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6 Atelier d’écritures
6 Atelier d’écritures
une intuition où se rencontrent texte littéraire et projet
une invitation à François Bon et Guénaël Boutouillet
une échappée en forme d’ouverture à l’écriture
des textes écrits, échangés et déclamés
des silences concentrés
des imaginaires à partager
une bouffée d’air, d’échanges et d’enthousiasmes
une expérience commune à renouveler
Déroulement de l’atelier les 6 et 7 novembre 2014
www.tierslivre.net/ENSAN
Introduction par François Bon
Propositions d’écriture
Proposition d’écriture 1
d’après Valère Novarina
Proposition d’écriture 2
d’après Leslie Kaplan
Proposition d’écriture 3
d’après Claude Simon
Proposition d’écriture 4
d’après Gorges Perec
Proposition d’écriture 5
d’après Italo Calvino
Textes de l’atelier
casser les cloisons
Cloisons, murs porteurs, et si on avait besoin des architectes pour déplacer nos
propres catégories ? Ici, ceux qui pratiquent l’architecture vont marcher dans la
ville, interrogent aussi le paysage, et la dimension plastique de leur intervention.
Et cela ne concernerait pas la langue ?
De notre côté, récit et langage, le besoin est encore plus nettement exprimé :
longtemps que la littérature sait constituer en représentation ce que la ville ne
formule pas d’elle-même, en trouver les champs de force et ce que le déplacement
institué dans et par les formes de communauté modifie les modes de syntaxe.
C’est exemplaire dans ce que Balzac, de façon synchrone aux démolitions
hausmaniennes, puis Baudelaire, au temps des premiers passages avec fer et
verre, inventent pour poésie et roman.
Mais aujourd’hui, quand le monde en bascule semble ne plus avoir repère ? Quand
le modèle hausmanien, qui correspondait si bien à l’âge d’or du roman, nous laisse
sur le sable pour percevoir l’hyper-ville ?
Le défi, qu’il s’agissait ensemble de relever : la langue est commune, et lorsqu’on la
saisit par ses usages savants, on y entre avec la totalité de ce qu’on est. Ce que nous
apportons, côté écriture, c’est juste la définition de territoires assez précis pour
qu’on ne s’y comporte pas en amateur.
Alors les questions sont elles aussi communes. Les grands récits qui ont fondé
notre modernité ont bousculé les catégories de sujet, ont importé la cinétique
dans le récit, ont appris à se modeler selon la hauteur et la dispersion des villes.
Au terme de ces deux jours à changer notre regard, ce serait presque un regret :
quoi, on ferait cela une fois et puis plus ? Est-ce qu’un jour quelqu’un dira, chez
vous, que la langue peut aussi être travail, et qu’à faire ensemble ce travail on
peut formuler d’un peu plus près ce qui change à l’espace et à la communauté que
forme la ville ?
Deux jours ensemble, ce n’est pas la verticalité d’une transmission, et certainement
pas une visite guidée. On ouvre une fissure, on crée un tremblement, et puis on
y voyage ensemble – c’est improviser comme la musique peut le faire. J’avais
apporté non pas des modèles, mais des bifurcations, des textes de rupture. J’avais
ainsi dans mon sac les Villes invisibles d’Italo Calvino, pour découvrir que des
élèves, deux semaines plus tôt, avaient présenté le livre au groupe. Je supposais
Espèces d’espaces de Perec connu comme tout grand classique d’une discipline
lui échappe (et que le New York de Rem Koolhas interfère avec tout ce qui a surgi
de romans avec villes ces dernières décennies), mais n’est-ce pas pour travailler
ensemble qu’on a su attraper Perec par un autre angle, non pas en réalisant ses
exercices mais en imaginant ceux qui nous seraient nécessaires ?
Il y a quelques années, on appelait ça « écrire la ville ». Il y a la dérive inverse, de
considérer l’écriture uniquement lorsque mise au service de la finalité d’une
autre pratique. Mais on sait bien, pour la littérature comme pour l’architecture,
l’importance du geste libre. La difficulté n’est pas de construire un énoncé libre,
mais plutôt de savoir l’analyser dans le champ et l’histoire de sa propre discipline.
Alors on peut imposer sa propre rupture. Nous n’avons pas « écrit la ville », nous
avons écrit pour que l’invention de la ville, telle qu’elle s’établit dès le dessin de
l’architecte, sache dans l’univers de la langue sa propre continuité avec fables et
mythes, avec les enjeux d’une représentation qui ne peut s’affirmer telle – toujours
– que rétrospectivement. Comprendre l’inouï du monde par ces singularités
incontournables qui naissent de notre usage de la langue, et apprendre à les
identifier comme telles.
Le vieil art de la mémoire, celui par lequel se bâtissaient les épopées et les
fables, ou la tragédie, était intimement lié à sa propre description de l’espace
communautaire, et à comment il s’insérait en retour dans les rituels liés à cet
espace. La ville d’aujourd’hui cloisonne : la littérature ici, les bâtisseurs d’espace là.
Il se pourrait bien, au contraire, que l’urgence soit la même des deux côtés,
profération pour les uns, spatialisation pour les autres, si on souhaite l’affronter
elle, en tant que telle, la bascule du monde et sa part d’inconnu.
Ils étaient vraiment bien, ces deux jours, et la multiplicité des voix et des récits,
telle qu’on l’entendit soudre, balbutier, et parfois crier.
Et nous avions tous autrement l’espace dans la tête à leur terme.
Il était grand temps d’arrêter et de se séparer !
FB
1/ ere proposition d’après Valère Novarina
« Voyez » dit Jean « Soyez attentifs » ajouta Jacques « S’arrêtera-t-elle ? » demanda Pierre « Oui »
répondit Marie « L’arrêterons-nous ? » reprit Josette « Certainement pas » répliqua Anne « Continuons »
poursuivit Jean-Louis « Encore » répéta Mathieu « Jamais» rétorqua Véronique « Vive le Un » enchaîna
André « Pas assez près du centre » rectifia Claire « Rien à faire » constata Oscar « Et pourtant » protesta
Sonia « Taisez-vous » interrompit Lucienne « Je m’en vais » abrégea Bernard « Il est tard » réalisa
Jérémie «J’ai mal au pied» confia Armande; «Je vous aime» déclara Gabriel « Je ne sais pas quoi dire
» pensa Albertine « Venez vite » ordonna Maximin « Pas si vite » verdit Sébastien « Nous avons réussi
du premier coup » se vanta Ginette « C’est bien ça » opina Boulardieu «J’ose pas » bredouilla Gertrude
« Elles sont plus que mûres » signala Simon « Écartez-vous » mugit Alexis « Je vous en prie » supplia
Laure « Presque la même » nuança Yves « Sans aucun effort » crâna Honoré « Il est mignon » s’attendrit
Hortense « Sauf le bras » corrigea Marius «J’ai l’habitude » cabotina Clovis « Assez » s’irrita Agnès « Ah
ah » brama Joséphine « Vite » bondit Armand « Non et non » nia Zoé « Si » s’obstina Berthe …
La Chair de l’homme
Valère Novarina
Ici, les verbes d’action de la langue française forment une liste qui s’allonge, chaque verbe est englouti
dans une logorrhée accumulative et rythmique qui questionne, met en branle, explore, exténue,
magnifie l’oralité fondatrice de la langue. C’est cette idée de masse, de juxtaposition, d’accumulation
dans la Chair de l’Homme, qui intéresse François Bon. En quoi ce qui coule garde un sens.
Par l’énumération des noms des cours d’eau français de la Rosace des rivières, Novarina capte comme
Proust le pouvoir narrateur des noms propres et interroge la façon dont les noms géographiques
marquent les paysages, les territoires et la construction de la ville.
François Bon veut donc nous proposer un travail autobiographique qui s’appuie sur l’accumulation de
toponymies. Essayer de capter comment notre perception de la ville a été influencée par les noms qui
la composent et comment leur collision parfois fortuite peut créer du sens, des rythmes,de la beauté.
2/ème proposition d’après Leslie Kaplan
C’est un quartier sans proportions. Les murs, surtout, font
de l’effet. Grands murs profonds en pierre, leur chaleur.
Les rues sont juste suffisantes. On dirait des doublures.
Embryon de tunnel, petit bout cylindrique. Un pont.
Au-dessus, des petits nuages étouffants, une innocence.
Des arbres, une grille, et par terre, les eaux.
Le livre des ciels
Leslie Kaplan
Faire un zoom plastique, un arrêt sur image, un essai
descriptif de lieux périphériques. Utiliser des phrases
nominales sans verbe afin que l’image arrêtée soit plus
forte en sa présence. Réduire le texte à l’essentiel, comme
un flash, faire court.
3/ème proposition d’après Claude Simon
Au contraire des grandes villes d’Europe (Londres, Berlin, Paris...) qui, pour ainsi dire, se déchiquettent sur leur pourtour, s’effilochent, semblent éparpiller à leur périphérie des banlieues de
moins en moins denses, des morceaux de villes, comme un archipel d’îlots de plus en plus dispersés
s’égrenant à mesure qu’on s’éloigne du centre...
