Tutoriel de soutien à la décision d`Ottawa
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Tutoriel de soutien à la décision d`Ottawa
Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa Table des matières Introduction Renseignements sur ce tutoriel Tutoriel 1. Soutien à la décision et prise de décision partagée 2. Cadre conceptuel 3. Les besoins décisionnels 4. Fournir des faits probants et des probabilités 5. Les valeurs personelles 6. Le soutien et les ressources 7. Encourager les progrès 8. Outils généraux d’aide à la décision 9. Outils d’aide à la décision : des conditions médicales 10. Étude de cas Annexes A. Glossaire Bibliographie Introduction Introduction au Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa Conceptrices Annette O'Connor PhD, MACSS, MSRC Professeure émérite et Professeure éminente, Université d’Ottawa. Daw n Stacey RN, PhD Professeure titulaire, Université d’Ottawa. France Légaré MD, PhD, CCFP, FCFP Professeure titulaire, Université Laval. Public cible Le Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa améliore la compréhension du soutien à la décision par les professionnels de la santé. Il s’avère aussi pertinent pour les autres intervenants qui conseillent ou aident les patients * qui doivent prendre des décisions concernant leur santé. Le tutoriel a été complété par des administrateurs/ gestionnaires, gestionnaires de cas, aumôniers, chiropraticiens, intervenants en santé communautaire, conseillers, diététistes, spécialistes de la petite enfance, éducateurs et coachs en santé, téléphonistes, conseillers en ressources humaines, journalistes, kinésiologues, bibliothécaires, sages-femmes, infirmières (infirmières, infirmières cliniciennes), ergothérapeutes, pharmaciens, physiothérapeutes, médecins, psychologues, chercheurs, assistants de recherche, inhalothérapeutes, décideurs, travailleurs sociaux et orthophonistes. Objectifs des participants Après avoir complété le Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa, le participant devrait pouvoir : décrire les concepts associés au soutien à la décision; identifier les décisions difficiles qui nécessitent un soutien; évaluer les besoins décisionnels du patient; adapter son soutien aux besoins décisionnels du patient; expliquer comment utiliser les outils d’aide à la décision de manière efficace; discuter des modes d’évaluation des interventions portant sur le soutien à la décision. *patient est le vocable choisi pour représenter les patients, les clients, les consommateurs de services sociaux et soins de santé, et les individus impliqués dans une prise de décision en santé pour eux-mêmes ou pour quelqu'un d'autre (p. ex., un membre de la famille, un ami, une personne de son entourage). Comment compléter le Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa 1. Complétez les 10 sections (au total cela devrait prendre de 1 à 2 heures). Chacune des neuf premières sections est suivie d’une auto-évaluation qui a pour but de vous aider à intégrer les notions enseignées. Vous pouvez consulter à nouveau ou même refaire ces auto-évaluations autant de fois que vous le souhaitez. La dernière section est une étude de cas présentant un exemple de soutien à la décision intégrant un outil d’aide à la décision. Vous n’avez pas l’obligation de compléter le Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa en une seule séance. Pour poursuivre plus tard, vous n’avez qu’à vous identifier à nouveau et reprendre où vous vous étiez arrêté. 2. Passez l’examen final pour obtenir un certificat. Lorsque vous aurez complété le Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa, vous serez invité à compléter un questionnaire qui touche à tous les sujets traités dans le cadre de ce tutoriel. Un certificat est remis au participant qui obtient une note de 75 % ou plus à son premier essai (sur la page de l’examen final, cliquez sur le lien « Certificat de complétion » et imprimez une copie du certificat pour vos dossiers). 3. Exprimez-vous à propos du Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa (TSDO). À la fin du tutoriel, vous pourrez partager vos commentaires par le biais d’un second questionnaire. Ce dernier est facultatif. Pour tout commentaire ou toute question, n’hésitez pas à nous contacter au [email protected]. Autres conseils utiles : Téléchargez et imprimez une version PDF du tutoriel. Naviguez en chemin. Le menu à gauche propose des liens pour chaque section et pour le questionnaire portant sur le contenu du TSDO. Les éléments du menu à gauche vous indiqueront où vous vous trouvez. Pour revenir à la page précédente, cliquez sur le bouton « Retour », ou sur le bouton « Prochaine » pour aller à la page suivante. Ces boutons https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 2 de 27 se trouvent au bas de chaque page. Le bouton « Déconnectez » clôt votre séance et vous ramène à la page d’identification. Énoncé sur la confidentialité Les renseignements recueillis ne servent qu’à l’évaluation du TSDO et demeureront confidentiels. Si vous le faites pour obtenir des crédits de formation professionnelle continue, nous pouvons communiquer votre note obtenue à l’examen final (questionnaire que vous êtes invité à compléter à la fin du tutoriel) à votre enseignant. Par ailleurs, vous ne serez identifié dans aucune publication ou présentation sur le tutoriel. Dév eloppement du tutoriel Le TSDO a été initialement développé par Annette O'Connor RN, PhD et MJ Jacobsen RN, MEd. à l'École des sciences infirmières et au Département d'épidémiologie de l'Université d'Ottawa. Il est fondé sur le modèle d’aide à la décision d'Ottawa et des données probantes. Lors de la mise à jour avec de nouvelles données en 2007, le tutoriel a été déplacé sur le site de l'Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa afin de le rendre plus largement disponible et gratuit. En 2011, il a été rendu disponible en français. La mise à jour la plus récente du contenu scientifique de ce tutoriel date de mai 2015. Une correction linguistique a été effectuée en juillet 2016. Impact et efficacité du Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa Le Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa améliore la compréhension du soutien à la décision. Le tutoriel a été évalué dans le cadre de : (a) deux essais randomisés avec des infirmières pratiquant dans des centres d’appel en santé et en oncologie/soins palliatifs; (b) une étude avant/après auprès de professionnels de la santé travaillant pour une ligne d’assistance téléphonique sur le cancer; 1-3 (c) une étude descriptive avec des étudiants en soins infirmiers. 4 En association avec un atelier de perfectionnement, ces études ont montré que les participants ont amélioré la qualité du soutien à la décision offert aux patients. Le tutoriel est régulièrement utilisé par des étudiants et des professionnels de la santé au Canada et dans d’autres pays. Div ulgation financière Une subvention de recherche fédérale du gouvernement du Canada a financé la conception du Tutoriel de soutien à la décision d’Ottawa. Les mises à jour sont assurées par la Chaire de recherche de l’Université d’Ottawa sur le transfert des connaissances aux patients et la Chaire de recherche du Canada en Décision Partagée et Application des connaissances de l’Université Laval. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 3 de 27 Tutoriel 1. Soutien à la décision et prise de décision partagée Chaque jour, des patients * font face à des décisions de santé difficiles. Par exemple : Quelle méthode de contraception devrais-je utiliser? Mes symptômes sont-ils assez graves pour justifier une médication plus forte aux effets secondaires potentiels plus importants? Devrais-je me faire opérer pour corriger ma vue ou contrôler mes symptômes? Devrais-je recevoir mes soins à la maison ou en institution? La prise de décision se définit comme le processus consistant à choisir entre plusieurs options, l’une d’elles pouvant être de s’abstenir (« ne rien faire », « statu quo »). Durant les délibérations, les patients doivent comprendre et tenir compte des éléments suivants : les options qui s’offrent à eux; les avantages potentiels, les risques et les effets secondaires (incluant le niveau d’incertitude scientifique); leurs valeurs ou l’importance qu’ils accordent personnellement aux bénéfices potentiels, aux risques, aux effets secondaires, et aux incertitudes scientifiques. Bien que les patients préfèrent généralement une option qui soit la plus susceptible d'entraîner les avantages souhaités et d’éviter les inconvénients, il n’y a bien souvent pas de m eilleur choix . Il peut y avoir plus d'une option raisonnable sur le plan médical. De plus, le meilleur choix peut dépendre de la façon dont les patients évaluent les avantages et les inconvénients connus ainsi que les incertitudes scientifiques concernant les effets des différentes options. Ainsi, pour 3000 interventions de santé qui ont fait l’objet d’une synthèse exhaustive des résultats de recherche, voici ce que nous observons : 11 % sont jugées bénéfiques, 24 % sont jugées probablement bénéfiques, 7 % sont jugées com m e ayant des bénéfices potentiels et des risques, 5 % ne sont probablement pas bénéfiques, 3 % sont jugées non efficaces ou néfastes, et enfin l'efficacité de 50 % des interventions en santé est insuffisam m ent dém ontrée. 5 Ainsi, pour la majorité de ces traitements qui ont fait l’objet d’une synthèse exhaustive, il n'y a pas de meilleur choix clair. Bien que la plupart des patients souhaitent s’impliquer dans des décisions de santé qui sont jugées difficiles, ils ne sont parfois même pas conscients qu'ils ont plusieurs options dont celle de s’abstenir. De plus, en général la manière dont les professionnels de la santé conseillent les patients sur leurs options de traitement ne conduit pas toujours à des décisions qui sont fondées sur ce qui est le plus important pour le patient. 