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6 Atelier d’écritures 6 Atelier d’écritures une intuition où se rencontrent texte littéraire et projet une invitation à François Bon et Guénaël Boutouillet une échappée en forme d’ouverture à l’écriture des textes écrits, échangés et déclamés des silences concentrés des imaginaires à partager une bouffée d’air, d’échanges et d’enthousiasmes une expérience commune à renouveler Déroulement de l’atelier les 6 et 7 novembre 2014 www.tierslivre.net/ENSAN Introduction par François Bon Propositions d’écriture Proposition d’écriture 1 d’après Valère Novarina Proposition d’écriture 2 d’après Leslie Kaplan Proposition d’écriture 3 d’après Claude Simon Proposition d’écriture 4 d’après Gorges Perec Proposition d’écriture 5 d’après Italo Calvino Textes de l’atelier casser les cloisons Cloisons, murs porteurs, et si on avait besoin des architectes pour déplacer nos propres catégories ? Ici, ceux qui pratiquent l’architecture vont marcher dans la ville, interrogent aussi le paysage, et la dimension plastique de leur intervention. Et cela ne concernerait pas la langue ? De notre côté, récit et langage, le besoin est encore plus nettement exprimé : longtemps que la littérature sait constituer en représentation ce que la ville ne formule pas d’elle-même, en trouver les champs de force et ce que le déplacement institué dans et par les formes de communauté modifie les modes de syntaxe. C’est exemplaire dans ce que Balzac, de façon synchrone aux démolitions hausmaniennes, puis Baudelaire, au temps des premiers passages avec fer et verre, inventent pour poésie et roman. Mais aujourd’hui, quand le monde en bascule semble ne plus avoir repère ? Quand le modèle hausmanien, qui correspondait si bien à l’âge d’or du roman, nous laisse sur le sable pour percevoir l’hyper-ville ? Le défi, qu’il s’agissait ensemble de relever : la langue est commune, et lorsqu’on la saisit par ses usages savants, on y entre avec la totalité de ce qu’on est. Ce que nous apportons, côté écriture, c’est juste la définition de territoires assez précis pour qu’on ne s’y comporte pas en amateur. Alors les questions sont elles aussi communes. Les grands récits qui ont fondé notre modernité ont bousculé les catégories de sujet, ont importé la cinétique dans le récit, ont appris à se modeler selon la hauteur et la dispersion des villes. Au terme de ces deux jours à changer notre regard, ce serait presque un regret : quoi, on ferait cela une fois et puis plus ? Est-ce qu’un jour quelqu’un dira, chez vous, que la langue peut aussi être travail, et qu’à faire ensemble ce travail on peut formuler d’un peu plus près ce qui change à l’espace et à la communauté que forme la ville ? Deux jours ensemble, ce n’est pas la verticalité d’une transmission, et certainement pas une visite guidée. On ouvre une fissure, on crée un tremblement, et puis on y voyage ensemble – c’est improviser comme la musique peut le faire. J’avais apporté non pas des modèles, mais des bifurcations, des textes de rupture. J’avais ainsi dans mon sac les Villes invisibles d’Italo Calvino, pour découvrir que des élèves, deux semaines plus tôt, avaient présenté le livre au groupe. Je supposais Espèces d’espaces de Perec connu comme tout grand classique d’une discipline lui échappe (et que le New York de Rem Koolhas interfère avec tout ce qui a surgi de romans avec villes ces dernières décennies), mais n’est-ce pas pour travailler ensemble qu’on a su attraper Perec par un autre angle, non pas en réalisant ses exercices mais en imaginant ceux qui nous seraient nécessaires ? Il y a quelques années, on appelait ça « écrire la ville ». Il y a la dérive inverse, de considérer l’écriture uniquement lorsque mise au service de la finalité d’une autre pratique. Mais on sait bien, pour la littérature comme pour l’architecture, l’importance du geste libre. La difficulté n’est pas de construire un énoncé libre, mais plutôt de savoir l’analyser dans le champ et l’histoire de sa propre discipline. Alors on peut imposer sa propre rupture. Nous n’avons pas « écrit la ville », nous avons écrit pour que l’invention de la ville, telle qu’elle s’établit dès le dessin de l’architecte, sache dans l’univers de la langue sa propre continuité avec fables et mythes, avec les enjeux d’une représentation qui ne peut s’affirmer telle – toujours – que rétrospectivement. Comprendre l’inouï du monde par ces singularités incontournables qui naissent de notre usage de la langue, et apprendre à les identifier comme telles. Le vieil art de la mémoire, celui par lequel se bâtissaient les épopées et les fables, ou la tragédie, était intimement lié à sa propre description de l’espace communautaire, et à comment il s’insérait en retour dans les rituels liés à cet espace. La ville d’aujourd’hui cloisonne : la littérature ici, les bâtisseurs d’espace là. Il se pourrait bien, au contraire, que l’urgence soit la même des deux côtés, profération pour les uns, spatialisation pour les autres, si on souhaite l’affronter elle, en tant que telle, la bascule du monde et sa part d’inconnu. Ils étaient vraiment bien, ces deux jours, et la multiplicité des voix et des récits, telle qu’on l’entendit soudre, balbutier, et parfois crier. Et nous avions tous autrement l’espace dans la tête à leur terme. Il était grand temps d’arrêter et de se séparer ! FB 1/ ere proposition d’après Valère Novarina « Voyez » dit Jean « Soyez attentifs » ajouta Jacques « S’arrêtera-t-elle ? » demanda Pierre « Oui » répondit Marie « L’arrêterons-nous ? » reprit Josette « Certainement pas » répliqua Anne « Continuons » poursuivit Jean-Louis « Encore » répéta Mathieu « Jamais» rétorqua Véronique « Vive le Un » enchaîna André « Pas assez près du centre » rectifia Claire « Rien à faire » constata Oscar « Et pourtant » protesta Sonia « Taisez-vous » interrompit Lucienne « Je m’en vais » abrégea Bernard « Il est tard » réalisa Jérémie «J’ai mal au pied» confia Armande; «Je vous aime» déclara Gabriel « Je ne sais pas quoi dire » pensa Albertine « Venez vite » ordonna Maximin « Pas si vite » verdit Sébastien « Nous avons réussi du premier coup » se vanta Ginette « C’est bien ça » opina Boulardieu «J’ose pas » bredouilla Gertrude « Elles sont plus que mûres » signala Simon « Écartez-vous » mugit Alexis « Je vous en prie » supplia Laure « Presque la même » nuança Yves « Sans aucun effort » crâna Honoré « Il est mignon » s’attendrit Hortense « Sauf le bras » corrigea Marius «J’ai l’habitude » cabotina Clovis « Assez » s’irrita Agnès « Ah ah » brama Joséphine « Vite » bondit Armand « Non et non » nia Zoé « Si » s’obstina Berthe … La Chair de l’homme Valère Novarina Ici, les verbes d’action de la langue française forment une liste qui s’allonge, chaque verbe est englouti dans une logorrhée accumulative et rythmique qui questionne, met en branle, explore, exténue, magnifie l’oralité fondatrice de la langue. C’est cette idée de masse, de juxtaposition, d’accumulation dans la Chair de l’Homme, qui intéresse François Bon. En quoi ce qui coule garde un sens. Par l’énumération des noms des cours d’eau français de la Rosace des rivières, Novarina capte comme Proust le pouvoir narrateur des noms propres et interroge la façon dont les noms géographiques marquent les paysages, les territoires et la construction de la ville. François Bon veut donc nous proposer un travail autobiographique qui s’appuie sur l’accumulation de toponymies. Essayer de capter comment notre perception de la ville a été influencée par les noms qui la composent et comment leur collision parfois fortuite peut créer du sens, des rythmes,de la beauté. 2/ème proposition d’après Leslie Kaplan C’est un quartier sans proportions. Les murs, surtout, font de l’effet. Grands murs profonds en pierre, leur chaleur. Les rues sont juste suffisantes. On dirait des doublures. Embryon de tunnel, petit bout cylindrique. Un pont. Au-dessus, des petits nuages étouffants, une innocence. Des arbres, une grille, et par terre, les eaux. Le livre des ciels Leslie Kaplan Faire un zoom plastique, un arrêt sur image, un essai descriptif de lieux périphériques. Utiliser des phrases nominales sans verbe afin que l’image arrêtée soit plus forte en sa présence. Réduire le texte à l’essentiel, comme un flash, faire court. 