Nature vive sur fond de paysage animé

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Nature vive sur fond de paysage animé
NATURE VIVE SUR FOND DE PAYSAGE ANIMÉ :
arrière--plan
pour un questionnement linguistique conscient de son arrière
De nombreux travaux universitaires en linguistique – par ailleurs de valeur – pêchent par l’absence de prise en
compte de leur arrière-plan. J’entends par arrièrearrière-plan d’un objet d’étude délimité (le « premier plan » de l’étude) le
positionnement de cette étude au moins selon trois points de vue :
dia~’
a) le point de vue interlangue et ‘dia~
dia~ : tout objet d’étude linguistique est à délimiter en termes de langue-objet,
considérée par rapport à un ensemble plus ou moins vaste de langues, états de langue ou variantes
‘diasystématiques’ (variantes diatopiques, diachroniques, diastratiques ou diaphasiques selon la terminologie
usuelle empruntée à E. Coseriu) ;
b) le point de vue métathéorique : trop d’études linguistiques universitaires sont menées dans le cadre d’une
théorie linguistique déterminée, sans que soit clairement posée la question du positionnement de cette
théorie par rapport à d’autres approches éventuellement aussi sinon plus pertinentes pour le
questionnement en cours ;
c) le point de vue interdisciplinaire : le langage humain n’intéresse pas seulement les sciences du langage.
D’autres disciplines s’en réclament, ce qui a produit des disciplines d’interface comme la sociolinguistique, la
psycholinguistique, la neurolinguistique ou l’anthropologie linguistique.
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Dans ce qui suit, je chercherai à offrir plusieurs illustrations de l’intégration de ces trois visions d’arrière-plan. Le
domaine de la grammaire du verbe y occupera une place dominante, compte tenu de mes objets d’étude de
prédilection.
Je m’inspirerai de l’application au langage et au discours par Leonard Talmy de l’opposition entre figure (angl.
premier plan) et ground (angl. arrière-plan) empruntée à la psychologie de la gestalt (alld forme) que j’appliquerai à
mon tour plus spécifiquement au domaine particulier du discours universitaire en linguistique.
Pour éclairer mon propos, je propose au lecteur d’examiner les trois portraits de la page suivante.
Les deux portraits de Hans Holbein le Jeune (1536 et 1523) datent de la renaissance allemande et celui d’Auguste
Auguste
Renoir de l’impressionnisme français (1874). Le portrait de Georg Gisze, négociant à Londres (1536) et celui du
philosophe humaniste Erasme (1523) représentent les deux options opposées, pour ce qui concerne la relation entre
le premier plan et l’arrière-plan. Georg Gisze est un inconnu et pour cette raison Holbein a besoin de le présenter èsqualités, en l’entourant de multiples symboles de son activité de négociant, en particulier un carnet de commandes,
un sceau pour cacheter les plis, une cassette pour la monnaie, etc.
Tout à l’inverse, Erasme est le philosophe le plus célèbre de la première moitié du 16e siècle, il n’est nul besoin de le
présenter : Holbein – qui a peint plusieurs portraits d’Erasme dont certains présentent un fond stylisé – choisit de
focaliser l’intérêt du spectateur sur les mains de l’humaniste, son regard acéré et la ligne de son nez qui suit le
mouvement du régard vers la page d’écriture. Erasme devient l’essence de la pensée à l’œuvre, dénuée de tout
arrière-plan.
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Hans Holbein le Jeune, Portrait de Georg
Gisze, négociant à Londres,
Londres, 1536
Auguste Renoir, La leçon de lecture,
lecture,
1874
Hans Holbein le Jeune, Portrait d’Erasme,
d’Erasme,
1523
La leçon de lecture d’Auguste Renoir représente une option intermédiaire, celle qui nous intéresse au premier chef
ici. Trois personnages sont représentés, mais l’attention du spectateur est obligatoirement attiré par la jeune femme
en bleu, qui suit sa leçon de lecture d’un air à la fois attentif et nonchalant. Les deux autres personnages sont
réduits à des ombres. La coiffure et le profil du personnage de gauche évoquent une femme qui joue le rôle de
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répétitrice, tandis que juste derrière la jeune femme, un homme semble suivre avec intérêt le déroulement de la
leçon. Le visage paraît jeune et on peut imaginer dans cette scène intime un mari désireux que sa femme paraisse
dans le monde sans avoir à subir l’opprobre de l’illettrisme et qui a sollicité une institutrice pour entraîner sa femme.
L’attitude attentive mais nonchalante de cette dernière pourrait s’interpréter comme le plaisir de jouir de la
sollicitude de son mari et le désir de lui plaire en acquérant cette compétence.