Par exemple à partir de la gare de l’Est, noté successivement : Hangars – Gare de marchandises
– Multitudes de voies – Entrepôts – HLM Poste d’aiguillage Terrains – vagues – Usines Pavillons
– Jardinets Gazomètres – Lignes à haute tension Pylônes Usines – Clôtures en plaques de
ciment Pavillons pierre meulière marron ou crépis gris- noir
Cimenterie – Linge rose qui sèche (gardien ?) Garage en briques : cour pleine d’autos à la casse
Fleuve vert – Péniches De nouveau pavillons, jardinets, vergers Voies qui s’entrecroisent (pont) se
dédoublent se rejoignent Plan incliné, remblai s’élevant, masquant Machines (bulldozers) peintes
en jaune Wagons de marchandises roses De nouveau vastes entrepôts – choses rouillées, carcasses
métalliques, caissons Terrain de sports Poteaux à croisillons couchés en désordre le long de la voie
Premier morceau de campagne – Bois mauve (de rares sapins vert noir) Parc – Perspective -–Château
en briques Sablières - Chantiers Décharge publique Cimetière de voitures entassées - Montagne
de carcasses moteurs enlevés Entrepôt de ferrailles (poutrelles) Sous-bois (taillis, hallier, tapis rose
de feuilles mortes) Montagnes de bidons cylindriques annelés multi- colores bleus jaunes verts
rouille Petit bois de nouveau Terre labourée (sous la pluie les versants des sillons lissés par le soc
luisants bleus (marne ?) Puis plus rien que la campagne: champs, haies, boqueteaux, etc.)
Claude Simon
Le Jardin des Plantes
Dans son roman La fille aux yeux d’or, Balzac applique un événement narratif à un coup de foudre,
à cette chose fugace qui veut pourtant tout dire. Georges Perec exprime son entrée dans Londres
au travers d’une succession d’anecdotes éphémères. Claude Simon nous livre une juxtaposition
parcellaire de détails qui nous emportent loin de Paris.
De quelle manière cette première traversée dans l’inconnu est-elle riche de sens ? Par rapport à une
vision globale, unifiant de Proust ou Châteaubriant, qu’apprend-on en traversant une ville ? Comment
ce qui est fugitif invente aussi une réalité qui ne serait pas perceptible autrement ? François Bon veut
nous faire travailler à partir de la contrainte d’une stricte radiale, de ce qui traverse, de ce que ça peut
raconter sur la ville en dépliant un trajet. Comment peut-on la réinventer ?
4/ème proposition d’après Gorges Perec
Observer la rue, de temps en temps, peut-être avec un souci un peu systématique.
S’appliquer. Prendre son temps.
Noter le lieu : la terrasse d’un café près du carrefour Bac-Saint-Germain
l’heure : sept heures du soir
la date : 15 mai 1973
le temps : beau fixe
Noter ce que l’on voit. Ce qui se passe de notable. Sait-on voir ce qui est notable ?
Y a-t-il quelque chose qui nous frappe ?
Rien ne nous frappe. Nous ne savons pas voir.
Il faut y aller plus doucement, presque bêtement. Se forcer à écrire ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui est le plus évident, le
plus commun, le plus terne.
La rue : essayer de décrire la rue, de quoi c’est fait, à quoi ça sert. Les gens dans les rues, les voitures. Quel genre de
voitures ? Les immeubles : noter qu’ils sont plutôt confortables, plutôt cossus ; distinguer les immeubles d’habitation
et les bâtiments officiels.
Les magasins. Que vend-on dans les magasins ? Il n’y a pas de magasin d’alimentation. Ah ! si, il y a une boulangerie. Se
demander où les gens du quartier font leur marché.
Les cafés. Combien y a-t-il de cafés ? Un, eux, trois, quatre. Pourquoi avoir choisi celui-là ? Parce qu’on le connaît,
parce qu’il est au soleil, parce que c’est un tabac. Les autres magasins : des antiquaires, habillement, hi-fi, etc. Ne pas
dire, ne pas écrire “etc.”. Se forcer à épuiser le sujet, même si ça a l’air grotesque, ou futile, ou stupide. On n’a encore
rien regardé, on n’a fait que repérer ce que l’on avait depuis longtemps repéré.
S’obliger à voir plus platement.
Déceler un rythme : le passage des voitures : les voitures arrivent par paquets parce que, plus haut ou plus bas dans la
rue, elles ont été arrêtées par des feux rouges.
Compter les voitures
Regarder les plaques des voitures […]
Lire ce qui est écrit dans la rue : colonnes Morris, kiosques à journaux, affiches, panneaux de circulation, graffiti,
prospectus jetés à terre, enseignes des magasins.
Georges Perec
« Observer la rue... » dans Espèces d’espaces
François Bon propose de travailler sur un catalogue d’actions qui permettraient de contempler, de percevoir,
de comprendre, de raconter la ville différemment. Quelles études singulières pourraient apporter de nouvelles
connaissances ? Quels protocoles proposeraient de nouveaux regards ? Quels projets impossibles feraient émerger
une poétique du quotidien ? Que demanderais-je de faire si j’avais le temps où si un autre le faisait à ma place ?
S’inspirer de Georges Perec qui redécouvre la rue pour redécouvrir nos territoires.
5/ème proposition d’après Italo Calvino
À Eudoxie, qui s’étend vers le haut et vers le bas,
avec des ruelles tortueuses, des escaliers, des
passages, des masures, on conserve un tapis dans
lequel tu peux contempler la véritable forme
de la ville. À première vue, rien ne paraît moins
ressembler à Eudoxie que le dessin du tapis, fait
de figures symétriques qui répètent leurs motifs le
long de lignes droites ou circulaires tressé à coups
d’aiguilles en couleurs éclatantes, dont tu peux
suivre la trame alternée tout le long de l’ouvrage.
Mais si tu t’arrêtes pour observer attentivement, tu
te persuades qu’à chaque point du tapis correspond
un point de la ville et que tout ce que contient la
ville est compris dans le dessin, les choses y étant
placées selon leurs rapports véritables, lesquels
échappent à ton oeil distrait par le va-et-vient,
le grouillement, la cohue. Toute la confusion
d’Eudoxie, les braiments des mulets, les taches
de noir de fumée, l’odeur de poisson, c’est ce qui
t’apparaît dans la vision partielle que tu en retiens ;
mais le tapis démontre qu’il existe un point à partir
duquel la ville laisse voir ses proportions véritables,
le schéma géométrique implicite à chacun de ses
moindres détails...
Italo Calvino
Les villes invisibles
Edition du Seuil, traduit de jean Thibaudeau, 1974
Inventer une ville, telle est la dernière proposition
d’écriture.
Pour chaque texte qui suit, le chiffre en indice dans le titre
renvoie à la proposition d’écriture correspondante.
Marrakech 3
Marrakech, la ‘’perle du sud’’, la ‘’ville rouge’’… Marrakech !
Je suis née à l’intérieur d’un poème, à l’intérieur de la ville
ocre, la ville qui surgit des sables…
Située au carrefour du Sahara et Haut Atlas, elle est divisée
en deux parties, la Médina et la ville nouvelle. D’un côté, Le
Guéliz constituant aujourd’hui le centre-ville commercial,
et l’Hivernage, concentrant les complexes hôteliers. Et
de l’autre, la cour des miracles avec un flot incessant
de visiteurs, des échoppes regorgeant de pacotille, de
couleurs, d’odeurs… L’immense place Jemaa-el-Fna et son
agitation de jour comme de nuit. Je me perds dans ses
souks colorés et bruyants, sans doute les plus riches, les
plus divers, les plus fascinants. Des cafés, des boutiques,
mille petits métiers s’y côtoient entre artisanat et bagou
des vendeurs de tout et de rien…
Et la périphérie, une périphérie en pleine mutation. Des
dizaines d’hôtels et de palais surgissant des terres.
Marrakech ! Un joyau serti dans l’écrin naturel que
constituent, non loin, les montagnes du Haut Atlas. Ce qui
me frappe d’abord dans le haut Atlas, c’est l’extraordinaire
beauté des paysages. Ensuite viennent l’hospitalité et la
sympathie des populations berbères.Un paysage composé
de sommets parfois enneigés et de vallées assez raides,
ces paysage qu’offrent cette région sont aussi riches que
variés, entre formation spectaculaires nées du chaos des
reliefs, aux plateaux et vallées cultivées par les habitants
qui peuplent ces lieux.
Imane Achraf
Détour mayennais 1
Né à Bonchamp-lès-Laval. Nom explicite. Enfin bon, Laval, lès Laval, plusieurs Lavals, Lavaux,
une région, la région de Laval. La ville, la grande ville du département ; la Mayenne. La Mayenne,
une rivière ? Quel nom de rivière ! Toponymie étrange, d’origine inconnue semble-t-il, perdu dans
l’ensemble des noms perdus. Mayenne ? Maille, mailler, sémantique mathématique, ingénierique,
topographique, géographique, hydrographique. Tiens ! Hydro, eau et rivière. Cours d’eau qui maille
le territoire, le draine, le nourrit, l’inonde, le creuse, l’éclate, le trace. Laval. En aval de la Mayenne
? Non, juste blottit au fond d’une vallée au bord de ses berges. Un aval, des hauteurs, des collines,
bocage vallonné. Mais Bonchamp dans tout cela ? Ce champ loin des prairies inondables, loin du
fond du vallon, relégué à des encablures de l’aval. Les Lavals. C’est juste un pays, une appartenance,
une servitude à la grande ville, la grosse ville, magnétique. Le Bon Champ, image campagnarde
idyllique, loin du tumulte urbain. C’est toute une histoire ce nom, la légende de la bourgade, dont
personne ne la conte, ne la connaît surtout. Un jour, dans une époque lointaine, enfin dates et
légendes ne s’entendent guère, un gars, un maçon, du moins un gars qui fût pris d’une soudaine
envie de bâtir, prit son marteau et sa truelle et s’en alla édifier l’œuvre de sa vie, une église à la gloire
de son Dieu. Mais ce dernier n’aimait pas son nouveau lieu de villégiature, un peu cocasse pour qui
a tout façonné chaque centimètre carré. Alors chaque nuit, vent et séisme ramenait le pauvre gars
à son travail du matin. Désespéré ou exaspéré, il cria à son dieu de le guider. Il balança de toute ses
forces son marteau, alors que la truelle me semble à première vue plus adéquate pour battre un
record de lancé. Cependant ne sous-estimons pas la puissance divine ! Car le marteau alla se planter
directement dans le champ que Dieu avait choisi. Le BON Champ ! Magnifique histoire. D’autant
plus que une certaine ruine, mystérieuse, d’EGLISE existe aux confins de Bonchamp, à la limite de
Forcé. Une ville obligée de rester au lieu non désiré. Cette ruine est maintenant une ferme avec son
nom, Cassine ou La Cassine. Bon. Un peu frustrant comme nom pour un lieu qui d’après la légende
est maudit. On aurait pu avoir plus éloquent.