6 Le soutien à la décision réfère à un processus qui consiste à offrir une aide structurée pour réfléchir sur les options et échanger avec les patients. Il est adapté aux besoins décisionnels du patient et vise à prendre des décisions qui soient éclairées et fondées sur les valeurs du patient. Les étapes comprennent: l’identification de la décision, l'évaluation des besoins décisionnels du patient, l’apport d’information et des données probantes, l’identification des valeurs personnelles, le renforcement du soutien par l’entourage ainsi que des ressources disponibles et le suivi de la progression dans le processus décisionnel. Le soutien à la décision aide les patients à s’engager dans le rôle qu'ils préfèrent lors de ce processus (p. ex., conserver, partager ou déléguer le contrôle de la prise de décision). La prise de décision partagée est le processus par lequel le patient et le professionnel de la santé prennent les décisions ensem ble. Cette approche reconnaît l’expertise de chaque participant. Le professionnel de la santé excelle dans l’art de diagnostiquer le problème et d’identifier les options, les avantages (bénéfices), les risques, les données probantes et les incertitudes scientifiques. Le patient excelle dans l’art de comprendre sa situation personnelle et de juger de la valeur ou de l’importance qu’il accorde personnellement aux avantages (bénéfices), risques et incertitudes scientifiques associés aux diverses options. Voici les principaux éléments de la prise de décision partagée : 7 Définir/expliquer le problème (p. ex., identifier la décision qui doit être prise) Présenter les options (p. ex., données probantes) Discuter du pour et du contre (avantages (bénéfices), risques, coûts) Identifier les valeurs/préférences du patient Discuter de la capacité/efficacité personnelle du patient Discuter des connaissances/recommandations du professionnel de la santé Vérifier/identifier la compréhension du patient Prendre la décision ou la reporter explicitement Prévoir un suivi D’autres éléments sont : fournir de l’information non biaisée, définir le rôle que le patient souhaite jouer, présenter des données probantes en incluant les probabilités associées aux bénéfices potentiels et risques des options explorées et arriver à une entente satisfaisante pour tous. 7 https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 4 de 27 L’engagement des patients à participer à la prise de décision est un élément nécessaire pour des soins centrés sur le patient et un consentement éclairé. Le consentement éclairé implique habituellement d’informer le patient sur les bénéfices et risques d’un traitement donné, à la lumière d’autres options pour lesquelles les bénéfices et risques sont aussi présentés. Par exemple : En Ontario, au Canada, la législation sur le consentement implique que les patients consentent à un traitement après avoir été informés sur les différentes options. 8 Aux États-Unis, l’État de Washington a adopté, en 2007, la première loi sur le consentement éclairé pour signifier le besoin de reconnaître que la prise de décision partagée constitue une preuve à l’appui du consentement éclairé au traitement. Cette loi inclut dans sa description de la prise de décision partagée la participation du patient à la prise de décision, l’utilisation d’outils d’aide à la décision et le besoin de s’assurer que le patient comprend la gravité de sa maladie et les options de traitement mises à sa disposition. Aux États-Unis, d’autres États se situent à divers stades de l'élaboration de lois semblables. 10 Au Royaume-Uni, la loi sur le consentement a changé en 2015 pour exiger que les professionnels de la santé: a) s’assurent que les patients soient au courant des différentes options et des risques; b) partagent les informations en utilisant des termes clairs; et c) documentent le processus de consentement. 9 Annexe A – Glossaire des termes utilisés dans le Modèle d'aide à la décision d'Ottawa *patient est le vocable choisi pour représenter les patients, les clients, les consommateurs de services sociaux et soins de santé, et les individus impliqués dans une prise de décision en santé pour eux-mêmes ou pour quelqu'un d'autre (p. ex., membre de la famille, un ami, une personne de son entourage). https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 5 de 27 2. Fondements conceptuels : le Modèle d’aide à la décision d’Ottawa Les fondements conceptuels de ce tutoriel sont représentés par le Modèle d’aide à la décision d’Ottawa (Figure 1). Ce modèle conceptuel possède 3 éléments clés : a) les besoins décisionnels, b) les résultats de la décision, et c) le soutien à la décision. Selon ce modèle, les besoins décisionnels non résolus affectent défavorablement la qualité de la décision. Une aide à la décision peut augmenter la qualité de la décision en répondant aux besoins décisionnels, en utilisant des conseils cliniques (counseling), des outils décisionnels et/ou l’encadrement décisionnel (coaching). Ce modèle conceptuel s’applique à tous les individus impliqués dans la prise de décision, incluant le patient, les membres de la famille ainsi que les professionnels de la santé. 4,11 Il fait appel à des concepts et théories tirés de la psychologie, de la psychologie sociale, de l’économie et du soutien social. 12-20 Figure 1 : Modèle d’aide à la décision d’Ottaw a b. Résultats de la décision Qualité de la décision a. Besoins décisionnels Conflit décisionnel Éclairée Connaissances et attentes Fondée sur des valeurs Valeurs Soutien et ressources Actions Type de décision, étape, choix pressenti Retard, poursuite Caractéristiques personnelles et de la situation clinique Im pact Résultats de santé fondés sur les valeurs Regrets et blâme Utilisation appropriée et coût des services c. Soutien à la décision Identifier la décision qui doit être prise et les besoins Fournir des informations et des probabilités Identifier les valeurs personnelles Habiletés à guider dans les délibérations et communiquer Surveiller et aider à progresser Counseling Outils décisionnels Encadrem ent (coaching) Les 3 éléments principaux du modèle sont résumés ci-dessous. a. Besoins décisionnels. Les besoins sont des écarts entre ce qui est et ce qui devrait être. Des besoins décisionnels non comblés peuvent nuire à la qualité d’une décision. Par exemple, ceux-ci incluent : conflit décisionnel sur le meilleur plan d’action (inconfort avec la décision, incertitude personnelle sur le meilleur plan d’action); connaissances insuffisantes sur les conditions, options, avantages, risques et incertitudes scientifiques; attentes irréalistes sur les probabilités des avantages et des inconvénients; valeurs ou importance personnelle accordée aux avantages, inconvénients et incertitudes scientifiques qui ne sont pas clairement identifiées; soutien inadéquat de l’entourage ou ressources insuffisantes (p. ex., point de vue biaisé ou incertain des autres, pression sociale, disparité dans le rôle préféré et le rôle assumé dans la prise de décision, confiance et compétences inadéquates dans la prise de décision; accès inadéquat à l’information, au soutien émotionnel, à l’aide à l’utilisation d’instruments, à l’assistance financière, aux services de santé et services sociaux); caractéristiques complexes de la décision telles que : type : options multiples, résultats scientifiques incertains, avantages et inconvénients connus que les patients apprécient différemment; effets permanents; https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 6 de 27 étape : urgence ou retardement choix pressenti : ne pas vouloir s’engager dans le processus de prise de décision, prise de décision niée, prématurée ou hâtive. besoins particuliers découlant de caractéristiques personnelles ou cliniques du patient dont l’âge, le stade de développement, le sexe, le statut socioéconomique, l’origine ethnique, l’éducation, le diagnostique et sa durée, les limites de leurs capacités physiques, affectives, cognitives ou sociales. Si les besoins décisionnels ne sont pas comblés, les patients sont moins susceptibles de prendre des décisions éclairées. 6 Ils sont aussi plus susceptibles de retarder les décisions, ressentir du regret, exprimer leur mécontentement et blâmer les autres pour des résultats insatisfaisants ou des effets délétères. 21-23 b. Qualité de la décision. Le soutien à la décision vise à aider les personnes à prendre une décision « optimale ». Mais quelle est la décision « optimale » lorsque le meilleur choix dépend de la manière dont la personne pèse le pour et contre des options en fonction de ce qui est important pour elle? Plusieurs études concluent que la décision « optimale » est : 24,25 Fondée sur les meilleures preuves disponibles (p. ex., Le patient a-t-il été exposé aux données probantes (données issues de recherches)? Le patient comprend-il les principaux faits probants relatifs à son état, ses options, leurs bénéfices (avantages) et leurs risques? Le patient entretient-il des attentes réalistes envers les probabilités que les bénéfices ou les risques se produisent?); Fondée sur les valeurs du patient (p. ex., Est-ce que l’option choisie correspond aux caractéristiques positives et négatives qui comptent le plus pour le patient informé? D’autres résultats comprennent : Prendre des actions (p. ex., Est-ce que le patient a retardé ou a pris la décision? Est-ce que le patient adhère à l’option choisie?) Atteindre les résultats de santé basés sur les valeurs (p. ex., Est-ce que le patient atteint des résultats positifs (p. ex., le soulagement des symptômes qui comptent le plus pour lui) ou éviter les résultats négatifs (p. ex., effets secondaires qui comptent le plus pour lui)) Minimiser les émotions négatives telles que le regret et le blâme Utilisation appropriée des services de santé et les coûts reliés (p. ex., Est-ce qu’il y a une réduction dans l’utilisation