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Sous le parrainage du Ministère de l’Enseignement Supérieur du Cameroun et avec la collaboration de Plan International, DIAKONIA, Centre Population et Développement (CEPED), Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et UNESCO Bureau Afrique Centrale Colloque international FASAF et ROCARE sur Éducation, violences, conflits et perspectives de Paix en Afrique Yaoundé, Cameroun 6-10 mars 2006 RAPPORT FINAL Mai 2006 Rédacteurs : François-Joseph Azoh (ROCARE, Côte d’Ivoire) Éric Lanoue (IRD, Burkina Faso) Version électronique disponible à www.rocare.org/Rapport_Colloque_ROCARE_FASAF.pdf RESUME EXECUTIF Depuis plusieurs décennies, les violences, les conflits sociaux et les conflits armés affectent de nombreux pays du continent africain durant ces dernières vingt années. Si leurs impacts sociaux et économiques ont été très souvent analysés, un intérêt bien moindre a été accordé à leur impact sur l’éducation, tant au niveau des systèmes éducatifs, des politiques d’éducation que des familles. La question des violences en milieu scolaire demeure elle aussi très peu documentée. Les réseaux FASAF (Famille et Scolarisation en Afrique) et ROCARE (Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education) ont mis en place un cadre de partenariat, soutenus par les Organisations Non Gouvernementales, Plan International, DIAKONIA, CEPED et IRD afin de mieux articuler la recherche et l’action sur la thématique « Éducation, violences, conflits et perspectives de paix en Afrique ». Le colloque portant sur cette thématique tenu à Yaoundé (Cameroun) du 6 au 10 mars 2006, s’inscrit dans cette démarche. Le colloque a enregistré la participation de décideurs politiques, d’acteurs du développement (société civile), de chercheurs et, fait original de jeunes victimes de conflits. Les travaux scientifiques du colloque ont été organisés autour de plusieurs activités comprenant des conférences introductives, des communications regroupées par sous-thèmes suivies de discussions, et des tables rondes. L’ensemble des communications se répartit en quatre thématiques : les violences faites aux femmes et aux filles (4 communications), la violence de l’école, la violence à l’école et la violence d’Etat (10 communications), les conflits armés et l’éducation (10 communications), l’éducation en période post–conflit et l’éducation à la paix (7 communications). Les échanges ont permis d’identifier les perspectives de recherche et d’action dans ce champ qui recèle de potentialités faiblement exploitées. Les participants ont convenu que les questions conceptuelles et méthodologiques traitées exigent des approfondissements et des clarifications pour permettre une meilleure compréhension des phénomènes de violences et de conflits, de leurs impacts sur l’éducation, et ce, afin de mieux dégager des perspectives de paix, d’éducation à la citoyenneté et à la démocratie. Certains contributeurs pensent qu’une société en situation sortie de la guerre n’est pas forcément une société pour autant pacifiée. Les règlements et médiations institutionnelles ne suffisent pas à apporter la paix sociale, encore faut-il lutter contre les racines profondes des inégalités et des injustices sociales sinon la paix n’est que factice. Etablir une paix durable exige donc une série de préalables comme le développement des compétences de vie et le travail sur l’histoire personnelle et collective. Pour la valorisation scientifique des contributions, le comité scientifique prévoit les actions suivantes : la mise en ligne des communications sur les sites www.fasaf.org et www.rocare.org ; la réalisation d’un CD Rom ; la création d’une liste de diffusion permettant aux différents contributeurs de poursuivre les échanges et à d’autres chercheurs de rejoindre cette thématique ; et la publication d’un ouvrage scientifique en 2007 à partir d’une sélection des communications. -2- SOMMAIRE RESUME EXECUTIF ...................................................................................................................... 2 1. Contexte ...................................................................................................................................... 4 2. Objectifs du colloque .................................................................................................................. 4 3. Rappel du processus de sélection des communications .............................................................. 5 4. Déroulement du colloque ............................................................................................................ 