Soins obstétricaux d`urgence (enquête) - UNFPA
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Soins obstétricaux d`urgence (enquête) - UNFPA
Faire de la maternité sans risque une réalité Chaque année, 515 000 femmes meurent suite aux complications de leur grossesse. Réduire le nombre de ces décès ne nécessite pourtant ni investissements coûteux, ni technologies sophistiquées. La seule nécessitée est de donner aux femmes la possibilité de recevoir des soins à temps. Les soins obstétricaux d’urgence ont déjà pu être mis en place dans de nombreux pays à faible revenu. Le FNUAP s’est engagé à faire de la Maternité Sans Risque, une réalité dans le monde. En mai 2001, le FNUAP, en collaboration avec l’UNICEF et l’OMS, a organisé une conférence “Vision 2010” sur la réduction maternelle et néo-natale en Afrique de l’Ouest et Centrale. La Déclaration de Bamako qui en a résulté exprime l’engagement de tous les acteurs à réduire significativement la mortalité maternelle et néo-natale en 2010. Cette Déclaration considère la mortalité maternelle comme une problématique de Droits de l’Individu. Elle insiste sur l’importance de revoir les politiques et systèmes de santé, et appelle à un véritable engagement politique en faveur de la Maternité Sans Risque. Pour réduire la mortalité maternelle, le FNUAP intervient à 3 niveaux en encourageant : § L’accès à la planification familiale : parce qu’une planification familiale volontaire réduit d’environ 20% les grossesses non désirées ; notamment les grossesses des femmes trop jeunes ou trop âgées pour porter un enfant sans danger pour leur santé ou encore les grossesses répétées. La planification familiale réduit indirectement la mortalité et la morbidité dues à la grossesse. § L’accouchement assisté par du personnel qualifié : parce que seul un professionnel de la santé (sage-femme, infirmier ou médecin) est capable de surveiller un accouchement, de reconnaître les complications éventuelles et de les gérer efficacement. § La disponibilité de soins obstétricaux d'urgence : parce que la majorité des complications de la grossesse ne peuvent pas être prévues, mais peuvent être traitées par des interventions d'urgence telles la césarienne, l'extraction manuelle du placenta, la transfusion sanguine ou simplement l'administration d'antibiotiques. En collaboration avec le Programme de Réduction de la Mortalité et la Morbidité Maternelle de l'Université de Columbia, le Projet " Maternité Sans Risque " se base sur le vaste réseau de représentation du FNUAP dans différents pays et sur le terrain. Il a pour objectif de renforcer la capacité des hôpitaux et des centres de santé existants à prodiguer des Soins Obstétricaux d'Urgence (SOU). Il s’agit donc d'utiliser les ressources (humaines, techniques et en infrastructure) disponibles pour réaliser des interventions qui sauvent la vie des mères et des enfants. Pour réduire la mortalité maternelle, l’approche de la Maternité Sans Risque est simple. Elle cherche à réduire 3 délais pouvant être fatals : § Le délais de décision avant de faire appel à des soins professionnels ; § Le délais occasionné par le transport jusqu'au service de soins sanitaires ; § Et, le long délai d'attente entre l’arrivée au service de soins et la prise en charge médicale effective. Dans le cadre de la Maternité Sans Risque, le FNUAP cherche spécifiquement à : § Accroître les connaissances de toutes les parties prenantes concernant l'efficacité des Soins Obstétricaux d’Urgence; § Renforcer les collaborations en vue d'intégrer la disponibilité de Soins Obstétricaux d’Urgence dans les Programme d’assistance du FNUAP aux différents pays; 1 § § Améliorer la compréhension et l'utilisation des indicateurs de processus en Soins Obstétricaux d’Urgence ; Exécuter des projets spécifiques de Soins Obstétricaux d’Urgence pour améliorer leur accessibilité et leur disponibilité. En 2001, les Projets "Maternité Sans Risque" du FNUAP ont permis au Maroc, au Mozambique et à l'Inde d’exécuter avec succès des programmes de réduction de la mortalité maternelle. Ces programmes se focalisent sur l'augmentation de l'accessibilité aux soins obstétricaux d'urgence pour les femmes en milieu urbain comme en milieu rural. Ils sont mis en oeuvre après une identification approfondie des besoins. Une telle enquête vient de s’achever au Nicaragua. En Afrique de l’Ouest, une évaluation des services de soins obstétricaux a été réalisée dans 5 pays, dont le Niger. 