Economie industrielle

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Economie industrielle
UFR DE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
Licence 3, Semestre 1
Année 2011 - 2012
ECONOMIE
INDUSTRIELLE
SÉANCE INTRODUCTIVE
1
Enseignant responsable : Clémence PORET
[email protected]
PLAN
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Références bibliographiques
Définition de l’économie industrielle
Les deux approches de l’économie industrielle
Les objectifs de l’économie industrielle
Rappels de microéconomie en CPP
L’économie industrielle, basée sur le relâchement des
hypothèses de la CPP
Rappels en théorie des jeux
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1. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
En complément du cours :
Carlton D. et Perloff J. (1998) Economie industrielle, Edition DeBoeck
Tirole J. (1995) « Théorie de l’organisation industrielle », Economica
(consulter le Tome 1, chapitre 4 et le tome 2, chapitres 5, 6, 7 et 9).
Picard P. (2002) « Eléments de microéconomie » (Tome 1 : Théories et
applications), Editions Montchrestien
Généreux J. « Economie Politique : Tome 2, Microéconomie » (pour
revoir les bases de microéconomie)
En complément des TD :
Picard P. (2002) « Eléments de microéconomie » (Tome 2 : Exercices et
corrigés), Editions Montchrestien
3
2. DÉFINITIONS DE L’ÉCONOMIE INDUSTRIELLE
•
« Étude de la structure des entreprises et des marchés, ainsi que de
leurs interactions » (Carlton et Perloff).
•
complément du modèle microéconomique de concurrence parfaite
par l’introduction des imperfections de marché du monde
réel (Carlton et Perloff)
Au final, l’économie industrielle concerne l’étude de
l’organisation et du fonctionnement des entreprises et des
marchés dans le monde réel.
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3. LES DEUX APPROCHES DE L’ÉCONOMIE
INDUSTRIELLE
Jusqu’aux années 70 : Le Paradigme SCP
= Structure – Comportement – Performance
Ecole de Harvard : Bain, Mason, Stigler
A partir des années 70 : La nouvelle économie industrielle
Approche plus théorique
Enrichissement de l’analyse SCP
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2.A. LE PARADIGME SCP (1)
Courant structuraliste ou Ecole de Harvard (Bain, Mason, Stigler)
- L’objectif : comprendre l’impact des facteurs structurels du marché
sur les comportements et la rentabilité de l’entreprise.
- Idée : Les structures de marchés influencent les comportements des
entreprises qui influencent leur performance
⇒ L’interaction entre S-C-P uniquement dans ce sens.
Analyses essentiellement empiriques
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2.A. LE PARADIGME SCP (2)
COMPOSANTS
Demande
Offre
Elasticité de la demande
Technologie
Produits de substitution
Matières premières
Taux de croissance
Durée de vie du produit
Méthode d’achats des clients
Economies d’échelle
Influence climatique, etc.
Economies de gamme, etc.
STRUCTURE
Différenciation et standardisation des produits
Intégration verticale
Nombre d’acheteurs et de vendeurs
Barrières à l’entrée
Diversification
COMPORTEMENTS
Recherche et développement
Stratégies publicitaires
Investissements
Stratégies de développement (fusion, alliance,…)
Choix du produit
Politique de prix et hors prix
PERFORMANCE
Prix et profitabilité
Efficience de la production
Efficience allocative
Qualité du produit
Progrès technique
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2.B. LA NOUVELLE ÉCONOMIE INDUSTRIELLE (1)
A partir des années 70 :
Critiques du paradigme SCP :
- manque de fondements théoriques
- Limites méthodologiques et empiriques
Profond renouvellement de l’économie industrielle dans les années 80 /90
Nouveau paradigme (La nouvelle économie industrielle)
Les apports :
- Relecture stratégique du paradigme SCP
Les S et C interagissent dans les deux sens. ( = la structure d’un marché
dépend des stratégies des entreprises).
- L’économie industrielle s’éloigne ouvertement de la CPP
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2.B. LA NOUVELLE ÉCONOMIE INDUSTRIELLE (2)
Cadre théorique de la microéconomie utilisée.
Trois axes :
- La théorie des coûts de transactions
- La théorie des jeux
- La théorie des marchés contestables
Rôle prégnant de l’économétrie.
