agroalimentaire

Transcription

agroalimentaire
Faire nôtres les possibilités
de la génomique en
COVER
agroalimentaire
au Canada
Stratégie sectorielle sous la
direction de Génome Prairies
et de l’Institut génomique de
l’Ontario, en collaboration avec les
centres de génomique des autres
régions canadiennes et financée
par Génome Canada
Mai 2013
La génomique* est la science qui vise à élucider et à
comprendre toute l'information génétique d'un organisme (micro-organismes, plantes, animaux et humains)
codée dans son ADN et les compléments correspondants que sont l'ARN, les protéines et les métabolites.
Génome Canada et les six centres de génomique
régionaux du pays s'emploient à mettre à profit le
pouvoir transformateur de la génomique pour assurer
des avantages sociaux et économiques à la
population canadienne.
Les connaissances et les innovations issues de ce
domaine résolvent des problèmes biologiques complexes, tout en soulevant des questions d'importance
sociétale et économique.
Ce document fait partie d'une série de quatre
stratégies sectorielles financées par Génome
Canada et codirigées par les centres de génomique.
Ces stratégies porteront sur l'agroalimentaire,
l'énergie et les mines, les pêches et l'aquaculture de
même que la foresterie. Chaque stratégie, élaborée
en consultation avec les parties prenantes sectorielles,
explique comment le secteur peut tirer un meilleur
parti du pouvoir transformateur de la génomique et
des disciplines connexes.
La génomique a déjà généré des gains économiques
et sociétaux immenses pour la population canadienne
sous forme de meilleurs soins de santé, d’une
meilleure qualité, innocuité et production des aliments
et de protection de notre environnement et de nos
ressources naturelles.
À l'avenir, la génomique deviendra le fondement de
la bioéconomie (toute activité économique issue de
la recherche en sciences de la vie) en croissance au
Canada et qui, selon les estimations, représentera
quelque 2,25 % du PIB, soit environ 38 milliards de
dollars d'ici 2017.
De plus en plus, la génomique fournit à toute une
gamme de secteurs d’activité canadiens – agriculture,
énergie, exploitation minière, foresterie, pêches, aquaculture et santé, pour ne nommer que ceux-là – une
science et des technologies d'avant-garde. En
ce faisant, elle nourrit la croissance, la productivité,
la commercialisation et la compétitivité mondiale, tout
en trouvant des solutions à des problèmes liés à la
durabilité de l’environnement.
Compte tenu de l'empreinte du Canada dans ces
secteurs clés des ressources naturelles, le temps est
venu pour nos industries de profiter pleinement du
pouvoir et des promesses de la génomique.
*De manière générale, notre définition de la génomique
comprend les disciplines connexes de la bioinformatique,
de l'épigénomique, de la métabolomique, de la
métagénomique, de la nutrigénomique, de la
pharmacogénomique, de la protéomique et de
la transcriptomique.
Pour de plus amples renseignements, visitez
http://www.genomecanada.ca/fr/.
Préparé par Agri-Food Project Services Ltd.
Publié par Génome Canada, 2013
© Génome Prairies 2013
Le présent document peut être reproduit en tout ou en partie à des fins personnelles sans autorisation, à condition
d’indiquer la source en entier. La reproduction en tout ou en partie à des fins de revente ou de redistribution nécessite
toutefois l'autorisation écrite préalable de Génome Prairies.
This publication is also available in English.
Génome Canada tient à remercier le gouvernement du Canada pour son soutien constant.
Table des matières
1. Sommaire......................................................................................................................................................................... 2
2. À propos de cette initiative..................................................................................................................................... 5
3. Un mot sur la sécurité alimentaire...................................................................................................................... 6
4. Importance du secteur agroalimentaire pour l’économie canadienne............................................ 7
5. Capacité de recherche, pouvoir d’influence et forces du Canada en agroalimentaire............ 8
5.1 Initiatives nationales et internationales..................................................................................................................................... 8
5.2 Projets en génomique agroalimentaire à grande échelle de Génome Canada...................................... 9
6. Incidence socioéconomique de solutions fructueuses reposant sur la génomique............ 11
7. Succès des investissements canadiens en génomique agroalimentaire................................... 13
8. Les défis mondiaux que peut relever le secteur agroalimentaire................................................... 16
8.1 L’environnement et les changements climatiques........................................................................................................16
8.2 Compétitivité mondiale........................................................................................................................................................................ 17
8.3 Processus de réglementation........................................................................................................................................................19
8.4 Santé et nutrition.....................................................................................................................................................................................19
8.5 Rôle de la recherche et du développement dans la politique gouvernementale................................20
8.6 Durabilité, éducation et sensibilisation...................................................................................................................................21
9. Rôle de la génomique dans l’atténuation des problèmes et la création de possibilités.... 24
9.1 Environnement et changements climatiques....................................................................................................................24
9.2 Compétitivité mondiale........................................................................................................................................................................25
9.3 Processus de réglementation........................................................................................................................................................26
9.4 Santé et nutrition.....................................................................................................................................................................................26
9.5 Rôle de la recherche et du développement dans la politique gouvernementale................................ 27
9.6 Durabilité, éducation et sensibilisation...................................................................................................................................28
10. Les prochaines étapes vers la réussite...................................................................................................... 29
10.1 Objectifs à court terme....................................................................................................................................................................29
10.2 Objectifs à long terme......................................................................................................................................................................29
10.3 Besoins recensés.................................................................................................................................................................................30
11. Recommandations................................................................................................................................................. 31
12. Conclusion : Le Canada, la génomique et la sécurité alimentaire mondiale.......................... 32
Annexe................................................................................................................................................................................. 33
Atelier sur le secteur agroalimentaire, du 28 février au 1er mars 2013............................................................33
Liste des principaux organismes de recherche agroalimentaire au Canada................................................34
1.Sommaire
L’application des progrès scientifiques de la génétique
à l’agriculture depuis le début du XXe siècle est l’une
des grandes réussites de l’histoire humaine. Ces
dernières années, grâce à une meilleure compréhension de la fonction et de la structure du matériel
génétique des cultures, du bétail et des microorganismes au moyen de la génomique, nous avons
pu élargir considérablement notre potentiel de relever
les défis sociétaux et de saisir les possibilités du
secteur agroalimentaire à l’aide de la génétique.
Au Canada, le secteur agroalimentaire a fait une place
importante à la recherche, au développement et à la
mise en œuvre de la génomique, et ce à un niveau
comparable à celui d’un autre secteur de pointe : la
santé humaine. L’infrastructure agroalimentaire du
Canada est l’une de ses forces, conjuguée aux partenariats tripartites (producteur, entreprise et recherche
fondamentale) public-privé de calibre mondial, permettant au secteur d’accomplir des progrès dans l’application
de la génomique.
Le secteur agroalimentaire du Canada est l’un des
fondements de l’économie nationale, d’un océan à
l’autre, représentant un peu plus de 8 % du produit
intérieur brut (PIB) du pays et employant directement
2,1 millions de personnes en 2011. Il s’agit d’un
moteur important des exportations, évaluées à
40,3 milliards de dollars en 2011.
Au nombre des réussites canadiennes en génomique
figurent les légumineuses à grains tolérantes aux
herbicides, qui ont fait du Canada un joueur de premier
plan dans l’industrie mondiale des lentilles; les variétés
de canola tolérantes aux herbicides, qui ont permis de
réduire considérablement l’utilisation de pesticides et
d’accroître la séquestration du carbone; l’amélioration
rapide des tests diagnostics et des vaccins; l’élimination du gène du syndrome du stress porcin, ce qui a
permis d’améliorer la qualité de la viande; et l’asperge
Millenium, reconnue en raison de sa compétitivité
actuelle dans l’industrie de l’asperge.
La croissance de la population, les changements
climatiques, l’épuisement des ressources, la compétitivité mondiale, les politiques gouvernementales et les
processus de réglementation, la santé humaine et la
nutrition ainsi que la durabilité sont des enjeux mondiaux qui exercent une pression croissante sur les
ressources disponibles. Produire des aliments salubres
et de qualité, en plus grande quantité sur une superficie
moindre, tout en réduisant l’impact sur l’environnement
constitue l’un des grands défis du XXIe siècle. En
continuant d’investir dans les progrès que permet la
génomique, le secteur agroalimentaire sera en bonne
position pour relever ce défi. Le Canada peut jouer un
rôle de premier plan en fournissant des solutions.
Le secteur agroalimentaire sera aussi l’un des principaux moteurs de croissance de l’économie du Canada
au cours de ce siècle. La recherche en génomique
peut contribuer directement à l’avancement du Canada
en tant que chef de file mondial dans ce secteur et lui
permettre de décrocher une part plus grande et plus
diversifiée du marché mondial grâce à des systèmes
de production concurrentiels et à des produits novateurs.
2 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
Une approche pancanadienne en matière de
génomique agricole peut aider à relever les défis du
secteur de bien des façons. Il s’agit d’adapter la
production agricole à l’accélération des changements
climatiques, de maintenir la compétitivité mondiale en
augmentant l’efficacité de la production, de fournir
les propriétés exigées par le marché en matière
d’innocuité et de qualité, et d’améliorer la santé des
cultures et du bétail afin d’accroître la sécurité
alimentaire mondiale.
Le secteur agroalimentaire promet un taux de
rendement élevé sur le financement permettant aux
innovations et aux progrès technologiques de passer
du laboratoire à la commercialisation sur les fermes
canadiennes et dans les entreprises de transformation
du Canada. Les domaines où l’on constate des besoins
offrant des possibilités correspondent remarquablement
bien au cadre stratégique lancé récemment – Cultivons
l’avenir 2 – qui est axé sur la compétitivité et la croissance des marchés, l’adaptabilité et la durabilité ainsi
que l’innovation.
Dans l’ensemble, les investissements pourraient
avoir des effets bénéfiques sur la santé humaine et
la nutrition, fournir de meilleures solutions face aux
besoins environnementaux et aux changements
climatiques, et contribuer à la croissance économique,
à l’accroissement des échanges commerciaux et à la
stabilité politique. Ces gains se concrétiseront grâce
aux résultats que nous obtiendrons, tels que les
innovations permettant d’accroître les bienfaits bioactifs des cultures pour la santé humaine, la réduction
des pathogènes du bétail afin de diminuer le risque de
maladies et la production de plantes et d’animaux
pouvant mieux supporter le climat changeant du
Canada. La génomique peut susciter des changements
dans tous ces domaines, mais pour obtenir des résultats significatifs, il faut du temps et des investissements
soutenus. Faire des investissements appuyant la
génomique dans le secteur agroalimentaire une
priorité nationale rapportera au Canada de nombreux
avantages à long terme.
• s’adapter aux changements climatiques au
moyen de cultures et de bétail plus résistants –
il est possible d’accroître l’efficacité de la production
en augmentant la résistance à la maladie, à la
sécheresse et aux extrêmes de température, et en
favorisant la mise au point d’outils qui permettront de
détecter les agents pathogènes envahissants, les
insectes nuisibles et les mauvaises herbes;
• améliorer la santé humaine et animale – la
production d’aliments plus salubres ou dotés de
propriétés fonctionnelles peut améliorer la santé
humaine de même que la santé du bétail en
renforçant le système immunitaire, ce qui permet
de réduire le risque de transmission de zoonoses
pouvant avoir des conséquences sur la
santé humaine;
• favoriser la sécurité alimentaire mondiale
et diminuer le gaspillage d’aliments – la
génomique peut permettre aux cultures de mieux
supporter le transport, l’entreposage et la manutention, ce qui réduit le gaspillage d’aliments et
accroît l’offre de nourriture dans de nombreuses
parties du monde.
Voici des recommandations d’activités agroalimentaires
reposant sur la génomique :
• stimuler la compétitivité du Canada par la
qualité des aliments – la génomique peut élargir
les débouchés du marché mondial en augmentant
la qualité des aliments par l’amélioration de caractéristiques et de propriétés ayant des applications
de grande valeur en ce qui a trait aux aliments, à la
santé et aux bioproduits;
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
3
Le présent rapport énonce aussi des défis qui, bien
qu’ils ne puissent être résolus par le recours à la
génomique, doivent être relevés afin que le secteur
puisse aborder efficacement les enjeux de sécurité et
de qualité des aliments, de changements climatiques
et de santé humaine. Voici d’autres recommandations :
• faciliter le processus réglementaire – il est
nécessaire d’accroître l’efficacité des communications entre les différents ministères ou organismes
de réglementation afin de mieux rationaliser le
système de réglementation;
• préserver la confiance du public envers l’offre
alimentaire – le secteur agroalimentaire doit
assumer un rôle plus proactif lorsqu’il s’agit de
sensibiliser le public à la science, à l’agriculture et
à la production alimentaire. La génomique peut
appuyer des pratiques de production durable et
favoriser la salubrité des aliments en cernant facilement la présence de contaminants et leur origine;
• établir de solides réseaux entre le milieu
universitaire, le gouvernement, les producteurs et l’industrie – l’emploi optimal des
ressources disponibles et une meilleure adéquation
entre les besoins en recherche de l’industrie et la
capacité de recherche du milieu universitaire permettront de faire progresser le développement et
l’utilisation de la génomique dans le secteur
agroalimentaire.
4 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
Des investissements soutenus dans le développement
de la génomique, tant par les secteurs public que privé,
peuvent aider le Canada à transformer ces défis en
atouts commerciaux et à s’imposer comme chef de file
mondial dans ce domaine.
Au bout du compte, l’utilisation optimale de la
génomique et des technologies connexes contribuera
à la création d’un monde meilleur pour les générations
à venir – favorisant une meilleure santé, une sécurité
alimentaire accrue et des pratiques de production
durable. Il est essentiel que la génomique bénéficie
d’un appui constant de la part du secteur public, du
secteur privé et des producteurs si nous souhaitons
faire nôtres les remarquables résultats à notre portée.
