royaume du maroc
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ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE L’AGRICULTURE DU DEVELOPPEMENT RURAL (P ____________ PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT ORMVAO _____________________ PROJET DE CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE PAR LA TRANSHUMANCE DANS LE VERSANT SUD DU HAUT ATLAS MOR/99/G33/A/1G/99 Les conflits pastoraux sur le versant sud du Haut Atlas central Rapport final (Version provisoire pour avis, janvier 2003) Jeanne Chiche décembre 2002 Chapitre I- La dialectique conflits-accords et les objectifs du P.C.B.T.H.A., nouvel acteur dans la région de Ouarzazate………………………………………………………………………………….. 1- La demande du P.C.B.T.H.A.d'une étude sur les conflits locaux, en particulier pastoraux……. 2- La dialectique conflits-accords……………………………………………………………………….. 3- Le P.C.B.T.H.A. acteur nouveau dans la région, mais à part entière……………………………. 3-1 Le P.C.B.T.H.A. va désormais avoir un statut de groupe d'intérêts dans la région…………… 3-2 Eviter les attitudes démagogiques ou illusoires…………………………………………………… 3-3 Le projet de l'équipe est antagoniste de ceux de la majorité des habitants……………………. 4- Les préoccupations du P.C.B.T.H.A. concernent l'avenir proche………………………………… 5- L'entrée du P.C.B.T.H.A. dans la région est porteuse de conflits………………………………… Chapitre II- Les objets de contrats et d'associations dans la région, relations sociales, ententes, conflits……………………………………………………………………………………………………… 1- Relations sociales, ententes et conflits dans les communautés de vie quotidienne……………. 1-1 Les relations familiales sont bonnes……………………………………………………………….. 1-1-1 L'atmosphère des relations familiales est plus harmonieuse que dans d'autres régions……………………………………………………………………………………………………… ... 1-1-2 Les relations entre copropriétaires indivis sont moins conflictuelles que dans d'autres milieux……………………………………………………………………………………………………… …. 1-2 Les objets d'entente et de conflits dans les communautés villageoise…………………………. 1-2-1 Les eaux d'irrigation………………………………………………………………………………... 1-2-2 La surveillance des vergers.………………..…………………………………………………….. 1-2-3 L'eau potable……………………………………………………………………………………….. 1-2-4 Les équipements socio-économiques (électricité, école, voies d'accès…)………………….. 1-2-5 Les constructions à usage commercial………………………………………………………..… 1-2-6 Les institutions de gestion et de développement (notamment les AUEA)…………………… 1-2-6-1 Les AUEA………………………………………………………………………………………… 1-2-6-2 Les institutions de développement local, la gestion du bois de fruitiers…………………… 2- Les ressources naturelles……………………………………………………………………….……. 2-1 Le bois et les ligneux bas……………………………………………………………………………. 2-1-1 La position du P.C.B.T.H.A……………………………………………………………………….. 2-1-2 Les points de vue des habitants et et ce qu'ils révèlent sur les relations sociales ………… 2-1-3 Les faits…………………….……………………………………………………………………….. 2-1-3-1 La coupe de ligneux au sein des villages…………………………………………………….. 2-1-3-2 La coupe de ligneux sur les pâturages…….………………………………………………….. 2-1-3-3Le statut des ligneux des massifs forestiers et de la nappe d'alfa………………………….. 2-1-4 Les perspectives de la coupe de ligneux….…………………………………………………….. 2-2 Les pâturages de la région………………………………………………………………………….. 2-2-1 La morphologie de l'occupation des terres……………………………………………………… 2-2-2 L'exploitation des terres non cultivées…………………………………………………………… 2-2-3 L'occupation des pâturages……….……………………………………………………………… 2-2-3-1 Le statut des points d'abreuvement…………………………………………………………… 2-2-3-2 Le statut des abris…………………………..…………………………………………………… 2-2-3-3 Le statut des abris et le statut des terres...…………………………………………………… 2-2-3-4 Les modalités d'accès aux pâturages…….…………………………………………………… 2-2-3-5 Le séjour dans un campement et les liens avec son statut….……………………………… 2-2-4 Les conditions de l'installation d'un abri…………….…………………………………………… 2-2-5 Le statut et l'exploitation des agdal…………………….………………………………………… 2-2-6 Les infractions aux règles d'occupation des pâturages………...……………………………… 2-3 L'exploitation des eaux souterraines et le défrichement des terres de parcours……………… 2-3-1 Les modalités d'individualisation de l'usage d'une terre……………………………………….. 2-3-2 Les relations sociales liées au défrichement……………………………………………………. 2-4 Les relations de transhumance avec d'autres régions……..…………………………………….. 2-4-1 L'arrivée d'éleveurs d'autres régions et l'accueil qui leur est fait…………………………..…. 2-4-2 Le pâturage hors de la région…….………………………………………………………………. 2-4-2-1 Les régions vers lesquelles sont envoyés les troupeaux……………………………………. 2-4-2-2 La décision d'aller vers une région.……………………………………………………………. 2-4-2-3 Les modalités de la transhumance et les relations avec les populations des régions d'arrivée…………………………………………………………………………………………………….. 2-4-3 Les retombées de la transhumance interrégionale….…………………………………………. 3- Les territoires…………………………………………………………………………………………… 3-1 Une société aux modes de vie communautaires………………………………………………….. 3-2 Les statuts fonciers et l'occupation des terres…………………………………………………….. 3-3 La consistance des territoires……………………………………………………………………….. 3-3-1 La conception locale des territoires………………………………………………………………. 3-3-2 La délimitation administrative et les contestations locales ……………………………………. 3-4 L'organisation politique et administrative est évolutive…………..………………………………. 4- Les institutions qui gèrent les relations sociales..……..…………………………………………… 4-1 Les institutions de gestion des relations quotidiennes..……..…………………………………… 4-2 La gestion de l'usage des terres.……….……………….……..…………………………………… 4-2-1 L'instituton de gestion de l'usage des terres……….…………..……………………………….. 4-2-2 Le statut du naib……………………………………………………………………………………. 4-3 Le contrôle de l'exploitation de la nature…………………………………………………………… 4-3-1 La gestion de l'irrigation……....……….……………….……..…………………………………… 4-3-2 La surveillance des vergers….……….……………….……..…………………………………… 4-3-3 Le contrôle de la coupe de ligneux….…………………………………………………………… 4-3-4 Le contrôle de l'agdal……………………………………………………………………………… 4-4 Les attitudes vis à vis des services extérieurs et publics………………………………………… 5- Les ententes et les conflits…………….……………………………………………………………… 5-1 Les attitudes vis à vis de la fréquentation des pâturages……………...………………………… 5-2 Les tendances de l'utilisation des terres…………………………………………………………… 5-3 Les positions vis à vis des entreprises des services de l'Etat…………………………………… 5-4 Les principaux accords et conflits en activité dans la région…..………………………………… Chapitre III- Les éléments de la nature et les écosystèmes qui intéressent le P.C.B.T.H.A. et les stratégies de relations sociales qu'il doit être appelé à envisager…………………………………… 1- Les éléments de la nature et le projet de C.B.T.H.A……………………………………………….. 2- Les méthodes d'identification et d'analyse des relations sociales à mettre en œuvre 1-1-3 La cohésion des relations familiale serait signe d'un faible intérêt pour les ressources naturelles…………………………………………………………………………………………………… 3- Les interlocuteurs de l'équipe du P.C.B.T.H.A., convergences et divergences, alliances, prudence et tactiques opportunistes………………………………………………………………………... Chapitre IV Les stratégies locales du P.C.B.T.H.A. doivent s'appuyer sur un cadre de politique centrale et sa poursuite par les institutions locales a besoin d'organismes de contrôle centraux et locaux……………………………………………………………………………………………………. Chapitre I La dialectique conflits-accords et les objectifs du P.C.B.T.H.A., nouvel acteur dans la région de Ouarzazate 1- La demande du P.C.B.T.H.A. d'une étude sur les conflits locaux, en particulier pastoraux Les artisans du Projet de Conservation de la Biodiversité par la Transhumance sur le versant sud du Haut Atlas central (P.C.B.T.H.A.) ont posé comme une des conditions de bonne réalisation de leur projet l'extinction des conflits, ou tout au moins la réduction des situations conflictuelles, entre les usagers des différentes parties de la région identifiées par les écologues comme des écosystèmes dont ils ont pour mission de préserver la richesse (carte 1). Et, pour démontrer la possibilité d'entretenir un système harmonieux de relations économiques et sociales, ils se sont appuyés sur les conventions, pactes, ententes qui ont naguère présidé à l'utilisation des ressources naturelles par les habitants de la région. 2- La dialectique conflits-accords Or, sans même entrer dans une réflexion théorique sur les relations de cohabitation, de voisinage, d'exploitation de ressources en commun, d'exercice d'activités dans une même branche ou au sein d'une même entreprise, et avant d'analyser les caractères des relations entre les populations qui occupent le versant sud du Haut Atlas central, un regard sur les textes du droit des activités économiques (droit des affaires, droit commercial) comme sur ceux du droit des relations sociales et politiques (droit foncier, droit international) mettent en évidence le fait que toute convention, tout accord, est conçu et passé en référence à une situation existante conflictuelle ou à une situation comportant le risque de faire naître des conflits parce qu'inégalitaire, ou concurrentielle, ou trop, ou pas assez hiérarchisée. C'est ainsi à partir de la reconnaissance de cette dialectique conflit-accord que doit être envisagée la situation des relations sociales et économiques dans la région. Aussi devons-nous, plutôt que de mener notre analyse de la situation économique et sociale dans la région en termes de conflits, c'est à dire de relations empreintes d'animosité sous toutes ses formes (mésentente, désaccord, divergences, malaise, méfiance, défensive, discorde, inimitié, réticence, fermeture, réserve, opposition, contestation, hostilité, ressentiment, rancœur, agressivité, litige), étudier les relations entretenues au sein de cette société dans leur ensemble et dans tous les caractères qu'elles peuvent revêtir (entente, confiance, accord, ouverture, amitié, entraide, au même titre que les formes de rapports antagonistes mentionnées ci-dessus). Il convient alors de donner autant d'importance à l'esprit des relations, à l'atmosphère qui règne dans chaque groupe qu'à la façon dont elles se manifestent, positions, attitudes et comportements des personnes intervenant dans tous les domaines et dans tous les secteurs de la vie de la région. 3- Le P.C.B.T.H.A., acteur nouveau dans la région, et à part entière, mais d'un type nouveau 3-1 Le P.C.B.T.H.A. va désormais avoir un statut de groupe d'intérêts dans la région Au moment où ils entament leurs activités dans la région, les promoteurs du programme de C.B.T.H.A. doivent être vigilants à se garder de dissocier leur projet de la vie de la société qu'ils abordent. Jusqu'à présent, les activités qui ont prévalu au sein de l'équipe ont visé la connaissance de la société locale et de la nature sur le versant sud du Haut Atlas central. Dorénavant, et la route en a déjà été prise, l'équipe va mener des actions qui auront des effets écologiques, économiques et sociaux. Un exemple particulièrement didactique, du fait de son caractère extrême, caricatural, des erreurs auxquelles peut entraîner une conception identitaire naïve est celui que nous a donné en 1994 un jeune homme imputant les inégalités et les contradictions de la société africaine actuelle dans son ensemble à la période coloniale et estimant avec une forte conviction que la solution aux problèmes de notre époque devait être trouvée dans un retour aux pratiques (économiques, culturelles, sociales, politiques) de la vie quotidienne de la période qui avait précédé la colonisation pour certains pays, le protectorat pour d'autres, en faisant table rase d'un siècle ou d'un demisiècle, selon les pays, ce qui, à son avis, ne pouvait être que facile et naturel, puisque ce que nous avions vécu entre temps était étranger à notre nature profonde, donc que cela n'avait pas pu nous marquer, que nous ne l'avions, "par nature", pas assimilé; nous pourrions ainsi nous donner les moyens de construire le monde qui serait le bon pour nous. Il a été difficile de lui faire comprendre que ce monde, il le concevait à partir du système de valeurs résultant de tant de siècles et millénaires d'histoire. Et qu'il avait luimême conçu son point de vue à partir de références élaborées dans le contexte de l'ordre colonial, impérialiste, fortement marqué par l'échange mondial de produits et de biens et que cette expérience avait plus fait pour lui donner des perspectives de révolte contre la discrimination, de souci de l'équité, que ne l'aurait pu un monde "pur", "intact", "authentique", autarcique. Elle ne pourra alors plus garder la neutralité de l'observateur chargé de dresser des constats sur la situation de la région. Elle doit se rendre à l'évidence qu'elle a décidé (ou tout au moins qu'elle y a été amenée par la mission qui lui a été confiée) de s'introduire dans cette société, de devenir un des acteurs de son fonctionnement. Il lui faut alors dès à présent prendre conscience du nouveau statut qu'elle va avoir dans les affaires de la région comme personne morale. Dans ces conditions, elle se doit, dès à présent, de dresser l'inventaire des domaines où elle sera impliquée et de réfléchir sur les effets des actes qu'elle devra entreprendre, elle doit prévoir les responsabilités qu'elle aura à assumer, les alliances qu'elle aura à nouer, la façon dont ses interlocuteurs l'inséreront dans leurs stratégies, les conséquences possibles du choix de privilégier telle relation et d'ignorer certaines catégories, les implications de la décision d'entreprendre telle action qui ne converge pas parfaitement avec son projet… 3-2 Le principe d'éviter les attitudes démagogiques ou illusoires Les diverses attitudes qui ont été expérimentées dans des programmes touchant au même domaine permettent d'éviter des orientations aujourd'hui reconnues comme erronées. Une voie que peut couramment adopter un novice en la matière serait de faire l'impasse sur les personnes ou les groupes hostiles à son projet ou créateurs de complications ou sur les groupes au sein desquels l'entente n'est pas assez grande, ou les situations pas suffisamment claires. Il est évident que cela ne constitue qu'un atermoiement. Les adversaires du programme ou les facteurs qui lui sont défavorables ne vont pas disparaître du simple fait qu'on les aura ignorés. Ils vont se manifester à un moment où régnera l'illusion que l'objectif a été atteint. On peut, au contraire, être tenté de n'éliminer personne d'un projet commun convivial, communautaire, en considérant que si les interlocuteurs ne s'entendent pas, cela est conjoncturel, dû à des perturbations temporaires ou, tout au moins, émanant de facteurs extérieurs à ce qui doit être considéré comme une communauté dont l'harmonie est l'essence et dont la cohésion demande à être réhabilitée. Dans ce cas, comme dans le premier, les artisans locaux de projets concurrents et, à plus long terme, antagonistes, dans la mesure où il s'agit d'un programme de protection de la nature, continueront à poursuivre leurs objectifs. Et des conflits liés à cette concurrence entraveront tôt ou tard le déroulement du programme. La validité du projet de réaliser de front ces objectifs contradictoires pourrait être étudiée, à la lumière des travaux théoriques sur le développement local, régional et national et d'une revue des résultats des programmes mis en œuvre ces dernières années au Maroc, au cours d'un séminaire auquel l'équipe du P.C.B.T.H.A. inviterait des chercheurs et des praticiens et où les évaluations pratiques tiendraient une place importante. Une variante de cette attitude, encore plus habituelle dans la conduite des programmes d'intervention sur les formes d'exploitation de la nature, est le choix de chercher à réaliser de front trois objectifs, protection de la nature, intensification de la croissance économique locale, amélioration et égalisation des conditions de vie de la population. Le risque est ici celui de décevoir tous les courants et toutes les catégories impliquées dans l'entreprise et, ainsi, de créer au sein des populations aussi bien qu'entre elles et les organismes d'intervention des conflits; avec le risque supplémentaire que ces derniers soient mis à profit et aggravés pour satisfaire des visées de politique locale; et que cette atmosphère menace la réalisation du projet de C.B.T.H.A.. Nous étudierons au chapitre III les implications écologiques, techniques, sociales et économiques des objectifs du P.C.B.T.H.A. concernant chacun des éléments de la nature. La recherche de situations de bonne entente entre tous les membres de la population de la région pour pouvoir mettre en œuvre est, elle aussi, un objectif illusoire, voire erroné. En effet, nous verrons qu'un consensus des habitants sur une pratique ou un projet contraire à celui d'un programme de conservation de la nature, en particulier sur une exploitation intensive de la nature, peut constituer un obstacle fondamental à la réalisation de ce dernier. 3-3 Le projet de l'équipe est antagoniste de ceux de la majorité des habitants Il est dès à présent clair que les membres de l'équipe du P.C.B.T.H.A. doivent garder un fil conducteur: le programme qu'ils doivent mener à bien a un objectif propre, particulier, pas forcément en accord, et même en contradiction, avec ceux des habitants qui se sentent attachés à cette terre par des liens privilégiés, dont ils défendent la légitimité. La mission de donner la première place à la réalisation de cet objectif de conservation de la diversité biologique par l'encouragement de l'élevage mobile ne sera ainsi, à travers les multiples attitudes de divers partenaires, pas facile à remplir. C'est pour cela qu'il n'est pas superflu de donner de l'importance, parmi les tâches de l'équipe, à la mise au point d'une stratégie d'implantation locale. Les fondements de cette stratégie, qui seront examinés aux chapitres III et IV, sont de trois ordres. Le premier est l'identification des personnes et des catégories de personnes susceptibles de partager les intérêts du P.C.B.T.H.A. et de celles qui y sont hostiles. Vient ensuite la détection des discussions, des désaccords, des conflits qui seraient porteurs de débats permettant le développement de courants favorables à son projet, des conflits qui risqueraient de le faire échouer, ou au moins de l'entraver et de retarder sa réalisation. des enjeux écologiques, mais aussi sociaux, économiques et politiques de l'échec, ou de la réussite, de son projet, de la mesure dans laquelle la réduction d'un conflit par un compromis risquerait de ne le résoudre qu'en apparence, lui conservant, ou lui donnant, un caractère latent et chronique. Le travail préparatoire à cette action est la caractérisation des relations régnant au sein de la société locale et des objets physiques et moraux autour desquels se nouent ces relations. Le chapitre II entame cette analyse en insistant sur la méthode mise en pratique. 4- Les préoccupations du P.C.B.T.H.A. concernent l'avenir proche Les orientations que donnera l'équipe à son statut et à ses positions en tant que partie en présence parmi les acteurs locaux ont d'autant plus d'importance que ses actions pendant les sept ans de son mandat ont pour objectif de préparer la population à prendre sa relève dans le souci de faire de la région un foyer de conservation de la diversité biologique. Ceci prouve, si besoin en est encore, que la question n'est donc pas pour elle d'éviter les conflits dans l'absolu, comme une forme de relations négative, mais, en premier lieu, de vérifier que son projet aura des effets bénéfiques aussi bien sur la nature que sur la société et, une fois assurée de la validité de ses objectifs particuliers et de leur cohérence avec son objectif de principe, de gagner à ses intérêts les personnes qu'elle aura identifiées comme ayant, de proche en proche, de l'influence sur ceux qu'elles côtoient quotidiennement. Mais elle le fera en connaissance de cause, en mesurant jusqu'à quel point cette influence passera par des affrontements entre groupes de divers ordres, par des conflits entre générations, entre catégories professionnelles, ou autres. Nous verrons au cours de ce tableau de la situation et des perspectives de l'équipe que les populations ont déjà compris le rôle stimulant de ces débats contradictoires. Mais elles ne lui ont, jusqu'à nouvel ordre, pas donné la dimension de nouveaux conflits. Dans ces conditions, la connaissance et la compréhension de la situation présente et, plus encore, des situations passées, ne doit constituer pour l'équipe du P.C.B.T.H.A. qu'un outil de prévision des perspectives à moyen terme des relations qu'entretiendront les membres de la société locale entre eux et avec les organismes et sociétés extérieurs, en particulier avec le P.C.B.T.H.A. pendant la période de cinq à six ans au cours de laquelle il mènera des actions en son sein. Elle doit notamment faire un diagnostic prévisionnel sur l'impact que pourrait avoir l'encouragement de l'élevage mobile dans la région. Quelle place économique et technique et quel rôle politique vont lui donner les uns et les autres dans leurs stratégies? Quelles catégories sociales nouvelles s'en trouveront formées? Quelles seront les conséquences du mouvement sur les relations avec d'autres régions? A quel point et sous quelle forme se créeront des convergences et des divergences entre la conception du P.C.B.T.H.A. du lien entre la conservation de la diversité biologique et la mobilité de l'élevage et celle des éleveurs? Au sein de quels groupes pourront s'engager des débats sur le bien fondé de la question, et notamment de la protection et de la conservation de la diversité biologique? Quelles catégories de la population adopteront quelles positions là dessus? Quels conflits risquent, au cours du travail de mise en route du programme de conservation de la diversité biologique, de se développer, de tomber en désuétude, de passer par des crises, lesquels risquent de naître? Tout cela demande que l'équipe cherche à prévoir le plus précisément possible quelles catégories de la population sont susceptibles de tirer profit du programme, lesquelles seront lésées par cette entreprise et quels nouveaux rapports économiques et sociaux en résulteront. 