agroalimentaire
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Faire nôtres les possibilités de la génomique en COVER agroalimentaire au Canada Stratégie sectorielle sous la direction de Génome Prairies et de l’Institut génomique de l’Ontario, en collaboration avec les centres de génomique des autres régions canadiennes et financée par Génome Canada Mai 2013 La génomique* est la science qui vise à élucider et à comprendre toute l'information génétique d'un organisme (micro-organismes, plantes, animaux et humains) codée dans son ADN et les compléments correspondants que sont l'ARN, les protéines et les métabolites. Génome Canada et les six centres de génomique régionaux du pays s'emploient à mettre à profit le pouvoir transformateur de la génomique pour assurer des avantages sociaux et économiques à la population canadienne. Les connaissances et les innovations issues de ce domaine résolvent des problèmes biologiques complexes, tout en soulevant des questions d'importance sociétale et économique. Ce document fait partie d'une série de quatre stratégies sectorielles financées par Génome Canada et codirigées par les centres de génomique. Ces stratégies porteront sur l'agroalimentaire, l'énergie et les mines, les pêches et l'aquaculture de même que la foresterie. Chaque stratégie, élaborée en consultation avec les parties prenantes sectorielles, explique comment le secteur peut tirer un meilleur parti du pouvoir transformateur de la génomique et des disciplines connexes. La génomique a déjà généré des gains économiques et sociétaux immenses pour la population canadienne sous forme de meilleurs soins de santé, d’une meilleure qualité, innocuité et production des aliments et de protection de notre environnement et de nos ressources naturelles. À l'avenir, la génomique deviendra le fondement de la bioéconomie (toute activité économique issue de la recherche en sciences de la vie) en croissance au Canada et qui, selon les estimations, représentera quelque 2,25 % du PIB, soit environ 38 milliards de dollars d'ici 2017. De plus en plus, la génomique fournit à toute une gamme de secteurs d’activité canadiens – agriculture, énergie, exploitation minière, foresterie, pêches, aquaculture et santé, pour ne nommer que ceux-là – une science et des technologies d'avant-garde. En ce faisant, elle nourrit la croissance, la productivité, la commercialisation et la compétitivité mondiale, tout en trouvant des solutions à des problèmes liés à la durabilité de l’environnement. Compte tenu de l'empreinte du Canada dans ces secteurs clés des ressources naturelles, le temps est venu pour nos industries de profiter pleinement du pouvoir et des promesses de la génomique. *De manière générale, notre définition de la génomique comprend les disciplines connexes de la bioinformatique, de l'épigénomique, de la métabolomique, de la métagénomique, de la nutrigénomique, de la pharmacogénomique, de la protéomique et de la transcriptomique. Pour de plus amples renseignements, visitez http://www.genomecanada.ca/fr/. Préparé par Agri-Food Project Services Ltd. Publié par Génome Canada, 2013 © Génome Prairies 2013 Le présent document peut être reproduit en tout ou en partie à des fins personnelles sans autorisation, à condition d’indiquer la source en entier. La reproduction en tout ou en partie à des fins de revente ou de redistribution nécessite toutefois l'autorisation écrite préalable de Génome Prairies. This publication is also available in English. Génome Canada tient à remercier le gouvernement du Canada pour son soutien constant. Table des matières 1. Sommaire......................................................................................................................................................................... 2 2. À propos de cette initiative..................................................................................................................................... 5 3. Un mot sur la sécurité alimentaire...................................................................................................................... 6 4. Importance du secteur agroalimentaire pour l’économie canadienne............................................ 7 5. Capacité de recherche, pouvoir d’influence et forces du Canada en agroalimentaire............ 8 5.1 Initiatives nationales et internationales..................................................................................................................................... 8 5.2 Projets en génomique agroalimentaire à grande échelle de Génome Canada...................................... 9 6. Incidence socioéconomique de solutions fructueuses reposant sur la génomique............ 11 7. Succès des investissements canadiens en génomique agroalimentaire................................... 13 8. Les défis mondiaux que peut relever le secteur agroalimentaire................................................... 16 8.1 L’environnement et les changements climatiques........................................................................................................16 8.2 Compétitivité mondiale........................................................................................................................................................................ 17 8.3 Processus de réglementation........................................................................................................................................................19 8.4 Santé et nutrition.....................................................................................................................................................................................19 8.5 Rôle de la recherche et du développement dans la politique gouvernementale................................20 8.6 Durabilité, éducation et sensibilisation...................................................................................................................................21 9. Rôle de la génomique dans l’atténuation des problèmes et la création de possibilités.... 24 9.1 Environnement et changements climatiques....................................................................................................................24 9.2 Compétitivité mondiale........................................................................................................................................................................25 9.3 Processus de réglementation........................................................................................................................................................26 9.4 Santé et nutrition.....................................................................................................................................................................................26 9.5 Rôle de la recherche et du développement dans la politique gouvernementale................................ 27 9.6 Durabilité, éducation et sensibilisation...................................................................................................................................28 10. Les prochaines étapes vers la réussite...................................................................................................... 29 10.1 Objectifs à court terme....................................................................................................................................................................29 10.2 Objectifs à long terme......................................................................................................................................................................29 10.3 Besoins recensés.................................................................................................................................................................................30 11. Recommandations................................................................................................................................................. 31 12. Conclusion : Le Canada, la génomique et la sécurité alimentaire mondiale.......................... 32 Annexe................................................................................................................................................................................. 33 Atelier sur le secteur agroalimentaire, du 28 février au 1er mars 2013............................................................33 Liste des principaux organismes de recherche agroalimentaire au Canada................................................34 1.Sommaire L’application des progrès scientifiques de la génétique à l’agriculture depuis le début du XXe siècle est l’une des grandes réussites de l’histoire humaine. Ces dernières années, grâce à une meilleure compréhension de la fonction et de la structure du matériel génétique des cultures, du bétail et des microorganismes au moyen de la génomique, nous avons pu élargir considérablement notre potentiel de relever les défis sociétaux et de saisir les possibilités du secteur agroalimentaire à l’aide de la génétique. Au Canada, le secteur agroalimentaire a fait une place importante à la recherche, au développement et à la mise en œuvre de la génomique, et ce à un niveau comparable à celui d’un autre secteur de pointe : la santé humaine. L’infrastructure agroalimentaire du Canada est l’une de ses forces, conjuguée aux partenariats tripartites (producteur, entreprise et recherche fondamentale) public-privé de calibre mondial, permettant au secteur d’accomplir des progrès dans l’application de la génomique. Le secteur agroalimentaire du Canada est l’un des fondements de l’économie nationale, d’un océan à l’autre, représentant un peu plus de 8 % du produit intérieur brut (PIB) du pays et employant directement 2,1 millions de personnes en 2011. Il s’agit d’un moteur important des exportations, évaluées à 40,3 milliards de dollars en 2011. Au nombre des réussites canadiennes en génomique figurent les légumineuses à grains tolérantes aux herbicides, qui ont fait du Canada un joueur de premier plan dans l’industrie mondiale des lentilles; les variétés de canola tolérantes aux herbicides, qui ont permis de réduire considérablement l’utilisation de pesticides et d’accroître la séquestration du carbone; l’amélioration rapide des tests diagnostics et des vaccins; l’élimination du gène du syndrome du stress porcin, ce qui a permis d’améliorer la qualité de la viande; et l’asperge Millenium, reconnue en raison de sa compétitivité actuelle dans l’industrie de l’asperge. La croissance de la population, les changements climatiques, l’épuisement des ressources, la compétitivité mondiale, les politiques gouvernementales et les processus de réglementation, la santé humaine et la nutrition ainsi que la durabilité sont des enjeux mondiaux qui exercent une pression croissante sur les ressources disponibles. Produire des aliments salubres et de qualité, en plus grande quantité sur une superficie moindre, tout en réduisant l’impact sur l’environnement constitue l’un des grands défis du XXIe siècle. En continuant d’investir dans les progrès que permet la génomique, le secteur agroalimentaire sera en bonne position pour relever ce défi. Le Canada peut jouer un rôle de premier plan en fournissant des solutions. Le secteur agroalimentaire sera aussi l’un des principaux moteurs de croissance de l’économie du Canada au cours de ce siècle. La recherche en génomique peut contribuer directement à l’avancement du Canada en tant que chef de file mondial dans ce secteur et lui permettre de décrocher une part plus grande et plus diversifiée du marché mondial grâce à des systèmes de production concurrentiels et à des produits novateurs. 2 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario Une approche pancanadienne en matière de génomique agricole peut aider à relever les défis du secteur de bien des façons. Il s’agit d’adapter la production agricole à l’accélération des changements climatiques, de maintenir la compétitivité mondiale en augmentant l’efficacité de la production, de fournir les propriétés exigées par le marché en matière d’innocuité et de qualité, et d’améliorer la santé des cultures et du bétail afin d’accroître la sécurité alimentaire mondiale. Le secteur agroalimentaire promet un taux de rendement élevé sur le financement permettant aux innovations et aux progrès technologiques de passer du laboratoire à la commercialisation sur les fermes canadiennes et dans les entreprises de transformation du Canada. Les domaines où l’on constate des besoins offrant des possibilités correspondent remarquablement bien au cadre stratégique lancé récemment – Cultivons l’avenir 2 – qui est axé sur la compétitivité et la croissance des marchés, l’adaptabilité et la durabilité ainsi que l’innovation. Dans l’ensemble, les investissements pourraient avoir des effets bénéfiques sur la santé humaine et la nutrition, fournir de meilleures solutions face aux besoins environnementaux et aux changements climatiques, et contribuer à la croissance économique, à l’accroissement des échanges commerciaux et à la stabilité politique. Ces gains se concrétiseront grâce aux résultats que nous obtiendrons, tels que les innovations permettant d’accroître les bienfaits bioactifs des cultures pour la santé humaine, la réduction des pathogènes du bétail afin de diminuer le risque de maladies et la production de plantes et d’animaux pouvant mieux supporter le climat changeant du Canada. La génomique peut susciter des changements dans tous ces domaines, mais pour obtenir des résultats significatifs, il faut du temps et des investissements soutenus. Faire des investissements appuyant la génomique dans le secteur agroalimentaire une priorité nationale rapportera au Canada de nombreux avantages à long terme. • s’adapter aux changements climatiques au moyen de cultures et de bétail plus résistants – il est possible d’accroître l’efficacité de la production en augmentant la résistance à la maladie, à la sécheresse et aux extrêmes de température, et en favorisant la mise au point d’outils qui permettront de détecter les agents pathogènes envahissants, les insectes nuisibles et les mauvaises herbes; • améliorer la santé humaine et animale – la production d’aliments plus salubres ou dotés de propriétés fonctionnelles peut améliorer la santé humaine de même que la santé du bétail en renforçant le système immunitaire, ce qui permet de réduire le risque de transmission de zoonoses pouvant avoir des conséquences sur la santé humaine; • favoriser la sécurité alimentaire mondiale et diminuer le gaspillage d’aliments – la génomique peut permettre aux cultures de mieux supporter le transport, l’entreposage et la manutention, ce qui réduit le gaspillage d’aliments et accroît l’offre de nourriture dans de nombreuses parties du monde. Voici des recommandations d’activités agroalimentaires reposant sur la génomique : • stimuler la compétitivité du Canada par la qualité des aliments – la génomique peut élargir les débouchés du marché mondial en augmentant la qualité des aliments par l’amélioration de caractéristiques et de propriétés ayant des applications de grande valeur en ce qui a trait aux aliments, à la santé et aux bioproduits; Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 3 Le présent rapport énonce aussi des défis qui, bien qu’ils ne puissent être résolus par le recours à la génomique, doivent être relevés afin que le secteur puisse aborder efficacement les enjeux de sécurité et de qualité des aliments, de changements climatiques et de santé humaine. Voici d’autres recommandations : • faciliter le processus réglementaire – il est nécessaire d’accroître l’efficacité des communications entre les différents ministères ou organismes de réglementation afin de mieux rationaliser le système de réglementation; • préserver la confiance du public envers l’offre alimentaire – le secteur agroalimentaire doit assumer un rôle plus proactif lorsqu’il s’agit de sensibiliser le public à la science, à l’agriculture et à la production alimentaire. La génomique peut appuyer des pratiques de production durable et favoriser la salubrité des aliments en cernant facilement la présence de contaminants et leur origine; • établir de solides réseaux entre le milieu universitaire, le gouvernement, les producteurs et l’industrie – l’emploi optimal des ressources disponibles et une meilleure adéquation entre les besoins en recherche de l’industrie et la capacité de recherche du milieu universitaire permettront de faire progresser le développement et l’utilisation de la génomique dans le secteur agroalimentaire. 