2.À PROPOS DE CETTE INITIATIVE
Un comité directeur national, composé de représentants
de l’industrie, du milieu universitaire et du gouvernement, a été constitué pour élaborer cette stratégie. Il
a tenu de multiples réunions par conférence téléphonique. Ses membres ont fourni leurs commentaires
et leurs réactions après examen de documents et au
moyen d’une discussion en ligne. Il s’agit, par ordre
alphabétique, des personnes suivantes :
• Brad Fournier, directeur administratif, Alberta
Livestock and Meat Agency
• Rory Francis, directeur administratif, PEI BioAlliance
• John Kelly, vice-président, Ontario Fruit and
Vegetable Growers Association
• Gord Neish, consultant, Nature Niche
Scientific Consulting
• Garth Patterson, directeur administratif, Western
Grains Research Foundation
• Peter Phillips, professeur, Université de
la Saskatchewan
• Reno Pontarollo, président-directeur général,
Génome Prairies
• Alison Symington, vice-présidente, Développement
de l’entreprise et Communications, Institut de
génomique de l’Ontario
• Christine Tibelius, coordonnatrice – Oléagineux,
Agriculture et Agroalimentaire Canada
• Janice Tranberg, vice-présidente – Ouest canadien,
CropLife Canada
• Gijs van Rooijen, conseiller scientifique en chef,
Génome Alberta
• John Webb, directeur des sciences émergentes,
Maple Leaf Foods Inc.
Les personnes suivantes ont aussi apporté
leur contribution :
• Chris Barker, conseiller scientifique en chef,
Génome Prairies
• David Castle, professeur, Université d’Édimbourg
• Klaus Fiebig, consultant indépendant
• Gabriel Piette, directeur scientifique, Agriculture et
Agroalimentaire Canada – Saint-Hyacinthe
• David Sparling, président – Innovation et
réglementation dans le secteur agroalimentaire,
Ivey School of Business
Un groupe plus large d’intervenants du secteur
agroalimentaire se sont réunis dans le cadre d’un
atelier tenu à Winnipeg, du 28 février au 22 mars
2013, pour examiner une ébauche de cette stratégie
et fournir leurs commentaires sur une série de thèmes.
Ils ont aussi eu l’occasion de parcourir l’ébauche
finale de la stratégie et de soumettre leurs observations. Entre 80 et 90 personnes ont pris part à l’atelier
de Winnipeg, représentant toutes les régions du
Canada. Environ 60 % des participants provenaient
du secteur des cultures et 40 % de celui du bétail;
70 % représentaient l’industrie ou le milieu universitaire et 30 % le gouvernement. Un sommaire des
messages clés à retenir de cet atelier figure à
l’annexe du présent document.
Les personnes suivantes ont fourni leur appui à
l’élaboration de la stratégie : James Farrar, Jayeff
Partners (animateur), Lilian Schaer, Agri-Food
Project Services Ltd (rédactrice et réviseure) et Faye
Pagdonsolan, Génome Prairies (gestion de projets et
coordination de l’atelier). Génome Canada a financé
l’élaboration de la stratégie.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
5
3.UN MOT SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
La salubrité des aliments et la sécurité alimentaire
sont des sujets étroitement liés, bien que différents.
La salubrité des aliments porte sur la production, la
transformation, l’entreposage, la manutention et la
préparation des aliments et des produits alimentaires
par des moyens qui ne causent pas de blessures ou
de maladies aux personnes qui les consomment. La
sécurité alimentaire est plutôt assurée quand toutes
les personnes, en tout temps, ont accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive pour leur permettre
de mener une vie active et saine, d’après une définition
du Sommet mondial de l’alimentation de 19961.
Selon L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde
2012, publication conjointe de l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, du
Fonds international de développement agricole et du
Programme alimentaire mondial, près de 870 millions
de personnes dans le monde souffraient de sous-alimentation chronique en 2010-2012. De ce nombre,
850 millions vivent dans des pays en développement,
et on estime qu’environ 15 % de ces populations sont
sous-alimentées2.
Le rapport indique que la croissance agricole est
particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de lutter
contre la malnutrition et de réduire l’extrême pauvreté
et la faim en créant des emplois et en augmentant
les revenus du travail. Toutefois, la croissance
économique et agricole « devrait prendre en compte
les conditions nutritionnelles », ce qui signifie que la
croissance doit aboutir à une amélioration de la
nutrition pour les pauvres.
1
http://www.who.int/trade/glossary/story028/en/.
2
http://www.fao.org/publications/sofy/fr/.
6 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
La génomique et les technologies connexes dans le
secteur agroalimentaire peuvent jouer un rôle important lorsqu’il s’agit d’appuyer et d’améliorer la sécurité
alimentaire mondiale. Un pays comme le Canada,
doté d’une infrastructure de recherche bien développée et d’un solide secteur agricole ayant fait une
place importante à la génomique, peut faire figure
de chef de file mondial en contribuant à accroître la
sécurité alimentaire.
Le Canada a déjà reconnu l’importance de la sécurité
alimentaire et le rôle de chef de file qu’il peut jouer
dans ce domaine par l’établissement du Global Institute for Food Security en Saskatchewan et de l’Institut
de McGill pour la sécurité alimentaire mondiale
au Québec.
Le pouvoir d’influence du Canada en matière de
sécurité alimentaire comporte deux volets : la
production et l’exportation de produits alimentaires
ainsi que le partage et l’adaptation d’innovations et
de technologies à être utilisées dans d’autres parties
du monde. Le présent rapport porte sur certaines de
ces possibilités.
4.IMPORTANCE DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE
POUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
Le secteur agroalimentaire du Canada englobe divers
secteurs d’activité, notamment la fourniture d’intrants
et de services agricoles, l’agriculture primaire, la
transformation d’aliments et de boissons, la distribution
d’aliments, la vente au détail et en gros ainsi que les
services de restauration. En 2011, il a créé directement
un emploi sur huit, employant 2,1 millions de personnes
et représentant 8 % du produit intérieur brut (PIB)
total du pays. L’agriculture primaire connaît une croissance moyenne annuelle de 1,4 % depuis 1997.
Les possibilités d’exportation sont essentielles à la
croissance de la plupart des secteurs de l’industrie
agroalimentaire canadienne. En 2011, le Canada
figurait au sixième rang mondial des pays exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires
(l’Union européenne étant considérée comme un
bloc), et les exportations canadiennes étaient
évaluées à 40,3 milliards de dollars. Le coût de l’alimentation au Canada figure parmi les plus bas du
monde, les ménages canadiens consacrant un peu
moins de 10 % de leur budget aux achats de produits
alimentaires dans les magasins.
Étant très dispersé et diversifié, le secteur agroalimentaire
du Canada est particulièrement intégré sur le plan
national. Il relie aussi la population rurale du Canada –
siège de l’agriculture primaire – aux centres urbains
où s’effectue la majeure partie de la transformation
alimentaire et où se trouvent les principaux
marchés canadiens.
Il importe également de souligner que le Canada est
un producteur et un exportateur de denrées alimentaires nécessaires à la sécurité alimentaire mondiale.
D’après les données de l’Organisation des Nations
Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Canada
produit environ 2 % des céréales et 3,4 % des oléagineux et des légumineuses à grains dans le monde.
Sa part du commerce mondial est encore plus grande :
les agriculteurs canadiens occupent environ 8 % du
commerce du porc à l’échelle internationale, 12 % du
commerce du blé et près du tiers du marché des
oléagineux comestibles et des légumineuses à grains4.
Au chapitre des exportations mondiales, la Saskatchewan
fournit à elle seule plus de 60 % des lentilles, 57 % des
petits pois, 55 % du lin et 34 % du blé dur5.
Le secteur agroalimentaire du Canada est un employeur
important dans la plupart des provinces où il contribue
à la création d’emplois et à l’activité économique dans
l’agriculture primaire et les secteurs connexes. L’emploi
dans l’agriculture primaire représente 2,3 % de la
totalité de l’emploi au Canada, ce qui est comparable à
la moyenne des pays du G7, mais supérieur à celle des
États-Unis et du Royaume-Uni3.
3
Vue d’ensemble du système agricole et agroalimentaire canadien 2013, produit par Agriculture et Agroalimentaire Canada –
http://www.agr.gc.ca/fra/a-propos-de-nous/publications/publications-economiques/liste-alphabetique/vue-d-ensemble-du-systemeagricole-et-agroalimentaire-canadien-2013/?id=1331319696826.
4
Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à www.faostat.fao.org.
5
Saskatchewan Agriculture, highly cultivated; http://www.agriculture.gov.sk.ca/Default.aspx?DN=dcc42704-e01a-40c5-928dce64a5dd5844.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
7
5.CAPACITÉ DE RECHERCHE, POUVOIR D’INFLUENCE
ET FORCES DU CANADA EN AGROALIMENTAIRE
Le Canada possède une capacité de recherche
agroalimentaire considérable et variée dans les
grappes de l’agriculture, de l’alimentation et de la
biotechnologie à l’échelle du pays, tant dans les
établissements publics que privés. Les partenaires de
l’industrie dirigent ou appuient la recherche dans de
nombreux domaines, et les organisations de produits
financées par les producteurs, tant au niveau national
que provincial – qu’il s’agisse du bœuf, du porc, des
céréales, des oléagineux, des légumineuses à grains
ou des fruits et des légumes –, participent au financement et à l’appui de la recherche agroalimentaire.
Le Canada est doté de l’une des meilleures infrastructures
scientifiques (y compris nos universités, des établissements de recherche clés et les laboratoires fédéraux),
de partenariats tripartites (producteur, entreprise et
recherche fondamentale) public-privé dynamiques et
engagés ainsi que d’un système de réglementation
tenu en haute estime par ses homologues internationaux.
Une liste détaillée des principaux centres, instituts et
réseaux de recherche universitaires et gouvernementaux canadiens, exerçant des activités de recherche et d’innovation dans le secteur agroalimentaire
(à l’exclusion de l’aquaculture et des pêches), figure
en annexe du présent rapport.
Les investissements fédéraux, provinciaux et
sectoriels ont contribué à bon nombre d’initiatives
de pointe, notamment :
5.1Initiatives nationales et internationales
• Wheat Initiative – initiative à laquelle participe
plusieurs scientifiques canadiens dans le cadre d’un
effort international visant à coordonner la recherche
mondiale sur le blé dans les domaines de la génétique,
6
http://www.wheatinitiative.org/
8 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
de la génomique, de la physiologie, de la sélection
et de l’agronomie. Les résultats contribueront
à accroître le rendement, à en améliorer
la stabilité et à augmenter la qualité du blé6.
• Alliance canadienne du blé – le Conseil national
de recherches du Canada, en collaboration avec
des partenaires, travaille au développement d’un
programme portant sur le blé et axé sur la recherche
dans les domaines de la génomique, de la biotechnologie et de la pathologie, des technologies
cellulaires, du développement des plantes et des
interactions bénéfiques entre le blé et les microbes.
L’objectif de ce programme est d’améliorer le
rendement du blé à l’avantage des agriculteurs
canadiens. Les partenaires comprennent Agriculture
et Agroalimentaire Canada, l’Université de la
Saskatchewan et la province de la Saskatchewan.
• Initiative de recherche et développement en
génomique – il s’agit d’un programme de financement
de la recherche en génomique dans des laboratoires fédéraux, qui représente un investissement
de 86,3 millions de dollars dans la recherche en
génomique sur les cultures à Agriculture et Agroalimentaire Canada depuis 1999. De plus, deux
projets interministériels sont présentement en
cours dans le domaine de la génomique : ils portent
sur l’amélioration de la salubrité des aliments et
de l’eau ainsi que sur les espèces envahissantes
et justiciables de quarantaine qui menacent la
production agricole.
• Initiative de grappes agroscientifiques
canadiennes – cette initiative fait partie du programme Agri-innovation d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui comprend 10 grappes scientifiques
axées sur l’élevage bovin, les produits laitiers, le porc,
la volaille, le canola/lin, les légumineuses à grains,
la sélection du blé, l’horticulture comestible, l’horticulture ornementale et l’agriculture biologique7. En
vertu du cadre stratégique Cultivons l’avenir 2, le
programme Agri-innovation misera sur ces travaux8.
• Projet international de code-barres du vivant –
ce projet est établi à l’Université de Guelph qui
possède une vaste bibliothèque de référence sur
l’ADN de milliers d’espèces. Il s’agit du plus imposant
programme de génomique en biodiversité mis en
œuvre. Il comporte un large éventail de bailleurs de
fonds, en particulier dans le cadre des Initiatives
Consortium international de Génome Canada9.
5.2Projets en génomique agroalimentaire à
grande échelle de Génome Canada
• Application de la génomique pour l’amélioration
de la santé et du bien-être des porcs – projet
de 12,4 millions de dollars qui applique la génomique
afin de réduire l’incidence de deux des maladies les
plus courantes dans la production commerciale de
porc : la maladie associée au circovirus porcin et le
syndrome dysgénétique et respiratoire du porc.
• Projet canadien sur le génome bovin (auparavant
Sélection du génome complet au moyen de
l’imputation pangénomique dans les bovins
de boucherie) – projet de recherche qui vise à
définir les avantages et les coûts économiques
et sociaux liés à l’utilisation de la technologie de
la génomique pour améliorer le bétail, à mettre au
point des outils permettant d’appliquer des méthodes
de sélection précises et à faible coût à l’échelle
génomique, et à favoriser la sélection à l’échelle
génomique dans les cheptels canadiens en ce qui a
trait à des caractéristiques particulièrement difficiles,
mais importantes. Ce projet est évalué à 8,2 millions
de dollars.
7
http://www.agr.gc.ca/fra/?id=1316118882467.
8
http://www.agr.gc.ca/fra/?id=1354301302625.
9
http://ibol.org/about-us/sponsors/.
