La communication externe de la Banque Centrale Européenne
Transcription
La communication externe de la Banque Centrale Européenne
UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE, BESANÇON UFR DES SCIENCES DE L’HOMME, DU LANGAGE ET DE LA SOCIETE DESS Cadres en Relations Européennes. Direction : Prof. Yvette Marin Mélanie MOREAU LA COMMUNICATION EXTERNE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE : LA PRISE EN COMPTE DES CITOYENS Mémoire de DESS préparé sous la direction du Professeur Sophie Mariani-Rousset et soutenu en septembre 2003 TABLE DES MATIÈRES LA COMMUNICATION EXTERNE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE : LA PRISE EN COMPTE DES CITOYENS AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS 2 SIGLES ET ABBRÉVIATIONS 3 INTRODUCTION 4 I. LES LEITMOTIVE DE LA COMMUNICATION EXTERNE 1. LA TRANSPARENCE 2. LA CLARTÉ II. UNE COMMUNICATION POUR 379 MILLIONS DE PERSONNES ? 11 11 21 26 1. LES PROFESSIONNELS ET LES MULTIPLICATEURS 2. QU’ EST-CE QUE LE “GRAND PUBLIC” ? 3. LANGUES ET LANGAGE : LA COMPLEXITÉ EUROPÉENNE 26 31 38 III. SUR LES CHEMINS DE LA COMMUNICATION EXTERNE… 47 CONCLUSION 67 ANNEXES 70 FIGURES 73 BIBLIOGRAHIE 76 1. 2. 3. 4. LES MEDIA 47 LES REPRÉSENTANTS DE LA BCE 51 LES PUBLICATIONS 53 LES NOUVELLES TECHNOLOGIES D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION 57 2 AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS Dans un souci de clarté et d’uniformité compte-tenu de la variété des sources utilisées, toutes les citations contenues dans ce mémoire sont en français. Pour une meilleure visibilité, tous les articles présents en annexes peuvent être consultés directement sur les sites Internet des périodiques dont ils sont issus. Certaines informations qui auraient pu faire l’objet d’une annexe ont été limitées aux notes de bas de pages afin de respecter leur confidentialité. Enfin, je déclare avoir été bénéficiaire d’une bourse Leonardo da Vinci dans le cadre de ce stage. Je tiens à remercier chaleureusement M. Manfred Körber et Mme Regina Schüller pour m’avoir donné l’opportunité unique de réaliser ce stage au sein du service Presse et Information de la direction Communication de la Banque Centrale Européenne. Je remercie également Messieurs Olivier Radelet, Jean Rodriguez et Magnus Mäkelä pour leur confiance et l’aide qu’ils m’ont apportée pendant toute la durée de mon stage. Merci à toute l’équipe du service Presse et Information pour sa gentillesse, son professionnalisme et son dynamisme. J’aimerais également remercier Mme Sophie Mariani-Rousset, mon directeur de mémoire, pour les conseils précieux qu’elle m’a apportés au cours de la rédaction de ce mémoire ainsi que pour sa confiance. Enfin, merci à toute la communauté stagiaire de la Banque Centrale Européenne pour son ouverture d’esprit et sa sympathie, en particulier merci à Catherine, Amandine, Baptiste, François, Gregory et Dorothée pour leur amitié et leur soutien. 3 SIGLES ET ABBRÉVIATIONS BCE : Banque Centrale Européenne CJCE : Cour de Justice des Communautés Européennes ECCO : Comité européen pour la Communication Externe (External Communication Committee) Fed : Réserve Fédérale américaine (Federal Reserve of the United states) FMI : Fond Monétaire International IPE : Info-Point Europe NTIC : Nouvelles Technologies d’Information et de Communication OLAF : Office européen de Lutte Antifraude PIB : Produit Intérieur Brut UE : Union Européenne UEM : Union Economique et Monétaire SEBC : Système Européen des Banques Centrales TARGET : Trans-European Automated Real-Time Gross Settlement Express Transfer System TCE : Traité instituant la Communauté Européenne TUE : Traité sur l’Union Européenne 4 INTRODUCTION La communication au sein de l’Union Européenne Depuis la difficile ratification du Traité de Maastricht, les objectifs en matière de communication et les méthodes employées par les institutions et autres organes décisionnels européens pour multiplier et améliorer leurs relations avec les citoyens ont fait l’objet de nombreuses innovations. Des points d’information au grand public (Info-Point Europe ou IPE) ont été créés dans la plupart des régions, la Commission Européenne a mis en