé est doux et orchestral avec ses chœurs célestes qui ont sans doute inspirés Raphael sur
le séduisant Music to Disappear in. Reflections clôture ce premier effort de David Wright avec une berceuse
synthétique à la même douceur abyssale que l’on retrouve sur Seashores. Il est intéressant d’entendre cette
première œuvre de David Wright. En 1989, le Nouvel Âge avait la cote et ça transpire sur quelques titres comme
Seashores, Romance et la pièce éponyme. Reflections demeure un bon titre qui subit le poids des années. Yn
très bon opus pour partir une carrière. Déjà à cette époque, on sent que Wright a le sens des harmonies et des
arrangements. Il renferme quelques bijoux d’ingéniosité et de tendresse. Un opus tout à fait à l’image de
l’imposante carrière de David Wright, mélodieux, agressif par instants, mais surtout finement écrit et couché
sur ondes synthétiques avec énormément d’adresse et de sensibilité. Épuisé depuis belle lurette, il est
disponible en ligne sur le site de AD Music.
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Note : 5/6
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MOONBOOTER : Teralogica
Chronique réalisée par Phaedream
Syngate à l’art de dénicher de beaux petits talents cachés; Erik Seifert, Dorian, Certamen, Head Heart & Soul et
plusieurs autres que je ne connais pas encore. Tous des artistes qui ont un point en commun; la passion de la
MÉ. Est-ce de la Berlin School? Franchement je n’en suis pas certains. Les catégories, sous divisions et sous
genres connectés à la MÉ sont si similaires et contradictoires à la fois que c’en est déroutant. Mais l’important
c’est la musique et ici nous avons un cd de 65 minutes de musique mélodieuse et énergique. De quoi passer un
bon moment. Teralogica c’est Bernd Scholl (Ne pas confondre avec l’autre Bernd Scholl). Un nouveau venu qui
a des années d’expérience sur la scène techno Allemande. Un artiste qui aime quand ça bouge, quand ça
cogne. À moins que l’on affectionne seulement la musique ambiante, il n’y a pas grands failles à Teralogica.
First Sunset est une superbe mélodie. Le genre de truc qui colle à l’oreille. Un beau piano nous enchante sur
une bonne ligne basse et pesante. Appuyé par de soyeuses percussions qui claquent avec discernement. Un
titre léger qui a du punch avec de belles envolées synthétiques. Strandmusique suit avec dynamisme. Un titre
agressif qui cogne avec une lourde basse rythmique. Derrière ce beat d’enfer, et les percussions qui roulent,
une mélodie synthétique virevolte et se promène au gré des variations séquentielles. Un autre truc soyeux qui
accroche, surtout lorsque la section des cordes s’ajoute, donnant plus de profondeur et de recherche sonore.
Let there be Music enchaîne avec un beat sur fond d’écho. Un autre beat ‘’tape du pied’’ qui est poussé par une
voix électronique et une ligne de basse à saveur de plancher de danse. Water Melody est représentative de son
titre. Une douce mélodie qui prend naissance sur un fond de vagues d’océan. Mélancolique le piano est rejoint
par un synthé à la Kitaro et une couche de guitare, donnant un effet de ballade cosmique. C’est beau et ça
détend. C’est aux limites du New Age. Le synthé à la Kitaro est sublime, tout comme les arrangements. Under
the Surface reprend les mesures rythmiques. Le début est craquant avec les sonorités basses en forme de
boucle. Les percussions s’amènent, augmentant la cadence, les synthés enveloppent, donnant plus de
richesse. Un titre à tempo bouclé qui bouge sur des notes synthétiques en mode écho. Analog Bubbles
poursuit sur un rythme tout aussi nerveux. Hésitantes, les notes progressent sur un fond tamisé d’un faible
écho. Après le premier passage, le beat s’active plus sur des percussions claquantes. Le tout prend place et
moule un rythme soutenu par un jeu de synthé éclectique et une bonne ligne de basse nerveuse. Wind Blows
caresse les seules notes atmosphériques. Le tempo est suspendu et entouré d’effets sonores, dont une
percussion qui s’anime de plus en plus. Le rythme progresse sur une bonne basse et un synthé qui accentue
son étendue aux travers des différentes variations sonores. Ce qui donne un tempo atmosphérique différent
des rythmes endiablés que l’on retrouve au long de Terralogica. Le rythme casse sur une superbe apparition du
piano. Mélodieusement divin. Le style de titre qui accroche dès la première écoute. Là aussi, les arrangements
sont superbes. Sensuel, Burning for You nous berce sur un rythme sobre et une voix féminine qui tranche dans
cet univers métallique. Le genre de truc qui pourrait jouer à la radio. Beachjam embrasse un style jazz. Très
léger il s’étire sur un mode hypnotique que des notes de saxophone et de guitare viennent embellir. Sous une
intro où les percussions vaporeuses prédominent Wrong Order vrille et s’entortille sur un synthé fuyant aux
airs de violon arabe. Un titre au tempo lent et envoûtant. Orgasmik sort de son cocon suavement. Les rythmes
sont hésitants sur une bonne ligne basse qui attend le signal. Doucement le stroboscope sonore se met en
marche et le rythme techno déferle sur une sublime descente synthétique. Un titre survolté, qui a la bougeotte.
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Du délire technique/techno qui joue sur les rythmes et se termine sur un message ‘’vocoder’’ de Bernd Scholl
qui vous invite sur son site web. J’ai été agréablement surpris par Teralogica et le travail de Moo223ooter. C’est
un titre qui a du coffre et qui se situe aux limites du techno. Bernd Scholl m’a carrément étonné avec ses
arrangements et ses mixes. Chaque titre couve une mélodie, et chaque mélodie se démarque des autres. Ce
n’est pas un piquage sans fin qui détonne et lasse. C’est bien travaillé, cousu et élaboré. Un travail génial.
Faites vous plaisir et jouer le à haut volume, question de s’en payer toute une. Un excellent cd pour les
chaudes nuits de festivités estivales.
Note : 5/6
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UNDERGROUND RESISTANCE : World 2 world
Chronique réalisée par dariev stands
Encore un EP lancé tel un missile balistique par la nébuleuse UR, et pas des moindres,
puisque sur celui-ci figure encore Jeff Mills... Cofondateur de la fratrie cagoulée avec
l'ombrageux Mad Mike en 1990, il quitta le navire seulement deux ans après, en 1992
(suivant de peu Robert Hood), date de parution de ce EP. Trop ambitieux pour le collectif
de Detroit, il préfèrera voler de ses propres ailes, ce qui l'amènera à parcourir le monde...
Mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'heure, Mills nous concocte 4 titres affûtés comme des couteaux,
aux ambiances luxuriantes, évoquant une pluie de sons acides sur le superbe "Jupiter Jazz", avec ses
sifflements évoquant des oiseaux tropicaux. Quoiqu'il en soit, cet EP nous plonge dans une atmosphère de
jungle, humide, verdoyante, et ce ne sont les pas les samples au début de "amazon" qui me contrediront. Un
titre très maîtrisé, dont la syncope rythmique aura sûrement inspiré l'écossais Mylo pour son tube "Drop the
pressure", entendu partout l'an dernier. La face B, plus étirée, plus posée, reste dans le ton avec des samples
de bruits d'orages et des beats évoquant le clapotis d'une ondée sur les cimes (hum pourquoi je parle tant de
pluie dans mes chroniques moi ? ça doit être la chaleur...) Un festival de sonorités que cette livraison UR. Une
bonne pioche de plus.
Note : 5/6
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GENE LOVES JEZEBEL : Immigrant
Chronique réalisée par Twilight
Révélés par un très bon premier album, les frères Aston confirment le tir de manière efficace par ce deuxième
essai qui tout en restant proche des racines batcave (notamment dans les parties roulantes de son jeu de
batterie et dans le feeling décadent) témoigne déjà de tentations plus flamboyantes qui les poussent dans les
voies d'un rock gothique passionné où leur timbre mélancolique est particulièrement mis en valeur (les
excellents 'Always a flame', 'Shame' ou 'The immigrant' avec son arrière-goût de Specimen). D'autres morceaux
moins réussis comme 'Stephen' ou 'The cow' témoignent pourtant de l'affirmation toujours plus marquée de
l'identité d'un groupe suffisamment mature pour n'avoir point besoin de se cantonner à des schémas trop
conventionnels pour exister et prendre des risques. Autre point positif de cette galette, les jumeaux ont su se
montrer sobres au niveau vocal, évitant des surcharges d'aigus et de 'yeah yeah' parfois agaçants. Clairement
indispensable, 'Immigrant' est également proposé dans une version à un prix sympa avec un cd bonus
proposant outre quelques inédits des versions alternatives de chansons qui figureront sur l'album suivant
('Discover'): le hit 'Desire' ainsi qu'une chanson, 'Gorgeous', tranquille, qui n'a au final rien du tout à voir avec
celle du même titre que l'on trouvera sur 'Discover'. Après écoute, il devient évident que à défaut d'avoir été des
leaders de file du mouvement goth, Gene loves Jezebel méritent mieux qu'un rang de simple second couteau.
Note : 5/6
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GENE LOVES JEZEBEL : Kiss of life
Chronique réalisée par Twilight
Malgré sa jolie pochette, 'Kiss of life' n'est pas un bon disque. Certes, les jumeaux Aston n'ont eu de cesse
album après album de s'écarter toujours plus de leurs racines post punk mais là où 'Discover' proposait une
sorte de rock gothique flamboyant teinté de glam plutôt efficace et convaincant au niveau des mélodies et du
feeling général, 'Kiss of life' nous montre un groupe ayant cédé aux sirènes du succès qui saborde lui-même ce
qui faisait son charme. Caractérisé par une production rock FM assez typique de la fin des 80's, ce disque est
un monument de rock pompier et surtout pompant. Si l'excellent et tristissime morceau éponyme, malgré son
côté slow, ainsi que 'Jealous' ou éventuellment 'It'll end in tears' font illusion, notamment par le feu des guitares
et la beauté du chant, le reste s'enfonce vite dans les poncifs d'un genre mené par Simple Minds, Survivor et
autres daubes qui pullulaient sur les ondes à l'époque: mélodies rock plates ('Two shadows'), guitares se
voulant puissante mais sans relief et même le timbre si particulier des frères Aston semble dépossédé de sa
mélancolie intrinsèque, sans parler des 'youhouhou' mal venus sur certaines pièces. Au final, 'Kiss of life' n'est
qu'un essai de vilain rock US pour public peu exigeant; réécoutez vite les premiers albums !
Note : 2/6
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KAT ONOMA : Live à la Chapelle
Chronique réalisée par Trimalcion
Hier soir, cinéma : "Bled number one" de Rabah Ameur-Zaïmeche, un excellent film racontant le retour au pays
d'un Algérien expulsé de France, retour dans un village qui l'étouffe peu à peu. Mise en scène quasiment
"cassavetes-ienne". Au début, je crois que je vais m'ennuyer ; et puis je suis énervé par mon voisin qui fait ses
commentaires tout haut pendant le film. Soudain, le vide se fait autour de moi : une étrange torpeur m'envahit à
l'écoute des réverbérations poisseuses et malsaines d'une guitare électrique qui se répercutent à l'infini. Il me
semble reconnaître. Cette voix grave qui récite un poème de William Blake avec une pointe d'accent français...
J'y suis. Rodolphe Burger. J'avais oublié combien le charme oppressant et mélancolique de ses notes était
puissant. Et c'est "Bled number one" qui me le rappelle. Le guitariste et chanteur de Kat Onoma y fait deux
apparitions, aussi mystérieuses que terrassantes. "Petit vagabond", c'est précisément le moment d'anthologie
qui ouvre ce live-testament du groupe français, enregistré sur ses terres alsaciennes. Blues crade et brumeux,
rythmes électroniques, jazz-rock sombre qui dépasse Erik Truffaz ou Sonic Youth pour aller s'aventurer du côté
le plus obscur de la chanson française, exploré à sa manière par le meilleur Bashung. C'est peu dire que la
bande à Rodolphe Burger et Philippe Poirier a fait figure d'OVNI dans le rock français, que du fond de son
souterrain, elle en a ébranlé les fondations. Même si tout n'est pas parfait dans ce live, l'envoûtement agit, la
guitare engloutit tout, la voix résonne du plus profond d'une crypte, les cuivres flottent comme autant de
fantômes incertains. Aucun groupe hexagonal n'est capable de créer des atmosphères pareilles. Et la
dantesque reprise de "Radioactivity" de Kraftwerk pour conclure, qui, vous vous en doutez, ressemble à
l'original comme une créature à son ombre... Kat Onoma, ou l'emprise des ténèbres...
Note : 5/6
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POLYGON : Images
Chronique réalisée par Marco
Après l'époustouflant 'Omnon', Ingo Lindmeier sort de son hyper-sommeil pour livrer 'Images'. Qu'en dire si ce
n'est qu'il prolonge les quelques passages electro de son prédécesseur en conservant ces atmosphères
glaciales si particulières depuis 'Refuge'. Bien évidemment, l'évolution depuis cette époque est bien explicite, la
froideur rêche cédant la place à des ambiances relativement plus 'chaudes'. Mais la caractéristique principale
de l'allemand est de sans cesse exprimer beaucoup avec une sobriété exemplaire : à l'heure où le créateur est
asservi par ses machines, cédant à la tentation d'en faire toujours plus, de superposer des couches et de
finalement noyer son propos, Polygon fait définitivement partie de ses projets lucides qui ont avant tout pris
conscience de ce qu'ils désiraient exprimer. Cela n'est donc pas fortuit si 'Images' se veut dépouillé, ses
mélodies et ses boucles abruptes organisant un propos plus hermétique que pouvait l'être celui du très
émotionnel 'Omnon'. Loin s'en faut pour que 'Images' soit une version trop intellectualisée de Polygon, car la
musique de l'allemand parle avant tout aux sens, avec ce qu'il faut de raison pour créer un contraste unique. Il
reste que cet album est peut-être le plus 'cérébral' de Polygon, il ne lui manque finalement qu'une interaction
vocale emblématique comme sur 'Refuge' ainsi qu'une progression hypnotique digne de 'Omnon'.
Note : 4/6
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DISPLACER : Remixes for free ?
Chronique réalisée par Marco
Pour patienter avant la sortie de 'Cage's fighter lullaby', nouvel album de Displacer chez M-Tronic, le netlabel
Crime League inaugure ses activités en proposant une compilation en ligne de remixes orchestrées par
quelques collègues du canadien. Bizarrement cela commence par deux remixes pour Timid (ce dernier lui
rendant la pareille plus loin) et Fractured, deux projets évoluant dans des univers proches de ceux de
Displacer. On reconnaît donc la patte de Mike Morton, très douce et à l'écoute des moindres éléments des
morceaux d'origine pour une nouvelle lecture personelle. C'est également le cas des remixeurs qui s'attaquent
ici à l'oeuvre du canadien. Re_Agent offre une version vitaminée pour dance-floor, beat de base et arpégiateur
old-school qui fleure bon les 90s, Empusae se concentre sur la rythmique, collant au côté trip-hop de Displacer
pour une version plutôt sobre, tout comme Prospero et sa version plus 'groove' et quasi chill-out de
'Disconnected'. Les 'hardcore' Terrofakt jouent la carte de la lobotomie avec un mélange de breakcore ici très
ralenti mais carrément industriel, alors que Raxyor s'essaye à une jungle atmosphérique assez barbante. Enfin
Monstrum Sepsis proprose une version fantômatique de 'Artifical living', à la manière d'un vieux Gridlock. Une
compilation qui à le mérite d'être variée grâce aux remixeurs conviés, mais un peu trop inégale. A vos clicks !
Note : 3/6
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REVEREND BEAT-MAN AND THE CHURCH OF HERPES : Your favourite position is on your
knees
Chronique réalisée par Twilight
Plutôt connu pour oeuvrer dans un registre rockabilly complètement déjanté et personnel, Reverend Beat Man
n'en est donc pas à une expérimentation prête...Accompagné des officiants de Church of Herpes, c'est pourtant
bien loin de ses bases de prédilection qu'il s'aventure puisqu'il flirte ici avec une approche tout à fait digne de
celle de Foetus ou d'Einstuerzende Neubauten ('Move'), soit une sorte de cabaret indus mêlant orgues,
bruitisme, beats électroniques ou percussions métalliques...Quant aux vocaux du prêcheur lui-même,
rocailleux et grésillants d'effets à souhait, ils se coulent à merveille dans cet étrange gospel expérimental. Celà
nous donne une collection de pièce proprement hallucinantes comme la reprise bruitiste du 'Blue suede shoes'
de Elvis Presley, des chansons plus prenantes construites sur l'orgue ('Prophecy') ou des boucles de samples
('Bad treatment' ou l'excellent 'Faith, hope, love' avec ses voix quasi robotiques), sans parler de titres plus
agressifs ('Move'). Voilà assurément oeuvre peu conventionnelle mais parfaitement maîtrisée et cohérente qui
plaîra davantage aux fans d'indus old school qu'aux rockeurs.
Note : 5/6
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ROME : Berlin
Chronique réalisée par Marco
Un nouveau groupe chez CMI luxembourgeois cette fois-ci, nommé Rome et qui se fait connaître aujourd'hui
avec ce mini-album intitulé 'Berlin'. L'humour mis à part, voilà qui devrait présager de quelques minutes
surréalistes. Que nenni, Rome est un énième groupe neofolk, issu d'un background plus punk nous dit la
maigre bio, attaché à écrire de vraies chansons. Certes le chant se veut détaché, langoureux ou éthéré façon
cold-wave (le très bon 'The orchards'), la musique prend tour à tour des aspects martiaux ('Like lovers'),
atmosphériques et rituelles façon Coph Nia ('Clocks') et neoclassique ('Herbstzeitlose' et ses notes
mélancoliques au piano). Difficile de juger vraiment Rome sur un mini-album, 'The orchards' présente
véritablement un talent certain pour le songwriting, mais le reste s'il est agréable n'est pas spécialement
enthousiasmant. L'album est prévu pour la rentrée, espérons qu'il offrira un aperçu du potentiel du groupe
beaucoup plus évident que ce 'Berlin' plutôt terne.
Note : 3/6
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BATTERED : Battered
Chronique réalisée par Nicko
Et encore un..... Battered, inconnu au bataillon, est un groupe norvégien composé de membres de quelques
glorieuses (!) formations norvégiennes telles que Einherjer. Mais alors qu'Einherjer évolue dans un registre très
viking metal, Battered, lui, joue du thrash metal moderne. Donc, ça bastonne, ça va vite et il y a des solos qui
vont à mille à l'heure. Bref, du thrash metal, avec une production actuelle. Et c'est là qu'est l'os, c'est
"bêtement" du thrash metal, rien de plus, sans originalité avec des riffs death-isant, un chant rappelant le style
de Raise Hell. Les riffs sont bateau (tiens, tiens...), à l'image du rendu final. Pour le reste, c'est du déjà entendu
100 fois et en mieux, mais c'est vrai que c'est pas mauvais non plus. Ca s'écoute, mais ça s'oublie aussi vite.
C'est pas avec cet opus que Battered va sortir de la masse, ça, on peut en être sûr. Après, les fans du style
peuvent aimer et investir, mais pour les autres, passez votre chemin.
Note : 3/6
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COÏT : Brutal fantasy
Chronique réalisée par Nicko
Coït, marrant comme nom. Les suisses évoluent dans un hardcore/death bien brutal qu'ils qualifient eux de
rock extrême ! Ce qui est sûr, et ce quelque soit les étiquettes, c'est que Coït ne va pas révolutionner le genre
(brutal !), grosse rythmique avec une basse très présente, un gros chant bien gras et vindicatif, la batterie
enchaine up-tempo et partie bien boeuf et speed. Bref, pas dans la dentelle. Coït porte bien son nom ! Ce qui
est plkaisant dans cette galette, c'est l'énergie qu'elle dégage. Clair qu'en concert, dans le pit, ça doit être bien
furieux ; surtout à l'écoute des morceaux live, bien tarés, à la fin du CD. Coït, c'est des morceaux courts, sans
répis, sans fioritures, 2-3 minutes et ça balance la purée, in-your-face (!). Je pense sans trop me tromper que
les coreux devraient prendre leur pied avec ceCD. Ca tabasse bien, on sent parfois l'influence de Black Bomb
A, les compos sont entrainantes et l'énergie est présente. Que demander de plus ?
Note : 4/6
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LAIKA & THE COSMONAUTS : C'mon do the Laika !
Chronique réalisée par Trimalcion
Le surf-rock, ça vous dit quelque chose ? La plupart du temps, on pense aux Beach Boys... et on se plante
complètement. Car même si ce sous-genre est lui aussi né en Californie dans les années 1960, le messie n'en
est pas Brian Wilson mais Dick Dale, le seul homme qui puisse se vanter, avec Jimi Hendrix, dans les sixties,
d'avoir révolutionné la guitare électrique, excusez du peu. Le surf, c'est de la musique purement instrumentale
(jamais de chant ou très rarement), caractérisée par une rythmique rapide, des morceaux brefs et à
l'emporte-pièce, une inspiration aussi bien rock 'n' roll qu'orientalisante, et surtout un son énorme de guitare
amplifiée et réverbérée, gorgé de méthanol. Accessoirement, c'était un trip pour les surfeurs de Venice Beach
qui voulaient prolonger la fête. Tarantino en a bien incidemment popularisé quelques standards avec la BO de
"Pulp Fiction" en 1994, mais les Finlandais de Laika & The Cosmonauts ne l'ont pas attendu pour sortir ce
premier album qui date de 1988 - époque encore peu propice à ce genre de tentative revival. En plus, vous avez
bien lu, le meilleur groupe de surf à l'heure actuel est finlandais, si si. Plaisant, ce genre de paradoxe. En ce qui
concerne plus spécifiquement cet album, il prend la forme d'un manifeste quasi-parfait, aucune concession n'y
est faite : c'est du rock instrumental sans aucune exception, des morceaux brefs et tranchants qui s'enchaînent
avec frénésie, à l'exécution confondante de fluidité. Beaucoup de reprises, dont une du thème de James Bond
(eux aussi, ils peuvent), ou, histoire de montrer qu'on n'a pas oublié d'où l'on vient, une du classique surf de
Dick Dale "Misirlou" (eh non, Tarantino n'est pas le premier à y avoir pensé) où l'orgue toujours bonnasse de
Matti Pitsinki vient remplacer la section de cuivres. Un disque pêchu, jouissif et un peu fou. Quel bon disque de
surf ne l'est pas ?
Note : 4/6
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LAIKA & THE COSMONAUTS : Surfs you right
Chronique réalisée par Trimalcion
On vante souvent la folie musicale de nos amis japonais, éloignés d'un certain intellectualisme européen ou
d'une quelconque recherche d'authenticité, qui mélangent les genres sans aucun respect, ni aucune notion en
tête de "bon goût", et c'est tant mieux. Mais sur la côte ouest des Etats-Unis, le rock des années 1960 fut lui
aussi capable de ce genre d'emballement. Car le surf déjanté ne respectait rien, ni le rock 'n' roll, ni la musique
classique, ni le folklore d'Europe de l'est, ni la musique libanaise. C'est ce que viennent nous rappeler à très
bon escient les Finlandais (!) de Laika & The Cosmonauts, formidable groupe formé à la fin des années 1980
avec cette mission : faire ressusciter ce sous-genre musical. Ce deuxième album est comparable au premier, si
ce n'est que le son (authentifié surf à 100%, avec Fender réverbérée et gonflée à bloc, véritable ogresse) a pris
de l'ampleur. L'entrée en matière ("Surfs you right") est digne des plus grands moments de Dick Dale et
emporte tout sur son passage. Pour le reste, je vous invite à jeter un coup d'oeil sur le titre des morceaux,
suffisamment expressifs en eux-mêmes. "Zunami", "A night in Tunisia", "Don't monkey with Tarzan",
"Surf-Ro-Mania", "Point of no return"... autant de moments d'une folie salvatrice qu'il serait vain de vouloir
décrire plus avant : du surf et rien d'autre ! Rendez-vous à Honolulu, vol direct depuis Helsinki.
Note : 5/6
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LAIKA & THE COSMONAUTS : Instruments of terror
Chronique réalisée par Trimalcion
"Instruments of terror"... Avec un titre pareil, je suis sûr que j'ai réussi à attirer nombre de curieux. Et pourtant,
rien n'a changé. Laika & The Cosmonauts restent les messagers du surf. Plus simplement : un putain de bon
groupe de rock qui arrache tout. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Al Jourgensen, qui les avait conviés à faire la
première partie de Ministry lors de la tournée "Filth Pig" (faut bien que je trouve un autre argument pour attiser
la curiosité de certains, même si on est à mille lieues du metal indus pratiqué par ces derniers). Ce troisième
album des Finlandais (1992-94) n'est sans doute pas meilleur que le précédent (quoique... il est plus long, c'est
déjà ca) ; il ne dévie pas d'un iota de la ligne de conduite que le groupe s'était fixée dès le départ. Pourtant, ne
serait-ce qu'en raison de la mémorable reprise du célèbrissime thème de Lalo Schifrin "Mission impossible", il
serait criminel de ne pas y jeter un coup d'oreille. (Bernard Herrman et Henry Mancini sont aussi au
rendez-vous !) Toute la puissance et l'insouciance dévastatrice de ce sous-genre si singulier y sont
représentées. Le son unique, reconnaissable entre mille, est là et bien là. Si les pionniers se nommèrent Dick
Dale, Ventures ou Trashmen... leurs héritiers forment aujourd'hui un collectif des plus divers. Vous ne vous en
doutiez peut-être pas, mais lorsque vous écoutez le premier album de Naked City ou "Radio" du même groupe,
lorsque vous vibrez de la même démence qui anime Mr Bungle ou Secret Chiefs 3, c'est l'esprit surf qui vous
anime. Laika & The Cosmonauts, s'ils sont (un peu) plus sages et plus "classiques", parviennent ici, une fois
encore, à le maintenir en vie. Baha-Ree-Bah !
Note : 5/6
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LAIKA & THE COSMONAUTS : Absurdistan
Chronique réalisée par Trimalcion
Après trois premiers albums mémorables qui les imposent comme un des meilleurs groupes de la mouvance
revival surf, après une grande tournée américaine qui leur apporte une certaine reconnaissance internationale,
et surtout après le succès en 1994 du film de Tarantino "Pulp fiction", qui remet au goût du jour un genre pour
lequel ils se battent depuis longtemps déjà, Laika & The Cosmonauts ont décidé de faire preuve de plus
d'ambition : terminé le son 100% pur surf labellisé et certifié authentique, terminées les reprises, terminée la
succession de morceaux dont la longueur n'excède pas les 2 minutes. Même s'il est encore tributaire des
précédents efforts (on n'efface pas du jour au lendemain 10 ans de "surf guitar"), Absurdistan s'ouvre à une
sorte de rock alternatif un peu néo-psychédélique, un peu crossover, qui reprend également le meilleur des
influences passées (Henry Mancini, Ennio Morricone ou les Shadows mixés avec quelques espagnolades). Tout
n'est qu'instrumental, bien évidemment. Et si le groupe perd en identité ce qu'il gagne en variété, on prend tout
de même un plaisir certain à ce jeu de guitare piquée (qui s'oriente parfois vers une wah-wah plus funky), à cet
orgue omniprésent, à cette incroyable fluidité mélodique qui illumine la musique de ce combo nordique, dont
les membres préfèrent certainement les plages californiennes aux mornes grisailles de la mer baltique. Je suis
certain que l'originalité de ce disque éclatera aux oreilles de ceux qui découvriront le groupe avec lui ; pour les
autres, ils préféreront sans doute se tourner en priorité vers les précédents albums et la grande classe surf, ou
bien (par exemple) vers le dernier disque de Secret Chiefs 3.
Note : 3/6
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AMENRA : Mass III
Chronique réalisée par Chris
Premier véritable album de Amenra, "Mass III" fait - comme son nom le laisse supposer - suite aux "Mass I"
(une démo cd) et "Mass II : Sermons" (un cd-r autoproduit). "Mass III", troisième production du jeune label
Hypertension permet au groupe d'exprimer son rock lourdissime à l'aide d'une production assez énorme. Dès le
départ Amenra s'incrit dans la lignée directe de groupes comme Cult Of Luna ou Isis, assénant un
post-hardcore violent, pesant et incisif avec un chant hurlé assez typique du genre. Le groupe se montre habile
à contruire des compositions intelligentes et vraiment intéressantes où comme à l'accoutumée dans cette
mouvance musicale les décharges électriques se partagent la scène avec des passages plus calmes, ambiants,
et progressifs. On assiste donc à une première partie d'album assez conventionnelle stylistiquement parlant,
puis à partir du troisième titre le groupe dévoile un penchant pour des atmosphères plus typées post-rock. On
assiste même à l'irruption d'un chant féminin éthérée évoquant fortement celui de "The weight" sur l'album
"Oceanic" d'Isis. Les belges parviennent sans problème à surprendre leur auditoire jusqu'au bout, grâce à des
compositions longues mais vraiment prenantes et efficaces, où la noirceur règne en maîtresse absolue ! Bref, il
est clair que ce disque risque fort de faire le bonheur des amateurs de post hardcore au sens large, de part son
accessibilité relativement aisée, ses indéniables qualités mélodiques, et son énorme puissance de frappe !
Amenra est un client très sérieux et son album : chaudement recommandé !
Note : 5/6
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MILLS (Jeff) : Purpose maker compilation
Chronique réalisée par dariev stands
Quand la musique techno à un message à faire passer, il vaut mieux regarder dans les notes de pochette, ou
sur le sillon du vinyle, que dans les paroles de la musique elle-même, souvent inexistantes. Ici, visiblement, Jeff
Mills, le spielberg de la techno qu’on ne présente plus, échappé de Detroit pour perpétrer la bonne parole
autour du monde, avait quelque chose à nous dire : “ Only the consciousness of a purpose that is greater than
any man can seed and fortify the souls of men ”. C’est la seule phrase présente dans le livret du CD, elle est
également présente dans le clip de “The Bells”. Voilà qui impose une solennité toute mystique à l’objet
présentement chroniqué. Tout d’abord, à quoi avons nous affaire ici ? A de la techno tout ce qu’il y a de plus
classique, à priori, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’un « best of » du
monsieur. Il s’agit d’une compilation d’une série de EP tournant autour des mêmes recherches, dont la base
était la 11eme sortie de son label de Chicago, Axis (sortie nommée « Purpose Maker » tout simplement, dont on
retrouve ici « Casa » et « Reverting »). Le point de départ étant apparemment cette fameuse phrase très mise en
avant par Mills. Histoire de marquer la nouvelle direction ainsi empruntée, il fondera un autre label, nommé «
Purpose Maker » également, spécialement pour accueillir les disques de cette série. Après 5 EP, Mills décide
que tout cela mérite une plus ample visibilité du public, et compile les meilleures pistes sur un CD, qui sera par
la suite maintes fois réédité… Une mise en avant évidente de la part du DJ de detroit, puisque la plupart de ses
sorties sont des vinyles pressés à peu d’exemplaires. Bien entendu, cette médiatisation sera payante, puisque
le mirifique « The Bells » sera reconnu comme le tube le plus emblématique de la techno, excusez du peu ! Et
force est de constater, à l’écoute, qu’il s’agit d’une somme, d’une quintessence comme peu l’ont réussi. « The
Bells » est de loin le titre le plus réussi de ce CD, toutes les autres pistes semblent n’en être que des
déclinaisons, tant ce titre aux accents mélodiques envoûtants et à la transe spasmodique (on croirait presque
entendre une machine à laver derrière tant la densité du son est énorme) concentre tout ce qui constitue un
morceau techno. Universel, tout simplement. Revenons-en au concept « Purpose Maker ». (car il s’agit bien
d’un concept, le Kid de Detroit étant connu pour être un infatigable théoricien). C’est un travail sur les samples,
les boucles répétées, l’épuration, et le potentiel hypnotique de la techno. Tout un programme, me direz vous,
mais à l’écoute du cd, ce qui saute aux oreilles au premier abord, c’est la simplicité. Voire même la
ressemblance entre certains morceaux, comme ce « Reverting » trop proche de « Outsider ». Les nuances sont
ici subtiles. Ainsi, le kick de grosse caisse omniprésent ferait presque oublier que les boucles ne cessent
jamais d’évoluer. Le gimmick monolithique de « Alarms » par exemple, à l’apparente banalité, cache en fait une
polyrythmie bien réelle à l’arrière plan. La récurrence de sons secs dans les beats de certains titres aux
consonances latino (« Casa », « Tango », « Cubango »…) évoque ce que bien plus tard on appellerait le
minimal, avec des artistes comme Villalobos et Herbert. Mais comme les moins jeunes le savent, la techno, par
essence, a toujours été minimale. Ce n’est pas vraiment le minimalisme que vise Mills ici, c’est quelque chose
de plus compliqué à saisir. De la même façon, difficile de déterminer de quel genre il s’agit : Techno ? House ?
Un peu des deux ? Une musique clairement attifée pour le dancefloor mais Mills semble avoir longuement
pensé ces morceaux, comme on penserait un disque d’ambient. « Paradise » parvient même à nous faire
penser à du hip-hop old school, simplement par un minuscule sample qu’on devine être une voix d’enfant noir,
mais à la réflexion cela pourrait aussi bien être le produit d’une machine. Curieuse sensation. « Fly Guy » offre
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un détour vers des sonorités plus ouatées, plus rondes. Toujours difficile à cerner. L’accent n’est pas mis sur
les BPM, ni sur la mélodie, encore moins sur la production : sommaire, ni crade ni clinquante. C’est peut-être là
la réussite de ce disque : créer quelque chose de détaché des modes, au son ni américain ni européen,
intemporel, susceptible de plaire à tout le monde. Refus de mettre un avant un indice, de donner des pistes, de
se cataloguer. Refus de la facilité. Rien à faire, l’esprit UR est toujours là… Détail rigolo, au moins la moitié des
titres de cette compilation pourraient être des noms de clubs…
Note : 5/6
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JIANNIS : Plugged
Chronique réalisée par Phaedream
En 1997 Klaus Schulze étonnait avec le rythmique Dosburg Online. Tangerine Dream rageait ses anciens fans
avec des titres aux rythmes aseptisés, délaissant les évolutions séquentielles. Bref, l’univers de la MÉ, style
Berlin School, trouvait son évolution aux travers des rythmes plus harmonieux et des cd aux titres plus courts,
plus dynamiques. Pour les purs et les durs, l’époque était à la nostalgie. On regrettait les longues kermesses
musicales aux envolées séquentielles interminables et déviantes. C’est dans ce contexte que Plugged de
Jiannis tombait dans les bacs. Avec trois longs titres aux saveurs très allemandes, Jiannis ré ouvrait les livres
d’histoires de la MÉ séquentielle. Erstes Schattenspiel ouvre avec un début atmosphérique sur chant de
baleines intersidérales et des voix sur un ‘’vocoder’’ qui me rappelle Neuronium avec Chronium Echoes. C’est
très calme, le mellotron fuse ses airs de flûte dans une nébulosité dense où des cris synthétiques se lamentent
sur une approche très Tangerine Dream dans les sombres années 70. Doucement, une séquence envoûtante à
la Body Love prend le pas avec de superbes solos de synthé sur une ligne minimaliste jusqu’à la vingtième
minute où un suave mellotron pousse une ligne plus basse et plus animée qui se fond sur la première modifiant
subtilement le cours. Un long titre qui se termine dans les méandres atmosphériques de son introduction.