2 Faire de la maternité sans risque une réalité au Niger Le FNUAP a collaboré avec les équipes gouvernementales du Niger pour collecter des données sur les Soins Obstétricaux d’Urgence. L'enquête a couvert tout le pays, les données ont été collectées de février à avril 2001 dans 85 services sanitaires : 22 offrants des Soins Obstétricaux Urgents Complets (SOUC) et 63 offrants des Soins Obstétricaux Urgents de Base (SOUB). D’un point de vue méthodologique, la collecte des données a été difficile. Il y a clairement une sous-notification des complications associées aux décès maternels et néo-natals. L'envergure de l'enquête, le manque de standardisation des sources d'information et la mauvaise tenue des registres (registres de maternités, de protocoles opératoires, d’avortements, de décès, de naissance) ont entraîné une prolongation de la période de collecte des données. Les rapports des formations effectuées par les services sanitaires ont également été analysés, de même que d'autres sources d'information comme les feuilles de température. L’enquête a permis d’étudier 4 aspects des soins obstétricaux d’urgence au Niger : la disponibilité, l’utilisation, la qualité et le suivi des soins. Disponibilité La disponibilité des SOUC et SOUB dans les services sanitaires est inférieure aux attentes des populations. Le manque de personnels qualifiés (sages-femmes, médecins formés en chirurgie de district, aides chirurgiens et aides anesthésistes), mais aussi la mauvaise répartition de ceux qui sont qualifiés, contribue au manque de soins obstétricaux d'urgence efficaces. La formation inadaptée du personnel et le manque d'équipement voire de consommables médicaux sont d’autres facteurs défavorables. A cela s’ajoutent encore les grandes distances à parcourir et les systèmes de référence et contre-référence non fonctionnels. Situation des services Situation des services de Soins Obstétricaux d'Urgence de Base 80 de Soins Obstétricaux d'Urgence Complets 25 70 60 50 40 Potentiels 20 Fonctionnels 15 Potentiels 10 Fonctionnels 30 20 5 ey am Ni l ta To 0 To ta l r de Zin ua ho Ta Ni am ey i ad ar M Ta ho ua o ss Do Zi nd er a ff Di Do ss o M ar ad i 0 Di ff a 10 ez ad Ag 30 Ag ad ez 90 Agadez est une région particulièrement vaste, ce qui rend l'accessibilité aux soins obstétricaux d'urgence très difficile, sauf pour les populations urbaines. Dans la région de Diffa, la couverture sanitaire est bonne, malgré la dispersion géographique des populations. Par contre, les régions de Tahoua, Dosso, Maradi et Zinder qui sont les plus peuplées, souffrent d’une faible couverture sanitaire. L’enquête recommande d’améliorer le programme national de la santé de la reproduction, en partenariat avec le FNUAP, l'OMS, la Banque Africaine de Développement et l'Union Européenne. Plus précisément, il faudra, entre autre: 3 § § Augmenter la disponibilité des services sanitaires offrant des soins obstétricaux d'urgence de base (SOUB) de 3.18 à 4.36 dans les régions prioritaires de Diffa, Maradi, Tillabéri, Agadez et Zinder. Ceci notamment par la formation du personnel dans l'utilisation des ventouses, et l'introduction de la santé de la reproduction dans le curriculum de base. Augmenter la disponibilité des services sanitaires offrant des soins obstétricaux d'urgence complets (SOUC) de 1 à 1,98 pour 500.000 avec 21 services sanitaires offrant des soins obstétricaux d'urgence complets dans les régions prioritaires de Maradi, Diffa, Agadez, Zinder, Tillabéri, Tahoua, Dosso et la Communauté Urbaine de Niamey. Utilisation Au Niger, les services sanitaires offrant des soins