Revenons à notre propos destiné à illustrer la place du premier plan et de l’arrière-plan dans le discours universitaire
en linguistique :
a) l’option « Georg Gisze » (arrière
arrièrearrière-plan↑
plan↑) conviendrait pour une étude menée sur un sujet vraisemblablement
inconnu du lecteur ciblé (par exemple « la place de la relation possessive dans la morphologie flexionnelle en
finnois »),
b) l’option « Erasme » (arrière
arrièrearrière-plan↓
plan↓) conviendrait en revanche pour l’analyse d’un phénomène linguistique connu
de tous les lecteurs ciblés (par exemple « la position de l’adjectif épithète en français moderne »).
c) Quant à l’option « Leçon de lecture », (arrière
arrièrearrière-plan présent, mais en pointillés)
pointillés elle convient à mon sens pour
toute étude linguistique dont l’objet et la méthode méritent d’être spécifiés en termes de langue-objet, de
cadre théorique descriptif et/ou explicatif et éventuellement d’intérêt pour d’autres disciplines attentives au
langage.
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arrièrearrière-plan interlangue / diasystématique
→ diaphasie
1. Constructions verbales et genres textuels
textuels
La majorité des analyses actuelles de corpus textuels ne prennent en compte que des corpus écrits (les miennes y
compris) et ne formulent pas d’hypothèse sur des attentes éventuellement différentes selon le genre textuel. Les
corpus oraux transcrits ne sont effectivement pas aussi accessibles que les corpus écrits. Cependant la base
LEXIQUE 3 créée par les psycholinguistes offre des extraits de sous-titres de film, un genre hybride quasi-oral. La
comparaison entre cette base et la base FRANTEXT (genre ROMANS ou genre ESSAIS-TRAITES) peut être instructive
sur un point de sémantaxe verbale rarement étudié, le changement de sens de verbes français selon la construction
et le genre textuel.
Certains verbes prennent un sens « populaire » en construction pronominale et en discours oral. Concernant le verbe
tirer,
tirer on peut reconnaître différents jalons entre des emplois en « style écrit » et en « style oral » qui révèlent un
figement progressif :
(1) Les sauveteurs ont tiré l’alpiniste de la crevasse.
crevasse.
► écrit, non figé
(2) Les sauveteurs ont tiré l’alpiniste d’affaire.
d’affaire.
► écrit/oral, figé
(3) L’alpiniste s’en est tiré avec des contusions
► oral familier, figé
(4) TireTire-toi de là !
► oral populaire, figé
► LEXIQUE 3 fournit 341 occurrences contenant tiretire-toi dans des sous-titres de films et l’on peut vérifier que le sens
est inchangé ≈ pars d’ici ! et que le registre est populaire avec des cooccurrents comme je t’emmerde / bordel /
connard / gust ! / grosse merde / etc (► http://www.lexique.org/moteur/RechCoOc.php). Un examen des
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« clusters » contextuels de tiretire-toi dans ces 341 occurrences à l’aide du concordancier AntConc 3.2.2.1 (►
http://www.antlab.sci.waseda.ac.jp/software.html) révèle ⇒
a) la présence fréquente d’un complément ou adverbe de lieu-origine : clusters 5, 9, 10, 11
b) la dimension financière fréquemment associée : clusters 3 et 8
c) et la possibilité de rection d’une construction infinitive : cluster 12
Rang
3
Frécluster
quence
3
prends l'argent
l'argent et tiretire-toi
5
2
et tiretire-toi d'ici
8
2
Récupère ton fric doucement et tiretire-toi
9
2
tiretire-toi de la porte
10
2
TireTire-toi de là, bordel
11
2
TireTire-toi de mon chemin
12
2
TireTire-toi faire ça ailleurs
Cela montre qu’avec deux outils élémentaires et gratuits, la base LEXIQUE 3 (rubrique sous-titres de films) et le
concordancier AntConc, on peut obtenir aisément des cooccurrences intéressantes pour le discours oral.
Il est à noter que l’emploi populaire de tirer à la forme pronominale et à l’impératif se distingue de celui de casser,
casser
car dans le premier cas cet emploi est sémantiquement accessible à partir du sens de base du verbe tirer par
l’intermédiaire de l’expression tirer qn d’affaire,
d’affaire alors que pour casser (cf. il s’est cassé / cassecasse-toi ! ) on est en
présence d’une homonymie liée à la voix pronominale avec sujet [+humain] (je ne crois pas qu’on puisse dire d’un
cassé
animal : il s’est cassé).