Zweites Schattenspiel est plus palpable. Après l’usuelle intro planante sur un mellotron aux essences de flûte,
noyés dans de sombres chœurs. Des percussions s’animent, un peu comme celles de Man machine de
Kraftwerk, et une séquence plus vivante pulse sur un synthé enveloppant qui dévie et se divise en plusieurs
petites lignes mélodieuses, hypnotiques et langoureuses. Le mellotron impose une ligne orchestrale
arabesque, donnant une profondeur insoupçonnée à un titre assez ambivalent. La finale est superbe avec le
mélange de percussions nerveuses et un synthé plus mélodieux aux effluves orchestraux qui se subdivise en
multi lignes très animées.
Drittes Schattenspiel termine ce dernier jeu d’ombre avec une intro très ambiante aux nappes synthétiques
denses et sombres. D’où des solos de synthé très aigus, comme les premiers Neuronium, scient cette obscur
environnement. Derrière cette ambiance synthétique éthérée, le séquenceur forme une ligne plus percutante,
imposant un rythme nerveux sur une ambiance statique. Les deux lignes se rencontrent et forment une
symbiose lancinante et envoûtante Et là on pénètre dans le somptueux univers des batteries et rythmes de
Klaus Schulze. Évolutions des lignes, solos de synthés tordus et aigus. De grands moments qui se termine
dans le calme des œuvres aux essences atmosphériques. Plugged de Jiannis est pour ceux qui s’ennuient des
premières grandes œuvres de Klaus Schulze (époque de Body Love) et des premiers Neuronium. Ça n’apporte
rien de nouveau. Il ne faut pas s’attendre à ce que les sphères de la Berlin School aient été revisitées avec de
nouvelles idées. Cette une exacte copie carbone de ce qui se faisait à l’époque. Est-ce dommage ou est-ce une
bénédiction? Je ne le sais pas. Je me dis qu’une fois qu’on a les œuvres de Schulze, Neuronium et celles de TD
dans ses sombres et expérimentales années, avons-nous réellement besoin de Plugged? Cette ré édition
s’adresse aux purs et durs. Aux nostalgiques de ces années. Ceux qui veulent découvrir la subtile langueur de
la Berlin School devraient se taper les œuvres analogiques de Klaus Schulze. Si il vous reste de la place,
Plugged de Jiannis est un excellent substitut que je classe bien avant Radio Massacre International et Air
Sculpture. Moi! J’ai bien aimé…non. J’ai adoré. Que voulez-vous? Je suis un nostalgique qui aime ces vieilles
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messes musicales.
Note : 5/6
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NEW MODEL ARMY : Carnival
Chronique réalisée par Twilight
New Model Army vieillit et New Model Army vieillit bien. Si l'on avait pu déplorer une petite 'passe à vide' dûe à
des changements de label et la mort de Rob Heaton qui avait vu le groupe sortir pas mal de live, de
compilations et d'inédits et Justin enregistrer en solo, ce passé-là semble révolu. Certes, dire que la magie est
totalement intacte serait mentir, difficile d'égaler des must comme 'Thunder and consolation' ou 'Ghost of
Cain'...Pourtant Justin Sullivan et sa bande sont toujours bien là aux commandes de leur rock contestataire et
écorché, comme en témoigne ce 'Carnival', dernier opus en date. Certes, la recette est toujours la même, un
savant dosage de restes post punk, de rock avec une bonne touche de goth, mais ça fonctionne, le groupe a
toujours la fibre pour dénicher la mélodie ('Prayer flags', Too close to the sun') et l'énergie est intacte. Batterie
roulante, basse lourde, guitares énervées, chant passionné...avec parfois des incursions plus intimistes (le
beau 'Carlisle Road', 'Red earth'). Certaines chansons sont même de très bonnes surprises, notamment le
flamboyant 'Too close to the sun' qui m'évoquent des échos d'un Pink Floyd gothique et énervé ou 'Blue beat'
et ses orgues poignants. A noter la présence judicieuse d'arrangements de cordes ('Another imperial day', 'Too
close to the sun') qui ajoutent un plus dans l'énergie intrinsèque des titres. Encore une réussite signée Sullivan
and Co...4,5/6
Note : 4/6
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NATTEFROST : Absorbed in Dreams and Yearning
Chronique réalisée par Phaedream
Voici quelque chose qui pourrait intéresser les amateurs de Musique Électronique sombre et mouvante.
Nattefrost est le musicien scandinave Bjorn Jeppesen. Avec Absorbed in Dreams and Yearning, il traverse les
frontières du Danemark pour nous présenter un cd aux nouvelles sonorités. Selon le guide de presse, c’est une
œuvre novatrice qui peut conduire jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle école de pensées musicales; la Scandiavian
School. De quoi attirer immédiatement l’attention des fans. Tant les puristes que les curieux. Voyons ce que ça
donne. The Battle that lasted Eternally débute avec des bruits de combats de gladiateurs et des hennissements
de chevaux. Un titre qui inspire un rythme harmonieux sur avec une ligne en boucle nerveuse, traversée
d’effets sonores bien structurés. Le synthé est agile et souffle discrètement une suave mélodie qui se tortille en
haussant les octaves. Une belle ouverture harmonieuse qui laisse ses empreintes sonores. Where the Gods are
Watching est un court titre nerveux qui rappelle les élans analogues de Jean Michel Jarre sur ses Chants
Magnétiques. La séquence est bien ronde sur des lignes de synthétiseurs aux harmonies conflictuelles. C’est
avec Through Clear and Frosty Nights que l’on est saisi de l’effet Nattefrost. C’est un long titre qui navigue sur
une ligne séquentielle basse et alanguie aux nombreux effets atmosphériques analogues. Ce titre coiffe le
génie d’une lourdeur intense qui se dandine sur des accords d’une basse bouclée minimaliste. Le synthétiseur
nous berce de mélodies aux notes claires, creusant un contraste harmonique irréel. Le tempo est déviant et
emprunte différents visages harmonieux dont un qui nous semble étrangement familier lorsque l’on a
l’impression d’entendre les lignes du célèbre hit Pop Corn, mais joué d’une façon maladroite, comme à
l’envers. L’effet accroche immédiatement. Visions of a Pale Moon emprunte les lugubres effluves de Through
Clear and Frosty Nights, mais avec un rythme plus dégagé, plus aéré. Toujours lent, le rythme varie sa cadence
sur ses propres accords. Valhal est le gros titre sur Absorbed in Dreams and Yearning. Une grosse ligne
sombre émerge d’une intro très statique. Le rythme en est pesant et se dandine sur une bonne percussion, des
coups de cymbales à l’étouffée et un beau refrain accrocheur d’un synthétiseur suave et savoureusement
mélodieux. Les synthés sont riches en mellotron et embrassent une texture atmosphérique qui s’étire jusqu’à
ce qu’une ligne plus aérée se pointe. Là, Bjorn Jeppesen récite une ode qui trouve écho sur un vent éthéré.
Descending from the Stars est un autre titre fort rythmé aux superbes odeurs des premières œuvres de Jarre.
Le genre de pièce que l’on trouve trop courte. Absorbed in Dreams and Yearning prend forme sur une ligne
séquentielle basse et nerveuse. Alors que le synthé épouse une forme plus atmosphérique, plus ambiant. Cette
étrange symbiose donne un rythme obsédant car on ne sait pas qui guide quoi. L’atmosphère est encore
limitrophe aux incantations analogues des premières œuvres de musique électronique. Un titre étrange, bien
enveloppé aux dimensions sonores bien particulières. The Northern Lights termine ce dernier opus sur une
note très atmosphérique. La ligne est ambulante et coule sur des accords harmonieux, qui forment une douce
mélodie aux notes mélancoliques, entre les rêves et les désirs. Conformément au guide de presse, Absorbed in
Dreams and Yearning de Nattefrost est un opus qui effectivement possède une étrange sonorité.
Rassurez-vous, la Berlin School n’est pas en danger. Mais elle s’enrichit drôlement. C’est un cd à la fois
sombre et mélodieux, enrobé d’une structure atmosphérique mouvante et minimaliste aux confins d’une Berlin
School progressive. Tout au long de l’aventure musical, Nattefrost étale ses lignes envoûtantes qui ont une
petit quelque chose d’indéfinissable qui accroche aisément. On a la vague impression d’être dans une dérive
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atmosphérique alors que les séquences sont animées et bouillonnantes. Est-ce unique? Je ne peux l’affirmer,
mais ça me rappelle les premières œuvres énergiques de Steve Roach. Ce qui est assez particulier. J’ai bien
aimé, d’un bout à l’autre. Et je suis impatient d’entendre le prochain opus de Nattefrost. Un nouvel artiste
amplement intéressant, qui semble avoir un bon potentiel de créativité. Du Berlin School nouveau genre? Ça
n’arrive pas tous les jours.
Note : 5/6
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ATARI TEENAGE RIOT : Burn, Berlin, Burn !
Chronique réalisée par Trimalcion
Atari Teenage Riot... un nom impossible, qui annonçait par avance un mix entre le noisy rock destructeur de
Sonic Youth, la techno, catégorie lobotomie, et l'extrêmisme punk le plus ravagé. La formation d'Alec Empire
est depuis lors devenue mythique. Avec raison. "Burn, Berlin, Burn !" nous promet la rage et la destruction, et
tient toutes ses promesses. Cette compilation, qui reprend du matériel issu de leurs deux premiers albums
("Delete yourself" et "The future of war") est un cocktail molotov, une bombe incendiaire qui vous éclate à la
gueule plus sûrement que tout ce qui se faisait à l'époque. Comment décrire ce disque ? C'est une déclaration
de guerre, non seulement contre l'extrême-droite, mais contre le système entier, qui envoit toute l'Allemagne (et
le reste du monde) se faire enculer (je cite, hein), en combinant les sons de guitare électrique, les beats, et les
paroles (gueulées) les plus violents qu'on puisse trouver sur la place. "Start the riot", "Fuck all !", "Deutschland
has gotta die", "Destroy 2000 years of culture", "Delete yourself", voilà un programme politique qui aurait sans
doute mis un peu plus d'animation aux dernières élections allemandes. Un trop plein d'énergie destructrice qui
explose. Non au repos. Non à la subtilité. Ça tabasse sans discontinuer tout au long des 14 titres. Pourquoi se
donner la peine de décrire une série de coups de poing dans la gueule ? L'alternance des voix masculine et
féminine (celle de Hanin Elias, dont l'hystérie n'a rien à envier à la petite chanteuse de Melt Banana, par
exemple) s'avère particulièrement efficace. Accessoirement, rares étaient les concerts du groupe qui se
terminaient sans violence. À la simple écoute de ce disque, on comprend pourquoi. Si vous cherchez le must
dans la fusion entre la haine cathartique qui émane du hardcore/punk et le marteau-pilon des BPM, n'allez pas
plus loin, vous avez trouvé. Et mort aux cons.
Note : 5/6
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FROESE (Edgar W.) : Orange Light Years
Chronique réalisée par Phaedream
Edgar, mon cher ami Edgar. Je suis l’un de tes plus fidèles supporteurs. Et jamais, au grand jamais je ne
saurais dire du mal de toi, de tes œuvres. Et j’ai toujours autant de difficulté à écouter les autres. Tes ex fans
qui aujourd’hui te tombent dessus à bras raccourcis, prétendant qu’Edgar est devenu qu’une machine à tenter
d’imprimer de l’argent. Non, je te suis toujours fidèle, même si : Tangerine Dream n’est plus le souffle de
l’ombre qu’il a jadis été et que tu continue à créer des œuvres qui n’ont aucun rapport avec ce nom légendaire :
Depuis des lunes, tu remasterise, refais, re-peinture, reprend et re reprend tes œuvres : Tu vends des droits sur
des enregistrements de qualité douteuse pour la très contreversée série des Bootmoon, et que nous (TES
FANS) nous tapons des enregistrements merdiques qui n’ont aucun respect pour la panse que nous gardons
garnie pour toi : tu aseptise tes œuvres sous le couvert d’une nouvelle édition, et que l’on se rend compte que
l’art de remastering avec toi est bien en cela de ce que d’autres peuvent faire : tu me semble être bien plus
attiré par l’aspect pécuniaire que créatif. Bref, mon ami Edgar, comment faire pour convertir des fans à ta
nouvelle philosophie de la création? Orange Light Years est le combientième projet de remasterisation? Orange
Light Years est la combientième collection de tes œuvres, incluant celles de TD? Hummm…le compte est gros,
hein? Ça fait beaucoup de compil, beaucoup de ré édition. Que se passe-t-il Edgar? L’inspiration n’y est plus?
Je n’ai rien contre Orange Light Years, il faut bien me comprendre. C’est une belle compilation qui comprends
quelques inédits, des vieilles pièces prises dans les premières œuvres d’Edgar d’il y a près de 30 ans, mais
aussi des pièces aussi jeunes que celles de Dalinetopa et Ambient Highway. Et c’est là l’os majeur. Edgar, tu as
tout mis sur le même niveau sonore. Tu as pris des classiques et tu les as habillés de cette ambiance musicale
d’aujourd’hui. Ambiance qui, il faut bien l’avouer, et à des milles de distance de ce qui régnait sur tes premières
œuvres. Et qu’est-ce que ça donne? Des remix. Oui, encore des remix. Et quels remix! Toi et tes copains avez
du travailler fort pour ses remix, hein? Je vous imagine tous autour d’un pc à retravailler Scarlet Score For
Mescalero ou Metropolis. Ouf! Que ça pas dû être facile Edgar. L’effet mellotron, les chœurs, les lignes perdues
dans l’ivresse d’un questionnement. Oh la la mon Edgar. Il y a dû y avoir beaucoup de discussions autour de
ces remixages, de ces revernissages. À les ‘’Tangerinser’’, comme sur Beyond the Storm ou sur le coffret de 5
cd Tangents. Je ne dis pas que c’est mauvais Edgar. J’aime bien les nouvelles versions de Dome Of Yellow
Turtles et Tropic Of Capricorn en passant. J’ai un peu de difficulté avec ta version de Maroubra Bay, l’original
étant tellement génial. Je cherche juste à comprendre. À comprendre où est la valeur ajoutée à cet autre
collection après l’épisode du Ambient Highway (un autre coffret compil de 5 cd sur ton œuvre) et de la réédition
de tous tes cd en solo. Et ce depuis 2 ans. Depuis deux ans Edgar tu as tout repris ton catalogue. Alors
pourquoi cette compil? Je ne sais plus. J’ai peur. Je me dis que tes ex fans ont peut-être raison après tout.
Était-ce pour l’argent? Non? Ahhh, je comprends. C’est pour faire découvrir ton œuvre aux nouveaux venus.
Ceux qui n’ont pas encore tomber sous le charme de l’exotique et mellotronné Epsilon in Malaysian Pale? Du
très osé Ages ou encore des mélodieuses lignes séquentielles perverses de Stuntman et Pinnacles? C’est pour
eux! Eh bien si c’est le cas, ça se tient. Car si Orange Light Years est la première œuvre qu’ils écoutent, de toi,
ils vont aimer. C’est mélodieux, fort bien orchestré. Les passages sont rehaussés d’un petit quelque chose qui
attire, qui charme, démontrant hors de tout doute que tu as toujours la touche. Il y a des moments où tu étonne.
Comme avec Timanfaya, j’ai l’impression qu’il sort tout droit de Stuntman ou de Pinnacles. Oui, je crois que
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quelqu’un qui ne connaît pas ton catalogue avec autant de passion que tes vieux fans va apprécier, car ça
s’écoute d’un bout à l’autre avec tendresse, en rêvant ou en lisant. C’est bien fait. En fait, je peux facilement le
conseiller, car c’est une aussi bonne collection que Beyond The Storm paru en 1995. Cette fois-ci, elle survole
plus tes récentes œuvres et la compil est entouré de cet aura musical de tes nouvelles productions. Ceux qui
aiment aussi l'approche New Age (je pensais que ce mouvement, que dis-je, cette inertie musicale était mort
Edgar)seront aussi charmé. Je dois admettre que ça me fait tout drôle d’entendre une partie de Stuntman dans
un contexte similaire. Mais, Edgar, j’aimerais que tu cesses de penser à tes nouveaux fans et penser un peu
plus à ceux qui te suivent depuis le début. À quand une petite œuvre originale? Quand inonderas-tu nos
oreilles de tes habilles mélanges mélodieux de mellotron, séquenceur et synthétiseur? Comme il y a près de 30
ans. Dieu que ça serait délicieux. Au revoir Edgar, et ne t’en fais pas. Je résisterais aux attaques de tes fans, de
tes anciens fans qui, ils n’ont pas tort tu sais, disent que tu as perdu la touche et que tu as besoin d’argent
pour la retrouver.
Amitiés Phaedream
Note : 4/6
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FROESE (Edgar W.) : Dalinetopia
Chronique réalisée par Phaedream
Ça faisait un bail depuis qu’Edgar Froese n’avait pas produit une œuvre en solo. Depuis plus de 20 ans. Son
dernier projet solo remonte en 1983 avec Pinnacles. En 22 ans il s’en passe des choses. Peu après Pinnacles
justement, Tangerine Dream a pris un virage New Age, s’éloignant des grosses compositions tordues aux
multiples paliers et torsions séquentiels. Pour Edgar il était révolue le temps des grosses compositions. Des
longues nappes et multi couches de synthétiseurs accouplés avec les mellotrons et les guitares. L’heure était
aux courtes compositions, comme des caméos pour un clip ou des musiques de films. Dalinetopia s’inscrit
dans un même parcours. C’est un cd aux rythmes légers, comme les derniers Tangerine Dream, extra guitare.
Une œuvre posthume à son mentor, Salvator Dali. Daleroshima ouvre avec un rythme léger qui s’agite sur des
percussions claquantes et traînantes. La sonorité est dense et rappelle un peu l’atmosphère qu’il y avait sur
Pinnacles. Dalozapata possède un rythme plus lent. Toujours arqué sur une bonne percussion qui tombe avec
force sur des notes qui éclatent et fusent en une aura mélodieuse. Les arrangements sont très bons. J’aime
bien le jeu du synthé qui se mêle aux cris de la six-cordes à Edgar. Dalamuerte s’élève sur un beau fond de
synthétiseur soyeux. Avec des notes égarées d’une guitare acoustique. Une flûte mellotronnée surgit et épouse
un superbe solo de guitare. Edgar crie, en pleine lune, son désarroi. Un titre sombre, intense et superbement
riche qui vient nous chercher le petit brin de poil. Dalerotica est plus agité, mais sans vraiment bouger. Un peu
comme les derniers titres de TD. On a l’impression que ça roule, alors que c’est assez statique avec les effets
sonores qui circulent sur différentes lignes de synthé et une séquence basse. Les percussions roulent et des
choeurs hypnotiques stagnent dans une sphère synthétique très dense. Daliesquador est un titre où le synthé
est lourd à la séquence agile. Le titre évolue sur différentes strates de synthétiseurs aux couleurs orchestrales
et aux sonorités très Froesienne dans les années 70-80. Une pièce qui fait bon d’entendre. On se ferme les yeux
et…non! Pas jusque là, mais pas trop loin. L’une des bonnes plages sur Dalinetopia. Un doux piano nous
surprend en ouverture de Dalumination, le plus long titre Dalinetopia. De légères percussions, accompagnées
de cymbales, progressent en harmonie avec les accords de piano. Doucement le titre évolue, modifiant
subtilement sa cadence et il explose soyeusement avec une nuée de violon, gracieuseté des orchestrations
mellotronnées. Un beau titre romanesque qui pourrait aisément figurer sur une trame sonore d’un film
romantique. Dalagalor débute comme une berceuse. Une mélopée particulière où le rythme froisse une mélodie
qui épouse des cadences en spirales. Sublime, la guitare y est très haute et Edgar en sort de merveilleux solos
sur une cadence traînante et sensuelle qui se réfugie sur un synthé flûtée et enchanteur. Une trouvaille qui
enchante comme certains titres sur Legend, …oui oui. Daluna casse un peu ce charme .C’est un titre pesant au
tempo agressif et statique. Encore là, Edgar nous frotte les oreilles avec des solos et des riffs langoureux au
spectre de glace. C’est froid et c’est métallique. Et malgré tout, Edgar réussit à y percer une mélodie.
Dalysisiphus débute avec un choeur suave. Le tempo glisse avec douceur sur des arrangements orchestraux
lents et des percussions qui marquent une cadence lourde. Dalinetopia cloture ce dernier opus d’Edgar Froese
avec un rhytme sobre, une douce ligne de synthé mélodieuse, saupoudrée de choeurs et d’effets synthétiques
lourds, pour en habiller l’effet. Un bon titre suave qui augmente en intensité sur de bonnes percussions
roulantes, démontrant qu’Edgar a encore du jus dans le corps.
De Pinnacles à Dalinetopia, la marche est haute… et fait mal. Mais comme à l’époque de Pinnacles, Edgar
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Froese nous livre un opus très près des œuvres de TD. Enracinant encore plus l’impression populaire à l’effet
qu’il en a toujours été le guide musical. Donc, c’est du Tangerine Dream, tout ce qu’il y a de plus contemporain.
La seule différence réside au niveau de la marque, la griffe ou l’essence, si vous voulez. C’est un opus où on
sent l’amertume et les cris du cœur, ainsi que les blessures à l’âme qu’Edgar a subit au cours des dernières
années. Et même si les titres et l’esprit rendent hommage à Salvatore Dali. C’est un cd très personnel qui nous
révèle un être plus humain que je ne l’aurai imaginé. Si vous aimez les sonorités contemporaines de TD, il est
excellent. Si, comme moi, vous vous ennuyez de l’autre Edgar Dream, il y a, par moments, quelques brins
sonores qui en traînent encore. Peut-être qu’Edgar a encore un petit tour à faire…
Note : 4/6
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PRONG : Prove you wrong
Chronique réalisée par Progmonster
Aux côtés de King's X ou plus encore Helmet, Prong fait partie de ces quelques rares groupes américains aux
velleités métal dont l'approche musicale originale s'est pourtant révélée être un handicap, mais entendons nous
; en terme de succès populaire. Dans les faits, peu ou pas de groupes à l'époque ne proposaient de grammaire
semblable à celle déployée par le trio mené de main de maître par Tommy Victor. Revenir après "Beg to Differ"
ne devait pas être chose facile et clamer d'entrée de jeu qu'ils sont là pour nous prouver qu'on a tort, c'est
symboliquement faire peut-être preuve de faiblesse. Comme on a coutume de le dire dans pareils cas, "Prove
You Wrong" est un album de transition. Après le départ du bassiste Mike Kirkland, Troy Gregory vient resserer
les rangs, ce qui nous fait donc deux ex-membres des Swans (avec Ted Parsons) évoluant désormais dans le
groupe ! Si l'affiche est prometteuse - mais Victor a toujours su bien s'entourer - "Prove You Wrong" jete les
bases d'un changement qui, alors et aujourd'hui plus encore sans doute, sonne en réalité comme une
concession au son de toute une époque. Gregory n'est que de passage, et bien qu'il assure le chant sur un titre
comme "Brainwave", son apport ne révolutionne en rien le monde Prong, excepté cette tendance marquée à
lorgner vers la scène fusion crossover au son de basse caractéristique ample et claquant à la fois. Prong aligne
quand même quelques bons titres ("Irrelevant Thoughts", "Torn Between", "Territorial Rites") mais dans
l'ensemble la sauce hardcore ne prend pas parce que le groupe nous a déjà offert mieux. Parce que l'on sait
aussi qu'ils peuvent nettement mieux faire. Sur des titres comme "Hell If I Could" ou même la reprise des
Stranglers, "Get A GRip (On Yourself)", on sent une influence Killing Joke pas déplaisante qui, ô ironie du sort,
va redéfinir au-delà de toutes attentes le devenir de ce groupe influent mais toujours resté dans l'ombre.
Note : 3/6
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PRONG : Cleansing
Chronique réalisée par Progmonster
"Cleansing", c'est de la balle. Prong y retrouve la pêche qui manquait au finalement très molasson sur la
longueur "Prove You Wrong". Il n'y a pas de hasard là-dessous : plusieurs éléments importants ont favorisé ce
revirement heureux. Un changement de line-up, même si contrairement à Troy Gregory la basse de Paul Raven
est criminellement sous-mixée dans les passages les plus puissants. Ensuite, un changement d'optique ; à sa
mixture brevetée qui, en vers et contre tout, les aura toujours rendu foncièrement impénétrables pour un grand
nombre, Prong ajoute quelques soupçons indus (le remarquable "Cut-Rate", en deux temps) et une recherche
mélodique un peu plus marquée que d'habitude (comme sur "No Question" par exemple), permettant ainsi au
groupe d'échapper à la lassitude qui leur a été souvent reprochée. Mais c'est aussi le genre qui veut ça. Enfin,
pour parachever le travail, un changement de producteur - et non des moindres - puisque c'est Terry Date qui
est chargé de rendre bien gras les riffs de guitares de l'ami Victor. Rien d'étonnant à ce que la même année,
Prong ait partagé l'affiche de nombreux concerts de Pantera. Ils ne sont pas que gras les riffs contenus sur les
douze titres du nouveau Prong... Des bends acides, une diversité de riffs à l'imagination jamais démentie, une
puissance qui s'exprime de manière générale sous des déclinaisons différentes, allant du mid tempo post punk
à la lourdeur pure et simple. Néanmoins, malgré ces bons points, ce n'est toujours pas avec ce pourtant très
respectable "Cleansing" que Prong parviendra à convaincre les plus sceptiques ! C'est à croire que chacun
dispose d'un certain seuil au-delà duquel il devient difficile d'assimiler quoi que ce soit : là où certains se
repasseraient sans problème l'album en boucle, beaucoup auront décroché dès le troisième titres alors que
d'autres encore seront parvenus à rester captivé pendant une bonne demi-heure, mais vraiment pas plus.
Question de sensibilité. Ou pas.
Note : 4/6
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PRONG : Rude awakening
Chronique réalisée par Progmonster
Maintenant que la formation s'est stabilisée, il est peut-être temps pour Prong d'affiner son propos. C'est bien
ce que "Rude Awakening" se donne pour objectif. Et y parvient ! La dose indus/cyber que l'on devinait
seulement sur "Cleansing" prend désormais des proportions nettement plus considérables, les discrètes
programmations de Paula Jones et Charles Clouser en soutien des rythmiques apportent à Prong une toute
autre dimension. Après tout, il n'est pas inutile de rappeler que nous sommes alors en 1996 et que tout le
monde ou presque s'y est déjà essayé, du pire au meilleur, de God Lives Underwater à G//Z/R... Quant à l'aspect
mélodique, eh bien, il suffit d'écouter la plage titre pour se rendre compte du changement ; sur le couplet,
Tommy Victor troque son habituelle rancoeur hardcore au profit d'un véritable chant ! Évidemment, ce n'est pas
le genre d'argument qui devrait séduire ceux qui jusque là avaient suivis avec plus ou moins de réserve le
virage esthétique laborieusement négocié par le groupe. Prong n'arrondit pas les angles pour autant mais, au
contraire, multiplie ces derniers pour éviter de se reposer, encore et toujours, sur leur science des riffs - qu'on
se rassure - tout de même d'application ici. De plus, il me semble que "Rude Awakening" jouit d'un bien
meilleur équilibre au niveau de la répartition des titres ; à savoir qu'ils ne délivrent pas leurs meilleurs
cartouches - comme à leur habitude - dans les quinze premières minutes, mais les répartissent équitablement
sur tout l'album, maintenant l'auditeur en haleine et lui réservant quelques belles surprises tout au long du
parcours. Bien que la formation se soit donc stabilisée, son manque de résultat probant cette fois encore aura
malgré tout raison de son existence. Pour ressurgir quelques sept années plus tard, sous une toute nouvelle
formule, avec "Scorpio Rising". Mais ça, c'est une autre histoire... Enfin... Quoi que... Pas vraiment.
Note : 4/6
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HELMET : Betty
Chronique réalisée par Progmonster
Suis-je bête ! J'allais commencer cette chronique par un paternaliste "On oublie trop souvent que..." En fait,
non, même pas ! La question mérite d'être posée très franchement : qui - je vous le demande - qui seulement
sait que Page Hamilton, au même titre que Lee Ranaldo, Thurston Moore ou Michael Gira, fût disciple de Glenn
Branca, artiste contemporain admirable dont la vision moderne de l'orchestre passait obligatoirement par un
ensemble de guitares électriques à l'accordage la plupart du temps absolument non conventionnel ? À la
lumière de tels faits, appréhender l'oeuvre de Sonic Youth, des Swans et même Helmet paraît couler de source
tant chacunes de ces formations ont su tirer le meilleur des enseignements de l'avant-garde pour insuffler une
force nouvelle et originale à leurs compositions. Ainsi en est-il bien entendu de Helmet. Difficile de prime abord
de faire pourtant un quelconque rapprochement tant l'image du groupe colle à celui d'un son compact,
écrasant, finalement bien éloigné des préoccupations de la musique contemporaine "dite" sérieuse. Mais alors
que faites vous de "Beautiful Love" et son intro jazz virant noise ? C'est que pour dresser ce parallèle que
d'aucun trouveront improbable - si jamais on juge utile de le faire, mais rien n'est moins sûr - il faut s'attarder
sur les accords utilisés justement, dans la structure des morceaux aussi aux cassures parfois alambiquées
mais tellement jouissives ("Wilma's Rai223ow", "Rollo", "Vaccination"). Bon... Après avoir déroulé le tapis
rouge, faut bien avouer que "Betty" ne joue pas dans la même cour que "Meantime". Faut dire qu'entre les
deux, y a un grand absent : Steve Albini. Avec Andy Wallace aux commandes, le son est plus sec (le piccolo de
John Stanier claque sur chaque plage, instituant un style depuis lors copié et recopié à l'envi par toute la scène
néo-métal), y a moins de crasse, ça brille plus. "Betty", pour tout dire, a clairement l'air d'être l'album
qu'attendait Interscope pour amortir son investissement aussi coûteux que médiatique. Page Hamilton ballade
sa voix lascive sur une collection de titres expéditifs et percutants - quoi qu'on en dise - et s'ils ne possèdent
certes pas la désinvolture de leur effort précédent, ils n'en demeurent pas moins tout aussi emballants. N'est-ce
pas cela la mâturité ?
Note : 5/6
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HELMET : Aftertaste
Chronique réalisée par Progmonster
Une fois n'est pas coutume, je ne tournerais pas autour du pot ; "Aftertaste" a la triste réputation d'être un
mauvais album de Helmet. Je dois bien avouer que je suis très loin de partager ce point de vue. Et d'abord que
lui reproche-t-on exactement à ce disque ? Les critiques, je les ai lues et entendues dans les colonnes et dans
les voix des mêmes qui reprochaient alors à "Betty" son aspect ouvertement mainstream ! Pourtant, ce que
propose "Aftertaste", c'est quelque chose comme le potentiel énorme atteint par "Betty" avec un son plus en
accord avec les côtés les plus rugueux de "Meantime". En somme, un subtil compromis pour ce qui devait être
alors le dernier album du trio avant longtemps. Dans un sens, le fait que Hamilton et les siens ne se dispersent
pas, comme ce fût le cas sur leur précédent effort (on se souvient encore de "Beautiful Love", "The Silver
Hawaiian" ou "Sam Hell" qui, tous trois, prenaient des détours inattendus), renforce l'aspect terriblement
compact d'un album qui, contre toute attente, ne laisse aucune place aux temps morts, les titres s'enchaînant
très vite à la manière des Pixies. Les titres sont en moyenne un peu plus long d'une petite minute, le temps
nécessaire pour Hamilton de placer si nécessaire de rares solii bien noise, comme sur "Driving Nowhere".
Helmet se concentre sur ce qu'il sait faire le plus naturellement du monde, et le fait remarquablement bien. Les
riffs sont de plomb, comme à leur habitude, avec une sérieuse propension à l'obsession - quelques notes en
boucle ; rien de tel que pour headbanger illico presto ("Like I Care", "It's Easy to Get Bored") ! Les plans
rythmiques toujours aussi bandants ("Diet Aftertaste") ont tendance à se multiplier au fur et à mesure que l'on
progresse dans l'album au point où toutes ces qualités se retrouvent concentrées sur les quatre ou cinq tous
derniers titres de l'album mettant un terme à celui-ci dans ce qu'il convient de définir comme une forme
d'apothéose, une vraie débauche d'énergie qui ne relâche à aucun moment la pression. Bref, en ce qui me
concerne : que du bonheur ! À écouter à fond de balle en bagnole, ou chez soi. Sous un soleil de plomb ou
avec quarante de fièvre.
Note : 5/6
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WOLFSHADE : Evening star
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
"Evening star" est le premier album d'un jeune one-man band français du nom de Wolfshade. Après le premier
album de Nihilistic Kaos, on peut en tout cas dire que Forgotten Wisdom Productions ne fait pas dans la
sécurité étant donné qu'il produit une nouvelle fois le premier album d'un groupe, cette fois-ci Wolfshade donc,
qui contrairement au groupe sus-cité n'a jamais officiellement sorti de demo auparavant. Dès l'introduction
réussie bien que courte, on sent l'ombre d'un Burzum lent et ultra mélodique planer sur ce disque. La majorité
de l'album est mid-tempo, Wolfshade officiant dans un black atmosphérique aux sonorités mélancoliques, dont
Burzum et Xasthur me semblent être les principales influences, en tout cas, celles qui ressortent le plus à
l'écoute de "Evening star". Les vocaux sont saturés à mort, assez distants et les riffs se veulent volontairement
répétitifs pour contribuer à installer une ambiance des plus funestes. On sent bien que Kadhaas maitrise plutot
bien les instruments, la boite à rythme me gêne parfois un peu, surtout la grosse caisse qui se fait vraiment
trop distante à mon goût. L'album est correct, cependant, il me semble qu'un détour par la case démo n'aurait
pas été superflu pour cette très jeune formation. Certes, je ne suis pas non plus très friand de ce genre de black
metal, répétitif à outrance et qui selon moi ne parvient pas à se détacher suffisamment des influences de
groupes de black metal habituellement qualifiés de "dépressif". Ceci dit, Wolfshade est sans aucun doute un
projet d'avenir, Kadhaas démontrant un fort potentiel pour faire passer des émotions noires et réellement
tristes comme sur "Oneiric Nebula" par exemple et "The shadow out of time" qui est le meilleur titre de l'oeuvre.