• Amélioration du blé canadien au moyen de
la génomique – projet de 8,5 millions de dollars
visant la mise au point d’outils génomiques et
l’accroissement de la capacité génomique des
programmes canadiens d’amélioration du blé. Il
s’agit de la contribution du Canada à l’effort de
séquençage dirigé par le Consortium international
du génome du blé.
• Conception d’oléagineux pour les marchés de
l’avenir – projet de 14,8 millions de dollars ayant
permis à des chercheurs de recenser plus de 100 000
marqueurs de séquences exprimées dans le cas du
canola. Cette recherche contribuera à créer de
meilleurs oléagineux en matière de rendement, de
composition et de qualité.
• Accroître la valeur du canola par la
génomique – projet qui a permis de créer plus de
250 000 indicateurs génétiques et d’identifier plus
de 40 000 gènes du canola. Un certain nombre
d’outils importants en génomique du canola ont été
développés, dont une méthode appelée puce à ADN
qui permet aux chercheurs d’étudier quels gènes du
canola sont importants à diverses étapes de la
croissance. Ce projet est évalué à 9,5 millions
de dollars.
• Génomique fonctionnelle du stress abiotique –
projet de 19,4 millions de dollars, axé sur le blé
et le canola, qui fournit des outils de base à la mise
au point de plantes résistant à certains stress
abiotiques, tel que le gel hâtif, les températures
extrêmes ou les conditions défavorables des
nutriments du sol.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
9
• La génomique dans la lutte antiparasitaire
en agriculture – projet qui crée des outils et des
technologies de lutte contre les tétranyques. Les
insectes et les acariens détruisent 13 % des cultures;
à eux seuls, les tétranyques se nourrissent de plus
de 1 000 espèces végétales différentes. Ce projet
est évalué à 6,3 millions de dollars.
• Génomique du tournesol – projet de 10,5 millions
de dollars qui séquence le génome de la famille des
tournesols, la plus grande famille de plantes sur Terre,
comptant plus de 24 000 espèces décrites. Elle
englobe des cultures importantes sur le plan économique, des fleurs sauvages, des allergènes courants,
des plantes médicinales précieuses de même que
des plantes envahissantes et des mauvaises herbes
représentant un coût élevé. Le projet prévoit aussi
faire du tournesol une nouvelle source de biocarburant qui offrira les avantages exceptionnels d’une
plante ligneuse annuelle.
• Ajout de valeur grâce à la génomique et
GE3LS – projet dans le cadre duquel une équipe
diversifiée de chercheurs provenant d’un peu partout
au Canada travaillent à façonner la politique publique
et à rationaliser la réglementation pour faciliter le
cheminement des découvertes en laboratoire vers
les applications pratiques. Au nombre des domaines
clés du projet figurent le rôle de la réglementation,
la gestion des connaissances, la propriété intellectuelle et le transfert de la technologie pour favoriser
l’intégration des découvertes au marché. Cette
initiative est évaluée à 5,4 millions de dollars.
L’effort de Génome Canada dans le domaine de
la recherche agroalimentaire se chiffre à environ
202,7 millions de dollars10.
• Génomique du raisin et du vin – projet qui
applique les techniques de la génomique et de la
génétique pour étudier des levures et des variétés
de cépages importantes dans la production du vin. Il
est évalué à 3,4 millions de dollars.
• Utilisation complète du lin au moyen de la
génomique – projet de 11,8 millions de dollars
pour accroître les bienfaits et la polyvalence du lin
par la mise au point des outils reposant sur la
génomique pour faciliter l’amélioration du lin,
accroître le rendement et améliorer les caractères
des semences et des fibres.
10
http://genomereports.ca/section.php?Action=List2&Lang=En&addnew=&Report=consolidated_commitments.php&Report_Text=
Funding+Commitments&Nav=Section&ID=3&Login=&Password=&Consolidated_Centre=ALL&Consolidated_Category=ALL&
Consolidated_Sector=Agriculture&Consolidated_Competition=ALL&Consolidated_FY=ALL&Consolidated_Status=ALL.
10 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
6.INCIDENCE SOCIOÉCONOMIQUE DE SOLUTIONS
FRUCTUEUSES REPOSANT SUR LA GÉNOMIQUE
À en juger par les faits et les opinions, l’investissement
mondial en recherche et développement dans l’innovation
agroalimentaire est insuffisant.
Pardey, Alston et Beintema (2006)11 ont indiqué que la
recherche et le développement dans l’agroalimentaire
à l’échelle mondiale (effort en amont, à la ferme et en
aval, y compris la recherche et le développement
liés à la biotechnologie) totalisaient 36,5 milliards de
dollars US en 2000. Environ 37 % de cet effort a été
mené par des firmes privées, dont la quasi-totalité
dans des pays développés. Comme l’ont montré
Graff, Zilberman et Bennett (2009)12, la sélection
exercée par la recherche élimine la quasi-totalité des
inventions, le pourcentage conservé étant de plus en
plus faible. Il faut donc énormément d’efforts en amont
pour en arriver à une adoption et à une utilisation
même modestes.
Pardey, Alston et Beintema (2006) ont employé des
données similaires pour élaborer une base de données
longitudinales sur la recherche agricole. Ces deux
projets et d’autres analyses connexes ont conclu que,
même si les investissements du secteur privé en
recherche et développement ont augmenté dans les
années 1990, la recherche dans le secteur public est
demeurée relativement stable, ce qui, selon de nombreux spécialistes, aura une incidence défavorable sur
la productivité de l’agriculture primaire.
En mai 2013, le Chicago Council on Global Affairs a
publié un rapport pressant les États-Unis de doubler
leur investissement en recherche et développement
dans le domaine agricole d’ici 2023 et d’axer le
financement sur des priorités visant à résoudre les
problèmes de pénurie d’eau, de changements climatiques
et de variabilité des températures, à favoriser une
meilleure adéquation entre la production agricole et
la nutrition et à veiller à ce que les aliments soient
produits de manière durable13. Les auteurs de l’étude,
un comité de spécialistes américains en matière de
développement, d’agriculture et de politique étrangère,
ont recommandé d’accroître l’investissement dans les
sciences afin d’augmenter la production agricole de
façon durable.
Accroître les fonds consacrés à la recherche et au
développement dans le secteur agroalimentaire n’est
qu’une partie de la solution. Pour réussir, tant le Canada
que nos principaux collaborateurs de recherche et
partenaires commerciaux à l’échelle mondiale, doivent
développer et améliorer la capacité d’absorption afin
de repérer et d’exploiter la recherche la meilleure et la
plus appropriée, quelle qu’en soit l’origine, et d’établir
des systèmes adaptatifs pour faire face aux incertitudes du progrès scientifique et de la demande
commerciale. La documentation14 semble indiquer que
la stratégie la plus susceptible de réussir ferait intervenir une science stratégiquement liée ou réseautée,
dans le cadre de partenariats public-privé et des
systèmes d’innovation locaux, mais liés à l’échelle
mondiale.
Les gains de l’investissement dans la recherche
agroalimentaire demeurent élevés. Une récente
méta-analyse menée dans le cadre d’une étude
marquante sur le rendement de la recherche par
Alston et coll. (2000)15 montre que le rendement du
capital investi dans le cas de plus de 1 800 initiatives
11
ardey, Philip G.; Alston, Julian M.; et Beintema, Nienke M. 2006. Agricultural R&D spending at a critical crossroads. Farm Policy
P
Journal 3(1): 1-9.
12
regory Graff, David Zilberman, et Alan Bennett, “The Contraction of Agbiotech Product Quality Innovation,” Nature Biotechnology,
G
vol. 27, no 8 (août 2009), p. 702-704.
13
http://www.thechicagocouncil.org/files/About_Us/Press_Releases/FY13_Releases/2013_Symposium_Report_Global_Food_Security.aspx.
14
Phillips, P., Webb, G., Karwandy, J, et Ryan, C. 2012. Innovation in Agri-food Research Systems: Theory and Case Studies. CABI.
15
Alston, J., M. Marra, P. Pardey et T. Wyatt. 2000. Research returns redux: a meta-analysis of the returns to agricultural R&D. Australian
Journal of Agricultural and Resource Economics 44(2), 185-215.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
11
de recherche dépassait 70 %, ce qui permet de
supposer que l’investissement est manifestement
insuffisant. Dans un document de politique de 2007,
Gray et Malla en arrivent au même constat, indiquant
que les taux de rendement élevés permettent de
supposer qu’il existe un sous-investissement chronique
dans la recherche agricole, tant de la part du secteur
public que privé16.
Smyth et Phillips (2008)17, Singla et Naseem (2012)18
et d’autres ont montré que, souvent, l’obtention de
gains optimaux ne se concrétisent pas dans le
domaine de la recherche en raison de retards dans
la gestation des nouveaux produits. Dans le cadre
d’analyses comparables des rendements relatifs en
vertu de différents régimes de réglementation, ces
études indiquent que ce sont les retards en matière
de prise de décisions qui affectent le plus le rendement du capital investi, et non le coût absolu de la
conformité à la réglementation ou de la structure
sous-jacente du régime de propriété intellectuelle.
16
Gray, Richard et Stavroula Malla, Cairn Policy Brief 2007. The Rate of Return to Agricultural Research in Canada.
17
myth, S. et P. Phillips. 2008. Thresholds for Profitable Genomic Innovations. Présentation dans le cadre de la conférence ICABR,
S
Ravello, Italie, du 12 au 14 juin.
18
ingla, R. et A. Naseem (2012) “Ex-Ante Economic Impact Analysis of Novel Traits in Canola”, présenté dans le cadre des réunions
S
triennales de l’International Association of Agricultural Economics, Foz du Iguacu, Brésil, du 20 au 25 août 2012.
12 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
7.SUCCÈS DES INVESTISSEMENTS CANADIENS
EN GÉNOMIQUE AGROALIMENTAIRE
Au Canada, le secteur agroalimentaire a fait une place
importante à la recherche, au développement et à la
mise en œuvre de la génomique, et ce à un niveau
comparable à celui d’un autre secteur de pointe :
la santé.
Des progrès, tels que la résistance aux herbicides et
les mesures de conservation du sol, ont complètement
modifié la façon dont nous produisons les cultures19.
Les outils de la génomique jouent un rôle important
dans la recherche génétique – amélioration des
plantes et du bétail – et ont déjà réussi à accroître
considérablement l’efficacité. Au Canada, tous les
grands programmes d’amélioration des cultures et du
bétail utilisent la génomique comme principal outil
de sélection.
Le recours à la sélection assistée par marqueurs et à
d’autres technologies de la génomique a joué un rôle
énorme en la matière, en réduisant les coûts par une
diminution du phénotypage et de la durée du cycle
menant à la commercialisation. Par exemple, l’Université de Guelph est l’université la plus inventive du
Canada, classement reposant sur un certain nombre
d’innovations mises en place20. Ce résultat est quasi
entièrement attribuable à ses nouveautés en matière
d’amélioration – les outils de sélection génétique que
fournit la génomique ont rendu possible ce rythme
de développement.
Comparativement à d’autres secteurs de l’économie
canadienne, l’agroalimentaire est déjà très présent
dans la commercialisation et l’application de la technologie. Il a besoin d’investissements supplémentaires
pour continuer à favoriser le transfert des développements et des innovations technologiques reposant sur
la génomique – des laboratoires aux fermes et aux
installations de transformation. Voici quelques exemples
de réussites canadiennes :
Le Canada est le plus important exportateur de
lentilles grâce à la production de lentilles
résistant aux herbicides
On a découvert une caractéristique de résistance aux
herbicides, laquelle a été intégrée à des lignées de
lentilles, ce qui a donné lieu à des variétés développées
par des chercheurs à l’Université de la Saskatchewan
grâce à du financement provenant du Fonds pour le
développement de l’agriculture de la Saskatchewan,
de BASF et de la Saskatchewan Pulse Growers. Les
variétés ont été commercialisées en collaboration
avec BASF et la Saskatchewan Pulse Growers, et ont
contribué à faire du Canada le principal exportateur
de lentilles21.
Le canola résistant aux herbicides réduit l’effet
sur l’environnement
En 1997, des agriculteurs ont commencé à cultiver du
canola résistant aux herbicides dans l’Ouest canadien.
Une décennie plus tard, une étude a montré une
diminution de l’utilisation de la substance active des
herbicides d’environ 1,3 million de kilogrammes et a
indiqué que la réduction du travail du sol s’est traduite
par environ un million de tonnes de carbone séquestré
ou n’étant plus libéré22.
19
http://www.fao.org/docrep/006/Y5031E/y5031e0i.htm.
20
http://catalystcentre.uoguelph.ca/pages/news/u-of-g-ranked-most-inventive-university-in-canada.
21
https://agro.basf.ca/West/News/item3462.html.
22
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308521X11000151.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
13
L’asperge Millenium augmente la compétitivité
des producteurs
L’asperge Millenium a été élaborée par une équipe de
chercheurs de l’Université de Guelph, sous la direction
de Dave Wolyn. Elle est riche en nutriments et réputée
pour son rendement exceptionnel, sa durabilité, son
potentiel commercial et ses répercussions sur l’industrie. Elle contribue grandement à la compétitivité
actuelle de l’industrie de l’asperge. On estime qu’elle
représente 70 % de la totalité des semences vendues
en Ontario23 et la Foire royale d’hiver de l’agriculture lui
a décerné le prix de la semence de l’année en 2005.
En 2012, une nouvelle entreprise appelée Fox Seeds
a été créée au profit des agriculteurs ontariens pour
favoriser la commercialisation de l’asperge Millenium24.
