rapport final

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rapport final
Sous le parrainage du Ministère de l’Enseignement Supérieur du Cameroun
et avec la collaboration de
Plan International, DIAKONIA, Centre Population et Développement (CEPED),
Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et
UNESCO Bureau Afrique Centrale
Colloque international
FASAF et ROCARE sur
Éducation, violences, conflits et perspectives de Paix en Afrique
Yaoundé, Cameroun
6-10 mars 2006
RAPPORT FINAL
Mai 2006
Rédacteurs :
François-Joseph Azoh (ROCARE, Côte d’Ivoire)
Éric Lanoue (IRD, Burkina Faso)
Version électronique disponible à
www.rocare.org/Rapport_Colloque_ROCARE_FASAF.pdf
RESUME EXECUTIF
Depuis plusieurs décennies, les violences, les conflits sociaux et les conflits armés affectent de
nombreux pays du continent africain durant ces dernières vingt années. Si leurs impacts sociaux
et économiques ont été très souvent analysés, un intérêt bien moindre a été accordé à leur impact
sur l’éducation, tant au niveau des systèmes éducatifs, des politiques d’éducation que des
familles. La question des violences en milieu scolaire demeure elle aussi très peu documentée.
Les réseaux FASAF (Famille et Scolarisation en Afrique) et ROCARE (Réseau Ouest et Centre
Africain de Recherche en Education) ont mis en place un cadre de partenariat, soutenus par les
Organisations Non Gouvernementales, Plan International, DIAKONIA, CEPED et IRD afin de
mieux articuler la recherche et l’action sur la thématique « Éducation, violences, conflits et
perspectives de paix en Afrique ». Le colloque portant sur cette thématique tenu à Yaoundé
(Cameroun) du 6 au 10 mars 2006, s’inscrit dans cette démarche.
Le colloque a enregistré la participation de décideurs politiques, d’acteurs du développement
(société civile), de chercheurs et, fait original de jeunes victimes de conflits.
Les travaux scientifiques du colloque ont été organisés autour de plusieurs activités comprenant
des conférences introductives, des communications regroupées par sous-thèmes suivies de
discussions, et des tables rondes.
L’ensemble des communications se répartit en quatre thématiques : les violences faites aux
femmes et aux filles (4 communications), la violence de l’école, la violence à l’école et la
violence d’Etat (10 communications), les conflits armés et l’éducation (10 communications),
l’éducation en période post–conflit et l’éducation à la paix (7 communications).
Les échanges ont permis d’identifier les perspectives de recherche et d’action dans ce champ qui
recèle de potentialités faiblement exploitées. Les participants ont convenu que les questions
conceptuelles et méthodologiques traitées exigent des approfondissements et des clarifications
pour permettre une meilleure compréhension des phénomènes de violences et de conflits, de
leurs impacts sur l’éducation, et ce, afin de mieux dégager des perspectives de paix, d’éducation
à la citoyenneté et à la démocratie.
Certains contributeurs pensent qu’une société en situation sortie de la guerre n’est pas forcément
une société pour autant pacifiée. Les règlements et médiations institutionnelles ne suffisent pas à
apporter la paix sociale, encore faut-il lutter contre les racines profondes des inégalités et des
injustices sociales sinon la paix n’est que factice. Etablir une paix durable exige donc une série
de préalables comme le développement des compétences de vie et le travail sur l’histoire
personnelle et collective.
Pour la valorisation scientifique des contributions, le comité scientifique prévoit les actions
suivantes : la mise en ligne des communications sur les sites www.fasaf.org et www.rocare.org ;
la réalisation d’un CD Rom ; la création d’une liste de diffusion permettant aux différents
contributeurs de poursuivre les échanges et à d’autres chercheurs de rejoindre cette thématique ;
et la publication d’un ouvrage scientifique en 2007 à partir d’une sélection des communications.
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SOMMAIRE
RESUME EXECUTIF ...................................................................................................................... 2
1. Contexte ...................................................................................................................................... 4
2. Objectifs du colloque .................................................................................................................. 4
3. Rappel du processus de sélection des communications .............................................................. 5
4. Déroulement du colloque ............................................................................................................ 5
4.1 Cérémonie d’ouverture
4.2 Les conférences inaugurales
4.3 Les communications (www.rocare.org/colloque_fasaf_rocare.htm) et les discussions
• Ecole catalyseur des violences et des guerres
• Violences physiques et morales à l’école
• Education dans un contexte d’urgence
• Ecole en situation post conflit
4.4 Les tables rondes
• La table ronde des enfants
• Violences faites aux filles en milieu scolaire
• Quelles recherches pour quelles actions ? ............................................................... 8
5. Perspectives ................................................................................................................................. 9
6. Conclusion ................................................................................................................................. 10
ANNEXES disponibles à www.rocare.org/Annexes_Colloque_ROCARE_FASAF.pdf
Annexe A :
Aperçu du projet et membres du comité scientifique et d’organisation ...............................................
