Du temps perdu dans la recherche

Transcription

Du temps perdu dans la recherche
Grégory Haleux
Du temps perdu
dans la recherche
10-12 mai 2005
Soli Loci
Du même auteur
Grégory Haleux
23 chambres où je suis mort sous le cri des gonds. Soli Loci, 2012
Troublant trou noir. Cynthia 3000, 2007
avec Céline Brun-Picard :
Registres de l’hypnopompe I. Cynthia 3000, 2009
Étant donnés. Cynthia 3000, 2006
Du temps perdu
dans la recherche
10-12 mai 2005
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Du temps perdu dans la recherche (10-12 mai 2005) de Grégory Haleux
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Soli Loci
SAPO SAPIENTIÆ. Sel commun réduit en huile.
Les Philosophes appellent leur azoth Sapo Sapientiae, ou
savon de la sagesse, parce qu’il lave, déterge & purifie le
laton de toutes ses impuretés, c’est-à-dire de la noirceur.
LATON ou LAITON ou LETON des Philosophes.
Mercure des Sages, ou leur matière considérée pendant la
putréfaction. Ce terme de laton s’entend plus généralement
du fixe dissout avec le volatil. C’est pourquoi ils disent :
Blanchissez le laton, & déchirez vos livres, de peur
que vos cœurs ne soient déchirés par l’inquiétude.
Le mercure, qui est le volatil & leur azot, est ce qui blanchit le laton. Lorsqu’il est devenu blanc, on est assuré de
réussir. Il prend alors les noms de laton blanc, or blanc,
terre feuillée, dans laquelle il faut semer l’or, c’est-à-dire, la
couleur rouge. Quand il a acquit cette couleur rouge, c’est
leur laiton rouge, leur soufre aurifique, leur Salamandre,
leur Apollon.
Antoine-Joseph Pernety,
Dictionnaire mytho-hermétique
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10 mai, 11h11
Somewhere out images-textes
Bleu minarets mon royaume
Ones Own and the Angelus Western
Tiranny in the Case of the Visual Discourse of
the conception and the writing
The Ottoman Baddeley
The Idea of Self- travel literature
Dogan Ordek chevalier d’Arvieux
You are here
Turkish Baths if you can
Industry Resources Signs of identity George Sandy
Hey beeeee koc Istanbul Technical University
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10 mai, 11h47
10 mai, 12h43
Écriture intégrée cette impression d’étouffer
L’héroïne débridée et charnelle bilan pas brillant
L’ongle est une partie vivante au pays du Léman
En dessous de l’usine la schizophrénie l’excellente
ambiance
Dans la charrette Charlotte la puce fumiste
Encre à la pointe tache traversée sieste j’écris
Entre les signes d’autres dessins entre les dames
Un décor ludique observez
une photographie et les dégradés peinture latex blanche
fresque en carreaux un beau voile
ligne verticale ampoule soft
un mât de bateau dans votre cœur ancien, décapé
dans une boîte en carton, votre animal préféré
tous vos médicaments une porte bleue
un beau toutou dans un manège
un joli vitrail et Vincent à l’asile
le jeu n’est pas qu’un jeu
des pleurs, une bonne crêpe dorée
une forme conique, maman qui allaite
le mal et le sens intime du temps
ce flux de couleurs, une simple encoche
les pommettes bien roses
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10 mai, 12h51
10 mai, 13h22
mal presque constamment mais le visage humain porte
l’absence cette horreur appelée influence paupières lovées
somnolence tourner en rond extrême vertige enclin
à l’insoutenable perspective la plainte qui soulage
En décortiquant des tracts faire un travail de mémoire
cause de méditation noire avec des acrobaties
ruptures de chevets, panne de réel
nous n’avons pas cherché bien loin
façon d’être vaincu mécaniquement
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10 mai, 13h37
10 mai, 14h47
la quête de l’identité par des voies à la fois sensuelles et à
perte de vue
au bout il y a peut-être mon corps désespéré, les yeux
tournés vers l’intérieur
les pensées ne passent pas par le vide
tortionnaire par projection et à travers les récits
de guerre, de massacres que j’aime explorer
à chacun ses sensations une espèce d’obsession
de trouées