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arrièrearrière-plan interlangue / diasystématique
→ diachronie
2. Évolution de la réalisation de la ‘diathèse
récessive’ en français du 21e siècle
Dans la conclusion de son ouvrage de 1974, Les verbes à la fois transitifs et intransitifs en français contemporain.
contemporain
(The Hague : Mouton), Mira Rothemberg croit observer une extension récente de la voix pronominale comme mode
d’expression de ce que Lucien Tesnière appelle la « diathèse récessive » (ex. Le sucre se dissout dans l’eau < L’eau
dissout le sucre)
sucre au détriment de la voix intransitive des verbes réversibles (présentant alternativement une
construction intransitive à sujet Patient, ex. La branche a cassé et une construction transitive à sujet Agent et objet
Patient, ex. La bourrasque a cassé la branche).
branche
Inversement, Mira Larjavaara observe un quart de siècle plus tard dans Présence ou absence de l’objet — limites du
possible
possible en français contemporain.
contemporain (Academia Scientiarum Fennica, 2000), une extension de la propriété de
réversibilité, ex. Les prix explosent > L’inflation explose les prix.
prix
On pourrait donc en conclure que durant le dernier quart du 20e siècle, la tendance observée par M. Rothemberg a
été contrebalancée par celle observée par M. Larjavaara. Cependant aucune des deux analyses n’a été menée sur la
base d’une analyse quantitative de corpus (c’est-à-dire avec un calcul précis de la fréquence relative des deux modes
d’expression de la diathèse récessive, époque par époque).
Pour arriver à une conclusion probante, il faudrait donc
a) établir d’abord une première liste de verbes à double renversement (constructions transitive, intransitive et
pronominale, ex. La branche a cassé / s’est cassée / la bourrasque a cassé la branche
branche),
b) ensuite une seconde liste de verbes intransitifs pour lesquels une construction transitive récente est attestée,
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c) et examiner longitudinalement, tout au long du 20e siècle, la fréquence relative des différentes constructions
par décennie ou par quart de siècle.
Une recherche de la séquence explose les dans les sous-titres de LEXIQUE 3 révèle non seulement la présence de
constructions transitives, mais également une combinaison récurrente avec la « syntaxe des parties du corps », ex.. je
t’explose les rotules / je lui explose les genoux / je leur explose les boyaux :
Suivante! Putain! Explose-les! / Au fait, Charlie, à la moindre entourloupe, je l'aveugle et je lui explose les genoux. / Explose-les, Joe! /
Explose-les. / Si tu fais le malin, je t'explose les rotules. / Je leur explose les boyaux! / La voiture qui explose, les types qui nous canardent...
ça peut être la Mafia. / Vampitrax, ça explose les abdos. / Si tu mens.. . je t'explose les burnes. / Dégage, avant que Zéro explose les petits
raisins secs que t'appelle tes couilles.
arrièrearrière-plan interlangue
interlangue
3. La diathèse
diathèse récessive en français ≠ anglais ≠
allemand
La « diathèse récessive à marquant pronominal » du français (selon la terminologie de Lucien Tesnière) a deux
interprétations possibles :
a) événementielle ex. La porte s’est ouverte brutalement)
brutalement
b) ou générique, voire modale, ex. Le livre
livre se vend (bien/mal) dans tous les hypermarchés.
hypermarchés
En anglais, ce type de diathèse est remplacé par une détransitivation pour la valeur événementielle, ex. The door
opened suddenly
suddenly,
superstore.
ly comme pour la valeur générique, ex.. The book sells (well/bad) in every superstore
rstore
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En allemand, la diathèse récessive à marquant pronominal (ou voix moyenne) est la norme pour la valeur
évènementielle, ex. Die Tür öffnete sich plötzlich,
plötzlich comme pour la valeur générique-modale, ex. Das Buch verkauft
sich (gut/schlecht) in allen Gro
Groβsupermärkten.
supermärkten
Si l’on admet que l’anglais occupe historiquement et typologiquement une position intermédiaire entre l’allemand et
le français
c) historiquement du fait de la diglossie avec le franco-normand à partir du 12e siècle,
d) et typologiquement par ex. par la perte des marques de cas du germanique ancien et la position
dominante du verbe conjugué immédiatement après le sujet grammatical, partiellement sous l’influence
de cette diglossie,
il est curieux de constater que, dans le domaine des constructions verbales, le français et l’allemand ont un
fonctionnement parallèle en opposition avec celui de l’anglais. Il serait intéressant de poursuivre cette étude pour
l’ensemble des langues romanes et germaniques.
arrièrearrière-plan interlangue → affiliation
diachronique
diachronique
4. Évolution interlangue d’un
d’un « phylum »
étymologique à partir du latin classique
En latin classique le verbe tornare a un espace sémantique très limité : il s’applique uniquement à l’action du pottier
fabriquant une poterie à l’aide d’un tour, il est toujours transitif et prédique donc un type d’actions d’ « effectuation »
(production d’une nouvelle entité : une poterie, à partir d’un matériau : de l’argile). Cela implique que le mouvement
rotatif, indépendamment de toute action accomplie à son aide, est exprimé par d’autres verbes, en l’occurrence
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gyrare ; torquere ; vertere ; volvere (voir mon article Un arbre sémasiologique pour la représentation d'un phylum
étymologique téléchargeable dans la rubrique Accès rapide aux fichiers téléchargeables,
téléchargeables tableau 5).