de certains services de santé facultatifs et surutilisés qui ne sont pas valorisés par le patient informé? Est-ce qu’il y a une augmentation dans l’utilisation de certains services de santé facultatifs et sous-utilisés qui ne sont pas valorisés par le patient informé?) c. Soutien à la décision. Le professionnel de la santé fournit une aide structurée qui est adaptée aux besoins décisionnels du patient pour délibérer sur les options et pour communiquer celles-ci à d’autres personnes. Le processus implique de : Identifier la décision; Évaluer les besoins décisionnels du patient (voir la section « a » ci-dessus); Fournir des informations et des probabilités sur les résultats pour combler les déficits de connaissances et les attentes irréalistes; Identifier les valeurs du patient en décrivant les expériences d’autres patients ou en leur demandant d’évaluer l’importance personnelle accordée aux avantages, désavantages ou effets secondaires; Renforcer le soutien des autres et identifier des ressources disponibles; Suivre et faciliter les progrès dans la prise de décision. Dépendamment du contexte, l’aide à la décision peut être fournie en utilisant le counseling, les outils décisionnels et/ou l’encadrement (coaching). Les professionnels de la santé doivent être conscients qu’ils ont tendance à surutiliser les renseignements factuels au détriment d’autres éléments et stratégies essentiels à la prise de décision partagée. Le reste de ce tutoriel se concentre sur l’ensemble des stratégies d’aide à la décision qui peuvent être utilisées pour répondre aux besoins décisionnels des patients. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 7 de 27 3. Identifier la décision Le soutien à la décision doit se centrer sur une décision spécifique. Le professionnel de la santé évalue la compréhension qu'a le patient de la décision qui doit être prise. Il est important d'être explicite à propos du point de décision, car environ la moitié des patients déclarent qu'ils ne savaient même pas qu’une décision était en train de se prendre. 26 Exemples de décisions nécessitant un soutien à la décision : tests de dépistage et diagnostiques (Par exemple, le dépistage du cancer de la prostate avec le test de l'antigène prostatique spécifique, le dépistage prénatal, le dépistage génétique pour les anomalies fœtales, les tests génétiques pour prédire le risque de maladies) traitements agressifs pour des problèmes de santé, lorsque les options plus simples échouent (Par exemple, les troubles d'hyperactivité avec déficit de l'attention, l'acné, les maux de dos, le reflux gastrique, l'arthrite, les bouffées de chaleur, les ménorragies, l’hypertrophie de la prostate, l'angine de poitrine stable) transitions associées au développement de l’individu (Par exemple, la reproduction, le rôle parental, les soins, le vieillissement) l'emplacement des soins (Par exemple, le lieu pour un accouchement, l’endroit afin de recevoir des soins dans le cadre d’une maladie chronique, le milieu de vie pour un individu souffrant de démence) l'intensité des soins (Par exemple, les nouveau-nés de très faible poids à la naissance, les malades en phase terminale) https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 8 de 27 4. Le conflit décisionnel et les caractéristiques de la décision et des participants Cette section porte sur l’évaluation et l’identification des besoins décisionnels en lien avec le conflit décisionnel et les caractéristiques de la décision et des participants (p. ex., les patients et les professionnels de la santé). Lorsque les professionnels de la santé envisagent comment répondre à ces besoins, ils ne peuvent habituellement pas changer la nature intrinsèque de la décision, ni les patients. Cependant, ils peuvent adapter leur soutien à la décision en fonction des besoins décisionnels du patient. 4.1 Conflit décisionnel. Le conflit décisionnel est le sentiment d’incertitude personnelle au sujet d’un plan d’action à suivre lorsque le choix d’une action parmi d’autres implique un risque, une perte, un regret ou un défi en rapport aux valeurs personnelles. 27 Un des principaux indices du conflit décisionnel consiste en un sentiment d’incertitude personnelle verbalisée par le patient (p. ex., « Je ne sais pas quoi faire »). Dans trois études, environ 50% des patients ont exprimé un sentiment d'incertitude, même après avoir pris une décision avec leur médecin. 28-30 D’autres indices de conflit décisionnel comprennent : 27,28 La crainte de résultats indésirables (« Je n’arrête pas de penser à ce qui pourrait mal tourner si je me fais opérer. »; « Il pourrait y avoir des complications. »; « Je pourrais ne pas me rétablir. ») L’hésitation entre deux choix (« Un jour je penche pour la médication, le lendemain je change d’idée. ») Le report de la décision (« Je remets constamment à plus tard… je ne veux pas avoir à choisir maintenant. ») Le questionnement sur les valeurs personnelles ou sur ce qui est considéré comme désirable ou important (« L’amniocentèse, je ne sais pas… je dois penser sérieusement à ce que je ferais si le bébé s’avérait anormal… quelles sont mes convictions religieuses? ») La préoccupation concernant la décision (« Dernièrement, cette décision occupe tout mon esprit… ma famille s’impatiente, parce que je passe tout mon temps à ruminer ma décision, je les néglige. ») Les signes et symptômes de détresse ou de tension (Signes de tension musculaire accrue, début d’agitation, rythme cardiaque élevé. « Je suis tendu… je ne dors plus… mes mains tremblent. ») La fréquence de ces indices de conflit décisionnel peut varier en fonction du type de décision et du patient impliqué. Ceux-ci sont décrits ci-dessous. Il y a aussi des facteurs modifiables qui contribuent au conflit décisionnel (se sentir mal informé, pas certain de ses valeurs personnelles et pas soutenu dans le processus de prise de décision). Ces facteurs modifiables sont décrits dans les sections 5 à 7. 4.2 Caractéristiques de la décision : type, délai, étapes et prédisposition. 4.2a Types de décisions. Le niveau de besoin décisionnel peut varier en fonction de : Catégories : on a observé un taux plus élevé de stress physique chez les personnes qui avaient à prendre une décision concernant le placement de leur proche dans une institution (54%) ou un traitement médical (46%) en comparaison avec une décision sur le mode de contraception (23%). 28 Le report de la décision était plus fréquent chez les personnes qui avaient à décider de placer un parent dans une institution (50%) par rapport à une décision sur le choix d’une intervention chirurgicale (20%). En soins primaires, des taux plus élevés d'incertitude ont été rapportés chez les personnes qui ont eu un choix à faire concernant la vaccination, la gestion du diabète, de la douleur, de la dépression et de l'hypertension. 30 Nombre d’options : avoir de nombreuses options accroît le fardeau cognitif lié à la comparaison des différentes options. Incertitudes scientifiques : les besoins décisionnels peuvent être plus élevés lorsque les avantages et les inconvénients concernant les options doivent être évalués alors qu’il n'y a pas encore eu de recherche sur le sujet ou que plusieurs recherches ont eu lieu mais se contredisent. Gravité des conséquences : les besoins décisionnels peuvent être plus importants pour des résultats mettant la vie en danger (p. ex., la mort, un arrêt cardiaque). Décisions irréversibles : il est souvent plus difficile de prendre une décision sur laquelle on ne pourra plus revenir comme l'ablation chirurgicale d'un organe. 4.2b Urgence ou report de la décision : Le temps alloué ou l'urgence avec laquelle une décision doit être prise influence les besoins décisionnels. Par exemple, la prise d’une décision difficile dans un court laps de temps accroît souvent le stress, mais une trop longue période peut accroître le report de la décision. 4.2c Étapes de la décision et prédisposition. Les quatre étapes de la prise de décision sont décrites ci-dessous (voir le tableau). Le soutien à la décision vise à aider le patient à progresser dans la prise de décision et non pas à la changer. Parfois, s’abstenir (conserver le statu quo) constitue une option raisonnable (p. ex., renoncer au test de dépistage du cancer de la prostate, à l’amniocentèse pour les femmes enceintes ou à une chirurgie palliative). Le conflit décisionnel augmente lorsque les patients commencent à examiner les options et tend à diminuer après que la décision soit prise. 15 https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 9 de 27 Aux toutes premières et dernières étapes de la prise de décision, il importe de mesurer la réceptivité du patient aux nouvelles informations reçues et à son engagement dans le processus de décision. Dans le cas contraire, le soutien à la décision pourrait devenir un irritant ou contreproductif. Par exemple, les patients sont moins ouverts à la discussion concernant une décision lorsqu’ils sont en état de choc ou de déni juste après un diagnostique et après avoir pris une décision, même si la fermeture est prématurée (prise de décision hâtive). Pour éviter la fermeture prématurée, les professionnels de la santé peuvent fournir un accès rapide à de l'information complète et à un soutien à la décision. Le tableau ci-dessous décrit les étapes du processus décisionnel, l'ampleur du conflit décisionnel, l'évaluation des besoins décisionnels et les stratégies de soutien. Étapes de la prise de décision du patient Conflit décisionnel du patient (inconfort avec la décision; sentim ent Stratégies appropriées de soutien à la décision d’incertitude personnelle) est habituellem ent : Ne réfléchit pas aux Élevé options Mesurer la réceptivité aux nouvelles informations (le patient est peut-être encore sous le choc ou en déni). Si le patient est réceptif, informez-le. Sinon, discutez des questions pertinentes pour le patient dans l’immédiat. Délibère activement sur les options Élevé C’est l’étape où le soutien à la décision est habituellement le plus efficace. Près de faire un choix Faible Mesurer la réceptivité à discuter de ce qui l’a mené au choix qu’il est près de faire. Vérifier sa compréhension des options. Exécution en cours ou terminée (incluant le statu quo) Faible et peut augmenter avec l’apport d’un soutien à la décision supplémentaire31 Si le patient a déjà décidé, mesurer sa réceptivité à discuter de ce qui l’a mené au choix qu’il a fait. Parfois, les personnes commencent à mettre une solution en œuvre sans y croire pleinement (p. ex., mettre le nom d’un parent sur une liste d’attente pour une maison de soins infirmiers spécialisée en démence, même si la famille n’a pas finalisé le choix de l’institutionnaliser). D’autres passent à l’action, mais tendent à reconsidérer leur choix avec le temps (p. ex., cas de maladies chroniques telles que la dépression, traitement pour le trouble du déficit d’attention). 