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10 mai, 15h46
10 mai, 16h14
Tchouang-Tseu dans la limite des corps
et le reniement
leçon muette
Voyons d’abord en quoi aller au cœur de la compréhension
cela veut dire que les recherches sont énigmatiques, exaltées
tous les tourments, nous voulons une pointe d’ironie
des mesures et des résultats, du contenu
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10 mai, 16h17
10 mai, 17h46
variation dans l’intensité et le rythme, surtout si vous vous
sur la peau sans tabou sur l’océan ce que les mots sont
au sens s’en vont très loin plient leurs racines s’affolent
qui tentent l’impossible mourront ineffables et des claques
adorables
des carrosses sacrés les conduisent sur le bout de la langue
ensuite tout se bloquait, tout indifférent partout
labyrinthe de toute vie
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10 mai, 18h05
10 mai, 18h06
con sidère souvent je considère la même tentative
mais inversée puisqu’elle s’établit sur la mémoire
ci-incluse la conclusion ruisselle : et même convergence
cerne la chronologie surtout le bel aujourd’hui
centre du jeu contextuel l’ivre temps constamment
le hasard constitue cette situation contrôlée
en langage contenu l’ennui c’est la poésie infinie
détournement pas de côté anarchiste
de la bricole signée
abstraction point de vue
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10 mai, 19h52
10 mai, 20h36
l’espace incommode cheminement fumant
monuments landes étangs sont ainsi nés
de rêves rénovés de pensées délaissées
des déserts révélés romantiques dans mes scènes intérieures
ruines où rôder empreint de boue de poussière
abandonné volontaire à l’aune des pylônes
éructation
n’est susceptible de donner vie
pas encore
même pas à coups de marteau troute la nuit
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11 mai, 00h23
11 mai, 01h03
théâtre d’ombres les petits salauds des braguettes
mettez n’importe quel subvervif sur des plans admissibles
s’il vous reste une journée pour apprendre la guitare
du temps de l’anonymat la vaine gloire béante
espèce de sale propre père perdu en Atlantide
où le champ de la caméra dépravée dans le spectre
atteste des corbeaux sur des terres de cartes postales
quartiers d’enfance passés à travers le crime
les passantes quand elles parlent d’histoires de fantômes
sanglées laquées dressent l’inventaire du plaisir
clin d’œil purin putain puritain curieux seconde peau
d’où même émane trempe à la gomme sanglot d’époque
flotte microcosme comme un odieux dessein
trop de chair charlatane découvre désir d’oiseaux cloués
en bloquant quotidiennement ma pompe à mélancolie
spot tête coupée épidémie d’illusion créatrice pan
chante toute la nuit pour célébrer maladie misère littéraire
parce que plus meurtrière sensibilité poétique convulse
transcription : je déchirerai le matin des emmerdeurs
tous écrits magnifiques où la conscience accrue sévit
les moyens de les combattre s’appellent nuits de sommeil
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11 mai, 07h32
11 mai, 09h37
mais c’est toujours le même crincrin ils causent
écrasés de désir se déchirent je t’aime intime petite
disent la vie rose ragoût bruyant l’âne est partout
biquette à toi bébé tu viens ou pas tout empire
mayonnaise mots mignons à l’excès pullulent
balancent mini sentiments maman beignets mimis
leurs lèvres apportent vraiment plein de belles choses
la marée le cœur tendre crêpes qui tombent dans leur tête
écritures banales
c’est-à-dire dormir comme si de rien n’était
j’ai envie de dormir comme Untel dans la piscine
au bruit d’une scie électrique
alterné de séquences d’un langage grossier
au milieu de jeunes étudiants
et être filmé j’en ai besoin
tout ça circule en moi m’engourdit
une seconde de souvenirs de toi
et il neige à gros flocons
c’est drôle
même si je m’excite en bouche parce que je ne parle pas
tant mieux
un mince filet de bave s’écoule
c’est cool
« Oui, bonjour... » – elle a cru que c’était moi – «Vous êtes...
