Éric Chauvin - Eric Chauvin
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Éric Chauvin - Eric Chauvin
Mise en scène Éric Chauvin Mariage haute couture Soirées privées, défilés, galas à l’Opéra… Ses compositions florales magnifient le décor. En une quinzaine d’années, ce fleuriste parisien est devenu le spécialiste des mises en scène éphémères. Avec une prédilection pour les mariages où s’exprime le mieux sa poésie. par éric jansen | photos : éric chauvin Il rentre de Saint-Jean-Cap-Ferrat où il a fleuri un mariage juif, avec houppa blanche composée de roses de jardin, d’hortensias, d’orchidées, de freesias et de jasmin. Les chaises en arc de cercle devant et la mer derrière… Pour le dîner, Éric Chauvin avait créé, au pied de l’escalier de la villa, une pergola de glycine qui semblait avoir toujours été là. Magicien de l’éphémère, ce fleuriste est devenu une star dans son domaine. Il est demandé aux quatre coins de la planète afin d’imaginer des décors de fleurs, ici pour un mariage, là pour un anniversaire ou un bal. Sa notoriété s’est faite très rapidement. En 2000, lorsqu’il ouvre sa première boutique rue Jean Nicot, il est vite remarqué par quelques femmes influentes du Tout-Paris. Elles s’appellent Bethy Lagardère, Maryvonne Pinault, Leila Menchari, Aude de Thuin. Elles adorent ses bouquets simples et généreux, ses fleurs qui semblent avoir été cueillies au jardin. Le look romantique du garçon colle parfaitement à son positionnement et participe à l’engouement. On le baptise “le petit prince des fleurs”. Ce début de notoriété s’accélère grâce à Françoise Dumas, grande ordonnatrice d’événements, qui le choisit pour fleurir les soirées mondaines de la capitale. Les maisons de mode lui emboîtent le pas : Hermès, Dior, Saint Laurent, Givenchy, Valentino tombent sous le charme. Il est rebaptisé “le fleuriste parisien de la couture”. En quelques années, on ne jure plus que par Éric Chauvin. Il faut dire qu’il a tout de suite choisi un positionnement haut de gamme, une qualité de fleurs que seuls de grands noms proposent à Paris, sauf que lui y ajoute délicatesse et poésie. Il démode avec grâce les compositions florales traditionnelles. “J’ai toujours cherché En bas : Détail d’une composition emblématique du style d’Eric Chauvin, généreuse et poétique, un mur de pivoines, de roses et d’orchidées au palais Corsini, à Florence. © 2013 New York Paris À droite : L’orangerie du château de Versailles métamorphosée le temps d’une soirée. © 2013 New York Paris à faire le plus naturel possible”, explique-t-il humblement. Mais progressivement, le jeune fleuriste va gagner en assurance et les projets qu’on lui commande aiguisent son audace. Dans la mode par exemple. Les décors qu’il réalise pour les défilés Dior font presque plus parler que les robes. Il tapisse entièrement les murs des cinq salons avec “un million de fleurs” ou bâtit une colline de delphiniums dans laquelle pénètrent les spectateurs. Beauté et démesure deviennent ses maîtres mots. Une profusion toutefois maîtrisée par un sens inné de l’élégance. “J’aime les choses abondantes, mais qui restent douces.” Quelques clients privés fortunés y sont également sensibles. Il habille ainsi d’or un palais viennois pour l’anniversaire d’une Russe. “Le challenge, c’était de ne pas faire kitsch…” Pour le dîner d’un grand collectionneur au Musée d’Art moderne de Paris, il compose “un damier de tables noires et blanches, rythmé par de grands érables, et comme centre de table un arrangement d’orchidées, de mousse et de lichen.” Avec les mariages, Éric Chauvin peut encore plus exprimer son talent. Les budgets sont alors souvent “presque” sans limite. Il organise ainsi un mariage indien de quatre jours à Florence, digne