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Réalité virtuelle : la construction se saisit de l'opportunité
©SNR
CONSEILS. Comment se lancer dans la réalité virtuelle ? Comment
exploiter ce procédé ? Quels sont ses avantages ? De nombreux acteurs
de la construction n'ont pas hésité une seule seconde à s'emparer de
cette nouvelle technologie et semblent satisfaits de leur choix.
Découvrez leurs témoignages.
Si parfois la construction est lente au démarrage à s'approprier certaines nouvelles technologies, force
est de constater qu'en matière de réalité virtuelle, elle a su prendre la balle au bond.
Plusieurs entreprises du secteur proposent d'ores et déjà à leurs clients, collaborateurs d'utiliser des
casques de réalité virtuelle. Bouygues Construction est à l'initiative du projet Callisto, une salle munie
d'un écran hémisphérique de 10 mètres de large et 4 mètres de haut qui offre une expérience
d'immersion à l'intérieur d'un futur bâtiment avant qu'il ne soit construit et permet de réaliser un certain
nombre de simulations physiques dans des conditions réalistes. Il est ainsi possible de créer une
simulation acoustique afin d'évaluer l'effet des matériaux choisis, ou visualiser la température
ressentie en fonction du choix des vitrages ou de la localisation des bouches d'aération. Le
constructeur espère bien étendre l'exploitation de cette technologie notamment pour ses chefs de
chantier, qui pourront prévoir les étapes du chantier afin de visualiser les accès et les palissades mais
aussi
la
faire
jouer
comme
un
outil
de
formation
pour
les
jeunes.
La réalité virtuelle est donc avant tout un outil de projection : visites virtuelles de bâtiment et
configuration des intérieurs. En termes commerciaux, les cuisinistes ont été précurseurs ayant bien
compris
l'intérêt
d'utiliser
ce
système
comme
une
aide
à
la
vente.
Ainsi, Ixina a équipé certains de ses magasins de salle de projection 3D afin de propulser les
potentiels acheteurs dans leur cuisine et les faire saliver un peu. De même, Ikea a développé son
application Ikea VR Experience afin de concevoir et visualiser sa cuisine en réalité virtuelle.
Projeter et concrétiser des ventes
Si l'on voit bien que les grands groupes n'ont pas hésité à se lancer dans l'aventure, les petites
structures ne sont pas en reste. Le constructeur de maisons individuelles, Blain, propose à ses clients
depuis janvier 2016 de visiter leur future maison meublée : "Nous élaborons en amont les plans sur un
logiciel spécialisé en ligne designeo3d puis nous téléchargeons les plans simplement sur une
application de smartphone. Le téléphone vient s'insérer dans un visio-casque et la visite peut
commencer. Les clients peuvent aller de pièce en pièce en tournant sur eux-mêmes", nous explique
Florian Prigent, directeur commercial.
Blain ©
Projection dans un projet
Une projection que propose aussi la société spécialisée dans l'aménagement de combles, SNR :
"Nous sommes partis du constat que nos clients avaient parfois du mal à imaginer les volumes
dégagés par les combles. Et il nous était difficile de concevoir une présentation 3D pour chaque projet
car trop coûteuse et trop longue à réaliser, du coup nous avons eu l'idée de créer une interface afin de
modéliser un projet en 20 minutes. Et bien sûr celui-ci est visible grâce au visio-casque sur lequel on
adapte le smartphone", souligne Arthur L’Houtellier, chargé de développement. Pour cette entreprise
de 18 salariés le coût du développement d'une telle opération s'élève entre 20 et 30.000 euros. Mais
le jeu en vaut la chandelle. Lancé fin mars 2016, l'outil a permis de concrétiser des ventes : "Nous ne
l'utilisons pas à chaque fois, mais lorsque des clients doutent, cela devient un véritable argument pour
convaincre". Chez le constructeur Blain, même constat : "Sur une trentaine de visites virtuelles
organisées, nous avons concrétisé 24 projets. Se projeter permet de rassurer définitivement les
clients", explique Florian Prigent. Les deux sociétés pensent déjà à la prochaine étape, pour le
premier, l'objectif est de décliner l'outil sur leurs autres activités : la rénovation et l'agrandissement.
Quant au constructeur, il envisage de compléter sa technologie avec des outils de réalité augmentée
pour visualiser l'extérieur, l'enveloppe et l'environnement. Un bémol ? Pour Florian Prigent oui. Ce
dernier regrette de ne pas pouvoir offrir un casque à chacun de ses clients : "Nous pensons investir
dans des Google Cardboard, des lunettes en carton sur lesquelles on fixe le smartphone, ce qui
permettra de voir leur projet n'importe quand et de le montrer à ses proches".
Un outil pédagogique
Après expérimentations, les entreprises semblent donc conquises par le procédé. Outre l'aide à la
vente, la réalité virtuelle permet aussi de recueillir les attentes des consommateurs. Certaines sociétés
pourraient également être tentées de l'utiliser pour faire découvrir l'envers du décor de certains sites
(visites d'usine, processus de fabricationC) et ainsi créer du lien et une proximité avec leurs clients et
partenaires. Sans oublier son exploitation à des fins didactiques. D'ailleurs certains le font déjà. Par
exemple, Séché Environnement, expert du traitement des déchets, propose une application afin de
sensibiliser le public à l’économie d’énergie. Par ce biais, le groupe aide à mieux comprendre
comment fonctionne le biogaz et tous les combustibles dérivés de déchets. Dans un autre domaine, la
simulation virtuelle "J'ai 100 ans" qu'a développée Alain Chapuis, délégué accessibilité à la Fédération
française du bâtiment, sensibilise aux enjeux de l'accès des bâtiments pour tous. L'espace de quatre
minutes, via le casque Oculus Rift, l'usager est plongé dans l'univers et la peau d'une personne à
mobilité réduite. Une manière de lier nouvelle technologie et pédagogie.
Céline Galoffre (16/06/2016)