3/ème proposition d’après Claude Simon Au contraire des grandes villes d’Europe (Londres, Berlin, Paris...) qui, pour ainsi dire, se déchiquettent sur leur pourtour, s’effilochent, semblent éparpiller à leur périphérie des banlieues de moins en moins denses, des morceaux de villes, comme un archipel d’îlots de plus en plus dispersés s’égrenant à mesure qu’on s’éloigne du centre... Par exemple à partir de la gare de l’Est, noté successivement : Hangars – Gare de marchandises – Multitudes de voies – Entrepôts – HLM Poste d’aiguillage Terrains – vagues – Usines Pavillons – Jardinets Gazomètres – Lignes à haute tension Pylônes Usines – Clôtures en plaques de ciment Pavillons pierre meulière marron ou crépis gris- noir Cimenterie – Linge rose qui sèche (gardien ?) Garage en briques : cour pleine d’autos à la casse Fleuve vert – Péniches De nouveau pavillons, jardinets, vergers Voies qui s’entrecroisent (pont) se dédoublent se rejoignent Plan incliné, remblai s’élevant, masquant Machines (bulldozers) peintes en jaune Wagons de marchandises roses De nouveau vastes entrepôts – choses rouillées, carcasses métalliques, caissons Terrain de sports Poteaux à croisillons couchés en désordre le long de la voie Premier morceau de campagne – Bois mauve (de rares sapins vert noir) Parc – Perspective -–Château en briques Sablières - Chantiers Décharge publique Cimetière de voitures entassées - Montagne de carcasses moteurs enlevés Entrepôt de ferrailles (poutrelles) Sous-bois (taillis, hallier, tapis rose de feuilles mortes) Montagnes de bidons cylindriques annelés multi- colores bleus jaunes verts rouille Petit bois de nouveau Terre labourée (sous la pluie les versants des sillons lissés par le soc luisants bleus (marne ?) Puis plus rien que la campagne: champs, haies, boqueteaux, etc.) Claude Simon Le Jardin des Plantes Dans son roman La fille aux yeux d’or, Balzac applique un événement narratif à un coup de foudre, à cette chose fugace qui veut pourtant tout dire. Georges Perec exprime son entrée dans Londres au travers d’une succession d’anecdotes éphémères. Claude Simon nous livre une juxtaposition parcellaire de détails qui nous emportent loin de Paris. De quelle manière cette première traversée dans l’inconnu est-elle riche de sens ? Par rapport à une vision globale, unifiant de Proust ou Châteaubriant, qu’apprend-on en traversant une ville ? Comment ce qui est fugitif invente aussi une réalité qui ne serait pas perceptible autrement ? François Bon veut nous faire travailler à partir de la contrainte d’une stricte radiale, de ce qui traverse, de ce que ça peut raconter sur la ville en dépliant un trajet. Comment peut-on la réinventer ? 4/ème proposition d’après Gorges Perec Observer la rue, de temps en temps, peut-être avec un souci un peu systématique. S’appliquer. Prendre son temps. Noter le lieu : la terrasse d’un café près du carrefour Bac-Saint-Germain l’heure : sept heures du soir la date : 15 mai 1973 le temps : beau fixe Noter ce que l’on voit. Ce qui se passe de notable. Sait-on voir ce qui est notable ? Y a-t-il quelque chose qui nous frappe ? Rien ne nous frappe. Nous ne savons pas voir. Il faut y aller plus doucement, presque bêtement. Se forcer à écrire ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui est le plus évident, le plus commun, le plus terne. La rue : essayer de décrire la rue, de quoi c’est fait, à quoi ça sert. Les gens dans les rues, les voitures. Quel genre de voitures ? Les immeubles : noter qu’ils sont plutôt confortables, plutôt cossus ; distinguer les immeubles d’habitation et les bâtiments officiels. Les magasins. Que vend-on dans les magasins ? Il n’y a pas de magasin d’alimentation. Ah ! si, il y a une boulangerie. Se demander où les gens du quartier font leur marché. Les cafés. Combien y a-t-il de cafés ? Un, eux, trois, quatre. Pourquoi avoir choisi celui-là ? Parce qu’on le connaît, parce qu’il est au soleil, parce que c’est un tabac. Les autres magasins : des antiquaires, habillement, hi-fi, etc. Ne pas dire, ne pas écrire “etc.”. Se forcer à épuiser le sujet, même si ça a l’air grotesque, ou futile, ou stupide. On n’a encore rien regardé, on n’a fait que repérer ce que l’on avait depuis longtemps repéré. S’obliger à voir plus platement. Déceler un rythme : le passage des voitures : les voitures arrivent par paquets parce que, plus haut ou plus bas dans la rue, elles ont été arrêtées par des feux rouges. Compter les voitures Regarder les plaques des voitures […] Lire ce qui est écrit dans la rue : colonnes Morris, kiosques à journaux, affiches, panneaux de circulation, graffiti, prospectus jetés à terre, enseignes des magasins. Georges Perec « Observer la rue... » dans Espèces d’espaces François Bon propose de travailler sur un catalogue d’actions qui permettraient de contempler, de percevoir, de comprendre, de raconter la ville différemment. Quelles études singulières pourraient apporter de nouvelles connaissances ? Quels protocoles proposeraient de nouveaux regards ? Quels projets impossibles feraient émerger une poétique du quotidien ? Que demanderais-je de faire si j’avais le temps où si un autre le faisait à ma place ? S’inspirer de Georges Perec qui redécouvre la rue pour redécouvrir nos territoires. 5/ème proposition d’après Italo Calvino À Eudoxie, qui s’étend vers le haut et vers le bas, avec des ruelles tortueuses, des escaliers, des passages, des masures, on conserve un tapis dans lequel tu peux contempler la véritable forme de la ville. À première vue, rien ne paraît moins ressembler à Eudoxie que le dessin du tapis, fait de figures symétriques qui répètent leurs motifs le long de lignes droites ou circulaires tressé à coups d’aiguilles en couleurs éclatantes, dont tu peux suivre la trame alternée tout le long de l’ouvrage. Mais si tu t’arrêtes pour observer attentivement, tu te persuades qu’à chaque point du tapis correspond un point de la ville et que tout ce que contient la ville est compris dans le dessin, les choses y étant placées selon leurs rapports véritables, lesquels échappent à ton oeil distrait par le va-et-vient, le grouillement, la cohue. Toute la confusion d’Eudoxie, les braiments des mulets, les taches de noir de fumée, l’odeur de poisson, c’est ce qui t’apparaît dans la vision partielle que tu en retiens ; mais le tapis démontre qu’il existe un point à partir duquel la ville laisse voir ses proportions véritables, le schéma géométrique implicite à chacun de ses moindres détails... Italo Calvino Les villes invisibles Edition du Seuil, traduit de jean Thibaudeau, 1974 Inventer une ville, telle est la dernière proposition d’écriture. Pour chaque texte qui suit, le chiffre en indice dans le titre renvoie à la proposition d’écriture correspondante. Marrakech 3 Marrakech, la ‘’perle du sud’’, la ‘’ville rouge’’… Marrakech ! Je suis née à l’intérieur d’un poème, à l’intérieur de la ville ocre, la ville qui surgit des sables… Située au carrefour du Sahara et Haut Atlas, elle est divisée en deux parties, la Médina et la ville nouvelle. D’un côté, Le Guéliz constituant aujourd’hui le centre-ville commercial, et l’Hivernage, concentrant les complexes hôteliers. Et de l’autre, la cour des miracles avec un flot incessant de visiteurs, des échoppes regorgeant de pacotille, de couleurs, d’odeurs… L’immense place Jemaa-el-Fna et son agitation de jour comme de nuit. Je me perds dans ses souks colorés et bruyants, sans doute les plus riches, les plus divers, les plus fascinants. Des cafés, des boutiques, mille petits métiers s’y côtoient entre artisanat et bagou des vendeurs de tout et de rien… Et la périphérie, une périphérie en pleine mutation. Des dizaines d’hôtels et de palais surgissant des terres. Marrakech ! Un joyau serti dans l’écrin naturel que constituent, non loin, les montagnes du Haut Atlas. Ce qui me frappe d’abord dans le haut Atlas, c’est l’extraordinaire beauté des paysages. Ensuite viennent l’hospitalité et la sympathie des populations berbères.Un paysage composé de sommets parfois enneigés et de vallées assez raides, ces paysage qu’offrent cette région sont aussi riches que variés, entre formation spectaculaires nées du chaos des reliefs, aux plateaux et vallées cultivées par les habitants qui peuplent ces lieux. Imane Achraf Détour mayennais 1 Né à Bonchamp-lès-Laval. Nom explicite. Enfin bon, Laval, lès Laval, plusieurs Lavals, Lavaux, une région, la région de Laval. La ville, la grande ville du département ; la Mayenne. La Mayenne, une rivière ? Quel nom de rivière ! Toponymie étrange, d’origine inconnue semble-t-il, perdu dans l’ensemble des noms perdus. Mayenne ? Maille, mailler, sémantique mathématique, ingénierique, topographique, géographique, hydrographique. Tiens ! Hydro, eau et rivière. Cours d’eau qui maille le territoire, le draine, le nourrit, l’inonde, le creuse, l’éclate, le trace. Laval. En aval de la Mayenne ? Non, juste blottit au fond d’une vallée au bord de ses berges. Un aval, des hauteurs, des collines, bocage vallonné. Mais Bonchamp dans tout cela ? Ce champ loin des prairies inondables, loin du fond du vallon, relégué à des encablures de l’aval. Les Lavals. C’est juste un pays, une appartenance, une servitude à la grande ville, la grosse ville, magnétique. Le Bon Champ, image campagnarde idyllique, loin du tumulte urbain. C’est toute une histoire ce nom, la légende de la bourgade, dont personne ne la conte, ne la connaît surtout. Un jour, dans une époque lointaine, enfin dates et