Enfin de conte, le marteau n’atterrit jamais un milieu d’un des champs de Cormeré. Cormeré, un
autre lieu-dit, lequel où vivent mes parents, la ferme dans laquelle j’ai passé mon enfance avant de
translater à Nantes. Cormeré c’est un peu comme la Mayenne, ça inspire sans évoquer. Passons. Dieu
est toujours figurant dans l’histoire. Petite école privée. École Nazareth. Rien qui doit ressembler
à la Galilée. Juste un lieu où passe l’enfance. A vrai dire certaine partie de l’école ressemblait plus à
une crèche avec ses préaux ouverts à charpente de bois. Saint Jean-Baptiste de la Salle. Avesnière.
Privé. Peu de souvenir de rues. Petite bourgade, pas besoin de rue. Sauf rue de la Faux, rue du Maine
et c’est tout. Retour à Laval, Rue d’avesnière, rue huydouze, place du jet d’eau, place du 11 novembre,
le donjon ru du val de Mayenne, rue de la paix, conflictuelle.
Clement Bezier
La vie se fait à pied 1
Ça commence : Quartier Bellevue ; Beauvoir, Allée des
Coralli ; Périgny, Rue des Mimosas ; je ne m’en souviens
pas, seulement quelques flashs, quelques images qui
reviennent pas à pas. Famille.
Mestrejouan, grand changement. Plus de plage mais les
Pyrénées. Col du Tourmalet, Pourtalet, Col du Soulor,
Cirque de Gavarni, Plateau de Beille, au loin ils annoncent
la pluie, lorsque nous y sommes ils nous lancent des
défis. Mestrejouan, En Cornac, Chemin de Rieutord,
Rue Montagne, Cours du Midi, Cours des Halles, Rue de
L’Eglise, Rue Napoléon, Avenue Raymond Sommer, Ecole
Joseph Rey, tout un trajet. Quinze minutes à pied aller,
toutes ces années. Une multitude d’idées.
Rue Bourbon, le Fezensaguet, une seule année puis Lycée
Galilée ; Guérande, les marais, le retour des plages : Benoit,
de Riez, Cassard, Noirmoutier. Villate, Font Romeu,
approche d’un dess(e)in.
Nouvelle vie, rue de Strasbourg et Paul Bellamy. Amis,
avenir, amour. Quai François Mitterand, Pont Haudaudine,
Rue Gaston Veil, Quai Turenne, Cours des 50 Otages, Cours
Roosevelt, Cours…
Arthur Bocquier
2 bouts du monde 3
Le bout du monde, drôle d’endroit. Drôle de nom pour un
espace central. L’entrée du château du roi René. Angers.
Un belvédère sur La Maine. Une impasse physique qui
ne donne qu’a voir. Qui ne laissent qu’à rêver et observer.
Espérer. La ville inaccessible s’offre à nous. Elle est partout.
Tout autour. A 360°. Impossibilité d’y aller. Une esplanade
en surplomb. Un ravin de 30 m de hauteur. Le bout du
monde est en impasse. En promesse et espoir. Celui de la
Loire. Bouchemaine. La bouche dans laquelle se jette la
Maine. La Loire qui l’avale et s’en charge. Sans relâche.
Rejoindre La Loire.
Ma misérable condition humaine m’oblige à tourner le
dos à ce bout de monde. J’empreinterai la terre. Le roi
René m’a laissé des tracés. Des boulevards. La géographie
m’a légué des coteaux. Des pentes montantes à mesure
que je m’éloigne du bout du monde. La bourgeoisie du
quartier Lafayette me fait rentrer la tête dans les épaules.
Je presse le pas. Les rues sont vides. Les volets fermés. On
se couche tôt ici. On y dort sans doute beaucoup. Peut-être
plus qu’ailleurs. Bitume du trottoir. Absence de contact.
Absence de sol. Horizon bouché. Barré par le tuffeau.
Immuable pierre de taille.
Rapidement je rejoins la marge de la ville. Quartier
Roseraie. Rien n’y est rose. Les efforts politiques pour
revaloriser l’endroit sont visibles à l’oeil nu. Terrain de vie.
Terrain de sport. Terre plus proche. L’espace est plus large.
Prémices du fleuve ?
Les terres inondables. L’air de rien. Richesse du sol. Le pas
ralenti. Je retrouve un horizon. Les étendues maraîchères
traces une parallèle au fleuve. L’air de rien la géographie à
inversée la pente. Le coteau descend désormais.
Les saules et les oiseaux m’annonce la proximité de l’eau.
Je m’approche de Bouchemaine. Le chemin est de terre.
Parfois creux, parfois large, parfois juste pour se croiser.
Toujours plein. De bruissement, d’odeurs et de vie. Mes
pas dans ceux de Gracq je m’enfonce dans cette épaisseur.
mon corps est plus que jamais ligérien. Mes chaussures
s’enfoncent. C’est mou. tendre. presque liquide.
La pointe de Bouchemaine. Un belvédère sur La Loire. Une
impasse physique qui ne donne qu’a voir. Qui ne laissent
qu’à rêver et observer. Espérer. La Loire inaccessible s’offre
à nous. Elle est partout. Tout autour. Impossibilité d’y aller.
Une esplanade en surplomb. Un autre bout du monde.
Jérome Boisnault
Plus tôt à Chevaigné 1
Papillerie : avant que Chevaigné ne soit le nom d’un arbre
aux beaux noms de rues c’était un paysage, avec un tronc
Papillerie. Jamais trop su pourquoi Papillerie. Voyez par
en-dessus : il y avait la Papillerie, puis autour le village,
puis aux quatre coins du monde Betton en haut, Melesse à
droite, Saint-Sulpice à gauche, Montreuil en bas. Au centre
la Papillerie, avec au milieu l’arbre à papillon. L’arbre à
papillon sépare à l’époque les Chiron des Balcou dans la
rue de la Papillerie. D’un côté de la rue, d’un côté de l’arbre,
les Trois Hérons, la bâtisse mitoyenne que j’habitais. On
aimait bien ce nom, on savait pas d’où il venait non plus,
mais on était une fratrie de trois alors ça nous convenait. On
était trois hérons et en face, l’école Jules-Verne où on allait.
On avait juste à prendre le cartable et lacer les chaussures,
on prenait l’école Jules Verne. Jules Verne dans sa forme
nautique la moins romanesque, hublots sur crépis blanc.
Carrelage brillant, rampe glissante. Salle de motricité. Haut
pré-haut un peu sombre. Jules Verne a toujours habité les
lieux pourtant. Au moins sûrement après la kermesse du
début, thème maritime. Mon frère portait une énorme
étoile de mer en sac à dos, moi j’avais la longue queue d’un
poisson. On avait la chance de traverser et d’arriver au
portail blanc de Jules Verne, rue de la Papillerie, entrée
privilégiée pour son accès direct à la cour, pour les billes
perdues par d’autres, par nous secrètement récupérées.
Jules-Verne et ses Vestes-de-loup. Jules Vernes contre
Sainte-Thérése. Pas de pitié pour les privés. D’ailleurs
Sainte-Thérèse c’est un nom qui n’existe pas. L’école privée
n’avait pas de nom, pas moins de rue, d’adresse d’ailleurs,
elle était de l’autre côté de la cantine et du tourniquet,
espace de friction, terrain belliqueux. Peut-être que de
l’autre côté, pour eux Jules-Verne non plus n’avait plus de
nom. Juste un espace fortifié, un monde inconnu. Entre
ces deux forts d’apaches, le village des cow-boys : Place de
l’église, ancien Presbytère, Salle des Tilleuls, Crèche des
Korrigans, Monument aux morts.
Lorène Chiron
Rupture 1
Camille Flammarion, en haut d’une tour, dans les bras de
mon père, du soleil en noir et blanc.
Danton, tu es grand, fort...tu me tiens la main pour mes
premiers pas, je te chéris. Le pavillon DANS la rue Danton.
Le ventre. Le nid. Là où tout commence.
Notre Dame de Consolation porte bien son nom. Dans les
plis de sa robe l’odeur de l’enfance, les marronniers, les
effluves du repas qui s’annonce, la balle au prisonnier, un
amoureux, l’écriture, le goûter...goûter.
Faubourg Bannier...flot de voitures, un banc de carcasses
bruyantes. L’odeur du vinaigre. Acre. Mme Harent tient
la Quincaillerie, espèce en voie de disparition. Mémé a la
main sèche et chaude. Le grand faubourg se recroqueville.
Il tient tout entier chez eux. Faubourg Bannier et ton
parquet qui craque. Ton bruit de rasoir électrique.
Avenue Charles Péguy. On te doit bien une avenue puisque
t’es né là aussi mon pauvre. Tu m’offres un lieu. De ceux qui
marquent une vie. Une morsure.
Toujours Orléans. Les Ducs. Jeanne D’Arc. La Loire. Hors
les ans. Les choses s’écrivent ici même si on préférerait
que ce soit ailleurs. C’est là et puis c’est tout. Ta carapace
sur le dos. Lourde mais tu ne peux pas t’en défaire. Je me
secoue. Rue de la Rép, rue du Colombier, rue Royale, rue
d’Angleterre, place du Martroi, rue Eugène Vignat, venelle
Saint Vincent. Je m’ébroue. Ça colle. On se connait par
coeur. Un vieux couple qui ne peut plus se voir en peinture.
Mais bon il faut dire qu’on a été marié de force. C’est décidé
je te trompe avec Nantes. Chaussée de la Madeleine. Au 31.