L'ombre d'un "A gate through bloodstained mirrors" de Xasthur me semble trop fortement peser sur les
compositions de Wolfshade qui ne parvient pas à achever son identité réelle....encore. "Evening star" est donc
un premier disque correct bien que trop monotone à mon goût ( ce qui pour moi est un inconvénient peut très
bien être un avantage pour d'autres) et pas encore assez personnel. A surveiller dans le futur tout de même...
Note : 3/6
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NIHILISTIC KAOS : Les homélies du vice
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Après moults manifestations dans l'underground sous formes de démos, Nihilistic Kaos sort son premier
album en cd intitulé "Les homélies du vice". A la vue du titre et de la pochette, l'infâme Körös pérennise le
concept sexe, sang et perversion qu'il affectionne tout particulièrement. Plusieurs gros progrès ont été
réalisés: la production est nettement meilleure que sur les demos, les compositions sont plus travaillées et la
boite à rythme claque vraiment bien et bénéficie d'une bonne programmation. Côté purement musical, cet
album nous propose des riffs black/thrash efficaces au long de huit compositions qui me semblent parfois
inégales entre elles. Les riffs et rythmes sont plutôt basiques me rappelant parfois un Akitsa en moins raw,
comme sur "Célébrations de l'apitoiement par exemple" par exemple ou encore sur "Sade". Cet album est pour
moi un peu inégal car il contient quatre titres fort bons et quatre autres qui ne sont pas du même acabit.
"Caligula", "Célébrations de l'apitoiement", "Les rats" et "Sade" figurent parmi les très bons titres. "Caligula",
qui contient un sample vocal tiré du film du même nom, représente bien l'album: direct, efficace, sans fioriture.
Le timbre vocal de Körös se marie bien avec le sample vocal, ce qui donne un résultat étonnant. La force de cet
album est de proposer des chanteurs différents sur la moitié des titres ce qui a l'avantage de varier l'ensemble
au niveau vocal, surtout que les participants ne sont pas des manches. "Célébrations de l'apitoiement" nous
présente Ebola au chant (hurleur dans Ond Aand) avec des vocaux assez particuliers: graves et étouffés d'un
côté, plus aigus et fous de l'autre. Le titre le plus court du disque mais qui fait bonne figure. "Les rats" et
"Sade" sont les deux meilleurs titres du disques, la contribution vocale de Kurgan (Die Unaussprechlichen
Kulten Editions) y est primordiale. Son chant très particulier apporte une touche excellente à ses deux
morceaux, de plus, il a écrit de fort bonnes paroles pour "Les rats", tandis que le texte du titre "Sade" est écrit
par Xaphan (Finis Gloria Dei, ex-Seigneur Voland). On notera également la participation de Mrik de Devilish Era
et Wolok au chant et à l'écriture sur "Saprophagus" dans un style vocal qui n'a rien à voir avec ses propres
créations musicales. A noter également que Körös n'hésite pas à mettre la main à la patte, la gente féminine
pourra l'apprécier dans sa plus naturelle condition. "Les homélies du vice" est un fort bon premier disque de
Nihilistic Kaos, bien travaillé et ficelé dans un artwork réussi.
Note : 4/6
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CAULDRON BLACK RAM : Skulduggery
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Le death metal ne me séduit pas particulièrement à la base, surtout pas le death metal américain ultra bourrin,
sans variation et prêt à consommer comme par exemple Cannibal Corspe qui se répète à outrance et en moins
bien en plus. J'apprécie cependant le death metal lourd, pas forcément blasté à foison, dont les riffs lorgnent
souvent vers le thrash et le heavy, des groupes comme Argholsent, Crucifier, Anwyl ou Unleashed sont ceux
que j'apprécie le plus dans la catégorie. Cauldron Black Ram fait définitivement parti des formations de death
metal que j'apprécie. Ce groupe australien est composé de membres de l'excellent et unique Stargazer, Martire
ainsi que Portal et propose un death metal lourd à la production occulte et presque sourde. Le rendu est
fortement old school et influencé par le thrash sur "Verily hollow demon". Rien qu'à la vue de la pochette, on
sait que Cauldron Black Ram est un groupe à part, leurs textes traitant de l'occulte et des pirates ("Barbaric
city"). Le groupe fait également preuve de groove sur des titres comme "Corpsebreath" ou "Devil bellied", titre
d'un ep du groupe d'ailleurs. L'ensemble est monolithique et comporte une ambiance lourde et boueuse à
laquelle je ne suis pas habitué dans le death metal. La voix n'est d'ailleurs pas death metal outre tombe dans le
genre de Cannibal Corpse ou Deicide mais plus éraillé et dans un style plus thrashy. Pour ne rien gâcher,
l'album se clot sur le meilleur titre de l'album selon moi, "Atop a fiery steed", inspiré, varié et techniquement
bien fait. "Skulduggery" s'impose comme un album de death metal old school fort bon, gageons que Cauldron
Black Ram sortira de l'anonymat avec un album de cet acabit et je l'espère, d'autres réalisations aussi réussies
et enthousiasmantes dans le futur.
Note : 4/6
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UNCREATION'S DAWN : Death's tyranny
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Ce troisième album du groupe finlandais Uncreation's Dawn, je l'attendais de pied ferme. "Lightning hammer
falls", le second méfait du groupe, annonçait déjà un fort potentiel. Cependant, je ne pourrais pas dire que je
m'attendais à quelque chose d'aussi performant avec "Death's tyranny". Le disque s'ouvre sur une intro au
piano de plus de trois minutes fort sombre puis la boucherie commence. Uncreation's Dawn pratique un black
metal sans compromis, on pourrait y voir une mixture entre Warloghe et un Grand Belial’s Key plus froid, tout
en mettant en avant une identité réelle forgée à l’aide de deux albums, un split ep avec Baptism et un ep “
Uncelestial ”. Ce troisième opus contient une tripotée de titres excellents, "Lifeless dominions open" et sa
rythmique impitoyable en tête. Cet album d'une heure dégage un feeling noir des plus jouissifs avec quelques
touches de metal plus traditionnel du plus bel effet. Ce qui est également très plaisant sur cet album est
l'impression qu'il n'y a aucune faille, aucun titre de remplissage inutile, l'ensemble est très bien composé et on
ne s'embête pas une minute. "Luciferian conquest" et "Flame of heresy" sont deux énormes titres,
probablement mes favoris du disque, le premier étant très proche d'un Grand Belial's Key plus froid et plus raw,
"Flame of heresy" me rappelle un black metal qui se fait de plus en plus rare, pas si loin d'un Warloghe par
exemple avec un riff orgasmique au milieu. "Death's tyranny" fait plus que confirmer le bon potentiel entrevu
sur "Lightning hammer falls", l'ensemble est plus puissant, plus varié et globalement plus efficace. Maintenir
une telle qualité sur une heure n'est pas chose aisée mais force est de constater qu' Uncreation's Dawn y
parvient totalement. A fist in the face of God: une belle réussite pour cet album qui est un des meilleurs disques
de black metal sorti cette année. Qu'on se le dise.
Note : 5/6
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RICH (Robert) : Sunyata
Chronique réalisée par Marco
Il était temps que Robert Rich apparaisse en ces pages. Héritier de la vision pionnière de l'ambient, celle de
Brian Eno ou John Cage pour ne citer qu'eux, l'américain est aujourd'hui un de ses plus grands représentants.
Ses études de psychologies et son goût pour l'expérimentation sonore (notamment les fameux 'Sleep concerts',
expériences uniques d'études de la musique sur le sommeil en temps réel) ont fait de lui une sommité chez les
grands pontes de l'acoustique comme chez ses pairs. Sa remarquable évolution vers une ethno-ambient
toujours en phase avec son propos, inspirée voire mystique, parfois plus 'dure', l'ont amené à collaborer avec
les plus grands (Steve Roach, Lustmord etc.). A là vue de son impressionante discographie force est
d'admettre que plus d'une vie serait nécessaire pour en faire le tour. Pourtant avec cette première cassette
éditée sur son propre label il y a plus de 20 ans, Robert Rich annonce déjà la couleur . Trois longues pièces
d'ambient évolutive sur lesquelles les variations subtiles s'opèrent dans une continuité mélodique qui non
seulement ne casse en rien la caractéristique éthérée si chère au genre ethno-ambient mais la porte en des
contrées oniriques marquées par les éléments et une spiritualité saisissante mais jamais envahissante. Si
'Sunyata' parait bien dépouillé en comparaison avec les albums les plus connus de l'américain, il n'en reste pas
moins intéressant de par la maîtrise et la clarté des sons et des séquences qui ne subissent aucunes
interruptions ni parasitage. Une limpidité que Rich aura à coeur de maintenir dans toute son oeuvre et qui ne
s'est par ailleurs jamais démentie. Le début d'une très grande aventure musicale.
Note : 4/6
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RICH (Robert) : Trances / Drones
Chronique réalisée par Marco
Dans la droite lignée de ses premiers pas discographiques avec 'Sunyata', Robert Rich enfonce le clou en
faisant rimer simplicité avec richesse bluffante. Peut de choses en apparence distinguent 'Trances' et 'Drones'
de leur prédécesseur si ce n'est une amplitude sonore encore mieux élaborée. Les variations s'ajoutent les
unes aux autres avec une subtilité déconcertante (lignes de basse surgissant de nulle part, harmoniques
soutenant les longues pièces évolutives). Là où beaucoup se casseraient les nappes en peinant et en
aboutissant uniquement au seul ennui, Rich arrive à captiver sur des pièces d'une vingtaine de minutes qui
doivent autant aux pionniers du genre (on navigue parfois aux confins de la space-ambient) qu'à sa sensibilité
propre. Cela est particulièrement flagrant sur 'Cave paintings' notamment, où l'américain semble avoir été
sensibilisé aux saveurs hypnotiques du SPK de 'Zamia Lehmanni', pourtant encore à venir. Plus profond et
quasi-tellurique, 'Hayagriya' est plus grave aussi, comme si Lustmord s'était invité à la fête, mais c'est sans
compter avec l'aspiration d'une ouverture vers l'extérieur de Rich, qui conserve constamment une oreille sur la
teneur mélodique de sa musique. Du grand art !
Note : 5/6
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RICH (Robert) : Numena
Chronique réalisée par Marco
'Numena' où les premiers retours du grand public à l'égard de Robert Rich. Outrageusement classé dans les
bacs à disques new age pendant longtemps, la musique de l'américain est bien plus spirituelle et subtile pour
n'être réduite qu'à un banal exercice de relaxation ou un support pour pseudo-mystique en mal de sensations.
Habité par une lumière numineuse (d'essence divine) cet album voit l'apparition plus marquée d'éléments
ethniques tels que flûtes et percussions diverses. Distillés intelligemment le long de ces nappes claires d'où
resonne le chant de la terre nourricière et de ses 'habitants' (animés et inanimés), les arrangements servent une
progression non linéaire vers une quiétude véritable. Les sons flottent, virevoltent, s'estompent pour mieux
occuper l'espace. La production fluide est typique de l'américain exulte de détails sonores réjouissants et
démontrent une fois de plus le talent de Rich. Reconnaissons cependant que cette tranquillité est peut-être trop
subordonnée à cette même production, ce qui rend le tout très agréable et riche, mais en-deça de l'aura créative
du compositeur qui va exploser véritablement par la suite.
Note : 4/6
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RICH (Robert) : Rainforest
Chronique réalisée par Marco
Passons sur l'affreuse pochette estampillée new age en espérant qu'elle n'est pas le reflet exact du contenu.
Hélas, trois fois hélas ! 'Rainforest' est bien du Robert Rich, mais un Robert Rich qui, poursuivant son
exploration des mythes et du sentiment spirituel (et précisémment élémentaliste/animiste), se lance ici dans
une oeuvre aux saveurs un peu trop formatées. Alors bien sûr, le son, l'interprétation sont là, rien à redire
là-dessus si ce n'est une production 'medium' qui fait la part belle aux mélodies (flûtes, ocarina) mais qui ici
s'avère vite horripilante. Finalement, tout en devient presque commun, impression de déjà entendu et surtout
que l'ami Rich a quand même édulcoré l'âme de ses nappes, drones et percus. Bien heureusement il reste
quelques perles qui évitent la sensation de voir l'américain oublier ses premiers émois ('Surface', les superbes
'The raining room' et 'Veil of mist'). Pour résumer 'Rainforest aurait pu être transcendé dans son exécution
(enfin surtout sa composition) si Rich n'avait pas fait l'impasse sur la profondeur de champs et l'aspect
hypnotique qui faisaient sa marque de fabrique jusqu'ici. Alors oui, en ce sens le disque est moyen, moins
ennuyeux passé les premiers morceaux, mais dans l'ensemble assez décevant.
Note : 3/6
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THE HERETIC : Gospel songs in E minor
Chronique réalisée par Nicko
The Heretic est un groupe espagnol assez intéressant, inovateur d'un certain point de vue. J'avais déjà eu
l'occasion de chroniquer leur précédent album et, même s'il était inégal, il subsistait de réelles réussites et
d'excellentes idées, notamment une intro pas piquée des anetons ! Sur ce nouvel album, le groupe part d'une
base thrash assez moderne, au sens très large vu que ça comprend aussi du black et du death. On a donc une
rythmique de plomb principalement speed. A partir de là, le groupe crée son propre univers musical rappelant
l'atmosphère des films d'horreur avec de ce fait un petit côté Necrophagia (en moins sick et gore cependant) dû
à l'utilisation discrète mais efficace de claviers et autres divers bruitages. Les espagnols aiment aussi pas mal
mélanger les genres et les types de chant. D'ailleurs, le chant criard ressemble étrangement à celui d'Ihsahn, ce
qui fait que The Heretic peut se placer comme une sorte d'"Emperor" du thrash metal (toute proportion gardée,
hein ?!) et toujours cette volonté d'aller de l'avant, de vouloir explorer de nouveaux territoires, de nouvelles
sonorités. Cet état d'esprit m'a fait aussi penser à The Wicked (groupe finlandais bien tarés !) en quand même
moins fourre-tout ! Alors même si l'album a un peu tendance à s'essouffler sur la fin, la qualité est présente
ainsi que l'amélioration depuis le précédent album. Un CD vraiment intéressant.
Note : 4/6
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BLACK LABEL SOCIETY : Alcohol fueled brewtality live !! + 5
Chronique réalisée par Nicko
Sortir un album live après seulement deux albums studio montre bien une chose. Black Label Society est fait
pour la scène ! Et effectivement, à l'écoute de ces 13 morceaux, on ne peut que le reconnaitre. La différence
avec les versions studio est énorme. La musique de BLS (plus que jamais LE groupe de Zakk Wylde) prend
toute son ampleur en concert. Pas que les albums manquent de saveur, simplement, ils n'ont rien
d'exceptionnel, ils proposent une série de titres sympas avec un bon feeling, mais là, sur scène, toute la
quitessence du riffing et des solos de Zakk est présente. Le live transcende réellement les musiciens et par là
même la musique qui en découle. Quelle feeling dans le jeu du guitariste et quelle puissance aussi ! Toute la
personnalité du garçon et de son style est sur cette galette, le son gras et poisseux, le style à base de
blues/rock, les harmoniques de folie, cet état d'esprit rock n' roll jusqu'au bout des ongles. "A.N.D.R.O.T.A.Z"
est là aussi pour dégoûter tous les apprentis guitaristes de l'assistance et la reprise personnelle mais bonne du
"No more tears" du Godfather Ozzy enfonce encore un peu plus le clou pour un live vraiment excellent. En
guise de bonus, on a droit à un deuxième CD comportant 5 titres en semi-acoustique avec quelques reprises
bien sympas comme le "Snowblind" de Black Sabbath (Ozzy encore...) ou le "Heart of gold" de Neil Young.
Bref, un petit extra pour un album qui ne manquait déjà pas d'atouts. L'essence même de Black Label Society !
Note : 5/6
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RICH (Robert) : Geometry
Chronique réalisée par Marco
Composé avant 'Rainforest', 'Geometry' mettra pourtant trois ans avoir de se voir édité pour la première fois.
On aurait d'ailleurs préféré qu'il en soit autrement vu la fadeur de 'Rainforest', mais les mystères de l'édition
musicales étant insondables nous en resterons là pour l'anecdote. Il n'empêche que 'Geometry' compense
largement la déception du maudit album new age de l'américain. Compense, voire transcende l'oeuvre de Rich
depuis 'Trances' et 'Drones'. 'Geometry' est un feu d'artifices sonore à l'amplitude multidimensionnelle. Les
boucles, nappes et percussions suivent des tracés libres de tout plan architectural imposé. Ici la forme est
libre, le fond s'en accommode avec un enthousiasme des plus colorés, passant d'une space-ambient
old-school (les deux 'Primes', 'Interlocking circles'), mélancolique ('Amrita'), à une ethno-ambient flamboyante
('Geomancy') ou tout en retenue ('Nesting grounds'), avant de terminer sur l'hypnotique 'Logos'. Le langage
musical s'articule sur 'Geometry' comme un mécanisme aux rouages interchangeables, un tracé de formes
définies dans leur non-définition, appelant l'auditeur à se créer sa propre vision et architecture. Flûte volatile,
nappes en va-et-vient fluides et en constante évolution, percussions subtiles, sensation d'apesanteur et d'une
indéfinissable mélancolie qui nous pousse à nous détacher de toute pensée terrestre, 'Geometry' est une
expérience musicale forte à travers laquelle apparaissent des paysages et des monuments intemporels à
l'étendue infinie. Un chef-d'oeuvre qui permet de se lancer dans un voyage sans cesse différent, imprévisible et
surtout porteur des promesses que l'on ose à peine chuchoter à l'état d'éveil.
Note : 6/6
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LIFE OF AGONY : Ugly
Chronique réalisée par Saïmone
A force de parler de LOA avec nos amis (enfin, pas tous) internautes, je me suis dit qu'il était enfin temps de
s'attaquer au reste de la discographie de ces désormais médiocre agonisants. Mais avant la honte, il y a "Ugly"
- et l'ironie du sort fera que l'ignoble ex-futur remplaçant de Caputo provient de l'immonde Ugly Kid Joe,
responsable de l'insupportable "Everything About You"; mais passons. "Ugly" donc, sans doute le dernier déjà ? - album écoutable de LOA. On avait eu la claque grungy-hardcore-metal de Rivers Runs Red, un sommet
de plombier lyrique porté par la voix incomparable de Caputo; on a là un album de metal alternatif clairement
plus soft, plus mélodique et accessible. Aux oubliettes les riffs moshisants, les choeurs tough guy et les
gueulantes chialées jusqu'à plus de larmes. Ici, on bouffe Alice in Chains, on désaipaissit le son, faut qu'ça
glisse comme dirait l'autre; et entre nous, ça manque singulièrement de puissance. Pourtant, ça fonctionne.
Faut dire qu'il y a "let's pretend", le titre à se repasser 500 fois dans la journée pour être sûr qu'on a pas loupé
ce final diabolique à filer la chaire de poule même à Trimalcion. Et puis, il y a le titre éponyme, qui fait penser à
du Soundgarden, casquette à l'envers vissée sur la tête, baskets montante et palm mute / solo en son clair en
plein milieu. Complètement cliché mais ultra efficace. Il en sera ainsi pendant une cinquantaine de minutes. Et
c'est bien ça qui est terrifiant: j'ai envie de ne pas aimer ce disque, car il ne rivalise en aucun cas avec ce
premier opus du feu de Dieu. Mais je n'y arrive pas, je succombe aux riffs made in Robert - toujours les mêmes
en plus ! - à la voix de "magick" Keith (le plus grand chanteur metal des early 90's ?) et cette ambiance qui
réveille les plus belles heures de ma jeunesse - mon adolescence en l'occurence, les boutons, les baskets,
l'appareil dentaire, les gros seins des filles qui ont redoublé 2 ou 3 fois, le jean délavé à la javel et déchiré aux
genoux... Toute une époque dans ce disque !
Note : 5/6
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LIFE OF AGONY : Soul searching sun
Chronique réalisée par Saïmone
Inaudible. Est-ce bien LOA ? Difficile à croire. Aseptisé, vide, niais, naïf, tout un programme. La pochette nous
avait mit la puce à l'oreille. Le premier titre aussi: "hope". Et pour la première fois j'aurais envie de lui dire TA
GUEULE CAPUTO. C'est quoi ce chant que tu nous fais là ? Sérieusement ? Qu'est-ce qui te prend ? Je sais
que tu es triste, mais là... Tu chantes comme un metalcoreux, pire, comme un neo-metalleux. C'est mièvre !
C'est mou ! J'le comprends, le Robert, il s'est pas cassé le cul pour pondre des tueries avec une voix comme
ça... Parfois ça frise le punk rock ! N'importe quoi les gars. Et puis, appeller un de ses titres "Weeds" alors
qu'on est soit-disant des depressifs, c'est pas un peu foireux ? Surtout quand celui-ci est un sommet de fun.
Mais le pire est atteind lorsque vous vous embarquez vers des horizons plus pop, honteusement rose bo223on,
à la "My mind is dangerous", ou du Avril Lavigne masculinisé. RIDICULE. On atteind là des sommets de
niaiserie. Pourtant, au beau milieu de ce desert d'inspiration, vient poindre un joyaux, une perle, l'un des plus
beaux morceaux composé par le quatuor, "Desire", le spleen incarné avec sa rythmique presque jazzy, la voix
de Caputo ENFIN convaincante dans sa complainte de l'adulte passant à côté de sa vie. Magnifique. Quant au
reste, c'est la poubelle. Et ne parlons pas de la transformation de l'album en marchandise commerciale via le
remplissage à des fins rentables avec des bonus gerbants de nullité. Téléchargez "Desire" et vendez votre
exemplaire.
Note : 2/6
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PEEPING TOM : S/T
Chronique réalisée par Saïmone
Mike Patton est un sacré petit malin. Il sort son disque de pop fun juste quand le soleil pointe son nez et que les
filles sortent les débardeurs "3 grammes de tissus" nombril à l'air décolté façon grand canyon et tout ça sans
soutient gorge s'il vous plait. J'imagine que tout les sosies de Christophe Willem vont se faire avoir, en allant à
la fac avec ce disque dans le discman (oui, dans quoi d'autre ?), arrivant dans cet amphi Chateaubriand et
cherchant du regard les nombreuses femmes dont il est tombé amoureux tout au long de l'année. Il fait chaud,
faut bien le dire. Nos yeux s'égarent, la sueur coule lentement, fait briller les belles peaux et donnera un aspect
gras aux plus malchanceux d'entres nous. Les filles sont gentilles, elles sourient. Et nous, comme des cons, on
glousse avec elles, en parlant du dernier épisode de Desperate Housewives. On parle Nouvelle Star, on
chantonne, on dansotte, l'été arrive quoi. Et ce foutu disque avec nous. Comment résister ? Ca groove, ça reste
dans la tête pendant 3 plombes, ça se danse, ça plait aux filles - bah oui, Fantomas, ça ne fait pas le même effet.
Mike Patton est charmant, il fait son crooner tout du long, tente des incartades avec ses amis vers une sorte de
proto-pop futuriste avec ces mélodies qu'on lui connait - rien de neuf depuis Faith no More. Faith no more tient,
dont Peeping Tom serait la version 2006 sans guitares et avec tout ce que la scène alternative propose de plus
hype - Razhel, Amon Tobin, Odd Nosdam, Doseone,... Et force est de constater que ce disque est loin d'être
génial, d'ailleurs je n'écoute que les 5 premiers titres, après je suis fatigué de danser et j'ai envie de faire des
bisous à toutes les filles qui m'entourent, alors elles s'enfuient, je me retrouve tout seul et j'écoute Napalm
Death pour ruminer que finalement, toutes les filles sont pareilles et que ce sont toutes des... hum... vous
devinez ma pensée. Mysogyne, mais avec du coeur.
Note : 4/6
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REVEREND BEAT-MAN AND THE UN-BELIEVERS : Get on your kness
Chronique réalisée par Twilight
Le révérend Beat-Man doit faire partie de ces personnages condamnés à errer dans les limbes pour
l'éternité...Musicien de rockabilly, soit la musique du diable, il va de soi que le paradis lui est inerdit mais son
timbre rocailleux à faire pâlir Tom Waits ne doit pas être du goût de Lucifer non plus, du coup pour l'enfer,
même les diablotins ne doivent pas avoir les oreilles assez solides...Notre prêcheur définit sa musique comme
du 'primitve gospel blues trash', ce qui me semble assez bien ciblé. Il est évident que monsieur connaît ses
classiques, les anciens (Johnny Cash, Elvis, Jerry Lee Lewis...) mais également la tradition surf et le côté barjot
de formations comme les Cramps et les Meteors. La musique elle-même, bien que personnelle, puise aux
sources traditionelles dans ses arrangements (guitares bluesy, piano à La Lewis, textes pastichant le gospel...)
même si notre facétieux bonhomme aime à brouiller les pistes: une piste de synthé en plein gospel blues avec
harmonica ici ('Save my soul from hell'), des choeurs bizarres ('Fuck you Jesus fuck you oh Lord') par là... Au
niveau vocal par contre, c'est le délire total, son timbre rocailleux et fou donne à ses compositions ce fameux
aspect trash qui peut plaire aux psychobillies et pourquoi pas ? Certains métalleux ouverts. C'est particulier et
c'est tant mieux. Reverend Beat-Man reprend un héritage bien établi mais il personnalise à merveille son
évangile et donne un souffle certain que lui reprocheront sans doute les plus traditionalistes des rockabillies.
Note : 4/6
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SEX GANG CHILDREN : Medea
Chronique réalisée par Twilight
Après le split des Sex gang children, Andi avait débuté une carrière solo tandis que son compère Dave Roberts
débutait un projet baptisé Carcrash International. A priori, l'aventure semblait devoir s'arrêter là...La
compilation 'Hungry years' aura pourtant pour effet de faire réfléchir les deux ex-collègues qui contre toute
attente retrouveront l'envie de composer ensemble. Cette renaissance ne durera pas, les conflits internes
mettront rapidemnt un terme à la deuxième carrière des Sex gang children (avec ce line-up du moins, puisque
Andi utilisera encore le nom par la suite), non sans qu'ils aient pondu un vrai nouvel album, ce 'Medea' qui, vu
la qualité de ses compositions, ressemble à tout sauf un coup de marketing. Nous sommes en 1991, le groupe a
pris de la bouteille mais pas perdu de sa folie. Les chansons de l'album n'ont certes plus l'énergie brute des
débuts post punk/batcave mais elles en conservent l'esprit. Simplement, l'énergie est plus canalisée, plus
contenue, ce qui loin d'être un reproche permet au contraire aux deux compères de lui donner une touche
classieuse de fort bon aloi. Ceci se ressent notamment au niveau des arrangements; j'en prends pour exemple
le superbe violon mélancolique et les touches folk de 'Arms of Cicero', le génial 'Giaconda smile' et ses tempi
lents mais puissants, les guitares presque orientales de 'Skin'... Le morceau le plus proche des racines
post-punk reste le bon 'Barbarossa', beaucoup plus rapide et roulant dans sa rythmique, au feeling obscur.
Mais cette impression de maîtrise, de maturité se traduit également au travers du chant de Andi. Notre homme a
eu l'occasion de poursuivre ses expérimentations dans le cabaret, contrôle bien sa voix et sait dorénavant lui
conférer une touche décadente sans forcer trop dans les aigus; elle y gagne du coup en profondeur et en
émotion. 'Medea' est donc le témoignage d'un duo inspiré qui a su utiliser au mieux ses expériences
personnelles pour progresser et qu'importe au final si cette réunion n'aura été qu'éphémère...
Note : 5/6
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SEX GANG CHILDREN : Pop up
Chronique réalisée par Twilight
Passez votre chemin, cette compilation proposant des versions alternatives et des mixes différents (de l'album,
'Medea' surtout) ne vaut pas grand chose. Vu la séparation rapide de Andi Sexgang et Dave Roberts après leur
tentative de reformer les Sex gang children, le temps du superbe 'Medea', gageons que le label se sert de
chutes de studio, de différentes interprétations pour faire d'une pierre deux coups et vendre deux albums au
lieu d'un. Je ne dis pas que tout est inutile, la version acoustique de 'Arms of my Cicero' est très belle mais en
dehors du fait qu'on a coupé la batterie, elle n'offre guère de changement notable. Seuls quelques intermèdes
comme l'expérimental 'Archimeda dub : Eurêka', un 'Welcome to my world' très en guitare ou 'Belgique blue'
axé sur des parties de guitare classique et folk réussies sauvent l'ensemble du ratage total. Autrement, ça sent
salement l'arnaque par des mixes qui consistent surtout à retirer une piste ou deux par rapport à
l'orignial...c'est mal !
Note : 2/6
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SYNGATE - SATZVEY CASTLE : Satzvey Castle 2004
Chronique réalisée par Phaedream
Depuis 2002, le label Syngate a mis sur pied un festival annuel de Musique Électronique, le Satzvey Castle. Un
bon festival qui réuni des artistes de la maison mère, ainsi que des artistes d’autres bannières, dont Groove. À
chaque année Syngate en produit un cd regroupant les meilleurs moments de cet évènement. En 2004, les
invités étaient Oliver Ganz, Stockman, Valleyforge ainsi que les guitaristes Maxxess et F.D.Project. Des artistes
de la relève qui ont une vision plus dynamique, voire progressive, de la MÉ.
La première partie est assumée par Oliver Ganz et F.D. Project. Deux artistes qui privilégient une approche
mélodieuse sur des séquences courtes entrecoupées de brefs passages atmosphériques. Ces courts
intermèdes servent bien souvent à modifier les rythmes et les séquences où tout simplement à faire entrer
d’une façon explosive la guitare de Frank Dorittke, alias F.D. Project. Bien que plus longue Dance of the
Arpeggiators est construite en trois segments qui démontrent les efficacités des courts passages ambiants.
Valley Forge et Maxxess sont un peu différents. Les intros et les séquences sont longues, privilégiant les
marches progressives, sur des variations de tempo comme sur Searching America / NYC In A Nutshell et C20
H25 N30 - Lost In Caleidoscope Skies. Les ambiances et les rythmes sont plus hypnotique appuyés par de
grosses strates de synthé et de séquences basses et lentes. Ces synthés sont enveloppants et denses avec
des effets de loupe qui se rapprochent des atmosphères d’Ashra (My Pink Jaguar), dans les années psycho
électroniques. Dans les deux cas, la guitare est furieuse et lance des solos très aigus, F.D. Project étant très
agressif. Les percussions sont assommantes et jouent un rôle majeur au niveau rythmique, notamment sur les
superbes mélodies du duo Ganz / Dorittke, Der Drachenflug et Improvised Encore, deux très belles pièces qui
collent instantanément à l’oreille. D’ailleurs, la section de Ganz et F.D.Project est superbe. Je connaissais très
peu Oliver Ganz et je trouve sa musique bien séquencé, bien rhytmé. De la musique électronique harmonieuse
et entraînante. Plus aventureux, le duo Valleyforge Maxxess recherche les longues atmosphères progressives
aux sonorités diverses et à la guitare plus discrète, excepté pour Parking Lot at SAN où Maxxess nous
démontre tout son talent. La section de Stockman est plus tranquille, quoique les lignes séquentielles soient
très efficaces. Il nous offre deux mélodies, dont Get The Mood une aux saveurs des îles, sur des tonalités de
flûte traversière. Satzvey Castle 2004, et les autres de la série, est une bonne occasion de découvrir quelques
uns des artistes du catalogue Syngate. Il y en pour tout les goûts; Ceux qui aiment les rythmes enlevant et les
mélodies qui collent à la Jean Michel Jarre seront comblés avec Oliver Ganz et F.D. Project. Ceux qui aiment les
atmosphères plus tempérées et progressives, Valleyforge et Maxxess répondront à vos attentes.
Note : 5/6
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INDRA : Maharaj
Chronique réalisée par Phaedream
Depuis la parution Echo in Time en 2005, le catalogue d’Indra ne cesse de croître pour le plus grand plaisir de
ses fans. Écrit en 1995, Maharaj s’inspire de la culture Indienne, sans pour autant embrasser ses racines. À
l’époque, Indra par était fasciné par les mystères hindous, surtout l’immensité du Taj Mahal. Donc, c’est sous
influence hindoue qu’Indra nous balance une excellente œuvre à saveur de la vieille Berlin School.
Deep est un titre intensément dense et envoûtant. Le synthé nous enrobe et fige le temps, alors qu’une fine
ligne basse sensuelle nous enchante sur un rythme lent et ‘’groovy’’. Percussions célestes et vent éthéré se
joignent à cette marche lubrique qui se fond sur Into the Mystery où y règne une nébulosité croissante sur des
synthés plaintifs dans une brume cosmique. De légères percussions animent cette sphère statique qui se meut
avec lourdeur. Le cliquetis des percussions est comme un chant d’hypnose qui progresse sur des notes
claires, discordantes et dispersées sur d’étranges effets sonores qui dérangent un peu la concordance de notre
magnétisme. Forever poursuit l’ambiance des longs espaces sur fond de vagues, de ruisseaux qui fuient les
tempêtes sous les sonorités de percussions hétéroclites, fusionnant effets des ombres analogues aux ombres
digitales. Au loin, une percussion plus nette se détache et progresse avec force sur un synthé solitaire qui
croise une ligne pesante et animée. Une ligne qui progresse avec un tempo plus accentué et qui se modifie
subtilement sur de superbes solos de synthés et des arrangements orchestraux aux saveurs de violon et
violoncelle. Forever nous hypnotise avec son rythme martelant, sur des strates fuyantes du synthétiseur. Du
Berlin School progressif et très agressif, comme on en entend rarement. Un gros gong annonce The Messenger
qui exploite aussi les sentiers d’une longue intro aux atmosphères sombres. Ces airs se meuvent sur des
ondes synthétiques denses et flottantes immergés par des roulements de cymbales, créant une illusion de
ténèbre croissant. Une fine ligne s’anime sur un tempo hypnotique au travers un royaume d’effets sonores
hétéroclites. Concentré sur ses bruits d’ambiance, qui se mêlent délicatement aux percussions, nous
remarquons à peine l’évolution plus animée d’un rythme qui change subtilement sa cadence. Un titre étrange
qui modifie son cours comme un caméléon change son apparence. Coming in the City ouvre avec un cliquetis,
qui fait penser à des pendules géantes et qui se mêle à des notes de xylophone, qui, elles, explosent en
percussions indisciplinées. Un violoncelle se dandine sur un rythme hypnotique et Coming in the City avance
avec grâce et complexité. Un titre totalement génial où Indra nous démontre l’art d’habiller une musique
hypnotique avec intelligence et imagination. Guitare acoustique, basse groovy, flûte éthérée, synthé déviant et
effets sonores se joignent à cette procession qui étonne avec l’addition constante de notes et d’éléments
musicaux que l’on n’attendait pas. Cet amalgame étrange se transforme en douce mélodie minimaliste qui colle
et émerveille. Coming in the City est résolument l’un des titres les plus créatifs que j’ai entendu, dans le genre
Berlin School, depuis fort longtemps. J’ai passé d’agréables moments à écouter cette réédition d’Indra. Malgré
que l’œuvre date de 11 ans, il y a encore des éléments qui surprennent. Un cd dans la plus pure tradition de la
Berlin School et même un peu plus. Un peu plus progressif, dans un univers aux traditions assez
conservatrices.