place un serveur Internet spécialisé (Europa), ainsi qu’ un centre européen d’information (Europe Direct) qui permet de répondre à toutes les questions des citoyens concernant l’Union Européenne. Les journaux écrivent quotidiennement sur les affaires européennes et le Parlement Européen gère une chaîne télévisée entièrement consacrée aux thèmes européens (Ebs, « Europe by satellite »). Parallèlement, les outils et méthodes employées pour communiquer ont considérablement évolué notamment avec l’apparition des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC). La fin du XXème siècle a donné naissance à la « société du savoir » ou « société de l’information ». Ayant un accès de plus en plus large à l’information, cette société est devenue beaucoup plus exigeante quant à la quantité et la qualité des messages et des données qu’elle reçoit de ses dirigeants. L’information et la communication sont désormais des facteurs-clés de la réussite économique et politique des pays industrialisés, et en particulier de l’Union Européenne (UE). L’Union Européenne vue par ses citoyens Cependant, malgré les évolutions constatées dans les stratégies de communication des divers organismes européens, l’UE, et à travers elle ses organes représentatifs, reçoit encore de nos jours de sévères critiques quant 5 au « vide démocratique » qui l’empêche de former une société intrinsèquement européenne. L’UE échappe toujours à ses citoyens ; elle leur semble trop lointaine et surtout trop complexe. Ecrivains, journalistes et politologues ne cessent de souligner communication et d ‘information. les lacunes en matière de Régulièrement, les enquêtes Eurobaromètre mettent en évidence la faiblesse des connaissances des citoyens sur les organes décisionnels de l’UE et leurs rôles respectifs. Ce manque de connaissances est accentué par un manque d’intérêt apparent chez une grande majorité d’entre eux. Les taux d’abstention croissants aux élections du Parlement européen sont une manifestation concrète de l’indifférence dans laquelle l’UE se construit. Les représentants européens n’étant pas librement choisis par une majorité de la population, il en résulte l’impossibilité pour les uns d’expliquer leurs missions et leurs objectifs et le refus ou l’incapacité pour les autres de les comprendre. Ces constats semblent confirmer le diagnostic selon lequel l’UE (dirigeants et citoyens) souffre d’une carence communicationnelle qui nuit à son bon fonctionnement démocratique. Quid de la Banque Centrale Européenne ? Malgré sa création récente et contemporaine à l’essor des NTIC, ainsi que le succès de la campagne pour l’introduction de la monnaie unique dans douze pays de l’UE en 2002, « L’euro, notre monnaie », la Banque Centrale européenne (BCE) semble être confrontée aux mêmes difficultés . Cette organisation a vu le jour le 1er juin 1998, à Francfort sur le Main, en Allemagne. Elle est chargée de conduire la politique monétaire des pays européens ayant adopté la monnaie unique européenne : l’euro, son principal objectif étant d’assurer la stabilité des prix dans la zone euro. Le Traité instituant la Communauté Européenne (TCE) constitue le fondement juridique de la BCE et du Système Européen des Banques Centrales (SEBC)1, qui comprend la BCE et les banques nationales de chacun des Etats membres de l’Union Européenne. Tant qu’il existera des Etats 6 membres de l’UE n’ayant pas encore adopté l’euro, à savoir le Danemark, le Royaume-Uni et la Suède, le SEBC est à différencier de l’Eurosystème, qui est composé de la BCE et des douze banques centrales de la zone euro. Les missions de l’Eurosystème consistent à définir et mettre en oeuvre la politique monétaire de la zone euro, à conduire les opérations de change, à détenir et gérer les réserves officielles de change des pays de la zone euro, à émettre les billets dans la zone euro (les pièces relèvent de la responsabilité des douze banques centrales) et à promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement. L’Eurosystème est en outre chargé de collecter les informations statistiques nécessaires pour élaborer la politique monétaire, de suivre l’évolution des secteurs bancaire et financier et