Photographies de Charles Fréger
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Photographies de Charles Fréger
BRETONNES © Charles Fréger Photographies de Charles Fréger À PARTIR DU 6 JUIN 2015 GUINGAMP - CENTRE D’ART GWINZEGAL PONT-L’ABBÉ - MUSÉE BIGOUDEN RENNES - MUSÉE DE BRETAGNE - LES CHAMPS LIBRES SAINT-BRIEUC - MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DOSSIER DE PRESSE BRETONNES Photographies de Charles Fréger #Bretonnes SOMMAIRE I UN PROJET COOPÉRATIF, QUATRE LIEUX, QUATRE EXPOSITIONS: Centre d’art Gwinzegal, Guingamp Musée Bigouden, Pont-l’Abbé Musée de Bretagne - Les Champs Libres, Rennes Musée d’art et d’histoire, Saint-Brieuc p.4 II À L’ORIGINE UNE RÉSIDENCE p.10 III CHARLES FRÉGER:UN PROTOCOLE PHOTOGRAPHIQUE, UNE SIGNATURE p.11 Quelques éléments biographiques Une démarche obsessionnelle IV L’OUVRAGE p.14 V LEXIQUE p.15 VI p.16 VISUELS DISPONIBLES VI INFORMATIQUES PRATIQUES p.17 VII CONTACTS PRESSE p.17 3 I. UN PROJET COOPÉRATIF, QUATRE LIEUX, QUATRE EXPOSITIONS BRETONNES Photographies de Charles Fréger Un événement photographique présenté dans 4 lieux emblématiques de la culture en Bretagne, pendant tout l’été 2015 : // Centre d’art et de recherche GwinZegal à Guingamp Exposition du 6 juin au 27 septembre 2015 // Musée Bigouden de Pont-l’Abbé Exposition du 6 juin à 31 octobre 2015 // Musée de Bretagne - Les Champs Libres à Rennes Exposition du 6 juin au 30 août 2015 // Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc Exposition du 6 juin au 27 septembre 2015 Charles Fréger déploie sur tout le territoire breton, à partir du 6 juin 2015, une nouvelle série photographique : Bretonnes. L’artiste dresse le portrait de femmes vêtues de leurs costumes traditionnels. Une représentation sociale? 4 Le musée de Bretagne (Rennes Métropole), le musée d’art et d’histoire de SaintBrieuc, le Musée Bigouden de Pontl’Abbé et le Centre d’Art GwinZegal à Guingamp s’associent autour de la série photographique de Charles Fréger, Bretonnes, pour offrir sur la saison estivale 2015 quatre expositions. En circulant d’une exposition à l’autre, c’est au dévoilement de la singularité du costume en Bretagne, son histoire, les savoir-faire liés à sa réalisation (dentelles, broderies…), son usage au quotidien, ou encore sa représentation identitaire qu’est convié le public, tout en inscrivant le travail réalisé par le photographe en Bretagne dans son parcours d’artiste. Réunies par une réflexion commune sur le questionnement et la transmission d’un héritage culturel, les quatre approches seront singulières, tant sur le fond que sur la forme. Ces quatre structures, de nature et de taille diverses, aux centres d’intérêt et projets intellectuels complémentaires, développent ensemble une approche pluridisciplinaire riche et innovante. En s’engageant dans le projet «Bretonnes», Charles Fréger s’estlancé dans un inventaire poétique des coiffes bretonnes dans la culture vestimentaire traditionnelle des femmes de la région. Cornette du Trégor, Coiffe le Coq, Toukenn, Capot de deuil, Queue de langouste, Coiffe Bigoudenn, Marmotte ou Jenoss … tous ces noms de coiffes viennent au fil du temps enrichir le vocabulaire du photographe, qui s’est plongé avec gourmandise dans l’histoire de cet élément essentiel du costume breton. Pour aborder son travail de prise de vue, le photographe s’est penché sur l’histoire des représentations ayant trait au costume traditionnel de Bretagne : compilant tout à la fois l’importante production de cartes postales liées à cette thématique et celle des peintres, de Gauguin à Mathurin Méheut, en passant par Émile Bernard, Paul Sérusier, Eugène Boudin…, Une fois cernés les stéréotypes et les clichés, il isole ce qui le captive, définit sa matière et finit par inventer sa forme. «Dès l’origine du projet, raconte Charles Fréger, j’ai pensé à l’écran afin de me focaliser sur le costume au premier plan et d’obtenir un rendu assez doux, presque du pastel, entre le fond et la coiffe. C’est à double tranchant : ça neutralise, mais ça permet de créer un territoire sur place, et donc de faire abstraction». En Bretagne, comme dans ses séries précédentes, plus que la quête d’identité c’est la forme esthétique qui le guide : à la façon