4 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario Des investissements soutenus dans le développement de la génomique, tant par les secteurs public que privé, peuvent aider le Canada à transformer ces défis en atouts commerciaux et à s’imposer comme chef de file mondial dans ce domaine. Au bout du compte, l’utilisation optimale de la génomique et des technologies connexes contribuera à la création d’un monde meilleur pour les générations à venir – favorisant une meilleure santé, une sécurité alimentaire accrue et des pratiques de production durable. Il est essentiel que la génomique bénéficie d’un appui constant de la part du secteur public, du secteur privé et des producteurs si nous souhaitons faire nôtres les remarquables résultats à notre portée. 2.À PROPOS DE CETTE INITIATIVE Un comité directeur national, composé de représentants de l’industrie, du milieu universitaire et du gouvernement, a été constitué pour élaborer cette stratégie. Il a tenu de multiples réunions par conférence téléphonique. Ses membres ont fourni leurs commentaires et leurs réactions après examen de documents et au moyen d’une discussion en ligne. Il s’agit, par ordre alphabétique, des personnes suivantes : • Brad Fournier, directeur administratif, Alberta Livestock and Meat Agency • Rory Francis, directeur administratif, PEI BioAlliance • John Kelly, vice-président, Ontario Fruit and Vegetable Growers Association • Gord Neish, consultant, Nature Niche Scientific Consulting • Garth Patterson, directeur administratif, Western Grains Research Foundation • Peter Phillips, professeur, Université de la Saskatchewan • Reno Pontarollo, président-directeur général, Génome Prairies • Alison Symington, vice-présidente, Développement de l’entreprise et Communications, Institut de génomique de l’Ontario • Christine Tibelius, coordonnatrice – Oléagineux, Agriculture et Agroalimentaire Canada • Janice Tranberg, vice-présidente – Ouest canadien, CropLife Canada • Gijs van Rooijen, conseiller scientifique en chef, Génome Alberta • John Webb, directeur des sciences émergentes, Maple Leaf Foods Inc. Les personnes suivantes ont aussi apporté leur contribution : • Chris Barker, conseiller scientifique en chef, Génome Prairies • David Castle, professeur, Université d’Édimbourg • Klaus Fiebig, consultant indépendant • Gabriel Piette, directeur scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada – Saint-Hyacinthe • David Sparling, président – Innovation et réglementation dans le secteur agroalimentaire, Ivey School of Business Un groupe plus large d’intervenants du secteur agroalimentaire se sont réunis dans le cadre d’un atelier tenu à Winnipeg, du 28 février au 22 mars 2013, pour examiner une ébauche de cette stratégie et fournir leurs commentaires sur une série de thèmes. Ils ont aussi eu l’occasion de parcourir l’ébauche finale de la stratégie et de soumettre leurs observations. Entre 80 et 90 personnes ont pris part à l’atelier de Winnipeg, représentant toutes les régions du Canada. Environ 60 % des participants provenaient du secteur des cultures et 40 % de celui du bétail; 70 % représentaient l’industrie ou le milieu universitaire et 30 % le gouvernement. Un sommaire des messages clés à retenir de cet atelier figure à l’annexe du présent document. Les personnes suivantes ont fourni leur appui à l’élaboration de la stratégie : James Farrar, Jayeff Partners (animateur), Lilian Schaer, Agri-Food Project Services Ltd (rédactrice et réviseure) et Faye Pagdonsolan, Génome Prairies (gestion de projets et coordination de l’atelier). Génome Canada a financé l’élaboration de la stratégie. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 5 3.UN MOT SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE La salubrité des aliments et la sécurité alimentaire sont des sujets étroitement liés, bien que différents. La salubrité des aliments porte sur la production, la transformation, l’entreposage, la manutention et la préparation des aliments et des produits alimentaires par des moyens qui ne causent pas de blessures ou de maladies aux personnes qui les consomment. La sécurité alimentaire est plutôt assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive pour leur permettre de mener une vie active et saine, d’après une définition du Sommet mondial de l’alimentation de 19961. Selon L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012, publication conjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, du Fonds international de développement agricole et du Programme alimentaire mondial, près de 870 millions de personnes dans le monde souffraient de sous-alimentation chronique en 2010-2012. De ce nombre, 850 millions vivent dans des pays en développement, et on estime qu’environ 15 % de ces populations sont sous-alimentées2. Le rapport indique que la croissance agricole est particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de lutter contre la malnutrition et de réduire l’extrême pauvreté et la faim en créant des emplois et en augmentant les revenus du travail. Toutefois, la croissance économique et agricole « devrait prendre en compte les conditions nutritionnelles », ce qui signifie que la croissance doit aboutir à une amélioration de la nutrition pour les pauvres. 1 http://www.who.int/trade/glossary/story028/en/. 2 http://www.fao.org/publications/sofy/fr/. 6 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario La génomique et les technologies connexes dans le secteur agroalimentaire peuvent jouer un rôle important lorsqu’il s’agit d’appuyer et d’améliorer la sécurité alimentaire mondiale. Un pays comme le Canada, doté d’une infrastructure de recherche bien développée et d’un solide secteur agricole ayant fait une place importante à la génomique, peut faire figure de chef de file mondial en contribuant à accroître la sécurité alimentaire. Le Canada a déjà reconnu l’importance de la sécurité alimentaire et le rôle de chef de file qu’il peut jouer dans ce domaine par l’établissement du Global Institute for Food Security en Saskatchewan et de l’Institut de McGill pour la sécurité alimentaire mondiale au Québec. Le pouvoir d’influence du Canada en matière de sécurité alimentaire comporte deux volets : la production et l’exportation de produits alimentaires ainsi que le partage et l’adaptation d’innovations et de technologies à être utilisées dans d’autres parties du monde. Le présent rapport porte sur certaines de ces possibilités. 4.IMPORTANCE DU SECTEUR AGROALIMENTAIRE POUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE Le secteur agroalimentaire du Canada englobe divers secteurs d’activité, notamment la fourniture d’intrants et de services agricoles, l’agriculture primaire, la transformation d’aliments et de boissons, la distribution d’aliments, la vente au détail et en gros ainsi que les services de restauration. En 2011, il a créé directement un emploi sur huit, employant 2,1 millions de personnes et représentant 8 % du produit intérieur brut (PIB) total du pays. L’agriculture primaire connaît une croissance moyenne annuelle de 1,4 % depuis 1997. Les possibilités d’exportation sont essentielles à la croissance de la plupart des secteurs de l’industrie agroalimentaire canadienne. En 2011, le Canada figurait au sixième rang mondial des pays exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires (l’Union européenne étant considérée comme un bloc), et les exportations canadiennes étaient évaluées à 40,3 milliards de dollars. Le coût de l’alimentation au Canada figure parmi les plus bas du monde, les ménages canadiens consacrant un peu moins de 10 % de leur budget aux achats de produits alimentaires dans les magasins. Étant très dispersé et diversifié, le secteur agroalimentaire du Canada est particulièrement intégré sur le plan national. Il relie aussi la population rurale du Canada – siège de l’agriculture primaire – aux centres urbains où s’effectue la majeure partie de la transformation alimentaire et où se trouvent les principaux marchés canadiens. Il importe également de souligner que le Canada est un producteur et un exportateur de denrées alimentaires nécessaires à la sécurité alimentaire mondiale. D’après les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Canada produit environ 2 % des céréales et 3,4 % des oléagineux et des légumineuses à grains dans le monde. Sa part du commerce mondial est encore plus grande : les agriculteurs canadiens occupent environ 8 % du commerce du porc à l’échelle internationale, 12 % du commerce du blé et près du tiers du marché des oléagineux comestibles et des légumineuses à grains4. Au chapitre des exportations mondiales, la Saskatchewan fournit à elle seule plus de 60 % des lentilles, 57 % des petits pois, 55 % du lin et 34 % du blé dur5. Le secteur agroalimentaire du Canada est un employeur important dans la plupart des provinces où il contribue à la création d’emplois et à l’activité économique dans l’agriculture primaire et les secteurs connexes. L’emploi dans l’agriculture primaire représente 2,3 % de la totalité de l’emploi au Canada, ce qui est comparable à la moyenne des pays du G7, mais supérieur à celle des États-Unis et du Royaume-Uni3. 3 Vue d’ensemble du système agricole et agroalimentaire canadien 2013, produit par Agriculture et Agroalimentaire Canada – http://www.agr.gc.ca/fra/a-propos-de-nous/publications/publications-economiques/liste-alphabetique/vue-d-ensemble-du-systemeagricole-et-agroalimentaire-canadien-2013/?id=1331319696826. 4 Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à www.faostat.fao.org. 5 Saskatchewan Agriculture, highly cultivated; http://www.agriculture.gov.sk.ca/Default.aspx?DN=dcc42704-e01a-40c5-928dce64a5dd5844. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 7 5.CAPACITÉ DE RECHERCHE, POUVOIR D’INFLUENCE ET FORCES DU CANADA EN AGROALIMENTAIRE Le Canada possède une capacité de recherche agroalimentaire considérable et variée dans les grappes de l’agriculture, de l’alimentation et de la biotechnologie à l’échelle du pays, tant dans les établissements publics que privés. Les partenaires de l’industrie dirigent ou appuient la recherche dans de nombreux domaines, et les organisations de produits financées par les producteurs, tant au niveau national que provincial – qu’il s’agisse du bœuf, du porc, des céréales, des oléagineux, des légumineuses à grains ou des fruits et des légumes –, participent au financement et à l’appui de la recherche agroalimentaire. Le Canada est doté de l’une des meilleures infrastructures scientifiques (y compris nos universités, des établissements de recherche clés et les laboratoires fédéraux), de partenariats tripartites (producteur, entreprise et recherche fondamentale) public-privé dynamiques et engagés ainsi que d’un système de réglementation tenu en haute estime par ses homologues internationaux. Une liste détaillée des principaux centres, instituts et réseaux de recherche universitaires et gouvernementaux canadiens, exerçant des activités de recherche et d’innovation dans le secteur agroalimentaire (à l’exclusion de l’aquaculture et des pêches), figure en annexe du présent rapport. Les investissements fédéraux, provinciaux et sectoriels ont contribué à bon nombre d’initiatives de pointe, notamment : 5.1Initiatives nationales et internationales • Wheat Initiative – initiative à laquelle participe plusieurs scientifiques canadiens dans le cadre d’un effort international visant à coordonner la recherche mondiale sur le blé dans les domaines de la génétique, 6 http://www.wheatinitiative.org/ 8 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario de la génomique, de la physiologie, de la sélection et de l’agronomie. Les résultats contribueront à accroître le rendement, à en améliorer la stabilité et à augmenter la qualité du blé6. • Alliance canadienne du blé – le Conseil national de recherches du Canada, en collaboration avec des partenaires, travaille au développement d’un programme portant sur le blé et axé sur la recherche dans les domaines de la génomique, de la biotechnologie et de la pathologie, des technologies cellulaires, du développement des plantes et des interactions bénéfiques entre le blé et les microbes. L’objectif de ce programme est d’améliorer le rendement du blé à l’avantage des agriculteurs canadiens. Les partenaires comprennent Agriculture et Agroalimentaire Canada, l’Université de la Saskatchewan et la province de la Saskatchewan. • Initiative de recherche et développement en génomique – il s’agit d’un programme de financement de la recherche en génomique dans des laboratoires fédéraux, qui représente un investissement de 86,3 millions de dollars dans la recherche en génomique sur les cultures à Agriculture et Agroalimentaire Canada depuis 1999. De plus, deux projets interministériels sont présentement en cours dans le domaine de la génomique : ils portent sur l’amélioration de la salubrité des aliments et de l’eau ainsi que sur les espèces envahissantes et justiciables de quarantaine qui menacent la production agricole. • Initiative de grappes agroscientifiques canadiennes – cette initiative fait partie du programme Agri-innovation d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui comprend 10 grappes scientifiques axées sur l’élevage bovin, les produits laitiers, le porc, la volaille, le canola/lin, les légumineuses à grains, la sélection du blé, l’horticulture comestible, l’horticulture ornementale et l’agriculture biologique7. En vertu du cadre stratégique Cultivons l’avenir 2, le programme Agri-innovation misera sur ces travaux8. • Projet international de code-barres du vivant – ce projet est établi à l’Université de Guelph qui possède une vaste bibliothèque de référence sur l’ADN de milliers d’espèces. Il s’agit du plus imposant programme de génomique en biodiversité mis en œuvre. Il comporte un large éventail de bailleurs de fonds, en particulier dans le cadre des Initiatives Consortium international de Génome Canada9. 