de favoriser les échanges d’information entre le SEBC et les autorités de contrôle bancaire. La BCE est dotée d’un Conseil des Gouverneurs chargé de définir la politique monétaire de la zone euro. Il est habilité à fixer les taux d’intérêt auxquels les banques commerciales peuvent obtenir de la monnaie auprès de leur banque centrale. Il est composé des douze gouverneurs des banques centrales des pays de la zone euro et des six membres du Directoire. Ce dernier comprend le président, M. Duisenberg, le vice-président, M. Papademos et quatre autres membres nommés par les chefs d’ État ou de gouvernement des pays de la zone euro, M. Solans, Mme Tumpel-Gugerell, M. Padoa-Schioppa et M. Issing. Sa principale mission est de mettre en oeuvre la politique monétaire définie par le Conseil des Gouverneurs en donnant les instructions nécessaires aux banques centrales. Il prépare également les réunions du Conseil des gouverneurs et est responsable de la gestion courante de la BCE. Le troisième organe de direction est le Conseil Général, composé du président et du vice-président de la BCE ainsi que des gouverneurs des banques centrales des quinze États membres de l’UE. Il remplit un rôle consultatif et de coordination au sein de la BCE. 1 Traité instituant la Communauté Européenne, tel que modifié par le Traité d’Amsterdam, 7 La division Presse et Information La BCE est organisée autour de quinze directions générales, dont la direction « Communication », dirigée par M. Körber. Elle est elle-même composée des divisions « Protocoles et Conférences », « Publications et Bibliothèque » et « Presse et Information » (PAI). Cette dernière est chargée des relations avec la presse et de la communication avec le grand public ainsi que de la communication interne de la BCE. Elle est dirigée par Mme Schüller et comprend six attachés de presse, un chargé des visiteurs, trois secrétaires, trois assistants administratifs et un stagiaire. La division PAI utilise plusieurs outils pour mener à bien sa mission d’interface entre la BCE et le monde extérieur. Premièrement, ses attachés de presse assurent la communication avec les journalistes notamment grâce à l’organisation de conférences de presses ou de visites au sein de la BCE. D’autre part, les assistants administratifs sont en contact permanent avec le grand public via la boîte électronique d’information de la BCE, [email protected], ainsi que par le courrier postal et le téléphone, qui permettent aux citoyens de contacter l’organisation sur tous les sujets relatifs à son activité (ce moyen de communication fera l’objet d’une analyse plus détaillée au cours de cette étude). Enfin, la BCE organise régulièrement des visites au cours desquelles les visiteurs assistent à des présentations générales de la Banque Centrale Européenne mais aussi de l’UE et de l’Union économique et monétaire. La mission principale de la division Presse et Information consiste à mettre en œuvre la stratégie de communication interne et externe de la BCE et à adapter les orientations de l’organisation en fonction des demandes qu’elle reçoit. Son travail est un élément clé du fonctionnement de l’Eurosystème étant données notamment les incidences que les informations fournies par la BCE peuvent avoir sur les marchés financiers, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la zone euro. article 8 et articles 98 à 124. 8 L’indépendance de l’Eurosystème L’Eurosystème jouit d’une indépendance totale à l’égard des autorités européennes et nationales en vertu de l’article 108 du TCE : « Dans l'exercice des pouvoirs et dans l'accomplissement des missions et des devoirs qui leur ont été conférés par le présent traité et les statuts du SEBC, ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions ou organes communautaires, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. Les institutions et organes communautaires ainsi que les gouvernements des États membres s'engagent à respecter ce principe et à ne pas chercher à influencer les membres des organes de décision de la BCE ou des banques centrales nationales dans l'accomplissement de leurs missions. » TCE, Article 108. Il ne peut accorder de prêts aux organes