5 4.1 Cérémonie d’ouverture 4.2 Les conférences inaugurales 4.3 Les communications (www.rocare.org/colloque_fasaf_rocare.htm) et les discussions • Ecole catalyseur des violences et des guerres • Violences physiques et morales à l’école • Education dans un contexte d’urgence • Ecole en situation post conflit 4.4 Les tables rondes • La table ronde des enfants • Violences faites aux filles en milieu scolaire • Quelles recherches pour quelles actions ? ............................................................... 8 5. Perspectives ................................................................................................................................. 9 6. Conclusion ................................................................................................................................. 10 ANNEXES disponibles à www.rocare.org/Annexes_Colloque_ROCARE_FASAF.pdf Annexe A : Aperçu du projet et membres du comité scientifique et d’organisation ............................................... Annexe B : Appel à communication ....................................................................................................................... Annexe C : Répartition des communications par thème et zone géographique ...................................................... Annexe D : Titres des communications par thème, pays et, zone géographique .................................................... Annexe E : Programme du colloque ....................................................................................................................... Annexe F : Outil pour recueillir les avis sur « quelles recherches pour quelles actions ? » ................................... Annexe G : Liste de participants .......................................................................................................................... Annexe H : Evaluation du colloque par les participants ......................................................................................... Annexe I : Couverture télé et radio ........................................................................................................................ Annexe J : Couverture presse écrite ....................................................................................................................... J1 : Panapress, 2 mars 2006 J2 : The Herald, 8 March 2006 J3 : La Nouvelle Expression, 8 mars 2006 J4 : Le Messager, 8 mars 2006 J5 : The Post, 10 March 2006 Annexe K : Message des femmes du colloque pour le 8 mars 2006 ....................................................................... Annexe L : Discours d’ouverture ............................................................................................................................ L1 : ROCARE L2 : FASAF L3 : By a youth on behalf of children and youth in Africa L4: DIAKONIA L5: Plan International L6: Allocutions du Ministère Annexe M : Rapport de synthèse présenté lors de la clôture du colloque ................................................................ Annexe N : Déclaration de Yaoundé .................................................................................................................... -3- 11 13 16 17 20 25 26 29 31 32 38 40 54 57 1. Contexte Depuis les indépendances, et plus particulièrement depuis les années 90, rares sont les pays africains qui n’ont pas connu de violences ou un conflit armé. Cette situation a largement contribué à fragiliser et même à compromettre le processus de développement. Par ailleurs, souvent utilisées par les belligérants comme des armes de guerre, les violences sexuelles sont devenues un problème de société dont la formation pour la promotion des droits de la femme et la lutte contre les IST et le VIH/SIDA doivent tenir compte. Plusieurs conférences internationales ont abordé la question de l’éducation en situation de crises et conflits : la conférence mondiale de Jomtien en 1990 sur l’Éducation Pour Tous (EPT), la réunion mondiale d’Amman sur l’EPT à mi-décennie, le Forum Mondial sur l’Education tenu en 2000 à Dakar, et au cours de la conférence ministérielle sur l’éducation dans les pays en situation de crise ou post-conflit, organisée par l’Association pour le développement e l’éducation en Afrique (ADEA) à Mombasa (Kenya) en juin 2004. L’on s’est aperçu que les conflits sont, de fait, un obstacle majeur au développement de l’éducation en Afrique et méritent d’être mieux cernés. Entre autres, la déclaration de Mombasa avait recommandé, de faire des systèmes éducatifs, des vecteurs de paix, de prévention et de résolution des conflits et de construction de l’unité nationale. Au-delà du constat général sur l’impact des conflits et violences sur l’éducation, les réseaux de recherche ROCARE et FASAF, qui oeuvrent tous les deux pour le développement de l’éducation en Afrique, envisagent de déclencher à l’issue de colloque, un processus de recherche sur un sujet peu exploré et relativement nouveau. Les résultats de cette recherche pourraient ainsi influer sur les pratiques et politiques éducatives. Dans cette optique, il s’agit de favoriser les échanges avec les acteurs du développement, les jeunes et les enfants ainsi que les décideurs politiques qui, à leur tour, influencent les orientations de la recherche (problématiques et méthodologies) sans que cela n’affecte l’objectivité scientifique. 