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Pleins feux sur le théâtre pour les enfants
(…)
On se souvient des deux premiers spectacles de la Galafronie, on se souviendra de celui-ci ! La chasse au dragon commence en douceur, dès que les spectateurs s’asseyent dans ce lieu de toile fragile, ce lieu indéfini où bientôt ils se retrouveront enfermés, solidaires
des comédiens. On croirait assister à une fête anodine dans une maison de retraite : l’accueil y est gentiment radoteur… mais, par un
glissement subtil, l’inquiétude se diffuse. On s’avise que le barda hétéroclite transporté par les petits vieux a tout du chargement de
réfugiés, on comprend qu’ici, ils n’ont trouvé qu’un refuge précaire. La halte sera provisoire, et nous la vivrons avec eux. Ils seront
quatre, avec un bébé, encordés comme pour une ascension. Ils ont peur, et il y a de quoi, car le dragon les poursuit ! Et le lieu où
nous sommes, c’est le lieu où vont se déployer égoïsme et soif de pouvoir qu’engendre la terreur. Mais comme la pièce montre et
suggère, sans expliquer ni commenter, le langage est tout entier dans un dialogue étourdissant, des situations cocasses, un foisonnement de gags, l’emploi étonnant de lampes de poche. Le dragon, ils veulent sans cesse l’affronter (« Quand faut y aller, faut y aller ! »), ils rassemblent leurs forces, ils s’élancent… ils renoncent. Par lâcheté, par attachement au confort, par résignation fataliste.
Jusqu’à ce qu’enfin, pour l’amour du tout petit enfant affamé, la grande peur soit vaincue. Mais y avait-il un dragon, tout compte
fait ? N’est-il pas plutôt dans le cœur de chacun ? Beau théâtre, non celui qui déclame, celui qui signifie…
(…)
Monique Bosman
21 septembre 1980 – Femmes d’aujourd’hui
La chasse au dragon
Quatre personnages enchaînés dans une même lutte contre le dragon se retrouvent dans un espace clos d’attente et de répit. Avec
nous, ils donnent libre cours à leur amour, à leur haine, leur peur et leur volonté de vaincre ce dragon, de vaincre leur propre dragon.
Le décor est très simple : un tableau électrique, les pans d’un rideau de scène qui deviennent hamac ou refuge, un frigidaire confident, des cordes qui, après avoir unis les protagonistes de l’histoire servent maintenant à les diviser…
Le jeu des comédiens tient à la fois de la parodie de nos travers, de la caricature, de la tragédie. Un ton très simple, toujours juste,
qui nous emmène loin dans cet univers de solitude et d’humour ?
Une pièce qui s’adresse aux enfants, aux adultes également, chacun y trouvant sa part de rire, de tristesse, de jeu et de réalité.
Claire Coljon
21 septembre 1980 – La Cité
Aux rencontres de la Louvière : une merveilleuse « Chasse au dragon » par le théâtre de Galafronie !
(…)
« La chasse au dragon », c’est une esthétique résolument avant-gardiste au service d’un huis clos absurde, une « vision pessimiste de
l’humanité » qui rappelle Beckett attendant Godot ou, mieux encore, le « Rhinocéros » d’Ionesco. Sauvés du dragon (un avatar angoissant du Snark de Caroll) pour un moment de répit, un quatuor de doux dingues, du plus haut comique installe sur la scène ses
propres « dragons », timidité, confort et égoïsme, recréant dans ce précaire refuge le tissu dérisoire d’une société perdue dans ses
brouillards. Mais les références littéraires ne sont pas de mise ici : c’est par la folle invention visuelle, sonore et dramatique de son
jeu avec le langage de la scène que le Théâtre de Galafronie implique l’imaginaire de chaque spectateur, déployant mille étonnantes
pirouettes pour nous plonger dans ce fascinant univers qui dort parmi nos craintes, nos espoirs, nos nostalgies les plus profondes.
