En vidéo : Protopterus annectens, le poisson qui marche !

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En vidéo : Protopterus annectens, le poisson qui marche !
En vidéo : Protopterus annectens, le poisson qui marche !
Par Bruno Scala, Futura-Sciences
Des scientifiques ont montré qu'un poisson sarcoptérygien – un
protoptère – est capable de marcher à la manière d'un tétrapode,
en utilisant ses nageoires. Ce caractère serait donc antérieur aux
tétrapodes, les vertébrés sortis de l'eau il y a 365 millions d'années.
Les poissons, depuis longtemps, défient la taxinomie. On y trouve des
êtres disparates, par exemple les agnathes, sans mâchoire, que sont les
myxines et les lamproies, et qui diffèrent assez largement des autres.
Plus connus, les chondrichtyens rassemblent les requins et les raies,
avec leur squelette en cartilage. Les vrais vedettes sont les
actinoptérygiens, de la sardine au thon, en passant par les poissons les
plus communs, et dont les nageoires sont montées sur de fines
aiguilles (d'où leur nom).
Mais on trouve aussi parmi les poissons d'étranges animaux, les
sarcoptérygiens, caractérisés par des nageoires lobées, plus ou moins
charnues, ressemblant à des pattes. Ce sont les cœlacanthes et les
dipneustes, dont le corps abrite curieusement des poumons. Ces
sarcoptérygiens sont d'ailleurs très proches des tétrapodes, animaux à
quatre membres (amphibiens, reptiles, mammifères et oiseaux). Selon
la classification phylogénétique, nous, tétrapodes, sommes des
sarcoptérygiens.
Connaître les relations entre les poissons sarcoptérygiens et les
tétrapodes permet de mieux comprendre les étapes évolutives qui ont
mené à la sortie de l’eau et à l’adaptation aérienne.
Une équipe de chercheurs de l’université de Chicago a ainsi analysé la
locomotion du dipneuste Protopterus annectens. Ils se sont rendu
compte que ce protoptère était capable de marcher sur le fond de l’eau
en s’appuyant sur ses nageoires et en élevant son corps. Il semble
donc marcher comme le fait un animal à quatre pattes. Leurs résultats
sont publiés dans Pnas.
Le dipneuste Protopterus annectens prend appui sur ses nageoires
pour soulever son corps et se déplacer. © King et al. 2011, Pnas,
YouTube
Quand la marche est-elle apparue ?
Il avait déjà été remarqué que les cœlacanthes, cousins des dipneustes,
ont tendance à nager de la même manière que les tétrapodes marchent.
Ce qui indique que certains traits propres à la marche étaient déjà
présents avant même la séparation entre les sarcoptérygiens et les
tétrapodes.
En revanche, les cœlacanthes ne marchent pas. C’est pourquoi les
scientifiques ont voulu vérifier si l’utilisation des nageoires comme
appendice de déplacement sur un substrat solide était une
caractéristique présente chez les dipneustes. Et la réponse est oui, en
tout cas chez P. annectens.
Cette espèce est capable de se déplacer en marchant sur ses fines
nageoires. Les chercheurs ont montré que ce poisson pouvait adopter
plusieurs types de mouvements, allant de la marche au saut : de petites
propulsions effectuées à l'aide des appendices postérieurs (ou
pelviens), ce qui les différencie des poissons actinoptérygiens – qui se
propulsent grâce aux nageoires pectorales – et les rapprochent des
tétrapodes.
Des fossiles trompeurs
Voilà qui permet d’en savoir davantage sur l'acquisition de la marche
chez les vertébrés et sur le passage de la vie aquatique à la vie
aérienne. Selon les chercheurs, la transition entre ces deux milieux
s’est effectuée en plusieurs étapes dont l’ordre reste encore à établir.
Grâce à cette étude, on peut désormais affirmer que la locomotion sur
un substrat solide est une caractéristique antérieure à l’apparition de
membres digités.
Enfin, cette découverte pourrait remettre en cause quelques analyses,
puisqu’elle montre que la locomotion des dipneustes peut laisser des
traces fossiles que les paléontologues avaient d’emblée attribué à des
tétrapodes. Il faudra peut-être faire marche arrière…
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=og6
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