2. Objectifs du colloque Ce colloque vise à fournir des données scientifiques de l’impact des violences et des conflits armés sur l’éducation en vue de sensibiliser les chercheurs, planificateurs, gestionnaires et bénéficiaires des systèmes éducatifs pour réfléchir à l’élaboration de programmes éducatifs adaptés et promouvoir une culture de la paix. Cela se traduit par les questionnements suivants sur : 1/ l’identification des sources, des formes et des conséquences des violences en milieu scolaire ; 2/ l’évaluation des réponses à ce jour apportées ; 3/ la mesure de l’impact des conflits sociaux et des guerres sur l’éducation en général et sur celle des groupes vulnérables (enfants, filles, personnes déplacées, etc.) ; 4/ l’appréhension des conséquences des abus et des violences dans les milieux éducatifs, notamment des traumatismes physiques, psychologiques et sociaux ; 5/ la mise en lumière des trajectoires éducatives et socio professionnelles des acteurs (enfants soldats et anciens combattants) et des victimes. -4- Le colloque vise aussi trois objectifs spécifiques : 1/ identifier les pistes de recherches et d’action futures ; 2/ impulser une véritable dynamique de recherche sur toutes ces questions ; 3/ renforcer le partenariat entre les chercheurs, les acteurs (enfants, jeunes, professionnels, etc.) et les décideurs politiques, en vue d’une recherche utile à l’action. 3. Rappel du processus de sélection des communications L’Appel à communication a été diffusé en mars 2005 fixant la date limite de soumission au 15 Juin 2005 (Annexe A : Note d’orientation et Annexe B : Appel à communication). Le comité scientifique, composé de membres appartenant aux réseaux FASAF et ROCARE, a examiné 85 propositions au mois de juillet 2005 dont une quarantaine ont été sélectionnées sur la base d’une grille d’évaluation. Pour certaines communications retenues, des recommandations ont été adressées aux auteurs dans le but d’apporter des corrections. Le colloque, initialement prévu à Kinshasa, a eu lieu à Yaoundé devant la persistance des incertitudes relatives aux questions de sécurité. L’organisation du colloque a bénéficié de la collaboration et/ou de l’appui financier des partenaires suivants : Plan International (bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest), Diakonia (ONG suédoise, représentation régionale basée à Ouagadougou), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, Paris), le Centre Population et Développement (CEPED, Paris) et l’Ecole Normale Supérieure (Université de Yaoundé I). 4. Déroulement du colloque 4.1 Cérémonie d’ouverture La cérémonie d’ouverture, placée sous le parrainage de Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur de la République du Cameroun, a été marquée par une série d’allocutions des différents partenaires sur l’importance de la thématique traitée et ses enjeux spécifiques sur le continent africain (Annexe L : Discours). Le colloque a enregistré la participation d’environ 90 personnes provenant de plus de 20 pays d’Afrique (francophones et anglophones ; Annexe G : liste des participants), d’Europe (Belgique, France et Suède) et d’Amérique (Canada). Ce sont 35 communications qui ont été présentées (Annexe C : Répartition des communications et E : Programme), réparties en quatre thématiques : les violences faites aux femmes et aux filles (4 communications), la violence de l’école, la violence à l’école et la violence d’Etat (10 communications), les conflits armés et éducation (10 communications), l’Education en période post-conflit (7 communications), en plus des deux conférences introductives (Annexe D : Titres des communications par thème, pays, etc.). Les travaux scientifiques du colloque ont été organisés autour de plusieurs activités comprenant des conférences introductives, des communications regroupées par sous thèmes suivies de discussions et des tables rondes dont une organisée au sein de l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé. -5- 4.2 Les conférences inaugurales Deux conférences ont servi à introduire la thématique sur la base d’une revue des littératures francophone et anglophone existantes pour asseoir un cadre théorique et dégager des pistes de recherche. A partir de deux approches disciplinaires différentes, l’une sociologique et l’autre psychologique, sont apparus plusieurs points de convergence : le peu d’appropriation de la thématique du colloque par la communauté