4.3 Caractéristiques personnelles et cliniques. Les professionnels de la santé apportent leur soutien aux patients lors du diagnostique, au cours des différentes étapes de la maladie. Le soutien à la décision doit être adapté au sexe et à l’âge du patient, à la période de la vie à laquelle il est rendu, à son niveau de scolarité, à son statut socioéconomique et son origine ethnique. Dans deux études qui contrôlaient d'autres facteurs potentiels, les femmes rapportaient un conflit décisionnel plus élevé que les hommes. 28 Une étude clinique sur des patients qui envisageaient un traitement à la warfarine a permis de constater que les patients plus âgés avaient un conflit décisionnel plus élevé. 32 En revanche, une enquête canadienne a rapporté que les patients plus jeunes avaient un conflit décisionnel plus élevé et avaient également eu un rôle plus indépendant dans le processus décisionnel. 28 Les professionnels de la santé doivent s’adapter aussi aux capacités physiques, émotionnelles et cognitives du patient. 33,34 Si les capacités du patient sont limitées, il importe d’impliquer sa famille ou son représentant légal. Les caractéristiques du clinicien (formation, expérience, style de counseling) influenceront, elles aussi, le soutien à la décision fourni. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 10 de 27 5. Connaissances et attentes Cette section porte sur l’évaluation et l’identification des connaissances insuffisantes et des attentes irréalistes. 5.1 Connaissances insuffisantes Le professionnel de la santé évalue la compréhension du patient quant aux différentes options ainsi que les avantages et les inconvénients de celles-ci. Voici des questions qui peuvent être utilisées pour évaluer les connaissances : « Quelles options pouvez-vous considérer? », « Quels sont les bénéfices et les risques? ». Les bénéfices peuvent être : des avantages, des conséquences positives ou des raisons pour choisir une option. Les inconvénients peuvent être : des risques, des désagréments, des conséquences négatives, des effets secondaires ou des raisons pour refuser une option. Les connaissances du patient sont inadéquates s’il y a un manque d’accord entre sa/ses réponses et ce qui est connu par rapport aux options. De plus, le patient peut indiquer son/ses besoins (p. ex., « Je ne sais pas ce que je peux faire pour soulager mes symptômes… J’ai besoin de connaître les effets secondaires »). Le professionnel de la santé identifie les connaissances inadéquates en fournissant des informations ou en facilitant l’accès à l’information sur l'état de santé, les options disponibles, les avantages connus, les inconvénients, les effets secondaires et les incertitudes scientifiques. L’information sur les résultats devrait être présentée de manière suffisamment détaillée pour permettre la compréhension. L’information peut être fournie par le professionnel de la santé (p. ex., le counseling clinique ou l’encadrement (coaching)) et en utilisant des outils décisionnels (p. ex., documents écrits ou vidéos). Le format et le rythme de l’information doivent être adaptés aux besoins d’information des patients. Il est important de réévaluer la compréhension du patient après avoir fourni l’information (p. ex., demander au patient de résumer les options, les avantages et les inconvénients). L’accent devrait être mis sur l’information jugée « essentielle » à la prise de décision éclairée. 5.2 Attentes irréalistes par rapport aux avantages et inconvénients Le professionnel de la santé évalue également la compréhension du patient de la probabilité et de la vraisemblance des résultats. Voici des questions possibles à poser lors de l’évaluation des attentes : « Quelle est la probabilité que cela se produise? », « Quelles sont les chances que cela se produise dans votre situation? » ou « À quelle fréquence cela se produit-il? ». Les attentes sont irréalistes si les résultats sont exagérés ou minimisés, p. ex.; « ce traitement donne le cancer à tout le monde », « ma mère a eu un bel accouchement naturel, alors je vais faire la même chose » ou « le traitement ne fonctionne jamais ». Les attentes irréalistes peuvent être abordées par le professionnel de la santé (ex : par counseling clinique ou par encadrement (coaching)) en utilisant des outils décisionnels (ex : documents écrits ou vidéos) qui incluent : Des probabilités : Les professionnels de la santé peuvent fournir des probabilités concernant les résultats de chaque option, qui ont été observés chez d’autres patients ayant des caractéristiques similaires au patient qui doit prendre une décision. 35 Lors de la présentation des probabilités, il est préférable d’utiliser le même dénominateur pour toutes les options. Par exemple, « sur 100 patients comme vous avec un état de santé X, 10 personnes ressentent moins de douleur avec l’option A et 15 personnes ressentent moins de douleur avec l’option B. » Des histoires : Les professionnels de la santé peuvent utiliser des histoires ou des récits pour décrire les résultats afin que les patients puissent plus facilement les imaginer et les identifier à eux. 19 Si le patient surestime les chances (probabilités) qu’un résultat se produise, le professionnel de la santé peut reconnaître cette possibilité, mais ensuite décrire une histoire personnelle dans laquelle ce résultat ne s’est pas produit. Si le patient sous-estime les chances qu’un résultat se produise, le professionnel de la santé peut reconnaître cette possibilité, mais ensuite décrire une histoire personnelle dans laquelle ce résultat s’est produit. Veuillez référer aux exemples ci-dessous. Ex em ple d’approches pouvant être utilisées afin de répondre à des attentes irréalistes Sara, 17 ans, visite la clinique en soins primaires à la recherche d’options de contraception. Elle et son partenaire sont d’accord pour utiliser le condom, mais parfois ils utilisent la méthode du retrait (coït interrompu). Elle ne croit pas courir un grand risque de tomber enceinte, parce qu’elle a été chanceuse jusqu’à présent. Utiliser les probabilités. Professionnel de la santé : « Plusieurs femmes croient avoir très peu de chances de tomber enceinte; tu n’es donc pas la seule à penser cela. Pourtant, avec la méthode utilisée, les chances sont très élevées sur un an. Par exemple, si 100 femmes comme toi utilisent la méthode du retrait pendant 1 an, 25 d’entre elles tomberont enceintes; si le condom est https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 11 de 27 utilisé pendant 1 an, 15 d’entre elles tomberont enceintes; et si la pilule contraceptive est utilisée pendant 1 an, 8 d’entre elles tomberont enceintes. » Ces blocs de 100 visages illustrent notre meilleure évaluation de ce qui se produit selon l’option adoptée pendant un an. 36 Chaque visage représente une femme; il est impossible de savoir à l’avance quel visage te représente. Les femmes surlignées en gris foncé ( ) tombent enceintes et celles non surlignées ( ) ne tombent pas enceintes. Comme tu peux le voir, la contraception prévient de nombreuses grossesses et la pilule est la méthode la plus efficace, suivie du condom et de la méthode du retrait. L’utilisation combinée du condom et de la pilule diminue encore plus les chances de tomber enceinte. Il existe aussi d’autres options que tu peux considérer pour contrôler les naissances. Méthode du retrait (25 fem m es tom bent enceintes) Condom s (15 fem m es tom bent enceintes) La pilule (8 fem m es tom bent enceintes) Utiliser les anecdotes. Si Sara est encore convaincue qu’elle court très peu de risques de tomber enceinte avec la méthode actuelle, le professionnel de la santé peut lui présenter des anecdotes contraires. Sara : « Plusieurs de mes amies utilisent la même méthode de contraception que moi et ne sont jamais tombées enceintes. » Professionnel de la santé : « Connais-tu des amies ou des connaissances qui sont tombées enceintes? Qu’est-ce qui leur est arrivé? Je peux partager mon expérience avec des centaines de jeunes femmes qui viennent à cette clinique, qui utilisent la même méthode de contraception que toi et qui sont tombées enceintes. Si le risque était aussi faible que tu le crois, nous verrions beaucoup moins de grossesses chez les adolescentes. » https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 12 de 27 6. Valeurs personnelles Cette section porte sur l’évaluation et l’identification des valeurs personnelles incertaines. Les valeurs réfèrent à l’importance personnelle et à la désirabilité du point de vue personnel accordées aux caractéristiques de chaque option. Le professionnel de la santé doit reconnaître que les valeurs personnelles des patients reflètent leurs propres expériences, circonstances et capacités. Ce qui est le plus important peut différer d’un patient à l’autre. Les éléments suivants sont des exemples de commentaires qui révèlent les valeurs des patients : « Je