Note : 5/6
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BOARDS OF CANADA : Aquarius
Chronique réalisée par dariev stands
“Il est important de laisser de l’espace pour l’imagination de l’auditeur”. Voilà une déclaration révélatrice de la
part de Marcus Eoin Sandison, moitié du duo BoC. Parsemant leurs morceaux de symboles, allusions
mathématiques et autres messages subliminaux, ils ont donné du blé à moudre à bien des nerds à travers le
globe. Vouloir décortiquer un de leurs disques est un travail de titan tant les références et les bizarreries
numériques abondent. Si l’on connaît bien leur passion pour le shoegazing et surtout My Bloody Valentine, il y
en a une autre qui ne ressort pas forcément pour la musique, c’est leur amour pour l’Incredible String Band.
Collectif hippie psyché des années 60, ils semblerait qu’ils viennent de la même bourgade écossaise que nos
deux frères bidouilleurs… En creusant un peu, on se rend vite compte que le groupe cite très souvent les
années 60 comme une influence dans les interviews. Le côté un peu pastoral de leur musique proviendrait donc
de là. Ce single 7’’, sorti quelques mois avant la signature du groupe sur Warp, contient deux morceaux inédits
(même si Aquarius se retrouvera dans une version différente sur Music has the right)… Aquarius est
l’annonciateur de la future orientation du groupe. Calme, lumineux, il contient des samples de rires d’enfants,
un gimmick auquel on les a un peu trop réduits. Ce morceau est surtout un étrange écho au « Aquarius » de la
comédie musicale « Hair »… La face B nous plonge dans les entrailles de la terre, cernés par des beats
telluriques étouffants et autres sons évoquant l’univers végétal, le vivant… Une de leurs pièces les plues
réussies, sombre, rampante et humide, parfaite illustration du BoC « d’avant ». Le titre se termine sur une orgie
de beats presque industriels qui voit les nappes se retirer pour laisser le martèlement seul oppresser nos
oreilles. Un final comme ils n’en oseront plus par la suite. Voilà, c’était le EP-charnière, la suite sera constituée
de gros morceaux, la partie émergée de l’iceberg, les deux albums cultes…
Note : 4/6
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JOY DIVISION : Substance 1977-1980
Chronique réalisée par dariev stands
“How can I find the right way to control / All the conflicts inside / all the problems beside,
As the questions arise / and the answers dont fit / Into my way of things.” Quand Ian Curtis murmure ces mots,
à la fin de « Komakino », inédit des sessions de « Closer » à la guitare percussive allant de pair avec le rythme
(tribal, proche d’Atrocity Exhibition), on sent qu’il y a un malaise. Sans dire qu’il n’en avait plus pour
longtemps, les problèmes qui rongeaient l’esprit du chanteur épileptique faisaient plus que surnager dans sa
musique : ils l’alimentaient. Issue du mal-être, la musique de Joy Division a d’abord été un exutoire punk pour
l’expulser, puis finalement une sorte de manifeste résigné pour vivre avec ce mal-être, tant bien que mal. Ne
pas confondre le doute perpétuel, le questionnement, avec l’apitoiement. Toujours influencé par Jim Morrison
dans sa démarche, Curtis apporte jusqu’à la scène ce flot de paranoïa, de tripes nouées, de pleurs étouffés,
avec la transe maladive que l’on connaît. Cette transe – et c’est ça qui est magique avec ce groupe – on la
retrouve intacte sur disque, d’abord dans la colère du premier EP du groupe, « An Ideal For Living », qu’on
retrouve en intégralité ici. Ce EP datant de 77 avait fait scandale à l’époque à cause de sa pochette reprenant
une illustration des jeunesses hitlériennes et montrant des images du ghetto de Varsovie. L’intro de Warsaw
justement, ouverture du disque (et aussi de la présente compilation) voit le groupe énumérer - en guise du «
1,2,3,4 » classique du punk – une suite de chiffres à priori incohérente : « 3,5,0,1,2,5 »… En fait il s’agit du
numéro de matricule de Rudolf Hess, un des leaders du parti nazi. Ironique, non ? Une blague qui met mal à
l’aise, mais qui permet bien de situer l’état d’esprit très particulier qui régnait dans la scène musicale anglaise
de l’époque… Evidemment, là où la plupart des groupes punk revendiquent ouvertement, Joy Division déjà,
suggère. Ainsi, difficile de se rendre compte à la première écoute que « No Love Lost » parle bel et bien de
camp de concentration ! Par la suite, le groupe abandonnera cette provoc gratuite qui leur a valu bien des
accusations, pour ne garder que le malaise. Leur nom étant déjà en soi une provocation bien plus grande que,
par exemple, le « concept » Marilyn Manson. Le malaise primera donc sur la colère, intériorisée, et les guitares,
en plus d’être agressives, se feront enveloppantes, formant comme un linceul pour les psaumes d’un Ian Curtis
dont la voix semble avoir pris 30 ans, en prédicateur possédé. La production du visionnaire Martin Hannett n’y
est pas pour rien, elle est même ce qui différencie le plus les 4 titres de 77 du reste de la compil, faite d’inédits
et de singles de 79 et 80. C’est ce qui empêche ce disque d’avoir la note maximale (outre le fait que les albums
ne l’ont pas eue non plus)… A part ça, frappant de constater à quel point aucune seconde de musique n’est ici
superflue. Les imprécations chaotiques de cette voix de vieillard, plaquées sur une section rythmique robotique
forment un tout si cohérent qu’on se demande comment une telle musique a-t-elle pu être créée par 4
personnes. L’adjonction de quelques rares éléments extérieurs comme un synthé incongru et terrifiant sur «
These Days » et une boîte à rythme sur « She’s Lost Control » ne vient guère perturber l’immuable mécanique.
Difficile de disserter sur certains titres de ce disque sans faire injustice aux autres. Les plus connus étant le
sournois et reptilien « Dead Souls », repris plus tard par NIN, les tubes « Love Will Tear Us Apart » et «
Transmission » (où Curtis ordonne aux auditeurs de danser tel un général de la Werchmarcht – et ils obéissent)
ou encore l’impressionnant « Digital », peut-être une bonne illustration sonore d’une crise de spasmophilie…
Vous l’aurez compris, se contenter des deux albums et passer outre cette compilation (à l’origine publiée pour
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épancher les dettes du fisc de New Order en 88, no comment) serait une grave erreur.
Note : 5/6
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HOCICO : Aqui y ahora en el silencio
Chronique réalisée par Twilight
Que ce soit clair, c'est avec ce mini (exercice pour lequel le groupe semble décidément doué) que j'ai découvert
Hocico et malgré le fait que je possède presque l'ensemble de leur discographie, il reste clairement et encore
mon essai favori de nos psychopates mexicains. Le morceau d'entrée 'Starving children' est mon préféré
composé par le groupe: beat lent et lourd, vocaux dans une lignée Wumpscut et une touche mélodique
imparable qui confère à l'ensemble quelque chose de glacé et funèbre que je trouve pour ma part totalement
addictif. 'Poltergeist' se rapproche du Hocico plus classique, rapide, direct et pêchu. C'est calibré dancefloor
mais de manière efficace; sans être forcément 100% original Racso ne cède jamais à la facilité dans ses loops
et c'est probablement ce qui place son groupe au dessus de pas mal d'autres dans un genre ultra saturé. Dans
le même genre, nous avons une belle pièce sous la forme de 'Spit as an offense', encore plus efficace car
conjuguant force et mélodie. Le morceau est d'ailleurs proposé sous forme d'un remix de Suicide Commando,
pas mal fichu du tout car respectant cet équilibre de sauvagerie et de mélodie tout en imprimant la marque du
Belge. Quant à 'Nothing back', je lui trouve des petits relents de Skinny Puppy. Marque de fabrique de Hocico,
les instrumentaux glauques tiennent largement la route et confirment la qualité de ce disque que l'on regrette
de savoir si court.
Note : 6/6
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DEINE LAKAIEN : Kasmodiah
Chronique réalisée par Twilight
Pas besoin d'aller loin, dès 'Return', le timbre mélancolique de Veljanov capture l'auditeur et le plonge dans le
monde de Deine Lakaien, un monde qui après l'essai un brin expérimental de 'Winter fish testosterone tour' se
fait plus accessible, plus feutré, non que ces termes doivent être pris comme des remarques négatives.
L'actualité chargée du groupe, la mise en chantier du projet électro-médiéval Qntal pour Ernst Horn, une
tournée conjointe, sans oublier une collaboration de Veljanov sur Estampie, la formation médiévale de Michael
Pop, ne pouvaient manquer d'influencer en retour Deine Lakaien, tendance amorcée depuis un moment déjà, le
duo ayant adapté leurs compositions pour une interprétation acoustique. Je ne cherche pas à dire que Deine
Lakaien s'est mué en projet électro médiéval lui aussi, c'est bien à cette dark wave si particulière que nous
avons affaire. La différence réside dans une approche plus chaude au niveau des sons, plus pop au niveau de
l'assemblage des loops, dans un esprit se rapprochant quelque peu de 'Dark star', en moins rapide, avec une
petite nouveauté sous forme d'ajout de violon et d'instruments médiévaux (le bon 'Sometimes'). Si les
tournures sont moins alambiquées, moins originales (encore que parfois...), elles renforcent en revanche le
potentiel vocal de Veljanov qui porte l'album magistralement avec des pièces très poignantes (le beau 'The
game' au piano, l'atmosphérique 'Kasmodiah'...). Les fans de dark wave électro auront tout de même un 'Lass
mich' très efficace à se mettre sous la dent ainsi qu' un 'Fight' qui mêle en son sein valse triste et poussée
violentes à la Prodigy, démontrant de belle manière que Deine Lakaien restent fidèles à eux-mêmes et sont
capables de toutes les audaces. Encore une réussite au compte d'un duo que les muses ne semblent pas
décidées à abandonner...4,5/6
Note : 4/6
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COMPILATION DIVERS : Cryosphere
Chronique réalisée par Marco
Nouveau label fondé par Alessandro Tedeschi de Netherworld, Glacial Movements est vous vous en seriez
doutés dévoué aux souffles gelés des régions hyperboréennes. Pour autant 'Cryosphere' ne se cantonne pas à
donner une image strictement nordique de la chose, puisque la compilation se veut internationale. Les russes
Closing The Eternity qui ont les honneurs du morceau liminaire offrent un travail basé sur des 'field recordings'
en y ajoutant cloches et divers instruments exotiques, annonçant de prime abord un aspect rituel qui va
prendre différentes formes. Car 'Cryosphere est une véritable célébration du frisson qui parcourt la lointaine
banquise, un frisson porté par autant de visions oniriques que d'interactions avec les éléments. Les allemands
Tho-So-Aa et leur mélange rituel et space-ambient combinent ces deux aspects avec une pièce saisissante,
comme plus loin leurs compatriotes reconnus Troum et leur longue plongée hypnotique et évolutive au coeur
des rochers de glace, ou encore les français de Lightwave, proches d'une space-ambient à l'esprit très 70s. On
retrouve Northaunt pour un titre dans l'esprit de son dernier album, mélodique et minimaliste ainsi que
Netherworld dont le superbe 'Kryos' se fond dans des harmoniques tout en échos. Le canadien Aidan Baker,
fidèle à lui-même, joue de sa guitare électrique pour créer un halo de coton et de mouvements aériens de toute
beauté, peut-être le titre le plus lumineux de cette compilation. Enfin Tuu abandonne ses éléments les plus
ethniques auxquels il a la plupart du temps recours pour une incursion dans des contrées beaucoup plus
sombres. Oophoi se rapproche du style de Northaunt avec un aspect plus dark-ambient classique (on pense
aussi à New Risen Throne) mais qui clôt parfaitement 'Cryosphere'. Une première sortie très réussie pour ce
nouveau label, qui colle vraiment à son sujet en proposant des approches homogènes mais personnelles à
chaque projet. Une compilation raffraîchissante en cet été infernal !
Note : 5/6
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CANOVAS (Javi) : Light Echoes
Chronique réalisée par Phaedream
Après Impasse, paru l’an dernier Javi Canovas nous présente son 2ième opus, Light Echoes. Toujours dans les
méandres profonds d’une Musique Électronique, style Berlin School, le synthésiste espagnol nous offre trois
titres aux structures quasi identiques.
Dès les premières lignes, Canovas nous projette dans un monde aux atmosphères sombres et planantes. Une
ligne séquentielle basse et nerveuse, à la Impulse de Free Sytsem Project, secoue la pièce éponyme à la 3ième
minute. Dès lors, Light Echoes s’anime sur un rythme nerveux aux synthés plaintifs qui ressemblent aux
sonorités de Tangerine Dream. Une 2ième ligne, plus nerveuse, s’ajoute et le titre prend une dimension
musicale plus riche qui se transpose jusqu’à la 9ième minute, où un synthé flûté tranche l’atmosphère et
sépare l’atonique du rythmique. Light Echoes explore les recoins de sa minuterie avec langueur sur un synthé
aux couches statiques et de belles séquences mellotronnées qui flottent dans une atmosphère densément
statique qui s’anime l’espace d’un court instant sur des percussions indisciplinées qui mettent du mordant
dans un titre un peu long. Vous avez aimé ce premier titre? Two Toned Rock On Mars est bâtit dans le même
moule. Intro court et planant, mouvement séquentiel bas et nerveux, épousant les ténébreuses lignes de Logos
de Tangerine Dream. L’atmosphère est nappée d’onctueux solos de synthés et de suaves passages
mellotronnées aux essences de flûtes éthérés et d’arrangements orchestraux denses. S’ensuit, rythmes et non
rythmes, statiques et circulaires, percussions ou envolées planantes. Interpherometry traverse aussi une
structure similaire. Le rythme est circulaire et minimaliste sur un séquenceur bas et toujours nerveux, en mode
semi percussions. Les synthés sont pénétrants avec ses chœurs gothiques qui étirent les dernières minutes
d’un titre qui se meurt dans une sobriété attendue. Light Echoes n’a aucun mystère. Comme sur Impasse, Javi
Canovas livre un cd sans bavures, ni surprises. De la Berlin School sans imagination, sans les additifs qui
piquent l’étonnement. Ceux qui aiment les longues tirades musicales tortueuses de la Berlin School en seront
ravis. Par contre, ceux qui aiment ce genre avec plus de complexités et de trouvailles risquent de demeurer sur
leur appétit.
Note : 4/6
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COMPILATION DIVERS : Noise.il
Chronique réalisée par Marco
Il y a longtemps que les israëliens n'ont plus rien à prouver en matière d'agressions sonores engagées, et ils le
prouvent encore une fois ici avec cette nouvelle compilation de chez Topheth Prophet. Cela démarre plutôt
tranquillement, drones et samples de documentaires pour les morceaux de MortalManifest qui trainent plutôt en
longueur. Longueur rattrappée par l'incroyable et brutal 'I'll be the Weininger of my time' par Drone Lebanon, un
assaut bruitiste des plus dérangé, voix hurlée en plein milieu des interférences. Les murs noise montent et
descendent tandis qu'une flûte s'élève au-dessus de la masse incandescente. Plus convenu mais assez chargé
en atmosphère, l'autre titre du même groupe, 'Zionistzermatism' achèvera de vous nettoyer les confuits auditifs
si tant est qu'ils soient restés imperturbablement bouchés ('Bleeding ears' de Gedem). Il faut reconnaître que
sans être friand de power electronics je trouve à cette compilation le grand mérite d'être vivante au-delà du
bruit et de la fureur. Un pays, un peuple en colère, cela s'entend, et nul besoin de s'enfoncer dans de
quelconques considérations politiques pour en retirer la substance. En cela le reste de la compilation suit cette
ligne indéfectible du genre, celle par laquelle beaucoup ne font que nous ennuyer, mais dont de trop rares
exceptions relèvent bien heureusement le niveau. 'Noise.il' ou une catharsis sonore extrême pour oreilles
averties.
Note : 4/6
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DARKTHRONE : A blaze in the northern sky
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
1991: j'aurais aimé voir la tête du staff de Peaceville Records quand ils ont reçu le master de "A blaze in the
Northern sky", eux qui avaient signé un groupe de death metal avec la sortie de "Soulside journey", premier
album des norvégiens. Ils ont du être supris et se sont probablements rongés les ongles jusqu'au sang en
attendant la réaction de la presse et des fans. Quinze ans plus tard, ils doivent en rire et être fiers d'avoir un
combo de la trempe de Darkthrone dans leur équipe. "A blaze in the Northern sky" est le black metal tout
simplement. "Kathaarian life code" vaut l'achat de l'album à lui tout seul: son introduction mythique, son
développement rageur, sa longueur délicieuse. La production de l'album est crade, ultra aggressive et
émétique: un effet totalement voulu et réussi. Suit un titre tout aussi culte, "In the shadow of the horns", repris
maintes et maintes fois, le témoignage d'une époque, une première partie martiale avant le raz-de-marée. La
voix de Nokturno Culto est méphitique, effrayante, superbe. "Paragon Belial" continue sur la même lancée avec
son break jouissif avant un "Where cold winds blow" direct, jusqu'au-boutiste et doté d'un solo. Le titre
éponyme est également superbe, une véritable tourmente d'insanité, de haine et de mépris. On remarquera au
passage le jeu de batterie de Fenriz, la légende débute. "The pagan winter" clôt l'album de belle manière, la
qualité est excellente et l'ambiance inégalable. Pas de répit, pas d'ennui, Darkthrone fonce tête baissée et pose
les bases de sa légendaire carrière avec ce second album monolithique, le premier véritablement black metal.
Un album repompé à toutes les sauces mais jamais égalé. Quinze après, cet album n'a pas pris une ride et est
toujours aussi appréciable, c'est à ça que l'on reconnait les chefs d'oeuvre. Ce "A blaze in the Northern sky" en
est incontestablement un, Darkthrone is truly "a fist in the face of God". Un mythe est né.
Note : 6/6
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HOCICO : Signos de aberracion
Chronique réalisée par Twilight
Voilà un bon album d'électro, dark, pêchu et dansant à souhait...problème : c'est un disque d'Hocico. Problème
? A dire vrai, pour moi, oui. La raison ? Même si ça reste du bon, il marque une forme d'essoufflement pour le
duo mexicain qui a opté pour une approche résolument dansante, certes très correcte et même meilleure que
pas mal de formations du genre mais néanmoins plus banale, plus facile et un tantinet 'boum boumesque'. Du
coup, de formation à part, Hocico a mis le pied dans la mare de l'électro de masse. Certes, on a bien les
instrumentaux plus angoissants, leur marque de fabrique, mais cette technique commence à être un peu trop
connue elle-aussi. Le feeling est bon, les beats cognent, Erk hurle comme un diable, les touches mélodiques
sont là mais ça manque de quelque chose en plus. Pour ma part, autant je puis écouter sans peine l'album dans
son entier, autant je peine à trouver LE titre qui se détache, le son glacial qui tue et file le frisson...On me
trouvera peut-être dur vis à vis d'Hocico...c'est vrai, je le suis, justement parce que en matière de dark électro,
ils m'avaient apporté quelque chose en plus. Du coup, si 'Signos de aberracion' est un bon disque, il ne m'a pas
donné envie de poursuivre plus loin dans l'aventure Hocico. Dans son édition limitée, il est néanmoins
accompagné d'un mini bonus , nettement plus intéressant et efficace, tant au niveau des structures rythmiques
et des sons que je trouve pour ma part plus angoissants sur 'Silent wrath' et 'Instantes de perfeccion'.
Note : 4/6
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HOCICO : Blasphemies in the holy land
Chronique réalisée par Twilight
Hocico en concert, tout le monde est d'accord là-dessus, c'est une tuerie...Le duo mexicain dégage une
infatiguable énergie mêlée de pêche et de rage qui semble ne jamais faiblir. Un premier essai avait tenté de la
capturer ('Los hijos del infierno') mais il était limité à 500 copies et la production manquait cruellement de force.
Succès obligeant, Hocico revient avec un nouveau live capturé lors de ses concerts en Israël (c'est original) qui
semble plus à même de rendre un peu de la noirceur live des deux compères. Niveau son, c'est mieux en effet,
la production est meilleure, plus équilibrée et témoigne bien tant de la violence que de la mélodie que l'on peut
trouver dans les compositions de Racso. Quant à Erk, plus en forme que jamais, il hurle comme un possédé
comme si sa voix ne fatiguait jamais. Du coup, ce live offre de vrais bons moments ('Ecos', 'Poltergeist', 'Keep
barking dogs' et surtout 'Bloodshed, bien meilleure que sur le cd). Ensuite, tout est question de goût quant à la
playlist; pour ma part, elle témoigne un peu trop de l'orientation récente, plus dancefloor, du groupe et me plait
moins mais gageons qu'elle ravira les fans.
Note : 5/6
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RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Hog Wild
Chronique réalisée par Phaedream
Hog Wild est un cd un peu difficile à passer, surtout après les petits bijoux parut l’année dernière. J'ai fait le
tour des copains, afin de m'assurer que j'avais bien écouté. Pas de doutes, cette impression est dans le ton. Un
cd acéré qui ne fait pas dans la dentelle. Toujours en respectant sa structure de composition, le trio Anglais
improvise entre la Berlin School et un Krautrock modéré. Un croisement entre l’underground, le psychédélique,
la MÉ et du progressif. Bref un cd qui cherche un style, ou peut-être un groupe qui cherche à se redéfinir.
Enregistré au célèbre National Space Center, en Angleterre, la partie un débute avec The Music Box. L’intro est
lourd et atmosphérique. Nous sommes en terrain connu. Le rythme s’agite un peu, mais demeure très statique.
La séquence est souple et agrémentée par un beau mellotron et les accords de guitare. Des percussions
fouettent cette ambiance et la séquence mute en augmentant légèrement la cadence. Une bonne pièce à
évolution lente. Below Zero est très atmosphérique. Le rythme est absent et est guidé par un synthé ténébreux
qui refuse de voir le jour. They Go Boom possède une approche différente du répertoire de RMI. Un style
jazzy/groovy qui flirte avec un rythme sensuel. La batterie et la guitare sont très bonnes. Dirty Work possède un
beat nerveux, on se sentirait dans une course. La cadence augmente en pulsations, mais sans jamais déviée, et
est au prise avec une guitare fantomatique. Une plage nerveuse qui danse sur des cymbales, de la guitare et un
bon séquenceur.
Night Owls enregistré au Jay Taylor’s Night & Day de Manchester est plus près de la Berlin School que ce que
nous entendons sur NSC. Une longue pièce qui joue sur ses rythmes et qui est digne des bons moments
séquentiels de RMI. Le beat est nerveux, la guitare omniprésente. Plus la pièce progresse, et plus les
séquenceurs et percussions nous ramènent vers l’ambiance électronique de la Berlin School.
Hog Wild est différent. C’est un cd qui s’éloigne de la Berlin School pour embrasser une approche un peu plus
psychédélique progressive, comme à l’époque un peu folle d’Ashra Temple. Il faut le savoir, et une fois que l’on
sait, ça passe un peu mieux.
Note : 4/6
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NACHTMYSTIUM : Eulogy IV
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Je n'ai jamais été un gros fan du Nachtmystium pré-Eulogy IV qui proposait un black metal certes bien fait mais
beaucoup trop commun et linéaire pour être séduisant, comme sur "Demise" par exemple. En revanche, ce mini
cd a été une totale surprise dans la mesure où je ne m'attendais certainement pas à ce style de musique.
"Eulogy IV" présente un groupe oscillant entre black metal et moments plus rock/garage bluesy, avec des solos
excellents qui n'ont rien à voir avec du black metal pur souche. Le mélange prend de suite, j'ai rarement
entendu quelque chose de cette trempe dans le style. La production du disque est étonnante, elle sonne très
garage rock et finalement, ce mélange entre metal extrême et tendance plus rock est cohérent. L'interprétation
musicale est sans faille, les vocaux d'Azentrius sont accrocheurs et les solos sont réellement un très bon point
de ce disque. Ces derniers ne font pas dans la surenchère technique mais dégagent des émotions
mélancoliques fortes. La première édition de ce disque est paru chez le label suédois Total Holocaust Records,
la version vinyle avec 3 bonus chez les allemands de Perverted Taste et ce disque a été récemment réédité chez
Southern Lord avec 4 bonus. Bizarrement, je trouve cet enregistrement assez mélancolique et nostalgique dans
ses sonorités, on ressent un désespoir réel sans tomber dans les effets à outrance du type claviers ou voix
macabres. "Eulogy IV" est le meilleur disque de Nachtmystium à ce jour, le plus personnel également, bien plus
que ce que le groupe proposait auparavant et aussi par rapport à son successeur, l'album "Instinct: Decay". Un
disque bien original et surprenant fortement recommandé.
Note : 5/6
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THE STONE : Zakon Velesa
Chronique réalisée par Iormungand Thrazar
Et un groupe inconnu de plus, un! Injustement méconnu qui plus est. C'est bien gentil les chroniques de
groupes que tout le monde connait mais on est là pour découvrir non? Donc je vous ai sorti une petite perle de
l'underground qui devrait probablement avoir plus de reconnaissance dans le futur, en tout cas, je l'espère pour
eux. The Stone, ex-Stone to Flesh, est un groupe serbe de black metal plutôt rapide sans être blasté tout le
temps non plus et très mélodique. "Zakon Velesa" est le troisième album de ce groupe, après "Tragom
Hromoga Vuka" et "Slovenska Krv", qui sans être fantastiques ni au même niveau que ce disque, démontrait
déjà un fort potentiel que l'expérience leur permettra sans aucun doute de décupler par la suite. Là où
auparavant, on ressentait un peu trop les influences de Darkthrone et de Dissection, avec "Zakon Velesa", on
sent que le groupe trouve réellement sa voix et son identité, on pourrait parfois penser à Taake, notamment sur
"Prividjenja" ou "Svarozi Krug", mais point de plagiat ici. Un black racé, carré, mélodique à souhait, les vocaux
de Nefas me font parfois penser à ceux de Hupogrammos Disciple's de Negura Bunget, à la différence près
qu'ici, on chante en serbe. De gros progrès ont donc été réalisés au niveau de la structure des compositions et
également au niveau de la production qui est beaucoup plus puissante et moins amateure qu'auparavant. The
Stone nous présente avec "Zakon Velesa" un fort bon troisième album, compact, homogène et diablement
efficace. Le ep sorti à la suite "Cujete li, smeju nam se mrtvi..." est également très bon, possiblement encore
meilleur, ce qui me permet d'avoir de très grands espoirs concernant le quatrième album du groupe intitulé
"Magla", paru en juin 2006 chez le label allemand Folter Records et dont je me délecte d'avance. Un belle
découverte que ce groupe performant dont on entend trop peu parler. Pour le moment...
Note : 5/6
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PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Schlingen-Blängen
Chronique réalisée par Trimalcion
Un ressenti organique du son, une transformation de l'espace-temps de l'auditeur, une perception
hallucinatoire de la tonalité, une recherche du "son d'or", une expérience contemplative et mystique... voilà ce
que propose Charlemagne Palestine. Ses recherches seront d'ailleurs menées en parallèle avec d'autres formes
d'art, car les préoccupations du compositeur américain dépassent largement le medium musical. Cette pièce
aurait pu porter le même nom qu'un chef-d'oeuvre de jeunesse pour orgue d'Olivier Messiaen : "Apparition de
l'Église éternelle", au lieu de cela, elle s'intitule "Schlingen-Blängen". Un seul instrument : l'orgue. Un seul
accord joué. Un même continuum sonore qui s'étale dans l'espace durant plus de 70 minutes. D'abord une note,
puis deux, puis plusieurs : un énorme cluster qui va en s'élargissant, qui vous happe, vous envahit, vous
transperce... Si Charlemagne Palestine (quel nom, bon sang...) a en commun avec ses collègues "minimalistes"
(étiquette détestée ; on l'utilise faute de mieux) "répétitifs" (Riley, Glass, Reich...) l'intérêt pour les musiques
non-occidentales et l'exécution d'une sorte de transe, aucun autre ne verse à ce point dans le spirituel, le sacré.
Car cet orgue, au profit duquel le compositeur délaisse temporairement pianos ou synthétiseurs, n'a rien à voir
avec le petit clavier électrique des oeuvres de jeunesse d'un Philip Glass, par exemple. C'est un instrument
d'église, qui recrée ce fameux "bourdon" céleste ("drone"), qui s'incruste dans la mémoire tel une perception
quasi-inconsciente. "Schlingen-Blängen" est donc une quête de l'extase mystique. L'espace se remplit au fur et
à mesure. Étriqué au commencement, il apparaît bientôt immense : une mer, scintillante de mille éclats solaires
(dont la plupart semblent nous échapper), qui échoue dans nos oreilles par vagues successives. Écoutez ce
disque sans rien faire d'autre, la tête entre les enceintes. Il n'y aura pas de demi-mesure. Soit vous n'y tiendrez
pas cinq minutes ; soit vous partagerez mon enthousiasme, au sens étymologique de ce terme...
Note : 6/6
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GISMONTI (Egberto) : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
À défaut de pouvoir parler de l'oeuvre du brésilien Hermeto Pascoal, par faute d'albums (très) difficiles à se
procurer, j'aimerais aborder le travail d'un autre de ses compatriotes, peut-être plus modeste, tout aussi peu
connu finalement, et avec qui il partage cette formidable ouverture d'esprit qui les ont amené tous deux à
s'épanouir dans une grande diversité de langages différents sans jamais oublier de faire valoir leurs racines.
Guitariste de formation, Egberto Gismonti apprend le piano classique en bénéficiant d'une même partie des
enseignements dont se sont nourris avant lui des gens comme Philip Glass, Leonard Bernstein ou Astor
Piazzolla ; ça vous situe déjà un peu le niveau. Mais Egberto a la bougeotte et ne veut pas s'enliser à Rio où la
Bossa Nova occupe presque tout l'espace musical. Son premier album n'y échappe pourtant pas, ressassant
cette même amertume indolente qu'il entonne, comme bon nombre de ses congénères, à la guitare et au chant.
Mais tout en se reposant sur ces bases auxquelles il ne pourra de toute façon jamais échapper, son album
éponyme de 1969 montre d'ores et déjà de manière éloquente le désir profond de l'artiste à vouloir se mêler de
ce qui ne le regarde pas, en piochant des éléments que l'on trouverait d'habitude en musique du monde bien
sûr ("Salvador"), mais aussi en musique symphonique (forte présence d'un large orchestre sur plus de la moitié
de l'album, à l'image de "Lirica II") ou encore en jazz ("Tributo a Wes Montgomery" - tout est dans le titre - ou
encore les délires swinguant de "O Gato", vraisemblablement dédié au trublion argentin). Et quand on mélange
tout ça, comme il arrive à Egberto de le faire, on se retrouve face à une forme hybride d'un progressif qui
s'ignore, dans ses choix d'arrangements ("Computador", pour piano et flûte) ou dans la superposition de ses
thèmes ("Clama Claro" ou le plus pastoral "O Sonho"). Voilà donc une excellente entrée en matière qui nous
prédit des perspectives immenses.
Note : 3/6
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GISMONTI (Egberto) : Sonho'70
Chronique réalisée par Progmonster
S'il fallait voir les choses sous un angle providentiel, il paraît clair que les incessantes allées et venues qui
s'intensifient alors à l'aube d'une nouvelle décennie entre le Vieux et le Nouveau Continent représentent une
énorme chance pour Egberto Gismonti. Et ce dernier aura l'intelligence de la cultiver comme un atout ; les
expériences qu'il tire en Europe, que ce soit en France en tant que chef arrangeur, en Allemagne lors de
tournées, et en Italie où il dégote quelques contrats, vont lui servir à peaufiner son art, à donner à sa musique
une dimension universelle en dépit des couleurs locales toujours très marquées qui en tracent les grandes
lignes. Oui, à l'écoute d'un disque d'Egberto Gismonti, il est impossible de se tromper sur la provenance de
l'auteur. Mais dans le même temps, force est de reconnaître que vous n'aviez jamais rien écouté de tel dans le
genre. Sur "Sonho'70", deuxième disque sur ses terres et premier signé pour le compte d'un gros label, notre
compositeur continue de ratisser large en nous proposant une nouvelle synthèse des musiques brésiliennes je dis bien "des" musiques, pluriel - sous l'éclairage d'arrangements où sophistication et élégance vont de
paire. Xylophones, cuivres et autres percussions viennent renforcer davantage cette impression. L'orchestre
symphonique est ici le maillon central autour duquel tout s'articule. On pourrait presque songer aux travaux
qu'entreprendra William Sheller... 15 ans plus tard ! Les mélodies vocales qu'il distille sur tout le disque,
résonnant comme un fatalisme heureux en compagnie d'une charmante jeune fille qui donne à tout ceci un côté
encore plus aérien, vous surprendront à s'incruster assez rapidement dans votre mémoire ("Janela De Ouro",
"Indi" ou "Pendulo" pour n'en citer que quelques uns). Dans l'ensemble, la légerté qui transparaît au détour des
chansons de ce "Sonho'70" possèdent malgré tout cette aura de mystère indéfinissable, superbement
représentée ici par le quasi intimiste "Lendas".
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : Orfeo novo
Chronique réalisée par Progmonster
"Orfeo Novo" inaugure symboliquement la longue fidélité - pour ne pas dire l'histoire d'amour - qui liera le
brésilien à la terre allemande (à partir du milieu des années soixante-dix, il entamera une collaboration
prolifique avec ECM). Pour l'heure, le label MPS à qui l'on doit quelques redoutables pièces de jazz
psychédéliques, comme le fameux "Knirsch" du Wolfgang Dauner's Et Cetera, offre donc à Gismonti la
possibilité d'enregistrer son premier album européen (aussi curieux que cela puisse paraître, il avait déjà publié
deux 45tours en France). Fort logiquement, on y retrouve quelques uns de ses titres les plus marquants issus
de ses deux premiers disques et réarrangés pour l'occasion. Excepté sa suite en trois actes de "Portraits for
Guitar & Flute", tous les autres titres figuraient sur son premier album éponyme ou sur "Sonho'70". Si on
retrouve avec toujours autant de plaisir sa choriste, le grand absent de la session, c'est le grand orchestre. En
soi, c'est une bonne chose car cela évite la redite. En forçant ainsi Gismonti à repenser l'arrangement de
certaines de ses oeuvres, on découvre que la force et le charme qu'elles détiennent résident en réalité au coeur
même de leur écriture. "Indi" troque son entrée solennelle au profit d'un dialogue pour quatuor à cordes, c'est
pas plus mal, "O Sonho", pour flûte, voix, piano et contrebasse, reste toujours aussi enchanteur, quant à
"Parque Laje", il s'étire sur de longues minutes tout en préparant le terrain pour le "Salvador" à suivre où tout
le talent, la maîtrise et l'intuition du guitariste ont désormais tout un boulevard devant eux pour s'exprimer.
