La surprise écologiste
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La surprise écologiste
SUPPLÉMENT 8 juin 2009 No 134 - Deuxième cahier Ne peut être vendu séparément Elections 2009 EUROPÉENNES FRANCE. L’UMP arrive en tête devant le PS et Europe Ecologie La surprise écologiste Avec 28 % des voix, l’UMP est arrivé largement en tête des élections européennes hier en France. Grosse claque, en revanche pour le PS, qui n’obtient que 16,8 % des suffrages, talonné de près par Europe Ecologie. L e parti présidentiel UMP et Europe Ecologie sont les grands gagnants des élections européennes d’hier, alors que le PS et les centristes du MoDem, très nettement distancés, ont subi un cinglant revers, sur fond d’abstention record - près de 60 % - pour ce type de scrutin. Selon les estimations, les listes UMP-NC recueillent au moins 28 % des suffrages, soit près de 12 points de plus que le PS, crédité de 16,8 %. Des scores qui représentent le pendant quasi exact du scrutin de 2004 quand le Daniel Cohn-Bendit et José Bové peuvent exulter. Les écologistes ont frappé fort. Photo AFP PS a largement devancé la droite. C’est la première fois - hors cohabitation - depuis 1979 que le parti au pouvoir arrive en tête d’une élection intermédiaire. Ne profitant pas du contexte de crise, les socialistes sont talonnés par Europe Ecologie, qui fait une percée à 16,2 % des voix. “ Le 7 juin 2009 restera comme le D-Day pour l’écologie. ” Denis Baupin (Verts) Le MoDem n’obtient quant à lui qu’un petit 8,5 %, un revers personnel pour François Bayrou. De son côté, le Front de gauche, formé du PCF et du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, a réussi son pari avec environ 6,5 %, au coude à coude avec le Front national. A près de 5 %, sont également quasiment ex aequo le NPA d’Olivier Besancenot et Libertas. EUROPE. Les partis de droite confirment leur domination Le « vieux continent » reste conservateur Les partis de droite se sont nettement imposés lors des élections européennes d’hier et semblent assurés d’asseoir leur domination au Parlement européen, à l’issue d’un scrutin marqué par un nouveau record d’abstention. En Allemagne, pays qui envoie le plus gros contingent d’eurodéputés au Parlement européen avec 99 eurodéputés sur 736, les conservateurs de la chancelière allemande Angela Merkel sont largement en tête. Ils recueilleraient 38,1 à 38,2 % des voix, loin devant les sociaux-démocrates (SPD) qui enregistreraient leur plus mauvais résul- tat avec 20,9 à 21,3 % des voix.En Espagne, la droite a également remporté une courte victoire contre les socialites du Premier ministre José Luis Zapatero. En Grande-Bretagne, le Labour s’attend à une cuisante défaite qui pourrait fragiliser plus encore la position du Premier ministre Gordon Brown. En Autriche, les conservateurs autrichiens de l’OVP sont aussi en tête avec 29,7 % des voix contre 23,8 % aux socio-démocrates du SPÖ. Toutefois, la surprise est venue des 18 % remportés par la liste eurosceptique d’Hans Peter Martin et par l’extrême droite, dont les deux partis FPO et BZO approchent ensemble les 18 %. Barroso devrait garder son poste Dans d’autres pays aussi, certaines formations extrêmes ont progressé. Même si cela ne devrait pas chambouler l’équilibre politique de l’hémicyle strasbourgeois, selon les analystes, ils pourront désormais donner plus facilement de la voix dans l’hémicycle strasbourgeois. Le parti islamophobe de Geert Wilders aux Pays-Bas avait ainsi remporté dès jeudi 17% des voix et quatre siè- ges. En Hongrie, le parti d’extrême droite Jobbik peut prétendre à un ou deux sièges. En Slovaquie, les ultranationalistes du SNS devraient obtenir leur premier siège. En Roumanie, le Parti de la Grande Roumanie (PRM, extrême droite) reviendrait sur la scène européenne avec deux sièges. La victoire des conservateurs modérés qui semble se dessiner devrait permettre à l’actuel président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso, d’obtenir un nouveau mandat de 5 ans à la tête de l’exécutif européen. ÉDITO Le PS à la rue PAR JEAN-LOUIS PIERRE L ’UMP qui rit, le PS qui pleure : c’est la leçon que l’on peut tirer d’un scr utin européen qui place les écologistes à une surprenante troisième place. A peine remis de leurs émotions du congrès de Reims, les socialistes, contrairement à la chanson, ne voient pas la vie en rose. L’avenir continue à jouer à cache-cache et les visionnaires du parti, d’habitude si diserts, se tiennent cois. La leçon du 7 juin est d’une biblique simplicité pour le PS : l’anti-sarkozysme obsessionnel, exutoire commode, caricatural et monomaniaque, ne pouvait à lui seul tenir de projet politique. Le principal parti d’opposition s’est nourri d’illusions et de formules qui ne sont que les cache-misères de ses difficultés internes. Il a offert le spectacle de son incurie qu’il pensait masquer derrière un rideau de scène aux couleurs d’une union retrouvée. Les ralliements de certains à Martine Aubry contre un plat de lentilles électorales ont certainement jeté le trouble au sein de la base du parti, qui a préféré égrener ses voix sur d’autres listes, notamment Europe Ecologie. De son côté, l’UMP a avancé à petits pas dans cette campagne, mais sans faux pas. La force des convictions et la passion du mouvement insufflée par le locataire de l’Elysée ont, semble-t-il, cette fois encore, fait la différence. On promettait un vote sanction contre Nicolas Sarkozy. C’est Martine Aubr y qui l’a pris en pleine face.