Seppe SmitS Genoux uSéS pour le plaiSir

Transcription

Seppe SmitS Genoux uSéS pour le plaiSir
make the difference
© Bavo Swijgers
Seppe smits Genoux
usés pour le plaisir
Ahead aime jeter un regard
différent et rafraîchissant sur le
monde. Nos invités en couverture
affichent un parcours pas banal
mais jalonné de succès. Le jeune
champion du monde Seppe Smits
est la parfaite illustration que tout
est possible à force de créativité
et d’obstination.
• Un
8 AHEAD/Magazine février 2013
snowboarder dans un
“pays sans montagnes”.
•Un champion de slopestyle
autodidacte.
•Il parcourt le monde à la recherche
des domaines de snowboard les
plus exigeants.
Fin de l’année dernière, Seppe Smits a remporté le premier City Big Air organisé dans notre pays.
Une performance incroyable pour un garçon qui a grandi dans un pays sans montagnes et sans neige.
Notre champion du monde de snowboard 2011 a enfin pu faire l’étalage de sa valeur devant son public.
Il sillonne le monde depuis des années déjà, à la recherche de montagnes, de neige et de tricks.
“Le snowboard est avant tout une question de plaisir. Sans
cela, vous ne pouvez pas avoir la motivation suffisante pour
risquer votre vie pour de nouveaux tricks.”
Tout a commencé comme ça, en essayant des tricks ensemble et en
prenant du plaisir. “Mes parents nous ont emmenés dès notre plus
jeune âge, mon grand frère et moi, aux sports d’hiver. Mais très vite,
les skis ont disparu dans le grenier pour laisser la place au snowboard,
bien plus cool. Un professeur de snowboard australien en Autriche a
trouvé que nous étions doués et a dit à mes parents que nous devions
nous entraîner plus. Plus facile à dire qu’à faire bien évidemment dans
un pays sans montagnes… Je ne sais même pas si ce professeur
pensait réellement ce qu’il disait : peut-être qu’il parlait aussi de talent
à d’autres. Je ne l’ai plus jamais revu et je ne sais donc pas s’il se
souvient de moi. Dans tous les cas, il est parvenu à convaincre mes
parents. Lorsque j’ai eu onze ans, ils nous ont conduits plusieurs fois
par semaine à la piste indoor de Peer, à quatre-vingt kilomètres de la
maison.” Seppe et son frère ont alors intégré un groupe d’amis avides
d’apprendre au contact de snowboarders plus âgés et se sont encouragés à essayer de nouveaux tricks.
“Nous avons participé pour le fun à une compétition indoor. À treize
ans, j’ai participé pour la première fois avec mon frère à une compétition à l’étranger, à Innsbruck. Nous avons terminé deuxième et
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février 2013 AHEAD/Magazine 9
Make The Difference
Une voie toute tracée
Au début, combiner entraînements, compétitions et études secondaires n’a pas posé trop
de problèmes. “Nous partions directement
après les cours le vendredi soir et revenions
le dimanche dans la nuit après la compétition
pour arriver à temps à l’école.” Mais après,
concilier compétitions plus longues, cours,
devoirs et examens est devenu plus difficile.
Voilà pourquoi les frères ont alors pris la
direction de la Topsportschool à Anvers, où
Sa figure préférée
Le saut préféré de Seppe est le
Backside 540 indy. Il décrit lui-même
ce saut comme “un saut tranquille où
je saisis mon snowboard d’une certaine
manière (indy), fais un spin et demi
et me penche ensuite légèrement en
arrière. Relax dans les airs.” À dix
mètres du sol, quand même…
Vous pouvez voir ce saut sur :
www.ip-assistance.be/seppesaute
Slopestyle
En slopestyle, le rider effectue un
parcours d’obstacles, avec notamment
des jumps et des rails. Il est jugé sur
le degré de difficulté de son parcours
mais aussi et surtout sur le style.
Tout doit avant tout avoir l’air fluide.
Big air
En big air, le rider utilise un jump pour
sauter haut et loin. En l’air, il exécute
des tricks, avec des rotations et des
saltos.
Halfpipe
En halfpipe, le rider passe d’un côté
à l’autre d’un jump en forme de
demi-cercle. Il exécute des tricks
dans les airs, au-dessus du jump. ■
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− contrairement aux riders commerciaux −
je participe à beaucoup de compétitions.” Le
milieu du snowboard est un petit monde en
soi, mais Seppe s’y sent parfaitement à l’aise.
“Le snowboard m’a rendu moins timide. Tout
le monde se connaît et s’encourage à sauter
toujours plus haut. L’ambiance est excellente
et c’est relativement unique à un haut niveau.”
Plaisir professionnel
Le plaisir est et reste un moteur important,
mais cela n’est bien sûr pas suffisant pour
effectuer des rotations et des saltos − toujours
plus hauts et toujours plus difficiles −à dix
mètres du sol. “Le nombre de compétitions
augmente également. Dans ces conditions, la
Le snowboard est devenu
plus professionnel ces dernières
années. Cela demande beaucoup
de concentration et un corps
dur au mal.
une section snowboard a été créée spécialement pour eux. “À partir de là, nous avons
réellement pu progresser et des budgets se
sont également libérés pour financer nos
voyages et nos entraînements.” Son frère
Anthony fait du snowboard à un niveau
inférieur depuis une vilaine blessure. Il ne fait
pas de compétitions, mais on le demande
souvent pour des shootings photos. Il est,
depuis cette année, entraîneur freestyle et
park shaper en Autriche. “C’est pratique”,
sourit Seppe, “car je peux ainsi lui faire part
de mes souhaits pour le parcours…”
Les sponsors ont eux aussi très vite été attirés
par le jeune snowboarder. La boutique de
l’école de snowboard autrichienne où Seppe
a été “découvert” a été la première, avant
d’être imitée par le fabricant de vêtements et
de snowboards Burton ou encore Red Bull.