L'ambiance est fatalement plus introspective, tout à l'acoustique et donc dominée par sa douze cordes. Une
première ébauche intimiste qui, de fait, inaugure une démarche qu'il sera appelé à répéter. "Orfeo Novo"
fonctionne donc d'ores et déjà comme une sorte de best of, juste un peu plus austère, un peu plus allemand en
somme.
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : Agua & vinho
Chronique réalisée par Progmonster
Avec son quatrième album, notre multi-instrumentiste brésilien entame un partenariat de circonstance avec la
version locale du label EMI. Ce ne sera pas la première fois ; Gismonti aime à reprendre du Gismonti, l'artiste
allant piocher régulièrement dans son propre répertoire, soit pour l'aborder sous un jour nouveau, soit pour
affiner davantage son écriture. À l'instar d'autres célèbres musiciens de culture anglo-saxonne, Egberto ne voit
pas la musique comme un art fini et considère son propre matériel comme une matière remodelable à l'envi.
Ainsi, la mélodie de "Federico" est trop familière que pour ne pas l'avoir déjà entendue sous un autre titre sur
un de ses albums précédents, alors que "Janela de Ouro", tout en gardant ses bases, se transforme peu à peu
en jam endiablée. Car, oui, la grande nouveauté de cet album, c'est que le musicien constitue autour de lui un
véritable groupe, avec une batterie surtout mise en avant, puisqu'il est tout à fait capable de s'occuper du
reste... Ce n'est pas tout de suite évident sur l'éclaireur "Ano Zero" mais on finit vite par tendre l'oreille quand
ce subtil changement intervient pour de bon. Pour autant, on ne verse évidemment pas dans le rock, mais de
toute évidence sa musique gagne en densité ; rien de mal en soi mais un mal nécessaire pour ceux qui ne
parviennent toujours pas à s'immerger dans une musique étrangère si elle ne partage pas avec eux un
minimum de repères communs. Quand ça s'agite un peu, c'est bien sûr à Hermeto Pascoal que l'on songe, et
au-delà, toute la scène fusion jazz qui officie alors aux États-Unis (le surprenant "Tango"). Ceci étant, Gismonti
continue à rester curieux de tout, aussi est-ce toujours plaisant de se voir ballader dans des atmosphères très
différentes tout au long d'un album qui reste toujours homogène (l'ambiance étrange de "Volante" à rapprocher
peut-être d'un Robert Wyatt, et le superbe instrumental pour clarinette et quatuor à cordes "Eterna"). "Agua &
Vinho" poursuit donc la lente évolution d'un artiste qui par essence refuse toute catégorisation.
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Connu aussi sous les titres "Luzes Da Ribalta" ou "Arvore" pour ne pas le confondre avec son premier album
éponyme, ce qui représente en réalité son second disque pour le compte de EMI se contente dans un premier
temps de reprendre la recette de "Agua & Vinho", à savoir la relecture de certaines de ses anciennes
compositions ("Tango" et "Salvador" notamment) dans un cadre différent, voire très différent. Le "Tango"
précité qui en quatre minutes à peine passait autrefois d'une gentille bossa à un délire jazz électrique subit ici
un traitement radical, rendant le titre presque méconnaissable, l'acoustique prédominant au profit d'un
ensemble de cordes ! Lentement d'ailleurs, après un début sous des airs de faux flamenco post moderne où le
format chanson - mais relativement complexe dans son agencement - se mélange à des tas d'autres éléments
qui finalement portent la griffe pluri-disciplinaire toute personnelle de l'auteur, l'album glisse vers un
classicisme de toute beauté, délaissant peu à peu le chant (axe central de "Encontro No Bar" ou de la ballade
douce amère de "Memoria E Fado") et dressant en lieu et place autant de dialogues différents entre orchestre et
saxophone soprano (l'obscur "Academia de Danca" que ne renierait pas Jan Garbarek), orchestre et piano
("Adagio"). Les deux derniers titres de l'album synthétisent à ce titre parfaitement la démarche entreprise, la
troisième relecture (déjà) de "Salvador" la voyant s'enrichir de percussions qui soulignent par six fois son
appartenance à la culture carioca. Malgré le nombre conséquent de musicien, le disque garde une ambiance
feutrée qui en définitive contraste avec les aspirations percussives de "Agua & Vinho". Un ton au-dessus pour
la profondeur qui s'en dégage, le cinquième Egberto Gismonti assume les choix du compositeur et fait preuve
d'une rare ambition qui lui permettent ici de se hisser au rang de Heitor Villa-Lobos, autre compositeur brésilien
à qui Gismonti, de toute évidence, doit beaucoup...
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : Academia de dancas
Chronique réalisée par Progmonster
"Academia de Dancas", parmi les disques les plus ambitieux de toute la carrière d'Egberto Gismonti, a bien
failli ne jamais voir le jour ! La raison ? La frilosité des labels... Que vouliez-vous que ce soit d'autre ? Quand le
brésilien vint soumettre la maquette de son nouveau projet en cours aux gérants d'EMI-Odeon, ceux-ci lui
prédirent un échec commercial sans précédent, avec pour conséquence directe la rupture pure et simple du
contrat qui les liait. Le rendement, y a que ça de vrai... Ce sont aux critiques positives et à la collection de prix
qui lui furent décernés peu après que l'on doit le salut du disque. Mieux ; tout ceci permit au guitariste de
négocier une licence sous laquelle il publiera désormais la suite de ses travaux. Pourtant, "Luzes Da Ribalta"
n'était pas lui non plus un album d'un abord des plus évidents, surtout quand on songe à quoi correspondent
les canons de la musique brésilienne. Qu'avait donc ce fameux "Academia de Dancas" pour faire craindre le
pire à ses créanciers ? Depuis ses tous débuts, Egberto Gismonti a démontré qu'il était un touche à tout de
génie, mais jusqu'ici, il veillait - inconsciemment ou non - à ne jamais se laisser déborder par les évènements.
Aussi précieuses et riches étaient elles en trouvailles et en rebondissements en tout genre, ses chansons
s'inscrivaient dans un format acceptable, dépassant rarement les quatre minutes. La grande première que
représente ce disque c'est que justement, épaulé par un groupe de musiciens aptes, comme lui, à se jouer de
tout, Gismonti donne une élasticité inédite à ses titres qui s'enchaînent sans temps morts. À ce changement de
forme s'ajoute aussi un lifting sur le fond, rapprochant esthétiquement le tout de ce qui ne s'appele pas encore
le rock progressif (entrée en force du piano électrique). "Academia de Dancas" inaugure en quelque sorte une
forme inédite de jazz progressif aux teintes world fusion marquées. Un disque important dans la carrière de
Gismonti - de ceux qu'il faut connaître - allant au bout de sa logique pour se rapprocher de l'Occident. À nous
de faire les derniers pas qui nous séparent pour aller à sa rencontre.
Note : 5/6
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GISMONTI (Egberto) : Coracoes futuristas
Chronique réalisée par Progmonster
Sur les bases du déjà très réussi "Academia de Dancas" qui statuait de manière éloquente sur la grande
ouverture d'esprit, l'insatiable curiosité et le goût du risque vivifiant d'Egberto Gismonti, "Coracoes Futuristas"
enfonce le clou d'une exploration musicale totalement décomplexée en s'abandonnant une fois encore à cette
grammaire alors très en vogue des aspirations jazz électriques, voire progressives. Sous la direction de Mario
Tavares, notre multi-instrumentiste brésilien retrouve dans les faits une formation quasi similaire à celle qui
évoluait sur son album précédent, les quelques nuances qui s'y trouvent permettant peut-être à cet essai-ci de
réaliser mieux encore ses aspirations de départ (je songe à la section de cuivres qui est mise à contribution ici,
petite par la taille, grande par le talent). D'entrée de jeu, l'enchaînement "Dança das Cabeças", "Café" et
"Carmo" montrent l'étendue des champs visités, passant de la rigueur acoustique des guitares au soutien d'un
piano électrique aux touches de couleurs déterminantes, le tout dans une ambiance où l'entrain véhiculé ne
peut dissimuler le doute qui le hante. Ces mélodies flottantes possèdent un charme si trouble qu'il s'avère
difficile de pointer avec précision quelle est leur vraie nature. Comme dans la vie, il n'y a ni bien ni mal,
seulement deux facettes complémentaires qui s'expriment tour à tour. "Trem Noturno" ne change pas d'un iota
cette formule qui marche et qui pourtant ne ressemble à aucune autre. Une formule où large orchestre, piano
jazz et rythmiques impaires héritées des grands disques de la cause progressive transalpine se marient avec
un rare bonheur. Si le "Ano Zero" de "Agua & Vinho" est revu et corrigé à la sauce Keith Jarrett Quartet,
"Coracoes Futuristas" nous présente également d'autres titres qui vont à leur tour faire l'objet d'autres
déclinaisons, souvent fort éloignées des versions qui nous sont proposées ici. Gismonti poursuit donc son
parcours bien étonnant en faisant mieux que se moquer des modes ; il les sublime.
Note : 5/6
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GISMONTI (Egberto) : Danca das cabeças
Chronique réalisée par Progmonster
Au gré de ses prestations en Europe en ce début d'années soixante-dix, Gismonti parvint tout de même à se
faire un nom. Au point de susciter la convoitise de certains labels. Et parmi eux - je vous en ai déjà touché un
mot - Manfred Eicher, papa de la jeune firme ECM promise à un bel avenir. Si l'audace de Gismonti fût
finalement payante lors de la publication de ces deux derniers disques, il pu aussi se rendre compte qu'il ne
bénéficiait pas hélas d'un soutien indéfectible. Sentant le vent tourner, répondre positivement aux avances de
l'allemand était donc pour lui la meilleure chose à faire... Accueilli avec les honneurs et assuré d'une parfaite
liberté artistique, fin 1976 il entre au Talent Studio de Norvège où il établira ses quartiers à l'avenir pour réaliser
ce "Danca das Cabeças" d'ores et déjà hors norme. Le pari relevé sur ce disque tourne le dos aux derniers
soucis esthétiques assumés par l'artiste. On y retrouve le Gismonti tout acoutsique, amateur de choses belles
et simples ; plus qu'un retour au source, c'est presque à un retour à la nature même que nous convie ce disque
tant l'atmosphère qui y est capturée semble avoir été prise au coeur même de la forêt amazonienne ! Le
guitariste et flûtiste n'est pas seul ; il convie un autre de ses compatriotes, Naná Vasconcelos, dont les talents
de percussionistes ont depuis lors mis tout le monde d'accord, pour dresser, à deux, ce portrait imaginaire d'un
monde vierge de toute trace de l'homme. Articulé autour de deux longues suites de plus de vingt minutes
chacunes, les thèmes s'y enchaînent dans des transitions subtiles, les amateurs y reconnaîtront au passage
quelques anciennes mélodies du musicien adaptées et transfigurées, comme à son habitude. Des deux parties
de ce "Quarto Mundo", la seconde est la moins dépaysante, la plus connotée néo-classique, d'autant que
Gismonti y évolue quasi seulement au piano. Il n'en demeure pas moins que ce "Danca das Cabeças" est une
expérience rare, une nature qu'elle partage avec les autres oeuvres de l'artiste, tout en leur étant dissemblable.
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : Carmo
Chronique réalisée par Progmonster
Un rythme funky et une basse qui slappe sans compter ; le choc est rude à l'entame de "Carmo", nouvelle
réalisation en terres brésiliennes. De la production aux choix même des compositions, il paraît évident que
Gismonti a au moins essayé ici de viser un succès public beaucoup plus grand. Plus que jamais "Baião
Malandro" nous fait prendre la mesure de toute l'influence d'un groupe comme Weather Report. Ou serait-ce
plutôt l'inverse ? Car ne l'oublions pas ; l'originalité première du groupe de Zawinul et Shorter était de marier
leurs aspirations jazz aux mélodies étrangères, et donc latines aussi. C'est encore une musique guidée par les
soubresauts d'une basse énorme qui se fait entendre sur "Educação Sentimental" ou "Raga", avec une pointe
Mahavishnu Orchestra peut-être pour l'intervention des cordes et la dextérité ineffable de notre guitariste
classique. Le chant n'est pas tout le temps présent, mais quand il l'est, l'orientation pop est clairement de mise,
renforcée par les voix féminines d'un choeur étendu, ravivant le souvenir d'une Dulce qu'on entendait pourtant
de moins en moins ("Apesar de Tudo", "Feliz Ano Novo" ou "As Primaveras"). À titre d'exemple, "Café", affublé
pour la première fois d'un texte, n'efface pas le souvenir de sa version antérieure mais subjugue néanmoins par
sa capacité à sonner totalement inédit. La découverte de "Carmo" au fur et à mesure nous fait considérer ce
nouveau travail comme le plus hybride réalisé jusque là par Egberto Gismonti. Son esthétique est fortement
rattachée au jazz électrique, le duo clavier-saxophone soprano de "Bodas de Prata" nous ramenant encore et
toujours au Weather Report de "Blackthorn Rose", mais la nette propension à vouloir cadrer tout ça dans un
format chanson plus conventionnel nous force à dresser un bilan plutôt mitigé. Il y a encore de fort belles
choses à écouter sur ce disque, et c'est peut-être aussi parce qu'il est l'instigateur d'une rencontre tout à fait
inédite que "Carmo" garde intact, en vers et contre tout, son pouvoir d'attraction.
Note : 3/6
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GISMONTI (Egberto) : Sol do meio dia
Chronique réalisée par Progmonster
Ce que j'appele la partie de ping pong a donc bel et bien commencé. Depuis "Danca das Cabeças" en 1977,
Egberto Gismonti va alterner avec une précision d'horloger suisse albums européens (sur ECM) et albums
sudaméricains (sur EMI). "Sol Do Meio Dia" renoue le contact avec le Gismonti acoustique de sa première
session norvégienne, "Carmo" apparaissant plus que jamais comme une parenthèse, voire comme une pure
fantaisie puisque non destiné à la base au marché international. Pour ce nouvel enregistrement, Gismonti
élargit le cercle de ses collaborateurs. À y regarder de plus près, il ne manque finalement que Don Cherry - dont
le rôle est repris ici par le saxophoniste Jan Garbarek - sinon on aurait eu là un album inédit de Codona, avant
même qu'ils ne se forment, autour de Collin Walcott et Naná Vasconcelos, mais orienté Brésil pour le coup.
Comme si cela ne suffisait pas, un autre virtuose de la douze cordes, et fidèle du label allemand, vient rajouter
son grain de sel ; Ralph Towner. Tout ce beau monde sait jouer, bien sûr, mais le font rarement au delà d'un
petit commité en trio. Et puis, surtout, l'objet ici n'est pas d'épater la galerie avec ses prouesses personnelles.
Considérablement marqué par le succès réservé à "Danca das Cabeças", Gismonti joint l'utile à l'agréable ; il ne
lui faut pas longtemps pour comprendre que c'est là une piste à explorer, qui plaît et qui répond sans doute à
une demande. Mais qui plus est, en tentant de faire revivre l'esprit des musiques dites "primitives", il est en
accord parfait avec la démarche personnelle qu'il a entreprise voilà bientôt dix ans. "Sol Do Meio Dia" est un
album d'un calme olympien et d'une beauté nue, dédié aux indiens Xingu avec lesquels il vécu pendant un petit
temps. Le résultat est moins tribal qu'on pourrait se l'imaginer, le guitariste en profitant une nouvelle fois pour
revoir la copie de certaines de ses dernières oeuvres ("Palácio de Pinturas", "Café" et "Baião Malandro" pour
piano solo). Intimiste, troublant et hautement inspiré.
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : No caipira
Chronique réalisée par Progmonster
L'album commence sur un air suave de bossa nova pour guitare et voix et à cet instant, on se dit alors que
Gismonti a beaucoup de chance d'échapper ainsi à la schizophrénie... Car entre ses productions destinées au
marché brésilien où la volonté de rester affilié à un style est manifeste et ses productions européennes,
beaucoup plus introverties, qui jetent à leur manière les bases d'une world fusion qui n'a pas encore
conscience de son identité, il y a de quoi développer des troubles de la personnalité. Cependant, le cru 1978
d'Egberto Gismonti est sans commune mesure avec les coudées franches et conquérantes que s'était permis
"Carmo". L'équipe n'est pas la même, beaucoup moins éparpillée qu'à son habitude, constituant même avec les
désormais fidèles Mauro Senise au saxophone, Zeca Assumpção à la basse et Ze Eduardo "Néné" Nazario à la
batterie, le groupe Academia de Danças que le compositeur prendra le choix délibéré de mettre plus en avant
dans un proche avenir. Benito Juarez reprend la tâche autrefois dévolue à Mario Tavares, et si différence
notable il y a au niveau de l'orchestration, s'aventurant clairement dans les eaux sombres de la musique
contemporaine ("Danca das Sombras"), c'est avant tout lié au rôle prépondérant que Gismonti a décidé de lui
donner sur certaines plages. Ainsi en est-il de sa relecture de "Palácio de Pinturas", originellement paru sur
l'album qui donne son nom au groupe. À mesure que l'on progresse dans le disque, "Saudações" fait figure
d'exception, d'erreur de casting, tant "No Caipira" se montre essentiellement tourné vers la mise en exergue
des qualités musicales déployées par les différentes forces en présence. Ainsi oscille-t-on entre titres
d'inspirations jazz moderne aux rythmiques échancrées ("Frevo", "Frego Rasgado") et un symphonisme
poignant ("Sertão Brasileiro") qui surprendra plus d'un amateur de musique de films. Plus généreux et plus
rond que ses productions allemandes quand parole est donnée au groupe, la gravité sévit sur les pièces
orchestrales. D'un abord à priori peu engageant au départ, "No Caipira" se révèle être au final un album plein de
nuances, riche et subtil à la fois, et même assez noir.
Note : 5/6
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GISMONTI (Egberto) : Solo
Chronique réalisée par Progmonster
À force de flirter avec les genres, classique, contemporain, progressif, jazz ou world, on finirait presque par
oublier à quel point Egberto Gismonti est un musicien incroyablement doué. Sur ce premier vrai exercice en
solitaire, fêtant en quelque sorte dix ans de carrière déjà bien remplies, le brésilien nous montre qu'il évolue
dans ce contexte comme un poisson dans l'eau. Et fidèle aux principes qu'il s'est fixé depuis toujours, il nous
gratifie en toute logique de cinq nouvelles interprétations de titres déjà bien ancrées dans son répertoire. Les
récents "Selva Amazônica" et "Frevo" issus de "No Caipira", "Ano Zero" (de "Agua & Vinho"), "Salvador" (de
son tout premier album) et enfin "Ciranda Nordestina". Si les albums à registre classisants de Keith Jarrett on
tendance à vous faire bailler faute d'une palette sonore exclusivement centrée sur le piano et que vous rêviez
d'un compromis entre Ralph Towner et le John McLaughlin de Shakti, alors pourriez vous peut-être vous laisser
tenter par cet album d'Egberto Gismonti et y trouver votre bonheur puisqu'il possède les mêmes qualités
contemplatives des aristes précités tout en apportant un soin particulier à varier les plaisirs ("Salvador" et
"Selva Amazônica" - malgré ses vingt longues minutes - étant joués à la douze cordes).
Note : 3/6
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GISMONTI (Egberto) : Circense
Chronique réalisée par Progmonster
Pour son nouvel opus, Gismonti va s'inspirer de l'art du cirque. La pochette ne fait aucun mystère à ce sujet. Et
si on pouvait craindre le pire pour toutes ces raisons, alimenté qui plus est par la rythmique bop grossière,
limite grotesque, de "Karatê" en ouverture, on se rassure tout de suite avec - une fois n'est pas coutume - une
série de thèmes tous inédits et dont la mélodicité est d'une absolue splendeur. Je vous parlais il y a peu de
Shakti, et nous sommes en plein dedans à l'écoute d'un morceau comme "Cego Aderaldo" illuminé par
l'intervention du violoniste indien Lakshminarayana Shankar. "Magico", pour guitare acoustique, choeur
féminin et orchestre, n'usurpe pas son nom, comme vous pouvez vous l'imaginez. Puis c'est un dialogue
saxophone soprano - piano auquel nous avons droit sur "Palhaço". Je me réjouis de l'élégance et de la
désarmante vérité qui se dégage de ces titres, mais qui n'ont en fait rien à voir avec l'univers du cirque. Ou
alors est-ce là un aspect qui m'a toujours échappé. Le rapport devient plus évident par la suite, mais
heureusement sans reproduire l'échec du premier titre dont on aimerait croire qu'il était juste là pour donner le
ton de l'album. Comme on peut l'entendre sur "Tá Boa, Santa ?", la rythmique plus relevée et le thème principal,
coloré et foisonnant, sont plus en accord avec l'idée fantasque suscitée par un tel projet. C'est encore plus
parlant sur le bien nommé "Equilibrista" dont les vertus hallucinatoires du piano aurait déjà fait tombé
n'importe qui depuis bien longtemps. Mais sur ce fil tendu soumis aux caprices du vent, le sopraniste Mauro
Senise se ballade fièrement. Une touche enfantine qui semblait inévitable ("Ciranda") puis romantique mais
dispensable ("Mais que a Paixão") viennent mettre un terme à l'album. En résumé, mis à part quelques fautes
de goût d'ordre tout à fait personnel, "Circense" affiche le profil d'un album parfaitement recommandable aux
admirateurs du compositeur.
Note : 5/6
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GISMONTI (Egberto) : Sanfona
Chronique réalisée par Progmonster
Egberto Gismonti aborde les années quatre-vingt dans un esprit de synthèse. "Solo" rendait hommage à sa
manière à dix ans de bons et loyaux services. "Sanfona" procède à peu près de la même manière et viendrait
comme un complément idéal - mais copieux - à ce résumé de carrière qui n'a pourtant jamais cessé de se
remettre en question. "Sanfona" est double. Le premier disque permet à ces amis de l'Academia de Danças de
briller pour la première fois à l'échelle internationale. Parmi les titres revisités à cette occasion, l'incontournable
"Frevo", "Em Familia" et un "Maracatu" sept fois plus long que la version d'origine ! Dans le contexte du
groupe, basse et batterie remplissent l'espace par la dynamique de leur jeu alors que flûte et saxophone
viennent apporter une touche passionnelle supplémentaire aux mélodies inspirantes écrites par Gismonti. Les
zones de silence et les variations qui s'opèrent au sein de ce morceau simple devenu suite n'est pas sans
rappeler la trame narrative qui avait fait de "Quarto Mundo" la réussite que l'on sait sur "Danca das Cabeças".
Formellement, il est désormais indiscutable que le langage dans lequel l'auteur s'épanouit le mieux est bien
celui du jazz même si - et c'est précisément ce qui fait tout son charme - il lui apporte des couleurs originales.
Le second disque revient à une formule en solo puisque ce qu'il nous propose d'écouter est un récital
d'Egberto Gismonti capté en concert à Munich. C'est donc à nouveau le Gismonti de "Solo" qui s'exprime ici
sauf que les seules touches de clavier qu'il touchera ici seront ceux d'un accordéon sur "Vale Do Eco". Ailleurs,
guitare et voix suspendent avec toujours autant de magie des décors féériques où pluie et beau temps régulent
l'imaginaire du compositeur fertile. Deux disques, même s'ils apportent chacun une facette différente, c'est
peut-être beaucoup. C'est peut-être même de trop si on déjà en sa possession un disque comme "Solo". Mais
"Sanfona" est magré tout le meilleur résumé que Gismonti aurait jamais pu souhaiter.
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : Cidade coraçao
Chronique réalisée par Progmonster
Le brésilien nous avait habitué au changement en douceur, à la transition dans la continuité. Et depuis "Carmo"
en 1977, dernier album en date où Egberto s'était risqué à changer d'outil, on n'avait plus entendu le musicien
se frotter à d'autres grammaires que celles dans lesquelles il semblait avoir enfin trouvé l'épanouissement.
L'entrée en matière de "Cidade Coraçao" s'apparente à une claque. Mais contrairement à d'autres albums,
comme "No Caipira" ou "Circense", dont les titres en ouverture avaient tout du malheureux faux pas, ici
l'orientation radicale prise dès les premières secondes va se poursuivre pendant près de trois quart d'heure. On
croirait entendre du Vangelis ; c'est dire... Les trois pelés et deux tondus que ça intéresse auront tout de suite
compris que le synthétiseur occupe une place prépondérante sur ce disque fatalement étonnant. On se
désespère à chercher les vibrations organiques que nous procure depuis toujours sa douze cordes. L'album
dresse la liste d'un nombre conséquent de musicien participant au projet, mais on a bien du mal à y croire. À la
place on trouve des sonorités datées, certes, mais pas nécessairement toujours jetables, où Gismonti parvient
malgré tout à donner du relief à ses mélodies au parfum lunaire. Mais ceci ne se fait pas sans risques, le
brésilien ne pouvant pas toujours se montrer capable d'éviter les pièges sournois tendus par les avancées
technologiques. La boîte à rythme peut simuler les percussions, les nappes de clavier peuvent travestir les
mélopées de violon mais parfois ce n'est pas suffisant pour défendre une idée. Malgré tout cela, une des
grandes forces de l'album est de s'écouter comme une longue suite en seize petits actes, rappelant dans le
meilleur des cas, les prétentions symphoniques d'un groupe comme The Enid, voire le "1984" d'Anthony
Phillips pour ceux qui connaissent, ou encore le Weather Report de "River People". Curieusement, le passage à
l'électronique semble moins porter préjudice à la musique de Gismonti, peut-être à cause de sa nature
étrangère. "Cidade Coraçao" n'est sans doute pas le disque clef qui permettra de découvrir l'oeuvre du
bonhomme mais c'est là encore une expérience tout à fait singulière que j'invite les plus curieux à explorer.
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : Bandeira do Brasil
Chronique réalisée par Progmonster
"Bandeira do Brasil" (ou plus simplement "Egberto Gismonti" comme on le trouve répertorié aussi parfois) se
complait dans le plus détestable en matière de musique électronique, chose que Gismonti était pourtant
parvenu à éviter sur la quasi intégralité de son essai précédent dans le domaine, "Cidade Coraçao", auquel le
premier titre ici fait ouvertement référence. Débauche de boîte à rythme, sons indignes, le tout au service d'une
musique de carnaval qui ainsi retranscrite ne marche pas ; on croirait entendre du mauvais Telex ! Il n'y a plus
que le saxophoniste Nivaldo Ornelas pour donner du répondant à un Gismonti qui vraisemblablement s'amuse
avec ses nouveaux jouets ("Sol no Asfalto/ Mambembe"). Heureusement, l'amorce d'une réorientation s'opère à
partir de "Carta Maritima" où les premières notes du sitar affiché en bonne place sur la pochette du disque se
font enfin entendre. Développant son improvisation sur de simples accords de piano, on retrouve
immédiatement les qualités méditatives de l'oeuvre du brésilien. Et c'est avec un presque égal bonheur qu'on le
retrouve sur "Força Lascada", si ce n'est que les programmations reviennent à la charge, mais pas de désastre
cette fois (en tout cas, pas pour l'instant). Egberto Gismonti nous a depuis longtemps habitué aux voyages, ses
disques ressemblant souvent à des espèces de carnet de route bien agréables à parcourir, des passeports
ouverts sur le rêve. Celui qu'il transporte avec lui cette fois s'est perdu, à ne pas en douter, quelque part sur la
route des Indes. Son long séjour ("Passe de Mágica/Caravela") empreint de mysticisme ne le dissuade pourtant
pas de refermer la boucle en se sentant obligé de partager avec nous sa vision d'un Brésil moderne sur un
"Festa Brasileira" en écho au titre détestable qui avait la lourde tâche d'ouvrir ce nouveau recueil. Si les
intentions de l'artiste sont louables, les quelques belles choses qui se trouve sur cet album en côtoient de trop
laides que pour ne pas en subir directement les préjudices.
Note : 3/6
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GISMONTI (Egberto) : Duas vozes
Chronique réalisée par Progmonster
Sept ans plus tard, Egberto Gismonti retrouve son compère Naná Vasconcelos pour ce qui, fatalement, tend à
être perçu comme une suite à "Danca das Cabeças". Le parcours des deux hommes a connu depuis des
fortunes diverses et c'est riche d'expérience nouvelles qu'ils se retrouvent donc à nouveau pour un tête à tête
toujours aussi porteur d'images fortes, et peut-être aussi plus facile à assimiler pour le quidam. Découpés en
huit titres distincts qui n'ont de raison d'être qu'à travers la volonté qu'ils affichent à vouloir se frotter à toutes
les cultures (le presque africain "Tomarapeba"), ce sont là autant de petits plaisirs simples mis bout à bout
plutôt que, on s'en souvient encore, une imposante suite en six actes. Les deux ont leur charme, mais je dirais
que si l'exercice sur "Duas Vozes" est moins jusqu'au boutiste dans son agencement, l'objectif visé et
l'émotion qui en découle sont sensiblement les mêmes. Pas de volonté apparente de nous plonger ici dans une
ambiance prédéterminée, juste le désir de célébrer la culture des hommes à travers un de ses modes
d'expression les plus authentiques. Il y a de plus une vraie dynamique derrière le choix des titres et leur
succession, la majorité d'entre eux étant développés à la guitare acoustique (ce compris "Rio de Janeiro",
antépénultième déclinaison issue de la cuisse du "Maracatu" enregistré trois ans plus tôt en compagnie de
Academia de Danças). Seuls les brumeux "Don Quixote", au piano puis "O Dia, À Note", au dilruba, logés en fin
d'album, viendront calmer le jeu. Puisque l'occasion nous en est donnée, saluons aussi le travail percussif de
Vasconcelos, ainsi que ses interventions vocales inimitables, qui, toutes, contribuent grandement à donner à
l'album ce petit parfum de paradis perdu. Qui n'a jamais rêvé d'en trouver un et de s'y perdre à tout jamais ?
Note : 4/6
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GISMONTI (Egberto) : Trem caipira
Chronique réalisée par Progmonster
"Trem Caipira" représente sans doute un vieux désir jamais assouvi par l'artiste brésilien. Pour la première fois
en quinze ans de carrière, en dépit d'hommages appuyés récurrents répartis sur bon nombre de ses disques et
d'une filiation évidente qu'il a de plus toujours revendiqué, ce n'est qu'en 1985 que le musicien ose enfin
s'attaquer au répertoire de son maître à penser, Heitor Villa-Lobos, chacun des titres présentés ici étant issus
de son répertoire. S'il y a un regret à formuler, il est bien simple même si je ne vais sans doute pas l'enoncer de
la manière la plus directe qui soit ; Egberto Gismonti n'a jamais éprouvé le besoin de cacher ses prétentions
symphoniques. Bien au contraire, sur des albums tels que "Arvore" ou "No Caipira", elles s'affichent avec
complaisance. Que ce soit aux côtés de Mario Tavares au début ou avec Benito Juarez par la suite, Gismonti a
souvent tenu à avoir un chef d'orchestre à ses côtés pour faire en sorte que ses partitions puissent être dotées,
elles aussi, du souffle de vie... Or, concession à l'époque oblige, notre brésilien fait fi de toutes ces bonnes
intentions, de tous ces principes somme toute académiques, et préfère - vous me voyez venir à des kilomètres s'en remettre aux bienfaits d'une instrumentation synthétique ; en d'autres termes, souvent inadaptée. Pour
ceux qui n'ont jamais rien écouté de leur vie du plus célèbre compositeur brésilien de musique contemporaine
Villa-Lobos, "Trem Caipira" peut être une manière de tenter de rattraper le temps perdu. Mais nous sommes en
droit de nous demander si cela lui rend vraiment service ? Plus pondéré que les passages les plus atroces du
très mitigé "Bandeiras do Brasil", l'album faillit tout de même dans sa tâche et se révèle bien vite pénible à
écouter. Egberto Gismonti ayant pris l'habitude de réadapter très souvent les titres qu'il interprète, il n'est pas
vain d'espérer qu'un jour il se mette en tête de rectifier le tir d'un disque qui mérite de toute évidence un
traîtement bien plus approprié.
Note : 2/6
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GISMONTI (Egberto) : Feixe de luz
Chronique réalisée par Progmonster
Va bien falloir se faire une raison ; l'ère du tout à l'informatique est en marche, et même un musicien de la
trempe d'Egberto Gismonti, qui doit une grande partie si ce n'est l'essentiel de son succès à son choix
immuable pour l'acoustique, ne peut y échapper, multipliant les concessions plus que de raison. "Feixe de Luz"
perpetue donc le travail entrepris depuis "Cidade Coraçao" en 1983, les synthétiseurs prenant semble-t-il
définitivement le relais d'une orchestration véritable autrefois capable aussi de discretion. Ne commettant pas
d'impairs comparables aux titres les plus discutables de "Bandeira do Brasil" et veillant cette fois à maintenir
l'équilibre qui faisant tant défaut sur "Trem Caipira", cette nouvelle réalisation s'en sort tout compte fait plutôt
bien. Les sons modernes utilisés via les claviers numériques se gardent de ne jamais noyer la participation des
intervenants extérieurs (saxophone, clarinette, guitare électrique, violoncelle), faisant donc de cet album une
suite digne de l'esprit véhiculé sur "Cidade Coraçao". Comme ce dernier, toutes les plages sont enchaînées et
regroupées en trois petites suites de durées diverses. Le Gismonti romantique ("Illuminada") côtoie le Gismonti
plus cérébral ("Inhambù de Fogo"), et on peut passer ainsi de moments plutôt cacophoniques à d'autres plutôt
lumineux. De par la force de certains thèmes, le souvenir de l'incroyable vitalité qui parcourait le sillon de
"Circense" refait surface ; un travail antérieur remarquable auquel il applique ici les derniers traîtements de la
technique studio. À l'instar d'artistes comme Hermeto Pascoal ou Frank Zappa pour ne citer qu'eux, Egberto
Gismonti a su trouver dans la technologie numérique un allié de poids, apte à matérialiser ses désirs à moindre
frais. "Feixe de Luz" est un album hybride de plus, pas forcément celui que l'on recommendera aux néophytes,
mais qui possède à son actif assez d'atouts susceptibles d'intéresser les amateurs de musique progressive,
passablement rodés à la culture du mauvais goût.