empaillé ! »
tout redevient blanc autant que bruit
je fixe un objet invisible
une boîte puis un métronome
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11 mai, 10h09
11 mai, 10h25
un pan important de texte
the beginning of the never-ending
dort encore
chaînés en dedans
la hanche ça frotte
ils se dépensent face au vent
riposte par coupé au bon moment
esquive emboîte grâce à l’eau le long du corps
en dedans de volée mélodies voiles
coques nues je voyais les vallées
tout immuable c’est-à-dire que le mouvement
en s’étant mouillé s’était fondu devant
en tous sens sur soi le dos à la présence
c’était encore s’essouffler – ce qui me concerne –
et le sentiment de s’ancrer dedans
pour le plaisir du rythme usé
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11 mai, 16h04
11 mai, 16h17
conversation entendue regards croisés
l’autre répondit que oui le calme impossible
après coup leur propre composition la fuite
ou l’événement qui va mais ils ne parlent pas
ce que vous avez vu a été entièrement traduit
même lointain de manière à ce que ça puisse être
entendu sur la scène l’absence du corps à lui seul
n’a jamais entendu l’écriture propre
nous avons commencé de vivre
je me suis dit que j’allais y avoir droit
j’ai eu très très peur
je ne pouvais décidément plus supporter
je ne sais plus pourquoi, par pudeur
enfin je suppose
je n’ose pas trop
mourir
mais j’ai parfois honte de vivre
être conforme ça doit être dur bien entendu
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11 mai, 16h49
11 mai, 16h53
contraire de la diction
bandes de coton fils de trame
chaque conte dans le cul dans l’art
fabrication des plans imaginaires
des lignes simples près de nous l’espace contraint
des formules magiques dans ce cadre abstrait
silencieux en lisant comme une invitation comme un accueil
women & men
inutile d’en donner la description
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11 mai, 17h03
11 mai, 17h42
en arrêt parenthèse
j’écris pour moi-même et les touristes
comme les limites du langage
comme un mauvais montage
quelle différence aucune entre
la trace purement intérieure
et la condition du sens
l’idée d’une perte qui soit digne d’être portée
et le signe = entre les deux
l’impression que cette poésie est en train
et l’absorption de deux ordres distincts
mon engagement sur le texte que je sais être imaginaire
et un souvenir pétrifié qui continue de m’inquiéter
l’un peu vague et sentimental effort n’en tient pas compte
silence du silence du silence
dans l’oubli de l’absence
silence entre fascination et répulsion
abandonnée l’émotion dans la raison de la solitude
du dedans continu au dehors discontinu
je ne veux pas parler
silence pour ou contre l’oubli de la violence
du moi et de l’inconscient nous nous reconnaissons
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11 mai, 20h40
11 mai, 23h08
retour au désert
qui n’existe que par une écriture discrète
c’est au cœur de ce lieu que la caresse est morte
noir où le rêve incarne la mémoire
état d’esprit entre le rire et le noir
zéro mystère séduction érection
l’espace de l’altérité mousseuse
est abusivement casse-pipe
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12 mai, 01h44
12 mai, 05h23
bandes caoutchoutées
microscopic devices
wineries cheeze
Seneca en potasse et en plomb
underworld moving mass
microbial cell killing grounds
everything under
embrouillaminis influx cristallins
mycological country underground tunnels
the explosive phenomena the local noise
Silica tout empreinte
des traces et du souvenir encore
encore inconnu dans le sillage de deux cent vingt-six jours
pas à pas
faux imitation écriture rupture
indéterminé
parodie en langues
se barrer, partir, s’enfuir
ne pas tomber dans la chronique
il y a aussi ce que je tente divinement bien
vivacité incroyable
gomme à mâcher gomme arabique
comique si décapant
l’inépuisable ceci ou cela
dérision intime labyrinthe
verbal 18 mètres cube
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12 mai, 05h55
12 mai, 10h08
en effet il a dit ah nan pas cool parcourant sa vénération
ignorant sens
pourquoi suivrait-on mieux en décomposant les mots en
pensée corporelle
isi vou nalé pa faciliter le passage mystique
ce qui est arrivé à Nietzsche avec un sourire idiot
et le bois vieux qui craque et Jeanne d’Arc
derrière les traces il travaille la langue pêle-mêle
ici nul mai c la vie il faisait beau c’était dommage
on c kité because l’absurde
la mort n’est jamais sur les immatériaux
l’image de Chloé Delaume qui poursuit avec nous
la pensée des artistes images du monde
un peu de vie parisienne où les vraies valeurs sont exposées
où son œuvre est vue comme un cercle de réflexion
pour ça entre peau et vidéo histoire nue breakfast
parole et silence sont déclinés penser est un cycle
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12 mai, 10h55
le beau sert-il ce roman à suspense
pas une sensiblerie extraordinaire et impossible
il est possible et je l’espère quelques minutes
plus bêtement d’où cette course à la méditation
c’est tellement moins fatigant décidément ce qui cloche