Voici un spectacle plus que simplement prometteur : un moment inouï qui dépasse le cadre du théâtre pour l’enfance et tente l’aventure de l’esprit !
Daniel de Bruycker
21/22 septembre 1980 – Le Soir
La chasse au dragon par le Théâtre de Galafronie
Ils sont quatre. Encordés, enchaînés, qui devraient être solidaires. Ils sont laids, pauvres, petits, affolés. Ils ont peur du Dragon.
Un lieu (cabane, appartement, cinéma ?) fait de toiles et montants fragiles les accueille. Refuge précaire où le public s’est déjà installé ; où, à leur tour, ils viennent reprendre souffle avant de repartir. Mais quand viendra ce moment, l’un, le plus vigoureux pourtant,
va résister, imaginer mille ruses pour rester, s’installer peut-être même.
Une heure quinze durant, comédiens et spectateurs vont alors se retrouver bloqués dans ce redoutable « huis clos » où les petites
faiblesses et grandes lâchetés se précisent peu à peu, révélant l’égoïsme de l’un, la soif de pouvoir ce cet autre, le goût du confort, la
peur de mourir… ou de vivre. Tous ces dragons enfouis au plus profond de chacun d’entre nous et qu’il faut abattre, d’abord, pour
retrouver la force d’affronter l’inconnu, tous ensemble, « parce qu’il est plus facile de vaincre un dragon à quatre que tout seul ». Or,
parce qu’il est la vie, l’espoir, seul un petit enfant affamé parvient finalement à déloger ces piètres adultes de leur refuge.
C’est Sartre, c’est Beckett. C’est poignant, dérangeant, interrogateur et accusateur. C’est l’homme dans sa petitesse, à qui toute
idée de grandeur semble bien étrangère et qui, pourtant, finit par affronter la terrifiante inconnue du Dragon.
Un spectacle pour enfants ? Nous ne le croyons pas. Non tant pour son pessimisme foncier ou l’angoisse qu’il véhicule malgré
bien des séquences comiques. Non pour la volontaire laideur des décors, situations, personnages et accessoires. Mais bien à cause de
la difficulté d’appréhension d’un grand et « beau » spectacle qu’il serait dommage de vider de son sens.
La Chasse au dragon » n’arrive pas deux ans trop tôt parce que nous et nos enfants sommes déjà deux ans trop tard, ainsi que le
pense le jury. « La chasse au dragon » doit être vue par des adolescents et adultes. Eux seuls pourront voir, rire, vibrer, aimer ou
détester, être sans doute profondément marqués, mais également comprendre et s’interroger.
M. Vanhecke
22 septembre 1980 – La Libre Belgique
La chasse au dragon
(la Galafronie)
Des rires ? Oui, mais des rires nerveux et angoissés. Enfermé sur des gradins encerclés de toiles tendues, le spectateur est pris au
piège et fait partie intégrante du décor. Pas question pour lui de ne pas se sentir concerné par le dragon qui rôde autour du refuge
bien fragile. Avec les quatre comédiens (dont il faut souligner l’énorme talent), chaque spectateur est à la fois chasseur et chassé, et
la volonté de vaincre devra composer avec ces peurs puériles qui ne sont ridicules que quand elles se manifestent chez les autres.
Le symbolisme est à fleur de peau. On n’y accède pas par l’intellect. Le courant passe ou ne passe pas, on vibre ou on décroche : il
n’y a pas de juste milieu. Et cela qu’on soit adulte, adolescent ou enfant.
La question n’est donc pas de savoir s’il faut présenter ce spectacle à des enfants mais bien s’il faut imposer pareil spectacle, malgré
toutes ses qualités, à 300 gosses (et à leurs enseignants) souvent peu motivés, dans des conditions difficiles, et pendant les heures de
cours. Nous ne sommes pas convaincus qu’il s’agit là du meilleur moyen de donner à la majorité des enfants de 6 à 12 ans l’amour
du théâtre. Ce problème dépasse d’ailleurs le cadre précis de cette pièce et se pose pour d’autres au même titre.
