bertrand ravalard quartet

Transcription

bertrand ravalard quartet
DOSSIER DE PRESSE
POLISH JAZZ !
Un double programme composé
d’un documentaire de Damien BERTRAND
« Andrzej TRZASKOWSKI, le cerveau du jazz polonais »
et d’un concert du
BERTRAND RAVALARD QUARTET
Emile Parisien (saxophone soprano)
Jean-Claude Oleksiak (contrebasse)
Antoine Paganotti (batterie)
Bertrand Ravalard (piano)
autour des musiques des compositeurs
Andrzej Trzaskowski
et
Krzysztof Komeda
Première programmation:
Vendredi 26 janvier 2007
À l’Institut Polonais de Paris
Contacts
Bertrand Ravalard ([email protected])
Damien Bertrand ([email protected])
http://www.youtube.com/bertrandravalard
http://www.dailymotion.com/video/xk26r5_bertrand-ravalard-quartetle-depart-komeda_music
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RADIO
• Passage dans "Cinema song" (Thierry Jousse) le jeudi 8 septembre 2011 France Musique
INTERNET
•
« le pianiste Bertrand Ravalard explore le thème [du film « Le Départ »] parmi son
remarquable travail sur Komeda » Jean Rochard (Nato records)
http://nato-glob.blogspot.com/2011/09/jerzy-skolimowski-ca-va-la-vitesse.html
BIOGRAPHIES
Emile PARISIEN
Saxophoniste
Issu de la première promotion du « collège-jazz » de Marciac, où Pierre Boussaguet, Guy
Laffitte et Tonton Salut lui donne le goût de l'improvisation, il intègre le CIM à Paris. Il y
fait la rencontre déterminante de Nicolas Zitte, Mehdi Cherfaoui et Antoine Pozzo di Borgo,
avec qui il va très vite monter ses projets les plus importants. Remarqué pour sa virtuosité, le
jeune saxophoniste bénéficie d’une reconnaissance précoce. Il joue régulièrement aux côtés
de Wynton Marsalis, Johnny Griffin, Yaron Herman, Bertrand Renaudin Rémi Vignolo,
Daniel Humair ou Eric Serra. Il est également à la tête de la formation qui accompagne le
spectacle « Back to Hip Hop », et dirige un étonnant quartet (avec Ivan Gélugne, Julien
Touéry et Sylvain Darrifourcq) imprégné de Wayne Shorter et de John Coltrane, mais aussi
des compositeurs classiques du Xxè siècle. Leur premier album, "Au-revoir porc-épic", sort
en octobre 2006 chez Naïve. Leur second, « Original Pimpant », sorti en 2009 accompagné
d’un dvd, leur a valu les honneurs d’une presse unanime ainsi qu’une Victoire du Jazz.
Antoine PAGANOTTI
Batteur
Antoine Paganotti étudie le piano au conservatoire. Il travaille parallèlement la batterie qui
deviendra finalement son instrument.
Il joue très jeune de la batterie dans des formations Jazz-fusion avec Bernard Paganotti,
Richard Pinhas, Patrick Gauthier, Eric Séva... et Jazz avec Jérôme Barde, Larry Brown,
Laurent Courtaliac, Nicola Dary, Laurent De Wilde, David El-Malek, Bobby Few, François
Homps, Olivier Hutman, Alain Jean-Marie, Gaël Horéllou, Baptiste Trotignon, Luigi
Trussardi, Benoît Delbecq ...
Il est le chanteur du groupe MAGMA de 1999 à 2008. Et, bien que séduit par ses qualités
vocales, Christian Vander l’est tout autant par son jeu de batterie n’hésitant pas à lui confier
les baguettes lors des nombreuses prestations scéniques du groupe.
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Jean-Claude OLEKSIAK
Contrebassiste
Il étudie la contrebasse au Conservatoire National de Gennevilliers, puis suit des cours avec
Paul Imm et François Théberge à l’I.A.C.P. d’où il sort diplômé (basse et arrangement).