scientifique : la littérature sur la question existe uniquement en réponse aux attentes ponctuelles des agences d’aide et des Organisations Non Gouvernementales ; la question traitée contient en elle-même un très fort potentiel de développement de recherches à venir entre autres sur : o le rôle – avéré ou supposé – de l’institution éducative dans la production des violences, les effets des conflits armés sur les systèmes éducatifs, sur les trajectoires des apprenants et sur les politiques éducatives à imaginer en temps de paix, de conflit et de post conflit ; o le rôle de l’éducation dans la prévention des conflits et la promotion d’une culture de la paix. 4.3 Les communications et les discussions La première thématique a traité de "l’école comme catalyseur des violences et des guerres". Il est apparu que l’école comme lieu de transmission des connaissances était aussi une institution fortement dépendante de son environnement social et politique au point d’opposer peu de résistance à des formes de violences qui lui sont extérieures. L’ensemble des communications montre clairement que l’institution scolaire manque d’autonomie par rapport à un ordre politique, social et économique. Les "violences physiques et morales à l’école" représentent la thématique 2 et les contributions présentées tentent d’en cerner les causes, les formes et les conséquences. Un certain nombre de variables explicatives ont été discutées telles que l’ethnicité, l’appartenance sexuelle, l’acceptation des relations dominant/dominé (école de formateurs/formatrices, école coranique). En certains cas et en certains lieux (milieu rural), l’école remplit une mission paradoxale : celle de légitimer l’ordre établi et d’offrir une opportunité de mobilité sociale. Si certains auteurs soulignent l’augmentation de la violence en milieu scolaire dans des pays en paix (cas du Burkina Faso), d’autres font de cette augmentation de la violence un des facteurs de la dégradation des rapports sociaux qui annoncent l’entrée dans le conflit armé, ce qui affecte les populations vulnérables, entre autres les filles (cas de la Côte d’Ivoire). Ont été analysés les effets des conflits armés sur le processus de scolarisation, un processus si inégalement institué, qu’il apparaît probablement à l’origine de la guerre (cas de la République Démocratique du Congo). En plus de la guerre, la violence d’Etat exercée sur des populations entraîne des conséquences désastreuses sur la scolarisation (cas du Zimbabwe avec l’opération Clean Up). La thématique 3 a abordé les questions liées à "l’éducation dans un contexte d’urgence". L’accent a été mis sur les systèmes éducatifs des pays affectés par la guerre et l’impact de cette dernière sur les systèmes éducatifs des pays voisins (cas du Burkina Faso, du Bénin et du Cameroun). Par ailleurs, il a été souligné combien la guerre entraîne pour des populations vulnérables (les enfants) une privation de leurs droits à l’éducation. -6- Les autres exposés ont insisté sur les conséquences par l’illustration des nombreux maux dont souffrent les enfants à cause de la guerre et leur exposition à toutes les formes de violence. De tels exposés ont motivé et justifié la tenue d’une table ronde qui a donné l’occasion aux enfants, présents depuis le début du colloque, de s’exprimer. Cette démarche a permis d’entendre, une fois n’est pas coutume, la voix des enfants et jeunes victimes, une voix souvent recouverte par celle des adultes. La table ronde prévue à cet effet présente les résultats des discussions dans la suite du rapport. Les travaux scientifiques présentés sur le rôle de "l’école en situation de post conflit" (thématique 4) s’inscrivent dans une perspective d’éducation à la paix (stratégies de planification des programmes). Certains contributeurs pensent qu’une société en situation sortie de la guerre n’est pas forcément une société pour autant pacifiée. Les règlements et médiations institutionnelles ne suffisent pas à apporter la paix sociale, encore faut-il lutter contre les racines profondes des inégalités et des injustices sociales sinon la paix n’est que factice. Etablir une paix durable exige une série de préalables comme le développement des compétences de vie et le travail sur l’histoire personnelle et collective. Consulter les papiers à www.rocare.org/colloque_fasaf_rocare.htm. 4.4 Les tables rondes 4.4.1 La table ronde des enfants Elle a donné la parole aux enfants afin qu’ils s’expriment sur la thématique du colloque. Au cours de cette table ronde, les enfants ont présenté la situation de l’éducation avant et après la guerre au Rwanda sur la base de témoignages : destruction des écoles, décès ou fuite des enseignants et des élèves, traumatismes psychologiques et socio affectifs, etc. Les causes profondes des conflits et violences en