dont les gens se tiennent raideurs, plis, réflexes – à ces costumes qui contraignent physiquement pour donner une ligne au corps et permettre d’exhiber, parfois au prix de souffrances, les emblèmes de la parade. Pour réaliser «Bretonnes», une des séries les plus amples réalisée par le photographe, Charles Fréger s’est appuyé sur l’organisation en fédération des cercles celtiques, War’l Leur et Kendalc’h (1). La liste des cercles visités par le photographe est impressionnante. (2) 5 BRETONNES ET AUTRES SÉRIES CENTRE D’ART GWINZEGAL, GUINGAMP 6 JUIN – 27 SEPTEMBRE 2015 Mêlant à la fois 35 portraits issus de la série «Bretonnes», en grands format, et une sélection de portfolios de séries réalisées entre 2002 et 2013 (Hereros, Winner face, Short school haka, Empire, Opera, Painted elephants), l’exposition présentée au Centre d’Art a pour objet de mettre en perspective le travail réalisé par Charles Fréger en Bretagne dans le contexte général de son œuvre. LE CENTRE D’ART GWINZEGAL GUINGAMP Centre d’art et de recherche, GwinZegal se définit comme une plateforme de travail pour aborder les différentes facettes de la photographie telle qu’elle se crée, se produit, se diffuse, fait l’objet d’études, s’édite, se collectionne dans notre société contemporaine. Le projet de ce centre d’art s’articule entre un territoire à dominante rurale, Le Pays de Guingamp en Bretagne, et l’inscription dans un réseau en France et en Europe d’institutions poursuivant les mêmes objectifs. L’objet est de permettre la rencontre, l’échange, l’analyse et la confrontation entre la diversité des acteurs, des pratiques et des publics autour des multiples points de vue et usages liés à la photographie tout en prenant en compte son inscription dans le champ plus vaste de l’image. Les activités de GwinZegal se déclinent autour de résidences de photographes, de la diffusion d’œuvres, de l’édition, de colloques et de conférences, d’ateliers, et de formations. 6 EXPOSITION DES 60 ANS DU MUSÉE «SOMMES-NOUS FOLKLORIQUES ?» AU MUSÉE BIGOUDEN, PONT-L’ABBÉ 6 JUIN – 31 OCTOBRE 2015 Le Musée Bigouden propose une exposition-laboratoire questionnant notre rapport à la tradition et au folklore. Interrogeant différents regards, historiques, ethnographiques, touristiques mais aussi artistiques au travers du travail de Charles Fréger, le Musée Bigouden proposera une exposition-laboratoire autour d’une question devenue saillante aujourd’hui en Bretagne : «sommes-nous folkloriques ?». La pratique des cercles celtiques, leur usage contemporain d’un patrimoine ancien, questionne le musée. Les notions de folklore, d’identité, de tradition doivent être repensées à la lumière de ces pratiques. Autour des photographies de Charles Fréger, le musée s’interrogera sur les cercles celtiques aujourd’hui : reconstitution ou création? Tradition ou invention? Folklore ou apparat? Par-delà ces réflexions, le musée posera la question de sa place et de son rôle, en tant que musée de société et à l’occasion de ses 60 ans, dans la transmission d’une indentité sans cesse mouvante. Un workshop, atelier autour de la création d’une coiffe contemporaine, sera proposé au mois de septembre. Cet atelier fera appel à plusieurs intervenants exceptionnels tels Maurizio Galante, créateur haute couture et Charles Fréger et s’adressera au public des membres des cercles celtiques de toute la Bretagne. Il est soutenu par la Fondation Hermès. LE MUSÉE BIGOUDEN PONT-L’ABBÉ Musée de société/collecteur de mémoire(s)/conservateur de patrimoine/ agitateur d’identité/chercheur en ethnographie/catalyseur d’évènements culturels… Le Musée Bigouden ouvre les portes de la mémoire bigoudène, de son territoire du bout du monde, pourtant au cœur de la culture bretonne. Aujourd’hui comme hier, la culture bigoudène n’en finit plus d’être contemporaine. Au fil des salles du Château des Barons du Pont, elle se donne à voir à travers ses collections de coiffes et costumes, de son habitat, de sa mémoire des jours de fête ou de travail. 