5- L'entrée du P.C.B.T.H.A. dans la région est porteuse de conflits Avant même d'entrer plus avant dans cette analyse, il est évident que cette perspective va impliquer l'équipe dans des conflits avec les habitants. Elle sait déjà qu'elle doit s'attendre à la recrudescence de conflits, aujourd'hui latents, qui mettront en scène, d'une part, les courants dont les intérêts peuvent converger, pour une durée plus ou moins longue, avec les siens, d'autre part, ceux qui vont s'y opposer, pour des raisons que nous analyserons au chapitre III. Mais d'autres conflits, nouveaux dans la région, apparentés aux tensions contre l'Administration et contre divers organismes extérieurs, risquent de mobiliser les populations contre ses initiatives. Nous examinerons, dans le même chapitre, les situations auxquelles l'équipe aura à faire face, à la lumière de l'expérience d'autres programmes où les objectifs d'organismes extérieurs à une région, notamment publics, sont entrés en conflit avec ceux des communautés des lieux touchés. Chapitre II Les objets de contrats et d'associations dans la région, relations sociales, ententes, conflits Les personnes vivant en un même lieu, formant un même foyer ou des foyers voisins, les personnes utilisant une ressource en commun, ou exerçant une activité qui crée entre eux des liens, au sein d'un même établissement ou dans un même secteur, ou dans des secteurs complémentaires, organisent leurs relations selon les termes de contrats explicites, écrits ou oraux, ou de contrats tacites. Ces accords, ententes, modus vivendi, fixent les règles tacites ou explicites de civilité, de respect de l'espace, de la personne, de l'autonomie des mouvements, ou de la liberté d'entreprise des autres, en prévoyant en particulier les modalités de gestion des comportements abusifs. Les termes qbila et communauté, qui ont tous les deux le sens de groupe tirant sa cohérent d'une vie quotidienne, de références historiques, d'intérêts, d'un projet, communs, sont employés indifféremment au cours de ce texte. Les communautés de vie quotidienne et les agglomérations, ighrem, qsar, douar, selon les lieux et les interlocuteurs, sont désignés comme villages. Pour se doter de la connaissance de la société locale qui lui permettra de préparer sa stratégie de réalisation de l'insertion comme acteur nouveau dans la région, l'équipe du P.C.B.T.H.A. doit analyser les objets, conditions d'établissement, circonstances, contextes, d'une part des relations tissées au sein des familles et dans les communautés villageoises et, d'autre part, des relations qu'entretiennent des personnes dans le cadre de leurs activités hors de l'espace domestique et villageois. Dans le premier cas, l'espace et le monde social dans lesquels se déroulent les relations sont balisés par des repères et des normes forgés, ancrés, consolidés par la promiscuité et par la répétition quotidienne de gestes et de rencontres Dans ce contexte, chacun sait, au moment où il s'engage dans une entreprise, quelles sont les limites qu'il ne peut pas dépasser ou qu'il peut se fixer, en fonction de son statut dans les rapports de force. Ces relations sont celles qui lient les membres d'un foyer, les membres d'une parentèle, les voisins d'un quartier, les usagers d'un point d'eau d'irrigation ou de boisson, ou d'un équipement aménagé par une entreprise commerciale ou communautaire. Dans le deuxième cas, chacun se trouve partir à la conquête d'un monde ouvert où il expérimente les réactions d'autrui à ses initiatives, où il va à la découverte des normes de personnes dont il ne peut braver les oppositions qu'à partir d'expérimentations empiriques. Cela lui donne moins d'assurance, mais, en même temps, sur les terres où la densité du peuplement est faible, plus de témérité, dans la mesure où il a un sentiment de priorité d'occupation. Les relations qu'impliquent les activités et les projets qui s'inscrivent dans cet espace vaste, perçu spontanément et inconsciemment comme illimité, départ hors de la région à la recherche d'un travail rémunérateur, creusement de puits, construction d'abris, installation sur un pâturage qu'on n'a jamais fréquenté auparavant, pour une durée plus ou moins longue, sont celles qui intéressent le plus directement le P.C.B.T.H.A.. 1- Relations sociales, ententes et conflits dans les communautés de vie quotidienne 1-1 Les relations familiales sont bonnes 1-1-1 L'atmosphère des relations familiales est plus harmonieuse que dans d'autres régions Les discussions menées au cours de cette étude confirment les conclusions des travaux sur les sa voirs locaux. Peu de conflits familiaux sont exprimés, et même décelables aussi bien à travers les propos qui nous ont été tenus que dans les attitudes de nos interlocuteurs vis à vis de leurs proches. On peut expliquer ce maintien de bonnes relations, faites d'entente, de coopération, de connivence, entre générations et au sein des ifratries, par la permanence d'une organisation familiale fondée sur la convergence d'intérêts, en unités structurées autour de la complémentarité et de la solidarité financière, économique et sociale prenant la forme d'une dispersion physique, géographique systématique. Cette répartition des foyers constituant une famille entre plusieurs sites de résidence plus ou moins éloignés les uns des autres a pour objectif premier la diversification des opportunités de constitution de revenus. En même temps, elle évite les frictions suscitées, à plus ou moins long terme, par la promiscuité. Par ailleurs, la relative modestie des activités agricoles et pastorales locales, le caractère artisanal des métiers exercés hors de la région et le besoin de fonds d'investissements et de roulement des initiatives prises dans ces deux secteurs rendent nécessaire la conservation de liens familiaux solides entre membres de familles qui semblent relativement moins s'intégrer dans leurs lieux d'immigration que celles originaires d'autres régions. Des émigrés achètent de la terre dans le bas Dades et y installent un membre de leur famille sur des cultures intensives et valorisées. Des jeunes de familles démunies migrent eux aussi vers cette vallée où ils s'engagent comme métayers. Dans les deux cas, les échanges et la complémentarité avec le noyau central de la famille sont conservés. Nous avons choisi d'utiliser au cours de cette étude le nom Imgoun, après avoir constaté que c'était la forme la plus courante dans la région, même si son arabisation en Mgouna est passée dans la langage de certains nos interlocuteurs eux-mêmes. D'autres préfèrent investir dans l'élevage. Les artisans de la haute montagne, Ait Toummert, Ait Zekri, Imgoun, qui travaillent comme puisatiers, plâtriers, maîtres maçons, placent dans l'achat d'animaux l'épargne qu'ils accumulent hors de la région. Les troupeaux ainsi constitués sont confiés à des hommes qui n'émigrent pas et sont employés comme bergers salariés. Seuls quelques émigrés en Europe ont pris leurs distances par rapport à leurs familles restées dans la région. Ils l'ont fait notamment en sortant de l'indivision familiale. Les frères restés sur place invoquent pour expliquer et justifier ces ruptures la prudence entre parties d'une famille entre lesquelles les liens se sont relâchés. Cette situation ne contredit la précédente. Elle constitue simplement une variante d'une forme de relations fortes qui reste dominante. Reste à savoir si la tendance est au maintien de la structure en unités larges fortement unies ou à la distension des liens. Nous verrons plus loin que cette question a de l'importance pour l'équipe du P.C.B.T.H.A.. Les relations entre les familles installées au Saghro et leurs parents, frères, fils, pères, cousins, restés au village d'origine sont plus ambiguës. Elles méritent, elles aussi, un intérêt particulier de la part de l'Unité de Gestion du Projet. Ces cultivateurs poursuivent un mouvement récent d'implantation sur des terres naguère consacrées exclusivement au pâturage, donc d'intensification de l'exploitation de ces sols. De plus, ils vont être, selon les conditions, appelés à influer sur l'équilibre du niveau des aquifères, vers un enrichissement ou vers la faillite de leur famille et, au-delà, de la région. C'est donc de l'orientation que sont en train de prendre leurs relations avec le noyau familial qu'ils ont quitté que va dépendre en grande partie la réussite des actions et la liberté de mouvement de l'équipe du P.C.B.T.H.A. en chacune des parties de la région. Beaucoup de ces agriculteurs sont originaires de Sidi Flah et du bas Dades. Certaines ont même créé un écart de leur exploitation agricole tout en continuant à résider dans l'habitation familiale au qsar (dans la région des basses terres, le village est nommé qsar et non ighrem comme dans la montagne). Ils poursuivent donc sans altération la même vie quotidienne. Les perspectives que se tracent d'autres fondateurs de ces nouvelles unités semblent être de l'ordre de l'individualisation. Le relâchement des relations entre ces nouveaux cultivateurs et les villageois de la montagne n'implique toutefois pas, jusqu'à nouvel ordre, d'hostilité, ni même d'antagonisme, autour de l'utilisation des ressources. Nous en reparlerons à propos du droit d'accès aux pâturages et de la consistance des territoires appartenant aux différents groupes. 1-1-2 Les relations entre copropriétaires indivis sont moins conflictuelles que dans d'autres milieux Des contestations entre cohéritiers et copropriétaires ont très rarement été signalées au cours des discussions et sont quasi inexistantes dans les dossiers de litiges. Cela vaut pour toutes les formes de propriété familiale entre frères, cousins, oncles et neveux, aussi bien pour ceux qui ont conservé dans l'indivision les biens hérités que pour ceux qui sont associés pour la constitution d'un patrimoine commun. La propriété familiale concerne tous les moyens de production, parcelles irriguées, animaux, grottes, abris pastoraux… 1-2 Les objets d'ententes et de conflits dans les communautés villageoises 1-2-1 Les eaux d'irrigation Les terrains situés au cœur des vallées, à part celle du moyen et du haut Dades (voir § 1-2-5), intéressent l'investissement productif et gardent leur place économique et sociale de parcelles agricoles. L'irrigation par les eaux superficielles, la construction de barrages de dérivation fusibles (iggougan, pluriel de oggoug), le prolongement des targa (saguia, canaux d'irrigation) restent la raison de conflits et de crises entre villageois. A côté des querelles quotidiennes entre individus à propos du tour d'eau, courantes, comme partout ailleurs, d'autres mésententes agitent des groupes de personnes. Dans beaucoup de cas, les questions sont posées en termes de plaintes de communautés contre des voisins qui irriguent à partir de barrages montés en amont des leurs et des protestations de ces derniers au nom de la liberté d'investissement sur leurs biens. Parmi ces conflits, tous assez anciens, comme nous venons de le voir, les uns semblent définitivement éteints, tandis que d'autres se poursuivent avec autant de vivacité. Nous analyserons les facteurs de cette différence d'évolution à propos de l'examen des perspectives de l'occupation de la région (chapitre IV). Le souvenir du litige qui a suscité, en 1948, des batailles sanglantes entre les Ait Toummert et les Ait Hmad du Rbat des Haddadine ne se retrouve plus que dans les archives de l'Administration. C'est plus la mention d'aspirations au défrichement de nouvelles terres qui émaillent aujourd'hui les discussions menées dans ces groupes. Le vieux différend entre Amejgag et le village d'aval d'Alemdoun, que des témoins font remonter aux années 1980 mais qui est signalé comme beaucoup plus ancien par leurs habitants, datant selon eux de la veille ou, au moins du début du XXème siècle, durait toujours à la veille de 2000. Celui qui oppose les Ait Zekri et les Aarab d'une part, les Ait Ouitfao d'autre part, à Sidi Flah, est récurrent et passe fréquemment devant les tribunaux depuis la fin des années 1970. Ou alors, ce sont des problèmes entre habitants d'un même village, usagers d'une même dérivation, qui sont mis en avant. A travers tout le versant du Haut Atlas, aussi bien chez les Ait Zekri de la montagne et du piémont, que chez les Imgoun, et, surtout, chez les Imeghran de Toundout, des cultivateurs mettent à profit les conditions d'une année assez pluvieuse, où les débits sont forts et les terres inondées plus étendues, pour planter des terres situées en contre bas de la limite aval des quartiers de cultures irriguées. Quand, au cours d'années sèches ultérieures, les exploitants des parcelles irriguées à partir du même point d'eau leur demandent de retourner à l'ordre conçu pour gérer des ressources plus faibles, ils arguent, sur le mode moral du respect du vivant, de l'atteinte à l'intégrité d'arbres en pleine croissance que constituerait l'exclusion du tour d'eau de ces nouvelles parcelles. Cette pratique, généralisée à toute la région et récurrente, semble traditionnelle et n'a visiblement, d'après l'absence de creusement de puits ailleurs qu'en plaine steppe, pas connu d'innovation technique récente. A Ghassat, elle est déclarée abandonnée; chacun, dit on, ne peut plus intensifier que sur son melk, depuis que s'est perdu la solidarité, l'esprit d'entraide, d'échange de bons procédés entre villageois qui permettait aux uns et aux autres de défricher des terres collectives du pourtour des quartiers irrigués. Cette intensification de l'exploitation des ressources n'est pourtant pas partout à l'origine de conflits ou de litiges. 1-2-2 La surveillance des vergers Dans tous les villages, un homme est chargé, pendant la période précédant la récolte, de surveiller les fruits sont déjà mûrs contre les vols. Cette responsabilité semble ne susciter de contestation ni sur la façon de la mener ni sur les personnes qui l'exercent. Nous verrons plus loin (§ 2-1) que dans d'autres groupes, notamment des Ait Sedrate, cette institution est en train d'évoluer dans le sens d'une une confusion avec la protection des ligneux spontanés qui peut induire en erreur un interlocuteur extérieur à la région. 1-2-3 L'eau potable Un nombre croissant de villages de toutes les vallées sont en train d'être équipés de châteaux d'eau et de réseaux d'adduction d'eau aux maisons ou à des bornes fontaines réparties entre les quartiers. Jusqu'à présent peu de problèmes sont posés par les populations à ce propos. Nous en citerons un plus bas (§ 1-2-4). L'équipe du P.C.B.T.H.A. doit, toutefois, être attentive à suivre les éventuels liens qui peuvent exister entre la progression de ce nouvel équipement et les inquiétudes sur la tendance à la baisse de la disponibilité d'eau exprimées par de nombreux agriculteurs. C'est au sujet de la maîtrise de la dynamique de la nature dont doit se doter l'équipe du P.C.B.T.H.A. (chapitres IV) que nous analyserons la question de l'éventualité d'un déséquilibre rapide et massif à partir d'un niveau de desserte qu'il ne faut pas négliger de prévoir. Ce risque de rupture du cycle de l'eau pourrait être prévenu par une réforme de l'organisation du droit et de la distribution de l'eau incluant une part pour la consommation d'eau potable dans le tour actuel. 1-2-4 Les équipements socio-économiques (eau potable, électricité, école, voies d'accès…) A priori, l'équipement des villages en éléments de confort et en établissements sociaux fait partie des interventions favorables à l'instauration de bonnes relations entre un organisme ayant mission de protéger la nature et les populations qu'il vise. De plus, il nécessite une organisation des membres d'une communauté de façon à ce que règne entre eux une bonne entente. Avant la création d'associations d'usagers d'eau potables, déjà, dans de nombreux villages de toute la région, de Ghassat à Boulman et jusqu'aux villages d'altitude des Imgoun, des chefs de familles se sont groupés par quatre ou cinq pour s'équiper en commun de générateurs d'électricité dont ils gèrent collégialement l'usage et l'entretien. De telles entreprises peuvent toutefois avoir deux conséquences dont les effets possibles sur l'état de la nature doivent susciter la vigilance de l'équipe du P.C.B.T.H.A.. Les risques de conflits liés aux campagnes d'équipement sont évidents. Des marques en sont visibles dans la région. Ainsi, une inimitié est en train de se cristalliser dans les villages des Imgoun qui n'ont pas été inclus dans la tranche en cours du programme d'électrification contre ceux dont le rattachement au réseau est en voie de réalisation. Dans le même ordre d'idées, mais de façon qui touche directement le statut des ressources naturelles, un représentant d'Assaghmou (Ait Ougrour) s'est plaint, fin 2002, que les habitants de Imi N Ouassif avaient commis un abus de bien au moment de l'équipement de leur village en eau potable. Il dit qu'ils ont désigné une source qui appartient au douar Assaghmou par le nom d'une autre source qui appartient à une famille originaire d'Assaghmou installée à Imi N Ouassif. Au cours d'une discussion engagée avec le chikh d'Imi N Ouassif sans lui faire part de cette animosité, a été recueillie une version du choix du point d'eau anodine et sans mention de divergence avec le douar voisin, selon laquelle la source à partir de laquelle a été mobilisée l'eau est bien celle dont le nom a été inscrit officiellement. 1-2-5 Les constructions à usage commercial Sur les terrains situés le long de la route qui suit la moyenne et haute section de la vallée du Dades et, secondairement, de l'Assif Mgoun, les émigrés construisent des grandes maisons indépendantes d'architecture moderne conventionnelle. Mais ces sites ont surtout une valeur plus commerciale qu'agricole. Ils intéressent les villageois entreprenants qui y installent des établissements commerciaux de tourisme et de communication, cafés, bazars, auberges, restaurants, téléboutiques. Nous examinerons à propos du statut des institutions de gestion des affaires locales les formalités réglementaires et les procédures suivies par les personnes qui ont l'intention de bâtir. Présentons d'abord les enjeux que représentent, avec les projets de construction des blocs qui constituent les centres des villages où sont installés les sièges des Communes rurales, où sont ouverts des commerces de détail de distribution de produits d'approvisionnement des populations locales, boucheries, épiceries, ces installations sur le bord des routes à forte circulation. Elles sont l'objet de conflits plus âpres que les parcelles dominées par les canaux d'irrigation, dénonciations, conflits, rancœurs, vendettas, oppositions organisées, mais, nous le verrons, jamais de destruction. Le statut de ces bordures des quartiers cultivés et construit est collectif. Les enclaves réputées melk ne sont pas délimitées sur la carte au 1/100000 de délimitation administrative des terres collectives. Ainsi, le statut des terres reste souple. La melkisation se fait par aménagement ou par occupation paisible pendant dix ans, mais cela reste du domaine de la coutume, sans être fondé sur des clauses du code foncier. Une telle situation peut jeter le trouble dans l'esprit des agents de l'Administration, qui raisonnent selon un système univoque, et les mène à s'élever contre le manque de rigueur, de cohérence, de l'application de la loi. Cette souplesse implique en fait l'acceptation par chacun du risque de voir son occupation contestée par n'importe quel membre de sa communauté avec, en contrepartie, la possibilité, à laquelle doivent, comme lui, s'attendre tous les autres, de contester l'occupation de n'importe quel lieu par n'importe quel membre de sa communauté selon la conjoncture des rapports de forces. Les arguments de légitimation des prétentions des uns et des autres sont adaptés aux opportunités. Ainsi, beaucoup d'hommes, au moment où ils rentrent d'émigration, portent plainte pour occupation, pendant leur absence, de parcelles qu'ils affirment avoir été accordées auparavant par la communauté à leurs pères ou à eux-mêmes. Au douar Ait Messaoud du moyen Dades, en 2001, une personne qui avait commencé la construction d'une maison s'est vu opposer l'argument qu'elle l'avait fait sur un terrain inondable, impropre à la construction et que l'autorisation d'occuper ce site, qu'elle avait reçu, en 1977, était illégale. Non seulement cette contestation ne repose, malgré sa fermeté, sur aucun texte législatif ou réglementaire, mais elle met en cause la légitimité des décisions des institutions locales, vis à vis de qui elle semble constituer le règlement d'une rivalité. Comme d'autres personnes, notamment de Tinghir, qui ont pris des initiatives du même type, M. Z. de Tamelelt s'est vu dénier le droit de construire un café-bazar dans le village voisin de Imzoudar qui invoquaient comme raison qu'il avait choisi de s'installer sur un site d'intérêt touristique. De plus, un autre motif du dépôt de cette plainte a été la réputation de la famille de M. Z. de mal se comporter au sein de la société. Des habitants du douar Ait Meloulen des Ait Mouted ont justifié leur contestation du droit de familles de construire des maisons par l'argument, que venant de Zagora, elles étaient étrangères et non originaires de la communauté. De la même façon, les plaignants, ou ceux qui font une demande d'autorisation d'individualisation de l'usage d'une parcelle ou invoquent un appui, ou demandent leur intercession, ou adressent leur requête au membre du Conseil de la Commune rurale qui y représente leur communauté, ou au naib des terres collectives, ou au chikh, ou à l'Autorité locale, ou à l'Autorité provinciale, selon les circonstances. 1-2-6 Les institutions de gestion et de développement L'observation des relations qui règnent au sein de nombreuses communautés de la région met en évidence les perturbations issues de l'introduction d'institutions de gestion et de développement des affaires économiques et sociales. Contentons-nous ici d'énumérer ces organismes. Nous analyserons à propos du rôle des institutions (chapitre III) les effets de leur constitution sur les relations sociales. 1-2-6-1 Les A.U.E.A. Le cas des Associations d'Utilisateurs de l'Eau d'Irrigation (A.U.E.A.), constituées dans des villages, surtout d'Imeghran (il y en a 51 dans la qiada de Toundout), qui occupent la partie ouest de la région illustre particulièrement ce type de problème. Ces organismes de gestion ont été mis en œuvre par des organisations d'aide au développement. La plupart d'entre elles sont déclarées n'avoir apporté aucun changement au mode de gestion de la distribution d'eau agricole. Parmi celles qui sont considérées comme actives, un grand nombre ont été à l'origine de conflits entre irriguants. "L'organisation de l'eau est orfia (coutumière) et on lui a plaqué le nom d'A.U.E.A.", disent les agents des institutions étatiques et représentatives de Toundout. Ainsi, les membres d'Illigh N Targa, village d'Ait Ouitfao sont divisés par des désaccords, suffisamment notables pour que des plaintes aient été portées à la qiada, à propos de l'utilisation des eaux d'irrigation, de l'eau potable et des terres collectives. Les tensions y sont devenues graves à partir de la création de l'A.U.E.A.. Auparavant, la distribution de l'eau d'irrigation se faisait "selon l`orf", la réglementation locale fondée sur le droit à l'usage et sur la mesure de la part revenant par héritage à chacun en même temps que sur l'obligation pour tous de participer aux travaux d'entretien de l'ouvrage de mobilisation de l'eau, physiquement (personnellement ou par procuration, en envoyant un remplaçant bénévole ou salarié). Au cours de la réunion constitutive de l'A.U.E.A, tenue à la mosquée, a été formée une Commission Administrative. Ce bureau a commencé ses fonctions en organisant le tour d'eau et en statuant sur le montant de la cotisation due par chacun des irriguants, membre de l'association. La contestation est venue de quinze à dix-neuf personnes (sur cent quarante irriguants, a-t-on répondu à notre question). Ayant refusé d'entrer dans l'association, elles se sont alors vu interdire l'accès à l'eau d'irrigation, malgré leur statut, jusqu'à nouvel ordre reconnu consensuellement, de membres de la communauté et, de ce fait, d'ayants droit à une part d'eau à usage agricole (renforcé par la soumission du droit d'user de l'eau d'irrigation à la descendance d'un des hommes qui ont aménagé le réseau de sa mobilisation et à l'entretien régulier des ouvrages). 1-2-6-2 Les associations de développement local, la gestion du bois de fruitiers On doit envisager dans le même esprit les associations de développement local (150 dans la qiada de Toundout), les associations professionnelles, en train de se créer partout à travers la région, comme dans tout le Maroc, et l'institution chargée de la protection du bois de fruitiers, récemment instaurée dans de nombreux villages des Ait Sedrate (voir § 2-1). Elles n'ont jusqu'à présent été à l'origine d'aucun conflit, et elles n'en soulèveront peut être jamais, mais elles n'assurent pas le rôle qu'en attendent les services qui ont encouragé leur création. 2- Les ressources naturelles 2-1 Le bois et les ligneux bas 2-1-1 La position du P.C.B.T.H.A. Traditionnellement, les familles s'approvisionnent en bois en coupant les ligneux bas qui couvrent la moyenne montagne et le piémont. Les réserves de combustible constituées pour au moins une année sont déposées autour de toutes les maisons ou sur des aires en bordure des villages. Jusqu'à ces dernières années, cette activité n'a fait l'objet d'aucune curiosité ni d'aucun commentaire, à part les mesures effectuées par Kassambara (1984) et par M. Koyta (1994) chez les Ait Zekri. Cette relative indifférence a duré jusqu'à la veille des années 2000 et au lancement du C.B.T.H.A.. Ayant fait dès les débuts de leurs travaux un constat de pauvreté générale du couvert de ligneux dans la région et de tendance au déséquilibre entre prélèvement et régénération, ses promoteurs ont inscrit parmi leurs priorités la lutte contre les prélèvements de bois. Une de leurs premières actions a été l'organisation de sessions de sensibilisation aux dommages que cause l'exploitation du bois pour des usages domestiques. Ces actions ont été dirigées vers les femmes, du fait que c'est elles qui, chargées des travaux domestiques, collectent et utilisent directement, physiquement, le bois. 2-1-2 Les points de vue des habitants et ce qu'ils révèlent sur les relations sociales Au fur et à mesure que la compréhension des objectifs de l'équipe prend forme dans les esprits des populations locales, des personnes se construisent des opinions sur l'exploitation du bois et s'aventurent à faire des commentaires dessus. Un mouvement de contrôle des prélèvements a même commencé à s'organiser au sein de communautés villageoises. C'est essentiellement dans la vallée du Dades que de telles organisations ont été créées. Chez les Ait Moutted, elles sont présentées sans les distinguer clairement de la charge de gardien des vergers, dite amghit. Le vol de fruits comme la coupe de bois vert sont punis par des amendes de 50, 00Dh ou de 10,00Dh selon qu'ils ont été commis par des adultes ou par des enfants. Tous les villages en sont dotés, sauf Aghroud, où, nous dit-on, il n'y a pas de vols, en répondant à notre question que cela tient à ce que c'est le seul village de la mchikha où ne sont pas installés des étrangers, Ait Sedrate, Imgoun. Chez les Ait Idir, Le ton de l'inquiétude pour l'équilibre écologique se retrouve chez des villageois de toutes les parties de la région, qui non seulement disent estimer que ces coupes dégradent la nature, mais les présentent comme démesurée. D'après les personnes rencontrées partout, des réserves de bois sont en effet constituées pour trois, quatre, six, sept, trente ans, selon les déclarations. Cependant, chacun s'empresse de préciser que ces abus n'existent pas chez lui, qu'ils sont attestés dans d'autres régions, ou dans d'autres villages, dans d'autres quartiers du village, dans d'autres familles, de statut plus bas, moins conscientes. Soulignons que ces variantes ne sont pas le cas d'interlocuteurs différents: ce sont les mêmes personnes qui, au fur et à mesure que l'invraisemblance de leurs dires est mise en évidence, apportent des restrictions au tableau qu'ils dressent. Dans un cadre plus général, des représentants des Imeghran déclarent que les éleveurs se plaignent que les sédentaires coupent les ligneux bas dont ils ont besoin comme pâturage pour leurs animaux et manifestent leur souhait que des mesures soient prises pour les en empêcher. Ils ajoutent alors, en liant leurs propos selon un enchaînement logique, que ce sont femmes qui coupent le bois, qu'en fait, elles continuent à le faire parce que c'est pour elles l'occasion de sortir de leurs maisons, que ce sont leurs attitudes sociales qui sont à l'origine des déprédations. Au commentaire que ne pouvaient manquer pas d'appeler de telles positions ("Mais pourquoi le coupent elles? Qui bénéficie de cette activité? Elles ou la famille?"), ils ont répondu par des rires gênés ou fuyants, puis ont marqué du désintérêt pour le sujet, dans une réaction courante dans les discussions informelles, à partir du moment une partie des interlocuteurs ne va pas vers la facilité de médire d'un groupe, de trouver un bouc émissaire générique à une situation jugée pénible. De plus, ils contredisent leur démonstration en exprimant incidemment, sans lui donner le relief d'un argument de débat, un point de vue traditionaliste de justification de l'emploi du bois: "Les mets cuisinés au feu de bois sont meilleurs que ceux cuits au gaz…". D'après eux, la solution qui permettra de réaliser le programme de protection de la nature est la construction de foyers féminins qui seraient équipés de matériel de travaux manuels, de façon à leur donner des loisirs de substitution à la coupe du bois, et où seraient organisés pour elles des cours d'alphabétisation qui les aideraient à assimiler et à diffuser les principes du programme. 