le droit francais de l`environnement
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le droit francais de l`environnement
Ambassade de France en Chine Institut français de Chine LE DROIT FRANCAIS DE L'ENVIRONNEMENT Mme Jacqueline Morand-Deviller Professeur agrégé de droit à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne Doyen honoraire Présidente de l'Association internationale de droit de l'urbanisme Jeudi 21 avril 2011 Conférence à l’Institut français de Chine Pékin Introduction Le droit de l'environnement est un droit jeune qui a fait son apparition en France dans les années 1970. Le premier ministère de l'Environnement a été créé en 1971 et la première loi sur la protection de la nature a été adoptée le 10 juillet 1976. Comme pour les autres pays de l'Union européenne, le droit français de l'environnement est largement influencé par les normes d'origine communautaire. L'Union européenne était à l'origine une communauté économique et les premiers traités ne faisaient aucune allusion à la protection de l'environnement. Mais, en 30 ans, la progression a été irrésistible et l'on est passé a-t-on dit « du zéro à l'infini », du « presque rien ou presque tout » : désormais l'ensemble des règles de l'Union européenne, quelque soit le domaine concerné, doivent prendre en compte la protection environnementale. Les mesures décidées à Bruxelles s'imposent aux 27 pays de l'Union ; le droit communautaire de l'environnement stimule les droits nationaux et tend aussi à favoriser l'unification de ces droits. L'étude du droit français de l'environnement ne peut donc se concevoir qu'en relation avec l'étude du droit européen La réflexion portera d'abord sur les grands principes du droit de l'environnement et sur la hiérarchie des sources du droit (I) . Il sera traité ensuite des institutions chargées de mettre en oeuvre la protection environnementale : organismes centraux et organismes décentralisés (II). Seront ensuite évoquées les méthodes de gestion et la complémentarité entre la réglementation et la régulation (III) et les outils juridiques propres à encadrer la mise en oeuvre de la réglementation dans les différents secteurs: (IV). « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine I/ Les principes fondamentaux et les sources du droit de l'environnement A/ Principes fondamentaux Le droit de l'homme a un environnement de qualité « lui permettant de vivre dans la dignité et le bien-être » a été reconnu dès la célèbre Déclaration de Stockholm de 1972. Ce droit fondamental est retenu par les textes de l'Union européenne et mis en œuvre par la jurisprudence de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) qui siège à Luxembourg. Ce droit est une composante du " droit à la vie" reconnu par la Convention européenne des droits de l'homme, ce qui a permis à la Cour européenne des droits de l'homme, siégeant à Strasbourg de rendre des décisions fondées sur le respect de l'environnement, alors que la Convention, signée en 1950, ne faisait aucune allusion directe à l'environnement Les principes fondamentaux ont désormais valeur constitutionnelle depuis que la France s'est dotée, en mars 2004 d'une Charte de l'environnement qui fait partie du Préambule de la Constitution, au même rang que la célèbre Déclaration de l'homme et du citoyen de 1789. La Charte, adoptée à l'unanimité, proclame que « l'environnement est le patrimoine commun des êtres humains » et que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ». Elle comporte 10 articles et consacre les principes suivants : 1. Tout d'abord le droit à l'information, l'administration doit être transparente en ce qui concerne à la fois l'état actuel de l'environnement et les projets qui pourraient lui porter atteinte, le droit à la concertation c'est à dire la nécessité pour l'administration d'organiser un débat avec les citoyens et le droit à la participation à la prise de décision. Le principe de concertation a été renforcé en France par la mise en place, en 1995, d' une Commission nationale du débat public, autorité administrative indépendante qui peut organiser des débats avec le public afin de discuter sur les projets d'aménagement d'intérêt national qui risquent de porter atteinte à l'environnement. 2. Un autre principe, plus traditionnel, est celui de la prévention qui est présenté comme le devoir incombant à toute personne, publique et privée de « prévenir les atteintes qu'elle est susceptible de porter à l'environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences ». La procédure d'étude d'impact environnementale est l'un des moyens les plus efficaces pour répondre à cet objectif (il y a en France, chaque année 6 000 études d'impact 2/3 pour les projets privés, 1/3 pour les projets publics). 