Alexandra Debaque
Exercice pour un père 4
Tu pourrais compter ses doigts, ces veinures minuscules,
ces boudins mignons, qui t’arrivent à la phalange. Tu
pourrais déchiffrer ses yeux couleur non homologués, pas
encore stabilisés, comme on déchiffre le ciel d’automne.
Tu devrais le soupeser, voir sa fragilité, son départ dans un
monde trop fini pour toi, trop peu pour lui. Tu écouteras
sa voix, trouver toutes les fréquences à laquel il émet, tout
les sons, toutes les gammes, le mineur pleurant, le majeur
rieur. Voir les accords qu’il peut émouvoir. Le voir se
mouvoir, marquer tous les rythmes qu’il essaye, les hésitant,
les tombant, les réguliers, les mi-stable. Tu les marquerais
sur une feuille, celle de la vie, de sa vie , et de la tienne. Tu
lui parlerais tous les langages du monde, détachant les
syllabes du coeur, celle du cerveau, lui montrant qu’elles
sont liées. Tu compteras du bout des doigts les étoiles,
toutes une à une, les liant dans le ciel pour lui, tu lui décrira
dans un détail fractalien la beauté de voir Bételgeuse se
lever dans un fugasse rayon de galaxie. Tu lui conteras les
histoires de l’histoire, tu l’emmèneras ailleurs, en le faisant
rester là près de ta chaleur, de sa couverture au mille éclat
de sourire. Tu serreras sa main, comptant son pouls, le
mesurant, le comparant à ses petits pas , tu devras deviner
son regard, répondre à sa question avant qu’elle ne se pose.
Tu devras lui expliquer les possibles du chemin devant
lui, lui exposer l’après, le là-bas, le flou. Tu devras être là
tout le temps, chaque atomes, chaque secondes, chaque
minute, heure, mois, saison, année, orbite planétaire,
solaire, cosmologique pour sa vie. Tu devras inventer une
cosmogonie pour lui, une nouvelle mythologie, à base de
dieux, de pouvoir magique, de bon et de méchant.
David Delph
Protocole avant de mourir 4
Protocole pour faire une journée en marche arrière, de
prendre la ville à l’envers
Protocole pour faire en ville en une journée ce qu’on fait
en un mois
Protocole pour aller dans les lieux où on s’interdit d’aller
Protocole pour recenser l’invisible
Protocole pour échanger sa vie
Protocole avant de mourir
Protocole avant de mourir : dernier protocole, dernière
consigne.
Consigner le(s) lieu(x) dans ta ville que tu aimerais découvrir
avant de mourir, ton dernier lieu; choisir minutieusement
le lieu, un espace de la ville, immense ou minuscule, un
tout petit endroit que tu voudrais voir une dernière fois;
t’y rendre, désigner et cheminer vers le lieu où tu aimerais
mourir; trouver l’atmosphère que tu recherches, celle qui
t’accompagnera, qui fabriquera ton dernier souvenir, tes
dernières images de la ville. Choisiras-tu un plafond ou un
ciel ? Que feras-tu de ton corps ? Seras-tu debout, allongé,
immobile ? Choisiras-tu un espace public ? Un lieu secret
? Un lieu imaginaire ? Un lieu du haut, du bas, sous la
pluie, sous le soleil, seul ou à plusieurs. Tout noter. Noter
l’invisible, l’indicible. Ecrire ton état, ton corps, ton âme.
être nombreux Demeurer. Partir. S’épuiser vraiment.
Nathalie Duez
Sens 4
D’écrire, Décrire la ville. De manière non systématique.
Verrouiller son regard.
Fini l’hégémonie de l’œil ! Retrouver la puissance de
chaque sens isolé.
S’amputer de son sens premier. Préféré, surexploité, saturé.
Absence de vue. Le Goût, le Parfum, le Toucher…Déguster
la ville.
S’enivrer, s’écoeuré. Nausée.
Les images rétiniennes s’estompent et laissent place aux
espaces de l’odorat.
Redécouvrir la puissance d’un nez. Le parfum d’un
quartier, l’essence d’une rue.
Essayer d’imaginer, de réinventer de façon savoureuse et
généreuse.
Ajouter de la matière grasse.
A présent, goûter !
Pauline Dumoulin
Retour à pied 3
Le port, ses voiliers, ses palmiers et une ville illuminée.
La basilique, monumentale, s’élève avec cette montagne
rocheuse comme toile de fond. En ce lieu symbole de la
puissance napoléonienne, ces gens qui fêtent dignement.
La ruelle sombre du centre-ville. Petites maisons aux
encadrements de fenêtre marqués. Rose, jaune, vert et
pierre du pays. Charmant. Lumière à la fenêtre, la mamie
n’arrive pas à dormir.
Le point d’orgue, le rond point, l’énorme palmier rond, les
façades arrondies, ma tête qui tourne.
Les vieilles carrières, il faut les remonter dans la nuit noire.
Des maisonnettes, un vide, des maisonnettes, un gymnase,
des maisonnettes et derrière le port qui se dessine. Tiens le
capitaine s’en va.
Un stop, des immeubles des années 90, ils surplombent la
ville. Trois tours et ces anciennes maisons bourgeoises qui
les encerclent. Vieilles maisons de pierres faisant face à
l’Angleterre. Et pourtant, des parisiens.
Le carrefour, la boulangerie, le coiffeur, le G20, l’animalerie.
Le feu est vert, je trace ma route.
L’arrêt, oui l’arrêt de bus, mais l’arrêt de voitures, le stop et
le feu rouge. Et au fond, ces deux petites écoles érigées sur
une placette. Un square sablonneux disparaît derrière les
buissons où viennent promeneurs et chiens.
La cour, le jardin fleuri et cette habitation qui se tient là,
endormie. Les arbres exposent leur feuillage printanier.
A l’horizon, le soleil commence à se lever et les oiseaux
chanter.
Antoine Langevin
Commandant de Poli 1
Paris 89, chez les bonnes sœurs, Paris 15e, je suis là dans
cette rue, rue Olivier de Serre, sage ou pas sage, je ne sais
pas. Tout est flou. Papa, cuistot, papa cuit tout. Maman folie,
maman folle dit. Flots de paroles. Fléau.
Premier départ. 1991. Orléans, bords de Loire. Rue du
Commandant de Poli, 7ème étage, un parc, une perruche.
Tout se mélange, mille feux de couleurs, les ombres qui
déforment et les souvenirs. Au revoir Poli Commandant!
La Source, campus universitaire, Résidence Aristote,
comptable au CROUS. Première école, deux ans’ demi.
Accident, un matin, plus tôt. Tombe le tableau noir, visage
ouvert. Cicatrice et points de suture. Dans la cour, David,
l’amoureux. Premiers loups, premiers bisous.
Le lointain et l’histoire. Toujours la Loire. Nantes: il y a
papy, mamie Jeannette, les oncles, les tantes, les cousins,
les cousines. Géographie lointaine et trouble. Chapelle
Heulin mamie Thérèse, Vallet, Pornic, La Bernerie en Retz.
Rue Albert Barbier, HLM, le square. Dehors les enfants
crient, c’est nous. Dedans Macao perd ses poils ! CM2,
chemin retour de l’école je le fait seule. École primaire
Maxime Perrard, rue Saint-Marceau. Collège Etienne
Dolet, longue rue des Anguignis. Carnet de correspondance
et bagarres.
Lycée Charles Péguy, cours Victor Hugo. Arts plastiques,
Allemand, Amour de lycée. Berlin, deux mois. Zone
française. Hermsdorf. Des maisons et des Arbres. Taneshia,
Frieder et une tortue. Impasse des Camélias, première
maison. Papa, Claire. Choix du prénom : Marguerite, non
Louise. Six, six, six.
Grand départ. Maman brouillard. Nantes, rue du Chanoine
Poupard. École d’Archi. Bordée du Sens. Impasse des
enfants Nantais. Colocation. Nono, Momo. Soirée
Moustache, P 3000, Istanbul bouge ton boule. Beaucoup
d’enfants, jardins familiaux, soudain des voitures brûlent.
Cinéma des quatre Concordes.
Allers-retour et grand sommeil. La Beauce. Orléans,
venelle du Ponceau, rue du Colombier. Odeurs du café,
du thé. Rue Henri Duvillard, ancienne caserne. Rue de
la Tour, Loire sauvage. Hambourg, dix mois. Borgfelder
Strasse. Un nouveau fleuve, l’Elbe. Les portes conteneurs.
Couleurs nouvelles.
Gabrielle Levesque
Sacrosaint 1
Ecole Saint-Jean-Hulst
Quartier Notre Dame
Ecole Notre-Dame
rue de la Paroisse
Quartier Saint Louis
rue Saint Louis
College du Sacré Cœur
Lycée Notre-Dame du Grandchamp
Versailles
Rue Royale
Grand Trianon
Petit Trianon
Château de Versailles
Trianon Palace
Grandes Ecuries
boulevard de la reine
boulevard du roi
Haras de Jardy
Domaine de Madame Elizabeth
Les Grandes eaux de Versailles
La pièce d’eau des Suisses
Hameau de la Reine
Versailles
Ecole Lully
Mois Molière
rue du Jeu de Paume
rue des Etats Généraux
Ecole Lamartine
Place du marché
Gare des chantiers
rue du moulin
Versailles
– Tu viens d’où ?
– De Versailles
– Ah!
saille-Ver. on essaye de brouiller les pistes quoi
On s’y fait des copains quoi
Au milieu des Places d’armes et des volets bleus rois
Thomas Lonjon
Prochaine destination 3
Voilà les quais de gare, de la gare centrale. Une fois les
guichets passés, un grand couloir se présente à nous avec
quelques sorties sur la gauche, sur la gauche uniquement,
des « plateforma » comme ils disent. Elle ne sont pas bien
rangées, pas dans bon ordre. La plateforme 11 est avant la
plateforme numéro 1. Nous trouvons la notre et ce couloir
bétonné et carrelé, ce sous-sol froid s’efface en haut des
escaliers où l’atmosphère se fait plus réjouissante et
ensoleillée. D’autant que le train est là. Leurs trains n’ont
pas changé depuis 30 ans. Ça fait du bruit, ça grince. Le
marche pied est si haut qu’il faut impérativement se
cramponner à la poignée pour monter à bord du wagon.