légendes ne s’entendent guère, un gars, un maçon, du moins un gars qui fût pris d’une soudaine envie de bâtir, prit son marteau et sa truelle et s’en alla édifier l’œuvre de sa vie, une église à la gloire de son Dieu. Mais ce dernier n’aimait pas son nouveau lieu de villégiature, un peu cocasse pour qui a tout façonné chaque centimètre carré. Alors chaque nuit, vent et séisme ramenait le pauvre gars à son travail du matin. Désespéré ou exaspéré, il cria à son dieu de le guider. Il balança de toute ses forces son marteau, alors que la truelle me semble à première vue plus adéquate pour battre un record de lancé. Cependant ne sous-estimons pas la puissance divine ! Car le marteau alla se planter directement dans le champ que Dieu avait choisi. Le BON Champ ! Magnifique histoire. D’autant plus que une certaine ruine, mystérieuse, d’EGLISE existe aux confins de Bonchamp, à la limite de Forcé. Une ville obligée de rester au lieu non désiré. Cette ruine est maintenant une ferme avec son nom, Cassine ou La Cassine. Bon. Un peu frustrant comme nom pour un lieu qui d’après la légende est maudit. On aurait pu avoir plus éloquent. Enfin de conte, le marteau n’atterrit jamais un milieu d’un des champs de Cormeré. Cormeré, un autre lieu-dit, lequel où vivent mes parents, la ferme dans laquelle j’ai passé mon enfance avant de translater à Nantes. Cormeré c’est un peu comme la Mayenne, ça inspire sans évoquer. Passons. Dieu est toujours figurant dans l’histoire. Petite école privée. École Nazareth. Rien qui doit ressembler à la Galilée. Juste un lieu où passe l’enfance. A vrai dire certaine partie de l’école ressemblait plus à une crèche avec ses préaux ouverts à charpente de bois. Saint Jean-Baptiste de la Salle. Avesnière. Privé. Peu de souvenir de rues. Petite bourgade, pas besoin de rue. Sauf rue de la Faux, rue du Maine et c’est tout. Retour à Laval, Rue d’avesnière, rue huydouze, place du jet d’eau, place du 11 novembre, le donjon ru du val de Mayenne, rue de la paix, conflictuelle. Clement Bezier La vie se fait à pied 1 Ça commence : Quartier Bellevue ; Beauvoir, Allée des Coralli ; Périgny, Rue des Mimosas ; je ne m’en souviens pas, seulement quelques flashs, quelques images qui reviennent pas à pas. Famille. Mestrejouan, grand changement. Plus de plage mais les Pyrénées. Col du Tourmalet, Pourtalet, Col du Soulor, Cirque de Gavarni, Plateau de Beille, au loin ils annoncent la pluie, lorsque nous y sommes ils nous lancent des défis. Mestrejouan, En Cornac, Chemin de Rieutord, Rue Montagne, Cours du Midi, Cours des Halles, Rue de L’Eglise, Rue Napoléon, Avenue Raymond Sommer, Ecole Joseph Rey, tout un trajet. Quinze minutes à pied aller, toutes ces années. Une multitude d’idées. Rue Bourbon, le Fezensaguet, une seule année puis Lycée Galilée ; Guérande, les marais, le retour des plages : Benoit, de Riez, Cassard, Noirmoutier. Villate, Font Romeu, approche d’un dess(e)in. Nouvelle vie, rue de Strasbourg et Paul Bellamy. Amis, avenir, amour. Quai François Mitterand, Pont Haudaudine, Rue Gaston Veil, Quai Turenne, Cours des 50 Otages, Cours Roosevelt, Cours… Arthur Bocquier 2 bouts du monde 3 Le bout du monde, drôle d’endroit. Drôle de nom pour un espace central. L’entrée du château du roi René. Angers. Un belvédère sur La Maine. Une impasse physique qui ne donne qu’a voir. Qui ne laissent qu’à rêver et observer. Espérer. La ville inaccessible s’offre à nous. Elle est partout. Tout autour. A 360°. Impossibilité d’y aller. Une esplanade en surplomb. Un ravin de 30 m de hauteur. Le bout du monde est en impasse. En promesse et espoir. Celui de la Loire. Bouchemaine. La bouche dans laquelle se jette la Maine. La Loire qui l’avale et s’en charge. Sans relâche. Rejoindre La Loire. Ma misérable condition humaine m’oblige à tourner le dos à ce bout de monde. J’empreinterai la terre. Le roi René m’a laissé des tracés. Des boulevards. La géographie m’a légué des coteaux. Des pentes montantes à mesure que je m’éloigne du bout du monde. La bourgeoisie du quartier Lafayette me fait rentrer la tête dans les épaules. Je presse le pas. Les rues sont vides. Les volets fermés. On se couche tôt ici. On y dort sans doute beaucoup. Peut-être plus qu’ailleurs. Bitume du trottoir. Absence de contact. Absence de sol. Horizon bouché. Barré par le tuffeau. Immuable pierre de taille. Rapidement je rejoins la marge de la ville. Quartier Roseraie. Rien n’y est rose. Les efforts politiques pour revaloriser l’endroit sont visibles à l’oeil nu. Terrain de vie. Terrain de sport. Terre plus proche. L’espace est plus large. Prémices du fleuve ? Les terres inondables. L’air de rien. Richesse du sol. Le pas ralenti. Je retrouve un horizon. Les étendues maraîchères traces une parallèle au fleuve. L’air de rien la géographie à inversée la pente. Le coteau descend désormais. Les saules et les oiseaux m’annonce la proximité de l’eau. Je m’approche de Bouchemaine. Le chemin est de terre. Parfois creux, parfois large, parfois juste pour se croiser. Toujours plein. De bruissement, d’odeurs et de vie. Mes pas dans ceux de Gracq je m’enfonce dans cette épaisseur. mon corps est plus que jamais ligérien. Mes chaussures s’enfoncent. C’est mou. tendre. presque liquide. La pointe de Bouchemaine. Un belvédère sur La Loire. Une impasse physique qui ne donne qu’a voir. Qui ne laissent qu’à rêver et observer. Espérer. La Loire inaccessible s’offre à nous. Elle est partout. Tout autour. Impossibilité d’y aller. Une esplanade en surplomb. Un autre bout du monde. Jérome Boisnault Plus tôt à Chevaigné 1 Papillerie : avant que Chevaigné ne soit le nom d’un arbre aux beaux noms de rues c’était un paysage, avec un tronc Papillerie. Jamais trop su pourquoi Papillerie. Voyez par en-dessus : il y avait la Papillerie, puis autour le village, puis aux quatre coins du monde Betton en haut, Melesse à droite, Saint-Sulpice à gauche, Montreuil en bas. Au centre la Papillerie, avec au milieu l’arbre à papillon. L’arbre à papillon sépare à l’époque les Chiron des Balcou dans la rue de la Papillerie. D’un côté de la rue, d’un côté de l’arbre, les Trois Hérons, la bâtisse mitoyenne que j’habitais. On aimait bien ce nom, on savait pas d’où il venait non plus, mais on était une fratrie de trois alors ça nous convenait. On était trois hérons et en face, l’école Jules-Verne où on allait. On avait juste à prendre le cartable et lacer les chaussures, on prenait l’école Jules Verne. Jules Verne dans sa forme nautique la moins romanesque, hublots sur crépis blanc. Carrelage brillant, rampe glissante. Salle de motricité. Haut pré-haut un peu sombre. Jules Verne a toujours habité les lieux pourtant. Au moins sûrement après la kermesse du début, thème maritime. Mon frère portait une énorme étoile de mer en sac à dos, moi j’avais la longue queue d’un poisson. On avait la chance de traverser et d’arriver au portail blanc de Jules Verne, rue de la Papillerie, entrée privilégiée pour son accès direct à la cour, pour les billes perdues par d’autres, par nous secrètement récupérées. Jules-Verne et ses Vestes-de-loup. Jules Vernes contre Sainte-Thérése. Pas de pitié pour les privés. D’ailleurs Sainte-Thérèse c’est un nom qui n’existe pas. L’école privée n’avait pas de nom, pas moins de rue, d’adresse d’ailleurs, elle était de l’autre côté de la cantine et du tourniquet, espace de friction, terrain belliqueux. Peut-être que de l’autre côté, pour eux Jules-Verne non plus n’avait plus de nom. Juste un espace fortifié, un monde inconnu. Entre ces deux forts d’apaches, le village des cow-boys : Place de l’église, ancien Presbytère, Salle des Tilleuls, Crèche des Korrigans, Monument aux morts. Lorène Chiron Rupture 1 Camille Flammarion, en haut d’une tour, dans les bras de mon père, du soleil en noir et blanc. Danton, tu es grand, fort...tu me tiens la main pour mes premiers pas, je te chéris. Le pavillon DANS la rue Danton. Le ventre. Le nid. Là où tout commence. Notre Dame de Consolation porte bien son nom. Dans les plis de sa robe l’odeur de l’enfance, les marronniers, les effluves du repas qui s’annonce, la balle au prisonnier, un amoureux, l’écriture, le goûter...goûter. Faubourg Bannier...flot de voitures, un banc de carcasses bruyantes. L’odeur du vinaigre. Acre. Mme Harent tient la Quincaillerie, espèce en voie de disparition. Mémé a la main sèche et chaude. Le grand faubourg se recroqueville. Il tient tout entier chez eux. Faubourg Bannier et ton parquet qui craque. Ton bruit de rasoir électrique. Avenue Charles Péguy. On te doit bien une avenue puisque t’es né là aussi mon pauvre. Tu m’offres un lieu. De ceux qui marquent une vie. Une morsure. Toujours Orléans. Les Ducs. Jeanne D’Arc. La Loire. Hors les ans. Les choses s’écrivent ici même si on préférerait que ce soit ailleurs. C’est là et puis c’est tout. Ta carapace sur le dos. Lourde mais tu ne peux pas t’en défaire. Je me secoue. Rue de la