Note : 3/6
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GISMONTI (Egberto) : Danca dos escravos
Chronique réalisée par Progmonster
Avec une succession quasi ininterrompue d'albums à l'esthétique souvent discutable ces cinq dernières
années, on aurait pu croire que le cas Egberto Gismonti était désormais à ranger parmi les affaires
définitivement classées. C'est oublier que son contrat qui le lie à ECM nous a souvent apporté des albums
d'une infinie préciosité, et "Danca Dos Escravos" ne faillit pas à la règle. Avec le temps, le label allemand
semble être devenu l'espace privilégié où le guitariste brésilien peut étaler toute la beauté de son art. Et si je
parle précisément de guitare, ce n'est pas un hasard, puisque le musicien se dédie cette fois exclusivement à la
pratique de cet instrument. Il n'est pas seul pour ce faire, invitant quatre autres musiciens de dimension
internationale (deux américains, un japonais et un européen) à se joindre à lui pour cette réunion pleine de
promesses. Bien sûr, les plus mordus d'entre vous penseront tout de suite au Guitar Trio constitué en son
temps par Al Di Meola, Paco De Lucia et John McLaughlin. Mais, faut-il le rappeler, si Gismonti s'avère être un
musicien extrêmement doué et sensible, il n'est définitivement pas de ceux qui considèrent que ce que la
guitare peut livrer de meilleur doit obligatoirement passer par une torture appliquée des os du métacarpe. Sans
verser dans l'ultra répétitif, le California Guitar Trio semble être encore le meilleur point de comparaison. C'est
un travail subtil, un fil de soie qui se tisse avec grande délicatesse devant nos yeux ébahis, un travail d'orfèvre
qui s'articule autant autour des harmoniques que des harmonies. "Danca Dos Escravos" est certes un album de
guitare classique, mais il nous emmène bien plus loin, grâce notamment aux rythmes chaloupés qui guident
depuis toujours les pas d'Egberto Gismonti. Cette dernière chronique met un terme au résumé non exhaustif
que j'ai pris l'initiative d'entreprendre au sujet de certaines des parutions les plus emblématiques de ce
musicien brésilien important durant ses vingt premières années de carrière.
Note : 4/6
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PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Alloy
Chronique réalisée par Trimalcion
Alga Marghen a eu la bonne idée d'éditer en CDs, sous l'intitulé "the Golden Research", l'oeuvre de
Charlemagne Palestine (pour une large part introuvable jusqu'alors), et ce en optant pour un ordre
chronologique (autre bonne idée). Voici le premier volume de cette série de digipacks. Il regroupe deux pièces
pour "late night electronic sonorities", Holy 1 et 2, utilisant les oscillateurs (ou "générateurs") de l'époque
(1967), sortes de synthétiseurs produisant des ondes périodiques et donnant l'impression d'un son fluctuant,
dont le volume suivrait une courbe sinusoïdale. Le compositeur décrit ces pièces comme une tentative
expérimentale de créer une texture sonore riche, épaisse, inspirée de certaines atmosphères urbaines, par la
superposition de couches de sons, recréant une sorte d'énorme bourdon tibétain synthétique. Force est de
constater que l'effet de transe escompté n'est pas au rendez-vous. Cette musique a pris un énorme coup de
vieux, à l'image des oscillateurs qu'elle utilise, qui, s'ils ne parviennent pas à établir une atmosphère sacrée qui
emploierait des techniques modernes, s'y entendent en revanche très bien pour nous coller un terrible mal de
tête. La troisième pièce de ce volume, qui lui donne son nom, est heureusement d'un tout autre calibre : "Alloy"
(1969), enregistrée en public (le son est absolument dégueulasse, mais ça participe assez bien de l'ambiance
générale), reprend "Holy" en fond sonore, mais lui ajoute des sons percussifs (carillons, "alumonium" : un
instrument inventé par le compositeur fait de rails en alu de différentes longueurs), et surtout une trame sonore
bien plus riche et profonde, grâce aux voix psalmodiant, et grâce à l'emploi d'une conque et du "long string
drone" amplifié de Tony Conrad (commanditaire de l'oeuvre, qui devait accompagner un de ses films). Le
résultat est une sorte d'ambient-indus avant la lettre, glauque et rituelle, qui reprend à son compte la
profondeur sépulcrale des trompes et autres instruments de cérémonie tibétains, pour en tirer une atmosphère
sombre et cauchemardesque du meilleur effet. Là encore, Charlemagne Palestine explore jusqu'à plus soif
certaines sonorités bien précises, qu'il étire aux dimensions d'un rite sacré.
Note : 4/6
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PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : In-mid-air
Chronique réalisée par Trimalcion
"In-Mid-Air" constitue le troisième volume consacré par le label italien d'avant-garde Alga Marghen à l'oeuvre
de Charlemagne Palestine. Les pièces qu'il contient (inédites jusque-là), crées entre 1967 et 1970, sont à classer
parmi celles où la recherche s'axe presque exclusivement sur la plastique du son, sa sculpture, et sur la
découverte de ce fameux "son d'or" qui permettrait au sujet percevant de dépasser la réalité physique d'un
phénomène pour élargir sa conscience de la chose, aller "au-delà". En ce sens, on a pu comparer l'oeuvre du
compositeur américain à celle d'un Mark Rothko en peinture : au-delà de la couleur, il y a plus à voir. Ici plus à
entendre : un méta-son, une autre réalité sonore. La démarche en elle-même semble au-dessus de tout
soupçon. L'outil : un medium purement électronique cette fois-ci. Car l'électronique pure (synthétiseurs
modulaires, générateurs de fréquences... déjà utilisés par Stockhausen, Pierre Henry, Xenakis... rien de bien
nouveau, donc) l'électronique pure permet d'obtenir le son le plus pur, et cela se vérifie entièrement ici. En
conséquence, il sera particulièrement intéressant d'observer cette musique (vagues, bourdon, stridences, flux
et reflux, mouvements perpétuels...) à travers l'affichage "oscilloscope" de votre lecteur Windows Media. Sans
cela, et malgré la fascination réelle exercée en certains moments, on a tendance à légèrement s'ennuyer. Il faut
bien que jeunesse se passe...
Note : 3/6
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YORKE (Thom) : The eraser
Chronique réalisée par Progmonster
Le premier album solo du chanteur de Radiohead n'en est pas un. C'est Thom Yorke lui-même qui tient à
remettre les choses à leur juste place. Tout a démarré avec "Black Swan", prévu pour figurer au générique de la
récente adaptation cinématographique du roman de Philip K.Dick, "A Scanner Darkly". Thom émit le souhait de
voir le producteur attitré du groupe anglais, Nigel Godrich, prendre part au projet. Les essais effectués
supplantant rapidement les premières bribes d'idées émises, nos deux compères se retrouvent avec une
dizaine de chansons sur les bras à mettre en boîte. Emballé dans l'urgence avec un minimum de moyen,
reposant sur un travail électronique sommaire et la reconstruction partielle de bandes témoins d'anciennes
sessions du groupe, "The Eraser" - cet album fantôme qui n'aurait jamais dû être mais dont on insiste malgré
tout sur l'existence concrète - ravira fort probablement les amateurs de "Kid A". L'occasion nous est donnée
(pour ceux qui en doutaient encore) de voir en Thom Yorke bien plus que le chanteur de Radiohead. Certes,
l'absence des frères Greenwood se fait ressentir. La combinaison des deux est sans doute à l'origine du liant
qui donne à la musique du groupe toute sa dimension. Mais Thom Yorke n'a pas son pareil pour nous trouver
des mélodies bouleversantes (la plage titre, "Analyse" ou "Atoms for Peace"), même quand elles se déploient
sur un fatras sonore qui pêche parfois par un excès de paresse. Les circonstances particulières dans
lesquelles s'est déroulé l'enregistrement de l'album devraient aisément pouvoir expliquer ce travers.
Prolongeant par endroits les pistes soulevées sur "Hail to The Thief", "The Eraser" paraît dans l'ensemble
quand même bien plus linéaire que tout ce que le groupe a bien pu accomplir jusqu'ici. Finalement, n'aurait-il
pas tout simplement pour tâche inavouable celle de satisfaire les fans de Radiohead qui se languissent depuis
qu'on leur a promis un album pour le courant de l'année ? Ce rôle, aussi ingrât soit-il, il le remplit parfaitement
et il pourra même, selon les cas, l'outrepasser allégrement.
Note : 4/6
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YAKUZA : Samsara
Chronique réalisée par Progmonster
Pendant que certains se la pètent en croyant pouvoir lever de la meuf comme du gibier en passant en boucle
"Peeping Tom", pendant que d'autres maudissent la chaleur estivale en faisant entrer grisaille et dépression
dans leur chaumière à l'écoute du dernier Thom Yorke, certains n'attendent même pas la sortie du dernier Mars
Volta, "Amputechture", pour se masturber seul dans leur chambre face au poster géant de Cedrix qui porte
encore les traces d'un hommage tout récent. C'est l'été, il fait chaud, y a de quoi péter les plombs. D'autres
ennfin prennent un plaisir égoïste d'une toute autre nature en s'envoyant en travers des écoutilles "Samsara",
le troisième album des fabuleux Yakuza. Comme son nom ne l'indique pas, il s'agit là d'un trio hardcore
originaire de Chicago qui se targue d'avoir tourné avec des formations telles que The Dillinger Escape Plan,
Isis, Lacuna Coil, Mastodon ou Opeth, pour ne citer que les plus connues. Ce qui est certain, c'est que dans le
créneau qu'il occupe, le groupe fait figure d'exception ; en se permettant des incartades complètement flippées
à renfort d'effets psychotropes non identifiés ("Monkeytail", "20 Bucks", "Exterminator"), Yakuza charrie avec
lui les ombres portées d'autres groupes défricheurs de talent qui officiaient bien avant lui. Bruce Lamont
abandonne parfois son chant rageur, capable de nuances qui le font osciller entre Chris Cornell et Les Claypool
(!), au profit du saxophone ; ce n'est qu'alors que nous reviennent en mémoire les souvenirs des tous premiers
Guapo, quand ils étaient encore chez Pandemonium, voire à Ground Zero. Mais l'agression haineuse et gratuite
demeure tout de même le fond de commerce de nos trois compères ("Cancer Industry", "Dishonor", "Just Say
Know") malgré un champ d'influences des plus vastes qui incluerait, pêle-mêle, l'âge d'or du grunge, Alice in
Chains ou Pearl Jam, le seul bon System of A Down, je parle du premier, mais aussi, tant qu'à faire, Critter's
Buggin, Hawkwind, Jane's Addiction, Led Zeppelin, Neurosis, et j'en passe... Plutôt que de tenter de tous vous
les énumérer, soyons pragmatiques, et notez tous dès à présent ce nom : Ya-Ku-Za !
Note : 6/6
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PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Music for big ears
Chronique réalisée par Trimalcion
Grosses cloches pour grosses oreilles... Le seul instrument que l'on entend sur ce disque, c'est cela. Une
tintinnabulation retentissante qui se répète, s'amplifie, s'accélère, et se répercute à l'infini. Si Charlemagne
Palestine avait déjà tâté du carillonnage sur quelques précédents opus, jamais il ne l'avait pratiqué avec autant
d'enthousiasme. J'entends d'ici les rires sarcastiques. Pour quel mariage une telle célébration, un tel
déploiement de cloches en folie ? N'empêche, ce disque est un véritable manifeste esthétique, en même temps
qu'une oeuvre de pleine maturité : jamais le compositeur américain n'avait si bien réussi à nous faire pénétrer
au coeur de sa démarche : trouver un son nouveau au-delà du son physique, qui découlerait de lui, pour nous
faire accéder à un niveau supérieur de conscience, tout en nous plongeant dans le phénomène sonore de telle
sorte qu'on en oublie tout le reste. Écoutez bien cette musique, écoutez-là en profondeur, vous y percevrez des
harmonies nouvelles, des bourdonnnements en infra ou ultra sons, qui existaient auparavant mais dont vous
n'aviez pas encore pris conscience ; vous percevrez même des instruments nouveaux (les cloches dans l'aigu
se transforment en orgue !), illusions générées par la résonnance extraordinaire de l'instrument que le
compositeur s'est choisi. Il s'agit également d'une grande performance "physique" pour l'interprète, comme
souvent avec Charlemagne Palestine : Staalplaat lui commande une pièce pour le carillon Daimler-Benz d'une
église de Berlin, qu'il exécute en compagnie du carillonneur attitré de l'"instrument" : on n'imagine pas cela de
tout repos. Et au-delà des considérations conceptuelles, au-delà de la transe qui s'accomplit à coup sûr, il y a
l'appel du sacré, comme une sorte de Joie qui émane de ce disque, simple mais imparable, un véritable
sentiment d'exaltation...
Note : 5/6
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THE PAPER CHASE : Now you are one of us
Chronique réalisée par Progmonster
Des disques comme celui-ci n'aident vraiment pas à chasser la fatigue et la lassitude qui guettent le
chroniqueur bénévole. Je ne vais pas reproduire ici le compte rendu que j'avais dressé au sujet de "God Bless
Your Black Heart", pourtant ce serait la meilleure chose à faire. Il n'y a vraisemblablement plus rien à attendre
de l'agréable découverte que fût The Paper Chase à l'époque où le groupe nous livra "Hide Your Kitchen
Knives". Depuis lors, John Congleton et les siens ne font que se répéter, et de manière de moins en moins
convaincante. Tout est devenu si prévisible, c'est affligeant. Cela n'a pas dissuadé pour autant Kill Rock Stars
de renouveller leur contrat, à se demander s'ils ont écouté les bandes de cet album... et du précédent ! Tout se
passe comme si The Paper Chase s'était fixé pour but d'atteindre la reconnaissance internationale en
s'appuyant sur une formule qu'ils n'ont en rien changé, convaincus de son excellence et persuadés qu'à force
d'insister cela finira bien par payer. Personnellement, rééditer autant de fois que possible leur second album
pour atteindre cet objectif m'aurait nettement moins dérangé ; d'abord, parce que je ne me sentirais pas obligé
de le racheter, ensuite parce que ça aurait évité au groupe de perdre une grosse partie de sa respectabilité (à
mes yeux du moins). En ce qui me concerne donc, je vais arrêter de me mentir et d'espérer que The Paper
Chase puisse me surprendre à nouveau. Pour ceux qui n'ont jamais écouté aucun de leurs disques, "Hide Your
Kitchen Knives" ou ce "Now You Are One of Us" feront amplement l'affaire. Mais si vous jetez votre dévolu sur
l'un des deux, n'importe lequel, veillez à ne pas écouter l'autre au risque d'éprouver la même profonde
déception.
Note : 3/6
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THE SWORD : Age of winters
Chronique réalisée par Progmonster
Vous connaissez la meilleure ? Aujourd'hui, pour être dans le coup, faut être rétro ! Retro métal même. Comme
si le qualificatif stoner était devenu indigne, politiquement incorrect. On ne dit plus femme de ménage, mais
technicien de surface. Désormais, il faudra donc dire retro métal et non plus stoner. Alors, vous faites comme
vous voulez, mais pour moi, le combo texan The Sword ne fait rien d'autre que du stoner. Point. Je m'en fous
moi si ça fait plus de dix ans que le stoner existe ! Et le hard rock alors ? Enregistré dans le froid de l'hiver, The
Sword nous livre pourtant là un album qui prend tout son sens si on l'écoute en période de fortes chaleurs.
"Age of Winters" vous laissera une forte impression de déjà entendu, c'est certain, mais quel régal les amis de
s'envoyer entre les oreilles des riffs bien gras et doomesques comme ceux prodigués autrefois par Tony Iommi
! Parce que si ce disque vous fera headbanguer comme un demeuré plus vite que vous n'auriez pu vous
l'imaginer en dépit d'un chant peu engageant mais - c'est une chance - proportionnellement peu présent, ce
sera en grande partie dû au son, énorme, qui dégage une force et une puissance proprement irrésistibles.
Chose rare, l'album se bonifie titres après titres. Non seulement les riffs paraissent encore plus efficaces, à la
fois simples et terriblement percutants, mais The Sword nuance son propos sans avoir l'air d'y toucher ; avec
des harmonies vocales qui malgré leurs discretions font toute la différence ("The Horned Goddess"), par le
biais d'une touche acoustique bienvenue en guise de mise en bouche juste avant que "Iron Sword" ne révèle sa
nature implacablement belliqueuse, au travers d'une pièce plus ambitieuse comme l'épique "Lament for the
Aurochs" qui avoisine les huit minutes ou enfin le redoutable "March of the Lor", instrumental énergique aux
multiples facettes. Une fois n'est pas coutume, je dirais que l'engouement provoqué par ce "Age of Winters" est
amplement justifié. C'est bourrin et groovy juste comme il faut. Rock'n'Roll !
Note : 5/6
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LABBÉ (Pascale) / MORIÈRES (Jean) : Un bon snob nu
Chronique réalisée par Trimalcion
Deux instruments solistes qui se répondent, qui jouent l'un avec l'autre une heure vingt durant : la flûte zavrila,
invention de Jean Morières lui-même, s'inspirant d'un instrument japonais, dont le son chaud et profond se
marie bien avec tous les registres, de l'ethnique au sériel, de la rigueur d'écriture à l'improvisation ; et la voix de
Pascale Labbé, capable elle aussi de tous les rebonds, cris et chuchotements, jeux laryngés et buccaux, sauts
et plongeons. Ces deux-là n'en sont pas à leur coup d'essai ensemble, ayant collaboré déjà à deux reprises
pour "Ping pong" et "Wakan", sortis sur Nûba, le label qu'ils ont tous deux fondé. Cette complicité semble
évidente à l'occasion de leur troisième duo, tant leur dialogue est naturel ; une sortie sur le label Signature leur
amène en outre une exposition supplémentaire dont ils n'ont pu que se féliciter. Il faut donc les encourager,
pour leurs recherches, pour leur prise de risque. Seulement voilà... ce genre de musique "primitive
contemporaine" m'a semblé à moi, tout compte fait, beaucoup moins intéressant que toutes les sources où les
artistes sont allés puiser. On retrouve dans la voix de Pascale Labbé bien des inflexions entendues dans telle
ou telle berceuse pygmée (la musique pygmée est beaucoup moins "primitive" que bien d'autres, d'ailleurs,
mais là n'est pas le sujet) ; ajoutez à cela une bonne louche de Meredith Monk, trois cuillérées à soupe de
Martine Viard, et du côté de Jean Morières une inspiration dont on ne sait pas trop où elle va le plus se nourrir,
si c'est du côté de l'Afrique, du Japon, du free jazz, ou de la "Sequenza" de Berio pour flûte seule. Et cela ne fait
pas un grand disque, non, loin de là, même s'il se camoufle derrière une élégante rhétorique du miroir
(packaging, textes, titres-palindromes). On s'ennuie ferme ; on cherche le souffle vital qui nous projettera,
au-delà de la simple tentative expérimentale et de l'aspect ludique, vers une dimension spirituelle. En vain.
Deux disques pour manquer son but, était-ce bien utile ?
Note : 2/6
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BRAINWORK : Soundclouds
Chronique réalisée par Phaedream
Un coup de cœur. Un sublime coup de cœur. J’avais discrètement écouté Back to Future il y a deux ans et
j’avais trouvé ça bien. C’est donc sans attente que j’allais écouter ce dernier opus de l’Allemand Uwe Saher,
aussi connu pour sa musique plus énergique avec son autre projet musical, Element 4. Rainpearls ouvre
Soundclouds avec une intro ambiante. Des notes limpides circulent dans cet univers fixe et une autre ligne plus
pesante, à la sonorité des glockenspiels, se promène cousinée sur un épais manteau d’ondes d’un synthé
louvoyant. Cet étrange ballet statique couvre l’atmosphère de notes basses, alliant un rythme hésitant à un
mouvement immobile qui hausse l’intensité de son œuvre, avec des notes plus hautes et un synthé aussi
mélodieux qu’errant. Une étrange danse surréaliste qui me rappelle l’étrange sonorité que Richard Pinhas avait
créé sur ces albums East West et l’Éthique. Silverlake suit avec des notes qui dansent avec hésitation sur un
souffle bas. Un synthé lance une nappe flottante aux effets sonores analogues. Discrètement, un beat s’installe
sur une pulsation sobre, accompagnée de cymbales. Naviguant sur une mer hypnotique, le rythme prend plus
de couleur dès qu’il rencontre le passage des percussions sèches qui claquent avec l’écho signifiant le
mi-parcours. Dès lors, Silverlake étend ses vagues sur un beat hypnotique progressif, accompagné de
plusieurs lames de synthé aux couleurs aussi flamboyantes que l’irisation de ses chœurs. Polarlight est un
autre titre à la saveur hypnotique qui fait le charme de Rainpearls. Plus lourde l’atmosphère tourne à l’intérieur
d’un mouvement cylindrique. Les notes, tant hautes que basses, dansent lascivement sur d’onctueuses strates
d’un synthé dominant l’air spastique. Avec Sky Trains, on passe en mode plus rythmé. Sans forcer la psychose
hypnotique du techno, le beat vrille sur un mouvement séquentiel bas animé par de bonnes percussions, qui
parfois tonnent avec ingéniosité. La ligne de basse est superbe et les synthés y sont denses et épousent le
rythme avec les multiples facettes d’une ‘’dance music’’ modérée. Uwe Saher allonge de bons solos sur un titre
qui épouse les strates d’un minimalisme de la Berlin School. Summer Clouds débute sur un beau synthé aux
arrangements orchestraux. Des notes animées circulent sur un beau mellotron flûté. Cette flûte nous inonde
d’une belle mélodie et le rythme tombe avec lourdeur. Les nuages de l’été dansent sur un rythme pesant, aux
limites d’un rock symphonique, avec une superbe flûte harmonieuse et des synthés mélodieux. Un bon titre qui
a du mordant. Eternal Ascend ferme ce dernier opus de Brainwork sur un rythme lent et intense. À l’image de
l’œuvre entière. Les percussions résonnent sur des notes qui cherchent le rythme sur leurs échos, ceinturées
de synthétiseurs aux formes éparses et aux lignes rythmiques et enveloppantes. Honnêtement? J’ai tombé en
bas de ma chaise. Soundclouds de Brainwork est une œuvre colossale, comme il en pousse une fois de temps
en temps. Le genre de musique qui résonne et raisonne, tout en décapant la peinture des murs. Un cd
extrêmement puissant qui étonne, tant par la diversité de ses rythmes que de la retenu des ses mouvements en
spirales. Le noir coulé dans le blanc, comme le rythme fondu dans des strates hypnotiques et envoûtantes. Un
incontournable qui allie les mouvements séquentiels de la Berlin School aux mouvements ‘’techno dance ‘’ et
d’un rock symphonique modérés, avec une superbe atmosphère mellotronnée. C’est l’un des bons titres en
2006, et ce tant au niveau de la Musique Électronique conventionnelle à celle plus contemporaine. Une œuvre
majeure qu’il faut posséder et jouer à fond. Une trouvaille pour 2006.
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Note : 5/6
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RF : View of distant towns
Chronique réalisée par Progmonster
"View of Distant Towns" est un tournant dans la carrière de Ryan Francesconi (oui, RF, c'est lui) mais aussi
pour le label japonais Plop, jusque là peu tourné vers l'électro-acoustique, et chez qui il entame une nouvelle
collaboration. L'américain fait partie du nombre toujours croissant de personnes à avoir été marqué par le
Japon, le pays, ses gens et sa culture. C'est ce qui transparaît nettement sur cette nouvelle collection de titres
aux qualités pour le moins extrêmement introverties. Le multi-instrumentiste a développé ses propres logiciels
de traîtement de sons ; ce sont eux qui permettront de rattacher son travail à celui d'autres artistes comme
Encre, Four Tet, Mice Parade ou Plaid. La dominante acoustique demeure néanmoins, RF se montrant aussi à
l'aise derrière une guitare acoustique qu'en maniant violon, violoncelle ou trompette. Dans de telles conditions,
l'esthétique post rock apparaît comme incontournable mais la magie de ce disque dépasse ce cadre trop
réducteur. La culture de l'individualisme poussée au bout de sa logique à créer des êtres dont le seul mode de
relation au monde est devenu celui de l'isolement. C'est cette solitude, cet abyssal néant face auquel on se
retrouve sur la majorité des plages, qui est retranscrite ici. Une ombre parmi d'autres ombres. Nos regards se
croisent sans que l'on puisse faire en sorte de garder autre chose en mémoire que le souvenir d'un visage flou.
Des voix fantômes, des paysages qui le sont tout autant. Malgré des titres comme "Ladder in Place" qui
pourraient donner l'impression qu'il s'agit là d'un vulgaire album de lounge de plus, "View of distant towns",
avec un aplomb hors du commun pour extraire du silence autant d'instants volés, partage en réalité plus de
points communs avec des albums comme "Hex" de Bark Psychosis, "A Continual Search for Origins" de
Rothko, "Spirit of Eden" de Talk Talk ou même "Secrets of The Beehive" de David Sylvian. Une forme de pop
épurée à l'extrême, d'une mélancolie profonde et inconsolable, dont les rares notes éparses suffisent à
dessiner sur nos joues ces larmes depuis trop longtemps retenues.
Note : 4/6
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PHANTOM VISION : Calling the fiends
Chronique réalisée par Twilight
Je suis un peu mitigé au moment de chroniquer ce troisième cd des Portugais; leur seconde essai ayant
marqué un léger progrès par rapport aux erreurs de jeunesse du premier, j'attendais pas mal de ce 'Calling the
fiends', histoire de voir s'il marquerait une évolution ou une régression...Une évolution ? Pas vraiment et
pourtant...Disons que le groupe colle totalement à son style, soit un gothic rock nouvelle tendance truffé de
sonorités électro (bien gérées maintenant), avec vocaux caverneux dans une ligne Sistersienne. D'un côté,
pourquoi pas ? Autant affuter ses armes...D'ailleurs, ça porte ses fruits, les lignes de guitare sont plutôt
soignées et efficaces mélodiquements ('More than than', 'Change the past'). Problème, les Phantom Vision ne
cessent de se retourner sur leurs propres tics, notamment l'écho sur le chant qui fait répéter chaque phrase
deux fois (à la longue, c'est agaçant et c'était déjà le cas sur les deux disques précédents) et une boîte à
rythmes sèche qui pourrait être plus appuyée selon moi, pareil pour certains bip bip très new wave qui gâchent
des tentatives plus musclées (After the chaos'). Vous l'aurez compris, le combo se la joue sécurité, reste dans
son style à lui, du coup pour l'originalité, tintin ! Pour rester positif, on sent qu'ils sont maintenant plus assurés
dans leur manière de composer, de plus en plus de morceaux se détachent et gagnent une identité véritable,
notamment l'excellent 'Change the past' (les variations sur la voix sont bienvenues) ou les bons 'From a
stranger' et 'In my head'. En somme, s'il s'agissait de leur premier opus, la tâche serait plus simple pour moi, je
pourrais dire que voilà un album tout à fait correct, plutôt prometteur. Il s'agit de leur troisième, du coup, on en
vient à se demander si The Phantom Vision quitteront un jour cette position de second couteau
prometteur...Allez, les gars, un peu d'audace, vous y êtes presque !
Note : 4/6
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ROYKSOPP : Melody A.M.
Chronique réalisée par dariev stands
De la Norvège, on attend certes quelques prouesses musicales, mais le plus souvent de genres autres que la
musique électronique. C’était un style dans lequel les Norvégiens ne s’étaient pas encore réellement
démarqués aux yeux du grand public, contrairement à l’Islande, qui attire tous les regards. C’est désormais
chose faite grâce à Röyskopp, étrange formation nordique dont le nom (un jeu de mot Norvégien entre les mots
« fumée » et « champignon ») désigne ces champignons très amusants qui produisent une fumée bizarre quand
on leur marche dessus. Cet étrange patronyme digne d’une formation hippie-folk anglaise des années 60 n’est
pas innocent vu la teneur en psychédélisme de ce premier album. En effet, l’influence des non moins allumés
Boards Of Canada (qu’on devine aimer les champignons aussi), perce ça et là sous la couche de givre. C’est un
vrai marron glacé cet album. Les mélodies, omniprésentes, sont souvent enfantines et désuètes, quand elles ne
sont pas carrément jouées par ce qui semble être des claviers congelés, aux sonorités aigues et tintantes,
comme de la glace. En plus d’être une véritable moisson de gimmicks, le disque se révèle être un excellent
anti-dépresseur, colorant le froid arctique par des touches de couleurs vives, un peu comme les fleurs de la
toundra (ceux qui l’ont déjà vu en photo comprendront). On peut aussi voir ce disque comme une œuvre
hivernale (ou plutôt d’hibernation), évoquant les heures passées au coin du feu pendant la longue nuit polaire.
L’univers du groupe, quelque part entre Air, Björk et le label Warp, contient beaucoup d’ingrédients à la mode…
Le côté rétro 70’s totalement assumé, les mélopées lancinantes (superbe « So Easy ») et suaves, le nom qui
sonne exotique. Suspect ? Pas vraiment. Le groupe a commencé en 98 sur le label Tellé, minuscule structure
créée pour sortir les disques des potes, avant de se faire signer par le prestigieux (mais très surfait) label Wall
Of Sound en 2001. Année de parution de ce CD. Le succès fut immédiat et fulgurant, pour un disque pourtant
bricolé à la maison les années précédentes, sans moyens, par deux illustres inconnus. C’est donc sur le
deuxième album que se reportera l’effet néfaste dudit succès... Ici, tout est encore vierge, innocent,
bourgeonnant, et incroyablement frais. Un vrai bo223on la vosgienne, je vous dis ! Ce disque a relancé l’électro
en son temps, rien de moins. « Eple », aujourd’hui connu de toutes les oreilles (grâce à une publicité – époque
ingrate) est une petite aurore boréale sonore ; « Sparks » évolue dans un registre moins groovy, quoique
chaloupé, avec sa voix à la Billie Holiday (ce n’est pas un sample pourtant). Une merveille également.
N’oublions pas les délicieux « Poor Leno » et « Remind Me », très new wave, chantés par Erlend Oye, la voix de
Kings Of Convenience. Des tubes en puissance, mais malgré tout intimistes et downtempo, ce qui n’est pas
monnaie courante. « A Higher Place » semble reprendre les sonorités de « Eple » de façon disparate,
enveloppées dans des claviers oniriques… Le reste de l’album paraît hélas assez fade à côté de ces perles,
même si tout se laisse écouter avec plaisir. Un disque pour « chiller » dans tous les sens du terme, en fait. A
savourer consciencieusement, surtout depuis que le groupe a perdu cette identité et cet univers qui leur était si
propre. Le mot de la fin sera laissé à une expression aperçue dans un de leurs videoclips (poétiques et d’une
perfection visuelle toute scandinave) : Tundra rocks !
Note : 4/6
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PAN SONIC / CHARLEMAGNE PALESTINE : Mort aux vaches
Chronique réalisée par Trimalcion
Dans la catégorie des expérimentations les plus étouffantes et les plus tétanisantes, voici une musique à placer
aux tous premiers rangs, un disque rare, hélas, unique collaboration entre le groupe finlandais de techno
avant-gardiste Pan Sonic et l'un de ses pères spirituels, le compositeur américain minimaliste et mystique
Charlemagne Palestine, réunis à l'initiative du fameux label néerlandais Staalplaat pour sa série d'oeuvres
intitulées (ô joies de la transgression et de l'exercice de la liberté artistique sans limite) "Mort aux vaches" !
série très recommandable qui compte aussi des albums de Kreidler, Piano Magic, Flying Saucer Attack, ou
White Winged Moth. Et qu'est-ce qui réunit donc nos compères sur le présent disque ? Une obsession
commune, outre un minimalisme forcené : le drone ; oui, ce bourdonnement électronique viscéral qui vous
prend aux tripes pour ne plus vous lacher une heure durant (il n'y a pas d'interruption entre les cinq parties ; il
s'agit d'une seule et même pièce), qui se meut avec une telle lenteur, gagne en intensité, s'enrichit d'échos
lointains, s'accompagne d'une pulsation parfois insoutenable où la machine imite l'organe, puis redevient
machine, broyeur. Ce son unique et vorace engloutit l'auditeur, et la digestion se fait au rythme de ses (très)
lentes métamorphoses. Même s'il n'y a pas là toute la richesse harmonique de l'extraordinaire
"Schlingen-Blängen", du seul Charlemagne Palestine, on y retrouve constamment cette occupation de l'espace,
cet emprisonnement de la conscience. C'est par ailleurs une B.O. excellente pour film d'épouvante imaginaire, à
base d'exorcisme vaudou, de tueurs en série ou de Near Death Experience. Recommandé enfin aux amateurs
de harsh-noise ou de drone-doom qui voudraient faire varier les plaisirs. Terrifiant.
Note : 4/6
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MOTHER DESTRUCTION : Hagazussa
Chronique réalisée par Twilight
Pour ses premiers pas en 'solo' (ou en d'autres termes sans Sixth comm, ce qui n'est que partielle réalité
puisque le complice Patrick O' Kill n'est jamais bien loin), Amodali a choisi d'ancrer les rituels chamaniques de
plein pied dans la réalité. En clair, celà signifie la parfaite fusion d'une musique rituelle, très basée sur les
percussions, et de son pendant électronique. Les deux pôles se distinguent parfois clairement, ainsi l'excellent
'Fetch' composé de grincements de guitare et d'un martèlement de tambour chamanique, le bon 'Tundra' et ses
battements lourds progressivement noyés dans les roulements de percussions arabisantes ou le faible 'OND'
aux textures techno. Plus réussi, 'Calyx', croisement d'ambient/breakbeat aux climats organiques qui témoigne
du lien existant entre l'essence des beats tels qu'on les trouve en techno et les traditions anciennes Entre deux,
nous avons le sensuel et vaguement oriental 'Kalamaya', mystique en diable avec ses structures répétitives,
ses sonorités indiennes, son chant féminin promené dans des effets parfaitement utilisés, 'To Odr', violente
pièce aux breakbeats sauvages (pas si loin de The Prodigy) et aux vocaux emplis de rage organique ou
l'instrumental rythmé 'Hagazussa'. Le chant, pour en revenir à lui, n'est présent que de manière fugitive, sous
forme d'incantations, de bribes qui s'étirent au milieu des nappes ou des beats, ce qui contribue au climat
mystique crée par les structures répétitives et minimales. Uh titre comme 'Vanaheim' évoque même des échos
de Muslimgauze. Vous aurez compris que cet essai a pu déstabiliser les fans des débuts peu habitués à de
telles incursions dans le domaine de l'electronica; il faut cependant reconnaître que si ce disque n'est pas une
réussite totale, Mother Destruction a su évoluer tout en restant fidèle à ses convictions spirituelles et en
opérant des rapprochements pas si contre nature qu'il n'y paraît.