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3. OBJECTIFS DE L’ÉCONOMIE INDUSTRIELLE (1)
Permet une meilleure compréhension :
•
Des stratégies des firmes
• Des mécanismes de marché
• Des modalités d’exercice de la concurrence
Aide à la décision privée :
Quelle politique tarifaire ? Quel positionnement de ses produits ?
Comment entrer ou se maintenir sur un marché ?
Aide à la décision publique :
politique de la concurrence, politique industrielle, politique
d’aménagement du territoire,…
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3. OBJECTIFS DE L’ÉCONOMIE INDUSTRIELLE (2)
Une vocation de réalisme par rapport au modèle
microéconomique traditionnelle de la concurrence pure
et parfaite
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5. RAPPELS DE MICROÉCONOMIE EN
CPP
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5.A. LES HYPOTHÈSES DE LA
CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
Hypothèse d’atomicité
Hypothèse de libre entrée / libre sortie
Hypothèse d’homogénéité
Hypothèse d’information parfaite
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5.B. L’ÉQUILIBRE DU PRODUCTEUR EN CPP (1)
a) Courbe de demande, recette moyenne et recette
marginale en CPP (1)
En CPP, le prix est une donnée pour l’entreprise.
On a donc :
RM = Rm = P
La représentation graphique de la recette moyenne de la firme est une
droite horizontale.
Elle représente également la demande à la firme RM = p(q)
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5.B. L’ÉQUILIBRE DU PRODUCTEUR EN CPP (2)
a) Courbe de demande, recette moyenne et recette marginale en CPP
(2)
p
Cm
CM
RM = Rm = p
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Production
5.B. L’ÉQUILIBRE DU PRODUCTEUR EN CPP (3)
b) Equilibre de CPP de courte période (1)
L’entreprise peut écouler n’importe quelle quantité sur le marché à
condition de la vendre au prix de marché.
Elle va choisir celui qui maximise son profit.
Maximisation profit
Prix = Coût marginal
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5.B. L’ÉQUILIBRE DU PRODUCTEUR EN CPP (4)
b) Equilibre de CPP de courte période (2)
Cm
p
Cm
CM
Profit
E*
p*
CM
RM = Rm = p
CM
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q*
Production
5.B. L’ÉQUILIBRE DU PRODUCTEUR EN CPP (5)
b) Equilibre de CPP de courte période (2)
La courbe de coût marginal est également la courbe d’offre du producteur
individuelle.
Seuil de rentabilité ( = min CM)
Seuil de fermeture ( = min CVM)
A
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5.B. L’ÉQUILIBRE DU PRODUCTEUR EN CPP (6)
c) Equilibre de long terme
L’équilibre de court terme n’est pas stable
(car prix > CM => opportunités de profit).
A long terme :
P = Cm = CM
A long terme, sur un marché de CPP, les profits sont nuls.
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5.C. LA NOTION DE SURPLUS (1)
Surplus : l’avantage net que les acheteurs et vendeurs retirent de
l’échange, c'est-à-dire la différence entre les satisfactions qu’ils retirent
de l’échange et le coût d’opportunité des ressources qu’ils sacrifient
Surplus du consommateur : différence entre ce qu’un consommateur
est prêt à payer pour un bien et ce qu’il va effectivement payer.
Surplus du producteur : différence entre le prix de marché et le prix
auquel les producteurs étaient disposés à vendre le bien. C’est le
profit
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5.C. LA NOTION DE SURPLUS (2)
a) Le surplus des consommateurs
Représentations graphiques
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5.C. LA NOTION DE SURPLUS (3)
b) Le surplus total ou collectif
Surplus total (ou surplus collectif )
= Surplus des consommateurs + surplus des producteurs
Proposition :
Le surplus collectif est maximal en CPP
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5.D. LA NOTION D’ÉLASTICITÉ DE LA DEMANDE
Définition de l’Elasticité de la demande d’un bien par
rapport au prix :
variation relative de la demande engendrée par une
variation relative des prix.
E/P = - (Dq/q) / ( dp/p)
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6. UN RELÂCHEMENT DES
HYPOTHÈSES DE LA CPP (1)
a) Remise en cause de l’ hypothèse d’atomicité
Les agents deviennent price-makers.
Pouvoir de marché : capacité d’un ou d’un groupe d’acheteurs ou de
vendeurs pour influer les prix d’un produit ou d’un service.