Rép, rue du Colombier, rue Royale, rue d’Angleterre, place du Martroi, rue Eugène Vignat, venelle Saint Vincent. Je m’ébroue. Ça colle. On se connait par coeur. Un vieux couple qui ne peut plus se voir en peinture. Mais bon il faut dire qu’on a été marié de force. C’est décidé je te trompe avec Nantes. Chaussée de la Madeleine. Au 31. Alexandra Debaque Exercice pour un père 4 Tu pourrais compter ses doigts, ces veinures minuscules, ces boudins mignons, qui t’arrivent à la phalange. Tu pourrais déchiffrer ses yeux couleur non homologués, pas encore stabilisés, comme on déchiffre le ciel d’automne. Tu devrais le soupeser, voir sa fragilité, son départ dans un monde trop fini pour toi, trop peu pour lui. Tu écouteras sa voix, trouver toutes les fréquences à laquel il émet, tout les sons, toutes les gammes, le mineur pleurant, le majeur rieur. Voir les accords qu’il peut émouvoir. Le voir se mouvoir, marquer tous les rythmes qu’il essaye, les hésitant, les tombant, les réguliers, les mi-stable. Tu les marquerais sur une feuille, celle de la vie, de sa vie , et de la tienne. Tu lui parlerais tous les langages du monde, détachant les syllabes du coeur, celle du cerveau, lui montrant qu’elles sont liées. Tu compteras du bout des doigts les étoiles, toutes une à une, les liant dans le ciel pour lui, tu lui décrira dans un détail fractalien la beauté de voir Bételgeuse se lever dans un fugasse rayon de galaxie. Tu lui conteras les histoires de l’histoire, tu l’emmèneras ailleurs, en le faisant rester là près de ta chaleur, de sa couverture au mille éclat de sourire. Tu serreras sa main, comptant son pouls, le mesurant, le comparant à ses petits pas , tu devras deviner son regard, répondre à sa question avant qu’elle ne se pose. Tu devras lui expliquer les possibles du chemin devant lui, lui exposer l’après, le là-bas, le flou. Tu devras être là tout le temps, chaque atomes, chaque secondes, chaque minute, heure, mois, saison, année, orbite planétaire, solaire, cosmologique pour sa vie. Tu devras inventer une cosmogonie pour lui, une nouvelle mythologie, à base de dieux, de pouvoir magique, de bon et de méchant. David Delph Protocole avant de mourir 4 Protocole pour faire une journée en marche arrière, de prendre la ville à l’envers Protocole pour faire en ville en une journée ce qu’on fait en un mois Protocole pour aller dans les lieux où on s’interdit d’aller Protocole pour recenser l’invisible Protocole pour échanger sa vie Protocole avant de mourir Protocole avant de mourir : dernier protocole, dernière consigne. Consigner le(s) lieu(x) dans ta ville que tu aimerais découvrir avant de mourir, ton dernier lieu; choisir minutieusement le lieu, un espace de la ville, immense ou minuscule, un tout petit endroit que tu voudrais voir une dernière fois; t’y rendre, désigner et cheminer vers le lieu où tu aimerais mourir; trouver l’atmosphère que tu recherches, celle qui t’accompagnera, qui fabriquera ton dernier souvenir, tes dernières images de la ville. Choisiras-tu un plafond ou un ciel ? Que feras-tu de ton corps ? Seras-tu debout, allongé, immobile ? Choisiras-tu un espace public ? Un lieu secret ? Un lieu imaginaire ? Un lieu du haut, du bas, sous la pluie, sous le soleil, seul ou à plusieurs. Tout noter. Noter l’invisible, l’indicible. Ecrire ton état, ton corps, ton âme. être nombreux Demeurer. Partir. S’épuiser vraiment. Nathalie Duez Sens 4 D’écrire, Décrire la ville. De manière non systématique. Verrouiller son regard. Fini l’hégémonie de l’œil ! Retrouver la puissance de chaque sens isolé. S’amputer de son sens premier. Préféré, surexploité, saturé. Absence de vue. Le Goût, le Parfum, le Toucher…Déguster la ville. S’enivrer, s’écoeuré. Nausée. Les images rétiniennes s’estompent et laissent place aux espaces de l’odorat. Redécouvrir la puissance d’un nez. Le parfum d’un quartier, l’essence d’une rue. Essayer d’imaginer, de réinventer de façon savoureuse et généreuse. Ajouter de la matière grasse. A présent, goûter ! Pauline Dumoulin Retour à pied 3 Le port, ses voiliers, ses palmiers et une ville illuminée. La basilique, monumentale, s’élève avec cette montagne rocheuse comme toile de fond. En ce lieu symbole de la puissance napoléonienne, ces gens qui fêtent dignement. La ruelle sombre du centre-ville. Petites maisons aux encadrements de fenêtre marqués. Rose, jaune, vert et pierre du pays. Charmant. Lumière à la fenêtre, la mamie n’arrive pas à dormir. Le point d’orgue, le rond point, l’énorme palmier rond, les façades arrondies, ma tête qui tourne. Les vieilles carrières, il faut les remonter dans la nuit noire. Des maisonnettes, un vide, des maisonnettes, un gymnase, des maisonnettes et derrière le port qui se dessine. Tiens le capitaine s’en va. Un stop, des immeubles des années 90, ils surplombent la ville. Trois tours et ces anciennes maisons bourgeoises qui les encerclent. Vieilles maisons de pierres faisant face à l’Angleterre. Et pourtant, des parisiens. Le carrefour, la boulangerie, le coiffeur, le G20, l’animalerie. Le feu est vert, je trace ma route. L’arrêt, oui l’arrêt de bus, mais l’arrêt de voitures, le stop et le feu rouge. Et au fond, ces deux petites écoles érigées sur une placette. Un square sablonneux disparaît derrière les buissons où viennent promeneurs et chiens. La cour, le jardin fleuri et cette habitation qui se tient là, endormie. Les arbres exposent leur feuillage printanier. A l’horizon, le soleil commence à se lever et les oiseaux chanter. Antoine Langevin Commandant de Poli 1 Paris 89, chez les bonnes sœurs, Paris 15e, je suis là dans cette rue, rue Olivier de Serre, sage ou pas sage, je ne sais pas. Tout est flou. Papa, cuistot, papa cuit tout. Maman folie, maman folle dit. Flots de paroles. Fléau. Premier départ. 1991. Orléans, bords de Loire. Rue du Commandant de Poli, 7ème étage, un parc, une perruche. Tout se mélange, mille feux de couleurs, les ombres qui déforment et les souvenirs. Au revoir Poli Commandant! La Source, campus universitaire, Résidence Aristote, comptable au CROUS. Première école, deux ans’ demi. Accident, un matin, plus tôt. Tombe le tableau noir, visage ouvert. Cicatrice et points de suture. Dans la cour, David, l’amoureux. Premiers loups, premiers bisous. Le lointain et l’histoire. Toujours la Loire. Nantes: il y a papy, mamie Jeannette, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines. Géographie lointaine et trouble. Chapelle Heulin mamie Thérèse, Vallet, Pornic, La Bernerie en Retz. Rue Albert Barbier, HLM, le square. Dehors les enfants crient, c’est nous. Dedans Macao perd ses poils ! CM2, chemin retour de l’école je le fait seule. École primaire Maxime Perrard, rue Saint-Marceau. Collège Etienne Dolet, longue rue des Anguignis. Carnet de correspondance et bagarres. Lycée Charles Péguy, cours Victor Hugo. Arts plastiques, Allemand, Amour de lycée. Berlin, deux mois. Zone française. Hermsdorf. Des maisons et des Arbres. Taneshia, Frieder et une tortue. Impasse des Camélias, première maison. Papa, Claire. Choix du prénom : Marguerite, non Louise. Six, six, six. Grand départ. Maman brouillard. Nantes, rue du Chanoine Poupard. École d’Archi. Bordée du Sens. Impasse des enfants Nantais. Colocation. Nono, Momo. Soirée Moustache, P 3000, Istanbul bouge ton boule. Beaucoup d’enfants, jardins familiaux, soudain des voitures brûlent. Cinéma des quatre Concordes. Allers-retour et grand sommeil. La Beauce. Orléans, venelle du Ponceau, rue du Colombier. Odeurs du café, du thé. Rue Henri Duvillard, ancienne caserne. Rue de la Tour, Loire sauvage. Hambourg, dix mois. Borgfelder Strasse. Un nouveau fleuve, l’Elbe. Les portes conteneurs. Couleurs nouvelles. Gabrielle Levesque Sacrosaint 1 Ecole Saint-Jean-Hulst Quartier Notre Dame Ecole Notre-Dame rue de la Paroisse Quartier Saint Louis rue Saint Louis College du Sacré Cœur Lycée Notre-Dame du Grandchamp Versailles Rue Royale Grand Trianon Petit Trianon Château de Versailles Trianon Palace Grandes Ecuries boulevard de la reine boulevard du roi Haras de Jardy Domaine de Madame Elizabeth Les Grandes eaux de Versailles La pièce d’eau des Suisses Hameau de la Reine Versailles Ecole Lully Mois Molière rue du Jeu de Paume rue des Etats Généraux Ecole Lamartine Place du marché Gare des chantiers rue du moulin Versailles – Tu viens d’où ? – De Versailles – Ah! saille-Ver. on essaye de brouiller les pistes quoi On s’y fait des copains quoi Au milieu des Places d’armes et des volets bleus rois Thomas Lonjon Prochaine destination 3 Voilà les quais de gare, de la gare centrale. Une fois les guichets passés, un grand couloir se présente à nous avec quelques sorties sur la gauche, sur la gauche uniquement, des « plateforma » comme ils disent. Elle ne sont pas bien rangées, pas dans bon ordre. La plateforme 11 est avant la plateforme numéro 1. Nous trouvons la notre et ce couloir bétonné et carrelé, ce sous-sol