Annexe B :
Appel à communication .......................................................................................................................
Annexe C :
Répartition des communications par thème et zone géographique ......................................................
Annexe D :
Titres des communications par thème, pays et, zone géographique ....................................................
Annexe E :
Programme du colloque .......................................................................................................................
Annexe F :
Outil pour recueillir les avis sur « quelles recherches pour quelles actions ? » ...................................
Annexe G :
Liste de participants ..........................................................................................................................
Annexe H :
Evaluation du colloque par les participants .........................................................................................
Annexe I :
Couverture télé et radio ........................................................................................................................
Annexe J :
Couverture presse écrite .......................................................................................................................
J1 : Panapress, 2 mars 2006
J2 : The Herald, 8 March 2006
J3 : La Nouvelle Expression, 8 mars 2006
J4 : Le Messager, 8 mars 2006
J5 : The Post, 10 March 2006
Annexe K :
Message des femmes du colloque pour le 8 mars 2006 .......................................................................
Annexe L :
Discours d’ouverture ............................................................................................................................
L1 : ROCARE
L2 : FASAF
L3 : By a youth on behalf of children and youth in Africa
L4: DIAKONIA
L5: Plan International
L6: Allocutions du Ministère
Annexe M :
Rapport de synthèse présenté lors de la clôture du colloque ................................................................
Annexe N :
Déclaration de Yaoundé ....................................................................................................................
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1. Contexte
Depuis les indépendances, et plus particulièrement depuis les années 90, rares sont les pays
africains qui n’ont pas connu de violences ou un conflit armé. Cette situation a largement
contribué à fragiliser et même à compromettre le processus de développement. Par ailleurs,
souvent utilisées par les belligérants comme des armes de guerre, les violences sexuelles sont
devenues un problème de société dont la formation pour la promotion des droits de la femme et
la lutte contre les IST et le VIH/SIDA doivent tenir compte.
Plusieurs conférences internationales ont abordé la question de l’éducation en situation de crises
et conflits : la conférence mondiale de Jomtien en 1990 sur l’Éducation Pour Tous (EPT), la
réunion mondiale d’Amman sur l’EPT à mi-décennie, le Forum Mondial sur l’Education tenu en
2000 à Dakar, et au cours de la conférence ministérielle sur l’éducation dans les pays en situation
de crise ou post-conflit, organisée par l’Association pour le développement e l’éducation en
Afrique (ADEA) à Mombasa (Kenya) en juin 2004. L’on s’est aperçu que les conflits sont, de
fait, un obstacle majeur au développement de l’éducation en Afrique et méritent d’être mieux
cernés. Entre autres, la déclaration de Mombasa avait recommandé, de faire des systèmes
éducatifs, des vecteurs de paix, de prévention et de résolution des conflits et de construction de
l’unité nationale.
Au-delà du constat général sur l’impact des conflits et violences sur l’éducation, les réseaux de
recherche ROCARE et FASAF, qui oeuvrent tous les deux pour le développement de l’éducation
en Afrique, envisagent de déclencher à l’issue de colloque, un processus de recherche sur un
sujet peu exploré et relativement nouveau. Les résultats de cette recherche pourraient ainsi
influer sur les pratiques et politiques éducatives.
Dans cette optique, il s’agit de favoriser les échanges avec les acteurs du développement, les
jeunes et les enfants ainsi que les décideurs politiques qui, à leur tour, influencent les orientations
de la recherche (problématiques et méthodologies) sans que cela n’affecte l’objectivité
scientifique.
2. Objectifs du colloque
Ce colloque vise à fournir des données scientifiques de l’impact des violences et des conflits
armés sur l’éducation en vue de sensibiliser les chercheurs, planificateurs, gestionnaires et
bénéficiaires des systèmes éducatifs pour réfléchir à l’élaboration de programmes éducatifs
adaptés et promouvoir une culture de la paix.
