1 LANGUE DES SIGNES FRANCAISE (LSF) PROJET D
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1 LANGUE DES SIGNES FRANCAISE (LSF) PROJET D
LANGUE DES SIGNES FRANCAISE (LSF) PROJET D’IMPLANTATION AU COLLEGE J. B. de la QUINTINYE Mai 2016 « Elle enrichit chez les entendants qui l’apprennent leur propre intelligence de toutes leurs relations à eux-mêmes et aux autres, un peu comme le font l’apprentissage du dessin, de la danse ou de la musique instrumentale(…). Françoise Dolto. Le collège J. B. de la Quintinye accueille, depuis son ouverture, une Unité Locale d’Inclusion Scolaire (ULIS) à l’intention des élèves sourds et malentendants du département des Yvelines. Ce dispositif a été, ailleurs, officialisé par le Rectorat de Versailles en mars 2016. Jusqu’à maintenant, les élèves sourds accueillis au collège ont fait le choix d’une communication en français oral et écrit. Pourquoi introduire la LSF au collège ? L’établissement, -fort de cette expérience d’accompagnement spécifique-, souhaite renforcer cette culture de partage entre le monde des entendants et celui des sourds et malentendants. Avec l’appui du Rectorat et de la Direction Académique des Yvelines, mais sous réserve, à la fois de l’affectation d’un enseignant certifié et d’un nombre suffisant d’élèves, le collège souhaiterait proposer à la rentrée 2016, un enseignement de complément facultatif« Langue des Signes »à l’intention des élèves de la 6e à la 3e. Le dispositif est destiné à un groupe de 12 élèves maximum, dès la 6e pour les malentendants et à partir de la classe de 5 e (cycle 4) pour les élèves intéressés. Une progression pédagogique est prévue de la 6e à la 3e, à raison de 2 heures hebdomadaires plus le travail y afférent. LSF et Diplôme National du Brevet : Les points au-dessus de 10 seront pris en compte pour le D.N.B. en fin de 3 e, dans le cadre du contrôle continu. Continuité au lycée : La continuité de cet enseignement sera assurée, à l’issue du collège, au lycée La Bruyère à Versailles pour présenter cette langue comme option, au Baccalauréat. Intérêts, culturel et pédagogique, de cet enseignement : La LSF permet la connaissance d’une autre culture avec sa langue, ses pratiques, ses artistes, ses modes d’interactions sociales… On peut parler d’ouverture culturelle. Et, au-delà d’un autre mode de relation à l’autre, la langue des Signes Française est une langue qui implique le corps dans son ensemble (schéma corporel, coordination dynamique générale, latéralisation et motricité fine (mimiques) ainsi que l’organisation temporo-spatiale ; il n’y a aucune utilisation de la voix et de l’audition : les élèves entendants doivent changer complètement de mode de communication ; les outils pédagogiques utilisent prioritairement la représentation visuo-spatiale et une organisation visuo-praxique. La LSF permet le développement de l’intelligence de toutes les relations à soi-même et aux autres. Par ailleurs, il existe, comme pour les langues parlées de nombreuses familles de langues signées. Or, la famille la plus vaste est celle qui trouve sa source dans la LSF. Tant et si bien que l’apprentissage de la LSF rend extrêmement facile l’apprentissage des langues des signes de tout le continent américain, entre autre. Méthodes pédagogiques utilisées : Les cours utilisent une méthode qui permet de s’immerger tout de suite dans cette langue. Il ne s’agit pas de traduire mais de penser et communiquer en LSF. Cet apprentissage n’est pas comparable à celui d’une langue étrangère orale et écrite ; il utilise le mouvement corporel dans l’espace et par rapport aux autres, les repères temporospatiaux. Sur la base d’expressions du visage et d’expressions corporelles, les élèves s’approprient le vocabulaire et la syntaxe de la LSF. Les enseignants sont très souvent sourds, ce qui en soit, est une expérience interculturelle de taille pour les apprenants. L’apprentissage de la langue des signes est similaire à celui d’une langue étrangère. Les expressions du visage fournissent la grammaire (question, négation, intensité), la position du corps indique les personnes et les pronoms ainsi que certains temps verbaux. L’apprentissage de nouvelles catégories (division spatiale du monde) et l’abandon d’autres qui semblent si incontournables en français (les genres féminins et masculins dans les pronoms n’existent pas par exemple) sont une découverte majeure pour les apprenants, qui leur ouvre de nouveaux horizons de communication et les prépare à l’apprentissage d’autres langues. Comment proposer la candidature de son enfant ? Afin de pouvoir poursuivre l’élaboration du projet, l’établissement a besoin de recenser les élèves intéressés. Si vous souhaitez que votre enfant suive cet apprentissage dès la rentrée 2016, je vous invite à envoyer un mail pour