froid s’efface en haut des escaliers où l’atmosphère se fait plus réjouissante et ensoleillée. D’autant que le train est là. Leurs trains n’ont pas changé depuis 30 ans. Ça fait du bruit, ça grince. Le marche pied est si haut qu’il faut impérativement se cramponner à la poignée pour monter à bord du wagon. Nous partons, le départ brusque du train provoque chez tous les passagers un mouvement de tête, involontaire. Dans le wagon, nous entendons très bien les mécanismes de marche de la machine. Les trains et les rails sont vieux. Elle se dirige vers nous, nous demande notre ticket et CLAC ! Un bruit revient en permanence. (tactactactactactac). Défilent de part et d’autre, le cinéma, le marché. Tandis que nous nous apprêtons à sortir de la ville, à traverser ce grand fleuve, le train passe sur un pont métallique depuis lequel on aperçoit la vieille ville et les vieux clochers à travers la structure qui défile. Le bruit de la résonance infernale du train s’arrête d’un coup car l’on passe à travers une partie boisée. L’ambiance à l’intérieur du compartiment est morose, personne ne parle ou alors très bas. Mais le bruit répétitif que l’on entendait revient et brise ce silence. (tactactactactactac). Là les arbres ne sont pas très hauts et l’on aperçoit les cheminées des usines et autres entrepôts situés le long de la voie ferrée. Des usines de fabrication de briques mais aussi de métallurgie, des scieries aussi. Il n’y a pas que des usines ici. Nakomapirtura, c’est l’annonce du prochain arrêt. Le train s’arrête régulièrement pour desservir des quartiers de la ville, quartiers dont on voit les habitations et les immeubles décrépis, gris depuis la fenêtre. (tactactactactactac). Depuis la fenêtre du wagon, dans lequel il n’y a toujours pas un bruit, s’alterne alors un jeu entre les usines et la foret de feuillus et de conifères qui s’intensifie pour plus tard ne voir qu’elle depuis le wagon qui devient plongée dans une ambiance verte, enfin plutôt jaune, brune et verte. Là ! une maison en bois, en mauvais état. La foret reprend le dessus s’assombrit et fait peur. Mais la ! une autre maison sur la droite cette fois ci, en meilleur état que la première mais bien plus petite. Rien pendant quelques centaines de mètres. Les habitations commencent à défiler tel un décor de théâtre. Des façades, comme ça qui défilent. Nous nous enfonçons de plus en plus dans cette foret dense. Ou allons nous déjà ? Victoire Marchal S’assoir 4 On s’assoit, toujours, partout, sur n’importe quoi, sur une chaise, une chaise de Bertoia, pourquoi cette forme de dossier, pourquoi cette matière, pourquoi ce quadrillage métallique et froid dans ton dos, pourquoi ce coussinet sous tes fesses. Mais regarde un peu, observe ces lieux qui t’accueillent sans n’avoir rien demandé, ces matières que tu écrases de ton poids. Et décris-les moi bon sang. Tu t’assois sur un siège d’avion qui sent la transpiration de la peur de son précédent occupant, sur un muret de pierre chauffé par le soleil d’où quelques mauvaises herbes sortent, sur ton canapé tout neuf en rentrant le soir chez toi, sur les banquettes un peu dures du train, sur le fauteuil au tissus vieilli chez ta grand-mère, sur ta serviette aux milliers de petits grains de sable à la plage, sur les marches des escaliers sals de cette place, sur ce banc public qui t’appartient pour quelques instant et où tu manges ton sandwich. Il a un accoudoir ce banc, en plein milieu, l’as tu remarqué ? C’est pour empêcher les clochards d’y dormir. Tu trouves ça normal ? Mais examine un peu, étudie, toise, considère, remarque ces poufs, connus sous le nom de sacco, ces sacs de tissus qui emprisonnent des particules de polystyrène pour que tu puissent t’affaler dessus et qu’ils prennent ta forme, dans n’importe quelle position. Quelle est la couleur du tissu ? Et est-ce qu’elle a une importance après tout ? Combien y a-t-il de petites boules de polystyrène làdedans ? Et ton poids, tu ne crois pas qu’il les écrase un peu ces petites boules ? Et ce hamac dans lequel tu as dormi à la belle étoile la nuit dernière. Tu t’en rappelles au moins ? Etait-il confortable ? Comment était-il attaché ? Le tissu, plutôt rigide ou souple ? Mais sois curieux un peu de tous ces endroits qui t’accueillent. Les toilettes, les pavés, le siège du confessionnal, l’assise dans ce bow-window, le coussiège que t’as essayé, la chaise-longue, ou plutôt non c’était un transat, un véritable transatlantique. Prends en la dimension, rends-toi compte des formes qui sont prêtes à t’accueillir. Camille Merimèche Landerneau – Brest (avec le TER) 3 Aire d’asphalte et gare traversante Gare traversante et quai gravillonnés Quais gravillonnés et départ vers l’Ouest Tunnel Tunnel et mur de soutènement Mur de soutènement et grillage herbacé Grillage herbacé et façade aveugle Départ vers l’Ouest Façade aveugle et façade ouverte Façade ouverte et plage, port de plaisance, rade de Brest Départ vers l’Ouest et quais herbacés Rade de Brest et falaise habitée Quais herbacés et façade graffée Falaise habitée et rade de Brest Façade graffée et gare routière Rade de Brest et falaise Gare routière et talus arborés éloignant les habitations Falaise et voie express Talus arborés éloignant les habitations et maisons Voie express et mur de soutènement herbacé mitoyennes Mur de soutènement herbacé et quais industriels Maisons mitoyennes et talus arborés Quais industriels et port de commerce Talus arborés et vignes Port de commerce et port de plaisance, base sous marine, Vignes et vergers rade de Brest Vergers et orée du bois Rade de Brest et mur de soutènement minéral Orée du bois et champs, vase, rivière, vase, arbres, champs, Mur de soutènement minéral et rade de Brest, base sous radar aérien, colline boisée marine, presqu’île, océan Colline boisée et orée du bois Océan et quai de gare Orée du bois et bois Quai de gare et terminus Bois et forêt Forêt et La Forest Terminus La Foret et talus arborés éloignant les habitations Talus arborés éloignant les habitations et orée du bois Terminus et air iodé Orée du bois et champs, vase, bras de mer, vase, arbres, champs, colline boisée Lisa Mingam Colline boisée et orée du bois Bois et forêt Forêt et champs Champs et ferme industrielle Fermes industrielles et barricades limitant les industries Barricades limitant les industries et mur de soutènement Mur de soutènement et mur de soutènement Mur de soutènement et tunnel Être à la maison 3 Être à la maison, klaxon, route, mouillée, et le vent qui siffle dans mes oreilles, et le froid dans mes phalanges, et l’air à l’intérieur Attention, que je ne me cogne pas. Descendre l’escalier, de mon cou, et les freins, et le rouge des voitures, et la et arriver dans la cave. À chercher la lumière, et suivre fumée d’échappement, et la Loire, le Belem, le carrousel, l’odeur de lessive. Ouvrir le portail, attention aux outils sur les quais. le sol. La poussière me mort les narines. Le portail s’ouvre. Lever mon vélo, détacher les pédales des rayons de celui de Publicité. Jack Daniels, a lot a honey in a… La nouvelle mon pote. Et fermer le portail. série de Canal, avec une famille. Feu ! les rails, et les pneus de mon vélo, à faire attention pour ne pas qu’ils claquent J’ecrase les feuilles mortes, et je ne tourne pas sur les et pousser pour passer le pont de la Madeleine, pousser, plaques métalliques des réseaux électriques. Les passants dépasser les bouchons, croiser les véhicules et changer de s’écartent, se collent aux maisons, sontent les marches des sens de circulation. face à face avec leur 20 chevaux, qui frontons. Regarder le bout de la colline, l’arrêt du bus 52, me laissent place libre, qui sont bloqués par le feu. les passants, qui attendent, et faire attention aux travaux, qui percent les roues. Architectes, architectes, architectes, école d’architecture, bourgeoisie, bourgeoisie, pharmacie. Ceux qui nettoient Faire attention à tout, ça perce les roues. leur entrée, ceux qui prennent le vélo, ceux qui prennent le scooter, et un container noir, qui placarde l’école des beaux Descente, voie cyclable, griller les feux, griller les stops, arts, et le nouvel ilot d’habitation. rétroviseurs, nids de poules, enrobé frais, flaques, bateaux de trottoirs, froid dans les mains, pots d’échappements. Feu Gentrification. rouge vite traversé. Au loin la perspective du boulevard Guist’hau et tout de suite le ralentisseur blanc, gros. Passer aux pavés, pénétrer le grillage. Les cigarettes que Dangereux. Passer devant les collégiens, qui fument, qui Michel me tend, des gitanes, elles sentent très fort, un peu fument, qui parlent de clopes « hé, tu m’en dois une » « hé, comme Michel. Le journal, une blague que Michel me t’as pas du feu » « hé, mon père m’les a piqué hier », tous les raconte, ses dents jaunes qui sourient. Répéter la même jours, tous les midis. chose. « t’es beau, t’es beau, t’es