communautaires ou à des organismes gouvernementaux nationaux. Cette disposition vise également à le mettre à l’abri de toute interférence politique. La BCE a son propre budget, distinct de celui de la Communauté européenne. Il a été souscrit et libéré par les banques centrales des quinze États membres, au prorata de leur population (50% de la souscription) et de leur Produit National Brut (50% de la souscription). Il existe aussi une séparation entre la gestion de la BCE et les intérêts financiers de la Communauté. Ce statut particulier est justifié par la BCE dans sa publication La Banque Centrale Européenne2 comme une condition nécessaire pour assurer l’efficacité des opérations dont elle est responsable. Les membres des organes de décision de la BCE ont un mandat de longue durée (de quatre à huit ans) ; ils ne peuvent être démis de leurs fonctions que s’ils ont commis une faute grave ou s’ils ne remplissent plus les conditions nécessaires à l’exercice de leurs fonctions. Les différentes particularités qui donnent à la BCE un statut « à part » et les méthodes de prise de décision de ses organes directeurs sont régulièrement mises à contribution par les experts, les critiques et les journalistes pour reprocher à la BCE son opacité en matière de communication. Son degré d’ indépendance inquiète les observateurs et conduit ceux-ci à un autre constat: son manque de transparence. A ce sujet, 2 BCE, La Banque Centrale Européenne, 2002, 48 p. 9 Etienne Farvaque, maître de conférences de sciences sociales économiques à l’Université du Littoral Côte d’Opale, écrit : « Le manque de transparence de la BCE est un premier motif d’inquiétude(...) Rien ne filtre (...) les débats qui peuvent se produire dans l’enceinte du Conseil des Gouverneurs à propos des décisions de politique monétaire à adopter. Le public n’a pas connaissance des votes et des positions défendues par les différents membres du Conseil des Gouverneurs».3 Il est vrai que la grande majorité des organisations qui décident de la législation et des politiques à appliquer sur le territoire de l’UE rendent leurs discussions publiques, et les autorités participantes n’hésitent pas à faire part à la presse de leur opinion personnelle quant au sujet débattu ou à la décision adoptée (les déclarations recueillies par la presse à la sortie de chaque réunion du Conseil européen en est une illustration). La BCE ne suit pas cet usage. Les décisions de politique monétaires sont certes généralement annoncées comme « le résultat d’un large consensus parmi les membres du Conseil des Gouverneurs », mais sans commentaire sur les différentes propositions avancées individuellement. Clarté et transparence, indépendance et démocratie La stratégie de communication de la BCE semble donc être confrontée à une double difficulté. D’une part, il lui faut allier le besoin de clarté sur un sujet d’une certaine technicité, à savoir les mécanismes de la politique monétaire dans la zone euro, et le respect d’un principe de transparence de plus en plus répandu, qui pourrait nuire à l’indépendance dont elle a besoin pour conduire de manière objective la politique monétaire d’un marché de 379 millions de personnes. D’autre part, elle doit remplir son rôle de banque centrale, c’est à dire, fournir assez d’information sans déstabiliser les marchés financiers, tout en participant à la construction de l’Europe citoyenne en informant la population et en l’impliquant dans ses activités. 3 Etienne Lafarque, La Lettre Jean Monnet, Pôle Jean Monnet des Universités de Lille 1 et Lille 2, Septembre 2000. 