Indice de Lerner = (p-Cm)/p
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6. UN RELÂCHEMENT DES
HYPOTHÈSES DE LA CPP (2)
b) Remise en cause de l’hypothèse de libre entrée / libre
sortie
Existence de barrières à l’entrée :
-
réglementaire
productives
naturelles
ou encore stratégiques.
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6. UN RELÂCHEMENT DES
HYPOTHÈSES DE LA CPP (3)
c) Remise en cause de l’hypothèse d’homogénéité
Cette différenciation peut être verticale (différences de qualité pour un
même bien) ou horizontale (différentes variétés d’un même bien).
Différenciation => augmentation du pouvoir de marché
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6. UN RELÂCHEMENT DES
HYPOTHÈSES DE LA CPP (4)
d) Remise en cause de l’hypothèse d’information parfaite
Justifie différentes pratiques des firmes : les campagnes publicitaires, …
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6. UN RELÂCHEMENT DES
HYPOTHÈSES DE LA CPP (5)
Conclusion : l’économie industrielle s’appuie dans une large
mesure sur l’abandon des hypothèses du modèle de CPP.
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7. THEORIE DES JEUX
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7.A. DÉFINITIONS ET CARACTÉRISATION
DES JEUX STRATÉGIQUES
Jeux stratégique : situation dans laquelle l’utilité et les gains de
chacun des joueurs sont influencés par leurs propres actions
mais aussi par les actions des autres joueurs.
Il y a donc interdépendance entre les comportements.
Les caractéristiques d’un jeu :
•
l’ensemble des joueurs, qui sont les décideurs
• les stratégies possibles
• les règles du jeu, qui définissent les actions que les joueurs peuvent
entreprendre à tout moment
• les paiements, qui sont les résultats du jeu.
• l’information que possèdent les joueurs.
• la rationalité des joueurs qui cherchent à maximiser leur utilité
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7.B. TYPOLOGIE DES JEUX STRATÉGIQUES
Jeux coopératif / non coopératif
Nature de l’information
Jeux à information complète / incomplète
Jeux à information parfaite / imparfaite
Jeu à somme nulle / non nulle
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7.C. REPRÉSENTATION D’UN JEU (1)
a) Sous forme matricielle
Cas où les joueurs choisissent leurs actions au même moment ou
lorsque les joueurs ne peuvent pas observer les décisions de leurs
adversaires.
=
Exemple :
Deux compagnies aériennes, Air France et British Airways, notés respectivement
A et B, ont la possibilité de faire de la publicité sur leur trajet Paris-Londres
(stratégie P) ou de ne pas en faire (stratégie NP).
Les retombées économiques de chacune des stratégies sont résumées dans la
matrice des gains suivante :
British Airways (B)
Air France (A)
Pub (P)
Pub (P)
Pas de Pub (NP)
150, 150
200, 50
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Pas de Pub (NP)
50, 200
100, 100
7.C. REPRÉSENTATION D’UN JEU (2)
b) Représentation extensive d’un jeu sous la forme d’un arbre de décision
(1)
Cette forme décrit de manière séquentielle toutes les actions des joueurs
Exemple :
Supposons qu’Air France et British Airways décident de développer une ligne low -cost.
Pour une première phase d’expérimentation, chacune hésite entre desservir en low-cost
New-York (NY) ou Washington (DC).
Nous supposons ici qu’Air France a déjà obtenu ses nouveaux avions, et peut donc annoncer
sa stratégie le premier.
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7.C. REPRÉSENTATION D’UN JEU (3)
b) Représentation extensive d’un jeu sous la forme d’un arbre de
décision (2)
Si le joueur 2 ne connait pas la décision du joueur 1 au moment où il
prend lui-même sa décision, on se retrouve dans la cas d’un jeu
simultané, que l’on peut représenter sous forme matricielle.
British Airways (B)
Air France(A)
New-York (NY)
Washington (DC)
New-York (NY)
30, 30
40, 20
Washington (DC)
20, 40
10, 10
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (1)
a) Distinction entre l’équilibre et la solution d’un jeu
L’équilibre : résultat de l’application d’une axiomatique qui
détermine les stratégies pouvant être choisies par les joueurs.
La solution d’un jeu : ensemble des stratégies qui sera choisi.
Elle correspond souvent à l’équilibre le plus avantageux.
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (2)
b) Recherche d’une stratégie dominante comme équilibre (1)
Stratégie strictement dominante
Exemple :
Prenons le cas d’un jeu à deux joueurs Air France (A) et British Airways (B).