beau Enzo » Les bancs sont pleins de gobelets, les couvercles des poubelles sont Le feu, pour cycles, les voitures, les voitures, dans tous les noircis par les gitanes de Michel. Ça s’ouvre, l’air est plus sens et toutes les directions, qui klaxonnent, qui hesitent. chaud, ça sent le café le papier et parfois un peu la bière. Le trottoir, les poussettes, les passants qui se collent au mur. Les gens marchent ou sont assis. Nids de poules, stop, grillé, Etre à la maison. Enzo Miottini Utopie 5 Quelle utopie ? L’utopie n’est elle pas en soit une chose effrayante. L’utopie d’une ville rangée ? Normée ? L’utopie d’une ville ? Ségrégative. La ville utopique, retour en arrière ? Un bond en avant serait trop dangereux. Utopie rime souvent avec futur. Mais utopie et futur font peur. Une utopie de quoi ? D’égalité ? La ville (utopie) du futur n’existe pas. Les inégalités irrattrapables. Les inégalités, terrain de jeu des rois ? Les nouvelles formes de ville ne seront pas les docteurs d’une société malade. Bedolina, Val Camonica. Cette ville il y a plus de 10 000 ans qui répond à l’ordre compliqué de Iona Friedman. Cette ville qui met à bas la hiérarchisation des espaces. Une utopie, mon utopie. Utopie oui. L’être humain pullule. Edouard Moulin La petite école 2 Le long d’un bras de la Vilaine, un faubourg Rennais, cette rue calme. Quelques voitures garées, des gens promenant leurs chiens. Un trottoir boueux. Sans bitume. L’eau stagnante couverte de nénuphares, semble attendre quelque chose. Une école se trouve en face. Un square y est accolé. Une petite haie avec une grille en guise d’entrée. Des jeux pour enfants. Des immeubles pour adultes. Square étrange. Cour d’école ? Cours d’immeuble ? Passage ? Que sais-je. Pour nous c’est la petite école. À vrai dire il s’agit d’une crèche mais c’est notre façon de qualifier cet espace. Quelques bancs, quelques jeux. Un parc à bébé gigantesque cage rouge. Elle même enfermée dans une cage rouge. 1% camouflé sans doute. Un banc autour duquel les jeunes se fixent. Un deuxième si le groupe s’étoffe. Un troisième même si l’un d’entre eux veut s’allonger. Tous alignés, adossés à ces petits immeubles. Deux poubelles entre les bancs. Une balançoire qui fait mal aux fesses. Un petit mouton sur ressort, et un escargot un peu plus loin. De l’autre côté, accolés à l’école, deux blocs de bétons cubiques. On peut s’y assoir. Parfois les bancs trop humides nous font migrer sur ces blocs. Une fenêtre entre les deux, sans doute le dortoir de la crèche. Volets toujours clôts. Le rebord de la fenêtre, nous sert d’étagère. Les canettes ouvertes s’y accumulent. Ici la terre battue sableuse propre à ces espaces hybrides est parsemée de mauvaises herbes dans ce recoin du square. Les riverains passent à quelques mètres. Nous saluent parfois. Mélange de discrétion et jovialité dans nos réactions. Mégots, crachats et capsules se répandent au sol. Bouteilles et canettes vides investissent la poubelle de ce jardin d’enfants. Grands enfants. Au fil des semaines, des mois, des années cet endroit devient pour nous une évidence. Le théatre d’une adolescence nocturne. Lieu discret et secret d’une ville moyenne. Sa banalité melée à son exclusivité à nos yeux. Nicolas Padovani Coruña-Mera 3 La Coruña. L’été est commencé. On part de la centre ville vers la peripherie. Un village proche, à 15 minutes en voiture, appelé Mera. On laisse derrière les grands bâtiments, les grands bâtiments ordonnés dans ses îles d’habitation. Quinze étages qui te retirent la lumière, la vision du ciel, de l’espace. Les rues pleines de voitures. Les gens qui vont d’un côté sur l’autre rapide, très rapide. La tension et le stress est présent dans l’ambiance. On avançe par notre route. Plus et plus bâtiments. Un parc ! Un petit parc avec les petits enfants en jouant rompt cette sensation d’être si fermé ! Quelques petits arbustes ont aidé à nous sentir plus libre. Mais autour de ce parc ils continuent les bâtiments, les rues de magasins pleins de gens à pied. On a la difficulté de réussir à sortir de là. On continue, tout à coup la mer, le port, les bateaux, l’horizon, mais encore la plage n’apparaît pas. La nature est apparu. En face du bleu de la mer, la totalité du vert arrivera. Des arbres et plus d’arbres entourent notre route. Uniquement de petites maisons se montrent entre le bois. La route est vide. Mais, un village ! Les petites maisons individuelles, le petit commerce, les rues avec les arbres. Peut-être un ou deux bâtiments collectives. Les gens se promènent dans les rues tranquillement. La fin du trajet est en train d’arriver. Il y a quelques villages par la route, et finalement Mera ! On verra la plage depuis l’entrée. La plage avec ses petites maisons typiques de pierre et ses rues particulières rouges. Au loin le bois, avec le phare en apparaissant au coin de la côte. Ana de Ramos Alvarez Port Mulon 2 C’est une étendue d’herbe, traversée de chemins de terre, de la largeur d’un pas, comme des fils tendus. Entre, des bosquets d’arbres hauts, grands pour qu’on s’y perdre. Châtaigniers, surtout. Quand le sol penche, c’est qu’on est près de l’eau. Les frondaisons plongent, comme pour boire. À la rive ombragée, l’eau est tendue sous les pattes des insectes, les reflets jaunes s’animent au passage d’un bateau, ils remuent une odeur de terre humide et de limon. Les criques d’ici n’existent que sur les cartes des enfants. Théo Ripoche De Bellecour à Vaulx-en-Velin 3 Bellecour. La place rouge, immense ; le souffle du vent qui parcourt librement l’espace. Je m’engouffre dans la rue de la République, imposante mais pourtant étroite en comparaison. Elle est longue, la République, longue à perte de vue. Je perds mon regard dans les façades haussmanniennes qui la bordent. Ces parures blanches aux fenêtres hautes se disputent l’élégance ; elles ne parviennent pourtant pas à se distinguer réellement les unes des autres. L’espace se dilate, et laisse apparaître une esplanade argentée. Au centre, un bassin animé de fontaines fait souvent l’objet d’interventions artistiques ; pas aujourd’hui. Les immeubles se resserrent. Je me laisse porter par le courant humain qui fourmille en plein après midi. C’est une rue commerçante, avant tout. Soudain, je suis contrainte de m’arrêter : la rue piétonne devient partagée, une voiture me coupe la route. Je dois attendre mon tour avant de poursuivre ma traversée. Le Palais de la Bourse me surplombe ; un gigantesque objet architectural que l’on peut parfaitement confondre dans l’homogénéité des autres façades. Il est superbe, mais anonyme depuis cette rue. La rue de la République s’évanouit dans un espace curieux, qui est à la fois l’arrière de l’Hôtel de Ville de Lyon, et le parvis de l’Opéra. Confortablement encadrée par ces deux édifices, je les dépasse et me confronte au flux de véhicules des quais du Rhône. Ici, le piéton n’est plus le maître. Vert, je traverse. La route, puis le pont. Le long des berges du fleuve, les immeubles se serrent et s’étirent pour se rapprocher du ciel, sans s’apercevoir que ce mouvement les emportent également vers le fond des eaux, au cours du reflet qu’en dépeint un Rhône peu agité. J’entrevois une plage entre les arbres au pied du quai ; je me méprends sans doute. Atterrir sur la place Foch, désagréable et arborée, procure l’envie d’accélérer. Bientôt les véhicules s’apaiseront, et je longerai le Parc de la Tête d’Or. Les terrasses des brasseries et des grands restaurant m’appellent de leurs parfums et de leurs sons, mais mon porte monnaie me retient. L’anonymat d’une promenade dans le sixième arrondissement est régulièrement secoué par le chant des trains, annonçant leur entrée dans la ville. J’arrive à Charpennes. La place Charles Hernu, qui n’en est pas une, m’indique que j’ai déjà quitté Lyon. Les grands immeubles post-modernes qui l’entourent tentent désespérément plagier la noblesse des quartiers du centre de la ville ; mais leur style ne leur permet qu’une grâce fade, et dénonce le secteur tertiaire qui les occupe. Mac Donald’s, Kebabs, Subway… Une agence immobilière… Un pub irlandais… Et viennent les Grattes-Ciel. Cette œuvre monumentale du modernisme, qui constitue le seul intérêt urbanistique de Villeurbanne, n’est qu’au bord de mon chemin, alors je le poursuis sans observer plus avant cette succession de bâtisses blanches et épurées qui mènent au Théâtre National Populaire. La route devient longue et monotone, mais je finis par atteindre Laurent Bonnevay, ce plateau tournant sur lequel se croisent hommes et femmes, esclaves de la migration pendulaire. En début de soirée, ce plateau se densifie de leur passage, alors je le contourne et traverse une nouvelle fois le Rhône, sous une forme canalisée. Un barrage, parallèle au pont que j’emprunte, prend les formes d’un château. Il paraît qu’il a été conçu en reprenant les proportions d’une bâtisse