Sierra Leone, les situations du Cameroun, du Zimbabwe et du Malawi au plan de l’éducation et leur compréhension ont été passées en revue ainsi que les inquiétudes qui pèsent sur la question de l’éducation pour la paix. En somme, l’accent a été mis sur le développement, les abus sur les jeunes, la corruption, la situation des femmes et des enfants pendant et après les conflits et les violences. Les débats ont fait consensus : il a été convenu qu’il était plus important de prévenir les conflits et les violences, et d’impliquer les décideurs dans les résultats de travaux de recherche. Il est aussi important pour les jeunes et les enfants que les résultats de la recherche soient partagés avec eux. 4.4.2 La table ronde à l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé I sur "Les Violences faites aux Filles en Milieu Scolaire" Cette seconde table –ronde a été organisée par le Directeur de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et animée par quatre intervenants autour des thèmes suivants : - La Violence Symbolique faite aux Filles, - La Violence Sexuelle faite aux Filles, - Filles et Violences Physiques en Milieu Scolaire, - Les Stéréotypes Sexistes dans les Manuels Scolaires, - Le Rôle et les Actions de l’UNESCO en matière d’Education à la Paix. De l’ensemble des interventions, il est ressorti qu’il existe plusieurs formes ou types de violences à l’encontre des filles dont les conséquences se font ressentir sur l’individu, la famille et la société entière. En outre il faut reconnaître que les filles sont aujourd’hui aussi bien victimes qu’agents de la violence. -7- L’école ne doit donc pas devenir un lieu de cristallisation de la violence, sinon elle s’expose à sa propre destruction. L’éducation doit être l’instrument de libération de la femme et pour cela, il faut une prise en charge institutionnelle de la violence surtout en milieu scolaire. Il faut par conséquent mener une réflexion sur la problématique globale de la violence en milieu scolaire, faire une lecture sociologique des situations de violences en milieu scolaire et procéder à une analyse critique des réponses proposées jusqu’aujourd’hui aux problèmes des violences contre les filles. Ce qu’il faudra principalement retenir, c’est qu’une approche holistique de la violence doit être adoptée car la violence à l’école n’est pas une violence isolée mais prend sa source dans la famille et dans la société. 4.4.3 La table ronde "Pistes de recherche et d’action" Au terme de ces quatre journées, une table ronde regroupant des chercheurs, des praticiens, et des représentants d’institutions nationales et internationales a permis d’échanger sur la question suivante : "Quelles recherches pour quelles actions ?". Le dépouillement de la fiche (Annexe F) distribuée la veille aux participants en vue d’identifier des pistes de recherche, d’action et de partenariat pertinentes a donné les résultats suivants : Pistes de recherche • • • • • • • • • • Considérations méthodologiques • • • Rôle des acteurs éducatifs Trajectoires des apprenants Insertion des jeunes Formation des enseignant(e)s Contenus des programmes éducatifs Education, environnement social Définitions et mesures de la violence et de l’impact des conflits Harcèlement/violence sexuel en milieu scolaire (statistiques) Learning outcomes of peace education Education formelle et éducation non formelle • • • • • Définition de concepts Sources et fiabilité des données Possibilités d’enquêtes dans des environnements hostiles Approches spécifiques pour des populations vulnérables Choix des méthodes : quantitatives et qualitatives Approches participatives Perspectives des jeunes Utilisation d’Internet pour la recherche, le travail collaboratif, la dissémination Pistes d’action • • • • • • Prise en compte de la recherche Education morale/civique, Education à la paix/citoyenneté Espaces de dialogue et de discussion entre acteurs Actions juridiques (plaintes, pénalisations) Améliorer la qualité et pertinence de l’enseignement (contenu, pédagogie, langues) Reconnaître l’éducation comme besoin fondamental, quel que soit le contexte -8- • • • Politiques/Programmes : o D’urgence o De prévention de violence/conflit o De reconstruction + réformes/refondation du système Humaniser l’école, ouvrir l’école Les médias comme moyens de prévention des conflits Pistes de partenariat • • • • • • Etats Universités, écoles, ONG Acteurs du système éducatif (parents, élèves enseignants, tuteurs) Chercheurs et praticiens Niveaux de partenariat : école, communauté, national, régional, international Réseautage et coordination des partenariats Ces différents points ont été discutés et il ressort des échanges que le dialogue entre les chercheurs et les acteurs de terrain est non seulement possible mais souhaitable à condition : de respecter