“Ils demandent que vous représentiez bien la
marque et participiez à certaines compétitions. Des shootings photos figurent aussi de
temps à autre au programme, mais mes
sponsors tiennent toujours compte du fait que
pratique du snowboard s’est sensiblement
professionnalisée ces dernières années. Les
riders doivent se concentrer et améliorer leur
condition et leur puissance en s’entraînant
plus. Nous prenons également soin de notre
corps car l’impact lors des atterrissages
sollicite énormément nos articulations.”
Seppe passe en moyenne huit mois par an
à l’étranger pour les entraînements et les
compétitions. Avec son coach, il sillonne
les plus grands domaines de snowboard
du monde entier. “Le plus impressionnant
pour moi est celui de Breckenridge dans le
Colorado. Le funpark compte trois pistes.
Une fois en haut, vous pouvez vous amuser
pendant de longues minutes sur quelque
25 rails et jumps. En ce qui concerne les pays,
ma préférence va à la Nouvelle-Zélande.
S’il fait moins beau un jour, nous partons
à la découverte des superbes paysages
alentours. Car je veux aussi profiter de ma
carrière de snowboarder pour voir le monde.”
Son coach français se charge de la réservation
des vols et des hôtels et s’occupe de tous les
aspects pratiques, ce qui permet à Seppe de
se concentrer à 100 % sur les compétitions.
“Le snowboard évolue rapidement. Il est dès
lors aussi difficile pour un entraîneur de
m’apprendre des techniques toutes faites.
J’apprends mes tricks en tombant et en me
relevant. Certains le font sur un trampoline,
d’autres sur un grand coussin d’air dans la
neige, sur lesquels ils peuvent atterrir en
douceur. Je préfère m’exercer directement sur
le parcours, même si j’aimerais bien pouvoir
m’entraîner une fois sur un coussin d’air pour
essayer certains tricks risqués. Je parle
beaucoup avec mon coach pour voir comment
je peux m’améliorer. Il est aussi toujours là
pour me donner un petit coup de pouce au
bon moment, pour m’aider à vaincre ma peur
et à essayer un nouveau trick. L’important dans
ce domaine est surtout de créer son propre
style. C’est essentiel en slopestyle et big air.”
Je veux surprendre
Au programme de Seppe figurent, en 2013,
les championnats du monde au Canada et, en
2014, l’épreuve de slopestyle aux Jeux
Olympiques de Sotchi en Russie. Si le half­­pipe
fait déjà partie des disciplines olympiques, ce
sera la première fois pour le slopestyle. Seppe
entend bien évidemment obtenir sa sélection.
Dès lors, la saison prochaine, il se concentrera surtout sur plusieurs nouveaux tricks et
entend bien se comporter lors d’un maximum
de compéti­tions. “Les juges connaissent mon
style et connaissent les tricks que j’apprécie.
Je veux les surprendre avec plusieurs
nouvelles techniques. Les saltos ne sont pas
mon truc. Je préfère les spins à plat ou les
rotations. Même s’il est très difficile de
maîtriser les quatre directions de rotation à la
perfection, je fais tout pour y parvenir.” Va-t-il
un jour lancer un nouveau trick ? “Il y a eu
beaucoup de nouveaux tricks ces dernières
années. Trouver quelque chose de nouveau
est donc de plus en plus difficile. Mais qui
sait… Ce serait dans tous les cas très cool.”
Seppe sait que ses performances sont
importantes pour la notoriété du snowboard
en Belgique. “Les médias y consacrent
toujours plus d’attention et même si nous
avons toujours tout appris par nous-mêmes,
les jeunes ont aujourd’hui accès à des
© Bavo Swijgers
troisième et lors de la compétition suivante,
nous nous sommes classés premier et
deuxième. À partir de là, tout est allé très
vite…”
Que signifie l’assistance pour Seppe ?
“Pour tout sportif de haut niveau, il est important d’avoir
rapidement de l’aide en cas de problème. Si vous tombez, vous
voulez surtout savoir rapidement ce qui se passe et ce qu’il est
possible de faire. Vous voulez immédiatement pouvoir évaluer les
conséquences. Une fois, je suis retombé lourdement sur le dos et
les médecins ont craint une blessure grave. Heureusement, je ne
panique pas vite. Finalement, c’était moins grave que prévu.” ■
entraînements et à un encadrement.”
Combien de temps Seppe pense-t-il encore
pratiquer le snowboard à un haut niveau ?
Il ne le sait pas. “D’un côté, nous sommes
mieux entraînés qu’avant. De l’autre, le sport
est aussi plus contraignant pour le corps. Les
blessures peuvent toujours venir tout remettre
en question.” Quant à l’après-snowboard, il a
déjà sa petite idée : “L’été dernier, j’ai suivi
des cours de surf en Espagne. Mon sens de
l’équilibre m’a bien aidé, mais pour le reste,
j’ai encore tout à apprendre : aller chercher
les vagues, lire la manière dont elles se
brisent et se referment, ... Le surf me procure
beaucoup d’adrénaline et c’est un sport que
je pourrai pratiquer même si j’ai les genoux
en compote.” ■
Découvrez la snow assistance selon Inter Partner Assistance sur www.ip-assistance.be/fr/travel/ski-pass
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