qu’a autrefois fait construire un noble au bord de la Loire. Et j’entre dans Vaulx-en-Velin. La notion d’une rue tenue par de prestigieuses façades a totalement disparu, pour laisser place à un tissu plus ou moins difforme. Un genre de lotissement des années soixante vient se heurter à la rue, en générant une pizzéria, un bureau de tabac, et constitue un ersatz d’espace public. Ma route se poursuit jusqu’au centre de la ville. De grands immeubles refont surface, tiennent la rue, et une immense esplanade de sable rouge, en réponse à la place Bellecour sans doute, vient prendre place entre un centre culturel et un planétarium à la forme atypique. La dernière tentative de la ville de faire centre avant de s’évanouir pour de bon dans les méandres de la banlieue. Jeanne Tomasi Dans la ville nomade 4 Dans la ville nomade, les voitures ont été remplacées par des camélidés. Les repères et tracés urbains ne sont plus les mêmes. Les routes se font plus diffuses, invisibles. Elles se déplacent dans un espace-temps propre à la ville nomade. Ici, les espaces où rester sont des archipels dans une océan d’espace où aller. Chaque année les chameliers des 4 coins du pays se réunissent pour vendre des millions de têtes. Des tonnes de fourrages et de canne à sucre sont mobilisées. Le même tonnage de bouses est produit. Des milliards de mouches naissent pour l’occasion. Les jours suivants, la bande noire d’asphalte que nous connaissions autrefois renait sous forme d’un tapis noir qui se déplace au gré de nos pas et qui nous rappelle que toutes les routes sont possibles. La disparition des routes offre un supplément de circulation. Les routes ne conduisent plus seulement à des lieux, elles sont des lieux. Olivier Tourame Biopsie d’un lieu commun 4 Posé à côté. Juste à côté. Mais, de l’autre côté. Mais non, rien. Silence. Silence. Les yeux ouverts, encore plus grands. Ça sens et contresens. Et ça reflette. Grises, fumantes, vomissantes, les entrailles ! En face, juste en face, la ville. Une ville. Et pourtant, silence. En face, juste en face, une autoroute. Un pont. Un boulevard. Une rue. Rien à faire. Regarder la frénésie, le tumulte, le désordre. Le désordre bruyant de l’asphalte, du béton, de l’acier, du grava. Ça entrechoque, ça cour, ça ruine. Et ça roule, ça balance, ça singe. Et pourtant, silence. Ça frôle les murs, ça bouscule, ça agrippe, on le voit. Aucune raison. Et peut-être même que ça souffle, ça bourdonne, ça hurle, ça cogne. Au loin, imaginer les hallalis ! Mais non, silence. Là, juste là, et pourtant de l’autre côté. Regarder. Etre regardé. Des femmes, des rats, des hommes, des chiens. La marée. Des oiseaux, au dessus, juste au dessus pourtant. Tendre les oreilles sans rien déchiffrer. Imaginer. Examiner. Inciser. Silence. La peur, là, devant les yeux. Penser à tourner la tête. Tourner la tête. De mal en pis. Pire encore. Retourner la tête, se cogner la tête, s’éclater la tête, se payer les têtes, se fabriquer une tête. Regarder à nouveau. Voir le silence. Ecouter le vide. Ne rien voir. Réciter l’espace. Adam Pugliese Des sous sols vers les colines de Kiev 3 Mon enfance j’ai passe dans les cours cote de la rue du Mykola Zakrevskii (Миколи Закревського). Ce quartier créé dans les années 80 et forcément connu par les motifs nationaux ukrainiens réalisés en mosaïque sur les nombreuses façades des bâtiments. Chaque jour j’ai passé des dessins complètement abstraits de mon logement dans une crèche juste à cote avec les panneaux en esprit du réalisme soviétique. Ce entourage bien intense des couleurs et ambiancés de l’époque URSS a changé quand j’ai passe a l’école primaire, secondaire et tous les écoles possibles que on est obligé à faire de 7 a 18 ans au plein centre ville. Même plus c’était l’endroit où la ville de Kiev a pris son début laquelle on appelé aussi Haute-Ville (Верхнє місто) le nom est lié du relief dense et des nombreuses collines sur lesquelles se forme la ville. Donc après les 7 ans de ma vie passe un peu plutôt en déconnexion avec les lieux qui portent l’histoire riche je suis entièrement changé mon environnement à Yaroslav Val rue (Ярославів Вал). Et je me suis jamais repartie de ce entourage j’ai continué a découvrir la rue Reytarska (Рейторська) en passant mon temps dans une studio artistique situé dans un des sous sols puis j’ai remonté du sous dans l’appartement d’un peintre situe rue petit Zhitomir (мала Житомирська). J’ai pu de grammpe plus haut encore quand j’ai commence mes études en école des beaux arts et d’archi située sur le point le plus haut de la ville de la place de Lviv (Львівська Площа) rue Smirnova Lastochkina (Вулиця Смірнова Ласточкіа). Et cette attiration vers la ville historique a poussé mes parents à déménager. Et voilà on est tous se rencontre au croisement de Chervonoarmijska (Червоноармійська) et Saksaganskogo ( Саксаганського) dans la vallée entre les collines. Dana Kosmina Dans la ville nomade 4 L’Hermitain, mon frère, ma sœur mes parents et moi. Vie d’Hermite. Personne d’autre. Le grand père aux bonbons, parfois. Un étranger, bizarre, au langage patois. Et le petit voisin. Des batailles, des courses dans les champs, des barrages sur le ruisseau. des mains dans la terre, tout le temps. Les couleurs dans les légumes, les fruits et dans les fleurs, les odeurs… L’Hermitain, éteint aujourd’hui, le petit voisin est mort et l’Hermite est parti. Claire Giron AGITATIO 5 Dans cette ville les immeubles ont des roulettes. Les habitants peuvent choisir de bouger leur maison à leur guise, en fonction des affinités, des besoins. Certains habitants s’approchent du travail ou de l’école des enfants, la maison reste là, le temps nécessaire. Quand la retraite arrive ou les enfants changent d’école la maison est déplacée. Cette maison, en général, est la même durant toute la vie des occupants. Seule l’emplacement change. Pour les immeubles c’est différent, ils doivent tous se mettre d’accord pour l’emplacement, pour l’orientation. En général les immeubles sont occupés par des habitants ayant les mêmes désirs, les mêmes activités. Les écrivains suivent la trace de la bibliothèque. Ce sont les pêcheurs qui bougent le plus, certains sur l’eau en fonction des bancs de poissons, d’autres se déplacent sur la rive là où la descente de la colline s’arrête. Les administrations se déplacent par périodes, toutes les semaines en un endroit différent. Ville en mouvement permanent, s’organise et se réorganise en fonction des besoins et envies. Il faut la parcourir en permanence pour trouver ce qu’on cherche, sa famille, une administration, une boutique. Les repères sont éphémères. Impossible d’en faire une carte, les rues se modifient constamment à Agitatio. Andrea Czentorycky Je te trompe avec Nantes 1 Camille Flammarion, en haut d’une tour, dans les bras de mon père, du soleil en noir et blanc. Danton, tu es grand, fort... tu me tiens la main pour mes premiers pas, je te chéris. Le pavillon dans la rue Danton. Le ventre. Le nid. Là où tout commence. Notre Dame de Consolation porte bien son nom. Dans les plis de sa robe l’odeur de l’enfance, les marronniers, les effluves du repas qui s’annonce, la balle au prisonnier, un amoureux, l’écriture, le goûter... goûter. Faubourg Bannier... flot de voitures, un banc de carcasses bruyantes. L’odeur du vinaigre. Acre. Mme Harent tient la Quincaillerie, espèce en voie de disparition. Mémé a la main sèche et chaude. Le grand faubourg se recroqueville. Il tient tout entier chez eux. Faubourg Bannier et ton parquet qui craque. Ton bruit de rasoir électrique. Avenue Charles Péguy. On te doit bien une avenue puisque t’es né là aussi mon pauvre. Tu m’offres un lieu. De ceux qui marquent une vie. Une morsure. Toujours Orléans. Les Ducs. Jeanne D’Arc. La Loire. Hors les ans. Les choses s’écrivent ici même si on préférerait que ce soit ailleurs. C’est là et puis c’est tout. Ta carapace sur le dos. Lourde mais tu ne peux pas t’en défaire. Je me secoue. Rue de la Rép, rue du Colombier, rue Royale, rue d’Angleterre, place du Martroi, rue Eugène Vignat, venelle Saint Vincent. Je m’ébroue. Ça colle. On se connait par coeur. Un vieux couple qui ne peut plus se voir en peinture. Mais bon il faut dire qu’on a été marié de force. C’est décidé je te trompe avec Nantes. Chaussée de la Madeleine. Au 31. Alexandra Dartigues (Dec) rire la ville 3 Emprunter un chemin dans la ville. Celui qu’on fait tous les jours, par exemple. Ou celui qu’on ne refera jamais. Prêter attention à tous les détails amusants autour de soi, et qu’on ne voit pas en pressant le pas. Relever le drôle, l’insolite, le cocasse, l’hilarant, le trivial, le grossier, le surprenant, le puéril, l’absurde, l’incohérent, le bizarre, le décalé. Tous ce qui fait sourire, ce qui titille les zygomatiques. Les accidents heureux ou malheureux, les erreurs de parcours, les décalages, qu’ils soient meubles ou immeubles. Rire de la ville, et le décrire précisément, d’abord pour soi, ensuite pour les autres. Puis, après avoir tant observé, faire. Provoquer l’humour. Danser dans la rue, danser sans raison. Courir comme un enfant, chanter sous la pluie, écrire sur les murs. Et regarder les autres rire. Hadrien Hartgers Ville confuse 3 Les limites sont brouillées, effacées, troubles, flottantes, indéterminées. Il n’y a pas vraiment de fin, ni de début d’ailleurs. Où commence-t-elle? À la lisière de la forêt? Il n’y a pas vraiment de lisière. D’un accord commun, la forêt s’empare de la ville et la ville s’empare de la forêt. La fumée des usines découd le dessin des façades. Les constructions s’effacent dans le ciel. Les cheminées disparaissent. La ville est brouillon. Les rues s’emmêlent sans logique. Quelle logique? Maguelonne Gorioux Méandres 1 Inkermann Niort 1983 matin brumeux d’un jour de novembre 7H00. 