Nous partons, le départ brusque du train provoque chez
tous les passagers un mouvement de tête, involontaire.
Dans le wagon, nous entendons très bien les mécanismes
de marche de la machine. Les trains et les rails sont vieux.
Elle se dirige vers nous, nous demande notre ticket et CLAC
! Un bruit revient en permanence. (tactactactactactac).
Défilent de part et d’autre, le cinéma, le marché. Tandis que
nous nous apprêtons à sortir de la ville, à traverser ce grand
fleuve, le train passe sur un pont métallique depuis lequel
on aperçoit la vieille ville et les vieux clochers à travers la
structure qui défile. Le bruit de la résonance infernale du
train s’arrête d’un coup car l’on passe à travers une partie
boisée. L’ambiance à l’intérieur du compartiment est
morose, personne ne parle ou alors très bas. Mais le bruit
répétitif que l’on entendait revient et brise ce silence.
(tactactactactactac). Là les arbres ne sont pas très hauts et
l’on aperçoit les cheminées des usines et autres entrepôts
situés le long de la voie ferrée. Des usines de fabrication
de briques mais aussi de métallurgie, des scieries aussi. Il
n’y a pas que des usines ici. Nakomapirtura, c’est l’annonce
du prochain arrêt. Le train s’arrête régulièrement pour
desservir des quartiers de la ville, quartiers dont on voit
les habitations et les immeubles décrépis, gris depuis la
fenêtre. (tactactactactactac). Depuis la fenêtre du wagon,
dans lequel il n’y a toujours pas un bruit, s’alterne alors un
jeu entre les usines et la foret de feuillus et de conifères qui
s’intensifie pour plus tard ne voir qu’elle depuis le wagon
qui devient plongée dans une ambiance verte, enfin plutôt
jaune, brune et verte. Là ! une maison en bois, en mauvais
état. La foret reprend le dessus s’assombrit et fait peur.
Mais la ! une autre maison sur la droite cette fois ci, en
meilleur état que la première mais bien plus petite. Rien
pendant quelques centaines de mètres. Les habitations
commencent à défiler tel un décor de théâtre. Des façades,
comme ça qui défilent. Nous nous enfonçons de plus en
plus dans cette foret dense. Ou allons nous déjà ?
Victoire Marchal
S’assoir 4
On s’assoit, toujours, partout, sur n’importe quoi, sur une
chaise, une chaise de Bertoia, pourquoi cette forme de
dossier, pourquoi cette matière, pourquoi ce quadrillage
métallique et froid dans ton dos, pourquoi ce coussinet
sous tes fesses. Mais regarde un peu, observe ces lieux qui
t’accueillent sans n’avoir rien demandé, ces matières que tu
écrases de ton poids. Et décris-les moi bon sang. Tu t’assois
sur un siège d’avion qui sent la transpiration de la peur de
son précédent occupant, sur un muret de pierre chauffé
par le soleil d’où quelques mauvaises herbes sortent, sur
ton canapé tout neuf en rentrant le soir chez toi, sur les
banquettes un peu dures du train, sur le fauteuil au tissus
vieilli chez ta grand-mère, sur ta serviette aux milliers de
petits grains de sable à la plage, sur les marches des escaliers
sals de cette place, sur ce banc public qui t’appartient
pour quelques instant et où tu manges ton sandwich. Il a
un accoudoir ce banc, en plein milieu, l’as tu remarqué ?
C’est pour empêcher les clochards d’y dormir. Tu trouves
ça normal ? Mais examine un peu, étudie, toise, considère,
remarque ces poufs, connus sous le nom de sacco, ces sacs
de tissus qui emprisonnent des particules de polystyrène
pour que tu puissent t’affaler dessus et qu’ils prennent
ta forme, dans n’importe quelle position. Quelle est la
couleur du tissu ? Et est-ce qu’elle a une importance après
tout ? Combien y a-t-il de petites boules de polystyrène làdedans ? Et ton poids, tu ne crois pas qu’il les écrase un peu
ces petites boules ? Et ce hamac dans lequel tu as dormi à
la belle étoile la nuit dernière. Tu t’en rappelles au moins ?
Etait-il confortable ? Comment était-il attaché ? Le tissu,
plutôt rigide ou souple ? Mais sois curieux un peu de tous
ces endroits qui t’accueillent. Les toilettes, les pavés, le
siège du confessionnal, l’assise dans ce bow-window, le
coussiège que t’as essayé, la chaise-longue, ou plutôt non
c’était un transat, un véritable transatlantique. Prends en
la dimension, rends-toi compte des formes qui sont prêtes
à t’accueillir.
Camille Merimèche
Landerneau – Brest (avec le TER) 3
Aire d’asphalte et gare traversante
Gare traversante et quai gravillonnés
Quais gravillonnés et départ vers l’Ouest
Tunnel
Tunnel et mur de soutènement
Mur de soutènement et grillage herbacé
Grillage herbacé et façade aveugle
Départ vers l’Ouest
Façade aveugle et façade ouverte
Façade ouverte et plage, port de plaisance, rade de Brest
Départ vers l’Ouest et quais herbacés
Rade de Brest et falaise habitée
Quais herbacés et façade graffée
Falaise habitée et rade de Brest
Façade graffée et gare routière
Rade de Brest et falaise
Gare routière et talus arborés éloignant les habitations
Falaise et voie express
Talus arborés éloignant les habitations et maisons Voie express et mur de soutènement herbacé
mitoyennes
Mur de soutènement herbacé et quais industriels
Maisons mitoyennes et talus arborés
Quais industriels et port de commerce
Talus arborés et vignes
Port de commerce et port de plaisance, base sous marine,
Vignes et vergers
rade de Brest
Vergers et orée du bois
Rade de Brest et mur de soutènement minéral
Orée du bois et champs, vase, rivière, vase, arbres, champs, Mur de soutènement minéral et rade de Brest, base sous
radar aérien, colline boisée
marine, presqu’île, océan
Colline boisée et orée du bois
Océan et quai de gare
Orée du bois et bois
Quai de gare et terminus
Bois et forêt
Forêt et La Forest
Terminus
La Foret et talus arborés éloignant les habitations
Talus arborés éloignant les habitations et orée du bois
Terminus et air iodé
Orée du bois et champs, vase, bras de mer, vase, arbres,
champs, colline boisée
Lisa Mingam
Colline boisée et orée du bois
Bois et forêt
Forêt et champs
Champs et ferme industrielle
Fermes industrielles et barricades limitant les industries
Barricades limitant les industries et mur de soutènement
Mur de soutènement et mur de soutènement
Mur de soutènement et tunnel
Être à la maison 3
Être à la maison,
klaxon, route, mouillée, et le vent qui siffle dans mes
oreilles, et le froid dans mes phalanges, et l’air à l’intérieur
Attention, que je ne me cogne pas. Descendre l’escalier, de mon cou, et les freins, et le rouge des voitures, et la
et arriver dans la cave. À chercher la lumière, et suivre fumée d’échappement, et la Loire, le Belem, le carrousel,
l’odeur de lessive. Ouvrir le portail, attention aux outils sur les quais.
le sol. La poussière me mort les narines. Le portail s’ouvre.
Lever mon vélo, détacher les pédales des rayons de celui de Publicité. Jack Daniels, a lot a honey in a… La nouvelle
mon pote. Et fermer le portail.
série de Canal, avec une famille. Feu ! les rails, et les pneus
de mon vélo, à faire attention pour ne pas qu’ils claquent
J’ecrase les feuilles mortes, et je ne tourne pas sur les et pousser pour passer le pont de la Madeleine, pousser,
plaques métalliques des réseaux électriques. Les passants dépasser les bouchons, croiser les véhicules et changer de
s’écartent, se collent aux maisons, sontent les marches des sens de circulation. face à face avec leur 20 chevaux, qui
frontons. Regarder le bout de la colline, l’arrêt du bus 52, me laissent place libre, qui sont bloqués par le feu.
les passants, qui attendent, et faire attention aux travaux,
qui percent les roues.
Architectes, architectes, architectes, école d’architecture,
bourgeoisie, bourgeoisie, pharmacie. Ceux qui nettoient
Faire attention à tout, ça perce les roues.
leur entrée, ceux qui prennent le vélo, ceux qui prennent le
scooter, et un container noir, qui placarde l’école des beaux
Descente, voie cyclable, griller les feux, griller les stops, arts, et le nouvel ilot d’habitation.
rétroviseurs, nids de poules, enrobé frais, flaques, bateaux
de trottoirs, froid dans les mains, pots d’échappements. Feu Gentrification.
rouge vite traversé. Au loin la perspective du boulevard
Guist’hau et tout de suite le ralentisseur blanc, gros. Passer aux pavés, pénétrer le grillage. Les cigarettes que
Dangereux. Passer devant les collégiens, qui fument, qui Michel me tend, des gitanes, elles sentent très fort, un peu
fument, qui parlent de clopes « hé, tu m’en dois une » « hé, comme Michel. Le journal, une blague que Michel me
t’as pas du feu » « hé, mon père m’les a piqué hier », tous les raconte, ses dents jaunes qui sourient. Répéter la même
jours, tous les midis.
chose. « t’es beau, t’es beau, t’es beau Enzo » Les bancs
sont pleins de gobelets, les couvercles des poubelles sont
Le feu, pour cycles, les voitures, les voitures, dans tous les noircis par les gitanes de Michel. Ça s’ouvre, l’air est plus
sens et toutes les directions, qui klaxonnent, qui hesitent. chaud, ça sent le café le papier et parfois un peu la bière.