Air France a le choix entre deux stratégies : A1 et A2 et British Airways entre quatre
stratégies : B1, B2, B3 et B4.
British Airways (B)
Air France
(A)
B1
B2
B3
B4
A1
-10, -15
5, 4
35, -20
40, 0
A2
0, 40
0, 48
0, -5
0, 0
B2 est une stratégie strictement dominante pour British Airways.
Par conséquent ; Air France cherchera à maximiser ses gains et jouera donc la
stratégie A1.
L’équilibre calculé est donc (A1, B2) et il correspond à la solution du jeu.
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (3)
b) Recherche d’une stratégie dominante comme équilibre (2)
Elimination d’une stratégie strictement dominée pour mettre en
évidence une stratégie dominante
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (4)
b) Recherche d’une stratégie dominante comme équilibre (3)
Elimination des stratégies faiblement dominées
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (5)
c) Le dilemme du prisonnier
Deux hommes sont arrêtés pour avoir commis un crime. La police n’a aucune preuve
de leur participation au crime et les a arrêté pour une infraction mineure.
Les deux prisonniers sont interrogés séparément et peuvent dénoncer (D) ou ne pas
dénoncer (N).
Le procureur leur propose un marché :
- Si l’un dénonce et l’autre ne dénonce pas, celui qui a dénoncé échappe à la prison et
est récompensé (gain de 10) et le prisonnier qui a nié est lourdement condamné (perte
de 5).
- Si les deux ne dénoncent pas, ils ressortent libres de prison (gain 5)
- Si les deux dénoncent, ils sont condamnés à une peine légère (gain 0).
RESULTAT : Dénoncer est une stratégie dominante pour les deux joueurs.
Les deux prisonniers vont donc choisir de dénoncer alors qu’ils auraient dû ne pas dénoncer.
Ils finissent tous les deux condamnés.
La solution n’est pas optimale au sens de Pareto
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (6)
Dans de le cas du dilemme du prisonnier, l’équilibre non
coopératif n’est pas un optimum de Pareto.
Optimum de Pareto : situation où on ne peut augmenter la situation
d’un des joueurs sans diminuer celle de l’autre.
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (7)
d) Jeux sous forme extensive : la « récurrence à rebours « et les
équilibres de sous-jeux parfaits (1)
Supposons qu’Air France et British Airways décident de développer une ligne low -cost.
Pour une première phase d’expérimentation, chacune hésite entre desservir en low-cost
New-York ou Washington.
Nous supposons ici qu’Air France a déjà obtenu ses nouveaux avions, et peut donc annoncer
sa stratégie le premier.
30, 30
NY
British Airways
DC
NY
40, 20
Air France
20, 40
DC
NY
British Airways
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DC
10, 10
7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (8)
d) Jeux sous forme extensive : la « récurrence à rebours « et les
équilibres de sous-jeux parfaits (1)
Résolution du jeu par la méthode de l’induction à rebours :
Le principe est de commencer par voir ce que fera le second joueur ( joueur B) au
cours de la seconde partie de l’arbre puis le joueur 1 décidera en fonction de
ses résultats.
Si A joue NY, B jouera DC.
Si A joue DC, B jouera NY.
Sachant cela, le joueur 1 (A) pourra évaluer les conséquences de sa décision.
Ainsi, le joueur 1 joue en premier. Il sait que s’il choisit NY, le joueur 2 choisira
DC et s’il choisit DC, l’autre choisira NY. La stratégie qui lui rapporte le plus
est donc de choisir NY.
Les joueurs percevront respectivement 40 et 20 et Air France aura atteint son
meilleur paiement.
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7.D. DÉTERMINATION DES ÉQUILIBRES (9)
d) Jeux sous forme extensive : la « récurrence à rebours « et les
équilibres de sous-jeux parfaits (1)
Résolution d’un jeu séquentiel sous forme matricielle :
- Notion d’engagement est crédible
Un équilibre de sous-jeu parfait : équilibre reposant sur des stratégies de
menace et/ou de promesse crédibles
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7.E. EQUILIBRE DE NASH
Equilibre de Nash : choix de stratégies tel que l’ensemble des
joueurs choisit sa meilleure réponse aux comportements des
autres joueurs.
A l’équilibre de Nash, aucun joueur n’a intérêt à modifier
unilatéralement sa stratégie.
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