peux tolérer ces effets secondaires si cela soulage mes maux de tête », « Pour moi, le remède est pire que la maladie », « Je ne crois pas à la prise de pilules ». D’autres mots pouvant être utilisés pour décrire les sensations lors de la discussion des valeurs incluent les termes : « bon/mauvais », « important », « importe plus », « inquiet », « préoccupé », « tolérer », « désir », « confortable », « inacceptable », « gênant », « l’emporte sur », « compromis », « vaut la peine », « principale importance », « priorité », « heureux de », « coût personnel trop important ». Le patient peut indiquer qu’il/elle est incertain(e) à propos de ses valeurs en utilisant des commentaires comme ceux-ci : « Je n’ai pas beaucoup réfléchi aux conséquences positives (avantages) et aux conséquences négatives (inconvénients) », « Je me sens malheureux et j’ai besoin de soulagement, mais je m’inquiète beaucoup des risques », « Il est difficile de dire si les avantages l’emportent sur les inconvénients ». Les valeurs incertaines peuvent être identifiées par le professionnel de la santé (p. ex., par le counseling clinique ou l’encadrement (coaching)) et par l’utilisation des outils décisionnels (p. ex., documents écrits ou vidéos), en plus d’utiliser les stratégies ou les exercices suivants pour identifier les valeurs : a. Décrire l’ex périence du patient à l’égard des résultats. Les patients ne peuvent pas juger de la valeur des résultats en se basant uniquement sur une compréhension abstraite ou vague. 14 Par conséquent, les résultats doivent être décrits avec des termes familiers. Par exemple, plutôt que de simplement fournir un terme exact pour un résultat (p. ex., accident vasculaire cérébral), il faut plutôt aider les patients à comprendre comment ce résultat affecte les aspects physiques (p. ex., la capacité de marcher, de travailler et de mener des activités quotidiennes), les aspects émotionnels (p. ex., découragement, tristesse) et les aspects sociaux (p. ex., se retirer, éviter les activités sociales). Fournir des descriptions d’expériences réelles peut aider les patients à juger s’ils attachent personnellement de l’importance à chaque résultat ou non. Ces expériences peuvent être décrites dans des scénarios ou vidéos d’entrevues avec des patients qui ont vécu ces expériences. L’organisation internationale DIPEx, fondée à Oxford, est une initiative basée sur la recherche et axée sur le partage des expériences des patients (www.dipexinternational.org). b. Dem ander au patient de considérer quelle caractéristique positive et négative de chaque option est la plus im portante. Un professionnel de la santé peut poser directement la question suivante : « Qu’est-ce qui est le plus important pour vous… le soulagement des symptômes ou les effets secondaires? ». Alternativement, il peut demander au patient d’évaluer le niveau d’importance avec l’aide d’une échelle numérique de gradation (0=pas du tout important à 10=très important) ou d’un exercice graphique (ajouter le nombre d’étoiles selon l’importance (0 à 5) comme le montre l’exemple de cas ci-dessous). Les systèmes de cotation peuvent aider les patients à identifier les options qui correspondent à ce qui compte le plus pour eux. 37 c. Partager ses valeurs avec les autres. Les professionnels de la santé et les membres de la famille sont de mauvais juges des valeurs d’autrui. Par conséquent, le patient peut parler beaucoup d’une valeur, mais cela ne veut pas dire que c’est nécessairement la valeur qu’il apprécie le plus. Le patient doit être encouragé à exprimer les caractéristiques des différentes options qui sont les plus importantes pour lui, soit verbalement ou en utilisant des évaluations comme celles décrites ci-dessus. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 13 de 27 Étude de cas : Maria, 51 ans, envisage l’hormonothérapie substitutive, parce que les approches plus conservatrices n’ont pas réussi à soulager les fortes bouffées de chaleur qui perturbent son sommeil et sa capacité de fonctionner au travail et à la maison. Son professionnel de la santé lui a expliqué les risques et avantages pour une femme de prendre de l’oestrogène et de la progestérone, mais Maria hésite. Son professionnel de la santé lui demande d’évaluer l’importance qu’elle accorde au soulagement de ses symptômes à l’aide d’une échelle de zéro à cinq étoiles (0=pas important à 5=très important). Comme on le voit ci-dessous, Maria dit que le soulagement de ses symptômes mérite 5 étoiles (*****). Le professionnel de la santé lui demande ensuite d’évaluer l’importance d’éviter le risque de caillots sanguins. Maria y accorde 2 étoiles (**). Lorsque le professionnel de la santé lui demande ce que cela signifie pour elle, Maria réalise que le soulagement de ses symptômes importe plus que ses inquiétudes à propos des complications. Elle décide donc d’essayer l’hormonothérapie. Avantages Soulagement des fortes bouffées de chaleur et des problèmes de sommeil qui affectent les activités au travail et à la maison. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Quelle importance pour vous? Risques Quelle importance pour vous? * * * * * Inquiétude quant aux complications (si 1000 femmes dans la cinquantaine suivent une hormonothérapie, 999 vont bien et 1 peut développer un caillot sanguin au poumon, à la jambe ou au cerveau). * * Page 14 de 27 7. Soutien et ressources Cette section porte sur l'évaluation et l’identification d’un soutien inadéquat au niveau des autres personnes (l’entourage) et des ressources. 7.1 Perceptions im précises ou biaisées de l’opinion d’autrui Le professionnel de la santé questionne le patient sur les opinions des autres et leur influence sur la décision. Le patient peut s’exprimer comme suit : « Je ne sais pas ce que mon [médecin / famille] pense de ces options », « Qu'est-ce que d'autres personnes feraient dans cette situation? » ou « je ne veux pas décevoir le chirurgien ». Afin de répondre aux opinions incertaines et biaisées, le professionnel de la santé peut donner des exemples de choix que d’autres personnes ont faits, de façon équilibrée, pour que le patient constate que les gens choisissent diverses options et qu’aucun choix ne convient à tout le monde. Le professionnel de la santé peut aussi fournir des statistiques sur ces choix, par exemple le pourcentage de personnes choisissant les options possibles, les différences d’opinions entre les médecins ou les différences entre les directives cliniques. Il est également utile de présenter le raisonnement qui sous-tend les différences d’opinions. Souvent, les différences de choix traduisent une incertitude scientifique, des différences entre la situation de chacun, la tolérance au risque ou à l’incertitude de la personne, ou les valeurs de chaque patient. 7.2 Pressions sociales Le professionnel de la santé évalue si le patient sent une pression de la part de sa famille, des professionnels de la santé, ou de la société pour choisir une certaine option. Par exemple, « Le verdict familial est très clair : je devrais allaiter. » ou « J’ai l’impression que la société désapprouve les personnes qui choisissent tout sauf cette autre option » Le professionnel de la santé identifie la pression sociale, en explorant d’abord la nature de la pression (et sa source), les terrains d’entente et de mésentente, ainsi que les raisons des différences d’opinions. Ensuite, on guidera le patient pour qu’il : a) vérifie sa perception de l’opinion des autres (en cas de mésinterprétation); b) se concentre uniquement sur l’opinion des personnes dont l’opinion compte le plus (ignorer la pression des pairs); c) s’occupe des sources pertinentes de pression (membres de la famille ayant un droit de regard légitime sur la décision). Voici quelques stratégies pour faire face aux personnes qui font pression : Planifier la communication des informations et des valeurs. Inviter les autres à discuter de la perception des options, avantages, risques et valeurs, pour trouver les points d’entente et de divergence. Mobiliser le soutien du réseau social. Au besoin, désigner un médiateur. Répéter ces stratégies avec des jeux de rôle. 7.3 Le rôle souhaité dans la prise de décision Les patients peuvent être classés en trois profils de préférence quant au contrôle décisionnel : ceux qui souhaitent garder le contrôle de la décision, ceux qui souhaitent le partager et ceux qui souhaitent le laisser à quelqu’un d’autre. 38,39 Le professionnel de la santé évalue le rôle préféré du patient dans la prise de décision et le rôle réel joué afin de déterminer s’il y a un décalage. Par exemple, le patient peut dire : « Mon chirurgien est fermé à l’idée de parler des options autres que la chirurgie…C'est sa façon ou rien. » « je n’ai personne avec qui parler de cette décision, » « Ma mère ne peut pas prendre soin d'elle-même et mes sœurs m’ont dit qu’elles ne veulent pas s’impliquer pour déterminer où elle doit vivre. Tout repose sur mes épaules, mais je préférerais partager la décision avec mes sœurs. » Il est important de noter que le rôle préféré du patient dans la prise de décision peut changer et que fournir un soutien à la décision stimule souvent le désir du patient à participer activement à la prise de décision. 6 Par conséquent, les patients ont besoin d'information adéquate sur les enjeux et de temps pour considérer le rôle qu’ils souhaitent tenir dans la prise de décision. Idéalement, le type de soutien que fournira le professionnel de la santé dépendra du rôle que souhaite tenir le patient dans la prise de décision. Le patient qui veut être plus indépendant dans le processus de réflexion sur les options peut demander au professionnel de la santé son opinion sur de l'information scientifique. Dans le cas d’un « partageur », le professionnel de la santé peut commencer par fournir de l’encadrement, après quoi le patient s’impliquera activement dans la décision. Pour celui qui préfère laisser le contrôle à autrui, le professionnel de la santé pourra assumer le rôle d’un conseiller en vérifiant la compréhension du patient, en discutant de ses valeurs personnelles, et en réfléchissant sur ce qui semble être la meilleure option. 