Le trottoir, les poussettes, les passants qui se collent au mur. Les gens marchent ou sont assis.
Nids de poules, stop,
grillé,
Etre à la maison.
Enzo Miottini
Utopie 5
Quelle utopie ? L’utopie n’est elle pas en soit une chose
effrayante. L’utopie d’une ville rangée ? Normée ? L’utopie
d’une ville ? Ségrégative. La ville utopique, retour en
arrière ? Un bond en avant serait trop dangereux. Utopie
rime souvent avec futur. Mais utopie et futur font peur.
Une utopie de quoi ? D’égalité ? La ville (utopie) du futur
n’existe pas. Les inégalités irrattrapables. Les inégalités,
terrain de jeu des rois ? Les nouvelles formes de ville ne
seront pas les docteurs d’une société malade. Bedolina, Val
Camonica. Cette ville il y a plus de 10 000 ans qui répond à
l’ordre compliqué de Iona Friedman. Cette ville qui met à
bas la hiérarchisation des espaces. Une utopie, mon utopie.
Utopie oui. L’être humain pullule.
Edouard Moulin
La petite école 2
Le long d’un bras de la Vilaine, un faubourg Rennais,
cette rue calme. Quelques voitures garées, des gens
promenant leurs chiens. Un trottoir boueux. Sans bitume.
L’eau stagnante couverte de nénuphares, semble attendre
quelque chose. Une école se trouve en face. Un square y est
accolé. Une petite haie avec une grille en guise d’entrée.
Des jeux pour enfants. Des immeubles pour adultes.
Square étrange. Cour d’école ? Cours d’immeuble ?
Passage ? Que sais-je. Pour nous c’est la petite école. À vrai
dire il s’agit d’une crèche mais c’est notre façon de qualifier
cet espace. Quelques bancs, quelques jeux. Un parc à bébé
gigantesque cage rouge. Elle même enfermée dans une
cage rouge. 1% camouflé sans doute. Un banc autour duquel
les jeunes se fixent. Un deuxième si le groupe s’étoffe. Un
troisième même si l’un d’entre eux veut s’allonger. Tous
alignés, adossés à ces petits immeubles. Deux poubelles
entre les bancs. Une balançoire qui fait mal aux fesses. Un
petit mouton sur ressort, et un escargot un peu plus loin.
De l’autre côté, accolés à l’école, deux blocs de bétons
cubiques. On peut s’y assoir. Parfois les bancs trop humides
nous font migrer sur ces blocs. Une fenêtre entre les deux,
sans doute le dortoir de la crèche. Volets toujours clôts.
Le rebord de la fenêtre, nous sert d’étagère. Les canettes
ouvertes s’y accumulent. Ici la terre battue sableuse propre
à ces espaces hybrides est parsemée de mauvaises herbes
dans ce recoin du square. Les riverains passent à quelques
mètres. Nous saluent parfois. Mélange de discrétion et
jovialité dans nos réactions. Mégots, crachats et capsules se
répandent au sol. Bouteilles et canettes vides investissent
la poubelle de ce jardin d’enfants. Grands enfants.
Au fil des semaines, des mois, des années cet endroit
devient pour nous une évidence. Le théatre d’une
adolescence nocturne. Lieu discret et secret d’une ville
moyenne. Sa banalité melée à son exclusivité à nos yeux.
Nicolas Padovani
Coruña-Mera 3
La Coruña. L’été est commencé. On part de la centre
ville vers la peripherie. Un village proche, à 15 minutes
en voiture, appelé Mera. On laisse derrière les grands
bâtiments, les grands bâtiments ordonnés dans ses îles
d’habitation. Quinze étages qui te retirent la lumière, la
vision du ciel, de l’espace. Les rues pleines de voitures. Les
gens qui vont d’un côté sur l’autre rapide, très rapide. La
tension et le stress est présent dans l’ambiance.
On avançe par notre route. Plus et plus bâtiments. Un
parc ! Un petit parc avec les petits enfants en jouant rompt
cette sensation d’être si fermé ! Quelques petits arbustes
ont aidé à nous sentir plus libre. Mais autour de ce parc ils
continuent les bâtiments, les rues de magasins pleins de
gens à pied. On a la difficulté de réussir à sortir de là. On
continue, tout à coup la mer, le port, les bateaux, l’horizon,
mais encore la plage n’apparaît pas.
La nature est apparu.
En face du bleu de la mer, la totalité du vert arrivera. Des
arbres et plus d’arbres entourent notre route. Uniquement
de petites maisons se montrent entre le bois.
La route est vide.
Mais, un village ! Les petites maisons individuelles, le petit
commerce, les rues avec les arbres. Peut-être un ou deux
bâtiments collectives. Les gens se promènent dans les rues
tranquillement.
La fin du trajet est en train d’arriver. Il y a quelques villages
par la route, et finalement Mera ! On verra la plage depuis
l’entrée. La plage avec ses petites maisons typiques de
pierre et ses rues particulières rouges. Au loin le bois, avec
le phare en apparaissant au coin de la côte.
Ana de Ramos Alvarez
Port Mulon 2
C’est une étendue d’herbe, traversée de chemins de terre,
de la largeur d’un pas, comme des fils tendus. Entre, des
bosquets d’arbres hauts, grands pour qu’on s’y perdre.
Châtaigniers, surtout. Quand le sol penche, c’est qu’on
est près de l’eau. Les frondaisons plongent, comme pour
boire. À la rive ombragée, l’eau est tendue sous les pattes
des insectes, les reflets jaunes s’animent au passage d’un
bateau, ils remuent une odeur de terre humide et de limon.
Les criques d’ici n’existent que sur les cartes des enfants.
Théo Ripoche
De Bellecour à Vaulx-en-Velin 3
Bellecour. La place rouge, immense ; le souffle du vent
qui parcourt librement l’espace. Je m’engouffre dans la
rue de la République, imposante mais pourtant étroite en
comparaison.
Elle est longue, la République, longue à perte de vue. Je
perds mon regard dans les façades haussmanniennes qui
la bordent. Ces parures blanches aux fenêtres hautes se
disputent l’élégance ; elles ne parviennent pourtant pas à
se distinguer réellement les unes des autres.
L’espace se dilate, et laisse apparaître une esplanade
argentée. Au centre, un bassin animé de fontaines fait
souvent l’objet d’interventions artistiques ; pas aujourd’hui.
Les immeubles se resserrent. Je me laisse porter par le
courant humain qui fourmille en plein après midi. C’est
une rue commerçante, avant tout.
Soudain, je suis contrainte de m’arrêter : la rue piétonne
devient partagée, une voiture me coupe la route. Je dois
attendre mon tour avant de poursuivre ma traversée.
Le Palais de la Bourse me surplombe ; un gigantesque
objet architectural que l’on peut parfaitement confondre
dans l’homogénéité des autres façades. Il est superbe, mais
anonyme depuis cette rue.
La rue de la République s’évanouit dans un espace curieux,
qui est à la fois l’arrière de l’Hôtel de Ville de Lyon, et le
parvis de l’Opéra. Confortablement encadrée par ces deux
édifices, je les dépasse et me confronte au flux de véhicules
des quais du Rhône. Ici, le piéton n’est plus le maître.
Vert, je traverse. La route, puis le pont. Le long des berges
du fleuve, les immeubles se serrent et s’étirent pour se
rapprocher du ciel, sans s’apercevoir que ce mouvement
les emportent également vers le fond des eaux, au cours du
reflet qu’en dépeint un Rhône peu agité.
J’entrevois une plage entre les arbres au pied du quai ; je
me méprends sans doute.
Atterrir sur la place Foch, désagréable et arborée, procure
l’envie d’accélérer. Bientôt les véhicules s’apaiseront, et je
longerai le Parc de la Tête d’Or. Les terrasses des brasseries
et des grands restaurant m’appellent de leurs parfums et de
leurs sons, mais mon porte monnaie me retient.
L’anonymat d’une promenade dans le sixième
arrondissement est régulièrement secoué par le chant
des trains, annonçant leur entrée dans la ville. J’arrive à
Charpennes.
La place Charles Hernu, qui n’en est pas une, m’indique que
j’ai déjà quitté Lyon. Les grands immeubles post-modernes
qui l’entourent tentent désespérément plagier la noblesse
des quartiers du centre de la ville ; mais leur style ne leur
permet qu’une grâce fade, et dénonce le secteur tertiaire
qui les occupe.
Mac Donald’s, Kebabs, Subway… Une agence immobilière…
Un pub irlandais… Et viennent les Grattes-Ciel. Cette
œuvre monumentale du modernisme, qui constitue le
seul intérêt urbanistique de Villeurbanne, n’est qu’au bord
de mon chemin, alors je le poursuis sans observer plus
avant cette succession de bâtisses blanches et épurées qui
mènent au Théâtre National Populaire.
La route devient longue et monotone, mais je finis par
atteindre Laurent Bonnevay, ce plateau tournant sur
lequel se croisent hommes et femmes, esclaves de la
migration pendulaire. En début de soirée, ce plateau se
densifie de leur passage, alors je le contourne et traverse
une nouvelle fois le Rhône, sous une forme canalisée. Un
barrage, parallèle au pont que j’emprunte, prend les formes
d’un château. Il paraît qu’il a été conçu en reprenant les
proportions d’une bâtisse qu’a autrefois fait construire un
noble au bord de la Loire.
Et j’entre dans Vaulx-en-Velin. La notion d’une rue tenue
par de prestigieuses façades a totalement disparu, pour
laisser place à un tissu plus ou moins difforme. Un genre de
lotissement des années soixante vient se heurter à la rue,
en générant une pizzéria, un bureau de tabac, et constitue
un ersatz d’espace public.