2-1-3 Les faits Dans les faits, la conscience de l'équilibre entre exploitation et régénération du bois est inégale. 2-1-3-1 La coupe de ligneux au sein des villages Au sein des villages, c'est le bois de taille des fruitiers, principalement des amandiers, et d'élagage des essences ripicoles, essentiellement représentées par le peuplier, qui fait l'objet de l'attention de cette vigilance nouvelle. Nous avons vu qu'elle se traduit par la création d'une institution communautaire de contrôle des prélèvements de bois. 2-1-3-2 La coupe de ligneux sur les pâturages L'intérêt des populations de la région pour les ligneux qui couvrent les terres de pâturage apparaît dans l'accord passé en 1957 (reconduit en 1968) entre les Ait Sedrate et les Imgoun sur les conditions d'accès de ces derniers aux pâturages des parties du Saghro reconnues comme propriété des Ait Sedrate depuis le début du XXème siècle par les textes établis par les instances administratives et admis par les groupes voisins sans réserve (voir § 5). Des clauses de ces ententes font interdiction aux éleveurs des deux groupes de couper du bois vert sur ces quartiers et n'autorisent les Imgoun à prélever que du bois mort et uniquement pour leur usage immédiat pendant leur séjour sur les pâturages et à couper des branches de laurier sans arriver à des excès (dont le seuil n'est pas précisé) qui les exposeraient à des sanctions pénales. De plus, ils n'ont pas le droit de fabriquer ou de vendre du charbon. Les Ait Toukhsine de la haute montagne ont invoqué une protestation contre des coupes abusives d'alfa sur leurs terres par des femmes Ait Aatta voisins comme origine d'un conflit plus général qui a conduit pendant quelques années à l'interruption de la fréquentation mutuelle des pâturages entre les deux groupes. Les familles d'éleveurs rencontrées au cours des études menées entre 2001 et début 2003 déclarent que le conflit est aujourd'hui éteint. Or, fin 2002, les responsables de la qiada de Boumaln ont été informés que des gens de Msemrir, dont les terres portent une végétation pauvre, venaient sur les terres des Ait Toukhsine couper de l'alfa qu'ils chargeaient sur des mulets. Ainsi, le retour de relations calmes n'a pour source ni l'arrêt des activités contestées ni la diminution du mécontentement des personnes touchées. D'une part, il est attesté, ou du moins les Ait Toukhsine considèrent, que les Ait Aatta continuent à s'approvisionner en alfa sur leurs terres. D'autre part, ils ne le constatent pas avec résignation mais le font savoir et s'en plaignent à l'Autorité locale. Dans les groupes de l'Ouest, chez les Imeghran, des querelles éclatent à propos de la coupe de ligneux dans les agdal, mais elles sont estimées par les responsables de l'Administration comme sans gravité et n'ont pas été signalées par les personnes avec lesquelles nous avons discuté au cours de la présente étude. 2-1-3-3 Le statut des ligneux des massifs forestiers et de la nappe d'alfa Ce n'est qu'au cours des deux dernières décennies que l'Administration des eaux et Forêts a entrepris de délimiter les quelques massifs forestiers qui subsistent dans la région pour les intégrer au domaine de l'Etat. La délimitation provisoire a touché Aghoulid N Ichebbaken en 1980, Taghia N Ait Zaghar en 1981, Qalaat Imgoun en 1982, Igarnan en 1983, Ait Youb en 1984, Amejgag en 1994 et, enfin, la formation à alfa et genévrier située entre la mine de Tiouit, proche d'Iknioun, et Boumaln, dans le Saghro en 1998. Dans le dernier cas, les collectivités, Ait Atta de Zagora et de Boumaln. Sur toutes les autres surfaces, respectivement sises à l'intérieur des immeubles ayant fait l'objet de délimitations administratives comme propriété de divers groupes socio-historiques, Ait Zaghar pour les deux premiers, Imgoun pour le troisième et le sixième, Igarnan pour le quatrième et Ait Zekri pour le cinquième, c'est le Ministère de l'Intérieur, Administration de tutelle des terres de statut collectif, qui s'est élevé contre l'initiative (en vertu de l'article 1 du dahir du 10 octobre 1917). La lecture des cartes, qui met en évidence l'inclusion de ces massifs dans les terres reconnues comme propriétés collectives sous les titres 366, 369, 381 et 365, permet de comprendre cette attitude. Cet esprit se retrouve dans l'attitude des membres de tous les groupes, mais surtout des Imgoun, en particulier Ait Mrao, qui affichent une hostilité systématique à l'Administration des Eaux et Forêts depuis les débuts de son intervention dans la région. Les manifestations violentes du début des années 1980, de 1997 et de 2000 contre les agents de ce service ont amené l'Autorité administrative à demander la suspension du contrôle sur l'exploitation des forêts par les habitants des cercles de Ouarzazate et de Boumaln. Ainsi, si la fabrication de charbon, intense autour de 1937 et jusqu'aux années 1960 dans le Saghro, y a cessé avec l'extinction de ses ressources, elle se poursuit dans les villages d'altitude du bassin de l'Assif Mgoun et chez les Igarnan. Des artisans continuent à descendre de la montagne vers les souks où ils vendent deux ou trois sacs de charbon pour 20,00 à 25,00 Dh l'un tous les trois à huit jours. 2-1-4 Les perspectives de la coupe de ligneux Les charbonniers, qui sont des hommes jeunes réputés pauvres et estimés par le bouche à oreille à six ou sept dans l'Est de la région, déclarent que leur activité est fortement entravée par l'avantage dont bénéficie le versant nord (ils disent Azilal) où la forêt est plus étendue et la circulation automobile plus facile. Ils considèrent que les camions venant d'Azilal chargés de bois et de charbon approvisionne plus couramment et plus régulièrement qu'eux les souks de leur région. Il semble cependant qu'ils aillent continuer leur activité de fourmi jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'arbres à exploiter. Quant à l'exploitation domestique des ligneux, malgré l'esprit critique qu'affichent à son égard les personnes abordées jusqu'à présent au cours de toutes les études et actions du P.C.B.T.H.A., aucune énergie de substitution ne paraît jusqu'à présent s'imposer. Nous examinerons aux chapitres III et IV les conséquences de la prise de position de l'équipe contre la coupe de bois sur les relations au sein de la population de la région. 2-2 Les pâturages de la région 2-2-1 La morphologie de l'occupation des terres Dans toute la région qui intéresse l'équipe du P.C.B.T.H.A., le découpage des terres en quartiers est différent de celui qui prévaut dans les autres régions d'élevage pastoral. En effet, dans le Moyen Atlas et dans les steppes et régions sahariennes, les quartiers de pâturage voisins n'ont pas de limites précises. Leur cartographie oblige à les localiser à l'aide de cernes indicatifs, qui marquent plus le caractère diffus des bandes de bordure que des chevauchements entre territoires. De plus, la surface de chacun est plus ou moins vaste en fonction du relief de son site et la toponymie n'est détaillée que pour les personnes qui occupent les lieux en permanence, tandis que ceux qui sont moins familiers de chaque micro-région la désignent par un nom générique. Par contre, dans la région de Ouarzazate, la toponymie est aussi détaillée sur les terres d'habitation et de culture que sur les terres de parcours (carte au 1/100000). Dans la montagne, les replats du lit des cours d'eau sont occupé par des parcelles de cultures dominées par des réseaux d'irrigation. Sur les rives qui surplombent ces terrasses, sont installés les quartiers d'habitation sédentaire. Sur le piémont et dans les bas fonds de la plaine et du Saghro, les champs cultivés sont dispersés en ordre plus ou moins dense et les maisons sont bâties dessus. Au delà de ces cœurs de vallées et de ces cuvettes inondables, la toponymie des vastes interfluves séparés par d'étroites vallées ou par des cuvettes très visiblement limitées est très dense. Dans la montagne, on connaît et on identifie comme un quartier de pâturage portant un nom particulier, chaque versant, limité par une ligne de crêtes et par un talweg, eux mêmes nommés, chaque sommet de butte délimité par une rupture de pente, chacun des versants de cette butte. Dans le plat pays, les limites sont les seuils topographiques et les lits mineurs des oueds de zone aride. (L'indication des limites en termes de ligne de partage des eaux est systématique dans toutes les parties de la région.) Les quartiers sont ainsi de très petite surface partout à travers la région. 2-2-2 L'exploitation des terres non cultivées Les terres occupées extensivement ont quatre utilisations, menées selon des normes particulières en chaque lieu mais gérées partout de façon combinée. Dans cette région où les troupeaux transhument au cours des saisons et où les éleveurs font partie de groupes qui n'ont pas tous des terres dans toutes les situations bioclimatiques, le séjour sur les différents quartiers de pâturage fait l'objet d'un contrôle et de négociations entre les communautés. La circulation des élevages à travers les terres sur lesquelles ils ne s'installent pas mais ne font que passer sur leur route entre deux quartiers est elle aussi réglementée. L'enlèvement du fumier déposé par les animaux dans les abris où ils sont logés pendant les périodes de pâturage doit obéir à des principes précis. Ajoutons à l'organisation de ces usages, celle de la coupe du bois et de la fauche de la végétation couvrant ces terres par les riverains sédentaires et par les familles qui y font des séjours temporaires. 2-2-3 L'occupation des pâturages (cartes) Avant d'aborder les modalités réglementaires d'accès aux pâturages, soulignons que, pour un éleveur, le choix du quartier sur lequel il va mener son troupeau à un moment donné dépend essentiellement, et avant tout, de la saison. Les territoires eux-mêmes sont ainsi en premier lieu distingués selon une assimilation entre situation géographique et conditions climatiques au cours de l'année. On parle de pâturages d'été de la montagne, qui s'étendent de la basse montagne à la ligne de crête du Haut Atlas et de pâturages d'hiver du bas pays qui couvrent le haut et le moyen piémont, la plaine du bas Dades et le Saghro. La température est clairement présentées par les éleveurs comme le facteur technique principal de cette différentiation saisonnière. Mis à part le fait objectif qu'elle y est soumise, la disponibilité de végétation et d'eau pour l'abreuvement est signalée en deuxième lieu. Un quartier n'est pas toujours utilisé en majorité par des troupeaux de propriétaires membres du groupes socio-politiques auquel il est reconnu qu'il appartient, ou rattachés aux villages qui en sont proches. Dans ces conditions, l'occupation d'une terre pour le pâturage est en général exprimée en termes de durée et de destination d'un itinéraire, toutes les deux conditionnées par les relations entre le groupe dont font partie les éleveurs et celui à qui appartient le quartier. On dit que tel nombre d'éleveurs de tel et tel groupe sont en ce moment dans tel quartier qui est à tel groupe, ou que des troupeaux de tel et tel groupe sont habituellement menés pendant telle période de l'année sur tel quartier qui appartient à tel groupe, ou alors que des éleveurs de tel groupe ont traversé tel quartier appartenant à tel groupe sur leur route vers telle région. 2-2-3-1 Le statut des points d'abreuvement Le statut des points d'eau est très peu mis en avant parmi les conditions d'accès à un quartier. Notons toutefois qu'ils diffère selon leur forme. Les cours d'eau et les sources sont considérés comme possédés par des communautés. Les canaux d'irrigation relèvent eux aussi des groupes, mais avec un droit de contrôle plus fort. Les puits, creusés par des individus, sont soit ouverts à l'utilisation publique, soit réservés à l'usage exclusif de ceux qui les ont aménagés. La première formule est courante sur les pâturages d'altitude, où l'activité presque unique est jusqu'à nouvel ordre l'élevage. La deuxième domine sur le piémont et dans le Saghro. 2-2-3-2 Le statut des abris L'appartenance des pâturages est, en fait, essentiellement présentée à travers la reconnaissance de la propriété des abris de transhumance qui y sont établis (amazir, plur. imizar, traduit en arabe par azban, plur. de azib), précaires, (izghi, plur. izghan), ou bâtis, (ifri, plur. ifran, ougrour, plur. igrarn). Ces abris n'ont pas tous le même statut. Les uns, en fait la majorité, sont propriété individuelle d'une personne, ou d'une famille, ou d'un groupe de cohéritiers "qui n'ont pas", "qui n'ont pas encore" partagé leur héritage. Une partie de ces propriétaires pratiquent l'élevage transhumant, ou l'ont abandonné récemment, d'autres n'ont jamais eu de troupeau transhumant. Par exemple, à Askourif, se trouvent quatre abris appartenant à des Ait Ouitfao, deux à des éleveurs et deux à des personnes qui n'ont pas de troupeau. Ils en ont un à Tahmamt et un à Afraou. Aux pâturages de Akayoua et Boutefza n Akayoua, existe un abri de la qbila au lieu dit Boufezza N Ounsif. A Tiflitine, des Igourramen, qui possèdent à eux quatre 250 bêtes, sont associés sur la propriété d'un abri. A Tamassint ont été construits plusieurs abris, tous privés.De plus, un membre du groupe possède un abri à Ikhf N Ounkis, pâturage des Imi N Ouassif; qu'il a acheté à quelqu'un. Ailleurs, ou, plus rarement, dans les mêmes quartiers, les abris sont propriété d'une communauté, villageoise ou de plus grande importance, fraction ou groupe plus grand. 2-2-3-3 Statut des abris et statut des terres De plus les abris installés sur un pâturage peuvent appartenir à des groupes différents. Les habitants de la région distinguent ainsi, d'après le statut et la répartition des abris, cinq types de quartiers. Dans une partie des quartiers, les abris sont privés et appartiennent aux membres d'un seul groupe. Dans d'autres, ils sont propriété collectives d'un seul groupe. Un troisième type de quartiers est celui où les abris, individuels, mais surtout collectifs, de différents groupes sont mêlés. Ailleurs, les abris de chaque groupe sont situés dans une partie distincte du quartier. Des quartier sont constitués en agdal d'un seul groupe. Le séjour s'y fait en général dans des campements dont la localisation est fixe mais qui ne sont pas construits. La particularité de ces pâturages, pratiquement tous situés en altitude (nous reviendrons là dessus), est qu'ils ne sont accessibles aux troupeaux qu'entre mai ou juin filahi (du calendrier julien) et le moment où le trop grand froid y rend la vie impossible. 2-2-3-4 Les modalités d'accès aux pâturages Dans ces conditions, l'entrée sur un quartier de pâturage se fait selon diverses formules. L'accès peut n'être autorisé qu'aux seuls membres du groupe réputé propriétaire. C'est surtout le cas sur une partie des pâturages, essentiellement d'altitude, fréquentés par plusieurs communautés constituant des fractions de groupes de grande taille, Ait Zekri, Imgoun, Ait Sedrate. On s'aperçoit que ces sous groupes se ressentent selon le contexte comme unis ou comme associés quand des personnes précisent à quelle fraction, ou quel village appartient chacun de ces quartiers et soulignent que les éleveurs de toutes les fractions de tel groupe utilisent tel quartier conjointement (mkhalltine). Des parties de ces quartiers sont mises en défens pendant la période de fonte des neiges. Elles sont donc occupées pendant trois ou quatre mois d'été et du début de l'automne. A Ouzighimt, tous les éleveurs Imgoun, Ait Hmad, Ait Ouzighimt, Ait Mraou, Ait Ouassif campent les uns à côté des autres sur les mêmes terres. A Tichki et à Tazoult Ougard, pâturages d'Imdras dont le deuxième est soumis à l'agdal, avec exclusion des Ait Bououlli, les éleveurs Ait Aaffane relevant de tous les villages du groupe campent dans des abris situés en n'importe quel point du quartier. La distinction est très ténue entre ces cas et ceux où les éleveurs de plusieurs groupes qui ne font pas partie d'une même entité plus grande peuvent utiliser en commun un même pâturage avec le même statut d'usagers de plein droit (mechroukine). Cette situation est celle des quartiers des parties ouest et nord de la région, où les Fetouaka et les Igrnane, les Ait Bououlli et les Ait Aaffane, les Imgoun et les Ait Bougmmez, auxquels se mêment localement des Ait Toummert, campent indistinctement sur les pâturages du versant nord et du versant sud, dans des relations, nous le verrons tissées de réciprocité, d'entente et de conflit, notamment sur le droit d'emporter le fumier. Mais, à part quelques exceptions dont nous développerons les caractères, Les éleveurs de groupes reconnus comme n'y ayant pas le plein droit d'usage sont largement admis sur les pâturages d'autres groupes. Cette ouverture se fait, d'une manière générale, bel khir. Cela signifie qu'ils ont l'accès aux pâturages gracieusement, mais, d'une part, ils n'y ont pas le droit d'en emporter du fumier, d'autre part, ils sont tenus d'y séjourner temporairement, de ne pas s'y installer pour une longue durée. Les prélèvements sur les autres ressources, bois, eau, sont quant à eux restreints et réglementés de façon détaillée. Nous en avons déjà parlé à propos de l'utilisation des ligneux; nous détaillerons leurs aspects au cours de l'analyse de relations précises, notamment entre les Ait Sedrate ou les Ait Zekri et les Imgoun. De plus, le droit d'entrée s'applique, au titre de membre de la communauté dont il fait partie, au propriétaire du troupeau et non au berger qui conduit les animaux. Mais cette condition est largement tempérée par le fait que très peu de quartiers sont soumis à des clauses d'exclusivité. Sur beaucoup de quartiers, notamment du piémont, chez les Ait Ougrour, chez les Ait Ouitfao, l'usage peut être ouvert à n'importe quel éleveur de n'importe quel groupe, venant de plus ou moins loin, y compris de nomades des montagnes et des steppes de l'Est, Ait Morghad, Ait Hdiddou, pasteurs d'Errachidia, de Bouarfa, sans fixation d'aucune époque ou période ni d'aucun délai. Une communauté dont les droits sur un quartier sont admis peut ouvrir son usage aux éleveurs d'un ou deux autres groupes, "avec qui [elle n'a] pas de problèmes", sans limitation ni de durée, ni de lieu de campement, ni conditions de prélèvement sur les ressources. Les Ait Ougrour de Imi N Ouassif donnent libre accès sur leurs pâturages aux Kantoula, aux Ait Aaffane, aux Ait Bououlli. Les éleveurs d'Imassine peuvent ainsi emmener leurs troupeaux jusque chez les Ait Bououlli et jusqu'à Ait Saoun, aux alentours d'Agdz. L'acceptation sans condition s'accompagne de réciprocité, déclarée ou tacite, comme entre les Igrnane et les Ait Ougrour, ou entre les Ait Ouitfao d'Amakchoud et les Ait Aaffane, les Ait Zaghar, les Ahl Toundout. La même acceptation sur un pâturage peut par contre s'assortir d'une limitation expresse de la durée du séjour des personnes admises. Elle peut comporter le droit, pour les possesseurs de la terre, de contrôler la coupe de bois, les voies de circulation, les points d'abreuvement de leurs hôtes, pendant la durée de leur séjour sur un quartier ou un ensemble de quartiers. ce type de conditions sont spécifiées dans les textes formalisant les ententes entre les Imgoun et respectivement les Ait Bougmmez, les Ait Zekri, les Ait Sedrate, ou entre les Ait Ouitfao et les Kantoula. Elle peut aussi dépendre de l'accord préalable de la communauté d'accueil. Une telle autorisation doit être obtenue par les Ait Bougmmez, les Ait Toummert, les Ait Zekri qui désirent séjourner sur les pâturages de Rbat des Ait Hmad. Les éleveurs de groupes précis peuvent se voir refuser l'accès à des pâturages particuliers, ou à la totalité des pâturages d'autres groupes. Les Ait Zekri sont rejetés par les Ait Bououlli et les Ait Bougmmez avec l'argument que trop d'éleveurs ne peuvent se cotoyer sur des pâturages trop exigus. De leur côté, les Ait Zekri barrent la route aux troupeaux des Kantoula, des Igrnane, au pont de Sidi Flah. Les mêmes difficultés sont rencontrées par les éleveurs de toute la région qui intéresse le P.C.B.T.H.A. à Ait Saoun. Entre les Ait Sedrate et les Imgoun, les limitations sont réciproques. Nous verrons comment les premiers font obstacle à la fréquentation des pâturages du Saghro par les seconds, qui s'opposent quant à eux, en réaction, disent-ils, à l'installation des éleveurs Ait Sedrate à Amejgag en altitude et barrent l'écoulement de l'eau vers les points d'eau de l'amont et vers les cultures du bas Dades. 2-2-3-5 Le séjour dans un campement et les liens avec son statut Le choix d'un campement sur un pâturage et les conditions de son occupation se fait en fonction de ses qualités techniques. Les chances qu'a chacun de se retrouver sur un lieu de séjour favorable sont plus ou moins contrôlées par la communauté. Et le fait d'être propriétaire d'un abri donne rarement une possibilité privilégiée de l'occuper. Ainsi, chez les Ait Zekri, le propriétaire d'un abri peut avoir un droit priporitaire dessus, à condition d'y laisser un signal matériel de son intention d'y camper. Rappelons le double intérêt pour les terres non cultivées, qui constituent en effet une ressource autant pour les éleveurs que pour les cultivateurs qui les exploitent selon des rapports de complémentarité organisés et institutionnalisés. L'utilisation des pâturages par les éleveurs revêt deux formes. Ils peuvent y séjourner pendant une période relativement longue, de l'ordre de plus d'un mois. Sur leur route entre les pâturages qu'ils occupent pour de longues durées, ils circulent selon des itinéraires le long desquels ils font des stations d'un à quatre jours dans des campements. Quant aux cultivateurs, ils collectent le fumier laissé dans les enclos des campements par les troupeaux des pasteurs et l'emportent pour le vendre ou pour l'épandre sur leurs propres parcelles de culture. Ou alors, essentiellement sur les agdal dede Marat, Tiguitim et Aklim, l'installation sur les campements se fait après tirage au sort entre les éleveurs qui ont décidé d'y passer l'été. Chez les Ait Zekri du Saghro, les troupeaux des Mgouna sont en principe admis à condition de se tenir à plus de 5 km des parcelles cultivées. A l'inverse, chez les Ait Hmad et à Ouzighimt, chaque éleveur choisit l'abris ou le lieux de campement plus sommaire qui lui convient sans en référer à personne. La qualité de celui qu'occuppera chacun dépend donc de son rang dans l'ordre des arrivée sur le quartier. Le choix du lieu de séjour est ainsi complètement libre à travers l'ensemble de ce vaste pâturage d'altitude. Les éleveurs considèrent toutefois que, dans la pratique, personne ne s'éloignent beaucoup des lieux auxquels sont accoutumés ses animaux. Sur les pâturages (de piémont) des Ait Ougrour, le même principe du "premier arrivé, premier servi" prévaut. Sur les quartiers éloignés des villages (aalla barra), tout éleveur peut, quel que soit le groupe dont il fait partie, emporter le fumier déposé par ses animaux, à condition de laisser un signal physique de son intention de le faire. Les bergers pressés laissent le fumier aux Ait Ougrour proches desabris concernés. Aussi ces derniers les pressent-ils pour qu'ils quittent vite les lieux et laissent ainsi le fumier à leur disposition. En tout état de cause, les Ait Ougrour se sont entendus pour interdire le transport du fumier par camion, quel qu'en soit le bénéficiaire. Dans la réalité, selon une autre version exposée dans la même partie de la région, on ne connaît pas de cas où le fumier déposé dans un campement collectif d'un groupe reviendrait au propriétaire du troupeau qui y a séjourné. Il est laissé à la disposition de tous les membres du groupe d'accueil. La destination du fumier laissé par les animaux sur les campements reste bien en fait le terme principal des conditions posées aux éleveurs. A la montagne, il est généralement admis que personne n'emporte le fumier. Or, les Ait Aaffane l'emportent de leurs abris installés sur leurs quartiers. Le fumier revient aussi aux propriétaires des abris chez les Ait Hmad et les Ait Ougrour d'Imi N Ouassif. Dans tous ces groupes les pâturages ne sont pas très éloignés des villages. Des agriculteurs Ait Sedrate de la plaine et des Ait Aatta d'Iknioun et de Boumaln ont installé dans le Saghro des abris sur lesquels ils ont le droit exclusif d'enlèvement du fumier, dans un rayon d'un jet de pierre autour du campement, souligne un propriétaire. Cette pratique est le point d'ancrage des conflits qui opposent de façon chronique les Ait Sedrate aux Imgoun à propos du droit de pâturage de ces derniers dans le bas pays pendant l'hiver. L'attitude des Ait Zekri du Saghro est moins systématique. A côté de ceux qui, de la même façon que des Ait Ouitfao de Sidi Flah, ont construit des abris aux abords de leurs parcelles cultivées de l'oasis et des bas fonds dans le but d'en exploiter le fumier, un principe, qui mérite approfondissement quant à ce qu'il indique sur les relations entre cultures et élevage, est celui de laisser au premier membre des Ait Zekri qui en prend l'initiative le droit d'emporter le fumier de n'importe quel abri. Les agriculteurs Ait Zaghar, Ait Aaffane, Ait Ougrour de Ghassate, Kantoula qui possèdent des abris sur les quartiers proches de leurs villages s'attachent à attirer les berA Tizguine, chez les Ait Toukhsine, gers d'autres groupes dans leurs abris en leur offrant des légumes on fait remonter à 1986 la dernière pendant la durée de leur séjour. installation d'un abri. On explique qu'elle s'est faite sans consulter les membres de la communauté villageoise. L'homme qui en a eu l'intention a choisi le lieu qu'il a jugé convenable et a creusé l'ifri. Il n'a eu à faire face à aucune contestation. On précise tout de même que c'est la commission des quatre représentants des lignages qui a étudié sa demande, sous entendant donc qu'il a fait une demande, mais sans concertation avec l'ensemble de la population, ce qui sous entend que, dans les références de ces interlocuteurs, hommes d'âge mûr et sans grande envergure politique apparente, l'avis de chacun puisse être ou ait pu être nécessaire. Plus en aval, le dernier ifri a été creusé en 1987 par S. M. à Amazir Bouimiri, dans le quartier de Agard N Ighasf, qui appartient aux Tougha Zouli. Le villageois qui a pris l'initiative a fait une demande au chikh; ce dernier rapporte qu'il a donné l'autorisation parce qu'il connaissait bien le lieu –"il est en face", dit-il– et savait qu'il n'y avait pas de problème. 