7 BRETONNES, PHOTOGRAPHIES DE CHARLES FRÉGER MUSÉE DE BRETAGNE-LES CHAMPS LIBRES, RENNES 6 JUIN – 30 AOÛT 2015 L’exposition consacrée à Charles Fréger pendant l’été 2015 par le musée de Bretagne à Rennes, présente sur 400 m2 une large sélection de sa série «Bretonnes», soit 70 œuvres photographiques de différents formats. «Bretonnes, photographies de Charles Fréger» est une exposition qui donnera à voir, en contrepoint de l’accrochage contemporain, des coiffes issues des collections du musée. Présentées en série dans une «vitrine» translucide de forme circulaire, elles permettront au spectateur d’être en contact direct avec l’objet, une sorte d’immersion dans la culture matérielle tout en respectant l’idée du volume, de la transparence et de la légèreté, propre au dispositif de prise de vue du photographe. Fidèle à sa démarche anthropologique, la scénographie intègrera également des audiovisuels et des dispositifs de médiation, visant à articuler la démarche artistique du photographe, le discours de jeunes femmes sur leurs pratiques dans les cercles celtiques, ainsi que l’histoire et l’évolution du costume régional. Le musée de Bretagne vient d’acquérir un ensemble de 46 photographies de cette série «Bretonnes». Cette démarche s’inscrit dans le programme d’acquisitions de photographies contemporaines réalisées ces dernières années par le musée de Bretagne. Le travail de Charles Fréger rejoint ainsi, au sein du musée de Bretagne, les images d’autres photographes contemporains interrogeant l’identité bretonne, tel Malick Sidibé. LE MUSÉE DE BRETAGNE RENNES Installé depuis 2006 au sein de l’équipement culturel de Rennes Métropole, Les Champs Libres, le musée de Bretagne rend compte au travers de sa programmation des problématiques sociétales actuelles s’intéressant à des sujets d’histoire, d’archéologie et d’ethnologie. Musée d’histoire et de société, le musée de Bretagne constitue une porte d’entrée indispensable et passionnante pour comprendre la Bretagne d’aujourd’hui. Il collecte, conserve et met en valeur les témoignages de ses habitants. Il est également lieu de réflexion sur les questions contemporaines, éclairées par les travaux récents d’histoire et de sciences sociales. En plus de ses expositions temporaires, le musée de Bretagne propose chaque semaine des temps d’échanges et de débats. Conférences, rencontres, visites commentées, concerts et films documentaires, sont programmés tout au long de l’année pour donner des clefs de compréhension supplémentaires à son public. 8 COSTUMES ET VIE QUOTIDIENNE MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE, SAINT-BRIEUC 6 JUIN – 27 SEPTEMBRE 2015 Les photographies de Charles Fréger, liées aux costumes en Côtes d’Armor et présentées au sein des salles permanentes dédiées au costume dans la vie quotidienne, et notamment celle consacrée à «Mari et femme : les jours ordinaires et la parade sociale», ponctueront, comme un écho contemporain, ce parcours. Plus d’une dizaine de photographies sélectionnées avec Charles Fréger, issues de la série Bretonnes et toutes réalisées avec la complicité des cercles des Côtes d’Armor, mettant en valeur le costume et la coiffe de travail et de parade. Tableaux de Perrin, planches de Lalaisse, image touristique en construction, photographies de Bailly, de Kerever jusqu’à la publicité contemporaine...autant d’images dont la coiffe intègre le lexique (grammaire, discours...). Le musée présentera une sélection chronologique des productions de ces «créateurs d’images» (imagiers....) en évoquant leur contexte de réalisation. LE MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE SAINT-BRIEUC Le musée d’art et d’histoire de SaintBrieuc, labellisé « Musée de France » est installé au coeur de la ville, dans l’ancienne gendarmerie de la ville. Il retrace l’histoire du département des Côtes d’Armor, depuis sa création jusqu’aux premières décennies du 20ème siècle. Les galeries permanentes mettent en valeur de riches collections d’archéologie, d’ethnographie, d’art et d’histoire dont la présentation est régulièrement renouvelée. Maquettes, dessins, faïences et objets variés reflètent la diversité des thèmes abordés : la pêche et la navigation, le défrichement des landes et l’évolution des paysages, l’industrie toilière, l’artisanat et la vie sociale, le costume breton… Les expositions temporaires laissent la part belle aux artistes contemporains. 