La régulation de la croissance des plantes et
de la maturation favorise la résilience, le
rendement et la résistance
John Thompson et des collègues de l’Université de
Waterloo ont découvert que le gène eIF5A agit à la
manière d’un commutateur biologique qui régule la
sénescence (maturation) dans une position et la
croissance dans une autre. En contrôlant le commutateur, il est possible d’améliorer le rendement, la
résistance à la maladie et la résilience au stress
environnemental. La capacité polyvalente de la technologie reposant sur le gène elF5A est actuellement
exploitée et testée sur le terrain par les multinationales
Bayer Crop Science (canola, riz et coton) et Monsanto
(soja et maïs). Cette technologie est également exploitée
et testée sur le terrain dans le cas des arbres (ArborGen; More Wood-Less Land), de la luzerne (Cal/West
Seeds) et des bananes par Rahan Meristem en Israël.
Des chercheurs de cette entreprise ont démontré que
le commutateur du gène eIF5A peut doubler la durée
de conservation, et testent sa capacité de favoriser la
résistance au champignon qui cause la Sigatoka noire,
la plus importante maladie touchant la production des
bananes à l’échelle mondiale.
Tests génomiques mesurant la tendreté de
la viande
L’investissement canadien en génomique agroalimentaire
s’est traduit par divers moyens novateurs de mesurer
la qualité de la viande que nous consommons. Le
Canada a joué un rôle de chef de file dans la mise
au point du premier test génomique à haute densité
applicable aux animaux d’élevage. Ce test a été utilisé
dans un certain nombre d’études d’association
pangénomiques qui ont donné lieu au développement
de nombreuses caractéristiques touchant l’efficacité, la
qualité de la carcasse et la santé du bétail et à l’obtention de brevets à cet égard. Le Canada a ainsi favorisé
la découverte d’un polymorphisme du nucléotide
simple dans un gène codant la calpastatine, ce qui
est associé à la tendreté de la viande.
23
http://www.asparagus.on.ca/article.php?id=12.
24
http://www.delhinewsrecord.com/2012/03/20/asparagus-growers-start-seed-company.
“Genetic factors influencing pig meat quality”, Polish Academy of Sciences, Institute of Genetics and Animal Breeding, Jastrzbiec,
Pologne; page 1 (http://lhu.emu.ee/downloads/Welfood/WP3T6L2.pdf).
25 14 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
La puce Bov50SNP est utilisée mondialement pour
tester le mérite génétique des animaux d’élevage
Des marqueurs génétiques pour éliminer l’odeur
et améliorer le goût de la viande porcine
Le programme de génomique bovine de l’Alberta a
permis au Canada de jouer un rôle clé dans le
séquençage du premier génome bovin et dans la mise
au point des premiers tests génomiques commerciaux
à haute densité dans l’industrie des animaux d’élevage.
Le premier de ces tests, le 50k SNP, découle d’une
collaboration entre divers établissements et organismes, et la puce Illumina Bov50SNP est régulièrement
utilisée pour tester le mérite génétique des animaux
d’élevage, en particulier les races laitières, un peu
partout dans le monde.
À l’Université de Guelph, des travaux en cours ont
permis de recenser environ 100 marqueurs SNP
applicables à l’odeur sexuelle du verrat. Il s’agit d’une
odeur ou d’un goût fort qui peut être désagréable
lorsqu’on cuisine ou mange de la viande provenant
d’un verrat non castré.
Le retrait d’un gène améliore la qualité du porc
À l’Université de Guelph et à l’Université de Toronto,
des chercheurs ont découvert le gène de sensibilité à
l’halothane (mutation du RYR1 à HAL-1843) chez le
porc, lequel est responsable du syndrome du stress
porcin et de la musculature extrême. Les porcs qui ont
ce gène sont plus susceptibles de produire une viande
pâle, molle et suintante dont l’apparence ne plaît pas
aux consommateurs. En outre, elle se prête moins à la
transformation en raison de sa faible capacité de
rétention d’eau. L’utilisation de ce gène pour réduire le
stress a été brevetée et a fait l’objet de licences dans
le monde entier. L’élimination de ce gène chez le porc
a permis d’améliorer la qualité de la viande25.
Des tests génomiques rapides pour détecter la
présence de pathogènes accroissent la salubrité
des aliments
Des initiatives conjointes regroupant Génome Canada,
Génome Alberta et l’Agence canadienne d’inspection
des aliments contribuent à intégrer la génomique
au système canadien d’inspection des aliments. Le
développement de tests génomiques rapides permettant de détecter la présence des bactéries E. coli et
Listeria monocytogenes, deux pathogènes alimentaires
courants, représente le prochain palier en matière
de salubrité des aliments et de sécurité alimentaire
au Canada.
“Genetic factors influencing pig meat quality”, Polish Academy of Sciences, Institute of Genetics and Animal Breeding, Jastrzbiec,
Pologne; page 1 (http://lhu.emu.ee/downloads/Welfood/WP3T6L2.pdf).
25 Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
15
8.LES DÉFIS MONDIAUX QUE PEUT RELEVER
LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE
Les défis énoncés dans cette section influent sur les
sociétés et les gouvernements à l’échelle mondiale, et
ce de multiples façons. Grâce à la génomique, le
secteur agroalimentaire a le potentiel de relever ces
défis, lesquels sont abordés ci-après dans le contexte
de la production, de l’atténuation des risques et de la
qualité. Certains problèmes peuvent être résolus par
un recours direct à la génomique et aux technologies
reposant sur la génomique; d’autres pas, mais il
importe d’aborder également ces questions en vue de
favoriser la réussite de la génomique et d’aider le
secteur agroalimentaire à atteindre son plein potentiel.
8.1L’environnement et les
changements climatiques
Les changements climatiques se produisent à un
rythme sans précédent. La modification de la
configuration des précipitations à l’échelle mondiale,
l’augmentation de la variabilité des températures
extrêmes et les changements exercés par le climat
sur la faune et la flore constituent un défi, tant de
façon directe qu’indirecte, pour le secteur agroalimentaire du Canada. Le comité responsable des
prévisions d’Agriculture et Agroalimentaire Canada
a déterminé que les changements climatiques sont
le principal défi que la production agricole devra
affronter au cours des 20 prochaines années. La
génomique a un rôle à jouer dans la conception de
stratégies d’adaptation en favorisant l’amélioration
des cultures et du bétail, et ce à un rythme accéléré.
• Production
Les agriculteurs peuvent ressentir directement les
effets des intempéries lorsque survient une sécheresse ou une inondation empêchant la plantation,
la croissance ou la récolte des cultures. Les
intempéries peuvent aussi influer sur les cultures
et le bétail, qu’il s’agisse de la grêle, du vent, de
températures extrêmement chaudes ou froides ou
de tempêtes, surtout aux périodes critiques du cycle
de croissance. Indirectement, la fluctuation des
16 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
températures exerce un effet sur la présence
d’organismes nuisibles et de maladies ainsi que
sur la gravité de ces problèmes, ce qui crée des
difficultés de production pour les agriculteurs
touchés. Le défi à venir consiste à accroître le
rendement par unité de superficie, compte tenu des
changements climatiques et de la diminution de la
disponibilité des terres se prêtant à la production
agricole, tout en répondant aux besoins nutritionnels
d’une population humaine qui continue de croître.
• Atténuation des risques – salubrité des
aliments et sécurité alimentaire
Les défis liés aux changements climatiques peuvent
engendrer des risques en matière de salubrité des
aliments, comme dans le cas des nouveaux
pathogènes d’origine alimentaire et des organismes
toxinogènes ayant le potentiel de contaminer les
aliments et de nuire à la santé des consommateurs.
Des organismes nuisibles qui, auparavant, ne pouvaient survivre dans le climat du Canada pourraient
être susceptibles de s’y établir et d’y élargir leur
portée, causant une diminution du rendement et de
la qualité.
La menace qui plane sur la sécurité alimentaire –
soit l’offre d’une quantité suffisante d’aliments pour
nourrir la population mondiale – constitue un autre
risque. Même si, au Canada, ce risque n’est pas aussi
élevé qu’ailleurs en raison de la taille, de la diversité
et de la capacité de notre production agricole, il
préoccupe grandement les pays qui dépendent des
importations pour combler une partie importante de
leurs besoins alimentaires.
• Qualité
Dans les économies émergentes, de plus en plus
de gens de la classe moyenne recherchent des
aliments de meilleure qualité et cherchent à ajouter
plus de viande, de produits laitiers, d’huile et de
sucre à leur alimentation. Au Canada et dans les
autres pays développés, les consommateurs sont
en quête d’aliments de grande qualité, que ce soit
pour améliorer leur santé ou tenir compte des
préoccupations sociales, environnementales
ou relatives au bien-être des animaux.
En plus de diminuer la production, les organismes
nuisibles et les maladies qui affligent les cultures et le
bétail peuvent avoir des répercussions importantes sur
la qualité des denrées alimentaires et des aliments
pour animaux. Par exemple, dans le cas de la production céréalière, l’infestation du blé par le fusarium peut
grandement diminuer l’offre d’aliments de qualité pour
le bétail. Lorsqu’il y a trop de pluie ou pas assez, la
qualité des cultures est directement touchée, comme
dans le cas du fourrage dont on nourrit les vaches
laitières, ce qui peut avoir une incidence sur le lait
qu’elles produisent. Le gel ou la grêle peut facilement
endommager les cultures fruitières et légumières, les
rendant impropres à la commercialisation.
8.2 Compétitivité mondiale
Le secteur agroalimentaire canadien a le défi constant
de demeurer concurrentiel dans le marché agricole
mondial. En 2011, le Canada représentait 3,3 % de la
valeur totale des exportations mondiales dans le
domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire, et s’est
classé au sixième rang à cet égard, ses exportations
mondiales étant évaluées à 40,3 milliards de dollars26.
• Production
L’amélioration du potentiel génétique pour accroître
le rendement des cultures dépend des nouveaux
progrès scientifiques. De plus, diverses caractéristiques liées aux cultures, telles que la santé, la
protection des plantes et les applications industrielles, sont le moteur de nouvelles découvertes.
Ailleurs dans le monde, des économies en croissance émergent en tant que concurrents majeurs
dans des domaines où le Canada a toujours eu une
longueur d’avance.
26
Les coûts des intrants, tels que les semences,
l’engrais et la protection des cultures, augmentent
rapidement et, dans de nombreux cas, plus vite
que la marge brute liée aux cultures. D’autres coûts
de production, tels que les coûts d’énergie et de
main-d’œuvre, sont également à la hausse. Plus
particulièrement dans le secteur des fruits et des
légumes, le coût élevé de la main-d’œuvre et la
disponibilité des travailleurs sont une source de
préoccupation, car bon nombre de cultures horticoles doivent être semées et récoltées à la main
pour en préserver la qualité. L’escalade du coût des
terres touche tous les secteurs agricoles. En outre,
la réaffectation des terres – de la production de
fourrage à des cultures plus rentables – exige une
productivité accrue à partir des hectares de fourrage disponibles. De plus en plus, l’accès au
marché international subit aussi l’influence des
enjeux sanitaires et phytosanitaires.
Les exigences de la société sont en train de changer,
surtout en ce qui a trait au bien-être des animaux
et à l’environnement. Les défis liés à la production,
antérieurement relevés au moyen de solutions
chimiques, pharmaceutiques ou des infrastructures,
doivent de plus en plus compter sur de nouvelles
façons de faire, à l’heure où les consommateurs
remettent en question les pratiques agricoles traditionnelles. Répondre aux attentes des consommateurs à cet égard peut entraîner une hausse des
coûts et une diminution des volumes de production.
Toutefois, cette avenue permet aussi d’accroître les
possibilités de nouveaux créneaux offrant aux
consommateurs un choix de denrées alimentaires et
d’aliments pour animaux – que cette nourriture soit
traditionnelle, biologique ou génétiquement modifiée.
Vue d’ensemble du système agricole et agroalimentaire canadien 2013, Agriculture et Agroalimentaire Canada, http://www.agr.gc.ca/
fra/a-propos-de-nous/publications/publications-economiques/liste-alphabetique/vue-d-ensemble-du-systeme-agricole-etagroalimentaire-canadien-2013/?id=1331319696826.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
17
• Atténuation des risques
Le prix des denrées alimentaires, des aliments pour
animaux et des produits est de plus en plus volatile
et imprévisible. Cette volatilité présente des risques,
tant pour les producteurs que pour les consommateurs d’aliments. Un peu partout dans le monde,
la concurrence s’intensifie lorsqu’il s’agit d’utiliser la
terre arable et des ressources clés, telles que l’eau,
les nutriments des cultures et d’autres ressources
naturelles. Les impacts environnementaux de la
diminution de la santé du sol et de la réduction de
l’efficacité des engrais sont particulièrement
inquiétants. Les ressources naturelles s’épuisent et
la population ne cesse de croître. D’après les plus
récentes prévisions de l’Organisation des Nations
Unies, la population mondiale devrait atteindre neuf
milliards d’ici 2043, en hausse par rapport au sommet
actuel de sept milliards atteint en octobre 201127.
Soucieux de répondre aux attentes à l’égard d’un
rendement élevé et d’autres caractéristiques souhaitables, les agronomes modernes ont sélectionné des
variétés, ce qui a fragilisé la constitution génétique
de certaines d’entre elles. Cette concentration
génétique présente un risque potentiel pour la
stabilité de la production des produits touchés, tant
dans le secteur du bétail que dans celui des cultures,
surtout en raison de la présence accrue de nouveaux
organismes nuisibles et de nouvelles maladies ainsi
que de l’augmentation de leur gravité. La diversité
génétique est essentielle à l’amélioration soutenue
des cultures et du bétail en vue des défis à venir. Il
importe de maintenir cette diversité afin de protéger
la productivité agricole et, par conséquent, la source
de l’approvisionnement alimentaire mondial.
Les multinationales dominent dans de nombreux
secteurs clés de la chaîne de valeur agroalimentaire,
tels que la génétique des semences, la manutention
des grains et la transformation des aliments. Une
concurrence s’exerce entre ces entreprises et au
27
http://esa.un.org/unpd/wpp/Other-Information/faq.htm#q1.