d’un conte de fées : “Il y avait des murs de roses de douze mètres de haut, des folies recouvertes de guirlandes de fleurs et pour le dais, j’ai fait coudre dix kilomètres de pétales de rose sur du fil de nylon…” À l’hôtel du Cap-Éden-Roc, privatisé par un couple russe, il rythme de vases Médicis garnis de roses, d’hortensias et de freesias blancs l’allée qui descend vers la piscine et transforme le restaurant en jardin. À l’Opéra Garnier, pour un mariage syrien, il habille entièrement le grand escalier d’une cascade d’orchidées blanches. Dans la chapelle de l’École des Beaux-Arts, il crée pour des Américains une En haut : Un temple de l’amour habillé de guirlandes de roses, de glycines, d’hortensias, d’orchidées et de bougainvilliers à Florence. Ci-contre : Au Grand Hôtel à Saint-Jean-CapFerrat, un spectaculaire plafond de glycine au-dessus d’étonnants centres de table parasols constitués de roses, d’hortensias et d’orchidées. Page de droite : Élégante composition blanche de roses, d’orchidées et de jasmin parfaitement en accord avec ce décor xviiie. Plus colorés, les bouquets de delphiniums et d’hydrangeas, pour ce déjeuner au bord de l’eau, dans l’Arsenal de Venise. En haut à droite : Fleuriste globe-trotteur, Éric Chauvin ne voyage jamais sans un bouquet de fleurs de pavot et d’eucalyptus dans son sac... 42 | dossier mariage © 2013 NEWYORKPARIS ambiance gothique, avec des centaines de bougies sur fond de dahlias noirs et d’arums rouges. À Istanbul, il change d’époque pour d’autres Américains qui souhaitent une ambiance “très Marie-Antoinette”, avec des guirlandes de feuillage piquées de petites roses poudrées et de fleurs de jasmin. Son savoir-faire en matière de mariage gagne même Monaco. Pour l’union du prince Albert II avec Charlene en juillet 2011, l’organisation est confiée à Françoise Dumas et le décor floral à Éric Chauvin. Si la cérémonie est aux couleurs de la Principauté, rouge et blanc, “classique chic”, le dîner permet plus de fantaisie. Le fleuriste imagine autour du thème de la mer des compositions d’hortensias bleus et blancs, qui viennent se glisser parmi des coquillages en argent appartenant au palais princier. “Il faut toujours raconter une histoire.” C’est le leitmotiv d’Éric Chauvin. Exemple avec ce dîner donné pour le Love Ball de Natalia Vodianova, à la Fondation Louis Vuitton. Au centre des tables se dressaient des bouleaux pour rappeler la Russie natale de la jeune femme… De la poésie encore et toujours. Son plus beau souvenir de mariage en est un merveilleux exemple : le 1er février 2014, Andrea Casiraghi et Tatiana Santo Domingo s’unissent dans la petite église de Rougemont. “J’avais installé au-dessus des mariés une tonnelle de glycine. À l’extérieur, l’auvent était couvert de roses, de jasmin, d’hellébores, et il s’est mis à neiger juste avant la cérémonie, c’était magique.” Pour le dîner, changement d’atmosphère : la salle des fêtes de Gstaad fut transformée en cabaret cubain, tapissé d’orchidées jaunes et vertes. “Chaque mariage est passionnant à mettre en scène car il faut être parfaitement en phase avec les mariés et leur famille. On véhicule leur image. Il faut les séduire, les faire rêver, et même si la démesure est là, ne jamais être ostentatoire. C’est un exercice difficile, mais passionnant. Cela stimule ma créativité.” Alors laissez-vous tenter. Éric Chauvin est le fleuriste du sur mesure, celui qui saura créer une atmosphère unique pour le plus beau jour de votre vie. www.ericchauvin.fr En haut : Magnifique tableau d’une table dressée sous la loggia du Trianon à Versailles. Ci-contre : Plus exotique, le décor de cette cérémonie organisée à Bali : le cœur est composé de guirlandes de jasmin odorant. 44 | dossier mariage