Il se produit en France et à l’étranger dans diverses formations avec SEBASTIEN
PAINDESTRE, ERIC BARRET, FRANÇOIS THEBERGE, le Big Band de Ron Meza, Larry
Gillespie, Serge Merlaud, ALAIN JEAN-MARIE, Olivier Hutman, SARA LAZARUS, Gaël
Mevel, SYLVAIN BEUF...
Il enregistre régulièrement aussi pour le cinéma (Costa-Gavras, Ellipse Animation, Cinéa
Production…).
Il a fondé, il y a 4 ans la formation LES BRUITS DE LA LANTERNE, spécialisée dans les
ciné-concerts.
Il dirige également depuis 8 ans un lieu « LA FABRICA'SON » faisant partie de la Fédération
des Scènes de Jazz et Musiques Improvisées (FSJ).
Bertrand RAVALARD
Compositeur, pianiste, comédien.
Cet ancien élève de Benoît Delbecq est venu à la musique par le cinéma.
A partir de 1996, il écrit pour les pièces de théâtre et les courts-métrages produits par
l’association Art Totem.
Critique de jazz (pour Jazzman ou So What), titulaire d’une maîtrise de musicologie à la
Sorbonne, il fonde son premier trio en leader en juillet 2000. Un disque, BERTRAND
RAVALARD TRIO, sort dans la foulée.
En 2001, il fonde avec Julien Buclet et David Michriki le groupe INGRID et enregistre un
album de musique électronique.
Il sévit comme accompagnateur dans le monde de la chanson (le spectacle déjanté d’Yvette
Leglaire - au Point Virgule depuis quatre ans, ou encore un beau voyage dans le répertoire de
Kurt Weill et Bertolt Brecht avec Béatrice Demachy), relève des paris ambitieux
(Treemonisha, l’opéra maudit de Scott Joplin), tout en se consacrant à ses propres
compositions.
Il écrit des chansons pour Allan Vermeer et la comédienne Marie Némo (La Gueule de Boa).
Collaborateur régulier de la compagnie L’OREILLE EN VERRE, en résidence au Palace de
Beaumont/Oise (60), il joue son premier rôle de comédie dans « Les deux timides » de
Labiche en décembre 2006.
Il récidive en 2008 avec la troupe de commedia dell’arte COMEDIENS&COMPAGNIE pour
laquelle il est comédien et pianiste dans « Un cœur pour Samira » puis en 2009 dans
« Embrassons-nous Folleville » de Labiche.
Bertrand Ravalard collabore également aux spectacles de la compagnie Les VOIX LACTEES
(l’opéra « Livietta et Traccollo » de Pergolese, 2007, « Le grand sommeil », 2008) et du
THEATRE DU BAROUF (« Même si c’est vrai, c’est faux », 2007).
En 2009 sort son premier disque en solo, LES LARMES DE PYTHAGORE (Palmarès
Productions).
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Andrzej TRZASKOWSKI :
Le cerveau du jazz polonais
Un documentaire de Damien BERTRAND
A l'aide d'entretiens inédits, d'archives de concerts et de documents d'époque, ce film tente
de mettre en lumière trois aspects du parcours atypique d'Andrzej Trzaskowski : son
obstination pionnière à introduire le jazz en Pologne dans un contexte politique
particulièrement hostile, l'aspect extraordinairement novateur de son style de compositeur,
qui a su dompter les avant-gardes les plus exigeantes sans jamais déposséder sa musique
d'un intense souffle lyrique, et enfin sa personnalité paradoxale. Trzaskowski était
artistiquement rigoureux, politiquement révolté. Mais il était aussi un idéaliste fragile, qui a
toujours considéré que trop de trahisons étaient versés sur l'autel de la recherche du succès.
Pourquoi cette oeuvre si essentielle n'a pas su s'imposer durablement dans son pays, et
encore moins à l'extérieur de ses frontières. Parce qu'elle a été sacrifiée par les affres de
l'histoire? En partie. Parce qu'elle demande une rigueur d'exécution qui décourage les
musiciens en quête d'un succès facile? Peut être.