18 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
sein de celles-ci afin de susciter des investissements
en recherche et développement au Canada et à
l’échelle mondiale. Il est donc crucial que le Canada
offre un environnement propice à l’investissement. Si
nous réussissons à attirer des investissements de la
part de ces entreprises, il sera plus facile de répondre aux besoins et aux préoccupations du Canada
dans ces domaines et d’en saisir les possibilités.
L’envoi de puissants signaux par le gouvernement
fédéral, quant à l’importance de l’investissement en
recherche dans ce secteur et du soutien qu’exige cet
investissement, augmentera l’intérêt et l’engagement
des firmes mondiales envers le Canada. Par ailleurs,
à l’échelle mondiale, le marché canadien des
semences est petit et n’est donc pas, dans la plupart
des cas, au cœur de l’effort en recherche et développement des firmes mondiales. Par conséquent,
l’investissement public dans l’amélioration au moyen
d’outils de sélection de pointe issus de la génomique
revêt une importance plus grande pour le Canada
que pour des pays ayant un vaste marché, si l’on
souhaite veiller à ce que les agriculteurs canadiens
aient accès à du matériel génétique adapté à
leurs besoins.
• Qualité
Le Canada est une source d’aliments de qualité pour
de nombreux pays. Il s’agit d’un important exportateur
dont bon nombre des marchés internationaux dans
le domaine des exportations agricoles reposent
sur la qualité plutôt que sur le volume. Les exportations de viande de porc et de soja alimentaire au
Japon sont des exemples de cet accent mis sur
les créneaux, tout comme l’huile de canola, le blé
à haute teneur en protéines et la cerise douce. Il
importe que le Canada préserve la qualité élevée
de ses exportations de denrées alimentaires et
d’aliments pour animaux afin de conserver, voire
d’élargir, ses marchés internationaux.
Le niveau de qualité doit correspondre aux besoins
du marché et au prix qu’il est prêt à payer. Les
marchés mondiaux ne sont pas tous des marchés
haut de gamme et la production n’est pas entièrement destinée à ces derniers. Par conséquent, il faut
viser une approche équilibrée entre la recherche de
marchés haut de gamme et la garantie de volumes
importants. Il est dans l’intérêt national d’exporter des
produits alimentaires de la plus haute valeur, plutôt
que sous la forme de produits non différenciés, car
cette approche crée des emplois et de la richesse
chez nous ainsi que des marchés plus stables
à l’étranger.
La qualité des aliments influe aussi sur le bien-être
nutritionnel des consommateurs. Tout comme dans
d’autres pays développés, la population du Canada
est vieillissante. Une saine alimentation, reposant sur
l’offre d’aliments de qualité aux propriétés nutritionnelles favorables, peut avoir une incidence positive
sur les coûts à venir en matière de soins de santé.
8.3 Processus de réglementation
• Production
Si la réglementation est nécessaire à l’établissement
et au maintien de normes de qualité et de production,
aux relations commerciales internationales et à la
gérance de l’environnement, elle crée aussi des
tensions entre le commerce mondial et l’approvisionnement local. On constate cette dichotomie surtout
dans les marchés où les producteurs nationaux d’un
produit doivent respecter des normes précises en
matière de production ou de protection de l’environnement, alors que des producteurs de ce même produit
dans d’autres pays ne sont pas tenus de s’y conformer, ce qui leur permet d’offrir leur produit sur le
marché à un coût moindre.
• Atténuation des risques
Il importe que le secteur agroalimentaire canadien
préserve sa capacité de développer de nouveaux
produits agricoles, qu’il s’agisse de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux, de combustibles ou
de fibres. Il importe tout autant de maintenir l’accès
de ces produits aux marchés d’exportation. Si le
secteur agroalimentaire canadien en est incapable
en raison des pressions et des contraintes de la
réglementation, son potentiel de croissance
en souffrira.
Au fur et à mesure qu’évoluent la recherche et
l’innovation, en particulier dans le domaine de la
génomique, il est essentiel de veiller à ce que le
système de réglementation soit rationalisé et efficace afin que les nouvelles technologies puissent
passer du laboratoire à la ferme ou aux installations
de transformation. Les autorités de réglementation
doivent être au fait des récents progrès et des
technologies de pointe, et posséder une solide
connaissance du secteur agroalimentaire.
• Qualité
De nombreuses pénuries alimentaires dans le
monde sont influencées par des facteurs autres
que la capacité de production, notamment
l’inefficacité de la distribution, le gaspillage et la
détérioration, la pauvreté et les troubles politiques.
Même si la génomique ne peut influer directement
sur les facteurs liés à l’infrastructure, les progrès
de la science peuvent offrir des solutions à de
nombreux problèmes de gaspillage et de détérioration qui nuisent à l’approvisionnement mondial
en aliments. De même, les outils de la génétique
peuvent être très utiles pour garantir l’authenticité
et la pureté dans les filières de production et de
commercialisation de même que pour faciliter le
repérage des adultérants et des contaminants.
8.4Santé et nutrition
• Production
Les Canadiens, tout comme la population de nombreux
pays développés, ont accès à plus de denrées
alimentaires que jamais auparavant. L’abondance et
la qualité des aliments ne sont pas problématiques
du point de vue de la sécurité alimentaire. Toutefois,
on constate un problème grandissant sur le plan de
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
19
la santé : comme les gens ont accès à des ressources
alimentaires en abondance, ils ont en général
tendance à être plus gros qu’auparavant.
L’obésité chez les adultes et les enfants est à la
hausse, ce qui engendre une foule de problèmes de
santé, tels que l’hypertension artérielle, le diabète de
type 2, des taux de cholestérol sanguin élevés et un
risque accru de cancer, de cardiopathies et d’accident vasculaire cérébral. Richard Carmona, ancien
Chef du service de santé américain, a fait la mise en
garde suivante : « En raison de l’augmentation du
taux d’obésité, des habitudes alimentaires malsaines
et de l’inactivité physique, il se peut que cette
génération soit la première à être en moins bonne
santé et à avoir une espérance de vie inférieure à
celle de leurs parents »28.
Il importe aussi de tenir compte de la nutrition et de
la santé des animaux. Des animaux d’élevage en
santé sont une source de produits alimentaires sains
et de qualité et permettent de réduire le risque de
transmission de maladies entre les animaux et les
humains, préoccupation grandissante en matière de
santé à l’échelle mondiale.
8.5Rôle de la recherche et du développement
dans la politique gouvernementale
D’après une étude menée par l’Institut canadien
d’information sur la santé et l’Agence de la santé
publique du Canada, l’obésité coûte annuellement à
l’économie canadienne entre 4,6 milliards de dollars
et 7,1 milliards de dollars. Voilà qui représente des
coûts directs pour le système de santé et des coûts
indirects pour la productivité29.
• Production
La politique agricole canadienne est traditionnellement
axée sur les programmes de revenu agricole et de
soutien au revenu agricole. L’investissement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada en recherche et
développement est surtout concentré à l’interne,
quoique ces dernières années, on a assisté à un
changement d’approche, du financement étant offert
pour appuyer les priorités de l’industrie et favoriser
son pouvoir d’influence. Le rôle du Canada dans la
recherche et le développement de la technologie
est très important, et il se révèle nécessaire pour
le gouvernement de même que pour préserver
l’investissement du secteur privé et des producteurs.
• Atténuation des risques et qualité
Le lien entre, d’une part, la santé humaine et, d’autre
part, l’alimentation et la nutrition est indéniable. De
nombreux problèmes de santé peuvent être résolus
ou même évités par l’adoption d’un style de vie
sain. La génomique peut jouer un rôle important
en contribuant à façonner ce lien entre la santé et
l’alimentation, par son appui à la production d’aliments dotés de meilleures propriétés sur le plan de
la salubrité, de la nutrition et du fonctionnement, et
à répondre à certaines préoccupations en matière
de santé en augmentant l’offre de produits de qualité.
La majeure partie du financement de la recherche
au Canada est à court terme, soit en général d’une
durée de trois à cinq ans. Dans un domaine comme
la génomique, l’atteinte de progrès notables peut
exiger des décennies, de sorte que l’on constate
un véritable besoin d’engagements à long terme
en matière de financement de la recherche
correspondant aux cycles de recherche et de
commercialisation. Un engagement à long terme
de la part du gouvernement contribuera à attirer
et à retenir plus d’investissements privés et de
talents au Canada.
28
http://www.heart.org/HEARTORG/GettingHealthy/Overweight-in-Children_UCM_304054_Article.jsp.
29
http://www.theglobeandmail.com/life/health-and-fitness/health/conditions/obesity-costs-economy-up-to-7-billion-a-year/
article583803/.
20 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
• Atténuation des risques
À l’heure actuelle, une part considérable du travail en
recherche et développement dans le domaine de la
génomique relève de multinationales, dont le marché
canadien représente une petite partie de leur marché
mondial. L’appui du secteur public et des producteurs
envers la recherche fondamentale et appliquée est
essentiel pour s’assurer que le Canada demeure à
l’avant-garde de la recherche et du développement
dans le domaine agricole et que les besoins
des producteurs dans nos zones climatiques sont
suffisamment pris en compte. Cependant, les
investissements et le rôle des multinationales sont
indispensables, car ils élargissent le savoir-faire et
les ressources consacrés à la recherche et favorisent la commercialisation, y compris la navigation
dans le processus d’approbation réglementaire.
Le Canada a d’énormes capacités en recherche et
développement dans le secteur agricole et doit
continuer d’en tirer le meilleur avantage pour attirer
l’investissement international. En plus de recourir à
des leviers, tels que la politique de crédit d’impôt
Recherche scientifique et Développement expérimental et les programmes de financement nationaux
et provinciaux, le Canada doit avoir d’importants
programmes de sensibilisation des entreprises et
d’autres organismes afin de favoriser le développement en fonction des priorités.
• Qualité
Le Canada commercialise avec succès le canola, les
légumineuses à grains, le blé et de nombreuses
autres grandes cultures et cultures horticoles, mais
malgré un solide rendement sur le capital investi, la
transmission de la recherche et des idées – des
milieux gouvernemental et universitaire vers l’industrie – demeure inefficace, ce qui risque d’entraver les
efforts de commercialisation.
Les défis du passage menant de la découverte à la
commercialisation sont attribuables à de nombreux
facteurs, dont des capitaux limités, l’absence d’une
capacité réceptrice de la part des entreprises lorsqu’il
s’agit de développer une idée pour en faire un
produit commercialisable ainsi qu’une incapacité ou
un manque de volonté de la part des scientifiques de
développer de nouvelles technologies ou de nouveaux produits à un point où les entreprises puissent
les adopter avec succès. La prochaine génération
d’investissements en recherche dans le domaine de
la génomique pourrait faciliter l’étape suivant la
découverte en favorisant le développement vers la
réussite commerciale.
8.6Durabilité, éducation et sensibilisation
• Production et qualité
Les acheteurs de produits agricoles – transformateurs, détaillants, fournisseurs de services
alimentaires et consommateurs – sont de plus en
plus à la recherche de garanties que les denrées
alimentaires qu’ils utilisent ont été produites de
façon responsable et durable. Ils veulent aussi en
connaître la provenance, parfois jusqu’à la ferme
d’origine, et savoir qu’il est possible de suivre ce
produit à la trace dans le système alimentaire. Voilà
qui fait partie du pacte social que doit respecter le
secteur pour fonctionner. Le maintien de la confiance des consommateurs envers les produits et
les pratiques de production du Canada est essentiel
pour conserver cette légitimité sociale.
• Atténuation des risques
Le manque de connaissances scientifiques et de
compréhension des pratiques modernes de production agricole de la part des consommateurs et des
autorités de réglementation peut menacer le développement et l’adaptation des nouvelles technologies.
De nombreux groupes de représentation sont en
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
21
mesure d’obtenir un appui public important pour faire
progresser leurs causes, ce qui risque d’entraîner un
sous-investissement, des coûts de développement
élevés et des retards de commercialisation. Le
manque de connaissances et de compréhension
influe sur la modernisation de la réglementation.
Arctic Apple , par exemple, illustre comment le
génie génétique peut être utilisé pour réduire le
gaspillage et créer de nouveaux débouchés pour les
pommes dans le secteur de la transformation minimale. Toutefois, ce progrès se heurte à une forte
opposition de la part de groupes de représentation
qui sont contre les organismes génétiquement
modifiés, et les approbations réglementaires qui
permettraient la commercialisation de ce produit ne
sont pas encore en place.
®
30
EnviropigMC est un autre exemple. Ce projet a fait les
manchettes en 2012 lorsqu’il a été mis en veilleuse
en raison d’un manque de marché. Il s’agit d’un porc
transgénique créé par l’Université de Guelph, qui
est davantage en mesure d’utiliser le phosphore
des plantes, ce qui permet de réduire l’incidence
environnementale de ses excréments sur le sol et
l’eau. EnviropigMC est devenu un cas de découverte
30
http://www.hoover.org/publications/defining-ideas/article/126886.
22 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
en avance sur son temps en termes d’approbation
réglementaire et d’acceptation du marché, quoiqu’il
ait incité les autorités gouvernementales de nombreux pays à élaborer des politiques de réglementation
applicables à l’utilisation des animaux transgéniques.
Si la génomique englobe les technologies
transgéniques, elle porte aussi sur de nombreuses
pratiques d’amélioration traditionnelles. Cette application de la génomique pour raccourcir la durée du
cycle et accroître l’efficacité des méthodes d’amélioration traditionnelles est méconnue ou mal comprise
du grand public, qui présume habituellement à tort
que les travaux en génomique sont axés sur le génie
génétique ou la modification génétique. Ce manque
d’appréciation de l’éventail complet des applications
de la génomique indique qu’il est nécessaire
d’éduquer et de sensibiliser les consommateurs et
les autorités de réglementation aux pratiques agricoles modernes et aux connaissances scientifiques
afin de favoriser l’essor de la génomique.