5.2Projets en génomique agroalimentaire à grande échelle de Génome Canada • Application de la génomique pour l’amélioration de la santé et du bien-être des porcs – projet de 12,4 millions de dollars qui applique la génomique afin de réduire l’incidence de deux des maladies les plus courantes dans la production commerciale de porc : la maladie associée au circovirus porcin et le syndrome dysgénétique et respiratoire du porc. • Projet canadien sur le génome bovin (auparavant Sélection du génome complet au moyen de l’imputation pangénomique dans les bovins de boucherie) – projet de recherche qui vise à définir les avantages et les coûts économiques et sociaux liés à l’utilisation de la technologie de la génomique pour améliorer le bétail, à mettre au point des outils permettant d’appliquer des méthodes de sélection précises et à faible coût à l’échelle génomique, et à favoriser la sélection à l’échelle génomique dans les cheptels canadiens en ce qui a trait à des caractéristiques particulièrement difficiles, mais importantes. Ce projet est évalué à 8,2 millions de dollars. 7 http://www.agr.gc.ca/fra/?id=1316118882467. 8 http://www.agr.gc.ca/fra/?id=1354301302625. 9 http://ibol.org/about-us/sponsors/. • Amélioration du blé canadien au moyen de la génomique – projet de 8,5 millions de dollars visant la mise au point d’outils génomiques et l’accroissement de la capacité génomique des programmes canadiens d’amélioration du blé. Il s’agit de la contribution du Canada à l’effort de séquençage dirigé par le Consortium international du génome du blé. • Conception d’oléagineux pour les marchés de l’avenir – projet de 14,8 millions de dollars ayant permis à des chercheurs de recenser plus de 100 000 marqueurs de séquences exprimées dans le cas du canola. Cette recherche contribuera à créer de meilleurs oléagineux en matière de rendement, de composition et de qualité. • Accroître la valeur du canola par la génomique – projet qui a permis de créer plus de 250 000 indicateurs génétiques et d’identifier plus de 40 000 gènes du canola. Un certain nombre d’outils importants en génomique du canola ont été développés, dont une méthode appelée puce à ADN qui permet aux chercheurs d’étudier quels gènes du canola sont importants à diverses étapes de la croissance. Ce projet est évalué à 9,5 millions de dollars. • Génomique fonctionnelle du stress abiotique – projet de 19,4 millions de dollars, axé sur le blé et le canola, qui fournit des outils de base à la mise au point de plantes résistant à certains stress abiotiques, tel que le gel hâtif, les températures extrêmes ou les conditions défavorables des nutriments du sol. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 9 • La génomique dans la lutte antiparasitaire en agriculture – projet qui crée des outils et des technologies de lutte contre les tétranyques. Les insectes et les acariens détruisent 13 % des cultures; à eux seuls, les tétranyques se nourrissent de plus de 1 000 espèces végétales différentes. Ce projet est évalué à 6,3 millions de dollars. • Génomique du tournesol – projet de 10,5 millions de dollars qui séquence le génome de la famille des tournesols, la plus grande famille de plantes sur Terre, comptant plus de 24 000 espèces décrites. Elle englobe des cultures importantes sur le plan économique, des fleurs sauvages, des allergènes courants, des plantes médicinales précieuses de même que des plantes envahissantes et des mauvaises herbes représentant un coût élevé. Le projet prévoit aussi faire du tournesol une nouvelle source de biocarburant qui offrira les avantages exceptionnels d’une plante ligneuse annuelle. • Ajout de valeur grâce à la génomique et GE3LS – projet dans le cadre duquel une équipe diversifiée de chercheurs provenant d’un peu partout au Canada travaillent à façonner la politique publique et à rationaliser la réglementation pour faciliter le cheminement des découvertes en laboratoire vers les applications pratiques. Au nombre des domaines clés du projet figurent le rôle de la réglementation, la gestion des connaissances, la propriété intellectuelle et le transfert de la technologie pour favoriser l’intégration des découvertes au marché. Cette initiative est évaluée à 5,4 millions de dollars. L’effort de Génome Canada dans le domaine de la recherche agroalimentaire se chiffre à environ 202,7 millions de dollars10. • Génomique du raisin et du vin – projet qui applique les techniques de la génomique et de la génétique pour étudier des levures et des variétés de cépages importantes dans la production du vin. Il est évalué à 3,4 millions de dollars. • Utilisation complète du lin au moyen de la génomique – projet de 11,8 millions de dollars pour accroître les bienfaits et la polyvalence du lin par la mise au point des outils reposant sur la génomique pour faciliter l’amélioration du lin, accroître le rendement et améliorer les caractères des semences et des fibres. 10 http://genomereports.ca/section.php?Action=List2&Lang=En&addnew=&Report=consolidated_commitments.php&Report_Text= Funding+Commitments&Nav=Section&ID=3&Login=&Password=&Consolidated_Centre=ALL&Consolidated_Category=ALL& Consolidated_Sector=Agriculture&Consolidated_Competition=ALL&Consolidated_FY=ALL&Consolidated_Status=ALL. 10 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario 6.INCIDENCE SOCIOÉCONOMIQUE DE SOLUTIONS FRUCTUEUSES REPOSANT SUR LA GÉNOMIQUE À en juger par les faits et les opinions, l’investissement mondial en recherche et développement dans l’innovation agroalimentaire est insuffisant. Pardey, Alston et Beintema (2006)11 ont indiqué que la recherche et le développement dans l’agroalimentaire à l’échelle mondiale (effort en amont, à la ferme et en aval, y compris la recherche et le développement liés à la biotechnologie) totalisaient 36,5 milliards de dollars US en 2000. Environ 37 % de cet effort a été mené par des firmes privées, dont la quasi-totalité dans des pays développés. Comme l’ont montré Graff, Zilberman et Bennett (2009)12, la sélection exercée par la recherche élimine la quasi-totalité des inventions, le pourcentage conservé étant de plus en plus faible. Il faut donc énormément d’efforts en amont pour en arriver à une adoption et à une utilisation même modestes. Pardey, Alston et Beintema (2006) ont employé des données similaires pour élaborer une base de données longitudinales sur la recherche agricole. Ces deux projets et d’autres analyses connexes ont conclu que, même si les investissements du secteur privé en recherche et développement ont augmenté dans les années 1990, la recherche dans le secteur public est demeurée relativement stable, ce qui, selon de nombreux spécialistes, aura une incidence défavorable sur la productivité de l’agriculture primaire. En mai 2013, le Chicago Council on Global Affairs a publié un rapport pressant les États-Unis de doubler leur investissement en recherche et développement dans le domaine agricole d’ici 2023 et d’axer le financement sur des priorités visant à résoudre les problèmes de pénurie d’eau, de changements climatiques et de variabilité des températures, à favoriser une meilleure adéquation entre la production agricole et la nutrition et à veiller à ce que les aliments soient produits de manière durable13. Les auteurs de l’étude, un comité de spécialistes américains en matière de développement, d’agriculture et de politique étrangère, ont recommandé d’accroître l’investissement dans les sciences afin d’augmenter la production agricole de façon durable. Accroître les fonds consacrés à la recherche et au développement dans le secteur agroalimentaire n’est qu’une partie de la solution. Pour réussir, tant le Canada que nos principaux collaborateurs de recherche et partenaires commerciaux à l’échelle mondiale, doivent développer et améliorer la capacité d’absorption afin de repérer et d’exploiter la recherche la meilleure et la plus appropriée, quelle qu’en soit l’origine, et d’établir des systèmes adaptatifs pour faire face aux incertitudes du progrès scientifique et de la demande commerciale. La documentation14 semble indiquer que la stratégie la plus susceptible de réussir ferait intervenir une science stratégiquement liée ou réseautée, dans le cadre de partenariats public-privé et des systèmes d’innovation locaux, mais liés à l’échelle mondiale. Les gains de l’investissement dans la recherche agroalimentaire demeurent élevés. Une récente méta-analyse menée dans le cadre d’une étude marquante sur le rendement de la recherche par Alston et coll. (2000)15 montre que le rendement du capital investi dans le cas de plus de 1 800 initiatives 11 ardey, Philip G.; Alston, Julian M.; et Beintema, Nienke M. 2006. Agricultural R&D spending at a critical crossroads. Farm Policy P Journal 3(1): 1-9. 12 regory Graff, David Zilberman, et Alan Bennett, “The Contraction of Agbiotech Product Quality Innovation,” Nature Biotechnology, G vol. 27, no 8 (août 2009), p. 702-704. 13 http://www.thechicagocouncil.org/files/About_Us/Press_Releases/FY13_Releases/2013_Symposium_Report_Global_Food_Security.aspx. 14 Phillips, P., Webb, G., Karwandy, J, et Ryan, C. 2012. Innovation in Agri-food Research Systems: Theory and Case Studies. CABI. 15 Alston, J., M. Marra, P. Pardey et T. Wyatt. 2000. Research returns redux: a meta-analysis of the returns to agricultural R&D. Australian Journal of Agricultural and Resource Economics 44(2), 185-215. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 11 de recherche dépassait 70 %, ce qui permet de supposer que l’investissement est manifestement insuffisant. Dans un document de politique de 2007, Gray et Malla en arrivent au même constat, indiquant que les taux de rendement élevés permettent de supposer qu’il existe un sous-investissement chronique dans la recherche agricole, tant de la part du secteur public que privé16. Smyth et Phillips (2008)17, Singla et Naseem (2012)18 et d’autres ont montré que, souvent, l’obtention de gains optimaux ne se concrétisent pas dans le domaine de la recherche en raison de retards dans la gestation des nouveaux produits. Dans le cadre d’analyses comparables des rendements relatifs en vertu de différents régimes de réglementation, ces études indiquent que ce sont les retards en matière de prise de décisions qui affectent le plus le rendement du capital investi, et non le coût absolu de la conformité à la réglementation ou de la structure sous-jacente du régime de propriété intellectuelle. 16 Gray, Richard et Stavroula Malla, Cairn Policy Brief 2007. The Rate of Return to Agricultural Research in Canada. 17 myth, S. et P. Phillips. 2008. Thresholds for Profitable Genomic Innovations. Présentation dans le cadre de la conférence ICABR, S Ravello, Italie, du 12 au 14 juin. 18 ingla, R. et A. Naseem (2012) “Ex-Ante Economic Impact Analysis of Novel Traits in Canola”, présenté dans le cadre des réunions S triennales de l’International Association of Agricultural Economics, Foz du Iguacu, Brésil, du 20 au 25 août 2012. 12 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario 7.SUCCÈS DES INVESTISSEMENTS CANADIENS EN GÉNOMIQUE AGROALIMENTAIRE Au Canada, le secteur agroalimentaire a fait une place importante à la recherche, au développement et à la mise en œuvre de la génomique, et ce à un niveau comparable à celui d’un autre secteur de pointe : la santé. Des progrès, tels que la résistance aux herbicides et les mesures de conservation du sol, ont complètement modifié la façon dont nous produisons les cultures19. Les outils de la génomique jouent un rôle important dans la recherche génétique – amélioration des plantes et du bétail – et ont déjà réussi à accroître considérablement l’efficacité. Au Canada, tous les grands programmes d’amélioration des cultures et du bétail utilisent la génomique comme principal outil de sélection. Le recours à la sélection assistée par marqueurs et à d’autres technologies de la génomique a joué un rôle énorme en la matière, en réduisant les coûts par une diminution du phénotypage et de la durée du cycle menant à la commercialisation. Par exemple, l’Université de Guelph est l’université la plus inventive du Canada, classement reposant sur un certain nombre d’innovations mises en place20. Ce résultat est quasi entièrement attribuable à ses nouveautés en matière d’amélioration – les outils de sélection génétique que fournit la génomique ont rendu possible ce rythme de développement. Comparativement à d’autres secteurs de l’économie canadienne, l’agroalimentaire est déjà très présent dans la commercialisation et l’application de la technologie. Il a besoin d’investissements supplémentaires pour continuer à favoriser le transfert des développements et des innovations technologiques reposant sur la génomique – des laboratoires aux fermes et aux installations de transformation. Voici quelques exemples de réussites canadiennes : Le Canada est le plus important exportateur de lentilles grâce à la production de lentilles résistant aux herbicides On a découvert une caractéristique de résistance aux herbicides, laquelle a été intégrée à des lignées de lentilles, ce qui a donné lieu à des variétés développées par des chercheurs à l’Université de la Saskatchewan grâce à du financement provenant du Fonds pour le développement de l’agriculture de la Saskatchewan, de BASF et de la Saskatchewan Pulse Growers. Les variétés ont été commercialisées en collaboration avec BASF et la Saskatchewan Pulse Growers, et ont contribué à faire du Canada le principal exportateur de lentilles21. Le canola résistant aux herbicides réduit l’effet sur l’environnement En 1997, des agriculteurs ont commencé à cultiver du canola résistant aux herbicides dans l’Ouest canadien. Une décennie plus tard, une étude a montré une diminution de l’utilisation de la substance active des herbicides d’environ 1,3 million de kilogrammes et a indiqué que la réduction du travail du sol s’est traduite par environ un million de tonnes de carbone séquestré ou n’étant plus libéré22. 19 http://www.fao.org/docrep/006/Y5031E/y5031e0i.htm. 20 http://catalystcentre.uoguelph.ca/pages/news/u-of-g-ranked-most-inventive-university-in-canada. 21 https://agro.basf.ca/West/News/item3462.html. 22 http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308521X11000151. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 13 L’asperge Millenium augmente la compétitivité des producteurs L’asperge Millenium a été élaborée par une équipe de chercheurs de l’Université de Guelph, sous la direction de Dave Wolyn. Elle est riche en nutriments et réputée pour son rendement exceptionnel, sa durabilité, son potentiel commercial et ses répercussions sur l’industrie. Elle contribue grandement à la compétitivité actuelle de l’industrie de l’asperge. On estime qu’elle représente 70 % de la totalité des semences vendues en Ontario23 et la Foire royale d’hiver de l’agriculture lui a décerné le prix de la semence de l’année en 2005. En 2012, une nouvelle entreprise appelée Fox Seeds a été créée au profit des agriculteurs ontariens pour favoriser la commercialisation de l’asperge Millenium24. La régulation de la croissance des plantes et de la maturation favorise la résilience, le rendement et la résistance John Thompson et des collègues de l’Université de Waterloo ont découvert que le gène eIF5A agit à la manière d’un commutateur biologique qui régule la sénescence (maturation) dans une position et la croissance dans une autre. En contrôlant le commutateur, il est possible d’améliorer le rendement, la résistance à la maladie et la résilience au stress environnemental. La capacité polyvalente de la technologie reposant sur le gène elF5A est actuellement exploitée et testée sur le terrain par les multinationales Bayer Crop Science (canola, riz et coton) et Monsanto (soja et maïs). Cette technologie est également exploitée et testée sur le terrain dans le cas des arbres (ArborGen; More Wood-Less Land), de la luzerne (Cal/West Seeds) et des bananes par Rahan Meristem en Israël. Des chercheurs de cette entreprise ont démontré que le commutateur du gène eIF5A peut doubler la durée de conservation, et testent sa capacité de favoriser la résistance au champignon qui cause la Sigatoka noire, la plus importante maladie touchant la production des bananes à l’échelle mondiale. Tests génomiques mesurant la tendreté de la viande L’investissement canadien en génomique agroalimentaire s’est traduit par divers moyens novateurs de mesurer la qualité de la viande que nous consommons. Le Canada a joué un rôle de chef de file dans la mise au point du premier test génomique à haute densité applicable aux animaux d’élevage. Ce test a été utilisé dans un certain nombre d’études d’association pangénomiques qui ont donné lieu au développement de nombreuses caractéristiques touchant l’efficacité, la qualité de la carcasse et la santé du bétail et à l’obtention de brevets à cet égard. Le Canada a ainsi favorisé la découverte d’un polymorphisme du nucléotide simple dans un gène codant la calpastatine, ce qui est associé à la tendreté de la viande. 23 http://www.asparagus.on.ca/article.php?id=12. 24 http://www.delhinewsrecord.com/2012/03/20/asparagus-growers-start-seed-company. “Genetic factors influencing pig meat quality”, Polish Academy of Sciences, Institute of Genetics and Animal Breeding, Jastrzbiec, Pologne; page 1 (http://lhu.emu.ee/downloads/Welfood/WP3T6L2.pdf). 25 14 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario La puce Bov50SNP est utilisée mondialement pour tester le mérite génétique des animaux d’élevage Des marqueurs génétiques pour éliminer l’odeur et améliorer le goût de la viande porcine Le programme de génomique bovine de l’Alberta a permis au Canada de jouer un rôle clé dans le séquençage du premier génome bovin et dans la mise au point des premiers tests génomiques commerciaux à haute densité dans l’industrie des animaux d’élevage. Le premier de ces tests, le 50k SNP, découle d’une collaboration entre divers établissements et organismes, et la puce Illumina Bov50SNP est régulièrement utilisée pour tester le mérite génétique des animaux d’élevage, en particulier les races laitières, un peu partout dans le monde. À l’Université de Guelph, des travaux en cours ont permis de recenser environ 100 marqueurs SNP applicables à l’odeur sexuelle du verrat. Il s’agit d’une odeur ou d’un goût fort qui peut être désagréable lorsqu’on cuisine ou mange de la viande provenant d’un verrat non castré. Le retrait d’un gène améliore la qualité du porc À l’Université de Guelph et à l’Université de Toronto, des chercheurs ont découvert le gène de sensibilité à l’halothane (mutation du RYR1 à HAL-1843) chez le porc, lequel est responsable du syndrome du stress porcin et de la musculature extrême. Les porcs qui ont ce gène sont plus susceptibles de produire une viande pâle, molle et suintante dont l’apparence ne plaît pas aux consommateurs. En outre, elle se prête moins à la transformation en raison de sa faible capacité de rétention d’eau. L’utilisation de ce gène pour réduire le stress a été brevetée et a fait l’objet de licences dans le monde entier. L’élimination de ce gène chez le porc a permis d’améliorer la qualité de la viande25. Des tests génomiques rapides pour détecter la présence de pathogènes accroissent la salubrité des aliments Des initiatives conjointes regroupant Génome Canada, Génome Alberta et l’Agence canadienne d’inspection des aliments contribuent à intégrer la génomique au système canadien d’inspection des aliments. Le développement de tests génomiques rapides permettant de détecter la présence des bactéries E. coli et Listeria monocytogenes, deux pathogènes alimentaires courants, représente le prochain palier en matière de salubrité des aliments et de sécurité alimentaire au Canada. “Genetic factors influencing pig meat quality”, Polish Academy of Sciences, Institute of Genetics and Animal Breeding, Jastrzbiec, Pologne; page 1 (http://lhu.emu.ee/downloads/Welfood/WP3T6L2.pdf). 25 Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 15 8.LES DÉFIS MONDIAUX QUE PEUT RELEVER LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE Les défis énoncés dans cette section influent sur les sociétés et les gouvernements à l’échelle mondiale, et ce de multiples façons. Grâce à la génomique, le secteur agroalimentaire a le potentiel de relever ces défis, lesquels sont abordés ci-après dans le contexte de la production, de l’atténuation des risques et de la qualité. Certains problèmes peuvent être résolus par un recours direct à la génomique et aux technologies reposant sur la génomique; d’autres pas, mais il importe d’aborder également ces questions en vue de favoriser la réussite de la génomique et d’aider le secteur agroalimentaire à atteindre son plein potentiel. 8.1L’environnement et les changements climatiques Les changements climatiques se produisent à un rythme sans précédent. La modification de la configuration des précipitations à l’échelle mondiale, l’augmentation de la variabilité des températures extrêmes et les changements exercés par le climat sur la faune et la flore constituent un défi, tant de façon directe qu’indirecte, pour le secteur agroalimentaire du Canada. Le comité responsable des prévisions d’Agriculture et Agroalimentaire Canada a déterminé que les changements climatiques sont le principal défi que la production agricole devra affronter au cours des 20 prochaines années. La génomique a un rôle à jouer dans la conception de stratégies d’adaptation en favorisant l’amélioration des cultures et du bétail, et ce à un rythme accéléré. • Production Les agriculteurs peuvent ressentir directement les effets des intempéries lorsque survient une sécheresse ou une inondation empêchant la plantation, la croissance ou la récolte des cultures. Les intempéries peuvent aussi influer sur les cultures et le bétail, qu’il s’agisse de la grêle, du vent, de températures extrêmement chaudes ou froides ou de tempêtes, surtout aux périodes critiques du cycle de croissance. Indirectement, la fluctuation des 16 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario températures exerce un effet sur la présence d’organismes nuisibles et de maladies ainsi que sur la gravité de ces problèmes, ce qui crée des difficultés de production pour les agriculteurs touchés. Le défi à venir consiste à accroître le rendement par unité de superficie, compte tenu des changements climatiques et de la diminution de la disponibilité des terres se prêtant à la production agricole, tout en répondant aux besoins nutritionnels d’une population humaine qui continue de croître. • Atténuation des risques – salubrité des aliments et sécurité alimentaire Les défis liés aux changements climatiques peuvent engendrer des risques en matière de salubrité des aliments, comme dans le cas des nouveaux pathogènes d’origine alimentaire et des organismes toxinogènes ayant le potentiel de contaminer les aliments et de nuire à la santé des consommateurs. Des organismes nuisibles qui, auparavant, ne pouvaient survivre dans le climat du Canada pourraient être susceptibles de s’y établir et d’y élargir leur portée, causant une diminution du rendement et de la qualité. La menace qui plane sur la sécurité alimentaire – soit l’offre d’une quantité suffisante d’aliments pour nourrir la population mondiale – constitue un autre risque. Même si, au Canada, ce risque n’est pas aussi élevé qu’ailleurs en raison de la taille, de la diversité et de la capacité de notre production agricole, il préoccupe grandement les pays qui dépendent des importations pour combler une partie importante de leurs besoins alimentaires. • Qualité Dans les économies émergentes, de plus en plus de gens de la classe moyenne recherchent des aliments de meilleure qualité et cherchent à ajouter plus de viande, de produits laitiers, d’huile et de sucre à leur alimentation. Au Canada et dans les autres pays développés, les consommateurs sont en quête d’aliments de grande qualité, que ce soit pour améliorer leur santé ou tenir compte des préoccupations sociales, environnementales ou relatives au bien-être des animaux. En plus de diminuer la production, les organismes nuisibles et les maladies qui affligent les cultures et le bétail peuvent avoir des répercussions importantes sur la qualité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux. Par exemple, dans le cas de la production céréalière, l’infestation du blé par le fusarium peut grandement diminuer l’offre d’aliments de qualité pour le bétail. Lorsqu’il y a trop de pluie ou pas assez, la qualité des cultures est directement touchée, comme dans le cas du fourrage dont on nourrit les vaches laitières, ce qui peut avoir une incidence sur le lait qu’elles produisent. Le gel ou la grêle peut facilement endommager les cultures fruitières et légumières, les rendant impropres à la commercialisation. 8.2 Compétitivité mondiale Le secteur agroalimentaire canadien a le défi constant de demeurer concurrentiel dans le marché agricole mondial. En 2011, le Canada représentait 3,3 % de la valeur totale des exportations mondiales dans le domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire, et s’est classé au sixième rang à cet égard, ses exportations mondiales étant évaluées à 40,3 milliards de dollars26. • Production L’amélioration du potentiel génétique pour accroître le rendement des cultures dépend des nouveaux progrès scientifiques. De plus, diverses caractéristiques liées aux cultures, telles que la santé, la protection des plantes et les applications industrielles, sont le moteur de nouvelles découvertes. Ailleurs dans le monde, des économies en croissance émergent en tant que concurrents majeurs dans des domaines où le Canada a toujours eu une longueur d’avance. 26 Les coûts des intrants, tels que les semences, l’engrais et la protection des cultures, augmentent rapidement et, dans de nombreux cas, plus vite que la marge brute liée aux cultures. D’autres coûts de production, tels que les coûts d’énergie et de main-d’œuvre, sont également à la hausse. Plus particulièrement dans le secteur des fruits et des légumes, le coût élevé de la main-d’œuvre et la disponibilité des travailleurs sont une source de préoccupation, car bon nombre de cultures horticoles doivent être semées et récoltées à la main pour en préserver la qualité. L’escalade du coût des terres touche tous les secteurs agricoles. En outre, la réaffectation des terres – de la production de fourrage à des cultures plus rentables – exige une productivité accrue à partir des hectares de fourrage disponibles. De plus en plus, l’accès au marché international subit aussi l’influence des enjeux sanitaires et phytosanitaires. Les exigences de la société sont en train de changer, surtout en ce qui a trait au bien-être des animaux et à l’environnement. Les défis liés à la production, antérieurement relevés au moyen de solutions chimiques, pharmaceutiques ou des infrastructures, doivent de plus en plus compter sur de nouvelles façons de faire, à l’heure où les consommateurs remettent en question les pratiques agricoles traditionnelles. Répondre aux attentes des consommateurs à cet égard peut entraîner une hausse des coûts et une diminution des volumes de production. Toutefois, cette avenue permet aussi d’accroître les possibilités de nouveaux créneaux offrant aux consommateurs un choix de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux – que cette nourriture soit traditionnelle, biologique ou génétiquement modifiée. Vue d’ensemble du système agricole et agroalimentaire canadien 2013, Agriculture et Agroalimentaire Canada, http://www.agr.gc.ca/ fra/a-propos-de-nous/publications/publications-economiques/liste-alphabetique/vue-d-ensemble-du-systeme-agricole-etagroalimentaire-canadien-2013/?id=1331319696826. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 17 • Atténuation des risques Le prix des denrées alimentaires, des aliments pour animaux et des produits est de plus en plus volatile et imprévisible. Cette volatilité présente des risques, tant pour les producteurs que pour les consommateurs d’aliments. Un peu partout dans le monde, la concurrence s’intensifie lorsqu’il s’agit d’utiliser la terre arable et des ressources clés, telles que l’eau, les nutriments des cultures et d’autres ressources naturelles. Les impacts environnementaux de la diminution de la santé du sol et de la réduction de l’efficacité des engrais sont particulièrement inquiétants. Les ressources naturelles s’épuisent et la population ne cesse de croître. D’après les plus récentes prévisions de l’Organisation des Nations Unies, la population mondiale devrait atteindre neuf milliards d’ici 2043, en hausse par rapport au sommet actuel de sept milliards atteint en octobre 201127. Soucieux de répondre aux attentes à l’égard d’un rendement élevé et d’autres caractéristiques souhaitables, les agronomes modernes ont sélectionné des variétés, ce qui a fragilisé la constitution génétique de certaines d’entre elles. Cette concentration génétique présente un risque potentiel pour la stabilité de la production des produits touchés, tant dans le secteur du bétail que dans celui des cultures, surtout en raison de la présence accrue de nouveaux organismes nuisibles et de nouvelles maladies ainsi que de l’augmentation de leur gravité. La diversité génétique est essentielle à l’amélioration soutenue des cultures et du bétail en vue des défis à venir. Il importe de maintenir cette diversité afin de protéger la productivité agricole et, par conséquent, la source de l’approvisionnement alimentaire mondial. Les multinationales dominent dans de nombreux secteurs clés de la chaîne de valeur agroalimentaire, tels que la génétique des semences, la manutention des grains et la transformation des aliments. Une concurrence s’exerce entre ces entreprises et au 27 http://esa.un.org/unpd/wpp/Other-Information/faq.htm#q1. 