ET POURTANT...
Avec : Teresa Trzaskowska, Ted Curson, Tomasz Stanko, Jerzy Skolimowski, Wenanty Nosul,
Jacek Ostaszewski, Bertrand Ravalard et Rafal Trzaskowski.
Montage : Caroline Laurent
Son : Laurent Gabiot
Image : Wenanty Nosul
Production : Fond'Oeil (2006)
Durée : 52 minutes
Damien BERTRAND
Il réalise son premier documentaire en 2003 : « Contre la montre - Jerzy Skolimowski peintre,
poète, cinéaste », produit par les Films d’Ici pour CineCinéma Auteur. En 2006, il entame la
réalisation du « Cerveau du jazz polonais », consacré au pianiste et compositeur Andrzej
Trzaskowski. Il réalise à cette occasion une captation de concert du Bertrand Ravalard
Quartet, qui reprend les œuvres de ce jazzman novateur. Après un film politique : « Quand la
grêle est sur les blés…la CGT face à la nouvelle carte militaire » (2008), il entame une longue
collaboration avec le Emile Parisien quartet, pour lequel il réalise six captations de concerts,
ainsi qu’un documentaire, « Clés Mobiles », édité avec le deuxième album du groupe
(« Original Pimpant » / Laborie – Naive, 2009)
Avant de se consacrer à la réalisation, il a été, à partir de 1996, critique de cinéma,
programmé des soirées spéciales en présence de Catherine Breillat ou Paul Vecchiali, et
animé de nombreux débats à l’issue de séances de cinéma depuis 1996 à Paris et en
Province. Rédacteur à la revue « Repérages », il a écrit de nombreux textes sur des cinéastes
aussi divers que Claude Chabrol, Jean-Daniel Pollet, Tim Burton, Sacha Guitry, Sam
Peckinpah, Louis Skorecki, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, Nicholas Ray, rédigé des
fiches encyclopédiques pour l’encyclopédie « Encarta », ainsi qu’un long texte sur Barbet
Schroeder pour le catalogue du Festival du Film de Belfort.
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Andrzej TRZASKOWSKI
(1938 / 1998)
(pianiste, compositeur, leader, musicologue et critique de jazz).
Repères
Il pratique le piano dès son enfance et poursuit des études de musicologie dans sa ville
natale de Cracovie jusqu’en 1957. Parallèlement, il suit des cours de composition et de
théorie de la musique contemporaine. En 1954, il fait partie des fondateurs du groupe
Melomani, et joue dans de nombreuses autres formations. En 1958, il forme son propre
groupe de hard bop : The Wreckers, (Zbigniew Namyslowski, Roman Dylag, et Michal
Urbaniak), avec lequel il entreprend une tournée mondiale, notamment au festival américain
de Newport. En 1960, il accompagne Stan Getz avec son trio au festival Jazz Jamboree.
En 1962, Trzaskowski intègre des éléments d’avant garde et de musique contemporaine dans
sa musique. Il poursuit cette nouvelle voie, couronnée par la venue à Varsovie du
trompettiste américain Don Ellis, qui interprète Nihil Novi, une audacieuse composition à la
limite du jazz et de la musique dodécaphonique au Jamboree 1962. Entre 1964 et 1966,
Trzaskowski enregistre deux albums (en quintette avec Tomasz Stanko, et en sextuor avec le
trompettiste américain Ted Curson) qui, avec Astigmatic de Krzysztof Komeda, représentent
les jalons indiscutables du jazz moderne en Pologne. Des morceaux comme Chmiel ou Near
the forest intègrent brillamment des éléments de folklore polonais, tandis que de longues
pièces audacieuses comme Synopsis ou Cosinusoïda allient à la perfection l’émotion
véhiculée par les instruments avec une précision structurelle presque mathématique.