Le secteur agroalimentaire a connu de nombreux
succès en génomique. Il importe que ces histoires
soient racontées d’une manière pertinente et porteuse de sens afin d’appuyer de nouveaux progrès.
Les besoins en ressources humaines
Les ressources humaines sont l’un des grands défis
auxquels fait face l’ensemble du secteur. Bon nombre
d’établissements de recherche sont aux prises avec
une pénurie de professeurs en raison des départs à
la retraite et des contraintes budgétaires. On constate
une pénurie généralisée de personnel hautement
qualifié dans des domaines tels que la bio-informatique,
laquelle est devenue un élément clé de nombreuses
sphères de la biologie. En génomique, par exemple,
elle est essentielle au séquençage et à l’annotation
des génomes et de leurs mutations observées; il faut
du personnel compétent pour faire progresser vers
des applications pratiques les données recueillies ou
produites au moyen des nouvelles technologies.
Les autorités de réglementation s’efforcent d’attirer et
de retenir des employés possédant une connaissance
et une compréhension des pratiques agricoles et des
nouvelles technologies du secteur. Les producteurs
primaires et les transformateurs ont besoin d’une
main-d’œuvre stable, fiable et de plus en plus qualifiée
sur la ferme et dans les installations de transformation.
Les besoins en personnel hautement qualifié n’ont
jamais été aussi criants et l’on s’attend à ce qu’ils le
demeurent, à l’heure où le secteur s’élargit et où la
main-d’œuvre du Canada est en période de transition
en raison des départs à la retraite de la génération
du baby-boom.
Il est essentiel que le secteur agroalimentaire se
positionne en tant qu’employeur attrayant et qu’il
affecte des ressources aux efforts de recrutement
et de maintien en poste.
Par exemple, il faut faire davantage pour attirer les
étudiants et les travailleurs dans ces disciplines et les
y maintenir. Les subventions de recherche stratégique
qui génèrent des réseaux et forment du personnel de
qualité dans différents domaines sont des approches
importantes et novatrices pour engager et mobiliser
de nouveaux travailleurs. Certains organismes, dont
Génome Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, les Réseaux
de centres d’excellence du Canada et le Conseil de
recherches en sciences humaines, ont déjà en place
des programmes de cette nature.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
23
9.RÔLE DE LA GÉNOMIQUE DANS L’ATTÉNUATION DES
PROBLÈMES ET LA CRÉATION DE POSSIBILITÉS
La technologie de la génomique représente un puissant
outil de sélection dans le domaine de la génétique et
de l’amélioration des cultures et du bétail ainsi qu’un
excellent outil de diagnostic permettant de repérer les
risques de contamination ou de fausse représentation
des produits. Cette application de la technologie de
la génomique comporte des avantages pour la santé
humaine et la nutrition, le bien-être des animaux,
la salubrité des aliments et la sécurité alimentaire,
la durabilité de l’environnement ainsi que la santé
économique et la compétitivité.
9.1Environnement et changements climatiques
Le Canada possède de nombreux avantages naturels
en matière d’agriculture, dont la disponibilité de l’eau
et des terres arables ainsi qu’une production diversifiée.
La génomique joue déjà un rôle clé en contribuant à
adapter la production agricole canadienne au rythme
accéléré des changements climatiques, et de nombreux
domaines encore inexploités offrent des possibilités de
développement et d’expansion, notamment :
• Optimisation du rendement par une augmentation
de la résilience à la maladie, à la sécheresse et aux
extrêmes de température. Dans le cas des cultures
céréalières, par exemple, les sélectionneurs canadiens
ont déjà mis au point des plantes qui arrivent à
maturité beaucoup plus rapidement, évitant les
risques de dommages causés par le gel.
• Appui au développement d’outils moléculaires afin de
détecter les pathogènes envahissants, les insectes
nuisibles et les mauvaises herbes. Des initiatives,
telles que le Projet international de code-barres du
vivant et le projet portant sur les espèces envahissantes et justiciables de quarantaine dans le cadre
de l’Initiative de recherche et développement en
génomique31, élaborent actuellement des bases de
données et des tests diagnostics qui peuvent servir
à repérer avec plus de rapidité et d’exactitude des
organismes se trouvant sur les produits importés et
présentant un risque pour les cultures du Canada.
• Accélération de la croissance du rendement, surtout
dans le cas du blé, des oléagineux et des légumineuses à grains. Par exemple, on peut maintenant
cultiver du soja au Manitoba et dans d’autres régions
de l’Ouest canadien grâce aux travaux visant à
adapter des variétés au climat de cette province. Au
Manitoba, la superficie consacrée au soja a doublé
entre 2006 et 201132.
• Étude des mécanismes de défense et de progression
de la maladie chez le bétail et la volaille afin de leur
permettre de mieux résister aux maladies et aux
organismes nuisibles actuels et émergents.
• Optimisation de la valeur des cultures par l’amélioration
de caractéristiques et de propriétés ayant des applications à valeur élevée en matière d’alimentation, de
santé ou de bioproduits. Par exemple :
»» l’amélioration des profils d’huile alimentaire du
canola et du soja accroît la stabilité aux fins
de transformation;
»» la hausse du taux des acides aminés essentiels
du soja et du maïs augmente la valeur nutritive
des denrées alimentaires ou des aliments pour
animaux33, ce qui peut se traduire par une
diminution de la durée de commercialisation
et une viande de meilleure qualité.
• Amélioration des caractéristiques permettant de
réduire l’empreinte de l’agriculture sur l’environnement,
31
http://grdi-irdg.collaboration.gc.ca/fra/rapports_annuels/2011_2012.html
32
http://www.gov.mb.ca/agriculture/statistics/pdf/crop_soybean_sector.pdf
33
ttp://www.croplifeamerica.org/phillipsmcdougallstudy; http://www.pewhealth.org/reports-analysis/reports/application-ofh
biotechnology-for-functional-foods-85899368184.
24 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
comme l’adaptation à une production réduisant au
minimum le travail du sol afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, ou la tolérance aux
herbicides qui permet de diminuer le recours à du
matériel de protection des cultures. Par exemple :
»» des pratiques de culture sans labour sont
actuellement utilisées sur plus de la moitié des
terres cultivables du Canada, ce qui représente
une augmentation de 23,8 % dans le domaine
des pratiques de culture sans travail du sol en
2011, comparativement à 200634;
»» en Saskatchewan, l’utilisation de canola tolérant
aux herbicides a permis de réduire de 38 %
le recours à du matériel de protection
des cultures35.
Si l’on souhaite régler à la fois le problème des
changements climatiques et celui de la compétitivité,
il importe d’intégrer des caractéristiques de production
souhaitées aux variétés de cultures offertes aux agriculteurs canadiens. Il convient de mettre l’accent sur
les caractéristiques les plus étroitement associées aux
changements climatiques, ce qui peut stimuler la
compétitivité et la productivité. Les changements
climatiques ont une incidence sur la disponibilité de
l’eau, la présence d’organismes nuisibles et la
température – des éléments qui se répercutent tous
sur le rendement et la qualité des cultures – de sorte
que les caractéristiques associées à l’atténuation ou
à l’adaptation de ces facteurs seront très bénéfiques.
Les caractéristiques de survie de nombreux parents
sauvages des cultures agricoles, qui se sont adaptées
à des conditions environnementales et climatiques
spécifiques, pourraient être intégrées aux cultures de
production commerciale et accroître la diversité du
matériel génétique.
La préservation de la diversité génétique actuelle du
bétail et des cultures par des efforts de conservation,
tels que le travail en cours de Global Crop Diversity
Trust36, est essentielle pour protéger les fondements
biologiques de notre approvisionnement alimentaire.
Les possibilités que présentent les semences de
nombreuses cultures et variétés diversifiées – dont les
semences patrimoniales, les espèces primitives et les
parents sauvages des cultures, qui sont conservés par
les agriculteurs et dans des banques de gènes mondiales – peuvent être développées et optimisées par
le recours aux technologies que permet la génomique.
Grâce aux outils de la génomique, nous pouvons
accélérer l’adoption de caractéristiques propres à ces
semences conservées et à d’autres variétés sauvages
dans le cadre de programmes d’amélioration ainsi
que leur entrée sur le marché. Non seulement cette
approche contribuera-t-elle à renforcer la diversité de
notre approvisionnement alimentaire et à le protéger
du risque potentiel que présentent les nouveaux
organismes nuisibles et les nouvelles maladies, mais
elle permettra aussi de relever les défis liés aux
changements climatiques et aidera le secteur agroalimentaire canadien, lequel a besoin d’être à la fois
concurrentiel et rentable pour être autonome et élargir
ses débouchés sur le marché.
9.2 Compétitivité mondiale
Le Canada a acquis une bonne réputation en tant que
source de produits alimentaires de qualité pour les
marchés étrangers. Grâce à la génomique, il existe une
véritable possibilité d’élargir les débouchés sur le
marché mondial en s’attaquant aux problèmes de
quantité et de qualité des aliments. Ces débouchés
sont les suivants :
34
http://www.statcan.gc.ca/pub/95-640-x/2012002/05-fra.htm.
35
myth, S.J., M. Gusta, K. Belcher, P.W.B. Phillips et D. Castle. 2011. Changes in Herbicide use Following the Adoption of HR Canola
S
in Western Canada. Weed Technology 25:3:492-500.
36
http://www.croptrust.org/.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
25
• La recherche sur la tolérance à la sécheresse et
l’utilisation plus efficace des ressources (p. ex., l’eau),
qui permettent à la fois d’améliorer le rendement et
de gérer les risques au Canada et qui pourraient
présenter des avantages à l’extérieur de nos frontières. Par exemple, augmenter le rendement des
cultures en Afrique, tout en utilisant moins d’eau au
cours de la production, pourrait avoir de profondes
répercussions sur les problèmes endémiques de ce
continent en matière de sécurité alimentaire et de
risques liés au climat.
• Par exemple, les fruits et les légumes plus résistants
peuvent être transportés sur de plus longues distances
ou dans des conditions difficiles, tout en conservant
leurs propriétés sensorielles et nutritives. Non
seulement peut-on ainsi stimuler la consommation
intérieure, mais on peut aussi aider les agriculteurs
canadiens à commercialiser leurs produits dans
d’autres marchés, au cours des périodes non saisonnières où la concurrence des sources locales est
moindre. En Colombie-Britannique, par exemple, des
cerises de fin de saison ont été développées pour
être commercialisées après la consommation des
principales cultures du Canada et des États-Unis. En
combinant un produit de qualité et cette synchronisation avec le marché, les producteurs canadiens de
cerises douces ont pu tirer un rendement élevé de
la commercialisation de ce fruit en Asie.
9.3 Processus de réglementation
Le système de réglementation du Canada, bien que tenu
en haute estime par ses homologues internationaux,
doit suivre l’évolution rapide de la nouvelle technologie.
Il est essentiel d’avoir un cadre de réglementation
prévisible, à vocation scientifique, pour consolider la
politique du Canada en matière d’innovation, élaborer
et maintenir les marchés d’exportation. L’industrie a
tout particulièrement besoin de savoir que la voie vers
37
la commercialisation est claire et prévisible. Autrement,
le Canada risque de perdre les investissements
soutenus d’entreprises dans notre pays.
À cette fin, une communication plus efficace entre
les différents ministères ou organismes de réglementation est nécessaire, en particulier s’ils évaluent
différents aspects d’un même produit. De plus, il
importe de mieux définir les déclencheurs réglementaires applicables aux nouveaux produits et de réduire
ces mesures lorsqu’il s’agit de produits familiers
dont l’innocuité est démontrée. L’harmonisation des
exigences et l’échange de données avec les ministères
responsables de la réglementation dans d’autres pays
contribueront aussi à faciliter le commerce.
Étant donné que davantage de produits devront
recevoir l’approbation du système de réglementation,
les organismes de réglementation auront besoin
de financement, de formation et de personnel pour
répondre à la demande. Si l’on comptait environ
30 cultures génétiquement modifiées dans le monde
en 2008, ce nombre devrait atteindre 120 d’ici 201537.
9.4Santé et nutrition
Le lien entre l’alimentation et la santé est évident. Les
plantes, les animaux et les êtres humains, les microbiomes des êtres humains et du bétail ainsi que le
métagénome du sol des cultures, ont tous une incidence
sur la santé et la nutrition. Le secteur agroalimentaire,
appuyé par la génomique, peut améliorer la santé
humaine par la production d’aliments offrant de meilleures propriétés en matière de salubrité, de nutrition
et de fonctionnement, en plus de répondre à des
questions de santé particulières en augmentant l’offre
de produits de qualité. La biofortification des cultures
de légumineuses à grains pour remédier aux carences
alimentaires en vitamines et en minéraux en constitue
un exemple.
tein, Alexander J. et Emilio Rodríguez-Cerezo, 2009. The global pipeline of new GM crops: implications of asynchronous approval for
S
international trade, http://ipts.jrc.ec.europa.eu/publications/pub.cfm?id=2420.
26 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
L’expertise canadienne en génomique nutritionnelle
nous permet de comprendre les différences des
interactions entre nutriments et gènes et ce que cela
pourrait signifier dans le cas de maladies aiguës et
chroniques. La génomique agroalimentaire peut servir
à mettre au point des aliments fonctionnels et des
produits nutraceutiques – par exemple, en exprimant
certaines caractéristiques en plus grande quantité ou
en sélectionnant des variétés dont les caractéristiques
seront mieux adaptées ou plus résistantes à la transformation – afin d’offrir de meilleures solutions en
matière de santé. Aborder les problèmes de santé par
une amélioration de la nutrition et du système alimentaire ouvre de nouvelles stratégies pour limiter la
croissance des coûts des soins de santé.
La génomique peut aussi avoir un impact sur la santé
animale en renforçant la réponse immunitaire du bétail.