Ma route se poursuit jusqu’au centre de la ville. De grands
immeubles refont surface, tiennent la rue, et une immense
esplanade de sable rouge, en réponse à la place Bellecour
sans doute, vient prendre place entre un centre culturel et
un planétarium à la forme atypique. La dernière tentative
de la ville de faire centre avant de s’évanouir pour de bon
dans les méandres de la banlieue.
Jeanne Tomasi
Dans la ville nomade 4
Dans la ville nomade, les voitures ont été remplacées par
des camélidés. Les repères et tracés urbains ne sont plus
les mêmes. Les routes se font plus diffuses, invisibles.
Elles se déplacent dans un espace-temps propre à la ville
nomade. Ici, les espaces où rester sont des archipels dans
une océan d’espace où aller. Chaque année les chameliers
des 4 coins du pays se réunissent pour vendre des millions
de têtes. Des tonnes de fourrages et de canne à sucre sont
mobilisées. Le même tonnage de bouses est produit. Des
milliards de mouches naissent pour l’occasion. Les jours
suivants, la bande noire d’asphalte que nous connaissions
autrefois renait sous forme d’un tapis noir qui se déplace
au gré de nos pas et qui nous rappelle que toutes les
routes sont possibles. La disparition des routes offre un
supplément de circulation. Les routes ne conduisent plus
seulement à des lieux, elles sont des lieux.
Olivier Tourame
Biopsie d’un lieu commun 4
Posé à côté. Juste à côté. Mais, de l’autre côté.
Mais non, rien. Silence.
Silence.
Les yeux ouverts, encore plus grands. Ça sens
et contresens. Et ça reflette. Grises, fumantes,
vomissantes, les entrailles !
En face, juste en face, la ville. Une ville.
Et pourtant, silence.
En face, juste en face, une autoroute. Un pont. Un
boulevard. Une rue. Rien à faire.
Regarder la frénésie, le tumulte, le désordre. Le
désordre bruyant de l’asphalte, du béton, de l’acier, du
grava. Ça entrechoque, ça cour, ça ruine. Et ça roule,
ça balance, ça singe.
Et pourtant, silence.
Ça frôle les murs, ça bouscule, ça agrippe, on le voit.
Aucune raison. Et peut-être même que ça souffle, ça
bourdonne, ça hurle, ça cogne. Au loin, imaginer les
hallalis !
Mais non, silence.
Là, juste là, et pourtant de l’autre côté. Regarder.
Etre regardé. Des femmes, des rats, des hommes, des
chiens. La marée. Des oiseaux, au dessus, juste au
dessus pourtant.
Tendre les oreilles sans rien déchiffrer. Imaginer.
Examiner. Inciser.
Silence.
La peur, là, devant les yeux. Penser à tourner la tête.
Tourner la tête. De mal en pis. Pire encore.
Retourner la tête, se cogner la tête, s’éclater la tête, se
payer les têtes, se fabriquer une tête.
Regarder à nouveau. Voir le silence. Ecouter le vide.
Ne rien voir.
Réciter l’espace.
Adam Pugliese
Des sous sols vers les colines de Kiev 3
Mon enfance j’ai passe dans les cours cote de la rue du Mykola Zakrevskii
(Миколи Закревського). Ce quartier créé dans les années 80 et forcément
connu par les motifs nationaux ukrainiens réalisés en mosaïque sur les
nombreuses façades des bâtiments. Chaque jour j’ai passé des dessins
complètement abstraits de mon logement dans une crèche juste à cote avec
les panneaux en esprit du réalisme soviétique. Ce entourage bien intense des
couleurs et ambiancés de l’époque URSS a changé quand j’ai passe a l’école
primaire, secondaire et tous les écoles possibles que on est obligé à faire de 7 a
18 ans au plein centre ville. Même plus c’était l’endroit où la ville de Kiev a pris
son début laquelle on appelé aussi Haute-Ville (Верхнє місто) le nom est lié
du relief dense et des nombreuses collines sur lesquelles se forme la ville. Donc
après les 7 ans de ma vie passe un peu plutôt en déconnexion avec les lieux
qui portent l’histoire riche je suis entièrement changé mon environnement
à Yaroslav Val rue (Ярославів Вал). Et je me suis jamais repartie de ce
entourage j’ai continué a découvrir la rue Reytarska (Рейторська) en passant
mon temps dans une studio artistique situé dans un des sous sols puis j’ai
remonté du sous dans l’appartement d’un peintre situe rue petit Zhitomir
(мала Житомирська). J’ai pu de grammpe plus haut encore quand j’ai
commence mes études en école des beaux arts et d’archi située sur le point
le plus haut de la ville de la place de Lviv (Львівська Площа) rue Smirnova
Lastochkina (Вулиця Смірнова Ласточкіа). Et cette attiration vers la ville
historique a poussé mes parents à déménager. Et voilà on est tous se rencontre
au croisement de Chervonoarmijska (Червоноармійська) et Saksaganskogo
( Саксаганського) dans la vallée entre les collines.
Dana Kosmina
Dans la ville nomade 4
L’Hermitain,
mon frère, ma sœur mes parents et moi.
Vie d’Hermite.
Personne d’autre.
Le grand père aux bonbons,
parfois.
Un étranger, bizarre, au langage patois.
Et le petit voisin.
Des batailles, des courses dans les champs,
des barrages sur le ruisseau.
des mains dans la terre, tout le temps.
Les couleurs dans les légumes, les fruits et
dans les fleurs, les odeurs…
L’Hermitain,
éteint aujourd’hui,
le petit voisin est mort
et l’Hermite est parti.
Claire Giron
AGITATIO 5
Dans cette ville les immeubles ont des roulettes. Les habitants peuvent choisir
de bouger leur maison à leur guise, en fonction des affinités, des besoins.
Certains habitants s’approchent du travail ou de l’école des enfants, la maison
reste là, le temps nécessaire. Quand la retraite arrive ou les enfants changent
d’école la maison est déplacée. Cette maison, en général, est la même durant
toute la vie des occupants. Seule l’emplacement change.
Pour les immeubles c’est différent, ils doivent tous se mettre d’accord pour
l’emplacement, pour l’orientation. En général les immeubles sont occupés par
des habitants ayant les mêmes désirs, les mêmes activités. Les écrivains suivent
la trace de la bibliothèque. Ce sont les pêcheurs qui bougent le plus, certains
sur l’eau en fonction des bancs de poissons, d’autres se déplacent sur la rive là
où la descente de la colline s’arrête.
Les administrations se déplacent par périodes, toutes les semaines en un
endroit différent. Ville en mouvement permanent, s’organise et se réorganise
en fonction des besoins et envies. Il faut la parcourir en permanence pour
trouver ce qu’on cherche, sa famille, une administration, une boutique. Les
repères sont éphémères. Impossible d’en faire une carte, les rues se modifient
constamment à Agitatio.
Andrea Czentorycky
Je te trompe avec Nantes 1
Camille Flammarion, en haut d’une tour, dans les bras de
mon père, du soleil en noir et blanc.
Danton, tu es grand, fort... tu me tiens la main pour mes
premiers pas, je te chéris. Le pavillon dans la rue Danton.
Le ventre. Le nid. Là où tout commence.
Notre Dame de Consolation porte bien son nom. Dans les
plis de sa robe l’odeur de l’enfance, les marronniers, les
effluves du repas qui s’annonce, la balle au prisonnier, un
amoureux, l’écriture, le goûter... goûter.
Faubourg Bannier... flot de voitures, un banc de carcasses
bruyantes. L’odeur du vinaigre. Acre. Mme Harent tient
la Quincaillerie, espèce en voie de disparition. Mémé a la
main sèche et chaude. Le grand faubourg se recroqueville.
Il tient tout entier chez eux. Faubourg Bannier et ton
parquet qui craque. Ton bruit de rasoir électrique.
Avenue Charles Péguy. On te doit bien une avenue puisque
t’es né là aussi mon pauvre. Tu m’offres un lieu. De ceux qui
marquent une vie. Une morsure.
Toujours Orléans. Les Ducs. Jeanne D’Arc. La Loire. Hors
les ans. Les choses s’écrivent ici même si on préférerait
que ce soit ailleurs. C’est là et puis c’est tout. Ta carapace
sur le dos. Lourde mais tu ne peux pas t’en défaire. Je me
secoue. Rue de la Rép, rue du Colombier, rue Royale, rue
d’Angleterre, place du Martroi, rue Eugène Vignat, venelle
Saint Vincent. Je m’ébroue. Ça colle. On se connait par
coeur. Un vieux couple qui ne peut plus se voir en peinture.
Mais bon il faut dire qu’on a été marié de force. C’est décidé
je te trompe avec Nantes. Chaussée de la Madeleine. Au 31.
Alexandra Dartigues
(Dec) rire la ville 3
Emprunter un chemin dans la ville. Celui qu’on fait tous les jours, par exemple.
Ou celui qu’on ne refera jamais. Prêter attention à tous les détails amusants
autour de soi, et qu’on ne voit pas en pressant le pas. Relever le drôle, l’insolite,
le cocasse, l’hilarant, le trivial, le grossier, le surprenant, le puéril, l’absurde,
l’incohérent, le bizarre, le décalé. Tous ce qui fait sourire, ce qui titille les
zygomatiques. Les accidents heureux ou malheureux, les erreurs de parcours,
les décalages, qu’ils soient meubles ou immeubles. Rire de la ville, et le décrire
précisément, d’abord pour soi, ensuite pour les autres. Puis, après avoir tant
observé, faire. Provoquer l’humour. Danser dans la rue, danser sans raison.
Courir comme un enfant, chanter sous la pluie, écrire sur les murs. Et regarder
les autres rire.