Entre 1965 et 1970, Trzaskowski participe très régulièrement aux ateliers musicaux de la chaîne
allemande NDR, et y interprète ses nouvelles compositions aux côtés des ténors du jazz
européen et américain comme Idrees Sulieman, Nathan Davis, Albert Mangelsdorff, Dave
Pike, ou Joachim Kuhn. Parallèlement, il suit des cours de musique électronique qu’il réinvestit
dans des morceaux stridents comme Collections ou Magma.
En 1976, il succède à Jan Wroblewski à la tête de l’Orchestre de Jazz de la Radio Polonaise.
Jusqu’à sa mort en 1998, il a privilégié à la renommée de l’interprète la discrétion du
compositeur, qui a pourtant changé l’histoire du jazz polonais à tout jamais.
Propos d’Andrzej Trzaskowski
« La nationalité d’une musique est culturelle : elle consiste à se baser sur la tradition d’un pays, et à
utiliser les éléments de son folklore. Cependant le courant principal de la musique contemporaine
a caractère international, cela concerne aussi le jazz mondial. Il y a aussi les possibilités de créer "
l'école polonaise " dans le jazz. Si une de nos individualités utilise un langage sonore musical frais et
original, indépendant, il inspirera les autres. D’autres musiciens continueront son travail, et on aura
" l'école polonaise de jazz ". Mais c'est peu probable, on est très différents dans nos imaginations
musicales, voire opposés. Il est vrai cependant qu’en dépit de nombreuses divergences, le travail
des jazzmen polonais est lié par des valeurs stylistiques communes, et en même temps spécifiques,
qui résulte peut-être de la même source d'inspiration nationale, mais pas dans le sens littéral. C’est
beaucoup plus perceptible dans l’atmosphère des compositions que dans la technique
proprement dite. Dans le jazz expérimental, les parties écrites constituent une partie très
importante de la composition, et déterminent souvent la forme des parties improvisées. En plus, la
technique des compositeurs polonais de jazz a acquis un tel niveau que l'on peut composer aussi
bien, et même parfois mieux que les plus grands américains.
Je suis partisan du progrès dans l'art. L'artiste doit s’exprimer dans le langage de son temps. Moi,
j'exige du jazz des sensations artistiques, et pas seulement des sensations superficielles sur
l'épiderme. Dans le jazz, je m'intéresse à son côté œuvre d'art avant tout, à sa sphère
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émotionnelle et intellectuelle. J'essaye de subordonner l'émotion à la rigueur. Cela doit résulter de
ma musique. L'art sans règles n'existe pas. Elles doivent être en vigueur, surtout dans le jazz qui est
en principe une musique spontanée et désinvolte. Les génies n'ont pas besoin de la connaissance
de l'art dans lequel ils s'expriment, ils créent les chefs d'œuvre instinctivement, grâce à une
immense sensibilité, et à leurs capacités énormes. Les autres doivent être un peu les analystes,
critiques de leur art, pour pouvoir vérifier si leur intuition ne les a pas trompés.
Mes recherches se dirigent dans la direction de nouvelles mises en ordre sonores pour le jazz. Mais
je voudrais également que mes compositions et mon style du pianiste / improvisateur se forment à
la source de tous les acquis de la musique européenne d'avant-garde, possibles à adapter sans
pour autant perdre son essence de musique jazz. La pauvreté d’une partie des éléments
musicaux du jazz m’a toujours irrité. Que ce soit sur le terrain de l’harmonique, forme, ou de la
matière, Il y a beaucoup à rénover même dans ces sphères, qui, comme on pourrait croire, ont
développées une forme complexe dans le jazz, par exemple au niveau de la rythmique. Dans le
domaine de la composition : à l'adaptation de divers acquis de la musique européenne qui,
jusqu'à présent dans le jazz, n'étaient pas utilisées ou seulement en partie. L'idée de cette
démarche est le renouvellement du langage musical, la révision des éléments déterminants du
matériel sonore, de la forme (harmonie, schématisme, périodicité) avec un arrière plan
traditionnel. Dans le domaine de l'improvisation : la libération des parties solos, et aussi formels.