10 L’objectif de cette étude est donc d’analyser les outils et moyens de communication utilisés par la BCE jusqu’ à présent, ainsi que le langage employé pour communiquer avec ses divers interlocuteurs. Il s’agira essentiellement de mesurer l’impact de la politique de communication choisie par la BCE sur la participation citoyenne au sein de l’UE. Il sera dès lors possible d’en déduire les besoins en matière de communication pour une telle organisation en vue des futurs défis qui s’imposent désormais à tous les acteurs de la construction européenne, en particulier celui de créer l’Europe citoyenne. La première phase de cette étude permettra de comprendre les bases théoriques et légales de la communication de la BCE en donnant une vue d’ensemble de ses diverses obligations vis-à-vis des institutions internationales (Fond Monétaire International) et européennes (Parlement européen, Commission européenne et Conseil européen). Cette partie comprendra également les obligations et les objectifs que la BCE s’est ellemême fixés en matière de communication avec le grand public ainsi que leurs implications pour sa stratégie de communication. Une deuxième partie sera consacrée aux difficultés rencontrées par la BCE dans sa communication avec le grand public européen. Une attention particulière sera donnée à la complexité de fournir une information très technique mais uniforme tout en prenant en compte l’hétérogénéité du public visé. Enfin, il sera intéressant d’analyser en détail les outils dont la BCE dispose pour concrétiser ses objectifs, ceux qu’elle utilise de fait et ceux qu’elle pense mettre en place. En particulier, l’analyse du travail de la division Presse et Information auprès du grand public permettra de montrer si l’offre de la BCE en matière de communication et de contenu informationnel correspond à la demande des citoyens. 67 CONCLUSION L’objectif de cette étude consistait à analyser la communication externe de la Banque Centrale Européenne avec le grand public afin d’en déduire le degré démocratique de cet organisme européen. Trois axes ont dès lors été identifiés pour évaluer la stratégie de communication de la BCE : les principes directeurs de cette stratégie, l’identification de ses destinataires et l’étude des moyens utilisés pour la mettre en place. Il convient de rappeler les diverses conclusions obtenues au cours de cette analyse. Premièrement, il a été montré qu’en ce qui concerne sa communication externe, la BCE exerce ses activités dans le contexte unique d’union monétaire qui lui procure un double statut. En effet, cette organisation remplit à la fois le rôle d’institution monétaire internationale (elle en fait la deuxième Banque centrale d’importance mondiale) et celui d’organisme décisionnel européen, ce qui implique pour sa politique de communication un double objectif : celui de transparence et celui de clarté. L’étude de l’application pratique de ces deux principes par la BCE a montré que si elle respecte le premier objectif et s’efforce continuellement d’atteindre le deuxième, il s’avère difficile de concilier ces deux exigences compte-tenu du caractère unique de sa structure et de son fonctionnement ainsi que de la diversité et l’étendue du public auquel elle s’adresse. Ces premières conclusions ont permis de s’interroger dans un deuxième temps sur les caractéristiques du public visé par la BCE afin de mieux comprendre les raisons qui se cachent derrière la difficulté de remplir simultanément ses objectifs de transparence et de clarté. Il est apparu que le public-cible de l’organisme monétaire européen se distingue par sa très grande hétérogénéité, qu’elle soit géographique, culturelle, linguistique, cognitive, ou sociologique. Il a cependant été possible de différencier trois groupes principaux parmi cette population : les professionnels, les multiplicateurs et le grand public. Cette dernière catégorie s’avère 68 particulièrement intéressante et délicate en termes de communication d’une part parce qu’elle n’est pas nécessairement consciente de l’importance des activités de la Banque dans sa vie de tous les jours et d’autre part parce qu’elle représente la partie du public cible la plus hétérogène. Face à la complexité de ce groupe, la BCE est amenée à faire des choix concernant la priorité de l’information, la langue utilisée et le langage adopté pour la communiquer de façon claire et transparente. Enfin, il a été démontré lors d’une troisième étape que les orientations choisies par la BCE pour sa stratégie de communication avec le grand public ont une incidence sur les canaux de transmission qu’elle utilise pour transmettre ses messages. L’étude des moyens de communication choisis par l’organisation a permis de déduire l’importance de la presse écrite pour la communication