Cela se traduit par les questionnements suivants sur :
1/ l’identification des sources, des formes et des conséquences des violences en milieu
scolaire ;
2/ l’évaluation des réponses à ce jour apportées ;
3/ la mesure de l’impact des conflits sociaux et des guerres sur l’éducation en général et sur
celle des groupes vulnérables (enfants, filles, personnes déplacées, etc.) ;
4/ l’appréhension des conséquences des abus et des violences dans les milieux éducatifs,
notamment des traumatismes physiques, psychologiques et sociaux ;
5/ la mise en lumière des trajectoires éducatives et socio professionnelles des acteurs
(enfants soldats et anciens combattants) et des victimes.
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Le colloque vise aussi trois objectifs spécifiques :
1/ identifier les pistes de recherches et d’action futures ;
2/ impulser une véritable dynamique de recherche sur toutes ces questions ;
3/ renforcer le partenariat entre les chercheurs, les acteurs (enfants, jeunes, professionnels,
etc.) et les décideurs politiques, en vue d’une recherche utile à l’action.
3. Rappel du processus de sélection des communications
L’Appel à communication a été diffusé en mars 2005 fixant la date limite de soumission au 15
Juin 2005 (Annexe A : Note d’orientation et Annexe B : Appel à communication).
Le comité scientifique, composé de membres appartenant aux réseaux FASAF et ROCARE, a
examiné 85 propositions au mois de juillet 2005 dont une quarantaine ont été sélectionnées sur la
base d’une grille d’évaluation. Pour certaines communications retenues, des recommandations
ont été adressées aux auteurs dans le but d’apporter des corrections.
Le colloque, initialement prévu à Kinshasa, a eu lieu à Yaoundé devant la persistance des
incertitudes relatives aux questions de sécurité.
L’organisation du colloque a bénéficié de la collaboration et/ou de l’appui financier des
partenaires suivants : Plan International (bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest), Diakonia
(ONG suédoise, représentation régionale basée à Ouagadougou), l’Institut de Recherche pour le
Développement (IRD, Paris), le Centre Population et Développement (CEPED, Paris) et l’Ecole
Normale Supérieure (Université de Yaoundé I).
4. Déroulement du colloque
4.1 Cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture, placée sous le parrainage de Monsieur le Ministre de l’Enseignement
Supérieur de la République du Cameroun, a été marquée par une série d’allocutions des
différents partenaires sur l’importance de la thématique traitée et ses enjeux spécifiques sur le
continent africain (Annexe L : Discours).
Le colloque a enregistré la participation d’environ 90 personnes provenant de plus de 20 pays
d’Afrique (francophones et anglophones ; Annexe G : liste des participants), d’Europe
(Belgique, France et Suède) et d’Amérique (Canada). Ce sont 35 communications qui ont été
présentées (Annexe C : Répartition des communications et E : Programme), réparties en quatre
thématiques : les violences faites aux femmes et aux filles (4 communications), la violence de
l’école, la violence à l’école et la violence d’Etat (10 communications), les conflits armés et
éducation (10 communications), l’Education en période post-conflit (7 communications), en plus
des deux conférences introductives (Annexe D : Titres des communications par thème, pays,
etc.).
Les travaux scientifiques du colloque ont été organisés autour de plusieurs activités comprenant
des conférences introductives, des communications regroupées par sous thèmes suivies de
discussions et des tables rondes dont une organisée au sein de l’Ecole Normale Supérieure de
Yaoundé.
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4.2 Les conférences inaugurales
Deux conférences ont servi à introduire la thématique sur la base d’une revue des littératures
francophone et anglophone existantes pour asseoir un cadre théorique et dégager des pistes de
recherche. A partir de deux approches disciplinaires différentes, l’une sociologique et l’autre
psychologique, sont apparus plusieurs points de convergence :
le peu d’appropriation de la thématique du colloque par la communauté scientifique : la
littérature sur la question existe uniquement en réponse aux attentes ponctuelles des agences
d’aide et des Organisations Non Gouvernementales ;
la question traitée contient en elle-même un très fort potentiel de développement de
recherches à venir entre autres sur :
o le rôle – avéré ou supposé – de l’institution éducative dans la production des
violences, les effets des conflits armés sur les systèmes éducatifs, sur les
trajectoires des apprenants et sur les politiques éducatives à imaginer en temps de
paix, de conflit et de post conflit ;
o le rôle de l’éducation dans la prévention des conflits et la promotion d’une culture
de la paix.