obstétricaux d'urgence complets sont sousutilisées. Ceci s’illustre notamment par le faible taux de césariennes pratiquées (0,5 %) bien en dessous du niveau minimum acceptable qui est de 5 %. Les raisons avancées pour expliquer cette sous-utilisation sont : § Le mécontentement des patients qui se plaignent de l'engorgement des services sanitaires, du mauvais accueil et/ou du manque de motivation du personnel. Ce manque de motivation peut être dû à l’insuffisance de formation ou aux conditions de travail difficile (notamment l’éloignement entre le domicile du soignant et le centre sanitaire en milieu rural). § Le coût des soins, qui est au-dessus des moyens de la majorité de la population (même si un tarif spécial est appliqué pour les plus pauvres) et auquel s’ajoute les frais des médicaments et autres dispositifs médicaux. § La grande dispersion des populations, le mauvais état des routes et l'inadéquation des moyens de transport. Complications obstétricales traitées dans les services sanitaires offrant des soins obstétricaux d'urgence de base et complets au Niger Régions Population Nombre de naissances attendues Nombre de complications attendues Nombre de complications traitées % de complications traitées Agadez Dosso Diffa Maradi 407 084 1 590 261 221 482 2 201 129 21 168 82 694 11 517 114 459 3,175 12,404 1,727 17,168 1,678 954 352 2,411 52,85% 7,69% 20,38% 14,04% Zinder Tahoua Tillabéri CUN Niamey 2 098 884 1 905 960 2 022 256 685 650 109 142 991 110 105 157 35 862 16,371 148,666 15,773 10,284 5,815 2,055 725 3,218 35,52% 1,38% 4,60% 31,29% Total Niger 11 136 706 579 109 86,866 17,218 19,82% La décentralisation du système de santé devrait contribuer à l'amélioration des SOUC et à une plus grande fonctionnalité des districts sanitaires. Il faudrait également garantir l'utilisation des services en demandant une évaluation attentive des frais médicaux afin de s'assurer que le système prend en compte et le coût des services, et la capacité des clients à payer. Une fois les services améliorés, des efforts devront être déployés pour promouvoir leur utilisation et leur gestion par les communautés de base (à travers divers comités et au-delà les organisations nongouvernementales). Qualité Le taux de mortalité maternelle au Niger est de 2,2 % ; soit nettement plus élevé que le minimum acceptable. Pour améliorer la qualité des soins obstétricaux d’urgence, les efforts doivent être 4 orientés vers le système de référence et contre-référence, la collecte et la conservation des données, une meilleure communication et l’augmentation des moyens logistiques ainsi qu’une supervision et une formation adéquate du personnel. La gestion des équipes de santé est un aspect essentiel de la promotion de la qualité des soins obstétricaux d'urgence complets. Il est également important d'organiser un système d'approvisionnement en médicaments en développant un système de recouvrement de coûts et des centres d'approvisionnement au niveau des régions et des sous-régions. Suivi Pour suivre les progrès de l'amélioration des services, un système de suivi et évaluation est en construction. Il prévoit une carte de suivi standardisée qui sera introduite dans tous les registres de maternité et le calcul des indicateurs de naissances assistés, de complications obstétricales traitées et de césariennes. La plupart des informations rassemblées vont être synthétisées pour élaborer des nouvelles normes et procédures en santé de la reproduction. La collecte permanente de données et le suivi seront améliorés et encouragés. Un plan d'action du suivi sera élaboré au cours d’un atelier national et s’appliquera à tous les niveaux de services (nationaux, régionaux et de districts). Ce plan sera intégré au système national d'information sanitaire prévu en 2002. Les contraintes à surmonter incluent la mobilisation des ressources, l'absence d'harmonisation dans la définition des complications obstétricales, et la sous-notification des données (particulièrement pour les décès maternels spécifiques). 5