avec les citoyens, en tant que simplificateur et traducteur culturel. Cependant, il a été souligné que les media sollicités par la BCE mériteraient d’être plus diversifiés et d’être plus adaptés au public cible. L’étude des publications et du site Internet de l’organisation a permis de mettre en avant les lacunes en matière de communication « grand public » , identifiées également par la BCE. Ces deux moyens de communication font actuellement l’objet de modifications importantes qui devraient améliorer de manière significative leur attractivité et leur pertinence dans le cadre d’une communication « grand public ». Enfin, l’analyse des demandes envoyées par les citoyens par courrier électronique au service Presse et Information a permis de constater le commencement d’une nouvelle période pour la communication de la BCE, marquée par un amenuisement de l’intérêt pour la monnaie unique et la nécessité de rediriger l’attention des citoyens vers les autres aspects de la politique monétaire dans la zone euro. L’ensemble de ces conclusions a permis de montrer que la Banque Centrale Européenne n’oublie pas son rôle en tant qu’organisme européen devant participer à la construction de l’Europe citoyenne. Malgré quelques lacunes observées dans sa politique de communication, il convient de souligner les efforts qu’elle fournit en permanence pour s’adresser à une 69 partie de son public cible qui n’est pas prioritaire du fait de l’activité spécifique de la Banque, mais dont l’implication s’avère néanmoins essentielle pour le bon fonctionnement de sa politique monétaire. On regrettera peut-être le manque de co-opération entre les divers organes décisionnels européens en matière de communication « grand public ». En effet, même si l’information à communiquer diffère, l’ensemble des institutions et organismes européens sont confrontés aux mêmes difficultés en ce qui concerne la complexité du public qu’ils veulent atteindre, à savoir son multilinguisme, son multiculturalisme et son manque de connaissances en ce qui concerne l’Union Européenne. Bien sûr, il ne faut pas oublier la différence essentielle entre la BCE et la Commission Européenne, par exemple, qui est incarnée par la séparation entre le domaine politique et le domaine économique. Il ne s’agit pas d’ôter à la Banque son indépendance et de l’influencer politiquement, mais d’augmenter l’efficacité de sa communication externe grâce à l’expérience partagée avec d’autres institutions ayant la même responsabilité : construire une Europe réellement démocratique, une Europe conçue avant tout pour les personnes qui y vivent. 76 BIBLIOGRAHIE Articles extraits de périodiques TONGLET, Benoît, « BCE : la confiance ou le contrôle démocratique ? », L’Echo, Bruxelles, 21/07/2003, p. 2. ADAMS, Richard, “A little knowledge from a bank can be a dangerous thing”, The Guardian, Londres, 16/06/2003, p. 15. SEARJEANT, Graham, BENNETT, Rosemary et HURST, Greg, « Euro would mean end of free NHS », Times, Londres, 08/05/2003, p.1. Périodiques LE MONDE, Paris, quotidien, périodique vivant, consulté : mai - août 2003. THE GUARDIAN, Londres, quotidien, périodique vivant, consulté : mai - juillet 2003. EL PAÍS, Madrid, quotidien, périodique vivant, consulté : mai - juillet 2003. WALL STREET JOURNAL EUROPE, Washington, quotidien, périodique vivant, consulté : mai - juillet 2003. Sites Internet Site de la Banque Centrale Européenne, http://www.ecb.int. Site de la Commission européenne, http://www.europa.int. Site du Parlement européen, http://www.europarl.int. Site du Fond Monétaire International, http://www.imf.org. Documents législatifs Traité sur l’Union européenne, articles 110 à 113. Traité instituant la Communauté européenne, Titre VII, La politique économique et monétaire, articles 105 à 124. Ouvrages LAFARQUE, Étienne, “La Banque Centrale Européenne, contre l’Euro?”, Lettre Jean Monnet, Lille, 2000, p. 3. CASSEN, Bernard, « Rapatrier le pouvoir de décision chez les citoyens », Le monde Diplomatique, Juillet 1998, p. 6 et 7. FOUQUER, Florence, Le manque de confiance collective : les limites de l’internationalisation de l’euro, Université de Poitiers, Colloque CRIEF, 14-16 novembre 2001.