proposer la candidature de votre enfant en mentionnant son nom, prénom et sa classe actuelle, à l’adresse suivante : [email protected] 1 « Pour aller plus loin »… un peu d’histoire à propos de la langue des signes… Si elle est reconnue depuis 2005 comme langue à part entière, la langue des signes est certainement apparue bien avant les langues orales, du temps où l’appareil phonatoire de l’Homme n’était pas développé. Dans l’histoire, les langues des signes ne sont pas l’apanage des sourds et malentendants. De nombreux groupes humains ont développé des langues signées à divers degrés. Il semblerait que l’apparition des langues signées ait précédé celles des langues parlées et serait même à l’origine des mains négatives observées dans l’art pariétal européen et nord-américain. Dans l’Antiquité, l’intelligence était étroitement liée à la parole. Aristote pensait que quelqu’un qui ne parle pas, ne peutpas penser.Les sourds, isolés, n’ont pu enrichir leurs langues signées et ont dû se contenter d’une gestuelle simpliste. De ce fait, ne disposant pas d’une langue élaborée et ne bénéficiant pas d’éducation, ils passaient parfois pour simples d’esprit. A partir du 16ème siècle, des peintres sourds tels que Navarette ou Pinturicchio ont été reconnus. Par ailleurs, en Espagne, des enfants sourds issus de la noblesse ont été instruits par des précepteurs. Certains ont pensé qu’il était important pour les sourds d’apprendre à parler (principe des oralistes). L’abbé de l’Epée fut, en 1760, le premier entendant connu à s’intéresser aux modes de communication des « sourds-muets ». En observant un couple de jumelles sourdes communiquer entre elles par gestes il découvre l’existence d’une langue des signes. Il décide de s’appuyer sur cette langue pour instruire les enfants sourds. Il l’adapte en y ajoutant des notions grammaticales propres au français (par exemple, la conjugaison). Par ailleurs, il regroupe les enfants sourds pour les instruire et ouvre une véritable école pour sourds qui deviendra l’Institut national des jeunes sourds, aujourd’hui Institut Saint-Jacques, à Paris.Dans la même période, le courant « oraliste » s’amplifie. Les « oralistes » pensent que les sourds doivent apprendre à parler pour s’intégrer dans la société. Le congrès de Milan en 1880 — où l’immense majorité des participants est entendante et oraliste — décrète : « que la méthode orale pure doit être préférée ». Trois raisons sont invoquées : Une langue des signes n’est pas une vraie langue, elle ne permet pas de parler de Dieu, les signes empêchent les sourds de bien respirer ce qui favorise la tuberculose. Cette « préférence » a eu des conséquences dramatiques pour les sourds : pendant 100 ans la langue des signes a été proscrite, méprisée et marginalisée aux seules associations de sourds. Dans les instituts de sourds, les élèves signent en cachette. La langue des signes s’est alors appauvrie. Dès le XVII siècle, la LSF s’est exportée et a donné naissance à de nombreuses autres langues (Anderson et Peterson, 1979). Elle est ainsi la source d’une petite cinquantaine de langues signées de par le monde et de l’intégralité des langues signées officielles du continent américain. Durant les années 1980, se produit ce que les sourds appellent le « réveil sourd ». Est créée, l’association « 2 Langues pour une Education »(LSF / Français). Elle met en place des « stages d’été pour les parents ». Ces stages rassemblent des parents d’enfants sourds, des sourds, des interprètes. Ils œuvrent ensemble à la création des premières classes bilingues dans un contexte législatif et sociologique difficile.En parallèle, une réflexion est menée sur l’enseignement auprès des élèves sourds. La philosophie bilingue commence à germer dans les esprits. Dans les années 90, les sourds et la LSF commencent à avoir une renommée dans le grand public.Pendant ces années, de nombreuses associations de sourds ouvrent leurs portes aux entendants en leurs proposant des cours de langue de signes. Ces formations, les films, le théâtre et l’engagement de plusieurs associations dans la sensibilisation pour la culture sourde, permet une meilleure reconnaissance des droits des sourds. Dans le même temps, le métier d’interprète en LSF/français se professionnalise et est validé par un diplôme. En 1988, voit naître à Poitiers, des centres qui oeuvrent pour la mise en place de classes bilingues, la promotion et la reconnaissance de la Langue des Signes. Les combats menés depuis 25 ans pour la reconnaissance de la langue des signes commencent à porter leurs fruits : la Loi n°2005-102 du 11 février 2005 reconnaît la LSF comme « langue à part entière ». En 2008, la LSF devient une option pour le Bac, comme n’importe quelle autre langue. En 2010, le CAPES de LSF est créé. §§§§§§§§§§§§§§ 2