Les verbes français tourner,
tourner anglais to turn et italien tornáre présentent en revanche des constructions qui diffèrent
de leur source latine, ce que résume le tableau ci-dessous. Le phénomène le plus étonnant est que du latin classique
à l’italien moderne, le verbe a perdu son sens spécifique d’action de production d’une poterie et a développé des
constructions intransitives, en particulier dans le sens de devenir / changer pour,
pour ex. tornare sotto controllo.
controllo. Ce type
d’emploi a été repris en anglais, ex. to turn mad.
mad
construction ↓ Lat. tornare Ital. tornáre Fr. tourner Angl. to turn1
transitive
OUI
rare
OUI
OUI
intransitive
NON
OUI
OUI
OUI
On peut voir dans cet exemple comment l’espace sémantaxique (c’est-à-dire sa polysémie et l’éventail de ses
constructions syntaxiques) d’un verbe est continuellement reconfiguré en fonction de celui d’autres verbes en
concurrence.
Une chose est de DÉCRIRE cette concurrence évolutive,
évolutive époque par époque, langue par langue. Une autre serait d’en
chercher les CAUSES. Pourquoi la concurrence entre lat. tornare et volvere a-t-elle évolué en espagnol au seul
bénéfice de volver et en français au bénéfice de tourner,
tourner volver n’étant que la source indirecte du fr. évoluer par son
dérivé latin evolvere ? Toutes questions passionnantes , mais bien difficiles à trancher !
Les particules verbales susceptibles der se combiner avec to turn sélectionnent en général une construction transitive (ex. to turn sth on)
on ou
intransitive (ex. to turn back)
back
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arrièrearrière-plan métathéorique
5. grammaires transformationnelles et classement des
verbes français
Les différentes grammaires distributionnelles d’inspiration transformationnelle (issues des travaux de Zellig Harris)
admettent l’existence de transformations dénuées d’effet sémantique, en d’autres termes d’alternances
syntaxiques, exemples
fr. Je pense que je viendrai demain Je pense venir demain
angl. I want that you come tomorrow I want you to come
come tomorrow
Certaines alternances reflètent toutefois une différence de point de vue. Ainsi (1) présente le mouvement du point
de vue de l’agent collectif, les fourmis,
fourmis tandis que (2) le présente du point de vue de la localisation de l’événement,
le jardin :
Les fourmis grouillent dans le jardin.
Le jardin grouille de fourmis.
Sujet : agent – Prédicat – CompLieu : Localisation
Sujet : localisation – Prédicat – CompMoyen ? : Agent
Les recherches les plus avancées sur le classement des verbes français dans un cadre transformationnel ont été
initialement menées dans le cadre du Laboratoire d’Analyse Documentaire et Linguistique sous la direction de
Maurice Gross (Université Paris 7 Denis-Diderot) et actuellement d’Eric Laporte (Université Paris-Est à Marne-laVallée). Dans ce cadre deux types d’études ont été menées :
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a) celles de Maurice Gross et ses collaborateurs, entre autres J.P. Boons, A. Guillet, Ch. Leclère, J. Giry-Schneider,
etc. axée sur l’analyse fine des propriétés de pronominalisation ou de complémentation conjonctive et
infinitive par exemple (les tables du LADL sont téléchargeables depuis quelques mois, cf. http://infolingu.univmlv.fr/DonneesLinguistiques/Lexiques-Grammaires/Visualisation.html), la dimension sémantique n’étant pas
un facteur primaire de classement ;
b) celles de Jean Dubois & Françoise Dubois-Charlier qui ont conduit à l’élaboration d’un vaste base de données
lexicale unifiée, Les verbes français,
français initialement parue chez Larousse en 1997 en version papier et désormais
accessible sur le site de l’université de Montréal ► http://rali.iro.umontreal.ca/Dubois/) ; pour des
informations complémentaires on peut se reporter à la page du laboratoire MoDyCo (université de Paris(ouest) consacrée à cette base de données :
► http://www.modyco.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=1756&Itemid=19
Le classement des Dubois se base sur le repérage initial des constructions de chaque verbe et l’attribution d’une
entrée lexicale à chaque construction ou groupe de constructions en alternance (voir plus haut), le résultat étant
25610 entrées lexicales. Dans un second temps, les entrées sont regroupées en classes syntactico-sémantiques
présentant des propriétés syntaxiques et sémantiques similaires et finalement en 14 classes dites génériques et
correspondant à 13 champs conceptuels (communication, mouvement, pensée, etc.) et à un champ d’entrées à
fonction grammaticale.