2-2-4 Les conditions de l'installation d'un abri L'installation d'un abri ou l'aménagement d'un site de campement plus sommaire est soumise à l'autorisation d'entreprendre l'individualisation de l'usage d'un point des terres collectives. Cette autorisation est donnée par un responsable de la gestion des affaires locales (voir § 4-2), en principe le naib des terres collectives, dans certaines communautés l'amghar, qu'il soit chikh ou mqaddem, quand c'est la personne qui a le plus d'ascendant sur le groupe. La possibilité que la concertation soit élargie au comité des terres collectives (voir § 4-2) et que la demande arrive jusqu'à l'Autorité locale est prévue, comme pour toute autre construction sur les terres de la région, toutes de statut collectif. Le coût des travaux étant unanimement considéré comme élevé, l'entreprise est présentée comme l'œuvre généreuse d'un bienfaiteur qui met au service de sa communauté les moyens dont il bénéficie. Or, au cours de discussions plus approfondies et engagées dans le registre technique, apparaît le poids sur l'initiative du rôle décisif de l'objectif économique et agronomique d'exploitation du fumier déposé par les animaux qui guide cet investissement. 2-2-4 Le statut et l'exploitation des agdal La majorité des quartiers constitués en agdal sont des hautes plaines de petite surface limitées par une corniche. Seuls deux ou trois, comme Aghri N Abbouch (qui Soulignons que les habitants de la appartient aux Ait Mraou), ou Iskaouen Ait Ali (agdal d'Imider), région n'emploient que le terme s'étendent sur des versants en pente forte et ne sont pas fermés agdal, ou ghorm, qui signifie amende, pénalité, mais jamais le pluriel (qui topographiquement. serait igoudlan) qu'on lit chez certains auteurs Dans leur ensemble, ils sont ainsi peu ou prou à l'écart des quartiers d'occupation sédentaire. Ils sont cependant entourés de pâturages occupés par des troupeaux et des bergers pendant la période où eux-mêmes sont mis en défens. La gestion des agdal se mène selon quatre périodes. L'agdal de Tarkeddid est divisé en sous quartiers dont chacun est fréquenté par les troupeaux d'un groupe qui y a des abris et des campements sommaires. De l'Ouest à l'Est, voisinent les pâturages des Ait B lli d Ait B Pendant la période de grand froid, de couverture neigeuse, d'arrêt de la vie de la végétation, les agdal sont exclus de l'espace exploité. Les caractères que revêt chaque année le climat de cette période sont pris en considération par le groupe des usagers d'un agdal pour décider s'il sera mis en défens ou non et à quelles dates le fermer et Bououlli, des Ait Bougmmez, Tassaout Oufella, qui accueille les Ait Aaffane, des Kantoula, qui reçoit les éleveurs de ce groupe et des Ait Zaghar, et des Imgoun. A l'agoudal d'Imider où les bovins et les mulets n'entrent qu'entre mai et octobre, avec le petit bétail, les éleveurs d'Imider, d'Imi N Ouassif et d'Imi N Tazaght campent respectivement sur des parties distinctes Les Ait Idir des Ait Sedrate déclarent souhaiter constituer un quartier de pâturage en agdal mais en être empêchés par des réserves des Imgoun qui utilisent les terres proposées pendant que leurs propres pâturages d'altitude sont en agdal. Les propositions des Ait Idir pour cette mise en défens sont cependant assez diverses, mais elles concernent toutes des quartiers situés sur les marges entre leurs terres et celles des Imgoun ou inclus dans les territoires des Ait Aatta. l'ouvrir. Entre la mi-mars et la mi-mai ou juin filahi (du calendrier julien), pendant la fonte de la neige et le début de la régénération de la végétation, la mise en défens –sauf si elle n'a pas été décidée– est généralisée à tout le bétail, ce qui est le cas dans la majorité des agdal, ou, comme à Agnousti, aux seuls ovins et caprins, tandis que les bovins et les équidés, peuvent y paître. Les justifications de cette pratique sont diverses. Les éleveurs invoquent les faibles effectifs du gros bétail, ou limitation de cette dérogation aux seuls animaux des riverains. Les ingénieurs pensent à la différence de leur mode de broutage, estimé moins dommageable aux plantes…Pendant cette interdiction, la surveillance de l'agdal est placée sous la responsabilité d'un membre du groupe d'usager ou d'un membre de chacun des groupes d'usagers associés pour l'exploitation du quartier. Cet amghar n'est pas un gardien préposé et rémunéré qui séjournerait sur le pâturage physiquement pour y monter la garde. Cette tâche est effectuée par les bergers installés sur les pâturages voisins, qui lui signalent les infractions qu'ils ont pu constater. Il joue alors le rôle d'arbitre qui prononce et veille à l'exécution des sanctions, présentées comme des amendes à caractère surtout dissuasif. Le moment où se produisent le plus de heurts est celui de l'ouverture de l'agdal, en mai ou juin filahi. Le choix des abris (en général des campements dont la localisation est fixe mais qui ne sont pas construits) les mieux situés est en effet l'occasion d'une compétition entre les bergers, qu'ils soient membres d'un même groupe ou de groupes différents. La formule présentée comme la plus susceptible d'éviter les dissensions est l'organisation de l'entrée de tous les élevages le même jour et la désignation en commun de la place que doit occuper chacun. Cette répartition peut se faire par tirage au sort entre les membres d'un même groupe, comme chez les Ait Zekri. Dans d'autres agdal, les éleveurs des groupes accueillis par les ayants-droit se voient indiquer les abris sur lesquels ils peuvent séjourner. Mais, dans tous les cas, l'occupation des abris est la cause de conflits réguliers et périodiques. Après cette étape de crise, pendant toute la durée d'occupation de l'agdal, les relations sont calmes et amicales et les conflits sont rares. 2-2-6 Les infractions aux règles d'occupation des pâturages Ainsi, alors qu'aucun de nos interlocuteurs n'a fait cas de conflits au sujet de la construction d'abris sur les quartiers de pâturage, les différends, dont nous venons de voir qu'ils sont habituels dans les agdal, lors du choix des abris dans lequel se fait le séjour, sont aussi fréquents dans les autres quartiers. Ils sont toutefois plus courants sur les pâturages exigus d'altitude où les lieux de campement, qui peuvent être peu nombreux, mais qui sont surtout localisés dans des situations topographiques très contrastées, offrent des conditions de vie de qualité différente aussi bien pour les humains que pour les animaux. De tels problèmes se posent entre les Ait Zekri, entre les Ait Aaffane ou les Igrnane et les Ait Bououlli. Sur les vastes quartiers du piémont et du Saghro, par contre, où le les abris sont très dispersés et où les sites favorables sont assez nombreux, les querelles pour l'occupation d'un abri sont pratiquement inexistantes, que ce soit entre les bergers ou entre les éleveurs et les propriétaires. Au contraire, l'idée générale est que, comme nous l'avons vu, des éleveurs préfèrent séjourner dans des abris privés, dont les propriétaires, possédant chacun jusqu'à cinq abris, leurs font des faveurs pour attirer les troupeaux qui laisseront du fumier derrièren eux. Une autre façon d'exprimer la prétention d'accéder à un quartier ou à un ensemble de quartiers ou le refus d'un groupe sur un pâturage, comme c'est le cas entre les Imgoun et les Ait Sedrate, est la revendication ou la réfutation du droit d'emporter le fumier déposé par les animaux. Le refus de laisser les bergers d'un groupe accéder à des abris ou à des points d'eau, voire traverser des quartiers, donc séjourner pendant quelque quatre jours en différents points d'un territoire est présenté par ses auteurs comme visant à décourager des éleveurs qui, si on les laissait fréquenter une fois un pâturage, pourraient invoquer par la suite le précédent de l'accueil et l'occupation répétée pour réclamer un plein droit d'usage. L'opposition à l'utilisation des points d'eau est une arme plus indirecte et complexe de limitation de l'exploitation des pâturages. Les habitants de Tidghest se plaignent que les Igrnane polluent les points d'eau du pâturage sur lequel ils les acceptent. Les Imgoun expliquent qu'en représaille contre l'interdiction que leur font les Ait Sedrate de séjourner sur les pâturages du Saghro, ils coupent le passage de l'eau jusqu'aux lieux où les Ait Sedrate l'exploitent, les éleveurs transhumants pour l'abreuvement de leurs animaux en été et les cultivateurs pour l'irrigation de leurs jardins de la basse vallée du Dades. L'argument des Ait Ouitfao qui exigent des Kantoula qu'ils n'abreuvent pas leurs animaux sur les quartiers situés à l'amont de Targa N Aadda et d'Illigh Targa est leur besoin d'eau pour irriguer leurs cultures des quartiers villageois. 2-3 L'exploitation des eaux souterraines et le défrichement des terres de parcours (cartes) Nous voyons donc que, contrairement à ce qu'on peut conclure des déclarations spontanées de tous les habitants de la région, particulièrement unanimes et normalisées, le décalage entre la réglementation de l'usage de ces terres de pâturage et la pratique de leur fréquentation se manifeste quasiment partout. Cela vaut surtout pour le respect du caractère collectif du droit d'usage. Le mouvement de défriche ment de terres extérieures aux quartiers dominés par les réseaux isToutes les sources de toutes sus de points d'eau traditionnels semble être la cause fondamentale époques mettent en évidence, à du refus de laisser des troupeaux entrer sur des quartiers travers la présentation des causes principales de conflits, la place de traditionnellement consacrés au pâturage. Le fait est surtout visible premier plan de l'extension des au Saghro et, au dire de tous, à Azaghar N Igr. Les discussions cultures, de l’eau et de l’agriculture menées systématiquement avec des membres de tous les groupes irriguée dans les préoccupation de ont pourtant montré qu'il est généralisé à de nombreuses parties de tous les membres de tous les la groupes. région, notamment du piémont oriental, mais aussi des petites plai nesd'altitude constituées en agdal. Chaque exploitant peut avoir creusé jusqu'à quatre et cinq puits, qu'il n'exploite pas tous de façon permanente. Dans le Saghro, environ 180 familles d'Ait Sedrate, originaires de la montagne comme de la plaine, sont installées sur des parcelles de bas fonds relativement vastes et irriguées à partir de puits. 85 sont dispersées autour de la mosquée de Imi N Leuh, dans l’Est, 40 autour de celle de Missendal, dans le centre, et 45 autour de celle de Tagmout, dans l’Ouest, à la limite avec les territoires reconnus comme ceux des Ait Zekri des Imeghrane. Le défrichement s'est accéléré depuis 1960, où 41 des 72 foyers Ait Sedrate vivant entre ces trois sites étaient des bergers et des charbonniers, tandis que les 31 agriculteurs ne cultivaient que des surfaces très exiguës. La fixation des Ait Zekri dans cette même zone subsaharienne, essentiellement à Maoust, Tamounzreft, Aqqa Lmedfaa, Azaghar N Oughioul, s'est intensifiée à partir de 1980 et de 1985. Ils sont 80 à Tamounzreft et plus de cent dans les autres sites. La progression de ces "fermes" irriguées par des puits entre Timassinine et le lit du bas Dades a moins attiré l'attention des observateurs. Les lits majeurs des affluents du Dades, notamment des assif Imaghiren, Imassine, Ait Zekri, sont de plus en plus densément cultivés, et le mouvement continue, malgré les inquiétudes des arboriculteurs qui se plaignent de la mauvaise adaptation des oliviers qu'ils ont plantés. Les personnes qui occupent ainsi Amerdoul, Timasinine, Imlil, sont originaires des villages d'altitude des Kantoula et des Ait Zekri, mais aussi, en grande partie, de la basse vallée du Dades. Nous analyserons au chapitre suivant la justification qu'ils donnent à leur entreprise. Ils invoquent la pauvreté, et l'impossibilité dans laquelle elle les met d'acheter de la terre dans des régions où l'agriculture est plus productive et plus rémunératrice, le Sous, le Tadla. Ils légitiment de plus le droit de défricher dont ils se réclament par les dommages causés par les crues à leurs parcelles du cœur de l'oued Dades, déniant par là tout droit de défricher sur le piémont ou au Saghro à leurs voisins, notamment Ait Ouitfao, qui n'ont pas subi les mêmes dégâts. Sur le piémont central, à Azaghar N Igr, les quartiers où s'étend le défrichement sont plus limités, alors que la moindre importance des affleurements rocheux favorise plus les cultures qu'ailleurs. Cependant, les contestations contre la mise en culture sont nombreuses, notamment entre les Kantoula et les Ait Ouitfao, les Ait Zaghar, les Ait Aaffane, les Ait Zekri, selon les parties du glacis. Elles s'expriment toutes en terme de litiges entre groupes, et non, comme sur les basses terres, entre individus et sont beaucoup plus vives et soutenues que dans le reste de la région. Dans les quartiers de moyenne montagne, les Ait Toummert et les Ait Zekri cultivent des terres non irriguées. Des conflits sur le droit d'exploiter des terres réputées réservées au pâturage opposent les Fetouaka aux Ait Ougrour et aux Igrnane. Sur les quartiers de pâturage d'été de haute altitude, ouverts toute l'année ou mis en défens au printemps, nombre de litiges entre les éleveurs du piémont ou de la moyenne montagne et les riverains ont pour source plus ou moins explicite le projet de ces derniers de consacrer leurs terres exclusivement à des cultures. Ici, on a des témoignages de l'ancienneté et de la permanence du mouvement au moins depuis le début du XXème siècle. 2-3-1 Les modalités d'individualisation de l'usage d'une terre Partout, on insiste sur le droit exclusif des membres du groupe propriétaire du territoire concerné à créer une exploitation agricole hors des quartiers villageois. Et le fait est que le voisinage de personnes de différents groupes ne s'observe qu'en un ou deux lieux qui font eux-mêmes l'objet de litiges sur la délimitation, Bouskour dans le Saghro, Imlil et Garsif sur le piémont. La personne qui souhaite creuser un puits et défricher les terres qui l'entourent informe de son intention, de façon plus ou moins formalisée, les personnes influentes de sa communauté, dont font en principe partie l'amghar et le naib des terres collectives. L'opération est décrite, selon la formule consacrée, comme une invitation à un repas simple. Si personne ne fait opposition, l'opération est menée à bien sans entrave, et le bien fondé, la légitimité de la propriété ainsi créée est admise. Si l'entente ne se fait pas au cours de cette rencontre, que des réserves se dessinent, une demande d'autorisation est faite avant de lancer les travaux, ou, pour la forme, pendant qu'ils se poursuivent, à l'institution compétente, le comité des terres collectives. Mais en fait, c'est à son coordinateur, le naib des terres collectives, un homme choisi par consensus et proposé aux services de l'Administration (l'Autorité locale) qu'est faite la demande. En principe, il consulte le comité, mais, en fait, il ne s'adresse à lui que si l'affaire risque de soulever des protestations. Après que le comité de gestion des terres collectives s'est réuni pour examiner la requête,il peut soit donner son accord sans plus de formalité, soit poursuivre la procédure en en référant à l'autorité de tutelle qui a pour vocation d'établir une autorisation de creusement et d'individualisation de l'usage de la parcelle. Dans tous les cas, l'autorisation est donnée pour une surface qui ne dépasse pas 300m², comme près du noyau d'habitations. Mais, dans les faits, tout les interlocuteurs ont été unanimes pour déclarer que les gens qui ont reçu une autorisation élargissent progressivement les surfaces sur lesquelles ils commencent par construire une habitation. Puis ils creusent un puits à 400m de la maison, en justifiant cette nouvelle demande par le besoin d'un point d'eau de boisson et d'abreuvement des animaux. Ensuite, ils mettent en culture une parcelle éloignée de quelque 300m de la maison. Ce qui les pousse à se fixer et à défricher, ce n'est pas la recherche de la production agricole, ni la recherche du gain, c'est lhsad (l'envie, la concurrence sociale). La façon d'agir est présentée comme furtive. Dans le Saghro, notamment, où n'officient que deux nouab, un pour les Ait Sedrate et un pour les Ait Zekri, on considère que les abus sont facilités par le fait qu'un naib doit contrôler un territoire de quarante kilomètres de rayon. il ne peut être partout à la fois. En un samedi et dimanche, n'importe qui peut construire une maison. il y a des gens qui montent des clôtures de bornes de pierres (kraker) sur les terres inhabitées (lkhla) ou dans la plaine. Quand on demande qui a posés ces kraker, personne ne le sait. Et puis, à l'occasion du dépôt d'une plainte contre un empiétement, on reconnaît dans le plaignant, qui se déclare lésé, celui qui avait fait le bornage. 2-3-2 Les relations sociales liées au défrichement L'avancée des cultures suscite des réactions diverses parmi les occupants des terres qui intéressent l'équipe du P.C.B.T.H.A., mais il faut prendre en considération l'aspirations au défrichement de nouvelles terres qui émaillent les discussions menées avec des personnes de tous les groupes. Autour des quartiers de culture irriguée des vallées de montagne, les plantations effectuées au cours des années où les débits sont plus forts (voir § 1-3-1) ne sont l'occasion d'aucune contestation au moment où elles sont entreprises. Les litiges naissent lors d'années sèches. Les Ait Toummert et les Ait Zekri du haut assif Ait Toummert cultivent conjointement le bour Bou Ifessi, sur la partie sud des terres situées entre Ait Toummert et Ait Daoud des Ait Zekri. Les seules indications d'une concurrence pour l'exploitation de ce glacis ont été données par les remarques d'un membre des Ait Toummert que tous les autres interlocuteurs ont fait taire en riant et en le taxant d'envieux et d'avide. La contestation mutuelle du droit d'étendre ou d'intensifier les cultures est fréquente en moyenne et haute montagne. Elle à l'origine de litiges entre les Ounila, administrés par la qiada de Telouet et les Ait Yahya Ou Ali, dispersés entre des villages des Ait Ougrour, Igherm N Tizi, Taslamt, Azerki, Aghounan, Imider, et des villages des Fetouaka. Elle fait aussi naître des problèmes entre les Ounila et les Igrnane. Le même type de concurrence entre des personnes qui prennent des initiatives de mise en culture et ceux qui pratiquent toujours l'élevage transhumant se retrouvent dans tous les quartiers des hautes plaines humides de la ligne de crête, sur la limite entre les Provinces de Ouarzazate et d'Azilal, notamment à Ichebbaken, à Tighfest et sur les agdal des Ait Bououlli et des Ait Bougmmez, que fréquentent les éleveurs Ahl Toundout, les Ait Aaffan d'Amezri, les Igrnane d'Agr Zegga et de Tamezrit. Sur le piémont et dans le Saghro, l'interdiction d'une installation par les institutions, ou sa dénonciation par la population, est rare. Et le fait qu'elle ait été réalisée dans le cadre régulier d'une autorisation ou qu'elle s'en soit passée n'entre en rien dans l'attitude des voisins ou des membres du groupe. On ne constate aucune animosité ni de cultivateurs déjà installés, ni de pasteurs, ni de personnes qui pourraient se plaindre d'abus de droit. En fait, les conflits sur les limites des parcelles se manifestent entre les Ait Zekri, les Ait Sedrate, et même les Ahl Skoura, à Tamezmout, à Tamounzreft, entre Ait Sedrate à Tagmout. Mais, s'ils sont récurrents, ils ne prennent pas des proportions notables. Les dénonciations prennent la forme critique de plaintes auprès des institutions locales ou des services de l'Etat (voir § 4) quand se produit un différend sur une autre question, en un autre lieu. La légitimité du creusement d'un puits est ainsi mise en cause, dit on, lors d'une querelle née à propos d'animaux, du refus de prêter de l'argent, pendant les campagnes électorales… Mais au terme du règlement de ces litiges par la justice, le consensus se refait très vite entre les adversaires sur le droit de chacun de poursuivre son exploitation sans en passer par le versement de pénalités et, encore moins par une expropriation. De plus, dans les cas de compétition pour l'utilisation des terres entre cultures et élevage, ce sont essentiellement les cultivateurs qui se plaignent que les troupeaux transhumants font des empiétements sur leurs terres. Ce n'est que sur le piémont, dans les conflits entre éleveurs Ait Aaffane et cultivateurs Kantoula, entre éleveurs Kantoula et cultivateurs Ait Ouitfao, qu'on a pu voir des protestations d'éleveurs contre l'implantation de "fermes". 2-4 Les relations de transhumance avec d'autres régions 2-4-1 L'arrivée d'éleveurs d'autres régions et l'accueil qui leur est fait Les pasteurs qui fréquentent le plus couramment la région du P.C.B.T.H.A. sont des gens dits d'Azilal, voire de "Bni Mellal", ce qui renvoie probablement à des Ait Bougmmez, ou de Fetouaka, d'Ait Aatta, d'Ait Morghad, d'Ait Hdiddou, tous groupes dont les quartiers cultivés et les pâturages habituels sont situés sur les terres voisines de haute altitude. Ils viennent essentiellement pendant la saison froide. Aussi traditionnellement, des éleveurs des régions de l'Est du Maroc, présentés comme venant de Bouarfa et de Figuig, séjournent sur le piémont du Haut Atlas, particulièrement le long de la route principale. Ils viennent à n'importe quel moment de l'année et campent près de points d'eau, notamment du lac du barrage Mansour Edhdhahbi, qu'ils exploitent à l'aide motopompes hydrauliques. Depuis les premières observations qu'ils ont menées dès 1990 dans le cadre des programmes de contrôle de l'exploitation de la nature, les services de l'O.R.M.V.A.O. et leurs partenaires ont attiré l'attention sur la pression exercée par ces élevages. Les populations locales en font quant à elles beaucoup moins cas. 2-4-2 Le pâturage hors de la région Pour leur part, les éleveurs de la région envoient leurs troupeaux sur les pâturages d'autres régions. Le mouvement intéresse les grands propriétaires de tous les groupes, que l'élevage y soit le fait d'un grand nombre de familles ou très peu pratiqué. De plus, il concerne aussi bien des élevages basés dans la montagne que d'autres installés dans le Saghro ou sur le piémont. 2-4-2-1 Les régions vers lesquelles sont envoyés les troupeaux La destination la plus ancienne des transhumants est le Sud du Saghro, le Draa moyen, le coude du Draa, autour d'Ait Saoun, de Tifernine, de Tafechna, de Zagora, de Mhamid El Ghozlane, pays des Ait Sedrate du Draa, des Ait Aatta, des Aarib. Depuis une dizaine d'années, les départs se font vers toutes les parties du Maroc, mais toujours essentiellement vers les steppes arides, qu'elles soient en majorité pastorales ou plus largement mises en culture. Au cours des dix dernières années, leur destination a été le Nord Est, au Sud de Nador et autour de Garcif, le Nord Ouest, près de Zgotta, la haute Moulouya, le bassin du Ziz et le Guir, dans les régions de Midelt, du Bouiblane, de Boulmane, d'Errich, de Goulmima, de Bni Tjit, de Bouarfa, le Sud atlantique, jusqu'à Massa, Tiznit, Ouijjane, Bouizakarn, Tata, Taghjijt et Goulmim, mais plus souvent à Taznakht, Taliouine, Aoulouz, Agadir, Ait Baha, Ait Moussa. 