4.3 Les communications et les discussions
La première thématique a traité de "l’école comme catalyseur des violences et des guerres". Il
est apparu que l’école comme lieu de transmission des connaissances était aussi une institution
fortement dépendante de son environnement social et politique au point d’opposer peu de
résistance à des formes de violences qui lui sont extérieures. L’ensemble des communications
montre clairement que l’institution scolaire manque d’autonomie par rapport à un ordre
politique, social et économique.
Les "violences physiques et morales à l’école" représentent la thématique 2 et les contributions
présentées tentent d’en cerner les causes, les formes et les conséquences. Un certain nombre de
variables explicatives ont été discutées telles que l’ethnicité, l’appartenance sexuelle,
l’acceptation des relations dominant/dominé (école de formateurs/formatrices, école coranique).
En certains cas et en certains lieux (milieu rural), l’école remplit une mission paradoxale : celle
de légitimer l’ordre établi et d’offrir une opportunité de mobilité sociale.
Si certains auteurs soulignent l’augmentation de la violence en milieu scolaire dans des pays en
paix (cas du Burkina Faso), d’autres font de cette augmentation de la violence un des facteurs de
la dégradation des rapports sociaux qui annoncent l’entrée dans le conflit armé, ce qui affecte les
populations vulnérables, entre autres les filles (cas de la Côte d’Ivoire).
Ont été analysés les effets des conflits armés sur le processus de scolarisation, un processus si
inégalement institué, qu’il apparaît probablement à l’origine de la guerre (cas de la République
Démocratique du Congo). En plus de la guerre, la violence d’Etat exercée sur des populations
entraîne des conséquences désastreuses sur la scolarisation (cas du Zimbabwe avec l’opération
Clean Up).
La thématique 3 a abordé les questions liées à "l’éducation dans un contexte d’urgence".
L’accent a été mis sur les systèmes éducatifs des pays affectés par la guerre et l’impact de cette
dernière sur les systèmes éducatifs des pays voisins (cas du Burkina Faso, du Bénin et du
Cameroun). Par ailleurs, il a été souligné combien la guerre entraîne pour des populations
vulnérables (les enfants) une privation de leurs droits à l’éducation.
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Les autres exposés ont insisté sur les conséquences par l’illustration des nombreux maux dont
souffrent les enfants à cause de la guerre et leur exposition à toutes les formes de violence. De
tels exposés ont motivé et justifié la tenue d’une table ronde qui a donné l’occasion aux enfants,
présents depuis le début du colloque, de s’exprimer.
Cette démarche a permis d’entendre, une fois n’est pas coutume, la voix des enfants et jeunes victimes, une voix souvent recouverte par celle des adultes. La table ronde prévue à cet effet
présente les résultats des discussions dans la suite du rapport.
Les travaux scientifiques présentés sur le rôle de "l’école en situation de post conflit"
(thématique 4) s’inscrivent dans une perspective d’éducation à la paix (stratégies de planification
des programmes).
Certains contributeurs pensent qu’une société en situation sortie de la guerre n’est pas forcément
une société pour autant pacifiée. Les règlements et médiations institutionnelles ne suffisent pas à
apporter la paix sociale, encore faut-il lutter contre les racines profondes des inégalités et des
injustices sociales sinon la paix n’est que factice. Etablir une paix durable exige une série de
préalables comme le développement des compétences de vie et le travail sur l’histoire
personnelle et collective. Consulter les papiers à www.rocare.org/colloque_fasaf_rocare.htm.
4.4 Les tables rondes
4.4.1 La table ronde des enfants
Elle a donné la parole aux enfants afin qu’ils s’expriment sur la thématique du colloque. Au
cours de cette table ronde, les enfants ont présenté la situation de l’éducation avant et après la
guerre au Rwanda sur la base de témoignages : destruction des écoles, décès ou fuite des
enseignants et des élèves, traumatismes psychologiques et socio affectifs, etc.
Les causes profondes des conflits et violences en Sierra Leone, les situations du Cameroun, du
Zimbabwe et du Malawi au plan de l’éducation et leur compréhension ont été passées en revue
ainsi que les inquiétudes qui pèsent sur la question de l’éducation pour la paix.
En somme, l’accent a été mis sur le développement, les abus sur les jeunes, la corruption, la
situation des femmes et des enfants pendant et après les conflits et les violences. Les débats ont
fait consensus : il a été convenu qu’il était plus important de prévenir les conflits et les violences,
et d’impliquer les décideurs dans les résultats de travaux de recherche.