3 jours pas plus avant le transfert définitif (j’y suis revenu). La sablière au bord de la Sèvre celle qui se jète dans la Loire. Au bord des fouilles. Les fouilles de la morinière, de Formond, du guy, la fouille de Gilbert, de René, de Billaud. Au fil de l’eau au fil du temps je grandis. J’apprends. Gardons, ablettes, Brèmes, carpes, sandres, écrevices, perches, perches. Aventurier des berges je m’y accroche pour pas tomber. Bournes, nasses, cordelles, tramail apprentissage de braconnier. Arsène Lupin dans les roseaux je cambriole. Les cabanes sur pilotis c’est la grosse activité du mercredi. Celle de Remy, celle de Michel, du vieux de Boutet. Tant de risques de se mouiller pour un bouchon, un émerillon un misérable moulinet. Le moulin de brau, le vieux lavoir, le pont de la ligne pas de rues pas de numéro mais des repères. Peupliers, Frênes, Chênes, saules, pleureurs ou pas. Je suis un imbécile heureux qui est né quelque part pas besoin de rue pas besoin de numéro. Maxime Soulard Ville musée 5 Ici, dans cette ville musée, les habitants sont oubliés. Une ville sans vie, reste-t-elle une ville ? Elle est faite, créée, alimentée, par les allers, les retours des voyageurs. Elle a été, et dorénavant elle restera figée. Cette ville ne serait qu’un monde à part, un monde renfermé, isolé. Mais avant la vie était présente, maintenant ne reste que les retours au passé, à l’Histoire. La vie se décentre, se périphérise, mettons les problèmes de la ville ailleurs, la ville doit rester… propre. On laisse à la ville le « beau », le puissant, le passé. Mais ceux qui y vivent, eux dans la ville, n’aimeraient-ils pas que l’on pense à eux, qu’il puisse recréer l’âme de la cité ? La ville est rentable par son non-développement. Pauvres habitants qui ont rendu vivante la ville pendant des années, qui l’ont fondé, bâtit, enrichit et qui maintenant se retrouvent à immigrer loin de leurs terres, de leur enfance. Parce qu’on y vit plus ici, on la contemple juste, on la visite, on la prend en photo, vu que l’image prône sur les souvenirs. La ville figée n’est qu’une idylle, une statue nous dévoilet-elle jamais la réelle essence de son modèle ? Ne rien modifier, ne rien toucher, tout protéger, la ville ne devraitelle pas se renouveler pour exister ? Solenne Plassart Pamplone 3 En route depuis 9h. 800km dans les pieds. Quatre cassettes répétées à l’infini. Manolo Tena, Spice girls, Backstreet boys et mon préféré : Dire Straits. Arrêt chaque 2h, ou 2h30. Le soir. Pamplone ? La statue en bronze en fin de rue. Pamplone. Ce bâtiment-là ? Ou l’autre à côté ? Une personne à la fenêtre du cinquième étage. Salut abuelita. On est arrivées. Patricia Marn Arraisa Entre la terre et le ciel Tokyo, c’est la ville la plus complexe au Japon Groupe des énormes constructions Particulièrement, les moyens de transports, ils se croisent tout le temps Sous notre tête Train, il est pratique, il y en a plein, il se passe partout à travers de Tokyo Sous le sol, au sol, même dans un bâtiment, où les trains roulent Shibuya, c’est l’exemple représentatif précis La station se situe au milieu d’un grand tour, les trains rentrent dedans et en repartent. Mais on est au sol sans que l’on s’en rende compte Comme une bague En étant secoué en haut, en bas, à gauche et droit, le paysage change à la fois Autoroute, cela nous permet d’aller n’import où Cependant, Tokyo, c’est la ville la plus complexe au Japon Les autoroutes se croisent dans la ville, oui dans la ville avec des passerelles et les lignes de chemin de fer Puis Ils partent de la centre en périphérie Bien sur sous notre tête Toujours sous notre tête Les structures sont soulevées vers haut Les accumulations couvrent le ciel Avez-vous déjà vu le fond des constructions? C’est la vue unique 5 天と地の間 東京、 日本で最も複雑な街 巨大な構造物の住処 とりわけ交通機関、いつでも交わる それも頭上 電車、数多く便利 地下、地上、建物内でさえも走る 渋谷はまさに代表例 駅は高層ビルの中階、建物内から外へ いつのまにか地上へ まるで波 上下左右に揺られながら 道行く風景もまた、上下左右に揺られ 高速道路、 どこへでも導いてくれる でも東京は複雑な街 高速道路は街中を交差し、郊外へ出る 高架、歩道橋とも交差する もちろん頭上 常に頭上 構造物は上へと押し上げられる その積層が天を覆う 建物を下から見たことはあるか? それは特別な風景 Takeaki Sano Biographie et parcours littéraire de François Bon François Bon est né en 1953, en Vendée. Il a publié son premier livre Sortie d’usine, aux éditions de Minuit en 1982. Il enseigne l’écriture à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. www.tierslivre.net Sortie d’usine, roman - Minuit, 1982 - Nouvelle édition en 1985. Limite, roman - Minuit, 1985. Décor ciment, roman -Les éditions de Minuit, 1986. Le Crime de Buzon, roman - Minuit, 1988. La Folie Rabelais, essai - Minuit, 1990. Calvaire des chiens, roman- Minuit, 1990. L’Enterrement, récit - Verdier, 1991 - repris Folio 1994, réédition Folio 2004. Temps machine, récit - Verdier, 1992. Dans la ville invisible, roman - Gallimard Jeunesse, 1993. Un fait divers, roman - Minuit, 1994. C’était toute une vie, récit - Verdier, 1995. Parking - Minuit, 1996. 30, rue de la Poste, roman - Seuil Jeunesse, 1996. Voleurs de feu, Les vies singulières des poètes, récit - Hatier, 1996. Impatience - Minuit, 1998. Autoroute, roman - Seuil Jeunesse, 1998. Dehors est la ville, essai sur Edward Hopper - Flohic, 1998. Tous les mots sont adultes, méthode pour l’atelier d’écriture - Fayard, 2000 - nouvelle édition en 2005. Paysage fer, récit - Verdier, 2000. Pour Koltès, essai - Solitaires Intempestifs, 2000. Mécanique, récit - Verdier, 2001. Quatre avec le mort, théâtre - Verdier, 2002. Rolling Stones, une biographie - Fayard, 2002. Repris, Livre de Poche 2004. Quoi faire de son chien mort, théâtre - Solitaires intempestifs, 2004. Daewoo, roman - Fayard, 2004. Billancourt, sur des photos d’Antoine Stéphani - Cercle d’art, 2004. Petit Palais, sur des photos d’Antoine Stéphani - Cercle d’art, 2005. Tumulte, roman - Fayard, 2006. Bob Dylan, une biographie - Albin Michel, 2007. Rock’n roll, un portrait de Led Zeppelin - Albin Michel, 2008. L’Incendie du Hilton - Albin Michel, 2009. Après le livre - Seuil et Publie.net, 2011 Autobiographie des objets- Seuil, 2012 Proust est une fiction - Seuil, 2013 Fragments du dedans - Grasset, 2014 Parcours littéraire de Guénaël Boutouillet Auteur, formateur, médiateur web & criture. www.materiaucomposite.wordpress.com 2013 Publication d’un texte intitulé Le numérique en atelier d’écriture : un espace neuf où refonder des pratiques dans Culturenum : jeunesse, culture & éducation dans la vague numérique (Ouvrage coordonné par Hervé Le Crosnier, Cf éditions) Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net – et de nombreux textes sur ce site personnel, Matériau Composite. Critiques littéraires pour la revue Encres de Loire 2012 Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net, Encres de Loire, Ce qui secret, D’ici là. Critiques littéraires pour la revue Encres de Loire. 2011 Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net, Encres de loire, Geste. 2010« Sarajevo« , texte sur des photographies d’Alexandre Chevallier, éditionpublie.net, collection portfolio. Disponible à cette adresse. Publication dans les revues Gare Maritime, remue.net 2009 « La Politique par le sport », recueil collectif, dir. François Bégaudeau, éditions Calmann-Levy ; « Écrivains en série », recueil collectif, dir. Emmanuel Rabu, aux éditions Léo Scheer Publication dans les revues Ce qui secret, Gare Maritime, remue.net 2008 Co-direction de l’ouvrage collectif « Conversations avec Henri Michaux », juillet 2008, éditions Cécile Defaut Publication en revues : 303, Geste, Gare Maritime, remue.net 2007 Publication dans la revue Éponyme (et soirée de présentation publique aux Herbiers) // Publication de textes dans le recueil Le sport par les gestes, éditons Calmann-Levy (dir. François Bégaudeau et Xavier Delaporte) Depuis 2009, membre du conseil d’administration de la revue Ce qui secret. De 2006 à 2011, membre du Comité artistique-Conseil d’administration de la Maison de la Poésie de Nantes. Depuis 2003, membre du comité de rédaction de remue.net, site d’information et de création littéraire.