Autrement dit, une nouvelle notion du free-jazz.
Les deux dernières années avant le "Jamboree 64" je travaillais dans le domaine du jazz sans
conviction, et déjà j'avais de nouvelles idées en tête. J'ai présenté mes premières propositions,
justement pendant le "Jamboree 64". Une partie des critiques et du public ne percevait ni les
nouveaux moyens, ni les manières de les utiliser. Le jazz n'est pas actuellement une musique facile,
sa bonne réception exige une mise en condition, sans laquelle les sensations seront toujours
incomplètes. Ce processus, qui se transforme parfois en conflit entre le créateur et l'auditeur,
continue de s'aggraver. Le jazz d'avant-garde utilise les moyens techniques très éloignés des
représentations moyennes de la musique, limitant par là même les moyens d'expression
traditionnelle. Je suis content que ma musique parvienne aux auditeurs et soit appréciée, mais
seulement quand j'en suis moi-même satisfait.
Peut-être parce que je jouais ce que je pouvais jouer sans dépasser les normes admises et
acceptées. Parfois, pour être bien avec soi-même, il faut accepter la perte d'une partie du public.
Mais on apprécie encore plus ceux qui restent… »
(Janvier 1965)
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LE JAZZ EN POLOGNE
Entre les deux guerres mondiales qui ont marqué l’histoire du 20è siècle, le jazz tient en
Pologne la même place que dans la plupart des pays d’Europe : celle d’une musique
populaire et dansante. Il existe alors un grand nombre d’orchestres de swing et de Dixieland
qui marchent sur les brisées des grands standards américains.
Au tournant des années 40 et 50, le jazz est fortement déprécié par les autorités
communistes, qui y voient l’expression diabolique du capitalisme américain. Bien qu’il soit
prohibé (ou, du moins, interdit de représentation publique), une génération de jeunes
révoltés le pratique assidûment dans le secret des appartements. Ces très jeunes musiciens
sont alors au fait des nouvelles tendances qui s’expriment outre Atlantique. Grâce à
l’émission de radio de Willis Conover, The Voice of America, retransmise par les ondes
luxembourgeoises, ils peuvent assimiler les formes les plus récentes du jazz (Stan Getz, Gerry
Mulligan, Modern jazz quartet…)
En 1956, le premier festival officiel de jazz en Pologne se tient à Sopot, au bord de la Baltique.
Le jazz polonais de ces années de jeunesse, symbolisées par le succès du groupe Melomani,
est marqué par une stricte logique d’imitation de la musique américaine, mais très vite, les
plus grands jazzmen polonais s’attachent à se démarquer de cet héritage encombrant,
pratiquant un jazz moderne fortement imprégné des éléments traditionnels slaves.
En 1958, Varsovie accueille le premier Jazz Jamboree. Pendant plus de quarante ans, ce
festival a constitué une véritable plaque tournante du jazz polonais, permettant aux
musiciens nationaux de rencontrer la plus large audience, et de jouer avec les plus grands
musiciens américains. Parmi les nombreux invités de marque du festival, on relève les noms
de Stan Getz, Dave Brubeck, Gerry Mulligan, Don Ellis ou Miles Davis.
En 1959, la firme Polski Nagrania inaugure une collection de disques dédiée au Jazz Polonais.
Au fil des années, les plus grands de ces musiciens ont pu enregistrer leurs compositions :
Andrzej Kurylewicz, Jan Wróblewski, Tomasz Stańko, Zbigniew Namysłowski, Michał Urbaniak,
Ursula Dudziak, Jarek Smietana…
Ce travail a été relayé par la Radio Polonaise, qui consacre une part importante de ses
émissions au jazz, et accueille constamment les musiciens dans ses studios qui deviennent un
véritable laboratoire d’expérimentation pour les compositeurs.