3. Le principe le plus discuté, mais qui a été retenu comme étant d'application directe (sans nécessité de loi pour le préciser), est celui de précaution et, d'ores et déjà, la jurisprudence en fait application. Ce principe a été consacré par la Déclaration de Rio et par le traité européen de Maastricht impose aux autorités publiques la prudence même lorsque la réalisation d'un dommage reste incertaine, « en l'état des connaissances scientifiques du moment ». Il est ainsi défini: « Lorsque la réalisation « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leur domaine d’attribution, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ». Accusé par certains milieux scientifiques et professionnels d'être susceptible de freiner l'innovation et le progrès, il est mis en œuvre par le juge avec modération (cf. affaire des organismes génétiquement modifiés, OGM). Les mesures ne seront, par ailleurs, que provisoires, susceptibles d'être modifiées lorsque les connaissances scientifiques seront moins incertaines. Il n'y a donc pas de raison d'avoir peur de la précaution. 4. En ce qui concerne la responsabilité environnementale, le principe qui s'impose est celui du pollueur-payeur, qui signifie que la charge des dépenses liées à la lutte contre les pollutions incombe au pollueur et non à la collectivité toute entière. Sa mise en œuvre repose sur la taxation des pollutions (écotaxes) et divers mécanismes de compensation. En dehors des taxes sur la consommation de l'eau, l'ensemble des taxes (déchets, installations classées, pollution atmosphérique) ont été regroupées dans une taxe unique : la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). 5. Le célèbre principe du « développement durable » (« sustainable ») irrigue tout le droit de l'environnement. (voir sommet de Johannesburg, en 2000, qui a été l'occasion de faire le point sur la mise en œuvre de l'Agenda 21, défini à Rio en 1995). Les retards et insuffisances des politiques ont été soulignés. L'objectif de développement durable inspire désormais l'ensemble des politiques en France. Ainsi le développement durable est un des critères de la commande publique à l'occasion de la mise en concurrence pour l'obtention d'un marché. 6. Il est complété par le principe de gestion intégrée qui signifie que la protection de l'environnement doit être prise en compte par l'ensemble des autres politiques et qu'une « bonne gouvernance » doit parvenir à l'intégration et la mise en cohérence des différents objectifs poursuivis: environnement et développement, environnement et santé, environnement et urbanisme, environnement et tourisme etc... B/ Sources du droit de l'environnement Les sources du droit se présentent selon une hiérarchie qui place au sommet la Constitution. L'environnement a pris une grande place dans la Constitution, depuis l'introduction dans le Préambule, en 2005, de la Charte de l'environnement. Le respect des principes fondamentaux par la loi sera désormais confié au Conseil constitutionnel. Viennent ensuite les traités et conventions internationales qui ont une valeur supérieure à la loi. Ceci explique que le droit communautaire, qu'il soit originaire (les traités fondateurs) ou dérivés (les règlements et les directives), a pris tant d'importance dans les droits nationaux des Etats membres de l'Union européenne. Dans l'Acte unique de 1972, le titre XIX consacré à l'environnement contient l'engagement des Etats d'assurer « un niveau de protection élevé » de l'environnement. « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine Le droit dérivé se présente sous deux formes d'une part les règlements qui, dès leur publication, font directement partie des droits nationaux, d'autre part les directives qui se contentent de fixer des objectifs et laissent les Etats libres de choisir les moyens propres à réaliser ces objectifs. Pour mettre en place ces moyens, les Etats disposent d'un certain délai au delà duquel ils ont l'obligation de transposer la directive dans leur droit national. La part du droit communautaire dans les droits nationaux est de plus en plus importante atteignant parfois 80% de la matière concernée ce qui est la cas pour le droit de l'environnement. .La France a parfois été condamnée pour retard dans la transposition des directives mais les juges français annulent les actes de l'administration qui ne respecteraient pas les objectifs des directives même si celles-ci n'ont pas été transposées. La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), joue un rôle important dans l'interprétation et l'harmonisation du droit communautaire qui contribue, sans aucun doute, au renforcement de la protection environnementale. On trouve ensuite les lois et les règlements nationaux ainsi que la jurisprudence. Le droit de l'environnement reste avant tout un droit public et le contentieux est alors porté devant le juge administratif – avec au sommet le Conseil d'Etat. Mais il se privatise depuis quelques années, dès lors que les entreprises privées sont de plus en plus associées à la mise en œuvre de ce droit et le juge civil ainsi que le juge pénal sont de plus en plus sollicités avec à leur tête la Cour de cassation. En 2000, la France s'est dotée d'un Code de l'environnement qui rassemble les différents textes : il dépasse les 1000 pages. Parmi les sources du droit, on citera enfin, la source conventionnelle (cf. infra). Les contrats environnementaux se sont beaucoup développés. Il peut s'agir de contrats entre personnes publiques ou de contrats passés avec