Le choix de l’un ou l’autre classement pour mener une étude syntaxique de groupes de verbes français n’est donc
pas indifférent et demande une réflexion préalable. Si l’intérêt doit porter en priorité sur les propriétés qui font
l’intérêt majeur des tables du LADL, il faut partir de ce mode de classement, en revanche, si la corrélation entre les
propriétés syntaxiques et sémantiques doit être au centre de l’étude, il est plus judicieux de partir des Verbes
français de J. Dubois & F. Dubois-Charlier.
Un troisième source est d’un intérêt majeur, c’est le Französisches Verblexikon de Winfried Busse et Jean-Paul
Dubost (Stuttgart : Klett Verlag, 1977) qui combine des propriétés issues du LADL et des travaux d’orientation
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sémantique du romaniste allemand Eugenio Coseriu. Malheureusement, ce dictionnaire (tout à fait utilisable par des
non germanistes) n’a connu qu’une seule réédition en 1983 et est depuis longtemps épuisé.
arrièrearrière-plan métathéorique
6. La polysémie lexicale : ‘verticale’ ou ‘horizontale’ ?
On doit à Bernard Victorri, co-auteur avec Catherine Fuchs de La polysémie – construction dynamique du sens
(Hermès 1996), la distinction terminologique entre polysémie « horizontale » et « verticale ».
D’un côté la conception « horizontale » défendue par la sémantique cognitive américaine (particulièrement
californienne avec George Lakoff et ses collaborateurs) : un type d’emploi est considéré comme fondamental pour
des raisons d’ordre cognitif. Ainsi par ex. pour le verbe relever,
relever le sens (1) « qn dispose à nouveau verticalement
qc/qn » est considéré comme fondamental ou prototypique parce que le prédicat verbal y exprime une action de
déplacement physique conduite par un Agent humain et appliquée à un Patient (personne ou chose). Le sens
véhiculé en construction transitive et agentive par le contexte (2) « qn relève
relève une erreur » en est directement dérivé,
le sens (3) avec un objet abstrait « qn releve un défi » en dérive indirectement, le sens véhiculé en construction
transitive indirecte par (4) « qn relève d’une maladie / de couches » est caractérisé par la perte de transitivité et
d’agentivité, ce qui caractérise un procès partiellement déconnecté du prototype transitif-agentif et le sens véhiculé
par (5) « qc relève de qc », ex. L’organisation du procès pour génocide relève de la Cour Pénale Internationale en est
encore plus déconnecté puisqu’aucun humain ne participe plus au procès. Selon cette conception on est donc en
présence d’un continuum d’éloignement par rapport au prototype :
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prototype
éloignement 1
éloignement 2
qn relève qn/qc qn relève qc<erreur> qn relève qc<défi>
SYN
redresser
repérer
répondre à
éloignement 3
éloignement 4
qn relève de
de
qc relève de qc
qch<maladie, couches>
se rétabllir
dépendre de
D’un autre côté la conception « verticale », représentée en priorité par la théorie des « formes schématiques » d’A.
Culioli défendue entre autres par J.J. Franckel, D. Lebaud, D. Paillard, S. de Voguë, B. Victorri, etc. On peut se reporter
pour plus de détails à J. François (2007), Pour une cartographie de la polysémie verbale,
verbale chapitre 1, Louvain :
Peeters, et ici-même (Rubrique Accès rapide aux fichiers PDF),
PDF à l’article L’étude de la polysémie verbale entre
dérivation et invariance,
invariance (CMLF 2, 2010). La psychomécanique du langage de Gustave Guillaume constitue une
variante antérieure de cette conception dont Jacqueline Picoche a appliqué à la sémantique lexicale les notions de
« signifié de puissance », de « cinétisme », de « saisies » (précoces et plénières) et de « subduction ».
La forme schématique (ou le signifié de puissance) est une construction abstraite supposée être à la source de
chacun des emplois particuliers (« effets de sens » chez J. Picoche). Bien que je sois médiocrement doué pour cet
exercice, je vais tenter d’imaginer une telle forme schématique à laquelle les emplois (1-5) du verbe relever
pourraient être rattachés par des spécifications différentielles.
a) La première difficulté vient de ce que les emplois (1-3) expriment des actions, l’emploi (4) un processus et
l’emploi (5) un état relationnel. Il faut donc prévoir une formulation préservant la variété des types de procès.
mettre
Je propose {met
mettre | entrer | être…}.
être
b) La seconde difficulté tient à la présence d’un déroulement temporel en (1-4), mais non en (5). De ce fait on
peut mettre en contraste une situation initiale et une situation finale en (1-4), mais seulement une situation
« primitive » et une situation « secondaire » en (5).