18 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario sein de celles-ci afin de susciter des investissements en recherche et développement au Canada et à l’échelle mondiale. Il est donc crucial que le Canada offre un environnement propice à l’investissement. Si nous réussissons à attirer des investissements de la part de ces entreprises, il sera plus facile de répondre aux besoins et aux préoccupations du Canada dans ces domaines et d’en saisir les possibilités. L’envoi de puissants signaux par le gouvernement fédéral, quant à l’importance de l’investissement en recherche dans ce secteur et du soutien qu’exige cet investissement, augmentera l’intérêt et l’engagement des firmes mondiales envers le Canada. Par ailleurs, à l’échelle mondiale, le marché canadien des semences est petit et n’est donc pas, dans la plupart des cas, au cœur de l’effort en recherche et développement des firmes mondiales. Par conséquent, l’investissement public dans l’amélioration au moyen d’outils de sélection de pointe issus de la génomique revêt une importance plus grande pour le Canada que pour des pays ayant un vaste marché, si l’on souhaite veiller à ce que les agriculteurs canadiens aient accès à du matériel génétique adapté à leurs besoins. • Qualité Le Canada est une source d’aliments de qualité pour de nombreux pays. Il s’agit d’un important exportateur dont bon nombre des marchés internationaux dans le domaine des exportations agricoles reposent sur la qualité plutôt que sur le volume. Les exportations de viande de porc et de soja alimentaire au Japon sont des exemples de cet accent mis sur les créneaux, tout comme l’huile de canola, le blé à haute teneur en protéines et la cerise douce. Il importe que le Canada préserve la qualité élevée de ses exportations de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux afin de conserver, voire d’élargir, ses marchés internationaux. Le niveau de qualité doit correspondre aux besoins du marché et au prix qu’il est prêt à payer. Les marchés mondiaux ne sont pas tous des marchés haut de gamme et la production n’est pas entièrement destinée à ces derniers. Par conséquent, il faut viser une approche équilibrée entre la recherche de marchés haut de gamme et la garantie de volumes importants. Il est dans l’intérêt national d’exporter des produits alimentaires de la plus haute valeur, plutôt que sous la forme de produits non différenciés, car cette approche crée des emplois et de la richesse chez nous ainsi que des marchés plus stables à l’étranger. La qualité des aliments influe aussi sur le bien-être nutritionnel des consommateurs. Tout comme dans d’autres pays développés, la population du Canada est vieillissante. Une saine alimentation, reposant sur l’offre d’aliments de qualité aux propriétés nutritionnelles favorables, peut avoir une incidence positive sur les coûts à venir en matière de soins de santé. 8.3 Processus de réglementation • Production Si la réglementation est nécessaire à l’établissement et au maintien de normes de qualité et de production, aux relations commerciales internationales et à la gérance de l’environnement, elle crée aussi des tensions entre le commerce mondial et l’approvisionnement local. On constate cette dichotomie surtout dans les marchés où les producteurs nationaux d’un produit doivent respecter des normes précises en matière de production ou de protection de l’environnement, alors que des producteurs de ce même produit dans d’autres pays ne sont pas tenus de s’y conformer, ce qui leur permet d’offrir leur produit sur le marché à un coût moindre. • Atténuation des risques Il importe que le secteur agroalimentaire canadien préserve sa capacité de développer de nouveaux produits agricoles, qu’il s’agisse de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux, de combustibles ou de fibres. Il importe tout autant de maintenir l’accès de ces produits aux marchés d’exportation. Si le secteur agroalimentaire canadien en est incapable en raison des pressions et des contraintes de la réglementation, son potentiel de croissance en souffrira. Au fur et à mesure qu’évoluent la recherche et l’innovation, en particulier dans le domaine de la génomique, il est essentiel de veiller à ce que le système de réglementation soit rationalisé et efficace afin que les nouvelles technologies puissent passer du laboratoire à la ferme ou aux installations de transformation. Les autorités de réglementation doivent être au fait des récents progrès et des technologies de pointe, et posséder une solide connaissance du secteur agroalimentaire. • Qualité De nombreuses pénuries alimentaires dans le monde sont influencées par des facteurs autres que la capacité de production, notamment l’inefficacité de la distribution, le gaspillage et la détérioration, la pauvreté et les troubles politiques. Même si la génomique ne peut influer directement sur les facteurs liés à l’infrastructure, les progrès de la science peuvent offrir des solutions à de nombreux problèmes de gaspillage et de détérioration qui nuisent à l’approvisionnement mondial en aliments. De même, les outils de la génétique peuvent être très utiles pour garantir l’authenticité et la pureté dans les filières de production et de commercialisation de même que pour faciliter le repérage des adultérants et des contaminants. 8.4Santé et nutrition • Production Les Canadiens, tout comme la population de nombreux pays développés, ont accès à plus de denrées alimentaires que jamais auparavant. L’abondance et la qualité des aliments ne sont pas problématiques du point de vue de la sécurité alimentaire. Toutefois, on constate un problème grandissant sur le plan de Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 19 la santé : comme les gens ont accès à des ressources alimentaires en abondance, ils ont en général tendance à être plus gros qu’auparavant. L’obésité chez les adultes et les enfants est à la hausse, ce qui engendre une foule de problèmes de santé, tels que l’hypertension artérielle, le diabète de type 2, des taux de cholestérol sanguin élevés et un risque accru de cancer, de cardiopathies et d’accident vasculaire cérébral. Richard Carmona, ancien Chef du service de santé américain, a fait la mise en garde suivante : « En raison de l’augmentation du taux d’obésité, des habitudes alimentaires malsaines et de l’inactivité physique, il se peut que cette génération soit la première à être en moins bonne santé et à avoir une espérance de vie inférieure à celle de leurs parents »28. Il importe aussi de tenir compte de la nutrition et de la santé des animaux. Des animaux d’élevage en santé sont une source de produits alimentaires sains et de qualité et permettent de réduire le risque de transmission de maladies entre les animaux et les humains, préoccupation grandissante en matière de santé à l’échelle mondiale. 8.5Rôle de la recherche et du développement dans la politique gouvernementale D’après une étude menée par l’Institut canadien d’information sur la santé et l’Agence de la santé publique du Canada, l’obésité coûte annuellement à l’économie canadienne entre 4,6 milliards de dollars et 7,1 milliards de dollars. Voilà qui représente des coûts directs pour le système de santé et des coûts indirects pour la productivité29. • Production La politique agricole canadienne est traditionnellement axée sur les programmes de revenu agricole et de soutien au revenu agricole. L’investissement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada en recherche et développement est surtout concentré à l’interne, quoique ces dernières années, on a assisté à un changement d’approche, du financement étant offert pour appuyer les priorités de l’industrie et favoriser son pouvoir d’influence. Le rôle du Canada dans la recherche et le développement de la technologie est très important, et il se révèle nécessaire pour le gouvernement de même que pour préserver l’investissement du secteur privé et des producteurs. • Atténuation des risques et qualité Le lien entre, d’une part, la santé humaine et, d’autre part, l’alimentation et la nutrition est indéniable. De nombreux problèmes de santé peuvent être résolus ou même évités par l’adoption d’un style de vie sain. La génomique peut jouer un rôle important en contribuant à façonner ce lien entre la santé et l’alimentation, par son appui à la production d’aliments dotés de meilleures propriétés sur le plan de la salubrité, de la nutrition et du fonctionnement, et à répondre à certaines préoccupations en matière de santé en augmentant l’offre de produits de qualité. La majeure partie du financement de la recherche au Canada est à court terme, soit en général d’une durée de trois à cinq ans. Dans un domaine comme la génomique, l’atteinte de progrès notables peut exiger des décennies, de sorte que l’on constate un véritable besoin d’engagements à long terme en matière de financement de la recherche correspondant aux cycles de recherche et de commercialisation. Un engagement à long terme de la part du gouvernement contribuera à attirer et à retenir plus d’investissements privés et de talents au Canada. 28 http://www.heart.org/HEARTORG/GettingHealthy/Overweight-in-Children_UCM_304054_Article.jsp. 29 http://www.theglobeandmail.com/life/health-and-fitness/health/conditions/obesity-costs-economy-up-to-7-billion-a-year/ article583803/. 20 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario • Atténuation des risques À l’heure actuelle, une part considérable du travail en recherche et développement dans le domaine de la génomique relève de multinationales, dont le marché canadien représente une petite partie de leur marché mondial. L’appui du secteur public et des producteurs envers la recherche fondamentale et appliquée est essentiel pour s’assurer que le Canada demeure à l’avant-garde de la recherche et du développement dans le domaine agricole et que les besoins des producteurs dans nos zones climatiques sont suffisamment pris en compte. Cependant, les investissements et le rôle des multinationales sont indispensables, car ils élargissent le savoir-faire et les ressources consacrés à la recherche et favorisent la commercialisation, y compris la navigation dans le processus d’approbation réglementaire. Le Canada a d’énormes capacités en recherche et développement dans le secteur agricole et doit continuer d’en tirer le meilleur avantage pour attirer l’investissement international. En plus de recourir à des leviers, tels que la politique de crédit d’impôt Recherche scientifique et Développement expérimental et les programmes de financement nationaux et provinciaux, le Canada doit avoir d’importants programmes de sensibilisation des entreprises et d’autres organismes afin de favoriser le développement en fonction des priorités. • Qualité Le Canada commercialise avec succès le canola, les légumineuses à grains, le blé et de nombreuses autres grandes cultures et cultures horticoles, mais malgré un solide rendement sur le capital investi, la transmission de la recherche et des idées – des milieux gouvernemental et universitaire vers l’industrie – demeure inefficace, ce qui risque d’entraver les efforts de commercialisation. Les défis du passage menant de la découverte à la commercialisation sont attribuables à de nombreux facteurs, dont des capitaux limités, l’absence d’une capacité réceptrice de la part des entreprises lorsqu’il s’agit de développer une idée pour en faire un produit commercialisable ainsi qu’une incapacité ou un manque de volonté de la part des scientifiques de développer de nouvelles technologies ou de nouveaux produits à un point où les entreprises puissent les adopter avec succès. La prochaine génération d’investissements en recherche dans le domaine de la génomique pourrait faciliter l’étape suivant la découverte en favorisant le développement vers la réussite commerciale. 8.6Durabilité, éducation et sensibilisation • Production et qualité Les acheteurs de produits agricoles – transformateurs, détaillants, fournisseurs de services alimentaires et consommateurs – sont de plus en plus à la recherche de garanties que les denrées alimentaires qu’ils utilisent ont été produites de façon responsable et durable. Ils veulent aussi en connaître la provenance, parfois jusqu’à la ferme d’origine, et savoir qu’il est possible de suivre ce produit à la trace dans le système alimentaire. Voilà qui fait partie du pacte social que doit respecter le secteur pour fonctionner. Le maintien de la confiance des consommateurs envers les produits et les pratiques de production du Canada est essentiel pour conserver cette légitimité sociale. • Atténuation des risques Le manque de connaissances scientifiques et de compréhension des pratiques modernes de production agricole de la part des consommateurs et des autorités de réglementation peut menacer le développement et l’adaptation des nouvelles technologies. De nombreux groupes de représentation sont en Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 21 mesure d’obtenir un appui public important pour faire progresser leurs causes, ce qui risque d’entraîner un sous-investissement, des coûts de développement élevés et des retards de commercialisation. Le manque de connaissances et de compréhension influe sur la modernisation de la réglementation. Arctic Apple , par exemple, illustre comment le génie génétique peut être utilisé pour réduire le gaspillage et créer de nouveaux débouchés pour les pommes dans le secteur de la transformation minimale. Toutefois, ce progrès se heurte à une forte opposition de la part de groupes de représentation qui sont contre les organismes génétiquement modifiés, et les approbations réglementaires qui permettraient la commercialisation de ce produit ne sont pas encore en place. ® 30 EnviropigMC est un autre exemple. Ce projet a fait les manchettes en 2012 lorsqu’il a été mis en veilleuse en raison d’un manque de marché. Il s’agit d’un porc transgénique créé par l’Université de Guelph, qui est davantage en mesure d’utiliser le phosphore des plantes, ce qui permet de réduire l’incidence environnementale de ses excréments sur le sol et l’eau. EnviropigMC est devenu un cas de découverte 30 http://www.hoover.org/publications/defining-ideas/article/126886. 