2-4-2-2 La décision d'aller vers une région La raison que donnent tous les éleveurs à la transhumance est l'appauvrissement des pâturages locaux et l'information que ceux d'autres régions sont abondants et riches. L'approfondissement de la discussion amène les interlocuteurs à formuler et, par là, à prendre conscience qu'en fait, ils envoient leurs troupeaux vers une autre région quand ils ont entendu dire que les pâturages y sont en meilleur état que chez eux, même si les leurs sont bons. Nous verrons (chapitre III) que cela n'est cependant que la cause déclarée de leur choix. 2-4-2-3 Les modalités de la transhumance et les relations avec les populations des régions d'arrivée La location de pâturages dans d'autres régions est exceptionnelle. Un éleveur des Ait Hmad dit avoir loué une parcelle pour 1500,00Dh à Sidi Hrazem au cours de lété 2002. Mais il est pratiquement le seul à avoir suivi cette procédure. Des frais doivent toutefois être engagés pour le transport des animaux par camion. mais ils ne sont réglés qu'après que la transhumance ait été menée à bien. Des éleveurs disent qu'avant de partir pour une autre région dont on a l'intention de fréquenter les pâturages, il faut y connaître quelqu'un, s'être doté d'un répondant sur les lieux, où on se rend. Mais cela n'a été déclaré que par peu de personnes, et après des questions répétées et peut être insistantes sur le sujet. Et, de fait, cela semble n'être le cas que vis à vis e la transhumance vers des groupes proches, avec lesquels les liens sont tendus, Ait Bougmmez, Ait Bououlli, de la même façon qu'au sein de la région. Ainsi, dans les Provinces de Goulmim et de Tiznit, en janvier et février 2003, comme ceux venant d'autres régions du Sud et de l'Est du pays, les élevages de Ouarzazate sont arrivés sans prospection ni de l'état des pâturages et des conditions physiques de campement, ni de l'état d'esprit, des dispositions politiques dans lesquelles ils allaient être reçus. Comme dans d'autres groupes de pasteurs, l'accent est particulièrement mis sur cette information préalable sur les conditions des lieux où on a l'intention de se rendre. Cependant, on expose de façon aussi détaillée les mauvaises surprises techniques et sociales qui adviennent à l'arrivée sur les parcours vers lesquels on s'est dirigé, végétation toxique, cultures plus étendues qu'on aurait cru qui gênaient la circulation, méfiance et hostilité des populations locales. Par ailleurs, tout le monde déclare qu'avant de partir vers d'autres régions, on le signale à l'Autorité locale. Mais les traces de telles démarches sont très rares dans les services de l'Administration. Et le manque de contrôle est confirmé par le fait que les éleveurs présentent en même temps la transhumance comme une avancée hasardeuse et risquée. L'encadrement des départs est en réalité assuré par les émigrés plus ou moins ancrés dans une région, qui donnent des renseignements sur la situation qui y règne, qui nouent avec des autochtones des relations propres à faciliter le passage ou l'installation de troupeaux. Chacun, selon son expérience, présente différemment les conditions d'acueil dans chaque région. mais, dans l'ensemble, on part parce qu'on a entendu dire qu'il avait plu dans une région et les relations avec les habitants des lieux de passage et d'arrivée peuvent être bonnes ou en arriver à l'affrontement sanglant. Mais d'une part cela n'est pas le cas le plus fréquent, d'autre part, cela n'empêche pas le retour dans les mêmes régions. Le plus souvent, les populations locales posent comme principale restriction à la liberté de pâturage le maintien à une distance respectable des parcelles cultivées et le déplacement dans le cas où un propriétaire souhaiterait labourer le lieu de campement. On ne s'arrêt toutefois que là où l'accueil est bon. Entre temps, les bergers, coordonnés par un convoyeur, ne passent dans chaque site que le temps, environ quatre jours, au bout duquel on leur demande de déguerpir. 2-4-2-4 Les retombées de la transhumance interrégionale Les effets de la transhumance vers d'autres régions sont d'ordre aussi bien technique qu'économique. Les suites positives de la fréquentation d'autres lieux sont évidentes. La première est la possibilité de mettre ses animaux en vente sur des marchés où les prix sont plus avantageux. Cela est particulièrement visible à travers les dates où les éleveurs envoient leurs troupeaux, souvent dans les quatre ou cinq semaines qui précèdent l'aid el adeha, et leur situation quand ils retournent dans leur région, plus ou moins tôt selon les conditions climatiques dont ils s'enquièrent régulièrement en téléphonant à leurs correspondants restés au pays, mais toujours après avoir vendu autant que possible à la hausse une grande partie de leur cheptel. Un des résultats de ces déplacements, présenté par les éleveurs sur un ton dubitatif, est le croisement des animaux avec ceux des régions où ils séjournent, qui sont dans leur ensemble de races de conformation plus robuste. Et, de fait, la recherche de géniteurs des élevages d'Imgoun par les bergers d'autres groupes, qui tenait une grande place dans les propos autour de 1993, semble n'être plus à l'ordre du jour. Nous verrons au chapitre IV quelles questions de principe cette innovation pose à l'équipe du P.C.B.T.H.A..Or, les ovins et les caprins de toute cette partie du versant sud du Haut Atlas sont, comme ses bovins, particulièrement rustiques. Quel serait alors, dans les rudes conditions physiques de la région, l'avantage de la création de types plus productifs? Même économiquement, il est possible que le bénéfice en serait faible. En effet, des animaux de plus belle corpulence exigeraient dès leur plus jeune âge une alimentation et, peut être, puisqu'ils comporteraient des caractères adaptés à d'autres milieux, seraient plus délicats et demanderaient des soins particuliers. Enfin, d'un point de vue plus général, l'élargissement du rayon de pâturage implique une ouverture sur d'autres régions et, par là sur d'autres secteurs d'activités. Cependant, il comporte de façon évidente le risque de mener à des conséquences inverses de celles escomptées par les promoteurs du P.C.B.T.H.A.. Les éleveurs peuvent en effet céder à l'attrait de stratégies d'expansion, en considérant que l'élargissement des pâturages disponibles favoriserait sans danger la possibilité d'augmenter les effectifs de leurs troupeaux. Le principal contrecoup d'un tel choix serait la surcharge des écosystèmes d'autres régionset, dans un autre ordre d'idées, une croissance de l'élevage pouvant aboutir à une surproduction ou à une plus grande dépendance vis à vis de ressources pastorales dans tous les cas limitée. Et les atteintes à la diversté biologiques pourraient être d'autant plus importantes que le départ vers d'autres régions est susceptible d'inciter à la réciprocité les éleveurs des régions dans lesquelles les troupeaux sont envoyés et donc, en retour, d'aggraver la pression sur les parcours locaux en cherchant à l'alléger. 3- Les territoires Les documents historiques cités dans l'étude sur les savoirs locaux témoignent de l'ancienneté dans la région des groupes qui l'occupent actuellement. Lors de l'implantation de l'administration du protectorat français, a été entamée la délimitation de leurs territoires respectifs. Aujourd'hui, elle n'est pas achevée. 3-1 Une société aux modes de vie communautaires Comme nous l'avons souligné au début de ce chapitre, un même mot, qbila, dont on voit alors clairement qu'il a le sens de communauté est employé pour désigner un grand groupe sociohistorique, un groupe de village rassemblés en une mchikha, et, surtout, le groupe L'appartenance à la communauté social d'un village. Nous verrons (§ 3-3-1) que le niveau de n'est, si on se réfère aux attitudes de découpage en territoires correspond, selon les lieux, à l'un ou l'autre tous les interlocuteurs, fondée sur une identité ni par le sang, ni par le de ces niveaux de taille de groupes.des territoires. Chez les sol; elle se réfère plus ou moins à une Imeghran, l'identification est encore plus fine. L'unité socio-politique histoire commune, mais elle se forme de base n'est pas la communauté villageoise mais le lignage, dont visiblement par une reconnaissance chacun a essaimé à travers les territoires occupés par les Imeghran consensuelle, d'essence plus ténue. et les Fetouaka, étant ainsi à l'origine de noyaux apparentés dispersés à travers cette partie de la région. Ces communautés villageoises nettement individualisées se déclarent cependant toutes appartenir à d'un des grands groupes reconnus historiquement. Ainsi, nous avons déjà vu (§ 1-2-5) que les Ait Sedrate des villages de la moyenne et de la haute vallée du Dades, en même temps qu'ils faisaient montre d'une très grande exigence en matière d'origine de leurs membres, savent, lors que surviennent des litiges frontaliers Chez les Ait Moutted de Boumaln, le entre les Ait Sedrate et les Ait Zekri ou les Imgoun (voir § 5), fait que la communauté d'Oughroud retrouver leur unité. Tous ceux qui sentent avoir une identité, une ne se soit pas dotée d'un gardien des récoltes de fruits est justifié par appartenance à la grande communauté Ait Sedrate se mobilisent l'inexistence des vols dans ce village, physiquement pour la défense de l'intégrité de leur territoire qu'on attribue elle-même à l'absence commun. d'étrangers, c'est à dire d'Ait Sedrate ou d'Imgoun.. Une autre attitude est toutefois en train de prendre forme parmi les Ait Sedrate du Saghro. L'étude sur les savoirs locaux a déjà souligné leur propension à distinguer expressément les Ait Toukhsine de la montagne et les Ait Toukhsine du Saghro, donnant ainsi corps,dans un esprit d'analogie avec la subdivision entre Ait Sedrate de la montagne, de la plaine et du Draa, et par des allusions plus ou moins vérifiables à une occupation très ancienne, à une légitimation de la fixation dans le massif et de l’orientation vers l’agriculture. Cette affirmation d'indépendance territoriale est visible dans la réticence de certains à indiquer leur groupe d’origine et celui de leurs conjoints et des conjoints de leurs enfants, et dans des déclarations d’abandon de la transhumance. Les Ait Toukhsine restés à la montagne font au contraire systématiquement mention de la présence d'antennes de leurs unités socio-économiques dans le Saghro. Ainsi, O. n'a pas dit grand chose de sa famille vivant dans la montagne, c'est un membre de son village d'origine qui a fait mention de l'installation de deux des frères de la B., des Ait Zekri, a insisté sur le fait famille au Saghro. De la même façon, c'est par des tiers que sa qu'il était originaire de la montagne et réussite m'a été expliquée par l'envoi d'argent du frère installé en qu'il avait autant droit aux pâturages de la montagne que ceux de la France. montagne à ceux du Saghro. Mais en soulignant avec insistance que cela n'était admissible qu'entre Ait Zekri. Nous verrons que, dans les faits, les comportements sont bien plus opportunistes et que les relations avec les institutions s'orientent vers les instances les plus favorables Cette aspiration à une séparation, à un passage à l'autonomie vis à vis des familles dont ils sont issus, est surtout propre aux Ait Sedrate, en particulier Ait Toukhsine, installés au Saghro. Chez les Ait Zekri, les attitudes sont nettement contradictoires. Des grands propriétaires établis au Saghro soulignent avec insistance l'intégrité du territoire du groupe des sommets du Haut Atlas à la bande nord selon la conjoncture. du territoire du groupe, des sommets du Haut Atlas à la bande nord du Saghro jusqu'à l'oued Maoust et Tamounzreft, ce qui peut mener un observateur à conclure à la pratique d'une organisation fortement structurée et cohérente entre les parties de la famille vivant respe ctivement au Saghro et à la montagne. Mais il faut se rendre compte qu'ils constituent une minorité qui continue à pratiquer l'élevage transhumant. de plus, ces déclarations ne se sont accompagnées chez aucun de nos interlocuteurs de la mention de liens familiaux organiques interrégionaux. A l'opposé, ceux qui n'ont pas de grands élevages et se sont fixés sur les terres du piémont que doivent traverser les troupeaux aux cours de leurs déplacements saisonniers déclarent que les bergers de tous les groupes, y compris des Ait Zekri, ne devraient pouvoir camper sur des sites du bas pays qu'après avoir obtenu une autorisation des institutions responsables de cette partie de la région, ajoutant même que le pâturage devrait être soumis au paiement d'un droit. Nous analyserons la conduite que devrait adopter l'équipe du P.C.B.T.H.A. à ce sujet. 3-2 Les statuts fonciers et l'occupation des terres Dans ce pays de cultures irriguées villageoises et d'élevage transhumant, la majorité de la population de chaque groupe est fixée sur les quartiers exigus consacrés aux cultures faisant partie des terres reconnues comme propriété collective de l'ensemble du groupe. Un nombre plus ou moins grand de foyers se déplace à travers toute la surface de ce territoire et celle de quartiers appartenant à d'autres communautés. Nous avons vu que, sur ces terres qui sont toutes affectées du statut collectif, du point de vue aussi bien du droit étatique que du droit local, les abris pastoraux avaient différents statuts. Sur les quartiers d'altitude, du piémont ouest et du Saghro sont installés des sites de campement collectifs. Partout, y compris sur ces trois parties de la région, se trouvent des abris qui sont propriété privée d'individus. Mais seule la décision des conditions de l'usage des abris est du ressort de la personne du propriétaire. Le choix du pâturage et de l'abri où séjournent les troupeaux de chaque éleveur reviennent entièrement à ce dernier, sauf dans les cas particuliers, signalés plus haut, de tirage au sort, de désignation collective, ou de négociation avec le propriétaire. Les jardins du Saghro sont quant à eux perçus comme des unités d'un front de colonisation et comme une source potentielle de discorde. D'une part, le défrichement et le creusement d'un puits équipé d'une motopompe dont elles sont issues ont été réalisés à l'aide de techniques nouvelles et puissantes et dans le cadre de la reconnaissance du statut collectif des terres qui soumet l'individualisation de l'utilisation des ressources au consensus de la communauté. D'autre part, la majorité d'entre elles sont récentes et un grand nombre ont été créées par des émigrés, jusqu'alors sans terre, qui investissent dans la terre et y installent un membre de leur famille. 3-3 La consistance des territoires 3-3-1 La conception locale des territoires Si les groupes socio-politiques sont organisés selon un emboitement hiérarchisé, les différentes parties des territoires collectifs relèvent soit d'un grand groupe, soit d'une Notons que le terme administratif mchikhat, désignée administrativement comme fraction. fraction fait référence à la division d'un grand groupe, contrairement au terme local mchikha, qui évoque le groupement de communautés villageoises représentés par un chikh. Tout le monde reconnaît qu'Asselda et Imaoun sont aux Ait Toummert. Ils mènent leurs troupeaux et cultivent à Alatagh et Bou Ifessi avec les Ait Zekri, ils fréquentent Imlil, Timassinin, Azaghar N Oughioul Cela signifie que le droit de décision de l'usage des terres, des eaux, de la végétation, est du ressort exclusif de la population à qui appartient le territoire par l'intermédiaire des institutions qui les représentent. Ainsi, c'est au sein d'une communauté villageoise, ou d'une mchikha, ou d'un grand groupe, qu'est donnée l'autorisation de construire non seulement une maison près de celles qui constituent le cœur du village que des bâtiments au sein de la steppe des basses terres ou un abri sur un des quartiers de pâturage. Les différentes parties des terres reconnues comme territoire de cha que groupe sont ainsi sous la juridiction coutumière de groupes d'ayants droit plus ou moins larges qui ont tous entre eux des liens socio-politiques. Leur présentation sur une carte et dans un tableau est plus aisée à appréhender que leur rédaction sous forme d'un texte. groupes de groupes associés Igrnane Ait Ougrour de grands groupes bordures ouest, avec les voisins Fetouaka bordures sud, avec les voisins Ait Ougrour bordures ouest, avec une partie de la les voisins Fetouaka bordure ouest et de la bordures nord, avec bordure est les voisins Igrnane Ait Ouitfao agdal de la limite nord, avec les Ait Bououlli Imi tout le reste du territoire N Azerki, Imider, Tighrest Afernou pâturages d'Azdl, d'Ichbbaken terres cultivées des villages Amezri, alentours des villages terres cultivées de l'oued et du piémont terres incluses administrativement dans les territoires des Ait Zekri et des Imgoun Imgoun Ait Aatta de Boumaln Ait Aaffane ouest, Ait Aaffane est pâturage de la ligne de crête, p^turages du Sud toutes les terres de la le piémont d'après ses ligne de crête au occupants Saghro inclus, d'après certains Ait Zekri Ait Sedrate Ghassat, Ouassif de communautés villageoises toutes les terres Kantoula Ait Toummert de plus petits groupes de villages les agdal Amakchoud, Targa N Tagragra Aadda Ahl Toundout Ait Zaghar Ait Aaffane territoires collectifs de mchikhat (les Ait Sedrate du Draa ont plus un comportement d'alliés que d'une fraction du grand groupe Ait Ouzighimt, Ait Hmad, Ait Mraou, Ait Ouassif pâturages d'altitude et terres des 5 groupes terres du Saghro de la plaine au delà des finages de sections du Dades finages des villages de l'assif Mgoun Anbed finages de villages finages des villages La combinaison entre cette diversité des modes d'appartenance des terres et l'organisation de la fonction de naib à différents niveaux selon les groupes et les lieux (voir § 4-2) est probablement à l'origine de la diversité des statuts des abris pastoraux, que nous avons signalée plus haut (voir §§ 22-2-2-2) et du fait qu'une personne puisse de ne pas se trouver devant le problème de devoir faire au naib d'un village une demande d'autorisation d'individualisation d'un lieu où construire un abri situé sur un pâturage relevant du grand groupe dont elle fait partie. 3-3-2 La délimitation administrative et les contestation locales La délimitation administrative a mis tout le XXème siècle pour se préciser. C'est en 1980 qu'elle a été matérialisée. Elle comporte des distortions avec la consistance des territoires qui ressortent des déclarations sur l'aménagement et l'exploitation des terres. La limite ouest du territoire des Igrnane, est, d'après le document officiel, contestée par les Ait Yahya Ou Ali des Fetouaka. Les Ait Ougrour déclarent comme leur appartenant des quartiers de pâturages que les services de la Conservation foncière n'ont pas inclus dans leurs limites. De plus, ils utilisent en commun avec les Fetouaka et les Igrnane les pâturages du Nord Ouest de la région. Le territoire délimité comme appartenant aux Ait Zaghar est largement plus vaste que celui que tout le monde, y compris eux-mêmes leur reconnaît. Une partie en fait partie des terres des Ahl Toundout, dont le territoire administratif est beaucoup plus exigu que celui qui leur est admis par la population de la région. Une autre est réputé territoire des Ait Aaffane, qui n'a pas fait l'objet d'une délimitation administrative. Les terres qu'occupent les Ait Ouitfao n'ont elles non plus pas été délimitées. Elles n'interfèrent avec celles d'un autre groupe, les Kantoula, que partiellement. Ce sont les Ait Ouitfao qui ont fait opposition à la délimitation du territoires de ces derniers en deux points. La délimitation administrative des terres de ces derniers est la plus discutée de toutes. Non seulement la prospection de 1928 lui reconnaissait un territoire limité au tiers nord de celui qu'il a fait délimiter en 1980 et les Ait Ouitfao ont contesté la délimitation de 1980, mais le chikh de kantoula lui-même a délimité de sa propre main sur un fond de carte topographique le même territoire que celui de 1928. Les Ait Zekri et les Ait Sedrate sont en conflit sur la limite entre leurs territoires dans le Saghro, à Bouskour et à Tamzmout. Les désaccords sont élargis aux Imgoun autour d'Agarsif, sur le piémont. Les limites sud du territoire des Imgoun sont contestées par les Ait Sedrate de la plaine, et leur limite orientale par les Ait Hemmou des Ait Sedrate de la montagne. La délimitation administrative du territoire des Ait Sedrate a deux caractères remarquables. D'une part, elle ne concerne que les terres de la montagne, et non celles du Draa et du Saghro (notons au passage que cela renforce le point de vue que nous avons déjà exposé selon lequel les relations entre ces groupes seraient plus d'alliance que de pleine unité). D'autre part, cette délimitation inclut dans les terres des Ait Sedrate ce qui est toujours nettement reconnu comme territoire des Ait Aatta de Boumalne. de plus, en 1928, 1931 3-4 L'organisation administrative et politique est évolutive Nous voyons donc que la délimitation des territoires entamée lors de l'implantation de l'administration du protectorat français, n'est aujourd'hui pas achevée. De plus, la composition sociale des unités administratives a été modifiée à plusieurs reprises au cours du XXème siècle.Les manifestations et les conséquences en sont multiples. Des entités administratives nouvelles sont formées au fur et à mesure que la population d'une partie de la région augmente, comme dans tous les groupes qui se sont dédoublés, ou qu'elle se fixe. Des groupes sont versés d'une circonscription administrative à une autre, ou divisés entre deux circonscriptions, comme les Ait Zekri, les Ait Toummert, ou les Ait Sedrate. Différentes parties d'un même groupe se retrouvent ainsi avoir chacune son attache administrative. Le fait qui doit retenir l'attention est la combinaison, dans les comportements des mêmes personnes, entre, d'une part, rapidité de l'assimilation, dans le langage et dans les pratiques, des modifications, d'autre part, la conservation des catégories d'origine. Très vite après leur nouvelle affectation administrative de 1993, les Ait Zekri sont devenus, dans les déclarations de groupes voisins, Ait Aaffane, Ait Zaghar, des "gens de Imgoun". Les Ait Toummert, connus comme "n'ayant pas de territoire", ne font aucune remarque sur le fait que leurs villages soient considérés comme un seul ensemble, portant le nom de leur groupe. Cependant, ils parlent entre eux de Tamzouzmit des Ait Toummert, constitué de deux noyaux, Azilal et Tilibit. Ces noms, qui avaient été enregistrés en 1928 par les services du protectorat français, sont donc toujours en vigueur au sein de la population. Jusqu'en 1996, les Ait Zekri étaient tous intégrés dans la cisrconscription de Toundout. Depuis, ceux qui sont installés au Saghro sont administré par la qiada de Skoura. Leurs voisins Ait Sedrate sont administrés par la qiada de Qalaat Mgouna, qui gère les affaires des Ait Zekri de la montagne, dont sont originaires une partie des Ait Zekri du Saghro. Ainsi, en principe, en cas de différend entre des membres des deux groupes, c'est donc la même qiada qui est chargée d'instruire le dossier, ce qui permet une meilleure maîtrise de la situation. Cependant, la domiciliation administrative des habitants du Saghro n'est pas fixée officiellement, ce qui rend difficile le contrôle des effets d'une initiative, notamment en matière d'exploitation de la nature. D'un côté, si les Ait Sedrate de la plaine ont tous toujours dépendu de Qalaat Mgouna, ceux qui ont migré de la montagne sont déclarés par les uns relever d'Afra, par d'autres faire partie de la qiada de Boumaln et devoir s'inscrire sur les registres de l'état civil des Communes rurales selon lesquelles elle est divisée. Mais ils sont en même temps souvent amenés à s'adresser aux institutions de l'arrondissement de Qalaat Mgouna, naib d'un village, naib général de la plaine et du Saghro… De l'autre côté, tous les Ait Zekri considèrent qu'ils peuvent s'adresser indifféremment à la qiada de Skoura ou à celle de Qalaat Mgouna, selon la façon dont se présente la question qu'ils ont à régler, selon les intérêts des institutions locales, liés à leur situation géographique comme à la conjoncture, et selon les points de vue personnels des agents des institutions qui seront appelés à traiter le dossier. Ils le font en particulier quand ils doivent demander l'autorisation de creuser un puits, de défricher… Plus largement, chez les Ait Sedrate, la division n'est pas, comme peut le faire penser de prime abord la nomenclature administrative, uniquement géographique, mais aussi sociale. Les groupes considérés comme fractions, Ait Toukhsine, Ait Melouan, Ait Idir, Tougha Zouli, auquels s'ajoute le groupe Ait Moutted d'Ait Aatta, dans la montagne et sur le haut piémont, Ait Yahya et Ait Arbaamia (toutes les deux récemment subdivisées en deux nouvelles fractions avec l'augmentation de leurs effectifs) dans la plaine, Afella N Dra, Afra, dans le Draa moyen, ont chacun a son chikh, ce qui prouve qu'ils se sont formés depuis longtemps. mais les Ait Sedrate installés au Saghro, dans leur majorité Ait Toukhsine, ont, nous l'avons vu un statut plus complexe. Le grand groupe des Imgoun est constitué de ce qui était, en 1928, présenté comme trois sous groupes, Ait Hmad, Ait Mrao et Ait Ouassif, auxquel on voit s'ajouter, dès 1939, le groupe des Ait Ouzighimt, qui ne porte pas un nom social mais un nom de lieu, et qui sont individualisés, au cours de discussions, comme les Igourramen de la partie amont, ouest, de la vallée, qui ne sont donc pas un groupe rattaché tardivement aux Imgoun mais une partie d'entre eux qui s'est constituée en groupe distinct au cours de l'histoire, peut être du fait d'une évolution du type de celle des subdivisions entre groupês d'Ait Sedrate de la plaine, peut être par un réajustement servant des intérêts locaux opéré en saisissant une opportunité administrative. Les Imeghrane ne constituent nettement un groupement que dans les références de leurs voisins. Pour leur part, ils nomment Khmis Imeghrane ce que nous connaissons comme Toundout mais chacun se présente comme membre d'un groupe socio-historico-politique particulier, Igrnane, Kantoula, Toundout, Ait Ougrour (présentés en 1928 comme une fraction des Ait Zekri), Ait Zaghar, Ait Aaffane, Ait Ouitfao, dont les trois derniers ont été subdivisés en sous fractions. Les personnes se réclament autant de leur groupe social d'origine, de celui qui résulte d'une subdivision administrative. De plus, la carte établie en 1928 par le lieutenant Spillmann, officier des affaires indigènes, exclut le Jbel Saghro du territoire des Ait Sedrate et l'étude de 1931 du même auteur sur le Dades et le Todgha le présente en entier comme la région de parcours des Ait Atta du Sahara qui borde au Sud les terres des Ait Sedrate de la montagne et de la plaine. ce même ouvrage fait état de tractations entre les Ait Aatta et les Ait Sedrate pour sceller une entente relative à la répartition et à la surveillance des pâturages à la suite d'une attaque entre bergers des deux groupes. Reprenons un paragraphe de l'étude sur les savoirs locaux pour signaler le manque de certitude en la matière: «Un autre document −tout aussi officiel− de la même époque (Lieutenant Moulin, chef du Bureau des Affaires Indigènes de Kelaa Megouna, 7 mai 1931, La transhumance chez les tribus contrôlées par la Kelaa des Imgoun) indique par contre des limites identiques à celles admises aujourd’hui. Il note en effet que "les terrains de parcours situés dans le Saghro sont considérés par les Ait Sedratee comme la propriété de la tribu" et que "les Imgoun ne possèdent en propre comme terrains de parcours que les pentes montagneuses allant de la crête du Grand Atlas à la vallée du Dades [...mais que] Néanmoins, ils emmènent leurs troupeaux pâturer dans le Saghro sur les terres appartenant aux Ait Sedrate [ajoutant que] Cette habitude a été prise en des temps immémoriaux et se maintient sans difficulté. [commentant] "Le Saghro est grand", disent les gens". Il ne donne pas de détails sur les frontières entre Ait Sedrate et Ait Aatta, se contentant de dire que "des ravins, des oueds, forment des limites précises entre les terres des uns et des autres". Nous reviendrons à propos des institutions sur les pratiques de gestion des pâturages qu’il décrit.» 