9 II. À L’ORIGINE, UNE RÉSIDENCE Depuis 2006 le Centre d’Art GwinZegal a mis au cœur de son projet l’accueil d’artistes en résidence. Malick Sidibé, Paulo Nozolino, Anne Golaz, Mathieu Pernot, Raphaël Dallaporta, Alexandra Catiere, Olivier Metzger, Cécile Hesse & Gaël Romier, Marie Taillefer, Stéphane Duroy … sont ainsi devenus, au fil des années, des partenaires à part entière du travail du Centre d’Art en Bretagne. C’est dans ce cadre que le Centre d’Art GwinZegal a accueilli, depuis septembre 2011, Charles Fréger, l’invitant à poursuivre son travail sur le territoire breton sur ce que Michel Poivert nomme «les communautés inactuelles». Cette nouvelle série s’inscrit dans les enjeux à l’œuvre, dans le travail du photographe et notamment la question des représentations en usage dans la société contemporaine — marquée par un double mouvement paradoxal d’individualisation et de «mondialisation» des comportements. Les femmes et hommes photographié(e)s par Charles Fréger, jeunes pour la plupart, appartiennent à des organisations collectives, plus ou moins institutionnalisées, qui impliquent le port d’une tenue vestimentaire codifiée — apprentis sumo, gardes royaux et républicains de toute l’Europe, élèves de l’école de l’Opéra de Pékin, patineuses de danse synchronisée finlandaises... — reliées par une expérience contemporaine d’une sociabilité qui suppose un certain rapport à l’histoire culturelle, ethnologique, anthropologique et/ou sociale des sociétés dans lesquelles ces jeunes femmes et hommes évoluent. Le modus operandi que le photographe met en œuvre de manière récurrente et avec rigueur dans ses séries obéit à des choix formels : une prise de vue en extérieur, un souci de la pose, l’usage du flash qui dégage la silhouette de son environnement et la volonté d’imprimer à ses portraits in situ, au-delà du simple enregistrement, une expression de mise en scène doublée d’une esthétique de l’immobile. S’y rajoute le souci du fond devant lequel se tient le modèle et l’expérience physique afférente au port du costume qui détermine une posture, un maintien, parfois une rigidité, élément qui aux yeux du photographe ne peut être séparé de la nature esthétique du costume. Dans la série « Bretonnes » Charles Fréger a rencontré une grande part des cercles celtiques de Bretagne afin de mettre en évidence la très grande diversité des coiffes et costumes, et la complexité du rattachement de chacun de ces éléments d’une identité affirmée à un territoire strictement défini. Coiffes et vêtements de travail, de fêtes, d’événements singuliers de la vie, témoins d’une culture diverse et d’une grande créativité, ont aujourd’hui quasi disparu de la vie au quotidien, submergés par une industrie du vêtement banalisée et mondialisée, victimes aussi de l’aspiration à rompre avec des contraintes, réelles ou supposées, liées à la tradition, aux coutumes et à un mode de vie largement autocentré dans un monde à forte dominante rurale. Malgré cet effacement de notre quotidien, la coiffe et plus largement le vêtement traditionnel, participent toujours d’une représentation symbolique de l’identité bretonne qu’elle soit de témoignage, de revendication culturelle ou à vocation touristique. Dans les «tableaux» photographiques que nous livre le photographe, contrepoints à la banalisation de nos usages vestimentaires, l’écran qu’il interpose entre le ou les modèle(s) de premier plan et le paysage qui se laisse deviner en arrière plan, fonctionne comme un fil tendu entre une image qui peine à se dévoiler, comme surgie d’un autre temps, et la présence affirmée du modèle, saisit dans sa réalité la plus immédiate. Ce pont entre deux mondes est à la fois un questionnement sur notre rapport à la modernité et une invitation à se laisser porter par notre imaginaire. 