Le crystal meth et le vih : toxines jumelles pour le cerveau

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Le crystal meth et le vih : toxines jumelles pour le cerveau
Nouvelles-CATIE
Des bulletins de nouvelles concis en matière de VIH et d’hépatite C de CATIE.
Le crystal meth et le vih : toxines jumelles pour le cerveau
11 avril 2006
Selon des chercheurs oeuvrant aux États-Unis, le méthamphétamine (crystal meth) figure parmi les drogues de rue
dont les personnes séropositives et les personnes les plus à risque d’être infectées par le VIH font un usage abusif.
Le crystal est toxique pour les cellules du cerveau. Le VIH produit des protéines qui nuisent également à cet organe.
Alors, une équipe d’experts en neurosciences de l’Université de la Californie à San Diego ont voulu déterminer si les
effets nocifs du crystal pour le cerveau étaient aggravés par le VIH, notamment chez les personnes ayant un
système immunitaire très affaibli.
Les chercheurs ont trouvé que la dépendance au crystal était associée à des problèmes de mémoire et de
concentration (déficience neurocognitive). Ces problèmes étaient les plus graves chez les personnes ayant moins de
200 cellules CD4+.
Détails de l’étude
L’équipe a recruté 284 personnes séropositives, dont quelques-unes présentaient une dépendance au crystal et
d’autres non. Aucun des participants n’avait de dépendance à l’alcool, à la cocaïne ou à d’autres drogues de rue.
Pourtant les chercheurs n’ont pas exclu les personnes qui utilisaient de la marijuana.
Le profil des participants séropositifs (centre d’intérêt de cet article) était le suivant :
6 % de femmes, 94 % d’hommes;
moyenne d’âge – 38 ans;
compte des CD4+ allant de 50 à 635 cellules;
seulement 60 % des participants avaient moins de 200 cellules CD4+ et prenaient un traitement anti-VIH;
en moyenne, les participants utilisaient du crystal depuis environ 12 ans.
L’équipe de recherche a fait subir des tests neuropsychologiques aux participants afin d’évaluer leurs facultés de
concentration, de mémoire et d’apprentissage, ainsi que leur capacité de traiter l’information et de fonctionner sur le
plan intellectuel. Les résultats de ces tests ont révélé le degré de déficience cognitive des participants.
Résultats
Selon les chercheurs, les participants qui avaient moins de 200 cellules CD4+ ou qui étaient dépendants du crystal
étaient considérablement plus susceptibles de présenter une déficience cognitive. En effet, plus le compte des CD4+
était faible, plus le degré de déficience cognitive augmentait. La dépendance au crystal ne faisait qu’aggraver ce
problème.
La découverte de cette association entre la dépendance au crystal meth et l’affaiblissement de l’immunité chez les
personnes séropositives vient confirmer les recherches antérieures réalisées par d’autres équipes.
Les chercheurs ne sont pas certains de quelle façon la combinaison du crystal et du VIH produit un résultat aussi
troublant. Les données préliminaires recueillies par d’autres équipes portent à croire que le crystal amplifie la
neurotoxicité du VIH, et vice versa. Il paraît que certaines protéines du VIH et du crystal endommagent les parties
des cellules responsables de la production d’énergie, à savoir les mitochondries, de sorte que ces cellules se mettent
à mal fonctionner et à mourir. Il est important de comprendre les effets du cystal afin que les chercheurs puissent
trouver un moyen de réparer les lésions cérébrales causées par cette drogue.
Implications pour le traitement de la toxicomanie et du VIH
Les résultats de cette étude soulignent le besoin d’accroître le soutien offert aux personnes séropositives qui tentent
d’échapper à la descente en spirale que crée la dépendance au crystal. Les personnes souffrant d’une déficience
neurocognitive importante pourraient avoir de la difficulté à apprendre et à maintenir les capacités nécessaires pour
surmonter la dépendance et se faire soigner de façon appropriée.
La déficience neurocognitive est également susceptible de compromettre la capacité d’observance des patients en
multithérapie (sont-ils capables de prendre leurs médicaments comme il faut?). Dans cette étude, 60 % des
participants qui avaient moins de 200 cellules CD4+—un niveau qui les expose à un risque élevé d’infections
potentiellement mortelles—ne prenaient pas de médicaments anti-VIH. Les raisons pour cela ne sont pas claires,
mais les chercheurs sont d’avis que les fournisseurs de soins de ces participants hésitaient à leur prescrire des
antirétroviraux parce qu’ils risquaient fort d’afficher un taux élevé de non-observance et, par conséquent, d’échec
thérapeutique et d’interactions médicamenteuses.
Solutions possibles
Cette équipe de recherche recommande que les PVVIH qui consomment du crystal ou qui semblent présenter une
déficience cognitive soient dirigées vers un psychologue pour subir une évaluation. Ainsi, on pourrait élaborer des
stratégies visant à compenser l’affaiblissement de la fonction cognitive et à renforcer la capacité des patients à
surmonter la dépendance et à suivre fidèlement un traitement anti-VIH. L’éducation sur l’impact dévastateur du
cystal meth doit également être renforcée.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :
1. Carey CL, Woods SP, Rippeth JD, et al. Additive deleterious effects of methamphetamine dependence and
immunosuppression on neuropsychological functioning in HIV infection. AIDS and Behaviour 2006; in press.
2. In SW, Son EW, Rhee DK, et al. Methamphetamine administration produces immunomodulation in mice. Journal
of Toxicology and Environmental Health part A. 2005;68(23-24):2133-45.
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