SITUATION ECONOMIQUE DE L`INDUSTRIE AGRO
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SITUATION ECONOMIQUE DE L`INDUSTRIE AGRO
CONTRIBUTION DE JACQUES LOUGE GROUPE INDUSTRIES ALIMENTAIRES D’AQUITAINE MAI 2013 SITUATION ECONOMIQUE DE L’INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE EN 2012 Pour l’année 2012, le chiffre d’affaire du secteur s’établit à 161 milliards d’euros, en légère progression par rapport à 2011 (+2,3%), cette hausse étant principalement liée à l’augmentation des prix agricoles en amont. er L’industrie alimentaire reste le 1 secteur industriel en chiffre d’affaires devant les matériels de transport et les biens d’équipement. Avec 495 000 salariés, les industries agro-alimentaires occupent 2,8% des actifs français et représentent le 1er employeur industriel en France. L’emploi salarié dans le secteur agro-alimentaire avait réussi à se maintenir jusqu’en 2011 tandis que l’emploi industriel était en fort déclin depuis plus de 10 ans (-16% entre 1998 et 2012). Cette résistance de l’emploi s’est amoindrie en 2012, avec la perte d’environ 5000 emplois (filière volaille notamment). En 2012, l’agro-alimentaire a été un soutien indispensable au commerce extérieur de la France, générant 9,2 milliards d’euros d’excédent commercial face à un déficit commercial proches des 80 milliards d’euros hors agro-alimentaire. Néanmoins, cette bonne performance globale masque des faiblesses importantes : - d’une part, l’excédent commercial repose essentiellement sur le secteur des vins et spiritueux et celui des produits laitiers, tandis que de nombreux secteurs sont largement déficitaires (préparations à base de poissons, produits à base de fruits et légumes et matières grasses) ; ème - d’autre part, fait marquant, la France a perdu sa 4 place d’exportateur mondial de produits agroalimentaires, au profit du Brésil, et toujours derrière les Etats-Unis, les Pays-Bas et l’Allemagne. Les partenaires de l’Union Européenne fournissent près de 80% de nos importations et demeurent le premier débouché à l’exportation pour les produits français : l’Allemagne, la Belgique et l’Italie absorbent 40% de nos exportations. La hausse des coûts des matières premières agricoles très marquée en 2010 et 2011 a fait place à des évolutions contrastées en 2012 : le café et le sucre, qui avaient connu les plus fortes hausses, ont marqué une accalmie, tandis que les cours des céréales (maïs, soja, blé) déjà très élevés, ont continué de se renchérir sensiblement. La volatilité des matières premières est désormais une composante incontournable que les industries agro-alimentaires doivent intégrer durablement. Compte tenu de l’évolution des coûts des autres intrants (énergie, emballages …), les coûts de production continuent de progresser plus vite que les prix de vente, fragilisant les trésoreries et érodant les marges des industries agro-alimentaires : leur taux de marge brute a atteint en 2012 un plancher historiquement bas, proche de 22% (soit 14 points de moins qu’en 2008). LES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN AQUITAINE Soutenues par un effet valeur en raison de la hausse des matières premières, le chiffre d’affaires des industries alimentaires en Aquitaine a progressé de 2,1% en 2012, après une évolution de 2,7% en 2011. Cette progression demeure modérée au regard d’autres secteurs industriels dont l’activité a été plus dynamique, le secteur aéronautique demeurant le plus dynamique (+12,5%) de même que la métallurgie (+4,9%). D’autres activités ont connu un net ralentissement, en particulier le bois-papier, la chimie et la plasturgie. Générant 8 milliards d’euros de chiffres d’affaires (6,4 milliards hors vin), l’industrie agroalimentaire occupe une place majeure dans l’économie aquitaine : elle génère 15% de la valeur ajoutée de l’industrie régionale. Les IAA d’Aquitaine sont fortement diversifiées, reflétant la diversité des productions agricoles régionales dont elles assurent la valorisation. La transformation des viandes constitue le secteur moteur, avec près d’un tiers du chiffre d’affaires et des emplois. er Les IAA sont le 1 secteur contributeur à l’excédent commercial de la région Aquitaine, avec 3,7 milliards d’exportations en 2012, dont 2,4 milliards d’euros pour les seules boissons (à comparer aux 2,2 milliards de l’aéronautique et spatial). Le taux de croissance enregistré (+11% par rapport à 2011) est deux fois supérieur à celui du reste de l’Hexagone (+5%) et l’Aquitaine se place dans le trio de tête derrière le Nord Pas de Calais et la Bretagne. Le taux d’export est de 13% du chiffre d’affaires en moyenne régionale, mais il varie