Il est aussi important pour les jeunes et les enfants que les résultats de la recherche soient
partagés avec eux.
4.4.2 La table ronde à l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé I sur "Les Violences
faites aux Filles en Milieu Scolaire"
Cette seconde table –ronde a été organisée par le Directeur de l’Ecole Normale Supérieure
(ENS) et animée par quatre intervenants autour des thèmes suivants :
- La Violence Symbolique faite aux Filles,
- La Violence Sexuelle faite aux Filles,
- Filles et Violences Physiques en Milieu Scolaire,
- Les Stéréotypes Sexistes dans les Manuels Scolaires,
- Le Rôle et les Actions de l’UNESCO en matière d’Education à la Paix.
De l’ensemble des interventions, il est ressorti qu’il existe plusieurs formes ou types de violences
à l’encontre des filles dont les conséquences se font ressentir sur l’individu, la famille et la
société entière. En outre il faut reconnaître que les filles sont aujourd’hui aussi bien victimes
qu’agents de la violence.
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L’école ne doit donc pas devenir un lieu de cristallisation de la violence, sinon elle s’expose à sa
propre destruction. L’éducation doit être l’instrument de libération de la femme et pour cela, il
faut une prise en charge institutionnelle de la violence surtout en milieu scolaire.
Il faut par conséquent mener une réflexion sur la problématique globale de la violence en milieu
scolaire, faire une lecture sociologique des situations de violences en milieu scolaire et procéder
à une analyse critique des réponses proposées jusqu’aujourd’hui aux problèmes des violences
contre les filles.
Ce qu’il faudra principalement retenir, c’est qu’une approche holistique de la violence doit être
adoptée car la violence à l’école n’est pas une violence isolée mais prend sa source dans la
famille et dans la société.
4.4.3 La table ronde "Pistes de recherche et d’action"
Au terme de ces quatre journées, une table ronde
regroupant des chercheurs, des praticiens, et des
représentants
d’institutions
nationales
et
internationales a permis d’échanger sur la
question suivante : "Quelles recherches pour
quelles actions ?".
Le dépouillement de la fiche (Annexe F)
distribuée la veille aux participants en vue
d’identifier des pistes de recherche, d’action et de partenariat pertinentes a donné les résultats
suivants :
Pistes de recherche
•
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•
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•
•
•
•
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•
Considérations méthodologiques
•
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•
Rôle des acteurs éducatifs
Trajectoires des apprenants
Insertion des jeunes
Formation des enseignant(e)s
Contenus des programmes éducatifs
Education, environnement social
Définitions et mesures de la violence et
de l’impact des conflits
Harcèlement/violence sexuel en milieu
scolaire (statistiques)
Learning outcomes of peace education
Education formelle et éducation non
formelle
•
•
•
•
•
Définition de concepts
Sources et fiabilité des données
Possibilités d’enquêtes dans des
environnements hostiles
Approches spécifiques pour des
populations vulnérables
Choix des méthodes : quantitatives et
qualitatives
Approches participatives
Perspectives des jeunes
Utilisation d’Internet pour la
recherche, le travail collaboratif, la
dissémination
Pistes d’action
•
•
•
•
•
•
Prise en compte de la recherche
Education morale/civique, Education à la paix/citoyenneté
Espaces de dialogue et de discussion entre acteurs
Actions juridiques (plaintes, pénalisations)
Améliorer la qualité et pertinence de l’enseignement (contenu, pédagogie, langues)
Reconnaître l’éducation comme besoin fondamental, quel que soit le contexte
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•
•
•
Politiques/Programmes :
o D’urgence
o De prévention de violence/conflit
o De reconstruction + réformes/refondation du système
Humaniser l’école, ouvrir l’école
Les médias comme moyens de prévention des conflits
Pistes de partenariat
•
•
•
•
•
•
Etats
Universités, écoles, ONG
Acteurs du système éducatif (parents, élèves enseignants, tuteurs)
Chercheurs et praticiens
Niveaux de partenariat : école, communauté, national, régional, international
Réseautage et coordination des partenariats
Ces différents points ont été discutés et il ressort des échanges que le dialogue entre les
chercheurs et les acteurs de terrain est non seulement possible mais souhaitable à condition :
de respecter des impératifs propres à la recherche qui sont le temps, la rigueur
méthodologique et l’indépendance à l’égard des pouvoirs politiques et économiques ;
de mettre à disposition les résultats de la recherche, une fois le travail fondamental achevé et
de veiller à la valorisation de ces résultats au bénéfice des populations concernées ;
de promouvoir des pratiques qui consistent à consulter et écouter les enfants et les jeunes ;
de programmer les activités sur la base des résultats de la recherche (evidence based
programming).