Note : 4/6
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TANGERINE DREAM : Green Desert
Chronique réalisée par Phaedream
Que d’histoires et d’anecdotes autour de la parution de Green Desert en 1986. De quoi alimenter les longs
débats sur la légende de Tangerine Dream. Selon des nébuleux bouts d’histoires, Green Desert était sensé voir
le jour à la place de Phaedra en 1973. D’ailleurs, les enregistrements se seraient réalisés en août 1973. Pour des
raisons obscures, certains parlent des contextes musicaux alors que Virgin aurait souhaité une sonorité plus
commerciale que le space rock d’Ohr Music des années 70, les enregistrements se sauraient perdus et c’est
Phaedra qui est sorti plutôt que Green Desert. Plus de 12 ans plus tard, les enregistrements refont surface sur
Zomba Music. Même là, les fans et les historiens sont sceptiques quand aux origines de Green Desert. Les
purs, les durs sont outrés, car Edgar Froese (ce cher Edgar) n’aurait pas pu s’empêcher de rajouter des lignes
et des ‘’overdubs’’ sur les pistes originales, avec des équipements qui n’existaient même pas en 73, avant la
parution finale de Green Desert en 1986, créant encore plus de confusion autour de Green Desert et de sa
provenance. Oui, mais la musique! La musique? Tout simplement sublime. À elle seule, la pièce titre traverse
tous les courants musicaux de cette faste période; longue intro ambiante sur synthé flottant à laquelle se joint
une fine ligne séquentielle basse, la batterie de Chris Franke (il était bon le petit) et la bonne guitare space
blues rock d’Edgar. Le rythme est fuyant et couvre les limites du planant au plus hard des psychédélique space
rock de l’époque. C’est comme mettre en boîte les spasmes séquentiels et les cris analogues de Body Love, de
maître Klaus Schulze. Un titre grandiose dont je doute qu’il soit totalement écrit en 73, tant les effluves de
Sorcerer et Stratosfear sont présentes. Parlant Sorcerer, White Clouds a tout des apparences d’un restant.
Souffles analogues sur synthé suave et un roulement de batterie superbe qui coiffe une très belle mélodie.
Astral Voyager (c’est là que le débat s’amplifie) est une formidable pièce sur un séquenceur ultra nerveux qui
roule à fond de train. Le genre de séquences qui n’existait pas à l’époque, mais c’était aussi à l’époque où
Franke et Froese s’enfermaient en studio pour produire une multitude d’iris sonores qui plus tard seront les
jalons musicaux de cette fièvre expérimentale. Donc, rythme rond sur une séquence solide parfumé de belles
couches d’un synthé fluide aux essences mellotronnées des œuvres solitaires de Froese (Pinnacles). Un
excellent titre. Indian Summer est un passage ambiant où les notes tombent avec intensité dans une mer
sonore calme, bercée par un doux synthé rêveur. Le genre de titre qui a fait les délices des amateurs de planant
dans les années 70, mais dont on retrouve aussi l’atmosphère sur Wavelenght. Green Desert produit en 73?
J’en suis sceptique. Je suis convaincu qu’il fut écrit dans les années 70. Mais je pencherais plus à la période
post Phaedra, soit 76-77. Quoiqu’il en soit, ça demeure un excellent cd. Le meilleur produit offert par TD dans
les années 80. C’est un must, ne serait-ce que pour comprendre la féerie des grandeurs de cet étrange duo
qu’était Franke et Froese. Du grand art électronique contemporain qui devrait trouver sa place dans toutes les
collections d’amateurs de Tangerine Dream. Et même plus…
Note : 5/6
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TANGERINE DREAM : Stratosfear
Chronique réalisée par Phaedream
Je ne vous parlerai pas d’histoires de tension interne. Ni de la trop grande place qu’Edgar Froese aurait pris. Ni
de l’ingéniosité de Franke qui réussit à rouler des percussions sur des lignes séquentielles. Encore moins de la
dextérité et du génie derrière le mellotron de Baumann. Non. Je vais vous parlez de musique. Je vais vous
parlez de Stratosfear. Unclassique de la Musique Électronique contemporaine. Une légère guitare remplit l’air
sur un sombre mellotron. S’ensuit une ligne basse et ronde au rythme mordant sur un synthé mélodieux et
symphonique. La cadence se multiplie sur une séquence où les notes roulent comme des percussions. Le titre
est grugé par de brefs intermèdes où les synthés et le séquenceur s’ajustent en mode spectrale sur des
percussions soufflées aux cymbales. Le tout, admirablement coiffée par la juteuse guitare d’Edgar Froese. Et le
reste est de l’histoire. Stratosfear, ainsi que son titre éponyme, marqueront la destinée de Tangerine Dream,
autant que Stairway to Heaven a marqué celle de Led Zeppelin. Alors que la musique électronique, ou plutôt le
‘’space rock’’, des années 70 se bourrent de lourds synthés analogues (mouvements tout de même soutenu par
Phaedra et Rubycon) ainsi que de longues lignes flottantes et hypnotiques, Tangerine Dream offre un album
plus mélodieux. Un album qui suit les traces de Phaedra et qui allie aussi une musique électronique
expérimentale aux fusions d’un rock progressif aux essences d’un folk brumeux. Sur une belle ligne de basse,
un doux mellotron souffle un air qui colle à l’âme. Edgar Froese nous défile une belle passe de guitare
acoustique. Ce bel intro sombre vers une tonalité lugubre aux souffles d’un synthé ostensiblement pervers et
intriguant sur fond d’effets sonores hétéroclites. Le mellotron et la guitare reprennent le souffle mélodieux du
début et envoient Big Sleep In Search Of Hades au pays des rêves. Un superbe moment. At The Border Of The
Marsh From Okefenokee démarre sur une note sombre qui tombe avec amertume sur un fond d’harmonica.
L’ambiance est torride et représente aisément l’atmosphère d’un quelconque sombre marais. Un titre qui a dû
inspirer The Sorcerer avec sa ligne basse et intrigante. Le mellotron y est suave et Peter Baumann laisse ses
dernières empreintes sonores avec une dextérité qui sera difficilement remplaçable sur les prochains opus de
TD. Encore là, les roulements séquentiels sont sublimes et épousent à la perfection une ambiance décousue où
la flûte mellotronnée de Baumann sauve les passages tordus. Du grand TD qui démontre qu’un bout d’idée peut
prendre plusieurs formes. Invisible Limits termine ce classique de la Musique Électronique contemporaine de
superbe façon. Une fine ligne de basse poursuit l’intrigante atmosphère de la pièce précédente avec des faibles
accords de guitare. Un doux synthé couvre l’air avec le mellotron éthéré de Baumann. Edgar agite sa six-cordes
avec sensualité. Ce doux intro casse sa progression dans un fracas sonore, guidé par de roulantes
percussions. Une nouvelle ligne se dessine sur un synthé aux souffles d’une guitare. Elle flotte et épouse un
séquenceur débridé qui accélère le rythme sur un incroyable jeu de synthé/guitare. Un excellent moment où
Froese asperge ses cordes d’une huile magique car elles fondent avec étonnement dans un mélange
électro/acoustique. Invisible Limits s’éteint sur un beau passage nocturne où le grand piano se forge une route
parmi les débris galactiques et transfère ses harmonies à une superbe flûte, dont le souffle tourmente nos
oreilles, bien des secondes après sa dernière exhalaison. Après la parution de Stratosfear, Tangerine Dream
allait entreprendre une tournée Nord Américaine qui, quelques trois décennies plus tard, reste gravé dans bien
des mémoires. Une tournée captée sur un sublime album double, Encore.
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Note : 6/6
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DELEYAMAN : 3
Chronique réalisée par Sheer-khan
En s'enfonçant toujours un peu plus sur les chemins qui le
traversent, Deleyaman se sculpte. Il s'annoblit. A mesure qu'elle
prend de l'assurance, Béatrice Valantin gagne en fragilité. Et
plus Aret sait où il va, plus clairement il montre d'où il vient.
Entre pièces discrètes et délicates à la vibration troublante,
"Raven days, Eversince, Dejlig rosa...", et oeuvres maîtresses à
l'équilibre riche et stupéfiant, "3" s'impose à la fois comme le
plus abouti, et le plus ambitieux recueil des quatre voyageurs. Le
groupe n'hésite plus à s'éloigner des rivages diaphanes de la
sobriété pour s'en aller tisser un univers plus riche et complexe
à la croisée de l'épaisseur acoustique et du céleste synthétique :
"Cilicia, Ispahan, Labor Chant, The Doubt and Louyce"... une
harmonie de matériaux à la puissance esthétique bouleversante et à
la force émotionnelle éprouvante. Car malgré sa douceur, Deleyaman
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bouscule. Les mélodies d'Aret Madil touchent souvent à une forme
d'absolu mélancolique désarmant; on se laisse submerger par la
profondeur des rapports harmoniques; le travail résolument
obsessionnel sur l'orchestration et l'acoustique donnant à
l'ensemble une clarté et une densité proprement subjuguantes.
Disons le tout net : la conjugaison d'une inspiration mélodique
magistrale et d'une véritable science des étoffes sonores fait de
"Cilicia", "Labor Chant" ou "Ispahan" de véritables fragments de
perfection musicale. Tout en délicatesse, "Raven Days" ou
"Eversince" brillent par leur évidence et les merveilleuses
réussites harmoniques qu'elles représentent; noire, sobre et
austère, "Sister" angoisse ou ravive les rancoeurs que l'on a en
soi. De plus en plus aboutie et identitaire jusque dans ses
sonorités, la musique de Deleyaman n'en devient pas, au contraire,
plus facile à évoquer. L'alchimie est totale, de Mia la sorcière,
aux maillets implacables et aux cymbales subtiles, à l'humanité
terrible de Gérard Madilian qui donne au chant de son Doudouk une
profondeur organique douloureuse, menant "Ispahan" au sommet de la
complainte. D'instants retenus et fragiles en véritables vagues de
mélancolies sonores, l'album impose une identité de plus en plus
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forte où résonnent la culture de chacun des musiciens; de la cold
wave à la musique sacrée en passant par le narcotique et l'âme
arménienne. "Home", première composition unissant les langues
turque et arménienne depuis le génocide, possède l'austérité de
ces oeuvres douloureuses et pudiques qui trouvent toute leur force
dans le seul fait d'exister. Un rappel, un espoir, mais aussi un
constat tragique et désolé. Plus spirituelle, moins intimiste à
mesure qu'elle assume ses ambitions de grandeur, l'oeuvre du
quatuor n'en demeure pas moins un sublime oreiller à solitude...
un point de vue privilégié sur les douceurs du soir, les échos de
la nuit et les lueurs de l'aurore. Soignée, subtile et élégante,
mais aussi, et surtout, merveilleusement émouvante, la musique de
Deleyaman aide réellement à vivre.
Note : 6/6
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SIGUR ROS : Hlemmur
Chronique réalisée par Nicko
Ce qui est sympa avec Sigur Ros, c'est qu'au milieu de ses albums officiels, le quatuor nous livre des CD en
tout genre, des p'tits délires, des trucs pas courants, des expérimentations, bref tout un tas de sorties, pas
toujours indispensables, qui nous montre un groupe en constante recherche, en constante créativité, qu'il ne
se contente pas d'écrire et de sortir à intervalle régulier des albums de 50-60 minutes, mais, par exemple
comme ici, une BO d'un documentaire islandais concernant une ligne de bus de la capitale Reykjavik, dans
lequel y sont montrées la détresse et la pauvreté des plus démunis des habitants de la ville, représentés et mis
en musique d'admirable manière à l'aide de pièces relativement courtes (2-3 minutes pas plus), quasiment
toutes totalement atmosphériques, calmes et 100% instrumentales, où on peut parfaitement reconnaitre le style
islandais, à savoir une musique posée, douce, feutrée, apaisante, mais sans fausses illusions ni optimisme
débordant, rappelant tout ce que le groupe a pu faire de plus calme par le passé et assez proche de son
merveilleux album de 2002 - sorti à peine 6 mois plus tôt, "()", et bien que moins évident à apprivoiser (car
manquant d'arrangements et de structures travaillées), il en reste très bon, inspiré et propose une bande son
très appropriée au documentaire sur cette ligne de bus, dont le terminus, Hlemmur, semble être le seul point
final de ses usagers les plus désoeuvrés, à l'image de cette chronique, dont le seul point est final.
Note : 4/6
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ELECTRIC PRESS KIT : Analogic
Chronique réalisée par Twilight
On vous l'a déjà dit, chroniquer c'est génial mais pas tout le temps. Là en l'occurence, c'est pas le pied. Vous
vous souvenez de Electric Press Kit ? J'avais eu le plaisir de chroniquer leur précédent ep que j'avais
personnellement bien aimé, mélange de cold wave, de post punk, de noisy pop avec des touches d'indus...Ils
ont sorti leur premier album; à priori, il y a de quoi se réjouir...Pas vraiment au final et je me trouve mal à l'aise à
rédiger ces lignes car je me demande s'il s'agit bien du même duo. Bon, à priori, ça débutait pas si mal, 'Too
late' et 'Breakdown' étant deux titres rapides, assez punkoïdes...problème, le son est tellement pourri que même
si ça fait partie de la démarche, on s'interroge sur son bien fondé. Les vrais problèmes commencent avec
'Nightmare's hill'...je ne parle pas du son qui donne l'impression d'un bootleg réalisé avec un walkman mais
lui-même ne parvient pas à dissimuler un chant complètement faux. Si 'Bullet in my head' renoue avec un climat
punk qui pourrait être intéréssant, le résultat s'avère déplorable, on a l'impression d'un mixage totalement
approximatif entre une boîte à rythmes étouffée, une guitare noisy et un chant décalé, noyé, qui évoluent tout
trois chacun de leur côté, sans la moindre cohérence, d'où et c'est là le problème, une impression
d'amateurisme total. C'est d'autant plus navrant que Electric Press Kit ne le sont pas, autant leur style spécial
semblait maîtrisé sur l'opus précédent, autant tout sonne ici comme l'essai d'un groupe ado sans moyens peu
encore au fait de ses instruments. Hélas, ça ne s'arrête pas là, 'Tu voles avec les anges' propose une boîte à
rythmes maladroitement programmée, des sons new wave hors de propos et un chant naïf, de nouveau étouffé
mais pas assez pour en masquer les défauts. C'est la plongée aux enfers, 'Le soleil se lève nulle part' est mené
par un mur de grattes, un beat qui semble s'être égaré là par hasard, quant aux vocaux, une catastrophe...le son
est si pourri de toute manière qu'heureusement, on ne comprend pas la moitié de ce qui est dit. Ouf ! De belles
nappes de claviers débutent 'Les secrets suspsendus', un rythme adéquat...on se reprend à espérer...et là,
catastrophe ! Un chant faux, mal maîtrisé, digne d'un ado trop dark (qui lui, aurait au moins tenté de polir un
peu sa qualité)...Du coup, tout le potentiel mélancolique s'envole en fumée ! Le pire est qu'on retrouve les
mêmes défauts sur 'Joke'...A ce stade-là, ça en devient une torture d'écouter ce cd...Je ne sais que vous dire si
ce n'est que je n'y comprends rien, ni à la démarche, ni au résultat, ni au pourquoi, ni au comment...Ce disque a
tout d'une répétition d'un groupe d'ados débutant enregistré au dictaphone par leur copain, je cherche ce qui
pourrait sauver cette chronique et je ne trouve rien, rien de rien...sale boulot!
Note : 1/6
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EINSTURZENDE NEUBAUTEN : Tabula Rasa
Chronique réalisée par Twilight
'Tabula Rasa' marque un pas important de la carrière de Einstuerzende Neubauten et d'une certaine manière, le
titre n'est probablement pas le fruit du hasard. Si 'Haus der Lüge' témoignait d'une approche plus accessible, le
groupe la combinait avec des structures industrielles en continuité avec ses précédents travaux. Lä, dès les
premières notes de 'Die Interimliebenden', c'est un changement assez radical, non dans la démarche puisque le
groupe continue de produire la majorité de sa musique par des éléments de récupération, exception faite des
guitares, mais dans le ton général. Le feeling semble plus apaisé, calme, cette première pièce ayant presque un
arrière-petit côté dub spécial. OVNI ? Non, car 'Zebulon' est lui-aussi beaucoup plus tranquille, dépouillé à
l'extrême pour le chant, quelques pincements de corde...même si la dernière minute éclate en lignes de guitare
dans une veine noisy. 'Blume' est peut-être l'un des morceaux les plus surprenants, une voix féminine, presque
enfantine, celle de Blixa en arrière-fond, puis des guitares mélancoliques...mais on est en plein feeling blues !
Ben oui. Attention néanmoins calme ne veut pas dire paix. 'Blume' est une pièce vénéneuse au parfum
capiteux, 'Interimliebenden' a quelque chose de déséspéré dans le chant...'12305(te Nacht) renoue avec une
tension plus organique, les sonorités sont plus lourdes, nocturnes, le chant sonne un brin plus inquiet...Ce
feeling est repris sur 'Sie'...A nouveau aucune violence mais une rythmique plus tribale, empreinte d'une
certaine tension telle qu'on peut la sentir en parcourant le bitume humide d'une grande ville avec les lumières
se reflétant dans les gouttes sur le sol...On se sent comme hypnotisé par ce roulement sourd qui gronde
imperceptiblement à l'intérieur...'Wüste', ma pièce préférée, c'est comme se retrouver face au mur...des nappes
de violon mélancoliques et inquiétantes à la fois, des bruissements qui rongent comme le pus ronge une
blessure...ce titre baigne dans la fièvre, une fièvre urbaine, insomniaque, presque érotique qui enfle lentement
et inéluctablement. 'Headcleaner', chanson finale, renoue avec du pur Neubauten old school...La plaie infectée,
il faut amputer ! Guitares sifflantes et malsaines, beats appuyés et métalliques, voix torturées et hurlées, breaks
secs, alternance de secondes de silence pesantes et explosions de bruit...jusqu'à une coupure après six
minutes (sur 15 !)...quelques sons, des montées de grincements, un corps exorcisé qui se tord dans la
douleur...une douleur qui monte, monte et explose totalement sur la reprise du thème de base qui à nouveau se
brise, laisse place à un sifflement insupportable et continu comme celui de la mort clinique...et reprise du
thème, et retombée...Les nerfs sont soumis à rude épreuve pour qui se laisse emporter dans cette tourmente
industrielle. Album déconcertant, disque de la rupture dans la continuité, 'Tabula Rasa' ne fait pas totalement
table rase du passé mais tourne clairement une page pour un groupe qui après avoirdéchiqueté le membre
pour mettre l'os à nu va maintenant prendre tout son temps pour le disséquer.
Note : 4/6
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THIS SLOW MOTION : Blind Transmissions
Chronique réalisée par Twilight
Selon le livret, 'Blind transmissions' est une compilation de morceaux enregistrés par This slow motion pour
des performances publiques, des bandes originales et autres essais non inclus dans leurs albums. Ce qui est
certain, c'est que compilation ou non, ce cd colle parfaitement à l'unnivers atypique du duo grec. On y trouve
des essais frisant le néoclassique, ainsi l'excellent 'Initialisation' qui se présente comme une sorte de messe
lourde sur fond de percussions pesantes, touches symphoniques, qui éclate au final sur quelque chose de
passionné et grandiloquent. D'autres morceaux comme 'Elegy', 'Huittinen' ou 'Isotron' sont de purs croisements
entre post punk ('Crescent lands') et new wave expérimentale (on songe parfois à Tuxedomoon) mais le ton
frise parfois un électro presque EBM (le bon 'NGC 520'), limite technoïde ('Insert part 1'), sans parler de touches
plus expérimentales ('Insert-part2'). Avec une extraordinaire habileté, le duo manie noirceur gothique,
grandiloquence néoclassique, rythmiques post punk et influences électro à coups de percussions lourdes, de
carillons , de synthés endiablés... Marque de fabrique, le timbre si particulier de Theodor Samoladas, capable
d'atteindre des aigus que n'aurait pas renié Klaus Nomi ou Francesca Nicoli, ce qui confère à la musique de
This slow motion un aspect décadent qui frise parfois la folie. C'est très particulier, on aime ou non...moi j'en
suis tombé amoureux à la première écoute.
Note : 5/6
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ARKHAN : M.A.C.H.I.N.E
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Ouargll cette puissance de feu ! Ces suisses là devraient faire un tour en proche Orien, ils régèleraient le truc
rapidos ! Arkhan, combo suisse comptant en ses membres des gars d'Ipsum, nous balance là une vraie petite
surprise de death, un gros condensé de ce qui se fait actuellement. En gros si l'on met de côté la boite à rythme
(impeccablement programmée cependant, puissante, et qui rajoute à l'aspect mécanique et dévastateur de
l'ensemble), le disque est réellement impressionnant de bout en bout. Un chant super puissant à la Malevolent
Creation sur "Eternal", des riffs qui emprutent autant au death old school qu'au brutal death, des breaks
mélodiques inspirés avec ces quelques claviers qui posent des ambiances cybernétiques, et surtout des
compos qui balancent du gros riff death/thrash à foisons. Stylistiquement, on pensera donc beaucoup à
Malevolent Creation en beaucoup plus varié : des breaks dans tous les sens, des quasi mosh parts, des
mélodies suèdoises qui tombent à pics, des claviers qui débarquent de Mars façon Nocturnus (mais toujours
quand il le faut, et c'est parfois vraiment énorme cf "Nemesis"), cette boite à rythme dévastatrice et froide...
Argh ce disque est monstrueux, et que dire du niveau de composition ? Il y a tout ici, et avec inspiration, tous
les types de breaks sont là, le dynamisme est présent tout du long. quand Arkhan ralentit on est écrasé, quand
ils accélèrent on est collé au siège, et quand ils hurlent on jouit... Aaah et ces petits solos très old schools
cçomme sur "The prisoner", autant de petits détails qui font deviner que l'on a affaire à un grand disque...
Assurément, vous le savez je suis très pointilleux dans ce style, mais croyez moi avec ce disque, vous ne
pouvez pas vous tromper, "Machine" possède tout, une synthèse de ce qui se fait de mieux en death ces dix
dernières années, avec la touche de modernité en plus... La classe tout simplement...
Note : 5/6
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ANTHEMON : Kadavreski
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Anthemon sont loins d'être des nouveaux venus dans la scène metal goth
française... Pourtant je n'avais encore jamais eu jusque là l'occasion
d'écouter leur musique réellement. C'est donc avec des oreilles quasi
vierges que j'entamai l'écoute de ce "Kadavreski". Premier constat, le
concept entourant le premier morceau, tiré du dcadavre exquis si cher aux
poètes, est franchement difficile à s"ingurgiter. En gros, chacun compose
des parties pour un morceau sans savoir ce que les autres ont fait, on met
ça en commun, et on arrange le tout. Résultat : un gros pavé de 20 minutes
remplis de riffs et breaks dans tous les sens, véritable kaléidoscope à
styles, heavy, doom, goth, atmosphérique, agressif, avec tous types de
voix, sans structures réellement définie... Pris comme une histoire, le
morceau se montre intéressant, bien allongé dans son lit, bercé puis
malmené comme les vagues sur un bateau... Mais dans le cadre d'une écoute
"standard" laissez tomber, vous ne retiendrez rien. Reste que le concept
est vraiment sympa, et pour une fois réalisé correctement... Le truc
dommage en fait, c'est que le disque n'ait pas été composé comme ça
jusqu'au bout. Car les trois autres pistes, plus standards se montrent
finalement plus conventionnelles malgré leurs structures qui, posées sur un
autre disque apparaitraient comme super complexes. Bon, je pinaille un
peu, car des disques de la richesse de ce "Kadavreski" il n'en sort pas
tous les jours. Un chanteur qui maîtrise tous les styles, un clavier qui
sait sonner grandiloquent (et même electro à d'autres moments) quand il le
souhaite, des grattes qui savent se faire heavy quand il le faut (parfois
saccadé, d'autres harmonies tristes, voire arabisantes), bien aidé par un
son "made in ampli à lampes" à la fois chaud et puissant, Anthemon a posé
un disque qui nécessite de l'investissement. On est loin de la bouffe
super prémâché qu'on nous sert depuis quelques années. Alors, après on
regrettera certaines fautes de goûts (notamment les influences prog' mal
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digérées) et des parties parfois mal agencées, mais globalement c'ets une
bien belle galette que l'on a là, sombre, travaillée, presque bourgeoise
quelque part héhé... Le medley d'influences posées ici fonctionne plutôt
bien et c'est donc avec un très très gros 4 et une invitation plus
qu'enthousiaste à aller écouter ce disque que je conclurai cette chronique
d'un disque fort plaisant.
Note : 4/6
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POEMA ARCANVS : Telluric manifesto
Chronique réalisée par pokemonslaughter
bon là faut s'accrocher, Poema Arcanvs ils jouent un "truc" pour lequel il faut montrer un coeur bien accroché
pour ne pas fuir en courrant. J'ai pu lire de ci de là, que le groupe marchait bien à l'étranger, me voilà bien
surpris, parce que ce "Telluric manifesto" j'ai eu vraiment du MAL. En gros, ces chiliens, collègues de Mar de
Grise sbien évidemment, jouent une musique dont l'origine lointaine s emontre plutôt doom, mais qui sur la
forme se révèle être un véritable kaleidoscope à styles. J'ai ainsi beaucoup pensé à Noekk pour cet aspect
organique de la musique, mélangé à un chant et des structures très prog'. On retrouve pêle même des
rythmiques très doom/death, un chant death bien puissant mélangé à un chant clair très Noekk qui ne sont pas
sans rappeler My Dying Bride, d'autres moments plus dark metal avec les leads sombres, des cassures en tout
genres pour lancer des breaks ambients, du piano, des nappes (presque une ambiance lounge sur "Us"), des
arrangements technoïdes, des structures qui partent totalement en vrilles... Arf, difficile de se raccrocher à
quelque chose dans cet album, tant il se complaît à nous malmener dans différents horizons musicaux. Parfois
sombre, parfois carrément kitsch, des fois limite "faux", en tout cas toujours surprenant, "Telluric manifesto"
aura au moins le mérite de se montrer ultra personnel et original. Je n'ose d'ailleurs même pas imaginer
comment ils construisent leur morceau en répète... Le problème, c'est qu'en mélangeant autant de choses, et
bien on perd un peu tout le monde avant même de les accrocher. De mon côté, ces parties progs m'ont
totalement rebutées, de même que le chant soit hors sujet, soit horripilant... Et que dire de ces juxtapositions
hasardeuses, genre j'alterne un passage à la Evoken avec un piano buccolique et un chant sirupeux années
80... Bref, si je reconnais les qualités intrinsèques en termes de prises de risques et de réalisations, certaines
parties montrent trop de mauvais goût pour réellement m'interpeller, d'où cette note bien sévère malgré ses
passages sombres toujours réussis... A écouter cependant les plus téméraires d'entre nous sauront peut-être
trouver la clef pour pénétrer l'univers étrange (limite Alice au pays des merveilles) de Poema arcanvs.
Note : 3/6
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FLESHDOLL : [w.o.a.r.g]
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Et un groupe de death de plus ! Pinaize si àa continue y en aura plus que de groupes de true black ! D'autant
plus surprenant quand on voit le niveau des dernières sorties françaises. Impureza, Arkhan, maintenant ce
Fleshdoll tout à fait sympathique sur le fond... Ma foi ! En gros ces derniers jouent dans la catégorie "brutal
mais pas trop", alternant new school et old school, brutalité traditionnelle et mélodies. On retrouve ainsi,
coincées entre deux blasts Cannibal Corpse-ien, des petites mélodies discretos (des harmonies tremolo le plus
souvent) qui savent aérer un peu la musique proposée par Fleshdoll. Bon, on ne peut pas vraiment dire que le
groupe en fasse son cheval de bataille hein...Le trip ici est foncièrement brutal, appuyé par des riffs thrashy et
d'autres plus death américain à l'ancienne (Deicide, Cannibal Corpse) et boosté par une prod' bien gonflée aux
amphet's. Et là je crois que tout est globalement dit hein... Le groupe ne possède à vrai dire aucune
personnalité, mais ça à la limite on commence à en avoir l'habitude. Les morceaux proposés sont bons sans
plus, sûrement très efficaces live, mais qui vont sûrement laisser relativement froid tout amateur de muique
extrême dans le style depuis plus de 4 ans... Du death qui passe donc, qui a en tout cas le mérite d'essayer de
lier ancienne et nouvelle école, et qui le fait correctement, mais sans le moindre génie ou réelle inspiration. Du
death bien goupillé, ça aussi on en a l'habitude maintenant, il faut plus désormais...
Note : 3/6
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RAIN PAINT : Disillusion of purity
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Tiens à l'instar de Novembre, Rain Paint a mis la main à la patte pour faire avancer son style et proposer
quelque chose de plus intéressant que ce qu'ils ont fait sur leur premier album "Nihil nisi mors". Ici le style
s'est radicalement standardisé : on navigue dans une espece de metal vaguement tristounet, plutôt énergique
misant sur l'efficacité et se srefrains plutôt que sur le rafinnement de ses arrangements. Enfin, je chambre un
peu, car ces derniers sont quand même nombreux, notamment au niveau du chant, principal progrès sur cet
album : Aleksi en fait presque trop ! Il passe en revue un peu tous les styles, du plus pur lover au grosses
peformances heavy/glamouzes, et avec l'aide d'Henri Villberg de Rapture ajoute même quelques vocaux death
de ci de là. Il faut bien avouer qu'il finit presque par souler par moment, mais sur un morceau comme le très
Anathemien"Heart will stop" il faut bien avouer que sa prestation est énorme, notamment avec cette petite
trouvaille dans son phrasé (après 2 minutes). c'est un peu le lot commun de cet album : il ne paye pas de mine
avec son style très rock atmo à minettes, incluant quelques mélodies types vieux In Flames ou des breaks
atmo, mais les surprises vont bon train. Un refrain par ci, une mélodie par là, et surtout une énergie bien
attirante. Proche des classiques To die For et consorts, Rain paint s'est créé sa personnalité avec ce disque.
Moins d'ambiance, plus d'efficacité. Ceci étant dit, on ne pourra pas mettre de côté l'ensemble assez superficiel,
tant dans la prod' que dans les morceaux assez convenus (structures simples, tout ets là pour le refrain). On
notera des arrangements d'un goût particulier et un mélange de style parfois hasardeux... Le genre de groupes
difficilement catégorisable malgré sa musique finalement vraiment pas originale... Bref "disillusion of purity"
montre quand même de nets progrès, notamment au niveau du chant et sur l'aspect parfois rock'n'roll posé à
l'ensemble. Malgré cela, la prod' aseptisée, le mauvais goût de certaines parties (certaines juxtapositions
death/clairs sont affreuses, en plus d'être ultra kitschs), et certaines mélodies qui frisent le niais me
refroidiriont quant à rellement pointer du doigt le disque. "disillusion of purity" reste donc simplement un bon
disque, sympathique et bien ficelé, pour lequel j'espère avoit réussi à donner envie aux potentiels intéressés...
Note : 4/6
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NOVEMBRE : Materia
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Quelle surprise que ce Novembre, groupe dont je possédais la quasi totale discographie, finalement revendue
sans regrets, et qui parvient à me redonenr envie d'acquérir cette disco avec cet excellent "Materia". Oubliez
cette pochette pompée à Katatonia, et ce côté niaiseux qui se dégge de l'ambiance, Novembre va, pour cet
album en tout cas, bien plus loin. dès l'intro de "Verne" Novembre pose une ambiance nostalgique et
introspective d'une force absolument imparable. La première partie du disque est ainsi composée de véritables
petites perles de metal émotionnel propre à la rêverie et au regret. Des compos chiadées au possible, remplies
de mélodies en tout genres (acoustiques, en contrepoints, à deux leads, d'autres plus simples type
Katatonia...), portées par un chant monocorde qui sait apporter un certain charme à l'ensemble avec ses
phrasés simples et efficaces ("Memoria stoico/Vetro" totalement splendide au moment de son break carrément
doom désespéré), transcendées par un songwriting de qualité supérieure (ralentissements, accélérations,
breaks en tout genres, chaque morceau est d'une variété ahurissante). On pense bien évidemment à Opeth ou à
Anathema en plus chiadé, mais ce serait oublier les années et toute l'experience que Novembre a su mettre à
profit pour se créer son propre style, entre rock atmo, metal à la old katatonia, passages bien extrêmes, et
ambiance nostalgique feutrée. Le véritable défaut de ce disque ce sera en fait l'incroyable niveau de sa
première partie de disque. Dès "Geppetto" le rythme imposé par les morceaux précédents se voit cassé par
cette compo un peu bancale, un peu trop niaise et sans grosse surprises. Bon ok "Comedia" remet vite les
pendules à l'heure avec son démarrage digne d'un gros groupe de black, et son enchaînement avec un couplet
d'un tragique vraiment poignant, put-être le moment le plus touchant du disque.. Mes aïeux quel progrès au
chant ! Malheureusement, après ce soubresaut de quasi génie (oui bon hein on va pas trop s'enflammer, ce
n'est "que" superbe héhé), "the promise" débarque avec ces guitares parfois Floydiennes et se montre un bon
cran en dessous... Idem pour la suite, qui se fait plus niaise, plus calibrée, présentant un metal atmo sympa
mais sans la super classe qui caractérisait les morceaux sus-cités... Attention, on est loin d'avoir des morceaux
chiants, l'ambiance nostalgique est toujours là, voire carrément dépressive sur le début de "Materia", mais le
chant commence à lasser, les oppositions judicieuses avec du chant extrême sont trop rares, peut-être le
disque est-il trop long ? Peut-être l'inspiration commence-t-elle à faire défaut ? ("Nothinjgrad" est à mon sens le
plus mauvais morceau du disque). Toujours est-il que la qualité des harmonies et arrangements présentés ici
forcent le respect, voire selon sa position l'admiration. On pourra toujours reprocher une approche un peu
mièvre de l'ensemble, "Materia" étant clairement le disque le plus rock de Novembre, mais c'est à mon sens
aussi leur meilleur album. Alors à quoi bon faire son intégriste ? "Materia" est un excellent disque, et ça je crois
qu'il faudrait être sourd pour ne pas l'entendre.
