Voyage au bout du monde pour le milan noir mazérien

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Voyage au bout du monde pour le milan noir mazérien
Voyage au bout du monde pour le
milan noir mazérien
Publié le 07/05/2015 à 08:03
Environnement - Insolite
Quelques secondes avant l'envol du milan noir pour sa migration hivernale.
En juin, le Domaine des oiseaux a relâché un milan noir, soigné à Mazères.
Grâce à la balise Argos/GPS embarquée sur le dos du rapace, le domaine a pu
suivre sa migration hivernale. Un formidable voyage qui l'a mené de Mazères à la
Guinée, en passant par le Maroc, avant un retour au nid... en Suisse.
He's back ! Le milan noir remis sur pattes en juin dernier par le centre de soins du
Domaine des oiseaux de Mazères est de retour en Europe. Après une migration
hivernale de 14 000 km, le rapace niche désormais en Suisse, près du lac
Léman. Retour sur une envolée insolite, suivie pas à pas, grâce à un petit bijou
technologique développé par Xérius, une entreprise de Saint-Jean, près de
Toulouse.
«En juin, les chasseurs - avec qui le Domaine a une convention - nous ont
appelés, se souvient Pauline Vies, agent d'animation à Mazères. Ils venaient de
trouver un milan noir, caché sous un bosquet, près d'une ligne à haute tension».
Aussitôt, le rapace est transporté au centre de soins. «Nous l'avons examiné, il
était dénutri et parasité, mais pas blessé». Bien nourri, l'oiseau reprend vite de la
«plume» de la bête.
Et le Domaine des oiseaux a des plans de grande envergure pour lui… En mai, la
base de loisirs a été contactée par Xérius, une entreprise basée près de
Toulouse, qui développe des balises Argos, un système de localisation et de
collecte de données par satellite dédié à la surveillance environnementale. «Ils
souhaitaient installer leur prototype sur un oiseau migrateur, détaille Louis
Marette, maire de Mazères. Nous avions pensé à une cigogne, et le milan noir
s'est présenté».
Le 15 juillet, les équipes du Domaine des oiseaux et de Xérius sont sur le pont.
Afin de créer un harnais sur mesure pour fixer la balise de 18 grammes (qui
fonctionne à l'énergie solaire) sur le dos de l'animal, un spécialiste est venu de
Camargue. Équipé de son petit sac à dos à antenne, le milan noir déploie ses
ailes, et s'envole. Après quelques jours passés à proximité du domaine, afin de
prendre un peu ses marques. «Nous avions vu qu'il était près du col d'Aspet, se
rappelle Alain Périlhon, de la société Xérius. Quand nous sommes arrivés sur
place avec un collègue, il était parti.» Les conditions climatiques réunies, il a
profité des courants ascendants pour traverser les Pyrénées. Première escale en
Andalousie. Près d'une décharge… «Le milan noir est un rapace opportuniste,
explique Pauline Vies. Il mange des rongeurs, des serpents, il va souvent dans
les zones habitées. C'est son instinct qui le pousse vers la nourriture et le climat
qui lui convient». Quand il s'établit à un endroit, il quadrille la zone. Toutes les
trois semaines en moyenne, le Domaine des oiseaux reçoit de ses nouvelles. La
balise permet de connaître sa position GPS jusqu'à huit fois par jour, avec une
précision d'environ 100 mètres.
Vers le 3 août, il traverse le détroit de Gibraltar, et met le cap au Sud. En cinq
jours, il traverse le Maroc ; en dix, c'est toute la Mauritanie qu'il survole. Mi-août, il
est dans le ciel malien, à environ 80 km de Bamako. Au cours de son expédition,
il frôlera même la frontière de la Sierre Léone.
Mi-février, son horloge biologique lui indique qu'il est temps de reprendre la route
vers le Nord. Le 9 mars, il est en Guinée, le 23, au Maroc. Suivant peu ou prou le
même tracé, le voilà reparti en direction de l'Europe. «En cinq jours, il a parcouru
1 100 kilomètres !», s'émerveille Louis Marette. Les relevés du 7 avril indiquent
qu'il est au lac d'Annecy.
Depuis un mois, ses vols sont courts, resserrés sur une zone. Et sa balise émet
moins bien. «Sûrement parce qu'il niche, indique Pauline Vies. Il doit être perché
dans les arbres. À cause des branches, la balise alimentée par du photovoltaïque
voit moins le soleil». C'est donc en Suisse que le milan noir a provisoirement élu
domicile. Mais l'Ariège reste sur son trajet de migration. En juillet, si vous voyez
un milan noir dans le ciel mazérien, sachez le reconnaître...
Ch.D.
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http://www.ladepeche.fr/article/2015/05/07/2100532-voyage-au-bout-du-monde-pour-le-milannoir-mazerien