La pertinence de la recherche participative et de la recherche action a été aussi discutée par les
participants.
La phase d’évaluation des activités du Colloque par les participants a permis de dégager les
points forts (appréciés), les points à améliorer (faiblesses) et les actions de suivi prévues par eux
dès leur retour au pays (Annexe H : résultats Evaluation).
5. Perspectives
A l’issue du présent colloque, les participants ont convenu :
de poursuivre et de développer la dynamique de recherche enclenchée par le colloque et
d’œuvrer à sa structuration au niveau national, régional et international ;
de sensibiliser les autorités politiques et les organisations internationales à la nécessité
d’aider au développement de ces recherches et de leur valorisation dans des actions au
bénéfice des populations. Il est ainsi envisagé de rédiger et de diffuser une « Déclaration de
Yaoundé » insistant notamment sur les enjeux et la nécessité de la recherche ;
de prendre en compte la réalité sociale et les expériences de terrain.
Le Comité Scientifique prévoit plusieurs formes de valorisation des contributions :
la confection d’un CD Rom comportant toutes les contributions enregistrées ;
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la création d’une liste de diffusion permettant de maintenir les liens d’échanges entre les
chercheurs d’une part et les acteurs et les chercheurs, d’autre part ;
la mise sur les sites Web de FASAF et ROCARE des textes des communications, avec des
liens entre les sites pour établir d’autres contacts avec des chercheurs ou acteurs intéressés
par la thématique ;
la publication d’un ouvrage scientifique, à partir d’une sélection des communications.
Au plan de la recherche, les préoccupations suivantes apparaissent :
-
-
-
il est fondamental et urgent d’engager une réflexion sur les concepts (violence, conflit,
etc.), afin d’en mieux définir les contours et de les inscrire dans un cadre théorique
pertinent ;
il s’avère aussi nécessaire de réfléchir sur les aspects méthodologiques (avec le problème
spécifique de la « mesure » des violences) et éthiques liés à l’ensemble de la thématique,
afin de dégager les instruments pertinents pour la collecte des données et leur analyse ;
il convient, face au manque actuel de connaissances scientifiques, à la fois de multiplier
les études de cas approfondies et de procéder à des approches comparatives entre pays.
Au plan de l’action par les différents acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, les
préoccupations suivantes apparaissent :
Prendre en considération toutes les formes de violence qui affectent les enfants et les jeunes
et jouer un rôle central dans la prévention ;
Baser les réponses et les programmes stratégiques sur les résultats de la recherche ;
Transformer l’éducation et l’école au sein d’une société de non violence et de paix, construite
sur la promotion de l’environnement ;
Promouvoir la collaboration entre planificateurs, acteurs et chercheurs dans le champ des
violences, des guerres et des conflits.
6. Conclusion
L’intérêt manifesté pour la thématique tant par les chercheurs, les acteurs de terrain que par les
professionnels de l’éducation indique clairement que les violences et conflits dans l’éducation
s’inscrivent dans l’actualité et demeurent une préoccupation pour le développement de ce
secteur.
L’impact des situations de crise sur les systèmes éducatifs est important et de diverses natures au
point de constituer une menace grave sur l’éducation dans le continent africain.
Les études et les actions doivent par conséquent s’inscrire dans la prévention et dans le cadre des
perspectives de paix permettant de réaliser les objectifs de l’Education Pour Tous (EPT) et les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Rapporteurs généraux
• Eric Lanoue, IRD
• François Joseph
Azoh, ROCARE
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•
•
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Rapporteurs par jour
Cinthia Acka Douabélé, lundi matin, ROCARE Côte d’Ivoire
Eric Lanoue, lundi après midi, IRD
Elise Ahovey, mardi matin; FASAF Bénin
François Joseph Azoh, mardi après midi, ROCARE
Hortense Kaboré Lougué, mercredi matin, DIAKONIA
Tahirou Traoré, mercredi après midi, ROCARE Burkina Faso
Elisabeth Lyfors, jeudi matin, DIAKONIA
M. Essossinam Adjoké, jeudi après midi, PLAN Togo
Annexes disponibles à www.rocare.org/Annexes_Colloque_ROCARE_FASAF.pdf.
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