des entreprises privées. La notion d'entreprises éco responsables ne cesse de se développer. II. Les institutions chargées de la protection de l'environnement La protection de l'environnement est « l'affaire de tous » et elle sera d'autant plus efficace qu'elle rencontrera la collaboration d'un maximum d'acteurs. Le problème est de déterminer la hiérarchie des compétences et d'établir une véritable coopération entre les responsables. A/ Les organismes d'Etat Dans les Etats unitaires, comme la France, l'Etat reste le principal responsable de l'élaboration et de l'application du droit de l'environnement : - Il existe, depuis 1971, un ministère de l'Environnement spécifique qui n'a disposé longtemps que de moyens modestes par rapport à son puissant rival le ministère de l'Equipement. Son importance s'est imposée peu à peu et, dans le dernier gouvernement mis en place en 2007 et réformé début 2011, le choix a été fait d'un grand ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement avec plusieurs « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine Directions centrales comme, par exemple, une Direction de l'eau et une Direction de l'énergie et du climat et plusieurs sous-directions (comme, par exemple, une sous-direction du climat et de la qualité de l'air). - On trouve aussi des Inspections générales (organes de contrôle), un Réseau scientifique et technique comprenant plus de 16 000 experts, et de nombreux établissements publics spécialisés : Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), Agences de l'Eau, Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSES), Institut national de l'Environnement industriel et des risques ... - Les organismes consultatifs : ils sont très nombreux et participent à l'élaboration des décisions. Certains ont une compétence générale, comme la Commission du développement durable. La plupart ont une compétence spécialisée. Certains ont la qualité d'établissements publics et bénéficient de larges délégations de pouvoir comme le Conservatoire de l'espace littoral, les agences de l'eau, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, les agences de sécurité sanitaire et alimentaire. Leur rôle est important du fait de la compétence technique de leurs dirigeants, mieux à même de traiter des problèmes que les administrations à compétence générale B/ Les institutions locales La déconcentration des services de l'Etat au niveau local et la décentralisation au profit des conseils élus des collectivités locales a tendance à se développer : - Les régions ont certaines compétences propres : création et gestion des parcs naturels régionaux, planification (plans pour la qualité de l'air), contrats de plan Etat-région. Le préfet de région et les directions régionales de l'environnement (DIREN) qui représentent l'Etat dans la région jouent un rôle important : initiative, répartition des aides. Traditionnellement ce sont les préfets du département qui ont la lourde responsabilité des « installations classées » (autorisation, contrôle, sanctions). - Les communes (36 800 !) jouent un rôle important car elles sont pleinement compétentes en matière d''urbanisme et d'aménagement urbain, domaine entièrement décentralisé, au profit des collectivités de base : les communes. Le conseil municipal (élus de la commune) élabore le plan d'urbanisme qui a l'obligation de prendre en compte la protection de l’environnement. Les autorisations de construire sont délivrées par le maire de la commune. Des législations spéciales peuvent intervenir, comme celles sur la protection du patrimoine architectural, la compétence étant donnée aux architectes de l'Etat. Des conflits peuvent alors s'observer : ainsi dans le cas de travaux de réfection d'un immeuble du XVIIème siècle situé dans l'Île Saint Louis à Paris, acheté par l'émir du Qatar, les services de l'Etat donnent leur accord alors que le maire de Paris refuse l'autorisation de construire. Un arrangement sera trouvé évitant le procès. - Les associations de défense de l'environnement ont toujours joué un grand rôle dans le domaine de l'environnement. Leur liberté pour se constituer et pour d'exprimer sont grandes. Elles sont souvent à l'origine des contentieux devant le juge et certaines d'entre elles ont des pouvoirs particuliers pour collaborer avec les pouvoirs publics: ce sont les associations agréées pour la défense environnement. Près de 15 000 sont spécialisées dans le domaine de « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine l'environnement et de l'urbanisme et jouent un rôle important notamment dans la saisine du juge. La plupart sont de petites associations de proximité, constituées à propos d'un problème particulier et ont un caractère provisoire, certaines ont une dimension nationale (cf « France, Nature, Environnement ») et internationale. Les associations accomplissent trois missions principales: la collecte des informations, la consultation et la participation à la gestion, la contestation contentieuse. - Phénomène nouveau, les entreprises, devenues « entreprises citoyennes », deviennent des acteurs à part entière de la protection de l'environnement. Elles