Voilà qui permet non seulement d’améliorer grandement le bien-être des animaux, mais aussi de réduire
le risque de transmission de zoonoses aux humains –
comme la salmonelle ou le Staphylococcus aureus
résistant à la méthicilline, bactérie responsable de
plusieurs infections difficiles à traiter chez les humains.
On peut aussi aborder des enjeux liés à la qualité des
aliments et à la sécurité alimentaire au moyen de la
génomique. Par exemple, bon nombre de pénuries
alimentaires dans le monde sont autant imputables à
des facteurs humains qu’à des déficits de production.
Une étude publiée par l’Institution of Mechanical
Engineers en 2013 estime qu’entre 30 % et 50 % –
soit entre 1,2 et 2 milliards de tonnes – de toute la
nourriture produite n’atteint jamais un estomac humain38.
Une grande quantité d’aliments est gaspillée ou se
détériore en raison de l’inefficacité de la production ou
d’une incapacité à les transporter, à les entreposer ou
à les distribuer de façon appropriée à cause de l’insta-
bilité politique ou d’un manque d’infrastructure. Dans
les pays développés, le gaspillage alimentaire découle
plus souvent du comportement des détaillants et des
clients : les acheteurs de produits frais peuvent rejeter
des fruits et des légumes parfaitement consommables
parce que ceux-ci ne respectent pas exactement les
normes de commercialisation liées à des caractéristiques physiques, telles que la taille et l’apparence. À
l’échelle mondiale, les détaillants génèrent chaque année
1,6 million de tonnes d’aliments gaspillés de cette façon39.
La génomique peut servir à améliorer la résistance et
la tolérance des cultures, en particulier des cultures
horticoles, afin qu’elles puissent mieux supporter le
transport, l’entreposage et la manutention, même dans
des conditions difficiles. Voilà qui pourrait contribuer à
stabiliser la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale,
réduire le gaspillage alimentaire et favoriser la santé et
la nutrition des humains dans de nombreuses régions
du monde.
9.5Rôle de la recherche et du développement
dans la politique gouvernementale
Afin de maintenir une solide base de recherche et
de développement au Canada, il importe de ne pas
concentrer toute la recherche dans les mains de
quelques joueurs ou de ne pas se fier uniquement au
travail accompli dans d’autres pays. Afin de compléter
les efforts du secteur public, les organisations de
producteurs doivent être mobilisées pour effectuer
des investissements et contribuer à attirer des
multinationales et d’autres organismes afin qu’ils
utilisent leurs outils de productivité dans des secteurs
tels que le maïs et le soja – tout comme dans le cas
du développement du canola dans l’Ouest canadien.
En Australie, les partenariats tripartites qui mobilisent
des groupes de producteurs sont reconnus, par
38
http://www.imeche.org/knowledge/themes/environment/global-food.
39
Ibid.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
27
exemple, pour contribuer à remettre en question la part
de marché des exportations de blé du Canada. L’Australie consacre quatre fois plus de fonds à la recherche
et au développement sur le blé que le Canada40.
De solides réseaux entre le milieu universitaire,
l’industrie, les producteurs, le gouvernement et
d’autres bailleurs de fonds pour la recherche sont
nécessaires afin de favoriser et d’appuyer des investissements soutenus en recherche dans le domaine
de la génomique. Le milieu universitaire a un rôle à
jouer pour tenir l’industrie au courant des progrès de
la recherche, de manière à ce qu’elle sache « ce qui
est possible », rôle qui incombe aussi aux chercheurs
scientifiques du gouvernement. De même, l’industrie
doit faire connaître au milieu universitaire et au
gouvernement les demandes de ses clients –
consommateurs, détaillants, entreprises de transformation et autres.
L’établissement de ces réseaux permettra une meilleure
adéquation entre les besoins en recherche de l’industrie et la capacité de recherche du milieu universitaire.
Il permettra aussi de mettre en commun les connaissances, le talent et les ressources financières afin
de veiller au développement et à l’adoption des
outils de la génomique. Les centres de génomique
ou d’autres organismes pourraient avoir le rôle de
faciliter ces liens et d’agir en tant que catalyseurs
pour favoriser la commercialisation de la recherche
prometteuse ainsi que l’accès aux utilisateurs finaux
avec l’acceptation publique.
9.6Durabilité, éducation et sensibilisation
Le secteur agroalimentaire fait face à un manque
de compréhension de la part du public quant à la
façon dont les aliments sont produits. Moins de 2 %
des Canadiens appartiennent au secteur de
l’agriculture primaire. D’après une étude menée par
Ipsos Reid pour le compte de Farm and Food Care
40
Ontario en 2012 sur les attitudes du public, 56 % des
Canadiens ont une opinion favorable ou plutôt favo­
rable de l’agriculture canadienne, et 32 % ont indiqué
ne pas avoir d’impression favorable ou défavorable.
En général, ils sont d’avis que les aliments canadiens
sont salubres, bien inspectés et réglementés, et que
les agriculteurs respectent l’éthique et sont dignes
de confiance.
Toutefois, dans le cadre de la même étude, 34 % des
Canadiens étaient préoccupés par les pratiques
canadiennes actuelles en matière de production des
aliments. Voilà qui indique que le secteur doit jouer un
rôle de sensibilisation plus proactif auprès du public
en ce qui a trait à la science, à l’agriculture et à la
production des aliments, surtout pour contrebalancer
les campagnes bien financées de groupes qui remettent en question l’éthique, la salubrité et les impacts
environnementaux de l’industrie. Ces organismes de
représentation utilisent tous les outils à leur disposition – y compris exploiter les craintes du public et
déformer la vérité – pour discréditer les progrès
scientifiques et faire avancer leurs propres causes.
La génomique peut contribuer à préserver la confiance
des consommateurs envers l’offre alimentaire. Elle peut
appuyer des pratiques de production durables par
l’amélioration de la résistance des plantes et des
animaux, qui requièrent ainsi moins d’eau et moins
d’autres intrants. Elle peut aussi favoriser la santé et
la nutrition au moyen de cultures et de bétail offrant
des avantages nutritionnels et des effets bénéfiques
sur la santé des humains et des animaux. Elle peut
aussi aider le secteur agroalimentaire à veiller à la
salubrité des aliments et à en retracer la provenance
par l’utilisation d’outils diagnostics reposant sur la
génomique et pouvant, par exemple, déterminer
facilement l’origine et la présence de contaminants.
Valgen.ca policy brief no 35, August 2012: Public private partnerships and Canada’s Agricultural Sector.
28 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
10. LES PROCHAINES ÉTAPES VERS LA RÉUSSITE
Le secteur agroalimentaire subit une vive concurrence
à l’échelle mondiale. Toutefois, la concurrence apporte
aussi des possibilités. L’augmentation du rendement et
de l’efficacité des cultures et du bétail est nécessaire
si l’on souhaite nourrir plus de gens et satisfaire aux
exigences de plus en plus diversifiées des consommateurs, tout en maintenant de faibles coûts et en tenant
compte des problèmes liés aux changements climatiques.
L’avantage concurrentiel du Canada dans le domaine
de l’agriculture, outre l’abondance de ses ressources
en terres arables et en eau, repose sur la qualité de
ses produits et de ses marchés. Il importe donc que le
secteur soit concurrentiel sur le plan commercial, de
sorte que l’industrie canadienne puisse tirer le meilleur
parti des débouchés offerts.
Le secteur agroalimentaire du Canada accorde une
place importante à la génomique comme outil pour
répondre à nos besoins. On constate des réussites
dans de nombreux secteurs, mais il y a aussi des
domaines où des investissements et des mesures sont
nécessaires. Ces besoins correspondent bien au cadre
lancé récemment – Cultivons l’avenir 2 – qui est axé
sur la compétitivité et le développement des marchés,
l’adaptabilité et la durabilité ainsi que l’innovation.
Dans l’ensemble, on constate des possibilités dans les
domaines suivants :
• Santé humaine et nutrition – Il s’agit de mettre
à profit le lien entre la santé et l’alimentation pour
améliorer la santé humaine par le recours à la
génomique dans la production des aliments.
• Environnement et changements climatiques –
Il importe de mettre en place la technologie
nécessaire pour optimiser les besoins en eau et en
nutriments des cultures, afin d’en accroître le rendement et de contribuer à des pratiques agricoles
durables. Les progrès de la recherche en génomique
portant sur le bétail peuvent accroître la productivité,
tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
• Stabilité économique et politique – À l’échelle
nationale, un solide secteur agroalimentaire est
synonyme d’emploi et de maintien de la structure
économique rurale du Canada. À l’échelle mondiale,
la génomique peut avoir une incidence favorable sur
la sécurité alimentaire, en permettant de réduire les
troubles politiques souvent causés par une montée
en flèche des prix des aliments et par des pénuries
de nourriture ou d’eau.
10.1Objectifs à court terme
Les objectifs à court terme de la stratégie du secteur
agroalimentaire canadien dans le domaine de la
génomique sont axés sur l’économie et le commerce.
La poursuite du développement de la recherche en
génomique favorisera la création d’emplois et de possibilités chez nous, et permettra aux agriculteurs, aux
exportateurs et à d’autres intervenants de créer des
marchés d’exportation et de les élargir. Les ressources
terrestres, climatiques et naturelles du Canada en font
un candidat idéal en vue d’accroître la production axée
sur le marché.
Le Canada fait aussi figure de chef de file en recherche
et en innovation agroalimentaires. Il est possible de
transmettre ces progrès à d’autres pays, de sorte que
les exportations comprennent non seulement la
production agroalimentaire, mais aussi le savoir-faire
scientifique.
10.2Objectifs à long terme
À long terme, les objectifs agroalimentaires du Canada
reposent sur la santé, le commerce et l’économie. La
génomique peut être un moteur de changement qui
contribuera à l’atteinte de ces objectifs. Toutefois, il
faudra du temps pour obtenir des résultats utiles,
de sorte qu’il importe que la priorité soit mise sur
l’investissement à long terme dans le domaine de
la génomique.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
29
10.3Besoins recensés
Dans le cadre de cette stratégie, des besoins ont
été recensés en tant qu’éléments importants des
prochaines étapes vers la réussite :
• Améliorer l’éducation et le rayonnement
Il est nécessaire d’accroître la sensibilisation et la
compréhension des consommateurs et des autorités
de réglementation en ce qui a trait à la technologie de
la génomique et à ses avantages. Les autorités de
réglementation doivent être informées, de manière
à pouvoir prendre des décisions éclairées en matière
d’approbation réglementaire des nouvelles technologies et des nouveaux produits qui découlent de la
recherche en génomique. Les consommateurs
devraient avoir une idée générale de la génomique
et de la production moderne des aliments; la désinformation et les idées fausses peuvent mener au
rejet de technologies vitales pour la santé et la
nutrition à venir.
• Établir des réseaux
De solides réseaux sont nécessaires pour relier le
milieu universitaire, l’industrie et le gouvernement
afin de favoriser une meilleure adéquation entre les
besoins en recherche et la capacité de recherche.
Ces réseaux efficaces contribueront à faciliter et à
appuyer l’investissement soutenu dans la recherche
en génomique et permettront la pleine réalisation de
synergies dans les efforts de recherche.
30 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
Le milieu universitaire a un rôle à jouer pour tenir
l’industrie et les autorités de réglementation au
courant des progrès de la recherche, de manière à
ce qu’ils sachent « ce qui est possible » et aient une
idée des nouvelles technologies au moment où elles
font leur entrée dans le système d’approbation
réglementaire.
De même, il incombe à l’industrie de communiquer
au milieu universitaire les demandes de leurs clients –
consommateurs, détaillants, entreprises de transformation et autres. Des organismes, tels que les
centres de génomique et d’autres organisations,
peuvent faciliter l’établissement de ces réseaux
et agir en tant que catalyseurs pour favoriser la
commercialisation de la recherche prometteuse
jusqu’à l’utilisateur final.
• Renforcer la capacité des
ressources humaines
Le domaine de la génomique a un besoin non comblé
de personnel qualifié dans des sphères comme la
bio-informatique. On constate des pénuries croissantes de professeurs en recherche en raison des
départs à la retraite et des contraintes budgétaires.
Les organismes de réglementation éprouvent de
la difficulté à attirer du personnel et à le conserver,
et ce besoin ne cessera de croître, car de plus en
plus de produits seront présentés pour approbation
réglementaire.
11. RECOMMANDATIONS
En ce qui a trait aux défis recensés dans ce rapport,
qui peuvent être directement relevés au moyen d’acti­
vités agroalimentaires reposant sur la génomique, nous
formulons les recommandations suivantes :
• Stimuler la compétitivité du Canada par la
qualité des aliments. Grâce à la génomique, il
est possible d’élargir les débouchés sur le marché
mondial en répondant aux besoins émergents en
matière de qualité des aliments. On peut optimiser
la valeur des cultures en améliorant des caractéristiques et des propriétés ayant des applications de
grande valeur dans le domaine de l’alimentation,
de la santé ou des bioproduits.
• S’adapter aux changements climatiques au
moyen de cultures et de bétail plus résistants.
Il s’agit d’optimiser le rendement en augmentant la
résistance à la maladie, à la sécheresse et aux
extrêmes de température, d’appuyer le développement d’outils permettant de détecter les
pathogènes envahissants, les insectes nuisibles et
les mauvaises herbes, et d’améliorer des caractéristiques qui réduiront l’empreinte environnementale
de l’agriculture.
• Améliorer la santé des êtres humains et des
animaux. La génomique peut contribuer à améliorer
la santé humaine en produisant des aliments plus
salubres ou en offrant des propriétés nutritionnelles
et fonctionnelles. Elle peut aussi avoir une incidence
favorable sur la santé animale en renforçant la
réponse immunitaire du bétail, ce qui diminue le
risque de transmission de zoonoses aux humains.