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En (1) les deux situations sont d’ordre physique, en (2) le référent de l’objet concret (une erreur) peut être dit
« imperceptible » en Sit1 et « perceptible » en SitB, en (3) le référent de l’objet abstrait (un défi) peut être dit
aimilairement « non reconnu » en Sit1 et « reconnu » en SitB, ce qui permet de mettre en évidence la très grande
proximité entre relever une erreur et relever un défi, d’ailleurs relever des erreurs peut être vécu par le correcteur
comme un défi à relever. En (4) la Sit1 est un état de maladie ou de faiblesse et la Sit2 (dynamique) une
convalescence.
C’est évidemment le contexte (5) qui représente le défi le plus important à relever (nous y voilà !). Dans une
conception rhétorique classique, on introduirait la notion de métonymie, relation de « contigüité » conceptuelle entre
l’événement 1 réalisé comme sujet et l’événement 2 réalisé comme complément introduit par de.
Dans la perspective d’un traitement « vertical » de la polysémie on peut sans doute faire valoir que l’événement
réalisé comme sujet grammatical, par ex. l’organisation du procès pour génocide,
génocide est représenté en Sit1 comme
doté d’une réalité indépendante (≈ antériorité conceptuelle), alors qu’en Sit2 il est représenté comme rattaché
causalement à une entité externe (≈ postériorité conceptuelle), par ex. la Cour Pénale Internationale.
Internationale
C’est un peu tiré par les cheveux, mais les formes schématiques que j’ai examinées (pour les verbes passer,
passer jouer,
jouer
monter entre autres) le sont tout autant à mon sens. Certaines analyses relativement distanciées par rapport aux
deux théories évoquées, par exemple l’analyse de la polysémie du verbe venir par Marie-Luc Honeste ou celle du
verbe monter par Pierre Jalenques sont plus accessibles, entre autres parce que ces auteurs accordent une place de
choix à la composante distributionnelle.
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mettre | entrer | être
dans une situation B repérée par rapport à une situation A primitive
Procès : être
Procès : mettre
Procès : mettre
Procès : mettre
Procès : entrer
SitA : réalité de e
SitA : position ≠ B
Sit A : erreur imperceptible SitA : défi non reconnu SitA : maladie|faiblesse
Sit B : rattachement de e1
SitB : position verticale SitB : erreur perceptible
SitB : défi reconnu
SitA : convalescence
à une entité causale
qn relève de
qn relève qn/qc
qn relève qc<erreur>
qn relève qc<défi>
qc<e> relève de qc
qch<maladie, couches>
SYN
redresser
repérer
répondre à
se rétabllir
dépendre de
Pour toute étude mettant en jeu la polysémie lexicale, il est important d’être informé de ces positionnements
théoriques, de leurs liens éventuels avec des théories extralinguistiques (en l’occurrence pour la sémantique
cognitive américaine, la théorie du prototype élaborée par Eleonor Rosch au milieu des années 1970 et aussitôt
adaptée à la sémantique linguistique par George Lakoff), et de la distinction essentielle entre les deux visions de la
polysémie lexicale en synchronie et en diachronie. Dès la fin du 19e siècle, Arsène Darmester, dans La vie des mots
étudiée dans leurs significations,
significations décrivait (le mot polysémie n’étant proposé par Michel Bréal qu’une décennie plus
tard dans son Essai de sémantique : science des significations,
significations 1897) un « changement de sens par rayonnement »
et un « changement de sens par enchaînement » qui annoncent la « polysémie radiale » de Lakoff et celle par
« ressemblance de famille » de L. Wittgenstein, à cela près que Darmesteter se situe dans une optique strictement
diachronique.
diachronique
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arrièrearrière-plan
interdisciplinaire
interdisciplinaire
7. Un arrièrearrière-plan ‘computationnel
‘computationnel’
computationnel’ à propos de la (non)
régularisation des paradigmes flexionnels
Quels sont les verbes les plus couramment employés en français ? ► En premier lieu être,
être avoir,
avoir aller,
aller venir et faire.
faire
Quels sont les verbes du français les plus irréguliers dans leur paradigme de conjugaison ? ► Entre autres être,
être
avoir,
avoir aller,
aller venir et faire.
faire
Il semble donc y avoir une corrélation entre la fréquence d’emploi, particulièrement à l’oral, et l’irrégularité
flexionnelle. On observe en outre que ces cinq verbes ont une large polysémie allant d’emplois pleinement
prédicatifs à des emplois grammaticalisés, ex. Je suis arrivé / Il est muté ; J’ai
J’ai fini le travail
travail / J’ai
J’ai à finir le travail ; Il
vient de pleuvoir / s’il vient à pleuvoir ; Je vais vous rendre visite ; Je lui ai fait répéter la question.
question
La corrélation entre fréquence d’emploi, irrégularité flexionnelle et éventail d’emplois prédicatifs et grammaticaux
s’explique par le fait que les verbes employés quotidiennement à différentes formes, même si ces formes sont très
irrégulières (et quoi de plus irrégulier que je vais / j’allais / j’irai , formes d’un « même verbe » aller provenant de trois
verbes latins différents, vadere,
vadere *allare < ambulare et ire ?) la mémoire des formes et le rattachement de ces
formes à un même lemme dans le lexique mental ne peuvent pratiquement pas être pris en défaut. Il en va bien sûr
différemment pour des verbes d’usage moins fréquent, d’où par exemple les difficultés d’emploi de verbes tels que
résoudre,
résoudre ou émouvoir qui ont conduit les locuteurs à créer les verbes solutionner et émotionner.