fortement selon les secteurs : l’industrie des boissons est la championne dans ce domaine (34%) tandis que l’industrie des viandes est faiblement exportatrice (6%). En valeur, plus de la moitié des exportations se fait vers le Royaume-Uni, l’Espagne, Hong-Kong, l’Allemagne, la Belgique et la Chine. L’industrie agro-alimentaire d’Aquitaine rassemble près de 700 entreprises (hors vin), dont 95 % de PME, voire de TPE (66%). Aux côtés de ces petites entreprises agroalimentaires qui maillent le territoire et emploient près des trois quarts des effectifs, l’Aquitaine compte des grands groupes, coopératifs ou privés, dont le rayonnement économique dépasse les frontières régionales. er Les IAA constituent le 1 employeur industriel en Aquitaine, derrière les industries intermédiaires et les biens d’équipement : avec 33 000 salariés (23 000 hors vin), elles représentent 1 emploi industriel sur 5 (hors construction). Les emplois se situent aux 2/3 à la production, avec un profil majoritairement ouvrier (2 salariés sur 3), beaucoup plus féminisé que dans les autres secteurs industriels (43% vs 25%) et plutôt jeune (1 salarié sur 2 a moins de 38 ans). En 2012, l’emploi dans les industries agro-alimentaires d’Aquitaine s’est tout juste maintenu au global (0,3%), mais le recours à l’emploi intérimaire s’est sensiblement contracté (-9,4%). Focus Enquête sectorielle IAA Janvier 2013 : Dans le cadre de l’enquête commanditée par l’ARDIA et la DRAAF Aquitaine et réalisée par le CEFIL, 242 chefs d’entreprises agro-alimentaires employant au moins 5 salariés se sont exprimés sur leur vision de leur environnement actuel et de leurs perspectives : la majorité des chefs d’entreprise (70%) envisagent une stabilité de leurs effectifs permanents en 2013, les perspectives de créations d’emploi sont moins favorables que sur la période passée : 18% pensent embaucher en 2013 alors qu’ils sont 25% à avoir vu leurs effectifs augmenter en 2012. les deux principales sources d’inquiétude des responsables interrogés sont le niveau de marge (57%) et la trésorerie (46%). Le niveau des carnets de commande et le respect des délais de paiement par les clients sont également des préoccupations importantes, mais l’inquiétude est moins vive. pour les années à venir les chefs d’entreprise interrogés identifient deux freins majeurs au développement de leur activité : la baisse du pouvoir d’achat des ménages et le coût des matières premières, cités par plus de 80% des enquêtés, auquel vient s’ajouter l’augmentation des autres intrants. à l’horizon 2015, le premier levier de développement identifié est l’optimisation des coûts de production associée à la modernisation de l’outil de production. Deuxième axe majeur, la diversification de la clientèle et de l’offre, qui implique de renforcer les capacités d’innovation. concernant l’export, les freins identifiés sont avant tout liés aux contraintes logistiques et à la structuration même de l’entreprise, devant les taxes et les barrières douanières et sanitaires. POINT DE CONJONCTURE 1ER SEMESTRE 2013 L’industrie agroalimentaire, qui a jusqu’à présent plutôt mieux résisté à la crise que d’autres secteurs industriels, n’échappe néanmoins pas à la morosité et aux incertitudes actuelles, au moment où l’on annonce officiellement l’entrée en récession de la France. Signe inquiétant, les défaillances d’entreprises agroalimentaires, qui ont augmenté en 2012, devraient se poursuivre en 2013 avec plusieurs fermetures de sites importants, dans le secteur des viandes notamment. Les entreprises agro-alimentaires ont eu toutes les difficultés à répercuter les hausses de leurs coûts de production dans leurs prix de vente, le climat de négociation ayant été très tendu cette année, dans un contexte de concurrence forte entre les enseignes et de guerre des prix. Les tensions sur les marges et les trésoreries ne s’allègeront pas en 2013, limitant les capacités d’investissement et d’innovation du secteur, même si les dispositifs fiscaux mis en place par le gouvernement apporteront à certaines entreprises un petit ballon d’oxygène. Dernier signe inquiétant, la fragilité désormais avérée de la consommation des ménages, dans un contexte de forte hausse du chômage, de baisse du pouvoir d’achat et de pression fiscale. La consommation alimentaire, ère qui avait jusqu’à présent résisté, marque le pas pour la 1 fois, avec une baisse estimée à -0,5% en volume sur l’année 2012. Sans compter le climat de perte de confiance engendré par les crises alimentaires du début de l’année qui ont eu un effet dévastateur sur la consommation des plats préparés, bien au-delà de la seule catégorie des surgelés.