• Augmenter la sécurité alimentaire mondiale
et réduire le gaspillage de nourriture. La
génomique permet aux cultures, en particulier aux
cultures horticoles, de mieux supporter le transport,
l’entreposage et la manutention, même dans des
conditions difficiles, ce qui permet d’accroître l’offre
d’aliments dans de nombreuses parties du monde et
de réduire le gaspillage de nourriture.
Ce rapport recense aussi des défis qui, même s’ils
ne peuvent être relevés au moyen de la génomique,
doivent être pris en compte pour permettre à la
génomique d’atteindre son plein potentiel dans le
secteur agroalimentaire, et permettre à ce dernier de
s’attaquer efficacement aux problèmes de sécurité
alimentaire, de qualité, de changements climatiques
et de santé humaine. Nous formulons donc les autres
recommandations suivantes :
• Faciliter le processus réglementaire. Il est
nécessaire d’améliorer l’efficacité des communications entre les différents ministères ou organismes
de réglementation afin de favoriser la rationalisation
du système de réglementation. Il importe également
de mieux définir les déclencheurs réglementaires
applicables aux nouveaux produits et de réduire ces
mesures lorsqu’il s’agit de produits familiers dont
l’innocuité est démontrée.
• Maintenir la confiance du public envers l’offre
alimentaire. Le secteur agroalimentaire doit jouer
un rôle plus proactif auprès du public en ce qui a
trait à la science, à l’agriculture et à la production
des aliments, afin de maintenir la confiance de
celui-ci envers les produits alimentaires du Canada
et ses systèmes de production. La génomique peut
favoriser des pratiques de production durable ainsi
que la sécurité alimentaire. Elle permet aussi de
retracer la provenance des aliments au moyen
d’outils diagnostics fondés sur la génomique qui
peuvent repérer, par exemple, la présence de
contaminants et leur origine.
• Établir de solides réseaux entre le milieu
universitaire, le gouvernement, les producteurs
et l’industrie. Des réseaux efficaces contribueront
à optimiser l’utilisation des ressources disponibles et
permettront de réaliser une meilleure adéquation
entre les besoins en recherche de l’industrie et la
capacité de recherche du milieu universitaire.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
31
12. CONCLUSION : LE CANADA, LA GÉNOMIQUE
ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE MONDIALE
Produire des aliments salubres et de qualité, en plus
grande quantité sur une superficie moindre, tout en
réduisant l’impact sur l’environnement constitue l’un
des grands défis du XXIe siècle. Les ressources
s’épuisent, la population humaine s’accroît et les
changements climatiques ont une incidence sur tout
ce qui nous entoure, qu’il s’agisse de la disponibilité de
l’eau ou des conditions météorologiques. Même si la
qualité, le rendement et la production des aliments à
l’échelle mondiale ont enregistré des gains remarquables au cours du dernier siècle, environ 870 millions
de personnes dans le monde souffrent toujours de
malnutrition sur une base chronique.
En ayant recours à la génomique, le secteur
agroalimentaire peut jouer un rôle de premier plan en
matière de sécurité alimentaire mondiale dans les pays
développés ainsi que dans les économies émergentes
et les régions en voie de développement. Le recours
à la génomique et aux technologies découlant de la
génomique dans le secteur agroalimentaire constitue
un puissant outil pour améliorer les cultures et le bétail
et poser des diagnostics permettant, par exemple, de
détecter une contamination, la présence d’une maladie
ou une déclaration trompeuse à l’égard d’un produit.
L’application de la génomique présente des avantages
pour la santé humaine et la nutrition, le bien-être des
animaux, la salubrité des aliments et la sécurité alimentaire, la protection de l’environnement ainsi que la
santé économique et la compétitivité.
Le Canada possède de nombreux avantages naturels
dans le domaine de l’agriculture, dont la disponibilité
de l’eau et des terres arables ainsi que la diversité des
32 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
produits. De plus, son infrastructure de recherche est
bien développée, il est tenu en haute estime à l’échelle
mondiale et il a largement adopté la génomique dans
le secteur agroalimentaire.
L’ascendant que le Canada peut avoir ici comporte
deux volets : la production et l’exportation de denrées
alimentaires, d’aliments pour animaux, de combustibles
et de fibres de même que le partage et l’adaptation
des innovations et des technologies à des fins d’utilisation dans d’autres régions du monde. Par exemple,
l’Afrique pourrait complètement changer la donne en
matière de sécurité alimentaire sur ce continent si elle
pouvait mieux exploiter son potentiel agricole. Les pays
BRIC – Brésil, Russie, Inde et Chine – représentent
des débouchés commerciaux, mais peuvent faire concurrence à l’agriculture et aux aliments du Canada en
faisant croître leur propre secteur agricole.
L’investissement soutenu du secteur privé, du secteur
public et des producteurs dans le développement de
la génomique peut aider le Canada à transformer ces
défis en avantages commerciaux et à affirmer sa
domination mondiale dans ce domaine. En fin de
compte, la génomique et les technologies connexes
nous aideront à créer et à soutenir un monde meilleur
pour les générations à venir – un monde permettant
d’améliorer la santé, la sécurité alimentaire et les
pratiques de production durable. L’atteinte de cet
objectif repose sur l’appui et l’engagement soutenus
du secteur public, du secteur privé et des producteurs
envers la génomique. ANNEXE
Atelier sur le secteur agroalimentaire,
du 28 février au 1er mars 2013
Dans le cadre du processus d’élaboration de cette
stratégie, de 80 à 90 spécialistes et chefs de file de
l’industrie ont participé à un atelier tenu à Winnipeg,
du 28 février au 1er mars 2013, pour examiner une
ébauche du présent document et fournir des commentaires sur différentes pistes de réflexion.
Les participants à l’atelier représentaient toutes les
régions du Canada. Environ 60 % d’entre eux appartenaient au secteur des cultures et 40 % à celui du
bétail; 70 % représentaient l’industrie ou le milieu
universitaire et 30 % le gouvernement.
Voici quelques-uns des précieux enseignements tirés
des présentations et des débats de l’atelier :
• Au Canada, le secteur agroalimentaire accorde une
place importante à la génomique, surtout dans le
secteur privé. Tous les grands programmes d’amélioration des cultures et du bétail ont recours à la
génomique comme outil de première importance.
• Ce secteur est bien positionné pour bénéficier du
Programme de partenariats pour les applications de
la génomique, car il existe déjà de solides liens entre
le milieu universitaire, le gouvernement et l’industrie.
Les sélectionneurs sont les utilisateurs finaux et de
nombreux groupes de producteurs prélèvent des
frais, aussi appelés « contributions » puisqu’ils sont
réinvestis dans le secteur à des fins d’activités de
recherche et développement et/ou de marketing.
• Nourrir l’humanité est un objectif fort louable, mais le
fait est que la production agroalimentaire du Canada
nourrit actuellement moins de 1 % de la population
mondiale. Néanmoins, elle dépasse largement la
consommation nationale et elle est de qualité. Notre
capacité de fournir des aliments et nos systèmes
pour en assurer la qualité constituent des avantages
concurrentiels clés sur les marchés mondiaux.
• Il est nécessaire de diffuser les progrès accomplis
par le Canada dans le domaine de la génomique.
Le secteur agroalimentaire a connu de nombreux
succès en ayant recours à des approches reposant
sur la génomique. Ces réussites doivent être présentées de manière à susciter une couverture médiatique.
• Principaux domaines devant retenir l’attention :
»» La nutrigénomique (cardiopathies, syndrome
métabolique, etc.). La santé personnalisée
commence dans la cuisine, et non dans le
cabinet du médecin. En matière de soins de
santé, des solutions agricoles sont possibles.
Par conséquent, ce secteur mérite et a besoin
d’avoir accès à du financement pertinent en
matière de recherche en santé.
»» Caractéristiques de production :
• À l’intention des producteurs et des entreprises
de transformation – ces caractéristiques
demeurent importantes pour améliorer
graduellement la production alimentaire.
• Amélioration de la résistance des cultures et
du bétail pour faire face aux conditions
climatiques changeantes.
• Intégration de la diversité offerte par des
plantes sauvages apparentées aux espèces
cultivées.
»» La sécurité alimentaire et la salubrité des aliments
vont bien au-delà de la lutte au bioterrorisme. Il
faut aussi veiller à ce que les chaînes d’approvisionnement soient bien surveillées et durables.
»» Les besoins des clients. La recherche doit être
axée aussi bien sur l’acheteur des aliments que
sur le producteur. Comment trouver un juste
équilibre entre les priorités de recherche?
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
33
»» Une politique de réglementation prévisible, à
vocation scientifique. Ce degré de certitude est
essentiel pour nos marchés d’exportation.
»» Un personnel hautement qualifié. Une formation
en bio-informatique est nécessaire dans l’ensemble du secteur de la recherche agroalimentaire.
Liste des principaux organismes de recherche
agroalimentaire au Canada
Le tableau qui suit présente les principaux centres,
instituts et réseaux de recherche des milieux universitaire et gouvernemental canadiens qui participent à
des activités de recherche et d’innovation dans le
secteur agroalimentaire (à l’exclusion de l’aquaculture
et des pêcheries). Bien qu’importante, cette liste n’est
pas exhaustive. Les entrées y figurent en ordre alphabétique par province.
Catégorie
Organisme, institut ou réseau
Province
Milieu
universitaire
ou secteur
privé
Programmes postsecondaires en agriculture
Université de la Colombie-Britannique, Université Fraser Valley,
Université de l’Alberta, Université de Lethbridge, Université de la
Saskatchewan, Université du Manitoba, Université de Guelph,
Université Trent, Université Western, Université McGill et Collège
agricole de la Nouvelle-Écosse
C.-B., Alb., Sask., Man.,
Ont., Québec, N.-É.
Programmes en médecine vétérinaire
Université de Calgary, Université de la Saskatchewan, Université
de Guelph, Université de Montréal et Université de l’Île-duPrince-Édouard
Alb., Sask., Ont., Québec,
Î.-P.-É.
Okanagan Plant Improvement Corporation
C.-B.
Field Crop Development Center
Alb.
Centre de développement de la transformation alimentaire
Alb.
Livestock Gentec (Université de l’Alberta)
Alb.
Centre de développement des cultures (Université de
la Saskatchewan)
Sask.
Feeds Innovation Institute (Université de la Saskatchewan)
Sask.
Institut mondial pour la sécurité alimentaire
Sask.
Saskatchewan Food Industry Development Centre (Université de
la Saskatchewan)
Sask.
Vaccine and Infectious Disease Organization (Université de
la Saskatchewan)
Sask.
34 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
Catégorie
Organisme, institut ou réseau
Province
Milieu
universitaire
ou secteur
privé
Réseau de recherche en agro-santé du Manitoba
Centre Richardson de recherche sur les aliments et les
nutraceutiques, Centre canadien de recherches agroalimentaires
en santé et médecine et Centre de développement des
produits alimentaires
Man.
BIO
Ont.
Centre canadien pour l’amélioration des porcs
Ont.
Réseau laitier canadien
Ont.
Centre de recherche du Canadian Food and Wine Institute
(Niagara College)
Ont.
Canadian Research Institute for Food Safety (Université
de Guelph)
Ont.
Centre for Genetic Improvement in Livestock (Université
de Guelph)
Ont.
George Morris Centre
Ont.
Human Nutraceutical Research Unit (Université de Guelph)
Ont.
Centre de recherches pour le développement international
Ont.
Livestock Research Innovation Corporation
Ont.
NSF-GFTC (auparavant Guelph Food Technology Centre)
Ont.
Ontario Ginseng Innovation and Research Consortium
(Université Western)
Ont.
PigGen Canada
Ont.
Value Chain Management Centre
Ont.
Centre de recherche et d’innovation de Vineland
Ont.
Institut de McGill pour la sécurité alimentaire mondiale
(Université McGill)
Québec
L’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels
(Université Laval)
Québec
BIO|FOOD|TECH
Î.-P.-É.
Institut de recherche avicole de l’Atlantique
N.-É.
Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada
35
Catégorie
Organisme, institut ou réseau
Province
Gouvernement
Agriculture et Agroalimentaire Canada (centres au peu partout
au Canada)
Canada
Agence canadienne d’inspection des aliments (centres un peu
partout au Canada)
Canada
Agence de la santé publique du Canada (centres un peu partout
au Canada)
Canada
Conseil national de recherches (instituts connexes un peu partout
au Canada)
Canada
Environnement Canada (centres un peu partout au Canada)
Canada
Centres d’excellence en commercialisation et en recherche
(CECR)
Canada
Organismes provinciaux de recherche (un peu partout au Canada) Canada
Instituts de recherche en santé du Canada
Canada
Institut canadien des politiques agro-alimentaires
Ont.
Food Processing Development Centre d’AADR
Alb.
36 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario
RENSEIGNEMENTS ADDITIONNELS
Genome Canada
Cindy Bell
Vice-présidente exécutive, Développement corporatif
Tél. : 613-751-4460, poste 218
[email protected]
www.genomecanada.ca
Institut de génomique de l’Ontario
Alison Symington
Vice-présidente, Développement corporatif
416-673-6594
[email protected]
www.ontariogenomics.ca
Génome Colombie-Britannique
Gabe Kalmar
Vice-président, Développement sectoriel
Tél. : 604-637-4374
[email protected]
www.genomebc.ca
Génome Québec
Catalina López-Correa
Vice-présidente, Affaires scientifiques
Tél. : 514-398-0668
[email protected]
www.genomequebec.com
Genome Alberta
Gijs van Rooijen
Conseiller scientifique en chef
Tél. : 403-210-5253
[email protected]
www.genomealberta.ca
Génome Atlantique
Shelley King
Vice-présidente, Recherche
et Développement des affaires
Tél. : 902-421-5646
[email protected]
www.genomeatlantic.ca
Génome Prairies
Chris Barker
Conseiller scientifique en chef
Tél. : 306-668-3587
[email protected]
www.genomeprairie.ca