10 III. CHARLES FRÉGER: UN PROTOCOLE PHOTOGRAPHIQUE, UNE SIGNATURE « Reculez un peu, là, stop. Vers moi maintenant, parfait. Il faut que je voie l’autre main, la main gauche, oui, merci.» Face à son modèle, Charles Fréger impose un dialogue télégraphique. C’est une constante dans son travail: pas de casting, aucun rapport particulier avec ceux qu’il photographie. Très tôt, encore étudiant dans une école d’art, Charles Fréger commence à photographier des jeunes gens appartenant à des groupes qui impliquent le port d’une tenue vestimentaire spécifique, généralement uniforme. La nature systématique de ce travail, la stricte délimitation de son sujet et sa forme objective ne sont pas sans rappeler une certaine filiation avec des travaux photographiques plus anciens – les petits métiers d’Eugène Atget, le travail d’August Sander en Allemagne, celui d’Irving Penn sur les petits métiers à Paris, Londres et New-York. À cette différence que le propos de Charles Fréger n’a pas pour finalité un document social mais bien la question de l’identité. Le photographe apporte nécessairement des informations factuelles sur ceux qu’ils photographient, mais il ne va pas au-delà de ce qu’ils lui donnent à voir. «Les photographies de Charles Fréger sont comme les peintures des Primitifs italiens, pleines d’audace et de courage : d’audace à représenter la personne humaine ; de courage à en incarner le visage. Pour tant, quand ils peignaient un tableau, ces derniers ne cherchaient seulement qu’à peindre un tableau. Charles Fréger est profondément photographe, juste photographe. Dans les portraits qu’il réalise depuis plusieurs années déjà, les personnes se tiennent là, debout, presque hiératiques, avec une présence qui échappe au cadre propre à la photographie, comme si, au-delà de la commande ou du rendez-vous que leur avait donné l’artiste, elles s’étaient convoquées elles-mêmes à faire image. Mais, devant ces mêmes portraits, que voulons-nous voir ?, ou que devons-nous lire ?... Rien ou presque ; et tout, à la fois. Rien, parce qu’à la surface de l’image, il n’y a que cette répétition, cette succession, cette logique de groupe dans laquelle Charles Fréger inscrit toutes ses séries de photographies, et cela selon un protocole immuable.» écrit le critique Charles-Arthur Boyer. 11 QUELQUES ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES Né en 1975, diplômé de l’École des beaux-arts de Rouen, il vit en Normandie. Depuis le début des années 2000, il travaille à travers le monde sur des séries de portraits au sein de groupes, tous engagés dans une démarche d’appartenance à un collectif: écoliers, sportifs, légionnaires, majorettes … et aujourd’hui cercles celtiques de Bretagne. Son travail a récemment été exposé au Mac/Val du 23 février au 30 juin 2013 dans l’exposition monographique « Wilder Mann ». Y était présentée une série de portraits, autour de la figure emblématique de « l’homme sauvage », issus de toute l’Europe (19 pays traversés, de l’Autriche à la Finlande). Le musée Nicéphore Niepce de Chalon-surSaône a également présenté, du 15 juin au 15 septembre 2013, une rétrospective de son œuvre sous le titre « Uniforme(s) ». Il a publié une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels Légionnaires, portraits photographiques et uniformes aux éditions Le Château, Palio aux éditions Palazzo Massari, et Wilder Mann aux éditions Thames & Hudson. UNE DÉMARCHE OBSESSIONNELLE Charles Fréger mène ses séries photographiques comme des campagnes militaires, avec une méthode et une détermination impressionnantes. «J’ai la réputation d’arracher les brins d’herbe qui dépassent... et c’est vrai», reconnaît le photographe. En perfectionniste, il contrôle tout : ses séances de pose sont cadrées et dirigistes, le hasard n’a pas sa place. «Avec ce genre de projet, on ne peut pas laisser l’extérieur entrer dans l’appareil.» De la détermination, il en faut pour aller chercher, aux quatre coins du monde, les portraits de communautés plutôt traditionnelles et souvent fermées. Le déclic s’est produit à Rouen, alors qu’il était encore étudiant aux Beaux-arts : un bateau de la marine y faisait escale, et il s’est essayé aux portraits de marins. «En une journée, tout a basculé. J’ai vu que c’était mon monde. Je travaillais déjà sur la sérialité. Dans l’uniforme, il y avait quelque chose de conceptuel, de froid, que j’aimais.» On a pu comparer ce travail systématique à la typologie des bâtiments industriels de l’après-guerre dressée par les allemands Bernd et Hilla Becher. Mais Charles Fréger a pris ses distances avec l’objectivité documentaire de l’école de Düsseldorf. Il se réclame plutôt d’August Sander, père d’un catalogue