émotionner
On peut tester cette corrélation en prenant comme critère de l’irrégularité flexionnelle le nombre de bases
flexionnelles proposé par exemple par le manuel de conjugaison Bescherelle et comme critères de fréquence la
fréquence semi-orale (sous-titres de films) délivrée par Lexique 3 et la fréquence littéraire délivrée par le Trésor de la
Langue
Langue Française.
Française On représente dans un espace cartésien la fréquence en ordonnées et le nombre de bases
flexionnelle en abscisses. L’hypothèse à tester est que la corrélation entre fréquence d’usage et irrégularité
flexionnelle est plus marquée à l’oral qu’à l’écrit, ce que représente la figure ci-dessous :
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Fréquence
4
semi-oral cinématographique
3
écrit littéraire
2
1
Nb de bases :
2
3
4
5
Le repérage du nombre de bases et des fréquences ne présente aucune difficulté technique et il serait intéressant
de voir si, conformément à l’hypothèse proposée, les verbes dont le paradigme flexionnel présente un nombre élevé
de bases sont plus fréquents en discours oral qu’en discours écrit littéraire (il est également possible d’introduire un
troisième genre, celui des Essais & Traités, qui en général diffère sensiblement de celui des Romans dans la base
FRANTEXT).
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arrièrearrière-plan interdisciplinaire
8. Polysémie, ambiguïté lexicale et lexique mental
La question de la délimitation entre polysémie et homonymie ne peut pas se poser de la même manière en
linguistique et en psycholinguistique.
En LINGUISTIQUE, elle concerne en premier lieu la LEXICOGRAPHIE, car il appartient aux lexicographes d’accorder
un, deux ou plusieurs articles à une même chaîne graphique (ex. moule<n.m.>
≠ moule<n.f.>),
les chaînes
moule
moule
phonétiquement identiques mais graphiquement différenciées bénéficiant toujours d’articles distincts (ex. saut |
sceau | seau | sot).
sot La MORPHOLOGIE FLEXIONNELLE est également impliquée, puisque certaines chaînes
graphiques sont des formes fléchies, ex. moule<v.
mouler, Ind.prés.1Sg|3Sg>, mais dans ce cas la lexicographie
moule
n’en tient pas compte, car elle n’accorde le statut d’entrée
entrée lexicale qu’à des lemmes (formes de base, l’infinitif pour
les verbes).
Traditionnellement les critères d’homonymie des lexicographes (appliqués par exemple dans le Grand et le Petit
Robert et dans le Trésor de la Langue Française) sont
a) la différence d’étymologie
b) la différence de classe syntaxique (ex. N vs. Adj)
c) la différence de genre pour les substantifs
Toutefois leur application n’est pas évidente.
► Concernant la différence de classe syntaxique, la catégorie de « l’adjectif substantivé » ne donne pas
généralement matière à dégroupement homonymique. Ainsi le propre figure généralement dans le même article
que l’adj. propre.
propre Pour l’afj. Politique on distingue habituellement entre les deux variantes de l’adjectif substantivé
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le politique (≈ ce qui est politique / celui qui fait de la politique) et le substantif la politique,
politique qui réclame un article
indépendant (ce ce fait il est difficile de désigner une femme qui fait de la politique comme une politique).
politique
► Concernant la différence de genre, elle correspond occasionnellement à une différence du type [±animé], ex. la
cuisinière (agent féminin ou instrument). Faut-il dans ce cas 2 ou 3 articles, et comment les délimiter ? En
fonction de l’opposition morphologique [±masculin] (article 1 : le cuisinier ; article 2 : la
cuisinière<agent|instrument>
ou en fonction de l’opposition sémantique [±animé] (article 1 : le cuisinier|la
cuisinière
cuisinière<agent>
; article 2 : la cuisinière<instr>)
?
cuisinière
cuisinière<
► Enfin, concernant la différence d’étymologie, il arrive que deux emplois d’une même chaîne graphique
proviennent de deux étymons différents provenant eux-mêmes d’un étymon antérieur commun. Il semble que ce
soit le cas pour le ou les verbes poster,
poster l’un [mettre qn à un poste] provenant du participe passé du v. lat. ponere
> positus par l’intermédiaire de l’it. posta d’où dérive une variante masculine posto,
posto empruntée comme n.