doivent respecter une « haute qualité environnementale » et souscrire des « codes de bonne conduite ». Plus récemment, encore la concertation est recherchée avec les partenaires sociaux et on parle désormais à propos de l'environnement d'un " gouvernement des cinq" : Etat, collectivités locales, associations de citoyens, entreprises et partenaires sociaux. III - Les modes de gestion La répartition du travail entre les différents responsables et les modes de gestion donne lieu à une collaboration soutenue entre les partenaires publics et privés. Les experts jouent nécessairement un rôle important et la régulation apporte son concours à la réglementation. A/Réglementation et régulation - En droit de l'environnement, comme dans beaucoup d'autres domaines, un mode souple et consensuel d'administration s'est beaucoup développé ces dernières années : la régulation. Elle se distingue de l'administration par voie de prescription unilatérale : la réglementation en ce qu'elle recherche un consensus : elle fixe des « règles du jeu » et préfère le « faire faire » au « faire ». C'est ce qui explique le développement du « contrat » comme mode d'administration, contrats entre personnes publiques et contrats entre personnes publiques et personnes privées, notamment les entreprises qui s'engagent à une « bonne conduite » environnementale. Ce partenariat public-privé et ces engagements volontaires par le voie contractuelle des acteurs privés sont à encourager mais ils ne sauraient se substituer à une réglementation unilatérale et à des contraintes de la puissance publique. Ils interviennent à titre complémentaire mais non principal - Des législations contraignantes ont pu se révéler efficaces. On en donnera pour exemple la loi montagne du 9 janvier 1985 et la loi littoral du 3 janvier 1986. La loi littoral prévoit trois « zones » particulièrement protégées: - une bande littorale de 100 mètres de profondeur où, lorsque l'espace n'est pas encore urbanisé, toute construction est interdite, - une zone dite « espaces proches du rivage » et une zone dite « espaces remarquables » où les constructions ne peuvent être que limitées. - Un établissement public: le Conservatoire du littoral a la possibilité d'acquérir chaque année des terrains en bord de mer afin de les protéger, terrains qui deviennent inaliénables. Il est déjà propriétaire de 70 000 hectares sur près de 900 kilomètres de côtes. B/ Expertise et procès « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine - Parce qu'il touche à des problèmes techniques complexes, le droit de l'environnement doit s'appuyer sur une expertise scientifique et technique qui joue souvent un rôle prédominant. Si juridiquement l'expert ne donne qu'un avis à l'administration et au juge, la compétence présumée de ces spécialistes a une influence déterminante sur la décision qui sera prise. La question est posée d'un statut des experts afin de mieux garantir leur compétence et leur indépendance (voir affaire récente mettant en cause un laboratoire pharmaceutique). - Le contentieux de l'environnement est porté soit devant le juge administratif lorsqu'il y a un procès mettant en cause l'administration (cf. recours en excès de pouvoir contre une décision estimée illégale de l'administration) ou devant le juge judiciaire lorsqu'il y a procès entre des particuliers (cf. recours de la victime d'un dommage causé par une entreprise). Parce que le droit de l'environnement trouve ses sources dans des règles nationales et internationales de niveau différent (cf. supra), un « dialogue des juges » est nécessaire afin de parvenir à une interprétation unifiée du droit. Chaque juridiction suprême : Conseil constitutionnel, Conseil d'Etat, Cour de cassation (juridictions nationales), Cour de justice de l'Union européenne et Cour européenne des droits de l'homme (juridictions européennes) conserve sa liberté d'interprétation. Quelques divergences peuvent se manifester, mais ces nuances d'interprétation sont enrichissantes et, avec le temps, les conflits disparaissent et l'unité du droit ainsi que la sécurité juridique sont respectées. IV/ Les outils juridiques de protection de l'environnement La question est très vaste et on se contentera de présenter les instruments essentiels soit de planification, d'autorisation, de fiscalité et de contrôle, soit de contractualisation et d'expérimentation A/ Planification, autorisation, fiscalité, contrôles - La planification est un outil de protection environnementale particulièrement développé et efficace. Elle peut être spatiale afin de garantir la protection des espaces naturels et des espèces menacées. Elle peut être sectorielle afin de prévenir les risques de pollution. - - La planification spatiale : la protection des espaces naturels est prévue de manière générale dans tous les plans d'urbanisme : plan local d'urbanisme (PLU) dans chaque commune, schéma de cohérence et d'orientation du territoire (SCOT) pour un regroupement de communes). Des planifications spécifiques se superposent : directives paysagères, chartes des parcs naturels, plans de gestion applicables à certaines forêts