photographique de la société allemande des années 1930. Et encore plus d’Auguste Racinet, auteur d’une célèbre histoire dessinée du costume depuis l’Antiquité, publiée au XIXe siècle. Charles Fréger, lui, semble surtout s’intéresser aux costumes hérités d’un autre âge, régiments aux symboles ancestraux et lutteurs traditionnels, qu’il photographie comme hors du temps : «J’aime l’idée de photographier l’immuable», dit-il. Ce qui fait la force de ses images, c’est que l’individu ne disparaît pas dans le groupe, mais s’y intègre et s’exprime en absorbant ses codes, ses symboles : ses modèles arborent une mine altière, fiers de cette identité collective qu’ils s’efforcent d’incarner au mieux. «Je ne veux pas juste des gens qui portent un tee-shirt pour travailler. Je cherche des groupes de pairs, des individus qui ont fait la démarche de porter un uniforme, de grossir, de se muscler... des gens qui veulent rentrer dans leur image, portés par un désir d’être.» Selon lui, cette aspiration au collectif est d’ailleurs universelle: «On croit que l’individu prime aujourd’hui. En fait, c’est juste qu’on affiche moins son appartenance à un groupe.» 12 LA COIFFE BIGOUDENNE, Pont-l’Abbé, 1880 – 1960. Simple coiffe plate au début du XIXe siècle, elle va basculer frontalement vers 1850 puis commencer une lente ascension qui ne finira qu’à la fin des années cinquante, atteignant parfois les 40 cm. Ce pain de sucre se déclinera en broderie ajourée pour les cérémonies, en jaune safran pour les deuils au début du XXe siècle, puis en broderie non ajourée par la suite. À la fois paysanne et citadine, elle était présente dans les vingt communes du pays bigouden. En 2014, trois femmes la portent encore quotidiennement. LES COIFFES: SÉLECTION DES QUELQUES NOTICES ISSUES DE L’OUVRAGE BRETONNES LES COIFFES NANTAISES, 1900. L’originalité de cette région bretonne qui correspond au département de la Loire-Atlantique réside dans le fait que, à l’exception du pays de Guérande, toutes les coiffes sont construites sur un modèle unique. Elles possèdent un fond plus ou moins pointu, une passe, un devant de coiffe et pour certaine un dalais. Malgré cette homogénéité, il est possible d’en distinguer plus d’une cinquantaine différentes et, selon certains endroits, d’en dénombrer une par commune. Mais l’on y reconnaissait aussi celles des poissonnières, des jardinières ou encore des blanchisseuses… LA CITADINE DE SAINT-BRIEUC, 1900. Apparue dans le dernier quart du XIXe siècle, ce bonnet rond avant-gardiste pour l’époque va très rapidement conquérir les citadines aisées de Saint-Brieuc, soucieuses de montrer leur rang en se démarquant visuellement des paysannes, las, elles seront très vite rejointes par les artisanes désireuses, elles aussi, de se mettre au goût du jour. La campagne finira, elle aussi, par se débarrasser des anciennes modes et l’adoptera à son tour, mais les élégantes seront déjà passées au chapeau, rompant définitivement avec les modes traditionnelles. COIFFE À LA MODE ANCIENNE DE VITRÉ, la Guerche-de-Bretagne, 1820 – 1920. La poupette est une coiffe très ancienne, sobre pour tous les jours, finement ouvragée pour celles de cérémonie, qui occupait, pendant tout le XIXe siècle, un vaste territoire à l’est de Rennes. Cette grande coiffe campagnarde fortement empesée, relevant légèrement ses ailes audessus des épaules, ne résistera pas, de par son archaïsme, à la déferlante de la polka, jugée plus pratique dès le début du XXe siècle. LES COIFFES DE VANNES, 1850 – 1930. La coiffe la plus ancienne est une kornek, parente de celle de Baud, portée dans quelques communes limitrophes de la ville et connue sous le nom de coiffe de SaintPatern, elle n’acceptera jamais aucune broderie. Par opposition, les citadines aisées habitant autour de la cathédrale Saint-Pierre, arborent une coiffe plus moderne et généralement garnie de plis et de broderies, enfin celle portée par toute la campagne, entre Vannes et Auray se reconnaît aux trois cassures de sa visagière, son succès est probablement dû à sa simplicité et à son faible coût, n’oublions pas que nous sommes dans une campagne relativement pauvre. 