Hadrien Hartgers
Ville confuse 3
Les limites sont brouillées, effacées, troubles, flottantes,
indéterminées. Il n’y a pas vraiment de fin, ni de début
d’ailleurs. Où commence-t-elle? À la lisière de la forêt? Il
n’y a pas vraiment de lisière. D’un accord commun, la forêt
s’empare de la ville et la ville s’empare de la forêt. La fumée
des usines découd le dessin des façades. Les constructions
s’effacent dans le ciel. Les cheminées disparaissent. La ville
est brouillon. Les rues s’emmêlent sans logique. Quelle
logique?
Maguelonne Gorioux
Méandres 1
Inkermann Niort 1983 matin brumeux d’un jour de novembre 7H00. 3 jours pas
plus avant le transfert définitif (j’y suis revenu). La sablière au bord de la Sèvre
celle qui se jète dans la Loire. Au bord des fouilles. Les fouilles de la morinière,
de Formond, du guy, la fouille de Gilbert, de René, de Billaud. Au fil de l’eau au
fil du temps je grandis. J’apprends. Gardons, ablettes, Brèmes, carpes, sandres,
écrevices, perches, perches. Aventurier des berges je m’y accroche pour pas
tomber. Bournes, nasses, cordelles, tramail apprentissage de braconnier.
Arsène Lupin dans les roseaux je cambriole. Les cabanes sur pilotis c’est la
grosse activité du mercredi. Celle de Remy, celle de Michel, du vieux de Boutet.
Tant de risques de se mouiller pour un bouchon, un émerillon un misérable
moulinet. Le moulin de brau, le vieux lavoir, le pont de la ligne pas de rues pas
de numéro mais des repères. Peupliers, Frênes, Chênes, saules, pleureurs ou
pas. Je suis un imbécile heureux qui est né quelque part pas besoin de rue pas
besoin de numéro.
Maxime Soulard
Ville musée 5
Ici, dans cette ville musée, les habitants sont oubliés. Une
ville sans vie, reste-t-elle une ville ?
Elle est faite, créée, alimentée, par les allers, les retours des
voyageurs. Elle a été, et dorénavant elle restera figée.
Cette ville ne serait qu’un monde à part, un monde
renfermé, isolé. Mais avant la vie était présente, maintenant
ne reste que les retours au passé, à l’Histoire.
La vie se décentre, se périphérise, mettons les problèmes
de la ville ailleurs, la ville doit rester… propre. On laisse à la
ville le « beau », le puissant, le passé. Mais ceux qui y vivent,
eux dans la ville, n’aimeraient-ils pas que l’on pense à eux,
qu’il puisse recréer l’âme de la cité ?
La ville est rentable par son non-développement. Pauvres
habitants qui ont rendu vivante la ville pendant des
années, qui l’ont fondé, bâtit, enrichit et qui maintenant se
retrouvent à immigrer loin de leurs terres, de leur enfance.
Parce qu’on y vit plus ici, on la contemple juste, on la
visite, on la prend en photo, vu que l’image prône sur les
souvenirs.
La ville figée n’est qu’une idylle, une statue nous dévoilet-elle jamais la réelle essence de son modèle ? Ne rien
modifier, ne rien toucher, tout protéger, la ville ne devraitelle pas se renouveler pour exister ?
Solenne Plassart
Pamplone 3
En route depuis 9h. 800km dans les pieds. Quatre cassettes répétées à l’infini.
Manolo Tena, Spice girls, Backstreet boys et mon préféré : Dire Straits. Arrêt
chaque 2h, ou 2h30. Le soir. Pamplone ? La statue en bronze en fin de rue.
Pamplone. Ce bâtiment-là ? Ou l’autre à côté ? Une personne à la fenêtre du
cinquième étage. Salut abuelita. On est arrivées.
Patricia Marn Arraisa
Entre la terre et le ciel
Tokyo, c’est la ville la plus complexe au Japon
Groupe des énormes constructions
Particulièrement, les moyens de transports, ils se
croisent tout le temps
Sous notre tête
Train, il est pratique, il y en a plein, il se passe partout
à travers de Tokyo
Sous le sol, au sol, même dans un bâtiment, où les
trains roulent
Shibuya, c’est l’exemple représentatif précis
La station se situe au milieu d’un grand tour, les trains
rentrent dedans et en repartent.
Mais on est au sol sans que l’on s’en rende compte
Comme une bague
En étant secoué en haut, en bas, à gauche et droit,
le paysage change à la fois
Autoroute, cela nous permet d’aller n’import où
Cependant, Tokyo, c’est la ville la plus complexe au
Japon
Les autoroutes se croisent dans la ville, oui dans la
ville
avec des passerelles et les lignes de chemin de fer
Puis Ils partent de la centre en périphérie
Bien sur sous notre tête
Toujours sous notre tête
Les structures sont soulevées vers haut
Les accumulations couvrent le ciel
Avez-vous déjà vu le fond des constructions?
C’est la vue unique
5
天と地の間
東京、
日本で最も複雑な街
巨大な構造物の住処
とりわけ交通機関、いつでも交わる
それも頭上
電車、数多く便利
地下、地上、建物内でさえも走る
渋谷はまさに代表例
駅は高層ビルの中階、建物内から外へ
いつのまにか地上へ
まるで波
上下左右に揺られながら
道行く風景もまた、上下左右に揺られ
高速道路、
どこへでも導いてくれる
でも東京は複雑な街
高速道路は街中を交差し、郊外へ出る
高架、歩道橋とも交差する
もちろん頭上
常に頭上
構造物は上へと押し上げられる
その積層が天を覆う
建物を下から見たことはあるか?
それは特別な風景
Takeaki Sano
Biographie et parcours littéraire de François Bon
François Bon est né en 1953, en Vendée. Il a publié son premier livre Sortie d’usine,
aux éditions de Minuit en 1982. Il enseigne l’écriture à l’École nationale supérieure
d’arts de Paris-Cergy.
www.tierslivre.net
Sortie d’usine, roman - Minuit, 1982 - Nouvelle édition en 1985.
Limite, roman - Minuit, 1985.
Décor ciment, roman -Les éditions de Minuit, 1986.
Le Crime de Buzon, roman - Minuit, 1988.
La Folie Rabelais, essai - Minuit, 1990.
Calvaire des chiens, roman- Minuit, 1990.
L’Enterrement, récit - Verdier, 1991 - repris Folio 1994, réédition Folio 2004.
Temps machine, récit - Verdier, 1992.
Dans la ville invisible, roman - Gallimard Jeunesse, 1993.
Un fait divers, roman - Minuit, 1994.
C’était toute une vie, récit - Verdier, 1995.
Parking - Minuit, 1996.
30, rue de la Poste, roman - Seuil Jeunesse, 1996.
Voleurs de feu, Les vies singulières des poètes, récit - Hatier, 1996.
Impatience - Minuit, 1998.
Autoroute, roman - Seuil Jeunesse, 1998.
Dehors est la ville, essai sur Edward Hopper - Flohic, 1998.
Tous les mots sont adultes, méthode pour l’atelier d’écriture - Fayard, 2000 - nouvelle édition en 2005.
Paysage fer, récit - Verdier, 2000.
Pour Koltès, essai - Solitaires Intempestifs, 2000.
Mécanique, récit - Verdier, 2001.
Quatre avec le mort, théâtre - Verdier, 2002.
Rolling Stones, une biographie - Fayard, 2002.
Repris, Livre de Poche 2004.
Quoi faire de son chien mort, théâtre - Solitaires intempestifs, 2004.
Daewoo, roman - Fayard, 2004.
Billancourt, sur des photos d’Antoine Stéphani - Cercle d’art, 2004.
Petit Palais, sur des photos d’Antoine Stéphani - Cercle d’art, 2005.
Tumulte, roman - Fayard, 2006.
Bob Dylan, une biographie - Albin Michel, 2007.
Rock’n roll, un portrait de Led Zeppelin - Albin Michel, 2008.
L’Incendie du Hilton - Albin Michel, 2009.
Après le livre - Seuil et Publie.net, 2011
Autobiographie des objets- Seuil, 2012
Proust est une fiction - Seuil, 2013
Fragments du dedans - Grasset, 2014
Parcours littéraire de Guénaël Boutouillet
Auteur, formateur, médiateur web & criture.
www.materiaucomposite.wordpress.com
2013 Publication d’un texte intitulé Le numérique en atelier d’écriture : un
espace neuf où refonder des pratiques dans Culturenum : jeunesse, culture &
éducation dans la vague numérique
(Ouvrage coordonné par Hervé Le Crosnier, Cf éditions)
Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net – et de nombreux textes
sur ce site personnel, Matériau Composite.
Critiques littéraires pour la revue Encres de Loire
2012 Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net, Encres de Loire, Ce
qui secret, D’ici là. Critiques littéraires pour la revue Encres de Loire.
2011 Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net,
Encres de loire, Geste.
2010« Sarajevo« , texte sur des photographies d’Alexandre Chevallier,
éditionpublie.net, collection portfolio. Disponible à cette adresse.
Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net
2009 « La Politique par le sport », recueil collectif, dir. François Bégaudeau,
éditions Calmann-Levy ; « Écrivains en série », recueil collectif, dir. Emmanuel
Rabu, aux éditions Léo Scheer
Publication dans les revues Ce qui secret, Gare Maritime, remue.net
2008 Co-direction de l’ouvrage collectif « Conversations avec Henri Michaux »,
juillet 2008, éditions Cécile Defaut
Publication en revues : 303, Geste, Gare Maritime, remue.net
2007 Publication dans la revue Éponyme (et soirée de présentation publique
aux Herbiers) // Publication de textes dans le recueil Le sport par les gestes,
éditons Calmann-Levy (dir. François Bégaudeau et Xavier Delaporte)
Depuis 2009, membre du conseil d’administration de la revue Ce qui secret.
De 2006 à 2011, membre du Comité artistique-Conseil d’administration de la
Maison de la Poésie de Nantes.
Depuis 2003, membre du comité de rédaction de remue.net,
site d’information et de création littéraire.