Note : 5/6
Page 205/223
LACRIMAS PROFUNDERE : Filthy notes for frozen hearts
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Tiens on m'aurait menti ? Lacrimas Profundere je croyais que c'était du metal atmo vaguement doomy avec des
vocaux extrêmes, et pas un n-ième ersatz de Him/Charon/entwine. non parce que très franchement, ce "Filthy
notes for frozen hearts" est complètement déprimant de non-inventivité. On navigue dans un rock/metal
vaguement tristounet misant tout sur des atmosphères feutrés et un chant de lover (le sieur doit beaucoup
aimer Type O Negative...) qui fait des clins d'oeil au premier rang. Et là je crois que tout est dit... Tous les
morceaux font trois minutes, aucune prise de risque, les refrains sont téléphonés, les couplets déjà entendus
dix milles fois (vous savez ces vieux riffs mutés éculés) et les structures bien évidemment sans surprises.
Alors ouais, cela s'écoute sans trop de difficultés et en tant qu'ancien amateur du genre, j'avoue m'être bien
régalé aux premières écoutes (d'où la note) mais un tel conformisme ne mérite pas que l'on accorde une note
supérieure à la moyenne. Car quand je dis zero surprise c'est vraiment rien, nada, niet, que dalle. Même
alternance de morceaux heavy et d'autres plus "ballades", mêmes mélodies de claviers toutes connes, mêmes
rythmiques, et en plus le chanteur n'est même pas vraiment talentueux... On m'aurait dit que c'était le nouveau
Charon, je n'aurai pas bronché en fait. Attention messieurs au syndrôme de "bouffe" mmusicale... Non très
franchement, à part la prod' assez sombre, moins "polie" que les autres, et ce songwriting finalement
irréprochable (normal, ils prennent aucun risque), je ne vois pas ce qui pourrait rendre ce disque aussi célèbre
que ses illustres influences qu'il plagie ici à foison...
Note : 2/6
Page 206/223
LAID IN ASHES : Bastards from hell
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Numero 665, Laid in Ashes. Bonjour vous venez pourquoi ? Une chronique monsieur. Ah, c'est vrai que vous
m'avez pas l'air bien avec votre pochette affreuse genre "regarde je sais faire les yeux de morts vivants tout
blanc !". Examinons ça. Ah oui, la prod' est pas folichonne c'est clair. Allez hop 2/6. Ah merde c'est vrai faut pas
faire comme l'autre webzine d'en face, on ne va pas s'arrêter là. Bon, ok, mettez vous à genous, écartez les
jambes. *chlak* *chlak* font les gants en latex*. Humpf, ah ouais c'est que vos riffs de grattes ne sont pas super
frais... Et lorsque vous criez ca donne quoi ? Ah ouais, va falloir faire quelque chose pour ce chant death, non
parce que là vous n'y êtes pas du tout, c'est totalement décalé avec le reste de votre anatomie. Vous enlevez
votre T-shirt ? Voyons voir ce qu'il y a sous les croûtes. Ahah ! J'en étais sûr, des petites mélodies repompées
de ci de là, bien planquées derrière ces riffs bien encroûtés vu leur âge. Non ca va pas du tout ici,
heureusement que vous êtes un bon gaillard et que vous avez une bonne structure, non parce que sinon vous
passiez pas loin du drame là... Ouais vous êtes surprenant même, avec tous ces vices planqués, vous parvenez
à fonctionner et à faire votre taff... Ceci dit, si vous voulez vous reconvertir dans la bonne musique, de mon
côté je n'aurai qu'un seul traitement à vous proposer : le lavement.
Note : 2/6
Page 207/223
MISERY INC : Random end
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Aie, Firebox se met à sortir du metal extrême "pop" lui aussi... Mais où va-t-on ? Bah en fait, faut bien l'avouer il
est pas si mal ce Misery Inc. derrière ces airs de suiveur difficilement caché derrière une pochette bien cool. La
chronique peut-être vite vue dans le style pratiqué par nos amis de Misery Inc. ne laisse pas place à l'erreur, et
en l'occurence ici, ils savent éviter les principales. En gros, prenez des gros riffs death/thrash bien modernes,
une alternance de chant death et clairs vraiment sympas, les deux se montrant bien puissants et attachants
(avec en prime le petit ton mélancolique du chant clair qui me rappelle de façon lointaine Entwine ou plutôt
Rain paint), et ajoutez-y des structures bien simples et efficaces qui privilégient l'accroche aux artifices divers.
D'ailleurs, ce sera un peu toujours le même schéma sur chaque morceau, pas de réelles surprises, on pouvait
s'y attendre tant parvenir à étonner l'auditeur dans ce style éculé relève du quasi-miracle. Mais pourtant, Misery
Inc. parvient à faire mouche avec ses refrains bien catchy voire parfois légèrement nostalgiques(pas tous
attention ! Mais on dira que la moitié des morceaux peut faire figure de hit), ses solos très Children Of
Bodom-ien ou bien ses accélérations classiques mais efficaces. Un peu facile par moment il faut bien le
reconnaître (sur la longueur le disque s'essouffle), de par ses riffs trop typés death/thrash actuel du genre d'un
Hatesphere ou de Soilwork, ou avec ses refrains vraiment trop téléphonés... Bref, "Random end" n'est
clairement pas un disque qui fera date c'est certain, maispourtant, malgré sa prod' pas franchement
impressionnante et son style super éculé et casse-gueule, et bien j'ai toujours passé un moment sympa à son
écoute. De temps en temps, un disque bien facile d'accès comme ça et inspiré cela fait du bien croyez-moi...
Note : 4/6
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VII ARCANO : Nothingod
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Y a un truc fou quand même actuellement, c'est même pas la quantité de promos, mais surtout le tas de
formations inconnues qui les constituent. C'est effarant de voir qu'à chaque nouvelle fournée, toute votre
culture est remise en question avec tous ces groupes pas forcément nouveaux d'ailleurs. Et puis on les écoute
et alors on comprend tout de suite mieux. Bloody hell, c'est ça la scène actuelle ? Loin de moi l'idée de vouloir
faire le vieux con qui crache sur tout, mais franchement cela fait peur. VII arcano eux, rentrent dans la case
"vieux groupe qui essaye de percer 15 ans après". Et oui ce groupe a été fondé en 89 ! ahah... Bref, je vais pas
épiloguer sur la bio du groupe, c'est sur leur site pour les courageux. Pour le reste, VII arcano c'est du
death/thrash façon moderne. C'est à dire des gros riffs thrashy balancés à 2000 à l'heure, le tout sur un rythme
bien évidemment toujours enlevé, avec les quelques blasts de circonstance, la double éclair et le gros chant
extrême super pas efficace. Le truc, c'est que VII Arcano comme bon nombre de ses copains qui galèrent
pendant 15 ans (bon y en a pas des masses non plus des aussi obstinés), ne fait que repomper ce qui se fait
actuellement en terme de riffs, et se paye même le luxe de se montrer mou, la faute à une prod' beaucoup trop
propre et peaufinée pour le style... Seul point positif, le dernier morceau qui d'un coup se fait super sombre sur
la fin, avec pas mal d'arrangements et du clavier ! Alors oui, le groupe maîtrise bien les "lancers" de riff (ne riez
pas), mais pff tout ça ets tellement éculé et ne procure tellement "rien" qu'un banal 3 ne pourra qu'aller comme
un gant à ce disque somme toute... banal.
Note : 3/6
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LOVE FORSAKEN : Sex, war and prayers
Chronique réalisée par pokemonslaughter
putain le titre trop blasphématoire ! Du sexe, de la guerre, un crâne en photo, yaouh ca va bourrer sec ! Ah ben
nan du tout. En même temps venant d'un groupe avec "love" dans le nom fallait se méfier. En fait Love
Forsaken, ils doivent adorer toute cette scène de death mélo à claviers très tendance dans les pays de l'Est.
Non parce qu'ils font exactement pareil, et qu'en plus ils le font même pas bien. En fait Love Forsaken part
d'une base plutot thrash/death, entendez des riffs simples tout en power chords, avec parfois des incartades
plus barrés comme sur le sympathique "the human race" qui sait aller fouiner plus loin dans les rythmiques. Ah
oui, car je ne vous l'avais pas dit, Love Forsaken ils n'hésitent pas à faire du trchnique, entendez les écoles
genre Cynic et compagnie, mélangé à toute la scène metal progressif. Le résultat est vraiment pas top, les
claviers sont très mal mélangés au reste, le chant est complètement hors propos, sympa au premier abord
(bien hargneux !), complètement saoulant dès le second morceau (toujours pareil !). Pourtant on ne peut pas
reprocher au groupe de ne pas avoir bossé son album, en témoigne la très progressive "Forsaken love" de plus
de 8 minutes qui n'oublie pas d'être bien kitsch avec sa vieille rythmique de refrain... Mais le problème ici, c'est
la platitude de l'ensemble. Il y a tout dedans, et pourtant on n'a rien... Ah si, sûrement pour laisser une bonne
impression de fin, l'outro est sympa avec sa boite à musique et sa gonzesse qui gémit.. Allez rien que pour les
gémissements top sex ca vaudra bien deux boules.
Note : 2/6
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HELLSPAWN/HATEFUL/IMPUREZA : Tworzenia, resurrezione, démence
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Ah ! Après un 4 way split et une réédit' de la démo de Black Bleeding pas folichonne, Nihilistic Holocaust
retrouve un excellent niveau avec ce split présentant les trois poètes que sont Hellspawn, Hateful et Impureza.
Ici, pas la peine de tergiverser cinquantes années : il s'agit de brutal death, qui plus est du bon. Hellspawn se
montre le plus classique des trois groupe avec son death metal très typé américain, avec son batteur aux blasts
épileptiques et riffs qui ne sont pas sans rappeler un vieux Hate Eternal. L'ensemble se montre bien fignolé, les
titres passent bien, mais on attend toujours ce break qui va tuer ou tout simplement cette sensation de brutalité
qui pêche un peu... Bon, mais sans l'étincelle quoi. Pour Hateful, le niveau monte encore. Dès "Ravenous", le
ton est donné, gros blast qu'on sent tout de suite plus old school, chant death traditionnel qu'on imagine sans
peine aller fouiner du côté du hardcore. Le groupe propoise l'interprétation la plus énervée des trois présents
ici, avec ce côté vieille école très attachant. On pense immédiatement à des groupes comme Internal Bleeding,
et très franchement, contrairement au groupe précédent, ici la brutalité on l'a, et en pleine gueule ! Des riffs
inspirés, des changements de rythmes nombreux sans verser dans la surenchère. Allez hop trois morceaux de
deux minutes et c'est bâché ! Tant mieux, ca nous fera 6 morceaux de Impureza. Car ces français qui sortent un
peu d enulle part proposent là une musique super maîtrisée, peut-être pas au niveau des commentaires
dythirambiques que j'ai pu lire à son égard, mais qui a le mérite de se placer nettement au dessus du marasme
death metal underground dans lequel bon nombres de groupes se complaisent. Avec "La luz de la luna negra"
on comprend vite que le groupe est là pour apporter quelque chose. Une influence Nile très nette, des textes en
espagnols et surtout des passages acoustiques types flamenco très surprenants mais globalement bien
amenés. On en aurait d'ailleurs aimé en entendre plus ! Car pour le reste impureza reste certes efficace, mais
très classique, avec les blasts marteau piqueurs qui ne s'arrêtent jamais, les ralentissements bien lourds et
surtout l'ambiance souffrée (merci la prod', claire et puissante bien qu'un peu étouffée). Un groupe qui a intérêt
à creuser son concept, et à quitter ses influences Nile trop présentes encore. Un morceau comme "La checa del
perverso" montre d'ailleurs parfaitement ce dont le groupe est capable : brutal, super sombre, et créatif avec sa
rythmique centrale décharnée... Bref, très bon split il faut bien l'avouer, trois découvertes intéressantes,
notamment bien évidemment Impureza qu'il va désormais falloir suivre de près...
Note : 4/6
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INDRA : Sideral Music
Chronique réalisée par Phaedream
Hummm… une autre réédition du catalogue du synthésiste Roumain. Cette fois-ci Indra nous amène dans un
voyage atmosphérique où les rythmes sont absorbés par des longs passages statiques. Sideral Music est un
voyage audacieux qui demande énormément d’ouverture et de curiosité culturelle. Car il y a matière à étrangeté
musicale. Atlantis baigne dans une atmosphère emphatique dense où des notes éparses épousent de sublimes
harmonies sur un fond d’effets sonores agressant. Guitare acoustique, flûte éthérée, mouvements pour songes
de nuits tourmentées. Indra réussi à coller des notes et des étranges lignes aux mélodies écourtées par des
frappes et des percussions claquantes. Toujours aussi statique Orion Bliss est plus harmonieux, si l’on veut
bien accepter le principe qu’une harmonie n’est pas nécessairement gage de mélodie. Indra nous berce aux
limites d’une imagination voilée par de lourds sédatifs. Orion Bliss glisse sur une nappe vaporeuse, entourée
d’effets sonores analogues dans un cosmos inter sidéral. À mi chemin entre la froideur des océans galactiques
et la chaleur des âmes sédentaires en quête d’un romantisme médiéval. Je ne peux pas dire que j’ai percuté
mon lampadaire. J’ai trouvé ça très long. Mais vous savez combien j’aime le planant? Si vous ne le savez pas
encore, je le redis; je déteste. En ce qui me concerne Sideral Music emprunte les voix lactées, surtout avec
Orion Bliss, du Nouvel Âge américanisée par Ray Lynch et David Lanz. Pour amateur d’ambiant, de statique et
de musique céleste, avec un zest d’inconfort sonore sur Atlantis.
Note : 3/6
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INDRA : Signs
Chronique réalisée par Phaedream
Une des forces d’Indra est sa diversité. Le synthésiste Roumain n’as pas peur d’évoluer dans un mode
artistique qui est le sien. De la Berlin School rétro aux fonds cratères ambiants, en passant par la New Berlin
School, ses opus sont aussi étonnants que déroutants aux premières écoutes. Mais il y a toujours ce petit
quelque chose qui revient et qui fait qu’on réécoute. Signs est plein de ces petits quelques choses. Un cd
colossal qui étonne par sa pluralité des genres. Tout en écho Atlas on Stage nous hypnose avec sa fine ligne
séquentielle, son beat suave et ses percussions aux saveurs analogues. Les notes de synthé s’emmêlent en
écho et entament une marche hypnotique sur fond orchestral. Alors que des mouvements aux couleurs de
section à cordes se tordent avec langueur, le titre épousent une ligne qui vrille et qui tourne et tourbillonne en
se repliant sur elle-même. Un titre étonnant qui accroche instantanément. La table est mise pour Signs. Un
album aux diverses sonorités qui propose des titres légers, mélodieux qui oscille entre un techno léger, un new
age timide et quelques bonnes lignes séquentielles à la Berlin School. Indra est maître de son royaume et
exploite les notes et pulsations en spirale, donnant une profondeur inouïe à ses compositions. Si Saltimbanc
est aux limites du New Age avec son synthé pianotant et son rythme léger, Ariel est un titre plus profond. Un
doux synthé souffle sur un séquenceur hésitant, formant un fond d’écho. Le tempo est lent et se balance sur
des percussions traînantes et des soyeux tablas. Avec The Bride is Happy c’est le temps de taper du pied.
L’approche est assez techno avec son beat sec et ses accords lourds, un peu à la Depeche Mode. Sheik’s
Dream est une autre trouvaille. Sur une ligne hésitante, modulée avec une basse sensuelle, un synthé
s’échappe et laisse partir une ligne à saveur d’accordéon aux accords asiatiques. Le synthé fuse de superbes
solos, qui se répandent par écho, accroché par de solides percussions. Un titre superbe qui évolue sur un
génial passage où percussions et synthé provoquent un remous qui intensifie la cadence. Un des très bons
titres du catalogue Indra. Quick Movement propose une ligne séquentielle tourbillonnante à saveur Berlin
School. Sans être hypnotique, le beat vrille autour de percussions galopantes et de notes désordonnées qui
épousent des mouvements mélodieux. To Jenna possède un beat techno soft à la Jarre qui tourbillonne autour
d’un synthé mélodieux et des effets sonores analogues qui ont marqués les premières œuvres de Jarre. Un
beau titre tout aussi mélodieux qu’entraînant. Plus posé The Monk émerge des bruits rauques atmosphériques
et embrasse une fine lige séquentielle hypnotique, à la Berlin School. Le beat charme et étonne avec ses lignes
aux effets tribaux. Next Future assomme avec ses grosses percussions. Le rythme est statique et se balance
sur une ligne continue supporté par un synthé fabuleusement désordonné qui s’approche du style Schulze. En
mi parcours, le rythme casse et devient plus animé avec de très bons solos de synthé et des percussions plus
endiablées. Un autre titre très fort. Telos clôture Signs sur une note ambiante. Le synthé pleure parmi les courts
effets sonores. Pleure-t-il ou souffle-t-il? Peu importe. Il est mélancolique à plein nez et d’une douceur qui n’a
d’égale que sa beauté. Signs est l’un des bons cd de 2005. Indra embrasse tous les genres avec autant de
facilité qu’il maîtrise ses synthés. C’est un cd fort harmonieux qui s’écoute du début à la fin, sans voir le temps.
Pas une note de perdue, pas de gaspillage artistique. Un 55 minutes bien placé qui vaut amplement la dépense.
Note : 5/6
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THE NEW YORK ROOM : 1991-1995
Chronique réalisée par Twilight
Dans les X-Files du goth, je vous présente New-York Room, groupe dont je n'ai jamais entendu parler, sorti sur
un label que je ne connais que vaguement (comme si j'étais la référence absolue aussi...) et sur lequel, je n'ai
trouvé pratiquement aucune info, si ce n'est que outre cette compilation, ils ont tout de même produit 4 cds !
Bref, ce disque existe, le groupe aussi, une chronique s'impose, d'autant que la musique est plutôt
intéressante. Sur les vingt-deux morceaux ici présentés, The New York Room pratique une dark wave couvrant
un spectre d'influences allant de Dead Can Dance et Love is colder than death à Cocteau Twins ('Blue Dahlia')
en passant par The Baroness. Les compositions oscillent en effet entre tentations néoclassiques ('Maria', 'The
Ruins of Athens'), heavenly ('Winter gardens'), touches electrogoth ('Etheral gloom') et gothiques ('Kiss of the
succubus'). De ce point de vue, le chant de Michelle participe de beaucoup à la dynamique des compositions
mises en place par Matthew Ervin qui sait user de simplicité sans tomber dans la facilité. Pas de réelle faiblesse
dans cette collection, même si on ne hurle pas forcément au génie non plus, mais des titres qui se détachent
nettement ('Minion of the gypsies', 'Maria', le médiéval 'The seventeen-year-locusts', le 2ème mouvement des
'Ruins of Athens' ou le mélancolique 'Redemption' au piano). Pour les amateurs de heavenly goth, cette
mystérieuse production tient tout à fait ses promesses.
Note : 4/6
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THE NEWLYDEADS : Dead end
Chronique réalisée par Twilight
Malgré une pochette à esthétique vaguement deathrock/batcave, c'est plutôt du côté de Nine Inch Nails,
Revolting Cocks et Marilyn Manson qu'il faut chercher les influences des Newlydeads: de ce point de vue, le
groupe s'inscrit parfaitement dans son époque: guitares pêchues, feeling rock'n'roll décalé, quelques samples
pour parachever le tableau et une voix malmenée entre Ministry et Manson, sans compter une palette variée
d'effets, parfois à l'intérieur du même titre. Ce n'est pas désagréable à l'écoute mais contrairement aux parrains
du genre, les Newlydeads ne parviennent pas à s'extirper d'une certaine linéarité. On écoute volontiers le cd
mais aucune chanson ne se détache particulièrement. Il leur manque l'imparable énergie de Ministry et un
certain sens de la mélodie efficace à la Manson; du coup, malgré quelques tentatives réussies ('Hot pink hot
rod'), les voilà qui produisent une musique pour kids en rebellion, vite oubliée une fois adulte.
Note : 2/6
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CAUDA PAVONIS : Pistols at dawn
Chronique réalisée par Twilight
C'est une formule assez originale qu'a choisi le duo Cauda Pavonis : voix, batterie. Bien sûr, il y a aussi un peu
de programmation pour étoffer mais vu le chant de Su Farr, on se rend compte, qu'il suffit amplement et qu'il
n'y a pas besoin de beaucoup plus. On songe volontiers à une version plus grave de la jeune Siouxise ou à
Scary Bitches et il permet au groupe un développement mélodique certain mis en avant par les orchestrations
volontiers dépouillées. La faiblesse du disque réside peut-être justement dans le manque de punch de la
musique elle-même; c'est bon mais on peut regretter que le jeu de batterie ne soit pas plus développé, plus
sauvage, ça reste un peu neutre. La programmation est certes très bien maîtrisée et originale (notamment de
par ses sonorités baroques) mais c'est bien Su qui porte l'essentiel de l'aspect émotionel de par sa voix et fait
de titres comme 'Sanctify', 'Wardance', 'She's the cure' , 'Requiem' ou 'Daibolique' de bien belles pièces mêlant
vieil esprit cold wave, new wave dépressive et gothic rock pour une collection de chansons plutôt réussies et
agréables. Cauda Pavonis, un groupe un brin à part dans le paysage anglo-saxon.4,5/6
Note : 4/6
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Informations
Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com.
© 2000 - 2008
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Table des matières
Les chroniques ........................................................................................................................................................................... 3
YOKOTA (Susumu) : Sakura ............................................................................................................................................ 4
SCHULZE (Klaus) : Are You Sequenced?........................................................................................................................ 6
SCHULZE (Klaus) : In Blue .............................................................................................................................................. 7
LURKER OF CHALICE : Lurker Of Chalice ................................................................................................................... 9
VENETIAN SNARES : Rossz Csillag Allat Született .................................................................................................... 10
LJA : Til avsky for livet ................................................................................................................................................... 12
RED MOURNING : Six four six ..................................................................................................................................... 13
BLACK LABEL SOCIETY : Stronger than death .......................................................................................................... 14
BURST : Conquest Writhe............................................................................................................................................... 15
BURST : Prey On Life ..................................................................................................................................................... 16
WITCHBURNER : Final detonation ............................................................................................................................... 17
BURST : Origo................................................................................................................................................................. 18
VATICAN'S CHILDREN : Satan.................................................................................................................................... 19
CASH (Johnny) : American recordings ........................................................................................................................... 20
CASH (Johnny) : Unchained............................................................................................................................................ 21
CASH (Johnny) : American III: Solitary man.................................................................................................................. 22
CASH (Johnny) : American IV: The man comes around ................................................................................................ 23
ARCANE : Alterstill ........................................................................................................................................................ 24
NEW MODEL ARMY : The love of hopeless causes..................................................................................................... 25
SEELENKRANK : Engelsschrei ..................................................................................................................................... 26
THE SMITHS : Meat is murder ....................................................................................................................................... 27
THROBBING GRISTLE : CD1....................................................................................................................................... 28
NEW MODEL ARMY : All of this - the 'live' rarities..................................................................................................... 29
THE PSYCHEDELIC FURS : All of this and nothing.................................................................................................... 30
ARCANE : Gather Darkness............................................................................................................................................ 31
ARCANE : Future Wreck ................................................................................................................................................ 32
CLANDESTINE BLAZE : Fire burns in our hearts ........................................................................................................ 34
CLANDESTINE BLAZE : Night of the unholy flames .................................................................................................. 35
CLANDESTINE BLAZE/ DEATHSPELL OMEGA : split album ................................................................................ 36
ATARAXIA : Sueños ...................................................................................................................................................... 37
ORBITAL : In sides ......................................................................................................................................................... 38
REMY : Sense .................................................................................................................................................................. 40
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BASTIEN (Pierre) : Pop................................................................................................................................................... 42
ZORN (John) : The circle maker...................................................................................................................................... 43
RABBINICAL SCHOOL DROPOUTS : Cosmic tree .................................................................................................... 44
PEROWSKY (Ben) : Camp songs ................................................................................................................................... 45
ISRAELITE (Koby) : Dance of the idiots........................................................................................................................ 46
ZOHARA : Scorched lips................................................................................................................................................. 47
BASTIEN (Pierre) : Téléconcerts .................................................................................................................................... 48
McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : S/t ....................................................................................... 49
McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Live at Willisau.................................................................. 50
McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Travelling somewhere........................................................ 51
McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Bremen to Bridgewater ...................................................... 52
McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Country cooking ................................................................ 53
ARCANE : 33 1/3 rpm..................................................................................................................................................... 54
VAN RICHTER (Max) : Resurrection............................................................................................................................. 55
CERTAMEN (Adam Bownik) : I awoke in a dream ....................................................................................................... 57
PESTILENCE : Consuming impulse ............................................................................................................................... 58
PESTILENCE : Spheres................................................................................................................................................... 59
PESTILENCE : Malleus maleficarum ............................................................................................................................. 60
PESTILENCE : Testimony of the ancients...................................................................................................................... 61
KATATONIA : Deliberation ........................................................................................................................................... 62
URKRAFT : Eternal cosmic slaughter............................................................................................................................. 63
CODE INDIGO : Chill..................................................................................................................................................... 64
CLANDESTINE BLAZE : Fist of the Northern destroyer.............................................................................................. 66
COMPILATION DIVERS : Overflow............................................................................................................................. 67
POLYGON : Omnon........................................................................................................................................................ 68
POLYGON : Beyond nothing .......................................................................................................................................... 69
CLANDESTINE BLAZE : Deliverers of faith ................................................................................................................ 70
TEMNOZOR : Sorcery of fragments............................................................................................................................... 71
STARGAZER : The scream that tore the sky .................................................................................................................. 72
THE GOD MACHINE : Scenes from the second storey ................................................................................................. 73
GORGUTS : Obscura....................................................................................................................................................... 74
BOARDS OF CANADA : A few old tunes ..................................................................................................................... 75
BARRETT (Syd) : The madcap laughs............................................................................................................................ 76
BARRETT (Syd) : Barrett................................................................................................................................................ 77
CORTISOL : Meat ........................................................................................................................................................... 78
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FREE SYSTEM PROJEKT : Impulse ............................................................................................................................. 79
SADIST : Above the light ................................................................................................................................................ 81
BOLT THROWER : Realm of chaos............................................................................................................................... 82
SACRAMENTUM : Far away from the sun.................................................................................................................... 83
WRIGHT (David) : Reflections ....................................................................................................................................... 84
MOONBOOTER : Teralogica.......................................................................................................................................... 86
UNDERGROUND RESISTANCE : World 2 world ....................................................................................................... 88
GENE LOVES JEZEBEL : Immigrant ............................................................................................................................ 89
GENE LOVES JEZEBEL : Kiss of life ........................................................................................................................... 90
KAT ONOMA : Live à la Chapelle ................................................................................................................................. 91
POLYGON : Images ........................................................................................................................................................ 92
DISPLACER : Remixes for free ? ................................................................................................................................... 93
REVEREND BEAT-MAN AND THE CHURCH OF HERPES : Your favourite position is on your knees................. 94
ROME : Berlin ................................................................................................................................................................. 95
BATTERED : Battered .................................................................................................................................................... 96
COÏT : Brutal fantasy ....................................................................................................................................................... 97
LAIKA & THE COSMONAUTS : C'mon do the Laika ! ............................................................................................... 98
LAIKA & THE COSMONAUTS : Surfs you right ......................................................................................................... 99
LAIKA & THE COSMONAUTS : Instruments of terror.............................................................................................. 100
LAIKA & THE COSMONAUTS : Absurdistan............................................................................................................ 101
AMENRA : Mass III ...................................................................................................................................................... 102
MILLS (Jeff) : Purpose maker compilation ................................................................................................................... 103
JIANNIS : Plugged......................................................................................................................................................... 105
NEW MODEL ARMY : Carnival.................................................................................................................................. 107
NATTEFROST : Absorbed in Dreams and Yearning.................................................................................................... 108
ATARI TEENAGE RIOT : Burn, Berlin, Burn !........................................................................................................... 110
FROESE (Edgar W.) : Orange Light Years ................................................................................................................... 111
FROESE (Edgar W.) : Dalinetopia ................................................................................................................................ 113
PRONG : Prove you wrong............................................................................................................................................ 115
PRONG : Cleansing ....................................................................................................................................................... 116
PRONG : Rude awakening............................................................................................................................................. 117
HELMET : Betty ............................................................................................................................................................ 118
HELMET : Aftertaste..................................................................................................................................................... 119
WOLFSHADE : Evening star ........................................................................................................................................ 120
NIHILISTIC KAOS : Les homélies du vice .................................................................................................................. 121
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CAULDRON BLACK RAM : Skulduggery.................................................................................................................. 122
UNCREATION'S DAWN : Death's tyranny ................................................................................................................. 123
RICH (Robert) : Sunyata................................................................................................................................................ 124
RICH (Robert) : Trances / Drones ................................................................................................................................. 125
RICH (Robert) : Numena ............................................................................................................................................... 126
RICH (Robert) : Rainforest ............................................................................................................................................ 127
THE HERETIC : Gospel songs in E minor.................................................................................................................... 128
BLACK LABEL SOCIETY : Alcohol fueled brewtality live !! + 5.............................................................................. 129
RICH (Robert) : Geometry............................................................................................................................................. 130
LIFE OF AGONY : Ugly............................................................................................................................................... 131
LIFE OF AGONY : Soul searching sun......................................................................................................................... 132
PEEPING TOM : S/T..................................................................................................................................................... 133
REVEREND BEAT-MAN AND THE UN-BELIEVERS : Get on your kness ............................................................ 134
SEX GANG CHILDREN : Medea................................................................................................................................. 135
SEX GANG CHILDREN : Pop up ................................................................................................................................ 136
SYNGATE - SATZVEY CASTLE : Satzvey Castle 2004............................................................................................ 137
INDRA : Maharaj........................................................................................................................................................... 138
BOARDS OF CANADA : Aquarius.............................................................................................................................. 139
JOY DIVISION : Substance 1977-1980 ........................................................................................................................ 140
HOCICO : Aqui y ahora en el silencio........................................................................................................................... 142
DEINE LAKAIEN : Kasmodiah.................................................................................................................................... 143
COMPILATION DIVERS : Cryosphere ....................................................................................................................... 144
CANOVAS (Javi) : Light Echoes .................................................................................................................................. 145
COMPILATION DIVERS : Noise.il ............................................................................................................................. 146
DARKTHRONE : A blaze in the northern sky.............................................................................................................. 147
HOCICO : Signos de aberracion .................................................................................................................................... 148
HOCICO : Blasphemies in the holy land ....................................................................................................................... 149
RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Hog Wild ................................................................................................ 150
NACHTMYSTIUM : Eulogy IV ................................................................................................................................... 151
THE STONE : Zakon Velesa ......................................................................................................................................... 152
PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Schlingen-Blängen........................................................................................ 153
GISMONTI (Egberto) : S/t............................................................................................................................................. 154
GISMONTI (Egberto) : Sonho'70 .................................................................................................................................. 155
GISMONTI (Egberto) : Orfeo novo............................................................................................................................... 156
GISMONTI (Egberto) : Agua & vinho .......................................................................................................................... 157
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GISMONTI (Egberto) : S/t............................................................................................................................................. 158
GISMONTI (Egberto) : Academia de dancas ................................................................................................................ 159
GISMONTI (Egberto) : Coracoes futuristas .................................................................................................................. 160
GISMONTI (Egberto) : Danca das cabeças ................................................................................................................... 161
GISMONTI (Egberto) : Carmo ...................................................................................................................................... 162
GISMONTI (Egberto) : Sol do meio dia........................................................................................................................ 163
GISMONTI (Egberto) : No caipira ................................................................................................................................ 164
GISMONTI (Egberto) : Solo.......................................................................................................................................... 165
GISMONTI (Egberto) : Circense ................................................................................................................................... 166
GISMONTI (Egberto) : Sanfona.................................................................................................................................... 167
GISMONTI (Egberto) : Cidade coraçao ........................................................................................................................ 168
GISMONTI (Egberto) : Bandeira do Brasil ................................................................................................................... 169
GISMONTI (Egberto) : Duas vozes............................................................................................................................... 170
GISMONTI (Egberto) : Trem caipira ............................................................................................................................ 171
GISMONTI (Egberto) : Feixe de luz ............................................................................................................................. 172
GISMONTI (Egberto) : Danca dos escravos ................................................................................................................. 173
PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Alloy ............................................................................................................. 174
PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : In-mid-air...................................................................................................... 175
YORKE (Thom) : The eraser ......................................................................................................................................... 176
YAKUZA : Samsara ...................................................................................................................................................... 177
PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Music for big ears ......................................................................................... 178
THE PAPER CHASE : Now you are one of us ............................................................................................................. 179
THE SWORD : Age of winters...................................................................................................................................... 180
LABBÉ (Pascale) / MORIÈRES (Jean) : Un bon snob nu............................................................................................. 181
BRAINWORK : Soundclouds........................................................................................................................................ 182
RF : View of distant towns............................................................................................................................................. 184
PHANTOM VISION : Calling the fiends ...................................................................................................................... 185
ROYKSOPP : Melody A.M. .......................................................................................................................................... 186
PAN SONIC / CHARLEMAGNE PALESTINE : Mort aux vaches ............................................................................. 187
MOTHER DESTRUCTION : Hagazussa ...................................................................................................................... 188
TANGERINE DREAM : Green Desert ......................................................................................................................... 189
TANGERINE DREAM : Stratosfear ............................................................................................................................. 190
DELEYAMAN : 3.......................................................................................................................................................... 192
SIGUR ROS : Hlemmur................................................................................................................................................. 195
ELECTRIC PRESS KIT : Analogic............................................................................................................................... 196
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EINSTURZENDE NEUBAUTEN : Tabula Rasa.......................................................................................................... 197
THIS SLOW MOTION : Blind Transmissions.............................................................................................................. 198
ARKHAN : M.A.C.H.I.N.E ........................................................................................................................................... 199
ANTHEMON : Kadavreski............................................................................................................................................ 200
POEMA ARCANVS : Telluric manifesto ..................................................................................................................... 202
FLESHDOLL : [w.o.a.r.g] ............................................................................................................................................. 203
RAIN PAINT : Disillusion of purity.............................................................................................................................. 204
NOVEMBRE : Materia .................................................................................................................................................. 205
LACRIMAS PROFUNDERE : Filthy notes for frozen hearts....................................................................................... 206
LAID IN ASHES : Bastards from hell........................................................................................................................... 207
MISERY INC : Random end.......................................................................................................................................... 208
VII ARCANO : Nothingod ............................................................................................................................................ 209
LOVE FORSAKEN : Sex, war and prayers................................................................................................................... 210
HELLSPAWN/HATEFUL/IMPUREZA : Tworzenia, resurrezione, démence............................................................. 211
INDRA : Sideral Music.................................................................................................................................................. 212
INDRA : Signs ............................................................................................................................................................... 213
THE NEW YORK ROOM : 1991-1995 ........................................................................................................................ 214
THE NEWLYDEADS : Dead end ................................................................................................................................. 215
CAUDA PAVONIS : Pistols at dawn ............................................................................................................................ 216
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