E.L.
3 octobre 1980 – Le Peuple-Bruxelles
La chasse au dragon
La chasse au dragon n’est pas simplement (comme si c’était simple !) ce spectacle du Théâtre de Galafronie, dont nous disions après
le dernier Festival du théâtre pour l’enfance à la Louvière, qu’il mêlait l’absurde et le burlesque, avec une folle invention visuelle,
sonore et dramatique, en une adorable allégorie post-freudienne. C’est aussi, bardé de cette référence et d’un aplomb d’airain, un
« spectacle pour les tout-petits », qui vient tirer vos manches « d’adultes » pour vous faire le même coup exactement – et on ne voit
pas pourquoi pas ! C’est encore, pour les amateurs de théâtre littéraire (et à défaut d’un texte « capital ») un avatar original de la glorieuse Chasse au snark, de Caroll – ou encore un Godot qu’on n’attendait pas... Pour les fervents de la « valeur sûre » c’est une
mise en scène de Jaco Van Dormael, la nouvelle étoile du cinéma belge à Hollywood... Pour tous, enfin, c’est du théâtre intelligent :
pour tous...
10 avril 1981 – Le Soir
Venez chasser le dragon en Galafronie !
Ne m’en veuillez pas trop si, sans vous connaître, je vous pose d’emblée cette question très personnelle, mais… croyez-vous aux
dragons ? Eh bien, justement, moi aussi… Que ceci reste entre nous, bien sûr, n’allez pas leur dire ! Pour ma part, soyez sans crainte,
je serai muet comme une carpe : bien au contraire, je viens en ami, vous signaler un refuge sûr contre les dragons. Où ça ? En Galafronie…
Vous ne connaissez pas ? C’est normal : jusqu’à récemment, c’était un univers réservé aux enfants, accessible seulement par quelques passages à leur taille, des issues secrètes ouvertes de temps à autre, jamais pour longtemps, en certains points faibles de notre
monde, là où le rêve et l’absurde en ont sapé les fondations et usé les parois… Or, il semblerait qu’une grave explosion de folie (ou
peut-être un éclat de rire) ait créé une brèche plus importante, ici même à Bruxelles, permettant enfin le passage aux adultes.
J’en reviens à l’instant, et savez-vous quoi ? De l’autre côté, on débouche dans une petite salle de spectacle om un théâtre local (le
Théâtre de Galafronie) joue une pièce originale. Cela s’appelle « la Chasse au dragon » et, bien que les chasseurs de la troupe ne
paient pas de mine, on n’y voit effectivement plus trace d’un dragon, pas l’ombre ni la queue d’un : bref, le refuge idéal !
Le spectacle ? Il n’est pas mal non plus… C’est une pièce moderne, évidemment, il faut aimer : un peu le genre Ionesco, vous
voyez ? C’est un huis clos inquiet pour quatre personnages bizarres qui chantent parfois comme au cinéma, avec une dame très bavarde qui fait du café, une autre qui gazouille et a un bébé, un électricien timide avec sa guitare, un monsieur qui crie très fort parce
qu’il a peur et un frigo courageux qui ne souffle mot, et puis des gens sur des gradins, de tous âges (les gens, pas les gradins), qui
rient très fort en se tenant curieusement les côtes, et puis encore…
Mais je ne vais pas vous raconter toutes les variantes loufoques que le Théâtre de Galafronie imagine sur ce canevas : le principal,
comme je vous le disais tantôt, c’est qu’il n’y ait pas de dragons, ce qui se fait rare, par les temps qui courent, au théâtre comme ailleurs. Même que, si vous voulez bien m’excuser de filer comme quelqu’un qui aurait un dragon aux trousses, j’y retourne dare-dare.