7.4 Manque de com pétences en prise de décision ou de confiance en soi Le conflit décisionnel est plus important chez les personnes qui se sentent non qualifiées dans la prise de décision. 28 Lors de l’évaluation de la capacité du patient à prendre des décisions en matière de santé, il / elle peut exprimer ses besoins comme suit : « Je n’ai jamais eu à prendre une telle décision, je ne suis pas sûr d’y parvenir. » https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 15 de 27 Le professionnel de la santé peut développer des compétences et gagner de la confiance dans le processus décisionnel en encourageant et en facilitant une réflexion personnelle positive, en reconnaissant les atouts propres à chaque patient, et en les aidant à tirer parti de leurs expériences positives vécues dans le passé. Le professionnel de la santé fournit aux patients un accompagnement structuré dans les étapes de la prise de décision (la délibération) et sur la discussion concernant la façon de communiquer leurs préférences aux autres, possiblement par un jeu de rôle. 40-47 7.5 Ressources insuffisantes Les ressources sont des atouts disponibles et accessibles pour prendre et mettre en œuvre la décision. Les types de ressources comprennent : l’information, les conseils, les conseillers personnels, le soutien affectif, l'aide matérielle, l'aide financière, les services de santé et les services sociaux. Les sources comprennent : les réseaux sociaux, les réseaux professionnels, les groupes de soutien, les organismes bénévoles, et les secteurs officiels de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Le professionnel de la santé évalue s’il y a d'autres ressources nécessaires pour la prise ou la mise en œuvre de la décision. Des exemples de ressources insuffisantes exprimées par le patient sont : « Il n'y a pas de groupe dans notre ville qui fournissent des informations ou un soutien aux familles touchées par la schizophrénie, » « Si je choisis l'option 1, je dois recevoir le traitement dans une autre ville, ce qui augmente les coûts pour la famille. » Le professionnel de la santé examine avec le patient comment accéder aux ressources dont il a besoin pour prendre sa décision. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 16 de 27 8. Surv eiller et faciliter les progrès Cette section porte sur la surveillance des progrès dans la prise de décision et sur la mise à disposition d’un soutien à la décision supplémentaire pour faciliter le progrès. 8.1 Réévaluer le stade de la prise de décision Une fois les besoins décisionnels du patient identifiés, il importe de surveiller la progression du patient tout au long du processus décisionnel. La personne doit cheminer dans la résolution de ses besoins décisionnels et être exposée aux différentes étapes de la prise de décision partagée. Comme indiqué dans la section 4, les quatre étapes de la prise de décision sont : a) ne réfléchit pas aux options; b) délibère activement sur les options; c) près de faire un choix; d) exécution en cours ou terminée (incluant le statu quo). L’aide décisionnelle supplémentaire doit être adaptée au stade de la prise de décision du patient. Étapes de la prise de décision du patient Le conflit décisionnel du patient (inconfort avec la décision; sentim ent personnel d’incertitude) est habituellem ent : Stratégies appropriées de soutien à la décision Ne réfléchit pas aux Élevé options Mesurer la réceptivité aux nouvelles informations (le patient est peut-être encore sous le choc ou en déni). Si le patient est réceptif, informez-le. Sinon, discutez des questions pertinentes pour le patient dans l’immédiat. Délibère activement sur les options Élevé C’est l’étape où le soutien à la décision est habituellement le plus efficace. Près de faire un choix Faible Mesurer la réceptivité à discuter de ce qui l’a mené au choix qu’il est près de faire. Vérifier sa compréhension des options. Exécution en cours ou terminée (incluant le statu quo) Faible et peut augmenter avec l’apport d’un soutien à la décision supplémentaire31 Si le patient a déjà décidé, mesurer sa réceptivité à discuter de ce qui l’a mené au choix qu’il a fait. Parfois, les personnes commencent à mettre une solution en œuvre sans y croire pleinement (p. ex., mettre le nom d’un parent sur une liste d’attente pour une maison de soins infirmiers spécialisée en démence, même si la famille n’a pas finalisé le choix de l’institutionnaliser). D’autres passent à l’action, mais tendent à reconsidérer leur choix avec le temps (p. ex., cas de maladies chroniques comme la dépression, traitement pour le trouble du déficit de l’attention). 8.2 Filtre pour les besoins décisionnels non résolus Le test SURE peut être utilisé pour dépister les besoins décisionnels non résolus. Une question évalue le sentiment de certitude personnelle par rapport à la meilleure option choisie, et les autres questions se concentrent sur l’évaluation des besoins décisionnels qui contribuent au sentiment de certitude; spécifiquement, il s’agit du sentiment d’être informé, du sentiment de certitude quant aux valeurs personnelles et du sentiment d’être supporté pour faire un choix (voir le tableau ci-dessous). 48 Si le patient répond « Non » à une ou plusieurs des quatre questions, le patient a des besoins décisionnels non résolus. Les besoins décisionnels peuvent être évalués plus en détail en utilisant l’échelle de 16 items du conflit décisionnel. 49 Le test SURE et l’échelle originelle du conflit décisionnel sont deux instruments fiables et valides. 49,50 Acronyme SURE Items Sûr Êtes-vous certain de ce qui constitue le meilleur choix pour vous? Utilité de l’information Est-ce que vous connaissez les bénéfices et risques de chacune des options? Risques-bénéfices à balancer Avez-vous le sentiment de savoir ce qui est le plus important pour vous à l’égard des risques et bénéfices? Encouragement Avez-vous suffisamment de soutien afin de faire votre choix? Oui [1] Non [0] The SURE Test © O’Connor and Légaré, 2008. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 17 de 27 8.3 Évaluer la qualité de la décision Une bonne décision est fondée sur les meilleures preuves disponibles (données probantes) et est basée sur les valeurs du patient. Deux questions dans le test SURE identifient les perceptions des patients sur le sentiment d’être informé et d’être certain de leurs valeurs. Cependant, un sondage est nécessaire pour savoir précisément les informations que le patient connaît et pour connaître ses valeurs. Un professionnel de la santé peut évaluer officiellement la qualité de la décision en utilisant un test de connaissance des principaux faits et en demandant au patient d’évaluer ses valeurs. Celle-ci peut également être évaluée de façon informelle en vérifiant si le patient : Comprend l’information clé concernant les options (p. ex., avantages, inconvénients, incertitudes scientifiques) A des attentes réalistes sur les probabilités des avantages et des inconvénients A une option préférée qui correspond aux avantages qui sont les plus importants pour le patient https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 18 de 27 9. Utilisation des outils d’aide à la décision 9.1 Counseling clinique Le counseling clinique est un soutien non-directif pour des décisions ayant de multiples options, des résultats incertains, ou des avantages et des inconvénients que les patients évaluent différemment. Il est assuré par des professionnels de la santé qui ont l'expérience, la responsabilité et le champ de pratique pour : a) identifier / diagnostiquer un problème de santé; b) identifier les options, les avantages, les inconvénients, les effets secondaires, les probabilités et les incertitudes scientifiques; et c) faciliter la mise en œuvre de la décision finale en référant, rédigeant une ordonnance, prescrivant des tests de dépistage et de diagnostique, effectuant une chirurgie, fournissant un traitement, etc. Les professionnels de la santé comprennent des audiologistes, infirmières, infirmières praticiennes, ergothérapeutes, pharmaciens, médecins, physiothérapeutes, psychologues, travailleurs sociaux, thérapeutes et orthophonistes. Dans certaines situations médicales, les médecins et les infirmières praticiennes fournissent des conseils en clarifiant la décision médicale, en fournissant des informations sur les options, les avantages et les risques, en clarifiant les valeurs du patient et en identifiant des difficultés dans le processus décisionnel ou l’exécution de la décision. 51 Pour ceux qui éprouvent des difficultés, l’encadrement des patients peut être conjugué aux outils d’aide à la décision. 9.2 Les outils décisionnels Les outils décisionnels comprennent des guides pour la prise de décision et des outils d’aide à la décision qui sont conçus pour préparer le patient à la prise de décision. a) Le Guide personnel pour la prise de décision (Ottaw a) est un outil générique pour toutes les décisions. Il existe une version pour une personne et une autre version pour deux personnes impliquées dans la prise de décision (p. ex., parent / enfant, mari / femme). Il aide les patients et leurs professionnels de la santé à : identifier la décision; explorer les connaissances, les valeurs et le soutien du patient; évaluer les besoins décisionnels non résolus du patient; et à planifier les étapes requises pour répondre à ces besoins. Le guide peut être utile si le professionnel de la santé perçoit que le patient pourrait avoir de la difficulté à prendre une décision, ou encore si le patient exprime une telle difficulté. Il peut être auto-administré ou administré par un professionnel de la santé. Pour plus de détails sur la façon d'utiliser la version administrée par un professionnel de la santé, voir la section 9.3 L’encadrement (coaching) à la décision. b) Les outils d’aide à la décision portent sur des décisions spécifiques pour des patients ayant un diagnostic ou une condition particulière. Ils préparent les patients à participer à la prise de décision avec leurs professionnels de la santé et ne remplacent pas la discussion en consultation. 