13 IV. L’OUVRAGE À paraître aux éditions Actes Sud : Bretonnes Photographies de Charles Fréger Nouvelle de Marie Darrieussecq Commentaires de Yann Guesdon Parution : juin 2015 22,5 x 19 cm – relié 264 pages – 153 photographies en couleurs ISBN : 978-2-330-05044-3 Prix provisoire : 35 euros “C’était une de ces choses inexplicables et sûres. Si chaque atour était à sa place, si chaque aileron était plié comme il se doit sur chaque coiffe nommée de chaque nom, le monde était en ordre, et nous étions justifiées.” Bretonnes, Marie Darrieussecq En quelque vingt années, Charles Fréger s’est imposé comme le portraitiste des communautés humaines, dans leurs dimensions collective et individuelle, dressant, par le biais de l’inventaire photographique, des typologies de manières d’habiter, pour les individualités qui la composent, sa communauté d’héritage ou d’élection. Signe visuel d’appartenance et de ralliement, l’uniforme, sinon le costume, du plus protocolaire au plus “sauvage”, constitue le motif central de son œuvre. Pour ce nouvel opus, le photographe français a parcouru un territoire clairement défini dans lequel il a installé un cadre, celui d’un filtre grandeur nature donnant cette texture particulière à ces images. L’inventaire ici dressé est celui des coiffes bretonnes. Des jeunes filles coiffées de coton amidonné et de dentelle, de travail ou de cérémonie, posent devant ce fond. Dans ce constant aller-retour entre le particulier et son tout, si caractéristique de l’oeuvre de l’artiste, les photographies sont tout à la fois portrait et scène de genre, et rassemblent dans un même cadre tant le détail d’une dentelle ouvragée que les contours monumentaux d’une silhouette. 14 V. LEXIQUE (1) War’l Leur : la Confédération War’l Leur est créée en juin 1967. War’l Leur regroupe actuellement plus de 60 cercles celtiques, issus des cinq départements bretons mais aussi hors Bretagne ainsi que les six fédérations afférentes, soit près de 8 000 adhérents. War’l Leur a pour objectifs l’étude, la recherche, la préservation et la diffusion des arts et traditions populaires de Bretagne. Le patrimoine immatériel et les pratiques culturelles contemporaines sont aujourd’hui pluriels. La confédération œuvre plus particulièrement pour la conservation, la valorisation et la diffusion du patrimoine dansé et vestimentaire de Bretagne. Des pratiques culturelles à conserver, valoriser, faire vivre et diffuser. Kendalc’h : Créée en 1950, Kendalc’h entend promouvoir la culture bretonne par le biais des arts populaires. Kendalc’h, c’est la danse traditionnelle, le chant sous toutes ses formes (en langue bretonne ou gallèse, en chorale ou en kan ha diskan), mais aussi la musique, le costume... toutes ces marques artistiques qui participent à la construction identitaire du Breton. Kendalc’h s’est donné pour mission d’offrir à ses adhérents des moyens techniques grâce à la formation, à la diffusion d’un savoir et d’un savoir-faire, au collectage des musiques et danses des différents terroirs. (2) ILLE-ET-VILAINE : Cercle celtique montfortais à Montfort-sur-Meu Groupe gallo-breton à Rennes Cercle celtique Outre Ille à Saint-Grégoire Cercle celtique Les Perrières à Cesson-Sévigné Cercle celtique Quic en Groigne à Saint-Malo CÔTES-D’ARMOR : Cercle celtique Kroaz Hent Gwengamp à Guingamp Cercle celtique Breizh Nevez à Mûr-de-Bretagne Centre Anjela Duval à Paimpol Cercle celtique Korriganed Pañvrid à Pommeritle-Vicomte Cercle du Poudouvre à Quévert Cercle celtique Kelc’h keltieg Rostren Ensemble du pays de Gouët à Saint-Brieuc Cercle celtique Kevrenn Bro Pelem à SaintNicolas-du-Pélem Cercle celtique les Roselier à Plerin MORBIHAN : Cercle celtique Croisty Cercle celtique Cercle celtique Cercle celtique Cercle celtique Cléguérec Cercle celtique Cercle celtique Cercle celtique Danserien Ar Vro Pourlet au Armor Argoat à Lorient Bugale An Oriant à Lorient Kelc’h Keltieg Gwened à Vannes Danserien Bro Klegereg à Krollenerien Mourieg à Moreac Festerion ar Brug à Pluneret Kerlenn Pondi à Pontivy FINISTÈRE : Cercle celtique Korollerien an Elle de l’Abbaye à Langonnet Cercle celtique Korollerien Benodet à Benodet Cercle celtique Ahès à Carhaix Cercle celtique Alc’houed Kastellin à Châteaulin Cercle celtique Avel dro Gwiseni à Guisseny Cercle celtique Eostiged ar Stangala