22 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario en avance sur son temps en termes d’approbation réglementaire et d’acceptation du marché, quoiqu’il ait incité les autorités gouvernementales de nombreux pays à élaborer des politiques de réglementation applicables à l’utilisation des animaux transgéniques. Si la génomique englobe les technologies transgéniques, elle porte aussi sur de nombreuses pratiques d’amélioration traditionnelles. Cette application de la génomique pour raccourcir la durée du cycle et accroître l’efficacité des méthodes d’amélioration traditionnelles est méconnue ou mal comprise du grand public, qui présume habituellement à tort que les travaux en génomique sont axés sur le génie génétique ou la modification génétique. Ce manque d’appréciation de l’éventail complet des applications de la génomique indique qu’il est nécessaire d’éduquer et de sensibiliser les consommateurs et les autorités de réglementation aux pratiques agricoles modernes et aux connaissances scientifiques afin de favoriser l’essor de la génomique. Le secteur agroalimentaire a connu de nombreux succès en génomique. Il importe que ces histoires soient racontées d’une manière pertinente et porteuse de sens afin d’appuyer de nouveaux progrès. Les besoins en ressources humaines Les ressources humaines sont l’un des grands défis auxquels fait face l’ensemble du secteur. Bon nombre d’établissements de recherche sont aux prises avec une pénurie de professeurs en raison des départs à la retraite et des contraintes budgétaires. On constate une pénurie généralisée de personnel hautement qualifié dans des domaines tels que la bio-informatique, laquelle est devenue un élément clé de nombreuses sphères de la biologie. En génomique, par exemple, elle est essentielle au séquençage et à l’annotation des génomes et de leurs mutations observées; il faut du personnel compétent pour faire progresser vers des applications pratiques les données recueillies ou produites au moyen des nouvelles technologies. Les autorités de réglementation s’efforcent d’attirer et de retenir des employés possédant une connaissance et une compréhension des pratiques agricoles et des nouvelles technologies du secteur. Les producteurs primaires et les transformateurs ont besoin d’une main-d’œuvre stable, fiable et de plus en plus qualifiée sur la ferme et dans les installations de transformation. Les besoins en personnel hautement qualifié n’ont jamais été aussi criants et l’on s’attend à ce qu’ils le demeurent, à l’heure où le secteur s’élargit et où la main-d’œuvre du Canada est en période de transition en raison des départs à la retraite de la génération du baby-boom. Il est essentiel que le secteur agroalimentaire se positionne en tant qu’employeur attrayant et qu’il affecte des ressources aux efforts de recrutement et de maintien en poste. Par exemple, il faut faire davantage pour attirer les étudiants et les travailleurs dans ces disciplines et les y maintenir. Les subventions de recherche stratégique qui génèrent des réseaux et forment du personnel de qualité dans différents domaines sont des approches importantes et novatrices pour engager et mobiliser de nouveaux travailleurs. Certains organismes, dont Génome Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, les Réseaux de centres d’excellence du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines, ont déjà en place des programmes de cette nature. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 23 9.RÔLE DE LA GÉNOMIQUE DANS L’ATTÉNUATION DES PROBLÈMES ET LA CRÉATION DE POSSIBILITÉS La technologie de la génomique représente un puissant outil de sélection dans le domaine de la génétique et de l’amélioration des cultures et du bétail ainsi qu’un excellent outil de diagnostic permettant de repérer les risques de contamination ou de fausse représentation des produits. Cette application de la technologie de la génomique comporte des avantages pour la santé humaine et la nutrition, le bien-être des animaux, la salubrité des aliments et la sécurité alimentaire, la durabilité de l’environnement ainsi que la santé économique et la compétitivité. 9.1Environnement et changements climatiques Le Canada possède de nombreux avantages naturels en matière d’agriculture, dont la disponibilité de l’eau et des terres arables ainsi qu’une production diversifiée. La génomique joue déjà un rôle clé en contribuant à adapter la production agricole canadienne au rythme accéléré des changements climatiques, et de nombreux domaines encore inexploités offrent des possibilités de développement et d’expansion, notamment : • Optimisation du rendement par une augmentation de la résilience à la maladie, à la sécheresse et aux extrêmes de température. Dans le cas des cultures céréalières, par exemple, les sélectionneurs canadiens ont déjà mis au point des plantes qui arrivent à maturité beaucoup plus rapidement, évitant les risques de dommages causés par le gel. • Appui au développement d’outils moléculaires afin de détecter les pathogènes envahissants, les insectes nuisibles et les mauvaises herbes. Des initiatives, telles que le Projet international de code-barres du vivant et le projet portant sur les espèces envahissantes et justiciables de quarantaine dans le cadre de l’Initiative de recherche et développement en génomique31, élaborent actuellement des bases de données et des tests diagnostics qui peuvent servir à repérer avec plus de rapidité et d’exactitude des organismes se trouvant sur les produits importés et présentant un risque pour les cultures du Canada. • Accélération de la croissance du rendement, surtout dans le cas du blé, des oléagineux et des légumineuses à grains. Par exemple, on peut maintenant cultiver du soja au Manitoba et dans d’autres régions de l’Ouest canadien grâce aux travaux visant à adapter des variétés au climat de cette province. Au Manitoba, la superficie consacrée au soja a doublé entre 2006 et 201132. • Étude des mécanismes de défense et de progression de la maladie chez le bétail et la volaille afin de leur permettre de mieux résister aux maladies et aux organismes nuisibles actuels et émergents. • Optimisation de la valeur des cultures par l’amélioration de caractéristiques et de propriétés ayant des applications à valeur élevée en matière d’alimentation, de santé ou de bioproduits. Par exemple : »» l’amélioration des profils d’huile alimentaire du canola et du soja accroît la stabilité aux fins de transformation; »» la hausse du taux des acides aminés essentiels du soja et du maïs augmente la valeur nutritive des denrées alimentaires ou des aliments pour animaux33, ce qui peut se traduire par une diminution de la durée de commercialisation et une viande de meilleure qualité. • Amélioration des caractéristiques permettant de réduire l’empreinte de l’agriculture sur l’environnement, 31 http://grdi-irdg.collaboration.gc.ca/fra/rapports_annuels/2011_2012.html 32 http://www.gov.mb.ca/agriculture/statistics/pdf/crop_soybean_sector.pdf 33 ttp://www.croplifeamerica.org/phillipsmcdougallstudy; http://www.pewhealth.org/reports-analysis/reports/application-ofh biotechnology-for-functional-foods-85899368184. 24 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario comme l’adaptation à une production réduisant au minimum le travail du sol afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, ou la tolérance aux herbicides qui permet de diminuer le recours à du matériel de protection des cultures. Par exemple : »» des pratiques de culture sans labour sont actuellement utilisées sur plus de la moitié des terres cultivables du Canada, ce qui représente une augmentation de 23,8 % dans le domaine des pratiques de culture sans travail du sol en 2011, comparativement à 200634; »» en Saskatchewan, l’utilisation de canola tolérant aux herbicides a permis de réduire de 38 % le recours à du matériel de protection des cultures35. Si l’on souhaite régler à la fois le problème des changements climatiques et celui de la compétitivité, il importe d’intégrer des caractéristiques de production souhaitées aux variétés de cultures offertes aux agriculteurs canadiens. Il convient de mettre l’accent sur les caractéristiques les plus étroitement associées aux changements climatiques, ce qui peut stimuler la compétitivité et la productivité. Les changements climatiques ont une incidence sur la disponibilité de l’eau, la présence d’organismes nuisibles et la température – des éléments qui se répercutent tous sur le rendement et la qualité des cultures – de sorte que les caractéristiques associées à l’atténuation ou à l’adaptation de ces facteurs seront très bénéfiques. Les caractéristiques de survie de nombreux parents sauvages des cultures agricoles, qui se sont adaptées à des conditions environnementales et climatiques spécifiques, pourraient être intégrées aux cultures de production commerciale et accroître la diversité du matériel génétique. La préservation de la diversité génétique actuelle du bétail et des cultures par des efforts de conservation, tels que le travail en cours de Global Crop Diversity Trust36, est essentielle pour protéger les fondements biologiques de notre approvisionnement alimentaire. Les possibilités que présentent les semences de nombreuses cultures et variétés diversifiées – dont les semences patrimoniales, les espèces primitives et les parents sauvages des cultures, qui sont conservés par les agriculteurs et dans des banques de gènes mondiales – peuvent être développées et optimisées par le recours aux technologies que permet la génomique. Grâce aux outils de la génomique, nous pouvons accélérer l’adoption de caractéristiques propres à ces semences conservées et à d’autres variétés sauvages dans le cadre de programmes d’amélioration ainsi que leur entrée sur le marché. Non seulement cette approche contribuera-t-elle à renforcer la diversité de notre approvisionnement alimentaire et à le protéger du risque potentiel que présentent les nouveaux organismes nuisibles et les nouvelles maladies, mais elle permettra aussi de relever les défis liés aux changements climatiques et aidera le secteur agroalimentaire canadien, lequel a besoin d’être à la fois concurrentiel et rentable pour être autonome et élargir ses débouchés sur le marché. 9.2 Compétitivité mondiale Le Canada a acquis une bonne réputation en tant que source de produits alimentaires de qualité pour les marchés étrangers. Grâce à la génomique, il existe une véritable possibilité d’élargir les débouchés sur le marché mondial en s’attaquant aux problèmes de quantité et de qualité des aliments. Ces débouchés sont les suivants : 34 http://www.statcan.gc.ca/pub/95-640-x/2012002/05-fra.htm. 35 myth, S.J., M. Gusta, K. Belcher, P.W.B. Phillips et D. Castle. 2011. Changes in Herbicide use Following the Adoption of HR Canola S in Western Canada. Weed Technology 25:3:492-500. 36 http://www.croptrust.org/. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 25 • La recherche sur la tolérance à la sécheresse et l’utilisation plus efficace des ressources (p. ex., l’eau), qui permettent à la fois d’améliorer le rendement et de gérer les risques au Canada et qui pourraient présenter des avantages à l’extérieur de nos frontières. Par exemple, augmenter le rendement des cultures en Afrique, tout en utilisant moins d’eau au cours de la production, pourrait avoir de profondes répercussions sur les problèmes endémiques de ce continent en matière de sécurité alimentaire et de risques liés au climat. • Par exemple, les fruits et les légumes plus résistants peuvent être transportés sur de plus longues distances ou dans des conditions difficiles, tout en conservant leurs propriétés sensorielles et nutritives. Non seulement peut-on ainsi stimuler la consommation intérieure, mais on peut aussi aider les agriculteurs canadiens à commercialiser leurs produits dans d’autres marchés, au cours des périodes non saisonnières où la concurrence des sources locales est moindre. En Colombie-Britannique, par exemple, des cerises de fin de saison ont été développées pour être commercialisées après la consommation des principales cultures du Canada et des États-Unis. En combinant un produit de qualité et cette synchronisation avec le marché, les producteurs canadiens de cerises douces ont pu tirer un rendement élevé de la commercialisation de ce fruit en Asie. 9.3 Processus de réglementation Le système de réglementation du Canada, bien que tenu en haute estime par ses homologues internationaux, doit suivre l’évolution rapide de la nouvelle technologie. Il est essentiel d’avoir un cadre de réglementation prévisible, à vocation scientifique, pour consolider la politique du Canada en matière d’innovation, élaborer et maintenir les marchés d’exportation. L’industrie a tout particulièrement besoin de savoir que la voie vers 37 la commercialisation est claire et prévisible. Autrement, le Canada risque de perdre les investissements soutenus d’entreprises dans notre pays. À cette fin, une communication plus efficace entre les différents ministères ou organismes de réglementation est nécessaire, en particulier s’ils évaluent différents aspects d’un même produit. De plus, il importe de mieux définir les déclencheurs réglementaires applicables aux nouveaux produits et de réduire ces mesures lorsqu’il s’agit de produits familiers dont l’innocuité est démontrée. L’harmonisation des exigences et l’échange de données avec les ministères responsables de la réglementation dans d’autres pays contribueront aussi à faciliter le commerce. Étant donné que davantage de produits devront recevoir l’approbation du système de réglementation, les organismes de réglementation auront besoin de financement, de formation et de personnel pour répondre à la demande. Si l’on comptait environ 30 cultures génétiquement modifiées dans le monde en 2008, ce nombre devrait atteindre 120 d’ici 201537. 9.4Santé et nutrition Le lien entre l’alimentation et la santé est évident. Les plantes, les animaux et les êtres humains, les microbiomes des êtres humains et du bétail ainsi que le métagénome du sol des cultures, ont tous une incidence sur la santé et la nutrition. Le secteur agroalimentaire, appuyé par la génomique, peut améliorer la santé humaine par la production d’aliments offrant de meilleures propriétés en matière de salubrité, de nutrition et de fonctionnement, en plus de répondre à des questions de santé particulières en augmentant l’offre de produits de qualité. La biofortification des cultures de légumineuses à grains pour remédier aux carences alimentaires en vitamines et en minéraux en constitue un exemple. tein, Alexander J. et Emilio Rodríguez-Cerezo, 2009. The global pipeline of new GM crops: implications of asynchronous approval for S international trade, http://ipts.jrc.ec.europa.eu/publications/pub.cfm?id=2420. 