6 Selon « the International Patient Decision Aids Standards (IPDAS) Collaboration »24,52 les outils d’aide à la décision : Précisent la décision à prendre Fournissent des informations sur les maladies / pathologies, options, avantages, désavantages, incertitudes scientifiques Fournissent des probabilités sur les issues liées aux facteurs de risque pour la santé du patient (facultatifl) Aident à identifier les valeurs en décrivant les résultats et / ou en demandant au patient d'évaluer l'importance des avantages et des inconvénients Fournissent des témoignages de patients (facultatif) Fournissent des orientations dans les étapes de la prise de décision et de la communication avec les autres (facultatif) Font la synthèse des résultats afin de les partager avec les professionnels de la santé (facultatif) Les outils d’aide à la décision diffèrent du matériel éducatif général pour les patients parce qu'ils portent sur une décision spécifique et ne font pas la promotion d'une option recommandée. Le message dans les outils d’aide à la décision pour les patients est qu'il n'y a pas de meilleure réponse claire pour tout le monde. Les outils d’aide à la décision ont été conçus à l’intention des patients pour diverses décisions diagnostiques, médicales, thérapeutiques, de dépistage et de fin de vie. 6 Ces outils sont généralement des documents imprimés ou des vidéos qui peuvent être utilisés avant, pendant ou après la discussion lors de la consultation. On trouvera une liste à jour de ces outils disponibles à la page « Répertoire de A à Z des outils d’aide à la décision » du site Outils d’aide à la décision pour les patients. Plus de 100 essais cliniques randomisés sur ce type d’outils ont démontré qu’ils sont supérieurs aux pratiques courantes de soins. 6 Plus précisément : en augmentant la participation à la prise de décision sans augmenter l’anxiété; en améliorant la qualité de la décision; meilleure connaissance des options, avantages et risques; attentes plus réalistes envers les probabilités d’avantages et de risques; meilleure adéquation entre les valeurs personnelles et le choix qui est fait; en atténuant l’inconfort décisionnel (le conflit décisionnel); en aidant les personnes indécises à se décider. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 19 de 27 Les outils d’aide à la décision joueraient aussi un rôle dans les situations de sous-utilisation et de sur-utilisation de certaines options. 6 Par exemple, ils réduisent le nombre de patients qui choisissent la chirurgie lorsque ceux-ci apprennent qu’il existe d'autres options moins invasives. Ils augmentent aussi l’utilisation du test de dépistage du cancer du côlon qui était sous-utilisé et abaissent celui du cancer de la prostate qui était sur-utilisé. 9.3 L’encadrem ent (coaching) à la décision L’encadrement (coaching) à la décision se définit comme un soutien au processus décisionnel dispensé par un facilitateur qui est formé dans le domaine. 53,54 Le facilitateur apporte du soutien au processus décisionnel sans orienter la décision. L’encadrement peut être donné en personne (individuellement ou en groupe) ou à distance (téléphone). Il s’utilise seul ou conjugué aux outils d’aide à la décision. Il comporte les stratégies suivantes : 54 identifier les besoins décisionnels; faciliter l’accès aux informations fondées sur des faits probants (données issues de la recherche); vérifier la compréhension; préciser ce qui est important pour la personne (identifier les valeurs); renforcer chez la personne ses compétences en délibération, communication et recherche de soutien surveiller et encourager le progrès dans le processus décisionnel et la qualité de la décision L’encadrement à la décision peut être utilisé avec le Guide personnel d’aide à la décision d'Ottawa pour fournir un soutien à la décision. Il tend à : a. Identifier la décision : Les premières étapes portent sur l’identification de la décision à prendre, le moment où elle doit être prise, le stade de prise de décision où se situe la personne et l’option qu’elle favorise. b. Ex plorer la décision en sondant les connaissances, les valeurs et les besoins de soutien des patients. On demande d’abord au patient de faire une liste des principaux avantages (pour) et désavantages (contre), pour évaluer sa connaissance des options et de leurs issues possibles. Ensuite le patient doit assigner des étoiles (0 à 5) pour indiquer l’importance qu’il accorde à chaque avantage ou désavantage (valeurs). Il n’est pas obligatoire de compléter cette étape en une seule séance; elle vise à exposer certains des besoins décisionnels, afin de planifier les étapes suivantes. c. Évaluer les besoins de soutien par d’autres personnes en déterminant le rôle que souhaite jouer le patient dans la prise de décision. S’il semble y avoir un problème de soutien, on peut demander de plus amples renseignements sur les autres personnes impliquées (opinions, pressions, aide qu’elles peuvent apporter). On se concentrera sur les personnes les plus impliquées et les plus importantes dans la décision. d. Dépister les besoins décisionnels non résolus en utilisant le test SURE de 4 items, un outil clinique qui permet de dépister les personnes qui présenteraient un niveau d’inconfort décisionnel élevé. 48 Si le patient répond non à une ou plusieurs des questions, il/elle présente un inconfort décisionnel. Le conflit décisionnel peut occasionner un report ou une interruption de l'option choisie, du regret, et une tendance à blâmer le professionnel de la santé pour de mauvais résultats. 21-23 e. Planifier les prochaines étapes : La personne offrant un soutien dans le processus décisionnel (facilitateur) et/ou le patient vérifient les stratégies afin de combler les besoins décisionnels du patient en matière de connaissances et d’identification des valeurs et de soutien par autrui. Une liste de stratégies est fournie. Comme un besoin décisionnel peut se résoudre ou changer, les questions peuvent être répétées et mises à jour. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 20 de 27 10. Étude de cas : soutien au processus décisionnel av ec un outil d’aide à la décision Maria G est une femme de 67 ans vivant avec son mari de 68 ans. Tous deux sont retraités; ils ont vendu leur dépanneur à leur seul enfant, un fils de 40 ans qui l’exploite avec sa femme. Mme G est en bonne santé, à l’exception de son arthrose au genou droit qui l’embête depuis 10 ans. Elle contrôlait quelque peu sa douleur avec de l’acétaminophène (Tylenol), mais, bonne marcheuse, elle est passée à des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (p. ex., ibuprofen) en vente libre qui lui procurent un meilleur soulagement. À la suite d’une petite hémorragie gastro-intestinale, son médecin de famille lui a prescrit du célécoxib (Celebrex) qui a très bien contrôlé sa douleur, sans effets secondaires. À la publication de preuves scientifiques (données probantes) concernant les risques cardiovasculaires des célécoxib, elle a décidé de revenir à l’acétaminophène. Cependant, l'acétaminophène contrôle moins bien sa douleur au genou, ce qui l’empêche d’aller marcher avec ses petits-enfants. Aujourd’hui, elle a consulté son médecin pour discuter des avantages et des risques d’utiliser à nouveau le célécoxib. Son médecin lui a expliqué que sa décision dépend de sa qualité de vie. Si ses symptômes actuels sont assez intolérables pour justifier le risque supplémentaire d’une crise cardiaque, la prise du célécoxib est alors raisonnable. Si elle juge ce risque trop important, elle devrait s’en tenir à sa médication actuelle. Le médecin de Mme G l’a référée à une infirmière qui lui donne de plus amples renseignements sur ses options. [L’infirmière AC et Mme G échangent des salutations. AC lui demande ce qui l’amène] Mm e G : J’aimerais en savoir plus sur le risque de crise cardiaque avec le célécoxib. J’en prenais avant et il me soulageait beaucoup mieux que l'acétaminophène, mais le risque de crise cardiaque m’a fait peur. Dr R dit que vous avez de l’information… J’aimerais connaître mes risques de crise cardiaque si je recommence à en prendre. Ça vaudrait peutêtre la peine si ça signifie que j’ai moins mal et que je peux redevenir active… et marcher avec mes petits-enfants. Mais, je ne veux pas courir un trop grand risque. Mon mari a déjà fait une crise cardiaque, je ne veux pas vivre ça à mon tour. AC : Donc, vous n’êtes pas certaine si vous préférez continuer avec l'acétaminophène ou passer au célécoxib. Vous voulez en savoir plus sur vos options pour évaluer si un soulagement accru de la douleur par le célécoxib (un avantage) est plus important à vos yeux que les risques qui y sont associés, soit le risque de crise cardiaque. C’est bien ça? Mm e G : Oui, c’est ça. AC : Y a-t-il autre chose qui rend cette décision difficile? Mm e G : Non, rien ne me vient à l’esprit. AC : Y a-t-il d’autres personnes impliquées dans cette décision? Mm e G : Eh bien, il y a mon médecin… mon mari aimerait en savoir plus, évidemment il s’inquiète des risques… même s’il croit que la décision revient à moi et à mon médecin… c’est ce que je crois aussi. AC : Nous avons un outil d’aide à la décision que vous pourriez remplir [le voici, rempli par Mme G]. Il est conçu pour les femmes de votre âge. En plus de donner des renseignements sur les avantages et les risques, chiffres à l’appui, il vous aidera à évaluer ce qui compte le plus à vos yeux et ce dont vous