Les structures du jazz sont extrêmement organisées en Pologne, notamment à travers de la
Société Polonaise du Jazz, divisée en syndicats (musiciens, organisateurs de concerts,
critiques etc…) et dont les ramifications permettent à la plupart des jazzmen de vivre de leur
art.
De 1956 à 2003, de l’imitation des Américains aux ré-interprétations de Chopin, en passant
par les phases de normalisation et de fusion au milieu des années 70, l’exil temporaire de ses
stars (Michał Urbaniak, Tomasz Stańko, Zbigniew Seifert…), le jazz polonais a su résister à tous
les changements de régime, conserver son identité si spécifique, et maintenir sa place (une
des plus importantes) sur la scène mondiale.
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Krzysztof « KOMEDA » TRZCINSKI
(1931 / 1969)
Il étudie le piano dès son enfance et intègre le conservatoire de Poznan à l’âge de 8
ans. Après la guerre, il termine ses études de médecine et exerce la laryngologie.
Parallèlement, il commence à se produire en tant que musicien sous le pseudonyme
de Komeda. Impressionné par les performances de be bop du jeune pianiste
Andrzej Trzaskowski, avec lequel il se lie d’amitié, il intègre fugitivement le groupe
Melomani. Komeda abandonne l’exercice de la médecine, et se produit au 1er
festival de jazz de Sopot en 1956 avec son sextuor, considéré comme la première
formation à jouer uniquement du modern jazz en Pologne. En 1958, il compose sa
première musique de film pour le court métrage de Roman Polanski : Deux hommes
et une armoire. Cette rencontre est capitale pour les deux hommes. A l’exception
de Répulsion (1965), Komeda compose la bande-son de tous les films du cinéaste
jusqu’à sa mort en 1969. C’est essentiellement pour cette part de son travail que
Komeda est connu dans le monde entier. Ses premières compositions pour Polanski
relèvent strictement du jazz. La bande originale du Couteau dans l’eau (1961) se
situe à la jonction du Modern Jazz Quartet et du Gerry Mulligan Quartet, mais
témoignent déjà d’une forte personnalité et d’un très grand sens de l’arrangement,
sensible dans Ballet Etudes, ballet composé de quatre pièces qu’il interprète pour la
première fois au Jazz Jamboree 1962.
Dès lors, Komeda mène une double carrière musicale. D’un côté, il effectue de
nombreuses tournées en Europe à la tête de ses ensembles de jazz. Ses
compositions, comme Astigmatic, Nightime, daytime requiem (en hommage à John
Coltrane) ou Jazz and Poetry (sombre et fulgurant récital de poèmes polonais
enregistré en Allemagne en 1967) empruntent une voie assez similaire à celles de
Trzaskowski, intégrant des éléments de musique classique au free jazz. Sur un autre
versant, il consacre une part essentielle de son travail à la musique de films (plus de
60 partitions entre 1958 et 1969), qui lui permet de nombreuses expérimentations.
Selon ses propres mots, ce travail lui permet d’aller « plus loin que le jazz ».
Progressivement, il en vient à considérer la bande-son d’un film comme une unique
partition où la musique doit s’intégrer. Il y pratique un remarquable travail
d’atmosphère, multipliant les pistes-sons, poussant à son paroxysme la recherche
d’une sonorité cristalline sans jamais délaisser le jazz, qui reste la matière première de
ses compositions. Parmi ses nombreuses réussites dans ce domaine, on retiendra les
remarquables musiques des films d’animation de Miroslaw Kijowicz, les envolées
lyriques de Bariera (Jerzy Skolimowski, 1966), la fureur free jazz du Départ (id, 1967) et
bien sûr, les stridences inquiétantes du Bal des Vampires (Roman Polanski, 1966) et
l’hypnotique berceuse de Rosemary’s baby (id, 1968). Cette dernière lui avait ouvert
grand les portes d’Hollywood, où il compose encore une belle ballade soul
interprétée par Bill Medley pour The Riot (Buzz Kulik, 1969) avant de mourir
tragiquement des suites d’une mauvaise chute.
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