26 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario L’expertise canadienne en génomique nutritionnelle nous permet de comprendre les différences des interactions entre nutriments et gènes et ce que cela pourrait signifier dans le cas de maladies aiguës et chroniques. La génomique agroalimentaire peut servir à mettre au point des aliments fonctionnels et des produits nutraceutiques – par exemple, en exprimant certaines caractéristiques en plus grande quantité ou en sélectionnant des variétés dont les caractéristiques seront mieux adaptées ou plus résistantes à la transformation – afin d’offrir de meilleures solutions en matière de santé. Aborder les problèmes de santé par une amélioration de la nutrition et du système alimentaire ouvre de nouvelles stratégies pour limiter la croissance des coûts des soins de santé. La génomique peut aussi avoir un impact sur la santé animale en renforçant la réponse immunitaire du bétail. Voilà qui permet non seulement d’améliorer grandement le bien-être des animaux, mais aussi de réduire le risque de transmission de zoonoses aux humains – comme la salmonelle ou le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline, bactérie responsable de plusieurs infections difficiles à traiter chez les humains. On peut aussi aborder des enjeux liés à la qualité des aliments et à la sécurité alimentaire au moyen de la génomique. Par exemple, bon nombre de pénuries alimentaires dans le monde sont autant imputables à des facteurs humains qu’à des déficits de production. Une étude publiée par l’Institution of Mechanical Engineers en 2013 estime qu’entre 30 % et 50 % – soit entre 1,2 et 2 milliards de tonnes – de toute la nourriture produite n’atteint jamais un estomac humain38. Une grande quantité d’aliments est gaspillée ou se détériore en raison de l’inefficacité de la production ou d’une incapacité à les transporter, à les entreposer ou à les distribuer de façon appropriée à cause de l’insta- bilité politique ou d’un manque d’infrastructure. Dans les pays développés, le gaspillage alimentaire découle plus souvent du comportement des détaillants et des clients : les acheteurs de produits frais peuvent rejeter des fruits et des légumes parfaitement consommables parce que ceux-ci ne respectent pas exactement les normes de commercialisation liées à des caractéristiques physiques, telles que la taille et l’apparence. À l’échelle mondiale, les détaillants génèrent chaque année 1,6 million de tonnes d’aliments gaspillés de cette façon39. La génomique peut servir à améliorer la résistance et la tolérance des cultures, en particulier des cultures horticoles, afin qu’elles puissent mieux supporter le transport, l’entreposage et la manutention, même dans des conditions difficiles. Voilà qui pourrait contribuer à stabiliser la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, réduire le gaspillage alimentaire et favoriser la santé et la nutrition des humains dans de nombreuses régions du monde. 9.5Rôle de la recherche et du développement dans la politique gouvernementale Afin de maintenir une solide base de recherche et de développement au Canada, il importe de ne pas concentrer toute la recherche dans les mains de quelques joueurs ou de ne pas se fier uniquement au travail accompli dans d’autres pays. Afin de compléter les efforts du secteur public, les organisations de producteurs doivent être mobilisées pour effectuer des investissements et contribuer à attirer des multinationales et d’autres organismes afin qu’ils utilisent leurs outils de productivité dans des secteurs tels que le maïs et le soja – tout comme dans le cas du développement du canola dans l’Ouest canadien. En Australie, les partenariats tripartites qui mobilisent des groupes de producteurs sont reconnus, par 38 http://www.imeche.org/knowledge/themes/environment/global-food. 39 Ibid. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 27 exemple, pour contribuer à remettre en question la part de marché des exportations de blé du Canada. L’Australie consacre quatre fois plus de fonds à la recherche et au développement sur le blé que le Canada40. De solides réseaux entre le milieu universitaire, l’industrie, les producteurs, le gouvernement et d’autres bailleurs de fonds pour la recherche sont nécessaires afin de favoriser et d’appuyer des investissements soutenus en recherche dans le domaine de la génomique. Le milieu universitaire a un rôle à jouer pour tenir l’industrie au courant des progrès de la recherche, de manière à ce qu’elle sache « ce qui est possible », rôle qui incombe aussi aux chercheurs scientifiques du gouvernement. De même, l’industrie doit faire connaître au milieu universitaire et au gouvernement les demandes de ses clients – consommateurs, détaillants, entreprises de transformation et autres. L’établissement de ces réseaux permettra une meilleure adéquation entre les besoins en recherche de l’industrie et la capacité de recherche du milieu universitaire. Il permettra aussi de mettre en commun les connaissances, le talent et les ressources financières afin de veiller au développement et à l’adoption des outils de la génomique. Les centres de génomique ou d’autres organismes pourraient avoir le rôle de faciliter ces liens et d’agir en tant que catalyseurs pour favoriser la commercialisation de la recherche prometteuse ainsi que l’accès aux utilisateurs finaux avec l’acceptation publique. 9.6Durabilité, éducation et sensibilisation Le secteur agroalimentaire fait face à un manque de compréhension de la part du public quant à la façon dont les aliments sont produits. Moins de 2 % des Canadiens appartiennent au secteur de l’agriculture primaire. D’après une étude menée par Ipsos Reid pour le compte de Farm and Food Care 40 Ontario en 2012 sur les attitudes du public, 56 % des Canadiens ont une opinion favorable ou plutôt favo rable de l’agriculture canadienne, et 32 % ont indiqué ne pas avoir d’impression favorable ou défavorable. En général, ils sont d’avis que les aliments canadiens sont salubres, bien inspectés et réglementés, et que les agriculteurs respectent l’éthique et sont dignes de confiance. Toutefois, dans le cadre de la même étude, 34 % des Canadiens étaient préoccupés par les pratiques canadiennes actuelles en matière de production des aliments. Voilà qui indique que le secteur doit jouer un rôle de sensibilisation plus proactif auprès du public en ce qui a trait à la science, à l’agriculture et à la production des aliments, surtout pour contrebalancer les campagnes bien financées de groupes qui remettent en question l’éthique, la salubrité et les impacts environnementaux de l’industrie. Ces organismes de représentation utilisent tous les outils à leur disposition – y compris exploiter les craintes du public et déformer la vérité – pour discréditer les progrès scientifiques et faire avancer leurs propres causes. La génomique peut contribuer à préserver la confiance des consommateurs envers l’offre alimentaire. Elle peut appuyer des pratiques de production durables par l’amélioration de la résistance des plantes et des animaux, qui requièrent ainsi moins d’eau et moins d’autres intrants. Elle peut aussi favoriser la santé et la nutrition au moyen de cultures et de bétail offrant des avantages nutritionnels et des effets bénéfiques sur la santé des humains et des animaux. Elle peut aussi aider le secteur agroalimentaire à veiller à la salubrité des aliments et à en retracer la provenance par l’utilisation d’outils diagnostics reposant sur la génomique et pouvant, par exemple, déterminer facilement l’origine et la présence de contaminants. Valgen.ca policy brief no 35, August 2012: Public private partnerships and Canada’s Agricultural Sector. 28 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario 10. LES PROCHAINES ÉTAPES VERS LA RÉUSSITE Le secteur agroalimentaire subit une vive concurrence à l’échelle mondiale. Toutefois, la concurrence apporte aussi des possibilités. L’augmentation du rendement et de l’efficacité des cultures et du bétail est nécessaire si l’on souhaite nourrir plus de gens et satisfaire aux exigences de plus en plus diversifiées des consommateurs, tout en maintenant de faibles coûts et en tenant compte des problèmes liés aux changements climatiques. L’avantage concurrentiel du Canada dans le domaine de l’agriculture, outre l’abondance de ses ressources en terres arables et en eau, repose sur la qualité de ses produits et de ses marchés. Il importe donc que le secteur soit concurrentiel sur le plan commercial, de sorte que l’industrie canadienne puisse tirer le meilleur parti des débouchés offerts. Le secteur agroalimentaire du Canada accorde une place importante à la génomique comme outil pour répondre à nos besoins. On constate des réussites dans de nombreux secteurs, mais il y a aussi des domaines où des investissements et des mesures sont nécessaires. Ces besoins correspondent bien au cadre lancé récemment – Cultivons l’avenir 2 – qui est axé sur la compétitivité et le développement des marchés, l’adaptabilité et la durabilité ainsi que l’innovation. Dans l’ensemble, on constate des possibilités dans les domaines suivants : • Santé humaine et nutrition – Il s’agit de mettre à profit le lien entre la santé et l’alimentation pour améliorer la santé humaine par le recours à la génomique dans la production des aliments. • Environnement et changements climatiques – Il importe de mettre en place la technologie nécessaire pour optimiser les besoins en eau et en nutriments des cultures, afin d’en accroître le rendement et de contribuer à des pratiques agricoles durables. Les progrès de la recherche en génomique portant sur le bétail peuvent accroître la productivité, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. • Stabilité économique et politique – À l’échelle nationale, un solide secteur agroalimentaire est synonyme d’emploi et de maintien de la structure économique rurale du Canada. À l’échelle mondiale, la génomique peut avoir une incidence favorable sur la sécurité alimentaire, en permettant de réduire les troubles politiques souvent causés par une montée en flèche des prix des aliments et par des pénuries de nourriture ou d’eau. 10.1Objectifs à court terme Les objectifs à court terme de la stratégie du secteur agroalimentaire canadien dans le domaine de la génomique sont axés sur l’économie et le commerce. La poursuite du développement de la recherche en génomique favorisera la création d’emplois et de possibilités chez nous, et permettra aux agriculteurs, aux exportateurs et à d’autres intervenants de créer des marchés d’exportation et de les élargir. Les ressources terrestres, climatiques et naturelles du Canada en font un candidat idéal en vue d’accroître la production axée sur le marché. Le Canada fait aussi figure de chef de file en recherche et en innovation agroalimentaires. Il est possible de transmettre ces progrès à d’autres pays, de sorte que les exportations comprennent non seulement la production agroalimentaire, mais aussi le savoir-faire scientifique. 10.2Objectifs à long terme À long terme, les objectifs agroalimentaires du Canada reposent sur la santé, le commerce et l’économie. La génomique peut être un moteur de changement qui contribuera à l’atteinte de ces objectifs. Toutefois, il faudra du temps pour obtenir des résultats utiles, de sorte qu’il importe que la priorité soit mise sur l’investissement à long terme dans le domaine de la génomique. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 29 10.3Besoins recensés Dans le cadre de cette stratégie, des besoins ont été recensés en tant qu’éléments importants des prochaines étapes vers la réussite : • Améliorer l’éducation et le rayonnement Il est nécessaire d’accroître la sensibilisation et la compréhension des consommateurs et des autorités de réglementation en ce qui a trait à la technologie de la génomique et à ses avantages. Les autorités de réglementation doivent être informées, de manière à pouvoir prendre des décisions éclairées en matière d’approbation réglementaire des nouvelles technologies et des nouveaux produits qui découlent de la recherche en génomique. Les consommateurs devraient avoir une idée générale de la génomique et de la production moderne des aliments; la désinformation et les idées fausses peuvent mener au rejet de technologies vitales pour la santé et la nutrition à venir. • Établir des réseaux De solides réseaux sont nécessaires pour relier le milieu universitaire, l’industrie et le gouvernement afin de favoriser une meilleure adéquation entre les besoins en recherche et la capacité de recherche. Ces réseaux efficaces contribueront à faciliter et à appuyer l’investissement soutenu dans la recherche en génomique et permettront la pleine réalisation de synergies dans les efforts de recherche. 30 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario Le milieu universitaire a un rôle à jouer pour tenir l’industrie et les autorités de réglementation au courant des progrès de la recherche, de manière à ce qu’ils sachent « ce qui est possible » et aient une idée des nouvelles technologies au moment où elles font leur entrée dans le système d’approbation réglementaire. De même, il incombe à l’industrie de communiquer au milieu universitaire les demandes de leurs clients – consommateurs, détaillants, entreprises de transformation et autres. Des organismes, tels que les centres de génomique et d’autres organisations, peuvent faciliter l’établissement de ces réseaux et agir en tant que catalyseurs pour favoriser la commercialisation de la recherche prometteuse jusqu’à l’utilisateur final. • Renforcer la capacité des ressources humaines Le domaine de la génomique a un besoin non comblé de personnel qualifié dans des sphères comme la bio-informatique. On constate des pénuries croissantes de professeurs en recherche en raison des départs à la retraite et des contraintes budgétaires. Les organismes de réglementation éprouvent de la difficulté à attirer du personnel et à le conserver, et ce besoin ne cessera de croître, car de plus en plus de produits seront présentés pour approbation réglementaire. 