masculin : le poste,
poste l’autre [confier un pli à la poste] ayant la même origine, par l’intermédiaire du n. féminin la
poste emprunté à l’it. posta.
posta
Certains lexicographes ont introduit d’autres critères de dégroupement, en particulier pour les équipes de rédaction
duj Dictionnaire du Français Contemporain (1966) et du Dictionnaire LEXIS de la langue française (1975, réédité en
2001) sous la direction de Jean Dubois
a) la différence de type d’emploi : par ex. outre un dégroupement distinguant un verbe fumer issu du lat. fimus ≈
le fumier (1), ces dictionnaires dégroupent l’emploi intransitif s’appliquant à un phénomène géologique (2), ex.
le volcan fume,
fume l’emploi transitif avec pour objet une substance inhalée (3), ex. fumer du tabac brun ou un
objet fabriqué en relation avec la substance inhalée, ex. fumer une cigarette, la pipe,
pipe l’emploi transitif avec
pour objet un comestible traversé par de la fumée (4), ex. fumer un jambon, un poisson,
poisson et enfin l’emploi
intransitif populaire (5), ex. Quand j’entends ça, je fume !
b) la différence de dérivation-composition lexicale : pour ce même verbe dégroupé fumer,
fumer certains des
dégroupements sont confortés par des dérivés-composés différents. Ainsi fumure est dérivé du verbe dans le
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sens (1) fumerolle dans le sens (2), fumefume-cigarette dans le sens (3) et fumage
fumage dans le sens (4). Mais un même
dérivé peut aussi se rattacher sémantiquement à deux types d’emploi, c’est le cas de fumoir comme
localisation dans les sens (3) et (4).
En PSYCHOLINGUISTIQUE,
PSYCHOLINGUISTIQUE la question se présente tout autrement, et il est utile de réfléchir à la manière dont le
lexique mental peut traiter l’ambiguïté lexicale. Dans une activité de décodage, l’esprit du récepteur segmente une
chaîne (par des blancs typographiques à l’écrit ou par une stratégie de segmentation des « mots phonologiques » à
l’oral) sans nécessairement percevoir son ambigüité hors contexte. La notion centrale est celle d’ « accessibilité
lexicale » et plus particulièrement sémantique.
On peut imaginer un test (applicable sans instrumentation particulière) pour évaluer l’accessibilité entre deux
emplois d’un mot polysémique ou ambigû : il s’agirait de proposer deux phrases contenant chacune un mot souligné
(N, Adj, V, Adv) différent, mais tous deux synonymes d’un même mot caché. On demande au sujet de trouver le
synonyme commun qui pourrait être substitué à chacun des deux mots soulignés dans chacun des deux contextes et
on mesure (à l’aide d’un chronomètre) le temps mis par le sujet à accomplir cette tâche. Si le temps est
relativement court (échelle à tester !) on supposera que les deux sens du mot caché sont aisément accessibles, s’il
est long ou si l’exercice échoue, on en conclut que les deux sens sont relativement inaccessibles pour ce sujet
particulier. Exemple :
(1) Paul a obtenu un emploi intéressant grâce à son diplôme d’ingénieur.
d’ingénieur
(2) Le suspect a été conduit au commissariat de police.
police
(3) Vous trouverez les chiffres souhaités dans la rubrique des recettes de l’année.
Le sujet A doit trouver (le
le)
le poste comme synonyme commun de emploi et commissariat (contextes 1≠2), le sujet B
doit le trouver comme synonyme de emploi et rubrique (contexte 1≠3), et le sujet C doit le trouver comme synonyme
de commissariat et rubrique (contextes 2≠3). En (1), emploi
emploiposte désigne une activité, en (2),
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commissariat
commissariatposte
poste désigne un lieu, en (3), rubrique
rubriqueposte désigne une localisation dans un document de
comptabilité.
L’hypothèse est que le sujet A n’aura pas de peine à découvrir le synonyme commun parce que les deux sens se
présentent fréquemment, en revanche les sujets B et C devraient avoir des difficultés à le trouver en raison de la
faible fréquence du sens rubrique
rubriqueposte,
poste en dehors de la langue de spécialité comptable. Le tableau ci-dessous
résume l’hypothèse. Mais il se peut qu’apparaissent des différences d’accessibilité entre (1≠3) et (2≠3).
premier synonyme
second synonyme
hypothèse d’accessibilité
motif
emploi
emploiposte (1)
commissariat
commissariatposte (2)
rapide
fréquence élevée comparable
emploi
emploiposte (1)
rubrique
rubriqueposte (3)
lente
fréquence faible de (3)
commissariat
commissariatposte (2)
rubrique
rubriqueposte (3)
Il appartient aux intéressés de se lancer dans cette entreprise !
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