4- Les institutions qui gèrent les relations sociales La revue des institutions qui gèrent les relations sociales que nous avons faite au cours de cette étude a particulièrement mis en évidence leurs statuts par rapport à l'Etat et par rapport aux communautés. 4-1 Les institutions de gestion des relations quotidiennes Dans chaque village, l'amghar (chikh, chef) est chargé du règlement des querelles courantes entre les membres de la communauté, menus larcins, empiétements et erranExemples de problèmes gérés par ces. Quand les plaignants et les personnes mises en cause sont l'amghar d'un village en même temps prêtes à transiger, il y met fin sur le champ et sans consulter des qu'il exerce sa charge de chikh ou de mqaddem (agent de liaison entre la tiers. Sinon, il fait appel à deux ou trois hommes prêts à l'assister dans la recherche d'une solution de conciliation. communauté et l'Administration) A Assaka des problèmes ont opposés deux agriculteurs à propos des limites entre leurs parcelles. L'amghar les a réconciliés en faisant statuer une commission de sages. L'amghar de Tighli a eu à régler un problème né entre deux personnes à propos d'un arbre planté sur une parcelle appartenant à l'un et dont les branches s'étendent au dessus d'une parcelle voisines appartenant à l'autre. Partout, l'amghar est appelé à trancher sur les problèmes de tour d'irrigation quand le débit des points d'eau diminue, même si le tour d'eau est supervisé par un homme désigné par les irrigants. Si la mésentente persiste, les adversaires font recours au qadi communal si l'affaire concerne un dol inférieur à 1000,00 Dh, à la qiada, qui peut être obligée d'en référer aux tribunaux, si les biens en question sont évalués à plous de 1000,00 Dh. 4-1-2 Les statut du amghar, du chikh, du mqaddem Ces hommes sont en principe des membres du comité informel de sages jugés par consensus capables d'assurer le maintien de bonnes relations au sein du groupe. Les caractères requis pour assumer cette charge uniformes à travers tous les villages, sont restrictifs. Le premier est évidemment l'appartenance à la communauté. En principe, le comité est composé d'un homme de chaque lignage constituant le groupe. Parmi les autres critères, le principal est implicite, mais imprègne fortement toute la vie sociale de la région: le comité est composé exclusivement d'hommes. En plus, ces hommes doivent être âgés et réputés sages, avoir une bonne compétence de la résolution des problèmes et du rétablissement du calme dans les relations. Quand, au moment de la mise en place du système administratif du protectorat français, ont été instaurées les charges de chikh et demqaddem, elles ont en principe remplacé celle de l'amghar de chaque communauté de base. Mais, dans les faits, les deux régimes ont été confondus. Les fonctions de chikh ou de mqaddem, considérées dans la région comme peu différentes, ont été adoptées et ajoutées à celles de l'amghar lui-même. Le chikh d'une fraction ou un mqaddem est l'amghar de son village. Or, contrairement à ce qui se passe dans une grande partie du Maroc, tous les villages ne sont pas dotés de mqaddmine. De plus, du fait de l'individualisation de parties de groupes, mchikhat, fractions dans le vocabulaire administratif, des groupes qui se ressentent comme autonomes se trouvent sans chikh et leurs relations avec l'administration publique sont gérées directement par des mqaddmine dont chacun a la responsabilité de plusieurs villages. Des communautés villageoises se trouvent donc non seulement pas dotées d'un amghar et d'un comité de sages, mais aussi, dépourvues d'adjoint des services de l'Etat. Et la fonction est assurée par le responsable d'un village voisin, plus ou moins éloigné, faisant partie du même groupe historique, ou par celui d'un autre groupe. Ainsi, Le chikh des Ait Melouan, homme âgé, représente cinq villages auprès de l'Autorité locale. Il n'est secondé que par un mqaddem. Dans le Saghro, c'est le mqaddem des Ait Ouitfao de Sidi Flah qui représente les Ait Zekri vivant au qsar Ait Zekri de Sid Flah et à Tamounzreft et Oued Maoust. Quoi qu'il en soit, par rapport aux critères généraux de l'Administration marocaine, la fonction du chikh et du mqaddem se trouvent donc aujourd'hui être double. Ils assurent en même temps la gestion des relations au sein de la communauté qui les reconnaît comme leur amghar et la transmission de l'information entre l'ensemble des villages dont ils ont la charge et les services de l'Etat. 4-2 La gestion de l'usage des terres 4-2-1 L'institution de gestion de l'usage des terres Partout, les décisions concernant l'usage des terres portent sur l'individualisation de l'usage et de l'appropriation de parties de ces biens, tous de statut collectif. Elles sont en principe du ressort du comité de gestion des terres collectives, constitué d'un membre de chacun des lignages composant la communauté villageoise et coordonné par un représentant, naib. dans les faits, la conception est inverse. C'est le naib qui est considéré comme responsable des décisions, le comité n'étant perçu que comme une assemblée de conseillés. En principe, ils travaillent en concertation avec l'autorité de tutelle des terres collectives, représentée par le qaid, qui valide les décisions prises au nom de la communauté propriétaire. Dans les faits, le recours à toutes les étapes de la procédure, consultation du comité, étude du dossier avec l'autorité de tutelle, ne se fait que si le naib, voire l'amghar, n'est pas sûr que la demande pourra être satisfaite sans éveiller de contestation au sein de la communauté. Il arrive même couramment qu'une construction soit entreprise sans faire de demande d'individualisation de l'usage du terrain. Cela vaut autant pour les abris pastoraux, comme le prouve la déclaration courante que les personnes qui voudraient creuser des ifran n'ont pas besoin d'en demander l'autorisation, que pour les maisons, aussi bien en bordure des villages que dans les bas fonds du piémont et du Saghro (voir § 1-2-6, 2-2 et 2-3). La formalité n'est alors faite qu'une fois les travaux bien avancés, et de façon plus ou moins formelle selon les désaccords qu'elle est susceptible de soulever. 4-2-2 Le statut du naib La charge de naib n'a été créée dans la région qu'il y a une douzaine d'années. Nous nous demanderons au chapitre III quels ont été les effets de cette initiative. Les Ait Aaffane ont trois nouab des terres collectives pour 18 villages. Chaque naib est assisté par des hommes âgés. Ces sages sont 20 pour l'ensemble de la qbila. Quand un naib est saisi d'une demande d'individualisation de l'usage d'un terrain, il consulte les habitants du village concerné représentés par leurs sages. L'autorisation qu'il établit est remise par le chikh à la qiada qui la valide. L'autorisation de construire est ensuite donnée par le conseil de la Commune rurale. A Iferkhane, les problèmes sont réglés par le chikh et deux membres de la qbila dont l'un est le naib du groupe de villages. Un membre du conseil de la C.R. de Toundout est du village. Les notables de la qbila sont 12 en principe, un par tour d'eau. En fait 5 d'entre eux sont sollicités au moment de régler un problème. Les charges du mqaddem sont le règlement des querelles quotidiennes, notamment de limites de parcelles, la délivrance d'attestations. Le naib, le chikh et les 12 notables donnent les autorisation d'individualisation de l'usage de parcelles de terre. Si un cas n'est pas réglé par ces instances, le demandeur s'adresse à la qiada. A Lharet, village du même groupe, se trouvent un membre du Conseil communal et 4 à 7 notables. Selon les groupes et les parties de la région, l'arrondissement dans les limites duquel un naib exerce ses fonctions couvre le territoire d'une communauté villageoise, groupe élémentaire, de plusieurs d'entre elles, ou de ce qui est considéré administrativement comme une fraction ou une sous fraction, dont le territoire est plus ou moins délimité. Dans la majorité des cas, chaque village a son naib et son comité de gestion des terres collectives, dûment enregistrés par les services de l'Autorité de tutelle. Ailleurs, notamment en haute montagne, si chaque village a son comité de sages, certains ont un naib en commun, comme chez les Ait Aaffane, où y trois nouab sont chargés de 18 communautés, d'autres, chez les Ait Toummert, chez les Ait Zekri ou les Kantoula, ont deux ou trois nouab, dont chacun est considéré comme légitime par une partie des familles et est assisté de son propre comité. La partie Sud du territoire des Ait Zekri, sur le piémont et dans le Saghro, a un seul naib et son comité est très peu formalisé. Les Ait Sedrate de la plaine, Isehihen, Ait Yahya I, Ait Yahya II, Ait Arbaamia I et Ait Arbaamia II, ont des nouab de villages et un naib commun, qui apparaît comme responsable des terres éloignées des quartiers d'occupation intensive des villages, mais qui agit visiblement, d'après les procès verbaux de sessions de règlement de litiges, comme un expert général en matière de gestion des terres reconnues comme territoire des Ait Sedrate de la plaine et n'est, lui non plus, assisté d'aucun comité permanent. Chez les Imgoun, les affaires foncières sont gérées, en plus d'un naib et d'un comité par village, par un naib de l'ensemble du groupe, auquel il est, en princi- pe, fait appel dans toutes les mchikhat et dans toutes les parties du territoire. La diversité de l'importance que donne chaque groupe au rôle du naib, donc aux question d'individualisation de l'usage de la terre, est mise en évidence par son évolution dans chaque communauté. Dans de nombreux villages, surtout de la plaine, l'impartialité du naib, et même dans certains cas, du chikh, est vivement contestée et ces mises en causes sont clairement déclarées à l'occasion de litiges et peuvent aller jusqu'à la demande de leur destitution. Plus rarement (mais le caractère récent de l'institution ne nous donne pas assez de recul pour pouvoir juger du sens de l'événement), quand un membre du comité des terres collectives, voire le naib, a vieilli au point d'être frappé d'incapacité, ou meurt, on ne procède pas à son remplacement. 4-3 Le contrôle de l'exploitation de la nature 4-3-1 Les institutions de gestion de l'irrigation Dans tous les villages, les groupes d'irriguants chargent un homme de coordonner les travaux d'entretien des ouvrages de mobilisation de l'eau et de sa distribution entre les parcelles. Selon les lieux, on nous l'a nommé amel n targa, terme attesté de longue date dans les parlers tachelhait de tout le Maroc, ou aallam n targa, qui évoque la charge d'information, que les travaux, ou le tour d'eau, vont commencer, ou aailem n targa, qui se rapporte probablement au fait que ce préposé a une compétence dans le domaine, traduit en arabe par mqaddem essaguia qui comporte une connotation d'exécution de tâches, et non amghar, qui serait traduit part chikh, chef. Nulle part ce coordinateur, dont le mandat est en principe d'une année, n'est rémunéré. De la même façon, il n'est pas astreint à une présence permanente sur le réseau. Sa première charge consiste à rendre publique la date décidée pour commencer les travaux d'entretien des ouvrages et le tour d'irrigation. Cela implique donc qu'il s'emploie à organiser la campagne, en consultant des agriculteurs plutôt que de de son propre chef. Il est aussi responsable du bon déroulement des opérations, non techniquement, comme dans le Sous, le Tafilalt, le Draa moyen, mais essentiellement comme garant, conciliateur ou arbitre entre les usagers. N'ayant pas une fonction de préposé, la personne choisie pour assumer la charge est un des notables, des hommes reconnus comme sages par la communauté. Ce peut ainsi être un des membres de ce comité informel qui a une responsabilité institutionnelle particulière, l'amghar, chikh oun mqaddem administratif, le naib des terres. Donc, dans les faits, le mandat d'une année semble être une norme, mais non la pratique. Dans de nombreux cas, nous avons pu constater que celui qui ne peut être présent au moment où il doit irriguer s'assure personnellement d'un arrangement avec un voisin, et en informe ce coordinateur. A Ghassat, par exemple, nous avons pu assister à une discussion entre membre influents du groupe des irrigants qui se concertaient sur la façon dont ils allaient présenter aux services de l'Etat leurs doléances à propos de l'organisation de la répartition de l'eau entre leur communauté et les communautés voisines. Peu après, nous avons compris qu'un des interlocuteurs, le mqaddem, était le responsable du bon déroulement de l'irrigation quand un homme est venu l'informer qu'il allait être absent au moment où il devrait irriguer, lui demandant quelle formalité remplir, lui signalant qu'il avait déjà l'accord d'un autre agriculteur pour échanger avec lui son tour d'irrigation. Le mqaddem lui a alors répondu qu'il suffisait qu'il l'ait averti. Les principes de la réglementationprévoient partout que le gardien du réseau irrigue pour lpour un usager absent, qui n'a alors qu'à lui rembourser la somme qu'il a versée pour rémunérer l'ouvrier qui a exécuté le travail. Il peut y avoir conflit s'il refuse de payer les 10,00Dh de dédommagement pour ce service. Il est alors conduit à la qiada où il est contraint de payer une amende de 50,00Dh. 4-3-2 La surveillance des vergers Dans la quasi totalité des villages où se pratique l'arboricuture, donc dans presque tous, les cultivateurs chargent un homme de garder les vergers entre la fructification et la récolte. Il est préposé à la prévention et à la sanction des vols de fruits lghorm partout, amghit chez les Ait Moutted (voir § 2- 1). C'est en général un homme jeune, dont le travail est salarié et doit être, contrairement aux autres charges, physiquement effectif. Chez les Ait Ouitfao de Tagragra, le gardien, recruté parmi les hommes du village sans exigence d'aucune qualité particulière, souvent présenté comme jeune, désœuvré, de préférence susceptible de perpétrer lui-même des larcins, reçoit comme rémunération une part de la récolte d'amandes de chaque propriétaire. Chez les Kantoula, cette rétribution est fixée à un roubou' d'amandes et la légitimité de la charge, aussi bien que la responsabilité dans laquelle elle tient le préposé, est affirmée par la matérialisation de son caractère officiel sous la forme d'un contrat (on nous a partout dit que "le gardien [est investi d'] un rasm). Les contrevenants sont passibles d'une amende de 20,00Dh. La punition d'un vol est considérée comme dissuasive pour longtemps. Cela peut s'expliquer par le fait qu'ils sont en général commis par des enfants. Chez les Ait Toummert, le préposé est choisi parmi les pauvres qui ne possèdent rien. L'amende (ghorm) que verse un contrevenant, qui s'élève à une demi abra d'amandes, lui revient. La punition d'un vol est partout déclarée dissuasive pour l'auteur du délit comme pour l'ensemble de la communauté ("quand on en a puni un, plus personne n'ose voler, d'autant plus qu'il s'agit le plus souvent de chapardages d'enfants"). tout le monde insiste aussi fortement sur la souplesse de l'application de la peine, d'autant moins lourde qu'on sait que le voleur n'a pas les moyens de payer un fort dédommagement et qu'il fait preuve de contrition sincère. 4-3-3 Les contrôle de la coupe de ligneux Nous avons vu que le contrôle de la coupe des ligneux n'est signalé que dans trois cas, à propos des accords de transhumance entre groupes, du constat de prélèvements sur les parcours entre voisins et de coupe de bois vert dans les quartiers de cultures. Il n'est pas expressément du ressort d'un préposé ou d'un responsable. Les abus sont signalés après qu'ils ont été perpétrés. Les seuls cas où on nous a mentionné une institution spécifique, essentiellement chez les Ait Sedrate, sont ceux où des jeunes de familles influentes l'ont organisée il y a au plus deux ou trois ans. Leurs voisins qui ne comptent s pas de jeunes entreprenants, comme les Ait Melouan, ont déclaré "[ne pas faire] le ghorm du bois vert". 4-3-4 Le contrôle de l'agdal Dans tous les groupes qui mettent des pâturages en défens pendant le printemps, le responsable de l'organisation de l'agdal est un contrôleur et non un gardien des pâturages. Son rôle consiste, chaque année, à proclamer la fermeture et l'ouverture de l'agdal, après concertation avec les éleveurs et identification de ceux qui ont l'intention d'y envoyer leurs troupeaux pendant l'été, à superviser le respect de la mise en défens pendant la fermeture et, enfin, organiser la désignation des abris si les éleveurs se sont entendus sur une arrivée groupée et une entente sur l'attribution des lieux de campement. Les descriptions qui sont faites de son activité (voir § 2-2-4) confirment toutes qu'il ne séjourne pas sur les pâturages, notamment pendant leur fermeture. Ce sont les bergers installés sur les quartiers voisins de l'agdal qui l'informent des éventuelles infractions. Il doit alors obliger le contrevenant à payer une amende, qui semble, d'après tout le monde, avoir, comme celle frappant les voleurs de fruits, une portée plus morale qu'économique. 4-4 Les attitudes vis à vis des services extérieurs et publics Un domaine sur lequel doit particulièrement porter l'attention de l'équipe du P.C.B.T.H.A. est celui des interventions des services publics et de leurs effets. Les observations menées au cours des dix dernières années et les discussions avec les agents des services techniques de l'Etat A la fin des années 1980, le piémont entre Timassinine et la bordure nord du Saghro a été planté en arbustes fourragers et mise en défens. Pendant plus de cinq ans, toutes les discussions avec les agents d'organismes extérieurs de passage ont été émaillées de protestations contre cette occupation dont tous les éleveurs dénonçaient le caractère de barrière gênant le passage des troupeaux en transhumance vers les pâturages subsahariens et sahariens du Saghro et du Draa moyen. Nous analyserons comment l'échec de la plantation, qui a séché sur pied dans la première moitié de la dernière décennie, a mis fin à ce qui était en passe de se transformer en conflit majeur. Au début du lancement du P.C.B.T.H.A., les services vétérinaires de l'O.R.M.V.A.O. ont procédé à la vaccination des animaux des éleveurs du Cercle de Boumaln. L'opération a été très bien accueillie par les personnes visées. Mais une conséquence inattendue a été la réclamation des éleveurs Ait Aatta voisins qui s'estimaient victimes d'une exclusion discriminatoire. La situation a été restaurée en étendant la campagne à ces protestataires. 5- Les ententes et les conflits 5-1 Les attitudes vis à vis de la fréquentation des pâturages Des élevages de Kantola, de Ait Zaghar, de Ait Aaffan, viennent sur les pâturages des Ait Ougrour, les éleveurs Ait Ouitfao fréquentent les pâturages d'altitude des Ait Aaffane, Ait Zaghar et Ait Toundout. Les élevages de ces groupes campent dans la moyenne montagne, à Aferrane N Ait Ali, et dans la plaine (loudha) sur les pâturages des Ait Ouitfao selon un accord de réciprocité comportant pour condition d'admission l'obligation d'y laisser le fumier aux propriétaires des abris qui le ramassent. Sur les pâturages d'altitude (adrar) des Ait Aaffan, ils sont de plus tenus de s'installer régulièrement dans les mêmes abris. Les propriétaires leur indiquent dans quels lieux ils doivent camper. Leur utilisation de pâturages d'altitude peut se faire selon la même condition d'abandon du fumier de leurs animaux mais sans réciprocité,comme à Michdaden, où ils occupent des abris de Ait Hmad, dont un appartient à quatre personnes associées qui ne possèdent pas d'animaux. A travers les ententes passées entre les groupes et les conflits qui les opposent, sont mises en évidence trois attitudes vis à vis de la fréquentation des pâturages par les troupeaux transhumants. Des éleveurs, essentiellement parmi ceux dont les territoires n'occupent qu'un site de la région intéressant le P.C.B.T.H.A., montagne, piémont ou Saghro, expriment la revendication du droit de camper sur n'importe quel quartier de pâturage au nom de l'appartenance à la région, ou d'ententes tacites, ou de conventions formalisées entre groupes réputés propriétaires des différents territoires, ou de la pure liberté de circulation et d'installation dans n'importe quel abri, en vertu du droit du premier arrivé, ou d'une occupation régulière de leur part. C'est surtout le cas des Imgoun, qui n'ont pas de terres au Saghro, ou des Ait Aaffane, qui n'en ont ni sur le piémont ni au Saghro. La déclaration d'exclusivité du droit d'usage des pâturages et des abris pour les seuls membres des groupes qui en sont réputés propriétaires est très rare. On ne l'a constatée que chez des agriculteurs installés sur le piémont au dessous de Timassinine, qui préconisaient ainsi la soumission du pâturage au paiement d'une redevance d'entrée au groupe propriétaire des lieux. Même sur les agdals, les usagers ne sont pas les seuls éleveurs des groupes propriétaires des pâturages. Les propriétaires d'abris, dont beaucoup ne possèdent pas de troupeaux transhumants, prônent le libre accès aux abris pour n'importe quel élevage transhumant à condition que les déjections des animaux y soient laissées à leur disposition par les éleveurs. Cette situation se présente en particulier sur les pâturages proches des quartiers de culture et d'habitation. L'exploitation du fumier se fait ainsi surtout sur les pâturages du piémont, notamment, de l'Ouest vers l'Est, chez les Ait Ougrour du bas pays, les Ait Ouitfao, les Tougha Zouli et les Ait Moutted d'Anbed, tous groupes qui comptent des effectifs très réduits d'éleveurs. Les Kantoula, parmi lesquels les pasteurs sont plus nombreux, font partie de façon notable des utilisateurs de leurs pâturages de basse altitude. Chez les Imgoun, les Ait Zekri du bas Dades et les Ait Sedrate de la plaine, les terres en pente faible et planes sont plus consacrées aux cultures. Toutefois, sur les pâturages plus difficiles d'accès eux-mêmes, le fumier, dont le chargement d'un camion vaut 20000 Dh, et qui continue à être déclaré indispensable, est enlevé par les habitants des villages riverains. 5-2 Les tendances de l'utilisation des terres Nous avons vu que, sur la bordure avale des périmètres irrigués villageois, sur le piémont, essentiellement central, du Haut atlas, dans les lits majeurs et les bas fonds du Saghro, la mise en culture des terres progresse. Ces initiatives sont essentiellement le fait de membres des groupes reconnus propriétaires des territoires ainsi soumis au défrichement. Elles ne sont pas toujours contestées. Et quand elles le sont, c'est tantôt au nom de la gêne qu'elles constituent pour le passage des troupeaux en transhumance tantôt, et cela semble être plus souvent le cas, au titre de l'abus du droit d'appropriation dont se rendent ainsi coupables leurs auteurs vis à vis de leurs pairs. 