des impératifs propres à la recherche qui sont le temps, la rigueur méthodologique et l’indépendance à l’égard des pouvoirs politiques et économiques ; de mettre à disposition les résultats de la recherche, une fois le travail fondamental achevé et de veiller à la valorisation de ces résultats au bénéfice des populations concernées ; de promouvoir des pratiques qui consistent à consulter et écouter les enfants et les jeunes ; de programmer les activités sur la base des résultats de la recherche (evidence based programming). La pertinence de la recherche participative et de la recherche action a été aussi discutée par les participants. La phase d’évaluation des activités du Colloque par les participants a permis de dégager les points forts (appréciés), les points à améliorer (faiblesses) et les actions de suivi prévues par eux dès leur retour au pays (Annexe H : résultats Evaluation). 5. Perspectives A l’issue du présent colloque, les participants ont convenu : de poursuivre et de développer la dynamique de recherche enclenchée par le colloque et d’œuvrer à sa structuration au niveau national, régional et international ; de sensibiliser les autorités politiques et les organisations internationales à la nécessité d’aider au développement de ces recherches et de leur valorisation dans des actions au bénéfice des populations. Il est ainsi envisagé de rédiger et de diffuser une « Déclaration de Yaoundé » insistant notamment sur les enjeux et la nécessité de la recherche ; de prendre en compte la réalité sociale et les expériences de terrain. Le Comité Scientifique prévoit plusieurs formes de valorisation des contributions : la confection d’un CD Rom comportant toutes les contributions enregistrées ; -9- la création d’une liste de diffusion permettant de maintenir les liens d’échanges entre les chercheurs d’une part et les acteurs et les chercheurs, d’autre part ; la mise sur les sites Web de FASAF et ROCARE des textes des communications, avec des liens entre les sites pour établir d’autres contacts avec des chercheurs ou acteurs intéressés par la thématique ; la publication d’un ouvrage scientifique, à partir d’une sélection des communications. Au plan de la recherche, les préoccupations suivantes apparaissent : - - - il est fondamental et urgent d’engager une réflexion sur les concepts (violence, conflit, etc.), afin d’en mieux définir les contours et de les inscrire dans un cadre théorique pertinent ; il s’avère aussi nécessaire de réfléchir sur les aspects méthodologiques (avec le problème spécifique de la « mesure » des violences) et éthiques liés à l’ensemble de la thématique, afin de dégager les instruments pertinents pour la collecte des données et leur analyse ; il convient, face au manque actuel de connaissances scientifiques, à la fois de multiplier les études de cas approfondies et de procéder à des approches comparatives entre pays. Au plan de l’action par les différents acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, les préoccupations suivantes apparaissent : Prendre en considération toutes les formes de violence qui affectent les enfants et les jeunes et jouer un rôle central dans la prévention ; Baser les réponses et les programmes stratégiques sur les résultats de la recherche ; Transformer l’éducation et l’école au sein d’une société de non violence et de paix, construite sur la promotion de l’environnement ; Promouvoir la collaboration entre planificateurs, acteurs et chercheurs dans le champ des violences, des guerres et des conflits. 6. Conclusion L’intérêt manifesté pour la thématique tant par les chercheurs, les acteurs de terrain que par les professionnels de l’éducation indique clairement que les violences et conflits dans l’éducation s’inscrivent dans l’actualité et demeurent une préoccupation pour le développement de ce secteur. L’impact des situations de crise sur les systèmes éducatifs est important et de diverses natures au point de constituer une menace grave sur l’éducation dans le continent africain. Les études et les actions doivent par conséquent s’inscrire dans la prévention et dans le cadre des perspectives de paix permettant de réaliser les objectifs de l’Education Pour Tous (EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Rapporteurs généraux • Eric Lanoue, IRD • François Joseph Azoh, ROCARE • • • • • • • • Rapporteurs par jour Cinthia Acka Douabélé, lundi matin, ROCARE Côte d’Ivoire Eric Lanoue, lundi après midi, IRD Elise Ahovey, mardi matin; FASAF Bénin François Joseph Azoh, mardi après midi, ROCARE Hortense Kaboré Lougué, mercredi matin, DIAKONIA Tahirou Traoré, mercredi après midi, ROCARE Burkina Faso Elisabeth Lyfors, jeudi matin, DIAKONIA M. Essossinam Adjoké, jeudi après midi, PLAN Togo Annexes disponibles à www.rocare.org/Annexes_Colloque_ROCARE_FASAF.pdf. - 10 -