New York, le 27 Septembre 2002 à Monsieur Jacques Chirac
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New York, le 27 Septembre 2002 à Monsieur Jacques Chirac
333 Seventh Avenue, 13th Floor New York, New York 10001-5004 USA Telephone (212) 845 5200 Facsimile (212) 845 5299 E- mail: [email protected] http://www.lchr.org Washington, D.C. Office: 100 Maryland Avenue, N.E. Suite 500 Washington D.C. 20002-5625 Telephone (202) 547 5692 Facsimile (202) 543 5999 E- mail: [email protected] New York, le 27 Septembre 2002 à Monsieur Jacques Chirac Président de la République Française Palais de l’Elysée 55, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris Monsieur le Président de la République, Je vous écris suite à la publication de notre rapport sur la montée de l’antisémitisme en Europe, et plus particulièrement les efforts de la France pour combattre ces crimes haineux. Nous apprécions la lettre que votre gouvernement nous a adressée le 11 Septembre dernier par la voix de votre chef de cabine t, Madame Annie Lheritier, une lettre qui décrivait une série d’actions entreprises par le gouvernement Français afin de résoudre ces problèmes. Dans sa lettre, Madame Lheritier insiste sur trois points principaux, auxquels je souhaite répondre par la présente lettre : 1. Une augmentation des arrestations et des actions juridiques Ce qui nous semble peut-être le point principal souligné par Madame Lheritier est le fait que depuis avril dernier la police française ainsi que les procureurs de la République ont été instruits d’accroître leur vigilance contre les actes antisémites en France. Ainsi, Madame Lheritier fait état de ce que « un nombre très significatif d’auteurs de tels actes ont pu être arrêtés, déférés devant la justice et sévèrement condamnés ». Nous aimerions en savoir davantage sur ces arrestations et ces actions en justice : disposezvous d’informations plus détaillées à propos de ces affaires, et avez- vous rendu publiques ces informations? Si cela était le cas, nous vous saurions gré de bien vo uloir nous en faire part. Nous apprécierions également de recevoir davantage d’information concernant les politiques et les procédures en vigueur dans le système pénal français pour adresser de manière spécifique la question des crimes motivés par le racisme, y compris les crimes anti-Juifs, et les punir par des actions en justice ou d’autres mesures anti-racisme. Board of Directors Chair, William D. Zabel President, Tom A. Bernstein M. Bernard Aidinoff Joseph L. Brand Raymond M. Brown Lynda Clarizio Craig Cogut Mitchell F. Dolin Donald Francis Donovan A. Whitney Ellsworth Kenneth R. Feinberg R. Scott Greathead Executive Director, Michael Posner National Council Chair, Talbot D’Alemberte Martina A. Hone Robert D. Joffe Lewis B. Kaden Kerry Kennedy Cuomo Harold Hongju Koh Philip A. Lacovara Jo Backer Laird Li Lu R. Todd Lang Barbara A. Schatz Washington, D.C. Council Chair, Daryl Libow Steven R. Shapiro George Vradenburg III Sigourney Weaver 2. Une prise de conscience politique condamnant l’anti-sémitisme Dans sa lettre, Madame Lheritier note que vous avez personnellement condamné à plusieurs reprises l’antisémitisme, et appelé à la condamnation de ceux qui commettent des actes que vous qualifiez de « odieux et inacceptables ». Nous saluons ces déclarations publiques et votre initiative pour rencontrer les organisations Juives et autres organisations religieuses de France afin de discuter de ces questions. Cependant, étant donné vos prises de position publiques, nous avons été surpris à la lecture d’un entretien que vous avez accordé au New York Times (9 Septembre 2002, page A-9). En effet, tout en condamnant les actes antisémites, vous avez également tenu à plusieurs reprises des propos qui compromettent sérieusement un tel engagement. Plus particulièrement, le New York Times rapporte ainsi les propos que vous avez tenus : « Imaginer que la France, un pays toujours parmi les premiers à reconnaître les droits des Juifs, pourrait être antisémite, relève de la propagande, et non de la réalité. Il y a eu quelques incidents, cela est vrai, mais nous y avons répondu immédiatement…avec la plus grande fermeté ». Vous poursuivez ainsi : « Maintenant, une campagne menée par des groupes extrémistes américains essaie de condamner l’anti-sémitisme en France pour des raisons politiques et des motifs allant au-delà des événements actuels ». Depuis Septembre 2000, des organisations juives de renom, en France et ailleurs, ont rapporté plus de 400 incidents de violence anti-juive en France. Des synagogues ont été incendiées, des cimetières juifs et autres institutions saccagés et des individus physiquement molestés. Comment pouvez- vous caractériser ce schéma évident de violence anti- juive de « simples incidents » ? Par ailleurs, à qui faites- vous référence lorsque vous accusez « certains groupes extrémistes américains » dénonçant l’antisémitisme? Lorsque vous déclarez qu’ils agissent pour des raisons politiques, quels sont selon vous ces motifs ? Nous sommes profondément préoccupés par ces commentaires, ainsi que par votre suggestion selon laquelle la critique de l’antisémitisme en France relève de la propagande. A nos yeux, l’antisémitisme en France est une sérieuse question de droits de l’homme qui requiert du gouvernement français une réponse bien plus forte que celle actuellement donnée. Refuser d’adresser cette question comme vous semblez le faire, et discréditer ceux qui la soulève, entrave sérieusement les efforts de votre gouvernement pour combattre efficacement le problème. 3. Un engagement à suivre les recommandations de notre rapport Dans sa lettre, Madame Lheritier suggère également que le gouvernement de la France s’engage à poursuivre les types de réformes que nous encourageons dans notre rapport, «Fire and Broken Glass ». Le point essentiel de notre rapport est de montrer que no le gouvernement de la France ni aucun autre gouvernement européen n’ont établi à l’échelle nationale une liste des actes antisémites commis. Nous souhaiterions savoir quelles actions votre gouvernement entreprend actuellement pour répertorier de tels actes et en faire part publiquement d’une manière qui soit accessible à tous. Nous attendons avec impatience vos réponses à ces questions importantes. Nous sommes également disposés à rencontrer les représentants de votre gouvernement afin de discuter de ces questions plus amplement. Je vous prie d’agréer, Mons ieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération. Michael Posner Directeur Exécutif