11. RECOMMANDATIONS En ce qui a trait aux défis recensés dans ce rapport, qui peuvent être directement relevés au moyen d’acti vités agroalimentaires reposant sur la génomique, nous formulons les recommandations suivantes : • Stimuler la compétitivité du Canada par la qualité des aliments. Grâce à la génomique, il est possible d’élargir les débouchés sur le marché mondial en répondant aux besoins émergents en matière de qualité des aliments. On peut optimiser la valeur des cultures en améliorant des caractéristiques et des propriétés ayant des applications de grande valeur dans le domaine de l’alimentation, de la santé ou des bioproduits. • S’adapter aux changements climatiques au moyen de cultures et de bétail plus résistants. Il s’agit d’optimiser le rendement en augmentant la résistance à la maladie, à la sécheresse et aux extrêmes de température, d’appuyer le développement d’outils permettant de détecter les pathogènes envahissants, les insectes nuisibles et les mauvaises herbes, et d’améliorer des caractéristiques qui réduiront l’empreinte environnementale de l’agriculture. • Améliorer la santé des êtres humains et des animaux. La génomique peut contribuer à améliorer la santé humaine en produisant des aliments plus salubres ou en offrant des propriétés nutritionnelles et fonctionnelles. Elle peut aussi avoir une incidence favorable sur la santé animale en renforçant la réponse immunitaire du bétail, ce qui diminue le risque de transmission de zoonoses aux humains. • Augmenter la sécurité alimentaire mondiale et réduire le gaspillage de nourriture. La génomique permet aux cultures, en particulier aux cultures horticoles, de mieux supporter le transport, l’entreposage et la manutention, même dans des conditions difficiles, ce qui permet d’accroître l’offre d’aliments dans de nombreuses parties du monde et de réduire le gaspillage de nourriture. Ce rapport recense aussi des défis qui, même s’ils ne peuvent être relevés au moyen de la génomique, doivent être pris en compte pour permettre à la génomique d’atteindre son plein potentiel dans le secteur agroalimentaire, et permettre à ce dernier de s’attaquer efficacement aux problèmes de sécurité alimentaire, de qualité, de changements climatiques et de santé humaine. Nous formulons donc les autres recommandations suivantes : • Faciliter le processus réglementaire. Il est nécessaire d’améliorer l’efficacité des communications entre les différents ministères ou organismes de réglementation afin de favoriser la rationalisation du système de réglementation. Il importe également de mieux définir les déclencheurs réglementaires applicables aux nouveaux produits et de réduire ces mesures lorsqu’il s’agit de produits familiers dont l’innocuité est démontrée. • Maintenir la confiance du public envers l’offre alimentaire. Le secteur agroalimentaire doit jouer un rôle plus proactif auprès du public en ce qui a trait à la science, à l’agriculture et à la production des aliments, afin de maintenir la confiance de celui-ci envers les produits alimentaires du Canada et ses systèmes de production. La génomique peut favoriser des pratiques de production durable ainsi que la sécurité alimentaire. Elle permet aussi de retracer la provenance des aliments au moyen d’outils diagnostics fondés sur la génomique qui peuvent repérer, par exemple, la présence de contaminants et leur origine. • Établir de solides réseaux entre le milieu universitaire, le gouvernement, les producteurs et l’industrie. Des réseaux efficaces contribueront à optimiser l’utilisation des ressources disponibles et permettront de réaliser une meilleure adéquation entre les besoins en recherche de l’industrie et la capacité de recherche du milieu universitaire. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 31 12. CONCLUSION : LE CANADA, LA GÉNOMIQUE ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE MONDIALE Produire des aliments salubres et de qualité, en plus grande quantité sur une superficie moindre, tout en réduisant l’impact sur l’environnement constitue l’un des grands défis du XXIe siècle. Les ressources s’épuisent, la population humaine s’accroît et les changements climatiques ont une incidence sur tout ce qui nous entoure, qu’il s’agisse de la disponibilité de l’eau ou des conditions météorologiques. Même si la qualité, le rendement et la production des aliments à l’échelle mondiale ont enregistré des gains remarquables au cours du dernier siècle, environ 870 millions de personnes dans le monde souffrent toujours de malnutrition sur une base chronique. En ayant recours à la génomique, le secteur agroalimentaire peut jouer un rôle de premier plan en matière de sécurité alimentaire mondiale dans les pays développés ainsi que dans les économies émergentes et les régions en voie de développement. Le recours à la génomique et aux technologies découlant de la génomique dans le secteur agroalimentaire constitue un puissant outil pour améliorer les cultures et le bétail et poser des diagnostics permettant, par exemple, de détecter une contamination, la présence d’une maladie ou une déclaration trompeuse à l’égard d’un produit. L’application de la génomique présente des avantages pour la santé humaine et la nutrition, le bien-être des animaux, la salubrité des aliments et la sécurité alimentaire, la protection de l’environnement ainsi que la santé économique et la compétitivité. Le Canada possède de nombreux avantages naturels dans le domaine de l’agriculture, dont la disponibilité de l’eau et des terres arables ainsi que la diversité des 32 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario produits. De plus, son infrastructure de recherche est bien développée, il est tenu en haute estime à l’échelle mondiale et il a largement adopté la génomique dans le secteur agroalimentaire. L’ascendant que le Canada peut avoir ici comporte deux volets : la production et l’exportation de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux, de combustibles et de fibres de même que le partage et l’adaptation des innovations et des technologies à des fins d’utilisation dans d’autres régions du monde. Par exemple, l’Afrique pourrait complètement changer la donne en matière de sécurité alimentaire sur ce continent si elle pouvait mieux exploiter son potentiel agricole. Les pays BRIC – Brésil, Russie, Inde et Chine – représentent des débouchés commerciaux, mais peuvent faire concurrence à l’agriculture et aux aliments du Canada en faisant croître leur propre secteur agricole. L’investissement soutenu du secteur privé, du secteur public et des producteurs dans le développement de la génomique peut aider le Canada à transformer ces défis en avantages commerciaux et à affirmer sa domination mondiale dans ce domaine. En fin de compte, la génomique et les technologies connexes nous aideront à créer et à soutenir un monde meilleur pour les générations à venir – un monde permettant d’améliorer la santé, la sécurité alimentaire et les pratiques de production durable. L’atteinte de cet objectif repose sur l’appui et l’engagement soutenus du secteur public, du secteur privé et des producteurs envers la génomique. ANNEXE Atelier sur le secteur agroalimentaire, du 28 février au 1er mars 2013 Dans le cadre du processus d’élaboration de cette stratégie, de 80 à 90 spécialistes et chefs de file de l’industrie ont participé à un atelier tenu à Winnipeg, du 28 février au 1er mars 2013, pour examiner une ébauche du présent document et fournir des commentaires sur différentes pistes de réflexion. Les participants à l’atelier représentaient toutes les régions du Canada. Environ 60 % d’entre eux appartenaient au secteur des cultures et 40 % à celui du bétail; 70 % représentaient l’industrie ou le milieu universitaire et 30 % le gouvernement. Voici quelques-uns des précieux enseignements tirés des présentations et des débats de l’atelier : • Au Canada, le secteur agroalimentaire accorde une place importante à la génomique, surtout dans le secteur privé. Tous les grands programmes d’amélioration des cultures et du bétail ont recours à la génomique comme outil de première importance. • Ce secteur est bien positionné pour bénéficier du Programme de partenariats pour les applications de la génomique, car il existe déjà de solides liens entre le milieu universitaire, le gouvernement et l’industrie. Les sélectionneurs sont les utilisateurs finaux et de nombreux groupes de producteurs prélèvent des frais, aussi appelés « contributions » puisqu’ils sont réinvestis dans le secteur à des fins d’activités de recherche et développement et/ou de marketing. • Nourrir l’humanité est un objectif fort louable, mais le fait est que la production agroalimentaire du Canada nourrit actuellement moins de 1 % de la population mondiale. Néanmoins, elle dépasse largement la consommation nationale et elle est de qualité. Notre capacité de fournir des aliments et nos systèmes pour en assurer la qualité constituent des avantages concurrentiels clés sur les marchés mondiaux. • Il est nécessaire de diffuser les progrès accomplis par le Canada dans le domaine de la génomique. Le secteur agroalimentaire a connu de nombreux succès en ayant recours à des approches reposant sur la génomique. Ces réussites doivent être présentées de manière à susciter une couverture médiatique. • Principaux domaines devant retenir l’attention : »» La nutrigénomique (cardiopathies, syndrome métabolique, etc.). La santé personnalisée commence dans la cuisine, et non dans le cabinet du médecin. En matière de soins de santé, des solutions agricoles sont possibles. Par conséquent, ce secteur mérite et a besoin d’avoir accès à du financement pertinent en matière de recherche en santé. »» Caractéristiques de production : • À l’intention des producteurs et des entreprises de transformation – ces caractéristiques demeurent importantes pour améliorer graduellement la production alimentaire. • Amélioration de la résistance des cultures et du bétail pour faire face aux conditions climatiques changeantes. • Intégration de la diversité offerte par des plantes sauvages apparentées aux espèces cultivées. »» La sécurité alimentaire et la salubrité des aliments vont bien au-delà de la lutte au bioterrorisme. Il faut aussi veiller à ce que les chaînes d’approvisionnement soient bien surveillées et durables. »» Les besoins des clients. La recherche doit être axée aussi bien sur l’acheteur des aliments que sur le producteur. Comment trouver un juste équilibre entre les priorités de recherche? Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 33 »» Une politique de réglementation prévisible, à vocation scientifique. Ce degré de certitude est essentiel pour nos marchés d’exportation. »» Un personnel hautement qualifié. Une formation en bio-informatique est nécessaire dans l’ensemble du secteur de la recherche agroalimentaire. Liste des principaux organismes de recherche agroalimentaire au Canada Le tableau qui suit présente les principaux centres, instituts et réseaux de recherche des milieux universitaire et gouvernemental canadiens qui participent à des activités de recherche et d’innovation dans le secteur agroalimentaire (à l’exclusion de l’aquaculture et des pêcheries). Bien qu’importante, cette liste n’est pas exhaustive. Les entrées y figurent en ordre alphabétique par province. Catégorie Organisme, institut ou réseau Province Milieu universitaire ou secteur privé Programmes postsecondaires en agriculture Université de la Colombie-Britannique, Université Fraser Valley, Université de l’Alberta, Université de Lethbridge, Université de la Saskatchewan, Université du Manitoba, Université de Guelph, Université Trent, Université Western, Université McGill et Collège agricole de la Nouvelle-Écosse C.-B., Alb., Sask., Man., Ont., Québec, N.-É. Programmes en médecine vétérinaire Université de Calgary, Université de la Saskatchewan, Université de Guelph, Université de Montréal et Université de l’Île-duPrince-Édouard Alb., Sask., Ont., Québec, Î.-P.-É. Okanagan Plant Improvement Corporation C.-B. Field Crop Development Center Alb. Centre de développement de la transformation alimentaire Alb. Livestock Gentec (Université de l’Alberta) Alb. Centre de développement des cultures (Université de la Saskatchewan) Sask. Feeds Innovation Institute (Université de la Saskatchewan) Sask. Institut mondial pour la sécurité alimentaire Sask. Saskatchewan Food Industry Development Centre (Université de la Saskatchewan) Sask. Vaccine and Infectious Disease Organization (Université de la Saskatchewan) Sask. 34 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario Catégorie Organisme, institut ou réseau Province Milieu universitaire ou secteur privé Réseau de recherche en agro-santé du Manitoba Centre Richardson de recherche sur les aliments et les nutraceutiques, Centre canadien de recherches agroalimentaires en santé et médecine et Centre de développement des produits alimentaires Man. BIO Ont. Centre canadien pour l’amélioration des porcs Ont. Réseau laitier canadien Ont. Centre de recherche du Canadian Food and Wine Institute (Niagara College) Ont. Canadian Research Institute for Food Safety (Université de Guelph) Ont. Centre for Genetic Improvement in Livestock (Université de Guelph) Ont. George Morris Centre Ont. Human Nutraceutical Research Unit (Université de Guelph) Ont. Centre de recherches pour le développement international Ont. Livestock Research Innovation Corporation Ont. NSF-GFTC (auparavant Guelph Food Technology Centre) Ont. Ontario Ginseng Innovation and Research Consortium (Université Western) Ont. PigGen Canada Ont. Value Chain Management Centre Ont. Centre de recherche et d’innovation de Vineland Ont. Institut de McGill pour la sécurité alimentaire mondiale (Université McGill) Québec L’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (Université Laval) Québec BIO|FOOD|TECH Î.-P.-É. Institut de recherche avicole de l’Atlantique N.-É. Faire nôtres les possibilités de la génomique en agroalimentaire au Canada 35 Catégorie Organisme, institut ou réseau Province Gouvernement Agriculture et Agroalimentaire Canada (centres au peu partout au Canada) Canada Agence canadienne d’inspection des aliments (centres un peu partout au Canada) Canada Agence de la santé publique du Canada (centres un peu partout au Canada) Canada Conseil national de recherches (instituts connexes un peu partout au Canada) Canada Environnement Canada (centres un peu partout au Canada) Canada Centres d’excellence en commercialisation et en recherche (CECR) Canada Organismes provinciaux de recherche (un peu partout au Canada) Canada Instituts de recherche en santé du Canada Canada Institut canadien des politiques agro-alimentaires Ont. Food Processing Development Centre d’AADR Alb. 36 Génome Prairies et Institut de génomique de l'Ontario RENSEIGNEMENTS ADDITIONNELS Genome Canada Cindy Bell Vice-présidente exécutive, Développement corporatif Tél. : 613-751-4460, poste 218 [email protected] www.genomecanada.ca Institut de génomique de l’Ontario Alison Symington Vice-présidente, Développement corporatif 416-673-6594 [email protected] www.ontariogenomics.ca Génome Colombie-Britannique Gabe Kalmar Vice-président, Développement sectoriel Tél. : 604-637-4374 [email protected] www.genomebc.ca Génome Québec Catalina López-Correa Vice-présidente, Affaires scientifiques Tél. : 514-398-0668 [email protected] www.genomequebec.com Genome Alberta Gijs van Rooijen Conseiller scientifique en chef Tél. : 403-210-5253 [email protected] www.genomealberta.ca Génome Atlantique Shelley King Vice-présidente, Recherche et Développement des affaires Tél. : 902-421-5646 [email protected] www.genomeatlantic.ca Génome Prairies Chris Barker Conseiller scientifique en chef Tél. : 306-668-3587 [email protected] www.genomeprairie.ca