publiques et privées et qui doivent être conformes à des directives et schémas régionaux..., zones spéciales de protection faisant partie d'un réseau écologique européen dit Natura 2000 Quant aux planifications sectorielles, on les retrouve dans des domaines très divers : schémas d'aménagement de gestion des eaux, schémas départementaux des carrières, plans régionaux d'élimination des déchets ménagers et industriels, plans de prévention des risques naturels (cf. inondations, séismes, avalanches), plans de prévention des risques technologiques... « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine - Le droit de l'environnement s'inscrit largement dans un contexte de police administrative combinant l'interdiction, l'autorisation préalable, la réglementation, le contrôle. Le secteur de la lutte contre les pollutions et nuisances est ainsi traité soit par la voie de la police générale de l'ordre public: salubrité, sécurité, tranquillité publique, soit par la voie de polices spéciales : eau, air, carrières et installations classées. - Le droit des installations classées a été mis en place au début du XIXème siècle et conserve ses principes essentiels : autorisation préalable délivrée par le préfet pour les installations à risque, simple déclaration préalable pour les autres, contrôle sévère sur le fonctionnement de l'installation, pouvoirs importants donnés à l'administration et au juge pour perdre des mesures de protection ou faire cesser l'exploitation. Il est prévu aussi une interdiction d'installer ces installations à risque à proximité des zones urbaines (cf. la tragique affaire de l'usine AZF à Toulouse) B/ Contractualisation : conventions publiques et marchés privés - Comme il a été dit, un nouveau mode de gestion s'est développé : la régulation qui complète plus qu'il ne remplace le mode traditionnel de réglementation. Les contrats environnementaux sont nombreux. Dans la plupart des cas l'administration est partie au contrat qui a la qualité de contrat administratif. Mais, dans la mesure où les entreprises du secteur privé sont désormais directement engagées dans la protection de l'environnement, des marchés de droit privé se développent dans certains secteurs - Les conventions de droit public sont conclues soit entre des personnes publiques, soit entre une personne publique et une personne privée. - Dans le premier cas on donnera comme exemple les contrats de branche en matière de pollution de l'eau, de l'air et du traitement des déchets (en échange d'aides financières les entreprises s'engagent à prendre des mesures anti-pollution), les contrats « rivières propres » passés entre l'Etat et les collectivités locales, les conventions de gestion passées par le Conservatoire du littoral avec les communes ou des associations en vue de l'ouverture raisonnable au public de ces espaces protégés. - Plus récemment, on assiste au développement d'accords négociés dans l'industrie par lesquels les chefs d'entreprise, codes de bonnes pratiques: labels de qualité environnementale, engagements de diffusion de l'information. - Les marchés privés d'échange : encore plus récemment et suivant un modèle américain des marchés passés entre entreprises privées ont été mis au service de la protection environnementale. Il s'est agi de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et de tenter de maîtriser le changement climatique : - Un système original a été mis en place en France et en Europe, celui des marchés de quotas d'émission de gaz à effet de serre : voir la Directive européenne du 13 octobre 2003, transposée en France par l'ordonnance du 14 avril 2004. Le mécanisme est le suivant : l'administration détermine un plafond global d'émissions autorisées et distribue des permis d'émettre aux pollueurs sous forme de quotas. Chaque émetteur a l'obligation de limiter ses émissions à un niveau déterminé. S'il « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011. Ambassade de France en Chine Institut français de Chine réussit à réduire ses émissions à un niveau inférieur aux quotas, il peut vendre les quotas restant à un autre émetteur qui pourra alors dépasser les quotas qui lui ont été attribués. Un seul gaz à effet de serre est concerné actuellement, le dioxyde de carbone plus facile à quantifier que les autres. L'avantage du système c'est de fixer un plafond global d'émissions qui ne sera pas dépassé mais des critiques ont été faites sur ce marchandage et cet achat du droit de polluer qui ne résous qu'imparfaitement la question de la réduction de la pollution. - Un autre « marché environnemental » est celui de la biodiversité : échange de crédits d'actifs naturels, qui reste encore à l'état d'expérimentation Conclusion La montée en puissance des préoccupations environnementales : ou « 3ème génération des droits de l'homme ». Les « trois piliers » du développement durable : le développement, l'environnement et la protection sociale. Un droit de la solidarité : devoirs autant que droit, de la réconciliation, de la paix. « Le droit français de l’environnement », Mme Morand-Deviller. Conférence à l’Institut français de Chine, Pékin, 21 avril 2011.