C’est qu’il faut se dépêcher : le passage vers la Galafronie ne rester ouvert que jusqu’au 24 avril (sauf le 21). Le meilleur moment
pour tenter le grand saut, c’est vers 20h30 (sauf le dimanche : à 15h précise). L’issue est au Centre Bruegel, 243, rue haute…
Daniel de Bruycker
21 avril 1981 – Le Soir
La chasse au dragon par la Galafronie
Revoilà à Bruxelles, en dehors du circuit scolaire, donc jouée en soirée, La chasse au dragon, troisième réalisation du Théâtre de
Galafronie. Un spectacle pour enfants bien sûr, par le foisonnement de gags visuels, la drôlerie étincelante des situations. Un spectacle pour tout le monde, en fait, par sa coloration caustique et ce reflet de nous-mêmes, de nos lâchetés grandes et petites, que nous
renvoient sans pitié les quatre héros dérisoires. Création collective mise en scène par Jaco Van Dormael, à qui vient, d’autre part,
d’être décerné l’Oscar du meilleur film étudiant étranger, jouée avec une sorte de jubilation par Marianne Hansé, Jean Debefve,
Christine d’Oreye et Yves Hunstad, la pièce est lisible à plusieurs niveaux et dans plusieurs directions. Un dragon qu’on ne verra
jamais – existe-t-il tout compte fait, ailleurs que dans l’esprit des personnages ? Ces quatre-là le combattraient bien... s’ils n’étaient
morts de peur ! Et c’est l’amour d’un enfant qui leur donnera finalement la force de livrer l’assaut.
Voulez-vous voir à quels sommets s’élève aujourd’hui chez nous le théâtre pour les enfants ? Ne manquez pas La chasse au dragon.
Vous passerez en famille une soirée grisante. Et, par votre présence, vous encouragerez une des jeunes compagnies les plus inventives, dont l’avenir, pourtant, est peint de sombres couleurs. Toutes sont menacées d’ailleurs, dans leur élan créateur, par la politique
d’austérité budgétaire qui va réduire dramatiquement les moyens de l’Association pour la promotion et la diffusion de spectacles
pour enfants et adolescents. Cette association finance en bonne partie, donc rend possibles, les représentations théâtrales dans les
écoles. Jouer dans les écoles, le seul moyen de toucher tous les enfants y compris et surtout les plus défavorisés. Est-ce vraiment là
qu’il faut tailler les coupes sombres ?
M.B.
21 avril 1981 – Femmes d’aujourd’hui
Un grain de folie pour commencer
Le deuxième festival international de spectacles pour jeune public a pris un départ sur les chapeaux de roue – par le nombre de spectateurs – dans la vénérable salle du Faubourg. C’est le Théâtre de Galafronie, de Bruxelles, qui a ouvert les feux, ce qui n’est pas
toujours une position confortable.
On comprit très vite qu’il était préférable d’avoir laissé au vestiaire tout ce qu’on peut avoir en soi d’esprit cartésien. C’est une histoire folle, fourmillante de gags, mais déroutante et je ne suis pas sûr que les enfants – les premiers concernés par ce festival – en ont
eu pour leur faim d’émerveillement et de découvertes. Cette compagnie en est à sa troisième saison et se donne visiblement sans
compter. Mais derrière une telle générosité, on sent que cette pièce « la chasse au dragon » est lourde d’intentions. Il est question,
avant toutes choses, de dragons intérieurs : peur du dehors, égoïsme, amour inconsidéré de l’objet qui donne le pouvoir (frigo, casserole…), renonciation à la lutte, peur de vivre et tout autant de mourir.
Voilà qui est bel et bon, mais je paie des frites (puisque la troupe vient de Belgique) aux petits mômes qui ont compris le tiers du
quart de tout cela. Non, les enfants attendaient – et avec de plus en plus de scepticisme, car il ne sont pas sots – le dragon qui devaient surgir et mettre tout le monde d’accord. Et ce dragon-là, pas mythique pour eux, n’est pas venu. Na !
Cela n’enlève rien, bien entendu, au talent des comédiens joyeux et acrobates qui multiplient les facéties, qui tiennent le jeune et
moins jeune public en haleine. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
(…)
Georges Gros
19 mai 1981 - La Suisse