5-3 Les positions vis à vis des entreprises des services de l'Etat Si les entreprises des services techniques de l'Etat et des organismes caritatifs et humanitaires de développement sont envisagées avec méfiance et vigilance, surtout quand elles immobilisent des parties des territoires des populations touchées, elles sont sollicitées dès qu'elles apportent des équipements et des services, notamment quand ils sont gratuits. Les réclamations des groupes qui ne bénéficient pas des prestations fournies peuvent, nous le verrons être à l'origines de conflits complexes. 5-4 Les principaux accords et conflits en activité dans la région Les documents répertoriés à la DAR de la Province de Ouarzazate, les archives des bureaux de l'Autorité locale, les épisodes de leur vie politique et personnelle rapportés par les représentants des différents groupes, la façon dont ils présentent la fréquentation de chaque lieu, l'exploitation que font les membres de leur groupe de chaque ressource, leurs sources de revenus, permettent d'identifier le statut de chaque quartier de pâturage dans la pratique quotidienne et la situation et l'atmosphère actuelles des relations nouées autour de l'utilisation de la nature. Nous en reprenons ici la liste, avant d'étudier les plus importants de façon détaillée (chapitre III). N° année objet, lieu nature, contenu I- Les relations entre communautés et personnes Ait Sedrate Sehel 1-1 2002 Ait Youl et Ait Haddou, litige enregistré à la Province comme plainte de la tribu Ait Haddou bas Dades contre Ait Youl; situation calme 1-2 2002 terre collective, bas Dades litige enregistré comme plainte de la tribu Ait Yassin contre Sarghine à propos de limites entre les terres collectives des deux villages; en cours 1-3 2002 terre collective, bas Dades litige enregistré comme plainte de la tribu Ali Ouhsain contre K. B. (affaire entre particuliers); en cours. 1-4 2002 terre collective, bas Dades litige enregistré comme plainte de la tribu Mrina Ait Ouassif contre certains collectiviste; en cours. 1-5 2002 terre collective, bas Dades douar Ait Lahsen Bouzid Tameskelt opposition de membres de la communauté villageoise contre la création d'un lotissement; situation calme. 2- Les relations entre les Ait Sedrate et les Ait Aatta 2-1 2002 relations, Ait Aatta, Ait bonnes relations entre les Ait Sedrate et les Ait Aatta Sedrate limites Saghro 2-2 1957 territoires au conflit sur les limites territoriales entre Ait Aatta et Ait Sedrate et délimitation solennelle; fin 2002, un Ait Sedrate signale incidemment que le serment des 40 cojureurs [Ait Sedrate] de respecter les limites arrêtées n'a pas duré. 2-3 1974 pâturage, Tafraout N attaques armées entre bergers Ait Ounir des Ait Aatta et Ait Oughyay Sedrate à Tafraout N Oughyay (Saghro); dénoncées par les représentants des deux groupes. 2-4 1974, 1980 délimitation territoriale, basse montagne du Dades pâturage et cultures, Amouggar conflit et délimitation territoriale entre Ait Tougha d'Igherm Melloulen, d'une part, et Ait Moutted et Ait Ounir, d'autre part, à Taltafraout; depuis, la question n'a jamais plus été posée. 2-5 1944 délimitation des territoires de pâturage et de culture entre Ait Toukhsine (Ait Sedrat) Ait El Messaoud (Ait Aatta) sur le terrain collectif dit Amougueur; en 2002, inscrit à la Province comme calme. 2-6 2002- pâturage et collecte de les Ait Aatta mènent paître leurs animaux sur les pâturages des Ait Sedrate belkhir, 2003 ligneux,partout relations conflictuelles entre les Ait Sedrate disent que leurs relations avec les Ait Aatta peuvent être conflictuelles "si [ces derniers] le veulent, les agressent 2-7 2002 collecte de ligneux, haut les Ait Toukhsine se plaignent de façon récurrente que les femmes Dades Ait Aatta voisines coupent des ligneux sur leurs pâturages, tout en déclarant que les relations entre les deux groupes sont bonnes. 3-Les relations entre les Ait Sedrate, les Ait Zekri et les Ait Aatta 3-1 2002- pâturage Ait Zekri, A. relations entre les quatre groupes réglées à El Qalaa ou chez les Ait 2003 Sedrate du Nord et Sedrate de la montagne entre trois nomades représentant chacun un d'Agdz, Ait Aatta des trois groupes. 4- Les relations entre les Ait Sedrate et les Imgoun 4-1 2002 relations, Ait Sedrate, inimitié entre les Ait Sedrate et les Imgoun Mgoun 4-2 2002 pâturage, haut Dades conflit entre les Ait Mraou et les Ait Sedrate sur l'utilisation des pâturages de haute et moyenne altitude (Magaz, Aman Igdad…) 4-3 2002 pâturage, haut Dades, bas les Ait Sedrate ne laissent pas les Imgoun entrer dans les pâturages Dades et Saghro d'Izoughar, de Mejgag et du Saghro, en représaille, les Imgoun les empêchent de monter des barrages fusibles sur le haut Dades et au dessus des quartiers du bas Dades. 4-4 2002 concurrence entre conflit chronique actif entre les Ait Sedrate et les Imgoun: à Alatagh cultures et élevage, haut d'Amendar, les Ait Sedrat interdisent aux éleveurs Imgoun l'utilisation Dades des points d'eau et la circulation avec leurs troupeaux; à Magaz, Amane Igdad, les Ait sedrate ont mis en culture des terrains sur lesquels ils interdisent le passage aux troupeaux des Imgoun; les Imgoun revendiquent la propriété de ces terrains et d'autres; les éleveurs des deux groupes y circulent; l'Autorité locale trouve la solution de dévier la voie de passage des élevages de l'itinéraire litigieux en attendant qu'une commission règle l'ensemble du contentieux. 5- Les relations entre les Ait Sedrate et les Imgoun au Saghro 5-1 1942 pâturage, Saghro réglementation du pâturage des Imgoun sur les terres des Ait Sedrate au Saghro 5-2 1957 pâturages, Saghro différend entre les Ait Sedrate et les Imgoun sur l'utilisation des pâturages du Saghro. 5-3 1960, pâturage, Tagmout batailles en différents lieux du Saghro entre bergers Imgoun venant 2001 avec leurs troupeaux et Ait Sedrate de la montagne, de la plaine et du Draa qui leur en refusent l'accès; en 1958, ou 1960, un mort des Ait Mraou; en 2001, bataille à Tagmout (600 Ait Sedrate mobilisés contre 60 Imgoun, dit-on). 5-4 2002 abris, fumier, Saghro conflit chronique au Saghro entre les éleveurs Imgoun et les Ait Sedrate propriétaires des abris à propos de l'enlèvement du fumier. 6- relations entre les Ait Sedrate Sehel et les Imgoun 6-1 2002 pâturages, Saghro; d'après une partie des Ait Sedrate, les éleveurs Imgoun font des version des Ait Sedrate empiétements sur les parcours du Saghro appartenant à des Sehel éleveurs du Douar Boukaidour, d'après d'autres, les Mgouna entravent la circulation des troupeaux des ayants droit à l'usage des pâturages du Saghro. 6-2 2002 pâturages, Saghro; les membres du douar Bouikaidour entravent la circulation des version des Imgoun troupeaux au Saghro; le nombre de parcelles agricoles augmente sur les terres de parcours du Saghro aux dépens des pâturages ouverts aux éleveurs (il s'agit en fait visiblement d'un problème de concurrence au Saghro entre cultivateurs Ait Sedrat [groupe reconnu comme propriétaire de terres au Saghro] et éleveurs Imgoun [groupe reconnu comme n'en possédant pas]) 6-3 2002 concurrence entre les Ait Ouassif se plaignent que l'extension des terres mises en cultures et élevage, culture par des Ait Sedrat entrave la circulation des troupeaux des piémont éleveurs Imgoun 7- Les relations entre les Imgoun et les Ait Bougmmez 7-1 1935 pâturage, versant nord du réglementation des conditions de la fréquentation par les Imgoun des Haut Atlas pâturages des Ait Bougmmez 7-2 1961 pâturage, , versant nord différend sur la transhumance entre les ressortissants de Zaouia du Haut Atlas Ahansal et les éleveurs de la Province de Ouarzazate. 7-3 1955 pâturage, Izoughar réglementation de la transhumance vers le pâturage d'Izourhar. 7-4 1961 pâturage, Izoughar réglementation de la transhumance vers le pâturage d'Izourhar. 8- Les relations entre les Imgoun, les Ait Sedrate, les Ait Aatta et les Ait Bougmmez 8-1 1934 pâturage, versant nord du accord intérieur entre les tribus du versant sud et les tribus Haut Atlas limitrophes de l'Ahansal au sujet du pâturage d'été. 8-2 1936 pâturage, versant nord du réglementation des conditions de la fréquentation par les Ait Aatta et Haut Atlas les Imgoun des pâturages des Ait Bougmmez, exclusion des Ait Sedrate de ces terres. 9- Les relations entre les Imgoun et les services de l'Etat 9-1 2002 statut des massifs l'Administration des Eaux et Forêts a délimité 2000 ha de terres forestiers, Imgoun incluses dans le territoire des Imgoun le 24 août 1991, une bataille a mis aux prises cent Ait Mrao, Ait Hmad de Ouzighimt et Ait Toummert, tous des Imgoun, et la brigade de délimitation de l'Administration des Eaux et Forêts affrontant un danger commun, les Ait Toummert se sont, à cette occasion, solidarisés et alliés avec les Imgoun, en 1997, des affrontements physiques ont de nouveau eu lieu en 2000, le même type de faits s'est répété; depuis, la méfiance règne et le travail contrôle des agents des Eaux et Forêts est gravement entravé. 10- Les relations entre communautés Imgoun 10-1 1939 concurrence entre règlement par l'Autoirité locale d'un conflit entre Ait Hmad d'une part, cultures et élevage, Ait Mraou et Ait Ouassif d'autre part, sur l'utilisation de quartiers Ouzighimt d'Ouzighimt en interdisant la fréquentation de certains et en reconnaissant la propriété des Ait Hmad sur d'autres.. 10-2 2002 Lhot, Alemdoun, antipathie bilatérale entre des membres de Boutaghrar, Alemdoun, Boutaghrar, Tamalout Lhot, Tamalout. 11- Les relations entre les Imgoun et les Ait Toummert 11-1 1948 eau d'irrigation, assif Ait conflit entre les Ait Toummert et les Ait Rbat, les Haddada des Ait Toummert Hmad sur la répartition de l'eau d'irrigation entre les villages. 11-2 2002 terres collectives, assif N plainte des Imgouncontre le mqaddem des Ait Toummert, F. M. sur le Ait Toummert T.C. dit Anond; affaire réglée 11-3 2002 Imgoun, Ait Toummert antipathie de certains Imgoun vis à vis des Ait Toummert 12- Les relations entre les Ait Zekri 12-1 2002 occupation de terre, litige enregistré à la Province comme plainte de la communauté Taoujgalt villageoise de Taoujgalt contre O. L.; affaire en cours 12-2 2002 abris, Tamgammakht, querelles entre les éleveirs Ait Zekri à propos du choix des abris à Tarkeddid Tamgammakht, Tarkeddid. 12-3 2002 cultures, terres, piémont litige entre la communauté Tirguiout (Amzaourou) et le chikh M.; en cours. 12-4 2002 terres collectives piémont litige entre le naib des terres collectives du douar Ifrane Imassine Ait Ait Zekri Zekri et T. M.; en cours. 12-5 2002 terres collectives piémont plainte de membres du douar Imassine contre Lasker Aqdim Ait Zekri Taghzout à propos de limites entre terres collectives; réglé. 13- Les relations entre les Ait Zekri et les Imgoun 13-1 1950 pâturage, piémont et réglementation de la fréquentation des pâturages du Saghro des Ait Saghro Zekri par les Imgoun et des pâturages des deux groupes sur le piémont, à Timassinine. 13-2 1968 pâturage, Saghro plainte des Ait Zekri contre les infractions aux accords sur le pâturage, litige et recherche d'une solution devant la justice. 13-3 2002 relations, Ait Zekri, inimitié entre les Ait Zekri et les Imgoun au Saghro; les Imgoun ont le Imgoun droit de fréquenter les pâturages du Saghro des Ait Zekri à condition de se tenir à une distance supérieure à 5 km des parcelles cultivées. 14- Les relations entre les Ait Sedrate et les Ait Zekri 14-1 2002 délimitation territoriale, délimitation des terrains de parcours entre les Ait Zekri et les Ait Saghro Sedrate autour de Bouskour, au Saghro. 14-2 2002 relations, Ait Zekri, Ait inimitié entre les Ait Zekri et les Ait Sedrate au Saghro Sedrate 15- Les relations entre les Ait Sedrate et les Ait Zekri ou les Ahl Skoura 15-1 1980 cultures et limites opposition d'un agriculteur des Ait Sedrate de la Province de Zagora territoriales, Amerdoul N à la mise en culture de terres par des Ait Zekri d'Imassine, d'après un Tafzdate, Saghro texte, des Aarab de Skoura, d'après un autre, ayant acheté à des Ait Sedrate de Afra de la terre à Tamezmout; réglé par l'Etat par la délimitation d'une zone où les cultures sont interdites . 16- Les relations entre les Ait Zekri et les Ait Ouitfao 16-1 1980 délimitation territoriale, opposition des Ait Ouitfao à la délimitation administrative du territoire bas piémont des Ait Zekri; conflit réglé en 1983. 17- Les relations entre les Ait Zekri et les Ait Aaffane 17-1 2002 coupe de ligneux, plainte des Ait Zekri contre les Ait Aaffane d'Assaka qu'ils accusaient montagne de couper des ligneux bas sur leurs pâturages; réglée par conciliation. 17-2 2002 pâturage, Saghro les Ait Zekri interdisent aux Ait Aaffane le pâturage au delà du pont de Sidi Flah; les Ait Aaffane ne vont plus au Saghro depuis 1998, sauf s'ils ont un ami (répondant) parmi les Ait Zekri. 18- Les relations entre les Ait Zekri et les Igrnane 18-1 2002 pâturage, Saghro les Ait Zekri interdisent aux Igrnane le pâturage au delà du pont de Sidi Flah. 19- Les relations entre les Kantoula et l'Etat 19-1 2002 cultures, Azaghar N Igr les services de l'Etat interdisent les cultures à Ismkh, village de recasement de Kantoula sinistrés. 20- Les relations entre les Kantoula et les Ait Boudlal 20-1 2002 territoire, route Idelsane ressentiment des Kantoula contre les Ait Boudlal d'Idelsane et contre les services publics qui ont attribué à ces derniers, en compensation des terres ennoyées par le lac du barrage, des terres que les Kantoula déclarent leur appartenir. 21- Les relations entre les Kantoula et les Ait Ait Aaffane 21-1 2002 concurrence entre les Ait Aaffane est revendiquent leur droit au pâturage aux alentours cultures et élevage, d'Ismkh, avc l'argument que, jusqu'en 1958, les terres étaient alentours d'Ismkh exploitées conjointement par eux et par les Kantoula, tandis que ces derniers y cultivent des parcelles et en revendiquent la pleine propriété. 22- Les relations entre les Kantoula et les Ait Ouitfao 22-1 1957, concurrence entre les conflits après ententes en Kantoula qui utilisent les pâturages et 2002 cultures et le pâturage, doivent en contre partie laisser le fumier de leurs animaux à la Bouaggra disposition des Ait Ouitfao propriétaires des abris sauf dans deux ifran; les Ait Ouitfao refusent aujourd'hui aux Kantoula l'accès aux points d'eau, dont ils disent avoir besoin pour l'irrigation de leurs terres d'aval. 22-2 1980, limites, piémont désaccord sur les limites territoriales entre Ait Ouitfao et Kantoula; 1983 réglé en 1983 d'après les dossiers de la Province. 23- Les relations entre les Kantoula et les Ait Ouitfao et entre membres des Ait Ouitfao 23-1 2002 concurrence entre les Kantoula contestent la progression de la mise en culture de la pâturage et cultures, partie sud est d'Azaghar N Igr au dessus de Targa N Adda, où, Azaghar N Igr, à disent-ils, après que les Ait Ouitfao de Targa aient partagé leurs Amerdoul N Ouassay terres, les uns les ont mises en culture, d'autres non; parmi ces derniers, certains ont mobilisé l'ensemble contre le risque de monopolisation de la terre par les cultivateurs. 24- Les relations entre les Kantoula et les Ait Zaghar d'Azdl 24-1 2002 cultures, pâturage, les Kantoula ont des parcelles de culture tandis que les Ait Zaghar Azaghar N Igr utilisent les terres comme pâturages. 25- Les relations entre membres des Ait Ouitfao 25-1 2002 eau d'irrigation et de mésentente entre irrigants d'Aligh N Targa sur l'organisation de la boisson, terres de culture gestion de l'usage de l'eau entre partisans et opposants à la Aligh N Targa constitution d'une A.U.E.A. 26- Les relations entre les Ait Ouitfao, les Ait Zekri et les Aarab de Sidi Flah 26-1 2002 terres collectives, Sidi plainte de la tribu Sidi Flah contre certains membres de la même Flah tribu à propos de l'occupation des terres collectives dites Issil N Izokane, Tissa N igoudamine et Talat N Roudate 26-2 2002 eaux d'irrigation, Sidi Flah litige porté devant les tribunaux entre Ait Ouitfao d'une part, Ait Zekri et Aarab d'autre part à propos de la dérivation des eaux de l'oued Dades vers les quartiers de culture; aggravé depuis 1999. 27- Les relations entre les Ahl Toundout et les Ait Ouitfao 27-1 2002 Ait Ali Ou Aissa tensions entre représentants des Ahl Toundout et des Ait Ouitfao sur l'affectation administrative du douar Ait Ali Ou Aissa entre les deux mchikhat. 28- Les relations entre les Ait Zaghar et les Ait Aaffane 28-1 2002 pâturage, Ichebbaken les Ichebbaken interdisent aux Ait Aaffane d'Amezri le passage par leur pâturage pour aller entre Agnousti Taoujit. 29- Les relations entre les Ahl Toundout, les Ait Zaghar et les Ait Aaffane 29-1 2002 agdal, Azourif les Ichebbaken et les Ait Aaffane font des infractions sur l'agdal d'Azourif des Ahl Toundout. 30- Les relations entre les Ait Zaghar et les Ait Bououlli 30-1 2002 agdal, Ibellouzen, fréquentation encommun et conflits sur l'occupation des abris. Tagnousti 31- Les relations entre les Igrnane et les Ait Ougrour 31-1 2002 pâturage, Ait Ougrour, les Igrnane fréquentent les pâturages des Ait Ougrour en hiver et les Igrnane Ait Ougrour ceux des Igrnane en été belkhir. 32- Les relations entre communautés et membres des Ait Ougrour 32-1 2002 terres de culture, plainte de la communauté Tamsraout contre Q. H. à propos de Tamsraout l'occupation d'une terre collective; calme 32-2 2002 terres collectives, identification des terrains collectifs d'Assaghmou, d'Ait Ouarab et Assaghmou et Ghassat d'Ait Atmane Ou Youssef; en cours d'étude par la tutelle. 32-3 2002 terrain collectif, Targa N plainte de la tribu Imider Ait Ougrour contre Tamnagroute à propos Oumerdoul de terres collectives situées entre les deux villages; en cours. 33- Les relations entre communautés et membres des Ait Ougrour et Ait Ougrour et Ait Zaghar 33-1 2002 agdal, Azarza, Aqqa N dans les agdal d'Imider, les bergers de chaque groupes, Imider, Imi Aaraben, Afella N Ighir N Ouassif et Imi N Tazaght, ont leurs quartiers de campement; mais s'ils n'arrivent pas tous ensemble, pouvant ainsi organiser leur installation, ils se "volent " leurs places, créant ainsi des conflits. 34- Les relations entre les Igrnane et les Fetouaka 34-1 2002 pâturages, sommets du plainte des communautés de Agr Zegga et de Tamazrite des Igarnan Haut Atlas contre la communauté de Tighfest des Fetouaka (Province d'Azilal) à propos du terrain de parcours dit Tidaghmimine Afardine Issaline; calme d'après la Province, semble récurrent. 35- Les relations entre les Ait Yahia Ou Ali de Telouet et d'Ait Ougrour et les Ounila 35-1 2003 parcours et cultures, plainte de la tribu Ait Yahia Ou Ali contre la tribu Ounila à propos des Anfergal terres de culture et de pâturage d'Anfergal, en crise; interdiction des cultures et du pâturage 36- Les relations entre les Ait Aaffane et les Ait Saoun 36-1 2002 pâturage, Saghro du Sud Les Ait Saoun empêchent les Ait Aaffane de passer par les parcours Est entre Ouarzazate et Agdz. 37- Les relations entre les Ait Aaffane et les Ait Bououlli 37-1 2002 terrain de parcours utilisation en commun d'agdal Anni par et les Ait Aaffane et les Ait sommets du Haut Atlas Bououlli d'Azilal utilisation conjointe de l'agdal selon une convention très ancienne; conflits entre eux à propos de sa fréquentation; calme d'après les services de la Province, . récurrent d'après les populations. 38- Les relations de tous les groupes avec l'Etat 38-1 1990- pâturages, piémont protestation de tous les groupes contre la plantation par les services 1996 techniques de l'Etat sur le piémont de ligneux bas et sa mise en défens qui bloquait le passage des troupeaux en transhumance entre la montagne et le Saghro; éteint par l'assèchement de la plantation. 38-2 2000 bénéfice des interventions demande des Ait Aatta de Msemrir et d'Iknioun du bénéfice de la d'assistance technique campagne de vaccination qui s'est adressée aux éleveurs de la région couverte par le P.C.B.T.H.A.. Annexe Fiches de l'utilisation des pâturages par chaque groupe Groupe: Igrnane (carte). Nombre d'éleveurs: 57 sur 517 familles.(20 à Tamezrit, 15 à Taliouine, 12 à Lhouanet, 5 à Agoudim et 5 à Agr Zgga). Caractères des pâturages: - pâturages de montagne (d'été); tous jointifs; mitoyens de ceux des Ait Ougrour au Sud, de Tagragra (Ait Ouitfao) à l'Est, des Fetouaka au Nord et à l'Ouest; n'ont pas de pâturages de piémont (d'hiver). Statut des pâturages: - chaque pâturage appartient au village autour duquel il s'étend et dont les membres y ont construit des abris. - deux agdals, dont un avec Tagragra, séparés par un agdal de Tagragra. Statut des abris: 54 abris melk d'individus. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Ougrour (hiver) - Fetouaka (été). Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Fetouaka (hiver), - Ait Ougrour du Nord Est (été). Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - opposition des Ait Yahya Ou Ali des Fetouaka, à l'Ouest. - sur les limites est et sud, - l'opposition sur la délimitation forestière de 1880 est légitime si la délimitation administrative a force de loi. Conflits: - litige sur l'utilisation des abris et des points d'eau avec les Fetouaka de Tikhfist au Nord; toujours en cours, - litige sur l'utilisation des terres de culture entre Agr Zgga et Tamzrit et les Ounila (Fetouaka); toujours en cours, - opposition sur la délimitation forestière faite en 1880 sur des terres délimitées par les services compétents de l'Autorité de tutelle. Commentaire: - les Igrnane ne fréquentent que l'Ouest de la région; ils n'ont de relations pastorales qu'avec leurs voisins. Groupe: Ait Ougrour (carte). Nombre d'éleveurs: 44. village Imider Tamnagrout Tamsoult Amsoul Abrach Ait Ali Ou Moussa Assaghmou Ait Ouarab Ait Atmane Ou Youssef Ghassate Tidghist Tiflit Tamteddit Azerki éleveurs transhumants familles 12 31 2 1 8 5 4 4 1 0 4 4 12 25 8 26 40 30 40 ou 73 60 ou 170 ? 70 31 97 Caractères des pâturages: - pâturages de piémont (d'hiver) d'un seul tenant; mitoyens de terres des Iskouren et Ahl Ouarzazate au Sud, des Ait Ouitfao à l'Est, des Fetouaka à l'Ouest, des Igrnane au Nord; n'ont pas de pâturages de montagne (d'été), sauf sur une petite surface appartenant à Assaghmou. Statut des pâturages: - les pâturages du Nord Ouest appartiennent à Ghassat et à Azerki, - ceux du Nord Est aux Imi N Ouassif, classés il y a vingt ans (recensement Général de la Population et de l'Habitat) avec les Ait Ouitfao, - ceux du centre et du Sud à l'ensemble des Ait Ougrour. Statut des abris: - sur la majorité des quartiers, les abris sont melk d'individus, le fumier qui y est déposé revient aux propriétaires, qui attirent les bergers par des cadeaux (aliments, etc.), - dans le quartier de pâturage d'Assaghmou, les abris sont melk, un éleveur qui veut y monter doit prévenir [qu'il veut occuper tel abri], - sur ceux de l'Ouest (Dart, Lmengoug, Imedouan Zidnine) et du Sud Est (Sebaa Chaab) les abris sont collectifs (chiaa), n'importe qui [parmi les voisins, uniquement Ait Ougrour ou aussi Fetouaka à l'Ouest, Ait Ouitfao au Sud Est?] peut emporter du fumier, mais uniquement à dos d'âne pour limiter la monopolisation. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Ouitfao (hiver), - ceux du Nord Est vont chez les Igrnane, - Ait Aattiq et Ait Mgoun des Fetouaka, avec réciprocité, mais tensions à propos de l'enlèvement deu fumier. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - - Ait Aattiq et Ait Mgoun des Fetouaka, avec réciprocité, mais tensions à propos de l'enlèvement deu fumier, - Kantoula, - Igrnane, - Ait Aaffane. soit potentiellement, en comptant leurs propres éleveurs, plus de 440 élevages. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - tout le long des bordures ouest et sud est, les pâturages des Ait Ougrour sont plus étendus que le territoire délimité administrativement. Aucune contestation n'a été signalée par personne à ce propos. Conflits: - litige sur l'utilisation des terres de culture entre Izerki, solidaires des Ait Yahya Ou Ali des Fetouaka, et les Ounila (Fetouaka); toujours en cours, - atmosphère conflictuelle sourde entre Assaghmou et leurs voisins. Commentaire: - les Ait Ougrour ne fréquentent que des pâturages de piémont (hiver) de l'Ouest de la région, - ils reçoivent des éleveurs de nombreux groupes voisins, tous de montagne, mais n'entretiennent des relations de réciprocité qu'avec les Igrnane, ils ne vont pas chez ceux qu'ils reçoivent et ne reçoivent pas d'éleveurs du groupe où ils vont, - contrairement aux groupes occupant la partie centrale du piémont, ils n'étendent pas particulièrement leurs cultures et ils gardent de l'intérêt pour la collecte de fumier. Groupe: Tagragra Ait Ouitfao (carte). Nombre d'éleveurs: 37 sur 136 (25 sur 120 familles à Tagragra et 12 sur 16 à Anfernou). Caractères des pâturages: - pâturages de moyenne et de basse montagne (d'été et d'hiver) d'un seul tenant; mitoyens de terres des Igrnane à l'Ouest, des Ait Ougrour à l'Ouest et au Sud, des Ait Zaghar à l'Est, des Fetouaka au Nord. Statut des pâturages: - les pâturages appartiennent à Tagragra, aux Ait Ali Ou Moussa et à Anfarnou. Statut des abris: - les abris sont melk d'individus, le fumier qui y est déposé revient aux propriétaires, Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Ouitfao d'Amakchoud et de Targa N Aadda (hiver). Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Kantoula, qui doivent ou non en demander l'autorisation au mqaddem de Tagragra, soit potentiellement, en comptant leurs propres éleveurs, autour de 150 élevages. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - les terres de Tagragra sont la partie nord et d'altitude des terres des Ait Ouitfao, mais les relations entre les éleveurs des deux fractions ne sont pas privilégiées, - le territoire des Ait Ouitfao n'a pas fait l'objet d'une délimitation administrative. - les Ait Ali Ou Moussa ont un quartier de pâturage inclus dans le territoire des Ait Zaghar en 1980. Conflits: - aucun conflit, ni actif ni latent n'a été signalé. Commentaire: - les Ait Ouitfao de Tagragra fréquentent des pâturages de la basse montagne et du piémont en qui ne sont pas contigus, - ils reçoivent des éleveurs d'un groupe de l'Est éloigné sans réciprocité. Groupe: Ait Ouitfao d'Amakchoud et de Targa (carte). Nombre d'éleveurs: moins de dix ou une quinzaine sur 822 familles. Caractères des pâturages: - pâturages de haut et de bas piémont (d'hiver) d'un seul tenant; mitoyens de terres des Ahl Toundout et Ait Zaghar au Nord, des Ait Ougrour à l'Ouest, des Kantoula à l'Est; pâturages de moyenne montagne séparés des premiers par les terres des Ahl Toundout et des Ait Zaghar. Statut des pâturages: - les pâturages qui appartiennent à Amakchoud, Targa Nou Aadda et Ait Said Ou Mansour s'étendent autour de ces villages; ceux des Ait Ali Ou Aissa sont situés au Nord des terres de Toundout et au sein de celles des Ait Zaghar, en moyenne montagne. Statut des abris: - les abris sont melk d'individus, le fumier qui y est déposé revient aux propriétaires et des abris collectifs dont le fumier peut être emporté par les membres du groupe qui en ont les moyens; des habitants d'Amakchoud ont des abris en haute montagne sur les pâturages des Ait Aaffane, - des Ait Ouitfao de Sidi Flah ont des abris dans le Sghro (Maoust…). Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: -.quelques éleveurs d'Amakchoud montent en été sur les pâturages des Ait Aaffane. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Kantoula, - Ait Ougrour, - Igrnane, avec réciprocité tacite, - Ait Aaffane, avec réciprocité tacite, - Ait Zaghar, avec réciprocité tacite, - Toundout, soit potentiellement, en comptant leurs propres éleveurs, autour de 220 élevages. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - les terres de Tagragra sont la partie nord et d'altitude des terres des Ait Ouitfao, mais les relations entre les éleveurs des deux fractions ne sont pas privilégiées, - le territoire des Ait Ouitfao n'a pas fait l'objet d'une délimitation administrative. - les Ait Ali Ou Moussa ont un quartier de pâturage inclus dans le territoire des Ait Zaghar en 1980. Conflits: - conflit entre villageois de Iligh N Targa sur la gestion de l'irrigation et la disposition des terres collectives proches du village, -.conflit avec les Kantoula à Bouaggra sur l'enlèvement du fumier des abris et l'utilisation des points d'eau appartenant aux Ait Ouitfao (opposition à la délimitation administrative du territoire des Kantoula en 1980) (provisoirement réglé?), - -.conflit avec les Kantoula à Amerdoul sur l'enlèvement du fumier des abris et l'utilisation des points d'eau appartenant aux Ait Ouitfao (opposition à la délimitation administrative du territoire des Kantoula en 1980) (provisoirement réglé?), - conflit sur les limites territoriales à Sidi Flah avec les Ait Zekri (réglé en 1983), - conflit sur la répartition de l'eau d'irrigation à Sidi Flah avec les Ait Zekri et les Aarab (se pose tous les ans au moment des basses eaux) Commentaire: - le territoire des Ait Ouitfao n'a pas fait l'objet d'une délimitation administrative; les chevauchements entre les terres qui leur appartiennent d'après l'enquête sur la propriété des abris et celle inscrites comme appartenant à d'autres groupes sont nombreux au Sud; avec les Kantoula, il des oppositions et des plaintes ont déposées, avec les Ait Ougrour, à Sebaa Chaab, les relations ne sont pas conflictuelles, - très peu de Ait Ouitfao pratiquent l'élevage, et ils sont pratiquement tous rattachés à Tagragra; cependant, l'ensemble du groupe, notamment ceux du Sud, ont des terres de pâturage sur le piémont, en basse et en moyenne montagne, - ils reçoivent des éleveurs des groupes mitoyens de l'Ouest, du Nord et de l'Est, du piémont comme de la montagne avec comme contrepartie la disposition du fumier que déposent leurs animaux. Groupe: Ait Zaghar (carte). Nombre d'éleveurs: 70 sur 1179 familles. Caractères des pâturages: - pâturages de haute, moyenne et basse montagne (d'été et d'hiver); mitoyens de terres de Tagragra à l'Ouest, de Toundout au Sud et au Nord, des Ait Ouitfao d'Amakchoud au Sud, des Kantoula à l'Est, des Ait Aaffane à l'Est et au Nord répartis en quatre blocs séparés par les terres d'autres groupes. Statut des pâturages: - une partie des pâturages appartient à Azdl, le reste à l'ensemble des Ait Zaghar, sauf des petits quartiers du bloc le plus étendu qui appartiennent à Assaghmou des Ait Zaghar et à Tabia. Statut des abris: - les abris sont melk d'individus. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Ouitfao d'Amakchoud, - Ait Ougrour, - Toundout, (hiver), - Ait Aaffane en haute altitude. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Ait Ouitfao d'Amakchoud. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - les terres admises à la délimitation administrative de 1980 sont beaucoup plus étendues que celles déclarées et reconnues par tous en 2002-2003 comme pâturages des Ait Zaghar, la partie est en est ocupée, comme c'était déjà le cas en 1928, par les Ait Aaffane et la partie Ouest par les Ait Toundout. - une preuve à l'appui de ce décalage est l'affirmation générale que Ichebbaken est très éloigné du reste des terres des Ait Azaghar, alors que sur la carte de délimitation administrative le finage de ce village ne présente aucune solution de continuité avec l'ensemble du territoire des Ait Zaghar. Conflits: - le conflitqui oppose la communauté d'Ichebbaken à ses voisins Ait Aaffane du village d'Amezri et des abris Ait Toundout d'Azourif a pris de la vigueur autour de 1998, - conflit entre Ichebbaken et les Ait Bououlli sur les pâturages d'altitude à Tagnousti. Commentaire: - la surface des terres de pâturage des Ait Zaghar est insuffisante par rapport aux besoins de leur élevage. Groupe: Ait Aaffane (carte). Nombre d'éleveurs: 200 à l'Ouest et 48 à l'Est. Ait Affane Ouest Tighli Amedras Tizguine Assaka Tamglit Tiglatine Amassine Tamezrite Imi N Oulaoun Tameslit Taghra Assendou éleveurs transhumants 200 8 10 2 8 6 6 8 ? ? ? ? ? familles 252 61 42 46 83 46 77 92 107 23 16 Caractères des pâturages: - pâturages de haute et de moyenne montagne (d'été); mitoyens de terres de Toundout au Nord Ouest, des Ait Zaghar au Sud et à l'Ouest, Kantoula au Sud, des Imgoun, Ait Zekri et Kantoula à l'Est, des Ait Bououlli au Nord; les pâturages sont tous jointifs sauf l'enclave de terres de Imedras au milieu des terres de montagne des Imgoun loin vers l'Est, - agdal en altitude avec les Ait Bououlli à Tagnousti et Tizi Ouanni, - agdal à Tazoult N Ougard Statut des pâturages: - une partie des pâturages appartient à Amezri, qui compte le plus grand nombre d'éleveurs, le reste à l'ensemble des Ait Zaghar. Statut des abris: - les abris sont melk d'individus, le fumier revient aux propriétaires, qui attirent les bergers en leur offrant des légumes; les éleveurs de différents groupes qui fréquentent un même pâturage (Ait Aaffane, Ait Bououlli, Ait Bougmmez, Kantoula, Imgoun, Ait Zaghar à Tarkeddid) ne campent pas sur des lieux mélangés mais ont des abris situés sur des parties distinctes du quartier; les Ait affane de différents villages se tiennet sur les mêmes parties. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Bououlli, - Ait Ougrour, - Kantoula, - Ait Aattiq et Ait Mgoun des Fetouaka, avec réciprocité, mais tensions à propos de l'enlèvement deu fumier. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Ait Zaghar en altitude, - Ait Bououlli - Ait Aattiq et Ait Mgoun des Fetouaka, avec réciprocité, mais tensions à propos de l'enlèvement deu fumier. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - le territoire des Ait Aaffane n'a pas été délimité, - la partie Est des terres admises comme territoire des Ait Zaghar à la délimitation administrative de 1980 est ocupée, comme c'était déjà le cas en 1928, par les Ait Aaffane dont le territoire n'a pas été délimité. Conflits: - le conflit avec la communauté d'Ichebbaken a pris de la vigueur autour de 1998, - conflit avec les Ait Bououlli qui ne laissent pas les troupeaux des Ait Aaffane entrer sur les pâturages du versant nord, notamment sur les agdal, semble-t-il, - conflit en tre les Ait Aaffane est et les Kantoula à Azaghar N Igr sur un quartier dont les Kantoula qui étendent leurs cultures revendiquent la pleine propriété alors que jusqu'en 1985 ies deux groupes y menaient leurs troupeaux d'un commun accord. Commentaire: - les Ait Aaffane comptent beaucoup d'éleveurs, ils utilisent les pâturages de piémont (hiver) des Ait Ougrour sans réciprocité remarquable; leur exploitation de ceux de Tadaout chez les Kantoula qui estivent à Ttarkeddid à côté des Ait Aaffane est menacée par la tendance à la mise en culture des Kantoula. Groupe: Ahl Toundout (carte). Nombre d'éleveurs: 9 sur 504 familles (3 d'Iferkhane et 6 de Lharet). Caractères des pâturages: - au dessus des terres de basse montagne des environs de Toundout et des villages, les Ahl Toundout ont des pâturages de moyenne montagne au dessus de Tirsal et, en haute montagne, le vaste quartier d'Azourif; - Azourif semble être un agdal. Statut des pâturages: - le pâturage de basse montagne appartient à tous les Ahl Toundout, - le pâturage de moyenne montagne appartient aux Ait Ali Ou Aissa, - Le pâturage d'altitude appartient aux Iferkhane. Statut des abris: - autour des quartiers de culture de la basse montagne, 22 abris melk d'individus, le fumier revient aux propriétaires, - 5 abris melk d'individus des Ait Ali Ou Aissa (de Toundout ou des Ait Ouitfao?) en moyenne montagne, - à Azourif, lieux de campement non construits Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Ouitfao, - Kantoula. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Ait Aaffane et Ichebbaken en altitude, - Ait Zaghar. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - les pâturages de moyenne et de haute montagne ont été inclus dans le territoire des Ait Zaghar lors de la délimitation administrative de 1980. Conflits: - conflit avec la communauté d'Ichebbaken, qui refusent l'entrée de éleveurs de Toundout sur leur quartier et qui sont refusés à Azourif par les Ahl Toundout. Commentaire: - les Ahl Toundout comptent très peu d'éleveurs, - ils possèdent des pâturages vastes à tous les étages bioclimatiques de la montagne, - ils utilisent les pâturages de piémont (hiver) des Ait Ouitfao et des Kantoula sans réciprocité remarquable. Groupe: Kantoula (carte). Nombre d'éleveurs: 109 sur 278 familles (déclarées en décembre 2002 par le chikh) (ou 435 au Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1994). village Lamtiq Ait Rbat Ait Soual Tatterrat Ait Zouli + Tirguiouine Assaka Ighil Ismikh Timlilt Timirikht Tigouzzirine Tamggart éleveurs transhumants 12 3 9 15 25 familles 25 8 15 30 50 30 80 15 70 Caractères des pâturages: - Les Kantoula ont des pâturages d'un seul tenant qui s'étendent, sur une étroite largeur, de la haute montagne, au dessus d'Asselda (où une surface est constituée en agdal), au bas piémont, sur l'Oued Dades, aux abords de Sidi Flah, - ils ont un pâturage d'été (agdal?) au jbel Tarkeddid, mitoyen de celui des Ait Aaffane et des Imgoun. Statut des pâturages: - l'ensemble des pâturages appartiennent à tous les Kantoula. Statut des abris: - les abris sont tous situés au Nord de Timassinine, sur le moyen et le haut piémont et en montagne, - les abris situés sur le piémont sont construits; ceux d'altitude sontouverts et limités à l'indication d'emplacements, - sur les 99 abris et lieux de campement, 56 sont collectifs. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Ougrour, - Ait Ouitfao. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Ait Aaffane au jbel Tadaout, - Ahl Toundout au jbel Tadaout. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - les terres délimitées comme appartenant aux Kantoula et par le chikh fin décembre 2002.vont de Tinguit, en montagne, à la vallée entre jbel Tadaout et Timassinine, alors que la délimitation administrative de 1980 va jusqu'à Sidi Flah, au Sud; l'opposition des Ait Ouitfao sur deux parties de cette limite est déclarée apurée au profit des Kantoula sur la partie entre la R.P. 32 et Sidi Flah, tandis que les désaccords sur Amerdoul et Bouaggra sont toujours signalés. Conflits: -.conflit avec les Ait Ouitfao à Bouaggra sur l'enlèvement du fumier des abris et l'utilisation des points d'eau appartenant aux Ait Ouitfao (opposition à la délimitation administrative du territoire des Kantoula en 1980) (provisoirement réglé?), - -.conflit avec les Ait Ouitfao à Amerdoul sur l'enlèvement du fumier des abris et l'utilisation des points d'eau appartenant aux Ait Ouitfao (opposition à la délimitation administrative du territoire des Kantoula en 1980) (provisoirement réglé?), - conflit avec les éleveurs Ait Aaffane sur les terres de pâturage et de culture des environs de Imsikh, - conflit sur les terres de cultures situées entre Imsikh et Tamgzouit avec les Ait Zekri, - mécontentement contre l'attribution à des Ait Boudlal d'Idelsan de terres appartenant aux Kantoula lors du recasement des populations dont les terres avaient été ennoyées par le lac du barrage Mansour Edhdhahbi. Commentaire: - les Kantoula ont des terres de pâturage de la limite nord du Saghro à la ligne de crête générale du Haut Atlas, - les terres sur lesquelles ils continuent à étendre leurs cultures sont l'objet de conflits avec tous leurs voisins. Groupe: Ait Zekri (carte). Nombre d'éleveurs: plus de 80 sur 367 familles en montagne et 424 à Imassine et au Saghro. Caractères des pâturages: - Les Ait Zekri ont des pâturages d'un seul tenant qui s'étendent, sur une étroite largeur, de la haute montagne, au dessus d'Asselda (où une surface est constituée en agdal), à Timassinine pour s'élargir progressivement sur le bas piémont et dans le Saghro entre le Sud du barrage Mansour Edhdhahabi, - ils ont constitué trois de leurs pâturages de montagne en agdal. Statut des pâturages: - d'après les éleveurs du groupe, qu'ils vivent en haute altitude ou au Saghro, l'ensemble des pâturages appartiennent à tous les Ait Zekri; par contre, des habitants du piémont considèrent que le groupe est divisé en deux fractions à qui appartiennent respectivement les terres de la montagne et du haut piémont et celles du moyen eyt bas piémont et du Saghro. - des parties des terres des Ait Zekri sont exploitées conjointement avec eux par les éleveurs des Ait Toummert. Statut des abris: - sur leurs pâturages, les Ait Zekri s'affrontent dans des querelles pour l'occupation des abris, - si un propriétaire veut occuper son abri, il doit y laisser un signal. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Imgoun. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - (Ait Toummert). Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - la délimitation administrative de 1980 a été et est toujours mise en cause par les Ait Sedrate de la plaine, entre Bouskour et le jbel Tiguiza, - elle est aussi contestée par des Ait Sedrate du Draa vers l'oued Tamounzreft. Conflits: - conflit avec les Ait Aaffane d'Assaka qui coupent de l'alfa sur les pâturage d'altitude des Ait Zekri, - conflit avec les Ait Bououlli qui les refusent sur leurs pâturages, - conflit sur les terres de cultures situées entre Imsikh et Tamgzouit avec les Kantoula, - conflits avec les Imgoun, les Igrnane, à qui ils refusent l'accès aux pâturages du Saghro, - conflit avec les Ait Sedrate sur les limites territoriales à Bouskour dans le Saghro. Commentaire: - les Ait Zekri ont des terres de pâturage de la limite nord du Saghro aux sommets du Haut Atlas, - Dans le Saghro conflits sporadiques à propos de défrichements individuels et deux conflits latents récurrents à propos de la mine de Bouskour et de l'arrivée de troupeaux de la montagne appartenant à des éleveurs d'autres groupes. Groupe: Ait Toummert (carte). Nombre d'éleveurs: - 16 bergers gardent les troupeaux de nombreux propriétaires qui travaillent comme puisatiers ou autres métiers dans l'émigration Caractères des pâturages: - Les pâturages des Ait Toummert, très exigus, sont situés en moyenne montagne et sur le haut piémont. Statut des pâturages: - toutes les terres exploitées par les Ait Toummert sont incluses sur les territoires administratifs des Imgoun et des Ait Zekri. Statut des abris: - sur les pâturages qu'ils fréquentent, des Ait Toummert possèdent 50 abris situés entre ceux des Ait Zekri au Sud, ceux des Ait Hmad au Nord. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - apparemment aucun (mêlés aux éleveurs Ait Zekri ou Imgoun). Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - apparemment aucun (eux-mêmes se mêlent aux éleveurs Ait Zekri ou Imgoun sur les pâturages de ces derniers). Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - les Ait Toummert n'ont officiellement pas de territoire propre. Conflits: - pas de conflits majeurs. Commentaire: - les Ait Toummert investissent dans l'achat d'animaux malgré l'exiguïté de leurs terres de pâturage. Groupe: Imgoun (carte). Nombre d'éleveurs: - Ouzighimt: ? sur 305 familles, - Ait Hmad: 26 sur 481 familles, village Ait Khlifa Rbat Imzilen Agouti Lfouqani Agouti Tahtani Alemdoun Amejgag Ameskar Tahtani Ameskar Fouqani éleveurs transhumants 5 3 0 ? ? 5 5 4 4 familles 34 34 48 55 52 92 34 37 28 abris d'éleveurs ? 3 abris sans élevage 5 3 ? ? 4 10 10 6 ? ? 3 5 14 9 - Ait Mraou: 126 sur 791 familles, village Issoumar Agr Zgga Tighanimine Imi N Ouaqqa Igourramen Igherm Aqdim Tizguine Timgallouna Boutaghrar Znag Lhot Timstikkit éleveurs transhumants 14 20 27 3 45 1 3 8 3 16 1 familles 36 42 42 17 160 30 40 200 30 80 40 - Ait Ouassif: 30 sur 739 familles. douar Ouarchlik Ait Khiar Ait Boutayeb Ait Gmat Hammou Yahya Tazrout Azrou Tabarkhacht Tigharmatin Agoulzi 'Ifr Hdidda Ait S'aid Touzrikt Tourbist Tassaouart Timstikit éleveurs transhumants 0 0 0 0 3 0 5 0 10 0 0 2 3 7 3 0 0 foyers 70 60 15 60 70 60 55 40 60 50 17 60 18 50 16 18 47 Caractères des pâturages: - les pâturages des Imgoun s'étendent d'un seul tenant de la ligne de crête du Haut Atlas à la vallée du bas Dades en se rétrécissant progressivement du Nord vers le Sud. Statut des pâturages: - les pâturages de basse montagne appartiennent aux Ait Ouassif, - l'Ouest des pâturages de moyenne et de Haute montagne appartiennent aux Ait Hmad, - l'Est des pâturages de moyenne et de Haute montagne appartiennent aux Ait Mraou, - mais les éleveurs de toutes les fractions occupent conjointement la totalité des quartiers. Statut des abris: - les Ait Hmad ont plus de 39 abris et les Ait Mraou plus de 63, - les abris du piémont sont construits; dans la montagne, certains sont construits et d'autres sont des emplacements ouverts, - parmi les abris, y compris ceux des Ait Ouassif, une partie sont appropriés privativement par des personnes qui en emportent le fumier déposé par les animaux des éleveurs et l'autre collectifs. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - (Ait Toummert), - Ait Zekri au Saghro, avec des problèmes d'acceptation, - Ait Sedrate au Saghro, avec des problèmes d'acceptation, - Ait Bougmmez, sur le versant nord du Haut Atlas. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Ait Bougmmez en haute altitude, - Ait Sedrate dans le Nord Ouest. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - la partie est et la partie sud de la limite administrative tracée en 1980 sont contestées par les Ait Sedrate de la plaine, Conflits: - conflits avec les Ait Zekri qui leur refusent l'accès aux pâturages du Saghro, - conflits avec les Ait Sedrate qui leur refusent l'accès aux pâturages du Saghro, - conflit avec les Ait Sedrate sur les limites territoriales sur la rive droite du Dades et au Sud d'Agarsif. Commentaire: - les Imgoun ont de vastes pâturages de la ligne de crête du Haut Atlas à la vallée du bas Dades, - ils comptent dans leurs rangs un grand nombre d'éleveurs, - ils sont, depuis des temps anciens, en conflit continu avec les Ait Zekri et, surtout, les Ait Sedrate qui possèdent des terres dans le Saghro, pâturage d'hiver traditionnel de la région. Groupe: Ait Sedrate (carte). Nombre d'éleveurs: environ 120 - Ait Melouan: 3 douar Ait Ben Hammou Ait Hammou Ou Said Ait Said Ou Daoud Ait Hammou Ou Brahim Ait Said N Tizguin foyers 56 26 éleveurs 0 0 0 2 1 ifran 0 0 2 2 2 - les Ait Melouan ne comptent pratiquement pas d'éleveurs. Le chikh a déclaré avoir lui-même abandonné cette activité en 1990. Il n'a pas été possible de savoir si l'élevage transhumant a toujours été peu important ou s'il a connu un recul à une époque plus ou moins récente. - Ait Toukhsine: environ 40 dont 21grands troupeaux Boumerdoul Tizguin Tillout Amougar foyers 69 159 éleveurs transhumants 4 11 3 3 ifran d'éleveurs 2 11 3 3 ifran de non éleveurs 4 2 2 1 - Ait Idir: environ environ 60 dont 19 grands - Tougha Zouli: moins de 10 - Ait Ounir et Ait Moutted: environ 10 Caractères des pâturages: - les pâturages des Ait Sedrate s'étendent d'un seul tenant de la ligne de crête du Haut Atlas à la vallée du bas Dades sur une bande de quelque six kilomètres pour s'élargir vers l'Ouest dans le Saghro et sur les terres du Draa moyen où ils voisinent avec des pâturages d'autres groupes, notamment de Ait Aatta. Statut des pâturages: - les pâturages de montagne appartiennent à tous les Ait Sedrate, mais chaque village affirme ses droits particuliers sur la section de la vallée prolongeant ses quartiers d'habitation et de culture, - de plus, la partie sud de ces terres de montagne délimitées administrativement comme territoire des Ait Sedrate est reconnue de fait comme terres des Ait Ounir et Ait Moutted, tous deux groupes des Ait Aatta de Boumaln, - les terres du Saghro, sur lesquelles se poursuivent, malgré une saturation évidente et reconnue, les défrichements des Ait Sedrate de la montagne, notamment des Ait Toukhsine, sont elles aussi propriété collective des Ait Sedrate, de la plaine et de la montagne, secondairement du Draa moyen, - mais les éleveurs de toutes les fractions occupent aussi bien les pâturages de la montagne que ceux du Saghro et ceux de leurs voisins Ait Sedrate du Draa, membres du grand groupe mais se comportant plutôt en très étroits alliés. Statut des abris: - 50 à 60 abris dans la montagne, - dans le Saghro, de nombreux agriculteurs des Ait Sedrate de la plaine qui n'ont pas d'élevages trnashumants ont construit des abris, reste à savoir combien les conflits avec les éleveurs d'autres groupes leur laissent de possibilités d'y collecter du fumier. Pâturages d'autres groupes fréquentés par leurs éleveurs: - Ait Aatta du Nord et de l'Est, - Mgouna, avec des frictions. Groupes dont ils reçoivent des éleveurs: - Ait Aatta du Nord et de l'Est, - Mgouna, avec des frictions. Relation entre territoire délimité administrativement en 1980 et pâturages: - les pâturages de montagne appartiennent à tous les Ait Sedrate, mais chaque village affirme ses droits particuliers sur la section de la vallée prolongeant ses quartiers d'habitation et de culture, - de plus, la partie sud de ces terres de montagne délimitées administrativement comme territoire des Ait Sedrate est reconnue de fait comme terres des Ait Ounir et Ait Moutted, tous deux groupes des Ait Aatta de Boumaln, - mais les éleveurs de toutes les fractions occupent conjointement la totalité des quartiers. - les 'Est des pâturages de moyenne et de Haute montagne appartiennent aux Ait Mraou, - dans le Saghro la délimitation administrative de 1980 a été et est toujours mise en cause par les Ait Sedrate de la plaine, entre Bouskour et le jbel Tiguiza, - elle est aussi contestée par des Ait Sedrate du Draa vers l'oued Tamounzreft, - les Ait Sedrate de la plaine revendiquent les terres des bords du bas Dades incluses dans le territoire des Imgoun partie est et la partie sud lors de la limite administrative de 1980, Conflits: - conflits récurrents avec les Ait Aatta à propos de la coupe de ligneux sur les quartiers mitoyens, - conflit sur les terres de cultures situées entre Imsikh et Tamgzouit avec les Kantoula, - conflits avec les Imgoun, à qui ils refusent l'accès aux pâturages du Saghro, et qui leur coupent la disposition de l'eau sur tout le cours du Dades; ils s'opposent aussi sur les pâturages de haute montagne, mais les utilisent cependant commun, - conflit avec les Ait Zekri sur les limites territoriales à Bouskour dans le Saghro. Commentaire: - les Ait Sedrate ont des terres de pâturage de la limite nord du Saghro aux sommets du Haut Atlas, - ils se présentent eux-mêmes comme un groupement de groupes dont chacun a, à différentes échelles sociales, du village à l'ensemble de mchikhat (adrar, sehel, Saghro, Draa), son propre territoire, - seuls les groupes d'altitude comptent des effectifs d'éleveurs importants, - leurs relations avec tous leurs voisins sont conflictuelles, - dans le Saghro conflits sporadiques à propos de défrichements individuels et deux conflits latents récurrents qui passent par des crises violentes à propos de la mine de Bouskour et de l'arrivée de troupeaux des Imgoun.