tout se transforme de telles expériences se déclenchent
ça tombe sous le sens j’écris mes textes pour ne pas
m’améliorer
je ne me lasserai jamais de souligner ces explications pour
vous convaincre
que défouloir pour tout dire mais que c’est par erreur que
je veux tout quand le fait d’être toi ça sert à quelque chose
faire tous les textes du monde l’apparente spontanéité
dépasse encore certes c’est quand même un peu quelque
chose
j’ai tenté une percée ce qui arrive par hasard penser
strictement
censure interne c’est comme ça mais ce mot est toujours
écrit de bon ton
produire c’est une chose mais il faut également l’empêcher
de rester hors du temps
les jeux sont faits hé ben nan encore une fois je ne peux
m’empêcher de penser
une chose est sûre ma liberté de penser c’est sous-entendu
certains tentent de me rassurer
ils considèrent le cadavre comme la peur du néant comme
ma langue en effet
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l’utilisation de ma voix off ne peut déplaire au CSA la
terreur en ligne
je ne vois plus un seul oiseau mort ça se dégrade c’est juste
une partie de vous qui s’échappe
je refuse un tel système le problème à la tête faites vos jeux
contradictoires
de phrases en phrases je dois m’interroger cela ne coûte
rien d’essayer et je pense
je voulais vous faire comprendre quand vous le citez à
l’antenne Wittgenstein
à propos des trucs à faire dessus la pub avant la météo j’ai
regardé je ne comprends pas
je ne peux m’empêcher de faire l’analogie avec la tête
comme ça la construction délirante
je peux dire un message vers le cerveau d’une personne et
mieux vaut le reconnaître
si ce n’est n’importe quoi nous n’en savons strictement rien
un avis superficiel en vrai latex
il y a tout à attendre du système marchand microbes et
virus ceci est une pure annonce
je vous signale dans la tête ce noyau si quelqu’un a la clé
les jeux sont faits
pensez à ce qui se passerait en circulation occulte mais
pourquoi ce subtil glissement
sémantique arrête je ne suis pas celle que je connais ce sont
des lueurs ne craignez rien
le terrorisme des loisirs ce beau silence du dedans produire
c’est une chose je n’y ai pas pensé
alors là j’ai rompu le silence le secret nous enferme je vais
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vous dire rien à feindre
des énormités véhiculées par le bloc informations et dans
cette matière une question se pose
avez-vous bien mis en évidence un désir citoyen qui vous
fait marrer pensez-vous vraiment
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12 mai, 11h00
corset caoutchouc
esthétisme piétine
colibris dans la tête
cou coupé décolleté
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12 mai, 12h15
12 mai, 15h05
hollywoodienne ivresse
prend garde, aliénation !
mon je vidéodrome !
back to the future !
homélie dans leur tête
piquée de plumes roses
traversée d’oiseaux
je est un autre rouge-gorge
roule sur les mots dans un bruissement d’ailes
ma langue est un ruban un cygne
lorsque mes lèvres émettent le moindre doute
je m’en serais tenu au mépris d’oiseau mort
de la tête du corps qu’on dit parfois obscur
si les gouttes de leur propre crime n’avaient été bénies
le petit oiseau au-dessus de la corolle politique merdique
m’arracha quel cri esthétique je voudrais tant le rompre
la tête sous l’épais pilori à la croisée des crânes publiciblés
inconnue aux murs la momie
deux sceptres derrière la monture en fer
des secrets militaires une mort instantanée
le château ont pu lire les habitants était sombre
quelle main referma la porte
révélez le nom du coupable à la télévision
il/elle a les cheveux gris du lichen et de la poussière
il/elle se pourlèche les babines
il/elle est mièvre aime l’odorante fleurette
(dont jamais la douleur ne sera faite)
il/elle dégage un sentiment de calme
personne n’est jamais parvenu à éclaircir
la main de l’autre côté antre des fées
avec le sucre vanillé et le fauteuil de chêne
jeu : il m’arrive de me souvenir du passé
une petite mariée avec son bouquet square du Carrousel
je participais à un meurtre on lance des dés par porte
entrebâillée
des notes éparses un tiroir à secrets
un homme grimpa rapidement la volée de marches
volontiers m’endormir à jamais épais tapis de feuilles
le soleil se réfléchit dans la nuit hurlante
l’ennui a des nuances inachevées
le baiser de la mort fendu a la perfection
petite annonce : le locataire cet oiseau sordide ne vaut pas
l’inconnu
splendide gorge rouge cherche coupable
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un visage pâle cogne à la vitre pauvre idiote narcisse
rétorque une étrange coïncidence déjà au rang des souvenirs
chants de corbeaux impénétrables comme la mort
vous êtes seuls les ailes enfouies en l’ombre
je ne suis pas armé, sans me fouiller embrassons-nous
les recherches menées dans mes plis planent maintenant
sur la lande
glissant doucement dans la clinique coulées obliques et vos
cris cassez-les
Ce PDF a été réalisé par l’auteur
le 25 janvier 2015
www.cynthia3000.info/gregory-haleux
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