à Quimper Cercle celtique Eskell an Elorn à Landerneau Cercle celtique Danserien Lann Tivizio à Landivisiau Cercle celtique Bro ar Ster Goz au Faou Cercle celtique Korollerien Montroulez à Morlaix Cercle celtique Milinerien Ploveilh à Plomelin Cercle celtique Bleunioù Sivi à Plougastel Cercle celtique Kizhier Pluguen à Pluguffan Cercle celtique Bro Goz ar Milinou à Pont-Aven Cercle celtique Kañfarded Sant Evarzeg à SaintEvarzec Cercle celtique Brug ar Menez à Spézet Cercle des Bruyères à Beuzec-Cap-Sizun Cercle celtique Ar Rouedou Glas à Concarneau Cercle celtique Ar Pintiged Foën à Fouesnant Cercle celtique Ar Vro Vigoudenn à Pont-l’Abbé Cercle celtique Fleurs d’Ajonc de l’Aven à Riec-sur-Belon Cercle celtique Bleunadiur à Saint-Pol-de-Léon Cercle celtique An Dañs koz à Sarzeau LOIRE-ATLANTIQUE : Cercle celtique des Paludiers à Batz-sur-Mer Cercle celtique Bro Gwenrann à Guérande Cercle celtique La Pastourelle à Jans Cercle celtique Les Genêts d’Or à Malville Cercle celtique de Nort-sur-Erdr Cercle celtique Strollad an Tour-Iliz à La Turballe 15 VI. VISUELS DISPONIBLES Conditions d’utilisation : La reproduction des œuvres de Charles Fréger est limitée à deux visuels par média, choisis dans cette planche. Toute demande supplémentaire fera l’objet d’une négociation avec l’artiste. 1. Jobeline. Ensemble de cérémonie. Pays de Pontivy, pays des Moutons blancs, 1910-1920. © Charles Fréger 2. Sous-coiffe ou béguin du pays de Lorient. Ensemble de travail. Région côtière du pays de Lorient, 1900-1950. © Charles Fréger 3. Coiffe de l’Aven. Ensemble de cérémonie. Pays de l’Aven, région de Fouesnant, 1940. © Charles Fréger 6. Coiffe de Plaintel Ensemble quotidien, région de Plaintel, 1850-1870 © Charles Fréger 4. Coiffe penn-sardin. Ensemble quotidien. Concarneau, 1900-1910. © Charles Fréger 7. Coiffe de la région de Plouguenast. Ensemble de cérémonie. Plouguenast, 1930 © Charles Fréger 5. Brouette. Ensemble de cérémonie. Pays Pourlet (région de Guéménésur-Scorff), 1880-1900. © Charles Fréger 8. Sous-coiffe. Tenue de simplicité pour jeunes filles. Paramé, 1900-1910 © Charles Fréger 9. Coiffe bigoudène. Ensemble de cérémonie. Pays Bigouden (région de Pont-l’Abbé), 1945-1950 © Charles Fréger 16 VII. INFORMATIONS PRATIQUES // CENTRE D’ART ET DE RECHERCHE GWINZEGAL À GUINGAMP Du 6 juin au 27 septembre 2015 3 rue Auguste Pavie 22200 Guingamp Mercredi, jeudi, samedi et dimanche de 15h30 à 18h30 Vendredi de 10h à 12h et de 15h30 à 18h30 Gratuit // MUSÉE BIGOUDEN DE PONT-L’ABBÉ Du 6 juin au 31 octobre 2015 Square de l’Europe 29120 Pont-l’Abbé Le musée est ouvert du 11 avril au 31 octobre 2015. D’avril à mai et vacances de Toussaint: du mardi au dimanche de 14h à 18h Fermé le lundi et le 1er mai Mois de juin et septembre: du mardi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h Samedi et dimanche de 14h à 18h Fermé le lundi. Mois de juillet et août : ouvert tous les jours de 10h à 18h Tarifs: 4,50€ plein tarif - 3,50€ tarif réduit - 11€ tarif famille Gratuit pour les moins de 7 ans // MUSÉE DE BRETAGNE / LES CHAMPS LIBRES À RENNES Du 6 juin au 30 août 2015 10 Cours des Alliés 35000 Rennes Le mardi de 12h à 21h / du mercredi au vendredi de 12h à 19h / samedi et dimanche de 14h à 19h Mois de juillet et août : du mardi au vendredi de 13h à 19h / samedi et dimanche de 14h à 19h Fermé le lundi et les jours fériés. Tarifs : 5€ plein tarif - 3€ tarif réduit Gratuit pour les moins de 8 ans Visites guidées: tous les mercredis, samedis et dimanches à 15h. Des ateliers animés par le cercle celtique rennais sont proposés aux enfants le mercredi à 15h: ils sont invités à créer la coiffe de demain. // MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DE SAINT-BRIEUC Du 6 juin au 27 septembre 2015 Cour Francis-Renaud Rue des Lycéens-Martyrs 22 000 Saint-Brieuc Tél. 02 96 62 55 20 / [email protected] Du mardi au samedi de 10h à 18h (fermeture des galeries permanentes entre 12h et 13h30) Dimanches et jours fériés de 14h à 18h Gratuit Visites commentées : téléphoner au musée. Réservations obligatoires pour les groupes. VII. CONTACTS PRESSE anne samson communications Andréa Longrais 01 40 36 84 32 [email protected] Camille Delavaquerie 01 40 36 84 34 [email protected] 17