Commentaire sur les marchés

Transcription

Commentaire sur les marchés
Février 2013
1
T4 2011
Commentaire sur les
marchés
Les leçons du Jour de la marmotte
Quand Phil Connors, le chroniqueur météo joué par Bill Murray
dans le film Le jour de la marmotte, sorti en 1993, s'est réveillé
un matin sans entendre les airs de « I Got You Babe », il a
ressenti un immense soulagement. Après quelques leçons
durement apprises, il n'était plus condamné à revivre
indéfiniment la journée du 2 février. Les investisseurs se sontils réveillés à l'aube d'un jour réellement nouveau en janvier,
ou bien avons-nous réentendu les voix de Sonny et de Cher,
indiquant que nous restons prisonniers du supercycle de
l'endettement?
Examen des éléments de preuves
Comme le mois de janvier a marqué une nette amélioration par
rapport à décembre, il est tentant de penser que les marchés
financiers ont peut-être atteint un véritable point tournant. La
crise de la dette souveraine en Europe n'a pas fait l'objet de
manchettes alarmistes. La question du précipice budgétaire
aux États-Unis n'est plus à la une; la prochaine étape des
discussions en la matière, qui porteront sur le plafond de la
dette (soit la limite d'emprunt du gouvernement fédéral
américain), a été reportée au mois de mai. Au cours du mois,
la Chine a attiré très peu d'attention.
La réaction des marchés boursiers a été immédiate. Le S&P
500 a connu une progression de 5,63 % en dollars canadiens
(5,18 % en dollars américains); l'indice MSCI EAEO s'est
apprécié de 5,73 % en dollars canadiens (5,28 % en dollars
américains) pour le mois. Ici au pays, le S&P TSX a gagné
2,25 % (en dollars canadiens).
L'absence de grands titres catastrophiques a été favorable aux
marchés boursiers, mais d'autres facteurs entrent également
en jeu. S'il est vrai que les événements macroéconomiques ont
été moins dramatiques, on assiste indubitablement à un
déplacement général de capitaux des obligations vers les
actions. La semaine dernière, le gouvernement fédéral
canadien a émis deux titres obligataires : obligations à 5 ans
rapportant 1,2 % et obligations à 10 ans rapportant 1,5 %. Des
rendements aussi bas n’ont su convaincre les investisseurs de
demeurer fidèles aux obligations – ils ont été tentés par la
promesse d'un meilleur rendement du côté des actions.
De façon plus significative, les bénéfices des entreprises ainsi
que les données économiques se sont révélés encourageants.
Du côté des bénéfices, plus de 65 % des émetteurs assujettis
qui composent l'indice S&P 500 ont obtenu des résultats
supérieurs aux attentes, ce qui a propulsé les marchés
boursiers.
% des sociétés du S&P 500 ayant DÉPASSÉ les prévisions
des analystes (au cours du T3 de 2012)
Source : Strategas Accélération de la reprise économique aux
États-Unis
La croissance des bénéfices est en hausse pour la première
fois depuis trois ans. Outre les résultats supérieurs aux
attentes, les prévisions de résultats sont revues à la hausse.
On prévoit maintenant un accroissement des bénéfices de
13,8 % en 2013, contre 13,2 % il y a à peine deux mois.
Mais ce n'est pas tout. La plupart des indicateurs de la vitalité
de l'économie américaine sont en constante progression dans
le contexte de ce qui semble être une reprise soutenue. Les
statistiques sur les ventes, les prix et les stocks dans le
secteur immobilier continuent de montrer des signes
d'amélioration. Même les chiffres de l'emploi et de la vente au
détail sont sur la bonne voie. La recrudescence de la demande
extérieure se traduit par une hausse de la croissance de la
production aux États-Unis.
Le report des discussions sur le plafond de la dette a été une
décision prudente. L'urgence artificielle ayant été soustraite de
l'équation, le Congrès et le président peuvent désormais
discuter des dépenses discrétionnaires de façon constructive,
sans entraver l'économie. Le report a également mis un frein
aux discours rhétoriques – ne serait-ce que dans l'immédiat.
La progression réalisée par le marché des actions à ce jour
s'ajoute aux gains accumulés en 2012. L'appétit pour le risque
recommence à émerger, et l'indice VIX (qui mesure la volatilité
du marché) se négocie maintenant à des creux historiques.
Selon le dernier rapport Lipper U.S. Fund Flow, les capitaux
vers les fonds d'actions sont en constante augmentation
depuis le début de l'année.
2
Février 2013
Reprise en Europe
Encore une fois, le ton est à l'amélioration en Europe. Nous
avions éprouvé quelques inquiétudes en raison du
ralentissement économique observé en Allemagne, pays clé en
Europe. Néanmoins, les plus récentes données économiques du
pays, dont l'indicateur ZEW du sentiment économique, ont été
étonnamment meilleures que prévu.
Les écarts de taux entre les obligations à 10 ans de l'Allemagne
et celles de l'Italie et de l'Espagne continuent de se resserrer,
indiquant une diminution de la présomption de risque qui pèse
sur ces économies.
Toutefois, il n'y a pas que de bonnes nouvelles. Alors que des
signes permettaient d'envisager un adoucissement de la
récession en Europe, le Fonds monétaire international a
récemment prédit un autre recul économique et revu ses
prévisions à la baisse de 0,3 %. Le FMI prévoit également une
modeste reprise en 2014.