avez besoin pour prendre une décision. Mm e G : Je vais essayer ça. AC : Y a-t-il autre chose dont vous voudriez discuter? Mm e G : Non, je ne crois pas. Puis-je repasser lors de mon rendez-vous avec mon médecin la semaine prochaine? AC : Oui, je pourrais vous voir avant votre rendez-vous. Apportez votre outil d’aide à la décision rempli. [Elles s’entendent sur l’heure.] [Mme G et AC se disent au revoir.] Rencontre de suivi avec l’infirmière Certains patients peuvent oublier d’apporter leur outil d’aide à la décision avec eux. Voici plus bas deux exemples de suivi lorsque : a) Mme G a oublié d’apporter son outil d’aide à la décision; et b) Mme G a pensé à apporter son outil d’aide à la décision. Situation A. Rencontre de suivi sans l’outil d’aide à la décision [Mme G a oublié d’apporter son outil d’aide à la décision rempli.] [Mme G et AC se saluent.] AC : Quelle option privilégiez-vous? Mm e G : Je suis pas mal certaine de savoir ce que je veux : le célécoxib. AC : Est-ce qu’il serait utile de revoir ensemble les points que vous avez évalués avant de prendre votre décision? Mm e G : Oui, ça me convient. AC : Alors, diriez-vous que vous connaissez les options qui s’offrent à vous? Mm e G : Oui, le document présentait les options qu’avait mentionnées mon médecin, soit de continuer avec l'acétaminophène ou de passer au célécoxib… Il y avait aussi les AINS que je pouvais acheter en vente libre, mais mon médecin me l’a déconseillé, parce qu’ils m’ont déjà donné des saignements… AC : Diriez-vous que vous connaissez les avantages et les risques associés à l’acétaminophène et au célécoxib? Mm e G : Oui. AC : Selon vous, quelles sont les principales différences entre l’acétaminophène et le célécoxib? Mm e G : L’acétaminophène soulage moins de personnes… c’est mon cas. Mais le célécoxib présente un risque plus élevé de crise cardiaque… et d’hémorragie. AC : La crise cardiaque représentait votre plus grande inquiétude la dernière fois. Qu’en pensez-vous? Mm e G : J’ai été surprise de voir que le risque était si faible. Je m’attendais à bien pire, mais non. C’était de 7 sur 1000 avec l'acétaminophène et de 13 sur 1000 avec le célécoxib. C’est une petite différence, 6 sur 1000,… à mes yeux, il y a https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 21 de 27 de bonnes chances que ça ne m’arrive pas. AC : Vous avez compris que le risque est pour une année? Mm e G : Oui… une année… AC : Donc, si votre médecin et vous choisissez le célécoxib, vous devrez réévaluer ce risque chaque année, au renouvellement de votre prescription. Mm e G : Oui… c’est logique… AC : Vous semblez bien informée. Diriez-vous que vous avez eu réponse à vos questions? Mm e G : Oui, l’information a été utile… AC : Et vous savez maintenant plus clairement quels sont les avantages et les risques qui ont le plus de poids à vos yeux?… À savoir, si le soulagement de votre douleur vaut le risque accru d’une crise cardiaque? Mm e G : À mes yeux, le plus important, c’est de soulager ma douleur… plus important que les risques… que le faible risque d’une crise cardiaque. AC : Et le petit risque d’une autre hémorragie? Mm e G : Oui. AC : Donc, diriez-vous que vous avez suffisamment de soutien et de conseils pour prendre une décision? Mm e G : Oui, mon mari est satisfait de ma décision… Je veux en parler à Dr R, évidemment… AC : Diriez-vous que vous prenez cette décision sans pression indue d’autrui? Mm e G : Tout le monde me dit que c’est à moi de décider… Personne n’essaie de m’orienter d’un côté ou de l’autre… AC : Donc, vous dites être sûre de savoir quel est le meilleur choix pour vous? Mm e G : Oui, pourvu que Dr R soit d’accord. AC : Vous semblez à l’aise avec votre décision… Puis-je faire autre chose pour vous? Mm e G : Non, merci pour votre aide. Situation B. Rencontre de suivi avec l’outil d’aide à la décision [Mme G a pensé à apporter son outil d’aide à la décision rempli. L’outil d’aide à la décision rempli se trouve ici et un résumé d’une page est disponible ici. Ces deux documents sont également annexés. (anglais seulement) ] AC : Où en êtes-vous avec votre décision? Mm e G : Je suis assez certaine de savoir ce que je veux… le célécoxib. AC : Serait-ce utile de revoir ensemble vos réponses à l’outil d’aide à la décision? Je les ai résumées sur ce formulaire. Vous pourrez en apporter une copie à Dr R. Mm e G : Oui, ça me convient. [AC et Mme G relisent le formulaire ensemble.] CERTITUDE AC : Vous dites être certaine que le célécoxib constitue le meilleur choix pour vous? Mm e G : Oui. CONNAISSANCES AC : En regardant vos réponses, je constate que vous connaissez les différences entre les options… que le célécoxib a une meilleure chance de soulager votre douleur, mais que l'acétaminophène présente un risque moindre de crise cardiaque et de saignements. Pour le célécoxib, 6 personnes de plus sur 1000 ont une crise cardiaque chaque année par rapport aux personnes qui prennent de l’acétaminophène. La semaine dernière, vous disiez que la crise cardiaque était votre inquiétude principale. Qu’avez-vous pensé de ces chiffres? Mm e G : J’ai été surprise que le risque soit si faible… Je m’attendais à une différence beaucoup plus grande, mais non… à mes yeux, il y a de bonnes chances que ça ne m’arrive pas. AC : Vous avez compris que le risque est pour une année? Mm e G : Oui… une année… AC : Donc, si votre médecin et vous choisissez le célécoxib, vous devrez réévaluer ce risque chaque année, au renouvellement de votre prescription. Mm e G : Oui… c’est logique… AC : Avez-vous d’autres questions? Mm e G : Non, l’information était claire. VALEURS AC : Vous dites ici que vous savez clairement quels avantages et quels risques ont le plus de poids à vos yeux. Vous accordez 5 sur 5 au soulagement de la douleur et 2 sur 5 aux risques accrus du célécoxib. Mm e G : Oui, le soulagement de ma douleur est plus important… SOUTIEN AC : Vous semblez disposer d’un bon soutien et être à l’aise avec la décision. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 22 de 27 PROCHAINES ÉTAPES AC : Selon vous, quelles sont les prochaines étapes? Mm e G : Je compte en parler à mon médecin. AC : Bonne idée. Puis-je faire autre chose pour vous? Mm e G : Non, je crois que c’est tout. https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 23 de 27 Annexes Annexe A : Glossaire Aptitudes Habileté à prendre et à mettre en oeuvre une décision Attentes Probabilité des résultats possibles de chaque option, telle que perçue par le client Caractéristiques du client Âge, sexe, éducation, situation de famille, caractéristiques ethniques, occupation, résidence, diagnostic et pronostic, état de santé (physique, moral, cognitif, social) Caractéristiques du praticien Âge, sexe, caractéristiques ethniques, carrière et spécialisation, lieu du cabinet, années d’expérience, style de counseling Confiance en soi Foi en ses propres aptitudes à la prise de décision, individuelle ou partagée Conflit décisionnel Incertitude au sujet du plan d’action à suivre Connaissance de la décision Compréhension du problème ou de la situation de santé, des options disponibles et des résultats possibles (avantages, risques) Étapes de la décision Les étapes de la prise de décision: ne réfléchit pas aux options; délibère activement sur les options; près de faire un choix; exécution en cours ou terminée (incluant le statu quo) Ex périence personnelle Exposition préalable à la situation, aux options, aux résultats et au processus de prise de décision Influences ex térieures Participation des autres personnes à la prise et à l’exécution de la décision Motivation Disponibilité et intérêt pour la prise de décision, y compris pour une prise de décision partagée Prédisposition Intensité d'un état avec lequel une personne tend vers une option ou une autre Perception des opinions des autres Perception du choix qui est décidé ou considéré comme étant approprié par les autres. Pour le client, les autres personnes importantes peuvent comprendre son conjoint, sa famille, ses pairs et le ou les praticiens. Pour le praticien, ils peuvent comprendre son client, ses collègues et son réseau personnel. Pression Perception de la persuasion, de l’influence ou de la contrainte exercée par d’autres personnes importantes sur le client pour qu’il choisisse une option donnée Rôles dans la prise de décision Manière dont un participant est ou désire être impliqué dans une prise de décision partagée : le client veut-il faire son choix après avoir recueilli l’opinion des autres, veut-il partager la prise de décision avec quelqu’un d’autre, ou veut-il que d’autres prennent la décision pour lui après avoir été consulté? Ressources Atouts disponibles et accessibles pour prendre et mettre en œuvre la décision. Les types de ressources incluent : informations, conseils, soutien moral, aide matérielle et/ou financière, services de santé et services sociaux. Sources : réseaux sociaux ou professionnels, groupes de soutien, organismes bénévoles, secteurs officiels de la santé, de l’éducation et de la protection sociale Soutien à la décision Aide documentaire, morale et tangible d’autres personnes importantes afin d’épauler et de soutenir la prise de décision https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 24 de 27 Valeurs Désirabilité ou importance pour le client des résultats des options https://decisionaid.ohri.ca/ODST/index-f.php Page 25 de 27 Bibliographie 1. Murray MA, Stacey D, Wilson KG, et al. Skills training to support patients considering location of end-of-life care: A randomized control trial. Journal of Palliative Care 2010;26(2):112-21. 2. Stacey D, Chambers SK, Jacobsen MJ, et al. Overcoming barriers to cancer helpline professionals providing decision support for callers: An implementation study. Oncology Nursing Forum 2008;35(6):1-9. 3. Stacey D, O'Connor AM, Graham ID, et al. 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