Il y a un véritable risque que les décideurs politiques européens
se satisfassent de la situation actuelle, compte tenu des signes
d'amélioration, et attendent d'avoir le dos au mur avant d'agir. Ils
se sont offert un petit sursis qu'ils devraient mettre à profit pour
tenter de régler certains des problèmes qui ont menacé la zone
euro (notamment la dette publique disproportionnée, la
croissance économique faible ou inexistante ainsi que le taux de
chômage élevé, en particulier chez les jeunes travailleurs).
gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a nuancé
ses inquiétudes selon lesquelles l'inflation constitue une
menace imminente pour notre économie. Les taux d'intérêt
devraient donc rester inchangés, éventuellement jusqu'à la fin
de 2013 ou au début de 2014.
Même si les indicateurs semblent pointer vers la réalisation de
solides bénéfices par les entreprises canadiennes, il est trop
tôt pour en parler puisque la période de communication des
résultats ne fait que commencer.
Notre stratégie et nos prévisions
Notre préférence pour les actions a été récompensée en
janvier, et nous maintiendrons cette approche. Notre stratégie
en matière de titres à revenu fixe a continué à évoluer tout au
long du mois, parallèlement à l'accroissement de nos positions
dans des titres à rendement élevé. L'obtention de rendements
avantageux sur le plan fiscal et pondérés en fonction du risque
demeure notre principal objectif en ce qui concerne les titres à
revenu fixe. Dans le contexte de faiblesse des taux, nous
protégeons le capital du client en réduisant la durée moyenne
de l'échéance des obligations.
Les rendements des titres à revenu fixe étant extrêmement bas,
il n'y a pas d'autre solution que de se tourner vers le marché des
actions. Nous continuons de privilégier une surpondération des
actions canadiennes et américaines; toutefois, il devient de plus
en plus évident que nous devrions également renforcer nos
positions dans les actions des pays émergents.
Maintien de la croissance en Chine
L'activité économique laisse entrevoir un début d'année
favorable en Chine. Les données les plus récentes sur l'activité
manufacturière, ainsi que l'enregistrement d'une croissance
plus forte que prévu du PIB au quatrième trimestre, ont été
salutaires tant pour le marché intérieur que pour les marchés
boursiers internationaux. Les autorités chinoises sont sur le
point de mettre fin au resserrement de la masse monétaire et
du crédit, de sorte qu'on peut s'attendre à ce que le
gouvernement injecte graduellement des fonds pour relancer
l'économie. L'indice des directeurs d'achats a progressé, et les
ventes au détail semblent plus fortes. Malgré les solides
progrès accomplis, il est toujours bon de se rappeler que la
Chine est encore à un stade relativement précoce de son
développement économique. Malgré tout, l'Empire du Milieu
dispose d'un vaste potentiel encore inexploité en termes de
production et possède la capacité d'adopter des mesures de
« reflation » (accroissement de la masse monétaire et du crédit
en circulation). Nous pensons que la croissance en Chine sera
supérieure à 7,5 % en 2013.
Amélioration modeste pour le Canada
Les joueurs de hockey sont de retour sur la glace, ce qui a un
léger effet positif sur l'économie. (Malheureusement pour les
Maple Leafs, les premiers signes pointent de nouveau vers une
saison comme toutes celles que l'équipe a connues depuis
1967.) L'immobilier a ralenti sa course effrénée de l'an dernier,
ce qui résulte, dans une mesure non négligeable, des
inquiétudes exprimées par la Banque du Canada et par le
ministère des Finances concernant le niveau global
d'endettement des Canadiens. Comme prévu, le resserrement
de la réglementation d'assurance hypothécaire orchestré par le
gouvernement fédéral en juillet a eu pour effet de calmer un
marché immobilier effervescent. Dans un discours récent, le
Quel rôle peut jouer une gestion des risques responsable et
prudente à cet égard? Il s'agit en fait d'évaluer les probabilités.
Certains marchés boursiers ont généré en janvier des
rendements qui pourraient être considérés comme
raisonnables pour l'ensemble de 2013. D'une part, nous ne
voulons pas être exagérément frileux. Mais d'autre part, nous
ne voulons pas adopter la maxime « autant faire les choses
jusqu'au bout » lorsque nous effectuons des placements sur
les marchés boursiers – l'expression devrait bientôt devenir
archaïque, avec le retrait de la pièce de un cent par la Monnaie
royale canadienne, le 4 février dernier. Nous anticipons un
fléchissement du prix des actions, qui devrait atteindre des
niveaux plus modestes au cours des prochains mois. En
attendant, nous tirons pleinement parti de cette poussée, tout
en sachant pertinemment que cela ne pourra pas continuer
indéfiniment.
Nos radars sont fixés sur les prochaines discussions aux ÉtatsUnis concernant le précipice budgétaire. Par ailleurs, nous
suivons attentivement l'actualité en Europe, notamment
l'établissement d'une autorité commune de supervision bancaire,
le renforcement de l'intégration fiscale ainsi que les progrès
effectués en vue de l'émission d'une d'obligation commune.
L'amélioration des rendements boursiers constatée en janvier
constitue des signes encourageants et positifs. Bien que le
magazine Rolling Stone considère la chanson « I Got You
Babe » comme la 44e meilleure chanson de tous les temps,
souhaitons que nous n'ayons pas à l'entendre au réveil de sitôt.
Les renseignements contenus dans la présente publication sont fondés
sur des sources comme les rapports des émetteurs, les services
statistiques et les communications d’entreprises. Nous les estimons
fiables sans toutefois en garantir l’exactitude ni l’exhaustivité. Les
opinions exprimées dans cette publication valent pour l’heure et sont
susceptibles de changer.
MD « BMO (le médaillon contenant le M souligné) Banque privée Harris » est une
marque de commerce déposée de la Banque de Montréal, utilisée sous licence. Les
services de gestion de portefeuille sont offerts par BMO Harris Gestion de placements
Inc., une filiale indirecte de la Banque de Montréal.